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 Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)

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Watagumo Ine

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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyJeu 19 Oct - 23:05

Rappel du premier message :

Pour la deuxième fois de la journée, Ine se retrouva devant une porte. Si la première fois elle avait hésité par intimidation, cette fois-là son coeur battait tellement fort qu'elle crût qu'il allait exploser. Elle s'en voulait presque, mais son excitation était si intense qu'elle faisait ressurgir en elle des sentiments passés. Elle repensa au cynisme de Zen devant ses réactions de petite fille, et se morigéna :

"Arrête tes bêtises, Ine-chan, sale petite gamine!"

Mais sa soudaine assurance était feinte. Elle faillit faire demi-tour quand la porte s'ouvrit violemment. Elle fit un bond sur le côté, dans un espoir vain de se cacher dans l'angle mort de celle-ci, mais une main aggripa son poignet avec une force peu commune.

"Tu es peu discrète, petite fille. Tu fais un bouquin d'enfer !"


L'homme ne semblait pas en colère, amusé même, mais une certaine méfiance, inquiétude peut-être même, lui barrait le front. Bien qu'il n'ait que vingt-cinq ans, d'près les souvenirs d'Ine, cela le vieillissait, mais pas dans le sens négatif du terme.

Incapable de prononcer un seul mot, Ine laissa Ren'ai la dévisager, l'air perplexe. Il finit par lâcher son poignet, et la prit dans ses bras sans pudeur :

"Ine-chan !"fit-il, visiblement heureux de la voir, "Bon sang que viens-tu faire ici petit bout de femme !"

Ecrasée contre la poitrine de son chuunin, Ine sourit à l'évocation de ce surnom qu'elle-même avait oublié. Il l'écarta un peu pour mieux la regarder, et remarqua d'un ton appréciateur :

"Tu as changé, petit bout de femme. Tu a l'air... libéré ! Que viens-tu donc faire à Kiri?" répéta-t-il.

"Je viens apprendre", répondit Ine, fière de lui dévoiler le bandeau qu'elle avait dissimulé dans sa besace, "apprendre pour devenir kunoichi, et protéger les miens ! J'ai bien retenu tes leçons, Ren'ai, et j'ai été acceptée à l'Académie de Kiri !"

Le visage de l'homme s'assombrit. Il l'empoigna par les épaules et fit, presque avec désespoir :

"Tu n'as pas fait ça, Ine ?!"

Interloquée, la jeune femme laissa tomber le bandeau qui heurta le sol dans un bruit métallique. Ren'ai l'envoya voler un peu plus loin d'un coup de pied rageur, l'air plus sombre que jamais. Sans lâcher l'aspirante, il la secoua sans ménagement :

"Ine, pourquoi avoir fait ça ? C'est à cause de moi, n'est-ce pas?"

Il la lâcha enfin et se prit la tête entre les mains :

"Ah ! Quel besoin avais-je de t'enseigner tout cela ?", se lamenta-t-il. Il rencontra le regard complètement perdu d'Ine. Le sien même montrait qu'il était au bord de la panique. Il murmura :


"Tu cours à ta perte, petit bout de femme. Fuis tant que tu en as encore le temps, et va retrouver tes parents. Au moins là-bas tu y seras encore en sécurité."



Il abandonna la jeune femme éberluée sur le pas de sa porte, et s'en retourna à l'intérieur de sa maison.


[première partie, les prochaines viennent dès demain^^]

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Watagumo Ine

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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptySam 3 Mar - 20:59

[suite post précédent, trop long :p]

Ine eut un petit rire désabusé :

« Je suppose que je devrais être contente qu’il ne m’ait pas tuée. Il m’a juste laissée en plan dans la neige. Après, j’ai dû m’évanouir, parce que je ne me souviens pas qu’on soit venu me chercher. Je me suis réveillée dans une des roulottes de la troupe, et je n’ai pas cherché à savoir comment ils m’avaient retrouvé. »

La kunoichi se nicha dans les bras de Ren’ai et prit une toute petite voix:

« Je me sens si sale, Ren’… »

Ren’ai se leva, tenant contre lui la frêle jeune femme si éprouvée. Il la porta jusqu’au pas de la douche où il la posa, et déposa un baiser sur son front :

« Prends donc une douche bien chaude, et ne lésine pas sur l’eau, pour une fois je peux bien avoir une facture un peu élevée. Je vais te préparer de quoi te ravigorer. »

Il s’enfuit en lui décochant un clin d’œil. Ine, d’abord interdite, se déshabilla. Son corps nu était parcouru par des frissons qui lui faisaient une chair de poule presque risible. Elle entra dans la douche, referma la porte derrière elle et ouvrit à fond les robinets. L’eau, d’abord gelée, augmenta peu à peu en température, réchauffant par là même Ine. Elle exposa son visage à l’eau, frotta ses yeux douloureux à force de pleurer, et frotta aussi le reste de son corps avec un savon qui fleurait bon l’edelweiss. Puis elle sortit, s’enveloppa dans un peignoir laissé là à son attention par Ren’ai qu’elle alla rejoindre dans la cuisine.

Celui-ci déposa devant elle un thé au sake qu’il venait de faire bouillir. Elle le remercia, et porta à ses lèvres le liquide chaud, lourd et piquant qui vint réchauffer les dernières parties gelées de son corps, mais aussi son esprit meurtri. Ine se mit à sourire. Ren’ai lui tournait le dos, s’activant à lui préparer des crêpes. Elle se leva, enveloppa son buste de ses petits bras et posa sa tête à la base de sa nuque.


*La vie est moche*, pensa-t-elle, *mais elle vaut la peine d’être vécue.*

[et voilà Zen, presque 3000 mots. Je crois que j'ai réussi ton défi Razz ]
Zabuza Momochi
Mort
Zabuza Momochi


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyMer 7 Mar - 23:12

[Ine : +14 EXP RP]
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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyDim 7 Fév - 23:43

~* Le Procès de Nezu – Ren’ai *~


1. Renaissance

Kinjirareta Ren’ai surveillait la cuisson du lait tout en gardant un œil sur l’horloge accrochée au mur récemment remis à neuf. Le jeune homme était grand et les muscles roulaient sous la peau de ses bras à mesure qu’il touillait le liquide afin qu’il ne lève pas trop vite. Il passa une main dans son opulente chevelure aux reflets de cuivre et d’or. Leurs boucles tombaient désormais presque en base de nuque, formant un étrange contraste avec sa peau brunie par les fourneaux de la forge. Et, blême, la cicatrice qui lui barrait le torse n’en ressortait que plus, sans toutefois avoir le caractère malsain qu’elle avait eu jadis.

Oui, Kinjirareta Ren’ai n’avait plus rien de l’homme défait qu’avait retrouvé son petit bout de femme en arrivant à Kiri un an et quelques mois plus tôt. Ine avait fait irruption dans sa vie comme un rayon de soleil dans la nuit. Elle s’était battue pour qu’il se retrouve, lui, un Ren plein d’entrain, de fougue et franc rieur. Et de fait l’entrain lui était revenu, et malgré les tempêtes intérieures auxquelles faisait face son Ine-chan il avait tenu le coup pour elle, à son tour, sans savoir vraiment si elle lui reviendrait.

Un chaton couleur crème piaula en grattant de la patte sur son jean pour attirer son attention. Ren’ai se pencha pour le prendre entre ses mains, le câlina puis le déposa sur son épaule le temps d’éteindre le gaz. C’est le moment que choisit Taki pour entrer. Le cheveu en bataille, l’air déchaîné, la fillette semblait de très mauvaise humeur tandis qu’elle jetait sans ménagement son sac sur une chaise. En mode Arashi, aurait dit Ine. Ren’ai esquissa un sourire en coin.

Ren – Qu’y-a-t-il Taki-chan ? demanda-t-il en lui tendant son chocolat chaud.

La petite fille avait pris l’habitude depuis son entrée à l’académie de terminer ses après-midi chez l’ex-chuunin pour travailler ses techniques. Elle s’asseyait sagement à la table, prenait un goûter puis pouvait passer des heures à lire des manuels pour en comprendre les jutsu. Une fois qu’elle avait du mal à faire un enchaînement, Ren’ai l’avait machinalement corrigée, se trahissant ainsi aux yeux de la fillette qui ne l’avait depuis plus lâché. Si Ine avait été trop fière pour lui demander de l’aide, c’était une fierté que n’avait pas la petite Taki. Cédant avec plus de plaisir qu’il ne l’aurait pensé, Ren’ai avait montré à l’aspirante son habileté à manier les shuriken de toutes sortes et de toutes tailles. C’est par lui que Taki avait fini par délaisser le ninjutsu aqueux pour choisir le ninjutsu de combat. Et, douée, comme elle l’était au katana, il y avait fort à parier que l’enfant grimperait vite les échelons de la hiérarchie.

Mais si le jeune homme aidait volontiers Taki, il se gardait bien de jamais utiliser de chakra. Considéré comme convalescent on avait même pas pris la peine de brûler la substance en lui lorsqu’il s’était retiré du corps militaire, et cela faisait des années qu’il tentait d’oublier ce flux omniprésent en lui. Jusque là, il y était parvenu sans trop de difficulté…

Le petit chat lui labourant l’épaule, Ren’ai finit par sortir de sa rêverie. Il déposa l’animal qui alla courir se cacher dans la chambre. Taki, elle, semblait ne pas décolérer et le jeune homme réitéra sa question.

Taki – Aujourd’hui un type est venu nous parler à l’académie. Il va y avoir un procès sous peu et ils cherchent des gens pour témoigner. J’ai proposé d’aider à l’enquête mais on n’a pas voulu de moi. A quoi ça sert de louer mes talents si c’est pour me laisser au rebut ?!

Ren’ai ne put s’empêcher de rire.

Ren – Tu n’as que neuf ans, Taki-chan ! Tu es certes plus mature que d’autres mais j’imagine que témoigner à ce procès doit comporter des risques que de toute façon ta mère n’acceptera pas de prendre. Reste donc en dehors de ces histoires de grands, crois-moi tu y viendras bien assez tôt. Il esquissa un sourire devant l’air buté de Taki puis ajouta : Mais au fait, de qui est-ce le procès ?

La petite fille releva la tête de sa tasse, exhibant une moustache de chocolat au-dessus de la lèvre. Elle chercha un instant dans sa tête puis lâcha :

Taki – Je crois bien que c’est Nezu, son nom. Un politicien véreux si j’ai bien compris, la guerre interne ça s’rait sa faute.

Ren’ai accusa le choc. Projeté dans ses souvenirs de la soirée passée avec Takeo, il serra les poings. Ils étaient sûrs d'avoir été trahis par quelqu'un lors de cette mission qui avait viré au cauchemar. Le nom de Nezu avait été prononcé à demi-mot par Takeo. Pouvaient-ils raisonnablement penser que l'homme se tenait derrière tout ça ? La guerre entre Kumo et Kiri avait laissé derrière elle des sillons sanglants qui n'étaient toujours pas comblés, et la guerre interne de Kiri aussi. Comment ne pas se rappeler de l'air bouleversé d'Ine qui y avait perdu son professeur et ami ? Peut-être était-ce le moment, après des années de répugnance, de reprendre du service.

Ren'ai papillota et sourit à Taki qui, son chocolat terminé, le regardait d'un drôle d'air.

Ren - Je suis désolé Taki, tu ne vas pas pouvoir rester ce soir, fit-il en débarrassant le bol. Je dois rendre visite à un vieil ami.

La fillette ouvrit de grands yeux puis soupira et se leva de sa chaise.

Taki - Bah, de toute façon je suis trop énervée ce soir. Je vais aller m'occuper de mon petit frère.

Contournant la table, elle se dressa sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur la joue de Ren'ai. Lorsqu'elle fut partie, le jeune homme s'installa sur une chaise et laissa son esprit vagabonder. De nouveau le chaton vint quémander des caresses et il l'installa sur ses genoux. Puis, pour la première fois depuis des années, il ouvrit sa main devant lui et laissa s'exprimer une flamme de chakra au creux de sa paume. Intrigué, le petit chat essaya d'attraper cette chose bleue bizarre, sans y parvenir. Ren'ai sourit. Oui, songea-t-il, peut-être était-ce le moment de ressortir ce bon vieux bandeau du placard...


Dernière édition par Watagumo Ine le Dim 18 Avr - 23:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyVen 19 Fév - 12:33

2. Deux vieux frères

Ainsi qu’il l’avait dit à la petite Taki, Ren’ai se rendait chez un vieil ami à lui. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis sa dernière rencontre avec Takeo et, si Ine l’avait revu depuis, lui n’avait pas cherché à précipiter les choses. Non pas par peur, car maintenant il avait une idée plus précise des évènements qui s’étaient produits dans cette rizière. Peut-être était-ce plus un moyen de faire table rase du passé pour mieux vivre dans le présent. Il n’avait pas vraiment envie d’en vouloir à Takeo, même après ce qu’Ine avait fini par lui apprendre.

Pourtant, là, c’était plus fort que lui. Il avait repassé maintes et maintes fois la conversation de ce soir-là dans sa tête, repassé ces évènements qui avaient depuis ressurgi dans sa mémoire. La mort de Mana, l’infirmité de la Taki de son équipe, sa propre convalescence et la rétrogradation de Takeo, cinq années qui leur avaient été volées à tous et que quelqu’un devait payer. Ce pouvait être Nezu, ou peut-être un autre. Mais s’ils ne sautaient pas sur l’occasion que permettait cette histoire de procès, sans doute n’essaieraient-ils jamais de savoir ce qu’il s’était réellement passé.

Ren’ai frappa trois coups fermes sur la porte. Un bruit de précipitation, puis elle s’ouvrit sur Takeo. Le chuunin médecin poussa un cri de surprise. Ren’ai se mit à rire et entra sans y être invité :

Ren – Non Tak tu ne rêves pas, blagua-t-il, je ne suis pas une apparition sortie tout droit d’il y a cinq ans.

Tak – J’y ai bien cru un instant. Te voilà redevenu toi-même on dirait. Je t’offre un verre ?

Ren’ai acquiesça d’un hochement de tête, une myriade d’étoiles illuminant ses yeux. C’était comme revenir des années en arrière, quand ils n’avaient pas besoin de mots pour communiquer. Malgré les cinq ans qui les séparaient en âge, Takeo et Ren’ai s’étaient toujours bien entendu depuis qu’on les avait assigné à la même équipe sous la direction de Wakeshima Kotaro. Pas de jalousie non plus, bien que le jeune Takeo fut un juunin prometteur à l’époque.

Ce dernier revint bien vite dans le salon avec une petite bouteille de saké. Le sourire de Ren’ai s’élargit.

Ren – Je me rappelle, dit-il, quand au retour d’une mission une petite bouteille comme celle-ci suffisait à nous mettre KO. Je ne suis pas sûr de faire mieux ce soir.

Sans répondre Takeo ouvrit la bouteille et leur versa deux coupes. En tendant à Ren’ai la sienne, un mince sourire aux lèvres, le médecin dévisagea son compagnon et demanda :

Tak – Bon alors, me diras-tu ce que nous fêtons ?

Ren’ai leva sa coupe :

Ren – Trinquons à ma reprise de service, lança-t-il, et à notre collaboration future.

Takeo esquissa un sourire plus franc.

Tak – Je suis heureux de voir que le bandeau te sied toujours aussi bien. Je serais évidemment le premier à t’encourager, si tu m’expliquais cette histoire de collaboration ?

Ren’ai laissa tomber sur la table le journal qu’il avait acheté avant de venir. Sur la Une figurait un portrait de Nezu qui titrait « Enfin un procès pour le politicien Nezu ». Takeo pâlit. Il n’était pas difficile de deviner où Ren’ai voulait en venir.

Tak – Nous ne savons même pas s’il en est responsable, Ren ! protesta-t-il sans trop de conviction. Puis, baissant la tête, il demanda : Ine t’a raconté n’est-ce pas ?

Ren’ai haussa les épaules avec colère :

Ren – On n’en a rien à foutre de ton sentiment de culpabilité, Tak ! Tout ce que je sais, moi, c’est que notre mission a été sabotée. S’il y a une petite probabilité pour que Nezu soit dans le coup, ce procès est le moment rêvé pour le faire plonger. Je suis prêt à prendre n’importe quel risque, la question est : est-ce que tu me suis ?

Le médecin avala ce qu’il lui restait de saké et ferma les yeux sous la brûlure de l’alcool. Sa décision était prise lorsqu’il les rouvrit.

Tak – Tu as raison Ren, lâcha-t-il. Il faut en finir avec cette histoire.

Ren – Bien, fit le chuunin avec un sourire qui trahissait son soulagement. Crois-tu que Taki pourrait être des nôtres ?

Takeo hocha la tête en signe de dénégation.

Tak – J’en doute. Taki a abandonné le corps des shinobi suite à la perte de son bras. Elle est maman depuis peu et semble très heureuse. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Maintenant dis-moi : tu as un plan ?

Ren’ai réfléchit quelques instants. S’ils avaient affaire à une taupe au sein de l’administration, il ne serait pas facile de la démasquer. La guerre civile à Kiri avait montré de plus que Nezu s’y était constitué tout un réseau de fidèles.

Ren – Ce serait une erreur, comme tu l’as dit, de partir en considérant d’emblée Nezu comme coupable. Partons sans a priori et on verra bien ce sur quoi on débouche. On est d’accord pour dire que nous avons été piégés par quelqu’un que la guerre entre Kiri et Kumo arrangeait. Te rappelles-tu qui nous a assigné cette mission ?

Tak – La mission nous a été assignée par le bon vieux Kotaro mais elle émanait d’une femme, Wataru Echiko. J’ai voulu aller la voir quand nous sommes rentrés mais elle était alors très occupée, pas le temps de s’occuper d’un cas mineur comme le nôtre alors que la guerre contre les kuméens faisait rage. Je me demande, ajouta le médecin, pensif, s’il serait possible de la rencontrer maintenant.

Les deux hommes se regardèrent. Il fallait bien un début à tout.
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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyVen 5 Mar - 18:46

3. Trahisons administratives ?

Wataru Echiko était si petite et si sèche qu’il était difficile de croire qu’elle avait été un jour maître de Taïjutsu. En la matière, Ren’ai n’avait jamais côtoyé que des brutes épaisses. Elle avait dû être un jour très séduisante mais l’âge - une bonne quarantaire d’années - avait donné aux traits de son visage la sournoiserie du renard. C’était la curiosité, disait-elle, qui l’avait poussée à les recevoir malgré tout le travail qu’elle avait à faire.

Echiko – Presque six années après l’échec de cette mission, je me demande bien ce qui a pu vous pousser à venir me voir maintenant ?

La kunoichi afficha un sourire ironique qui en disait long sur le fait qu’elle n’était pas dupe. L’évènement en cours brassait pas mal les médias à Kiri ces jours-là et sa longue expérience dans l’administration la tenait au courant de tout. C’est Takeo qui se lança le premier :

Takeo – Nous savons que notre mission a été sabotée. Nous voulons savoir par qui.

Le sourire de la femme s’élargit. Elle passa une main dans sa longue queue de cheval d’un noir de jais entretissé d’argent et minauda :

Echiko – Et vous me soupçonnez moi ? C’est tout de même une grave accusation que vous portez-là.

Le chuunin médecin accusa le coup en reculant, incapable un instant de cacher sa confusion.

Takeo – Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, bafouilla-t-il. Il nous a juste semblé que vous pourriez nous aider dans notre recherche. C’est vous qui, à l’époque, aviez transmis cet ordre de mission à notre senseï.

Echiko – Eh bien, fit-elle en remuant la main de manière désinvolte, ce doit être ce saoulard de Kotaro qui aura lâché l’information dans quelque bar malfamé du marché noir.

Les deux hommes se jetèrent un regard en coin : leur vieux senseï comptait malheureusement – coïncidence ? – au rang des premières victimes de la guerre interne de Kiri. Ren’ai s’avança à son tour :

Ren’ai – Madame, nous avons pris le temps de nous renseigner aux archives de la bibliothèque avant de venir. Plusieurs missions ont échoué dans le même temps que la nôtre. Pendant une guerre cela pourrait certes être normal mais pas dans de telles proportions. Sans vouloir vous accuser vous, nous pensons que quelqu’un dans l’administration pourrait avoir été une taupe.

Le regard de la kunoichi s’aiguisa.

Echiko – Poursuivez, dit-elle.

Ren’ai – Nous aimerions savoir qui d’autre que vous était au courant de notre mission. Des informations ont forcément été divulguées d’une façon ou d’une autre, et vous êtes sans doute la seule à pouvoir nous renseigner là-dessus.

Echiko – Vous jouez un jeu dangereux messieurs. Si j’étais cette taupe dont vous me parlez, je pourrais avoir des soutiens qui me débarrasseraient discrètement des gens trop curieux que vous êtes.

Elle soupira, faussement lasse.

Echiko – Cependant, j’aime mon métier et avant tout mon pays. Puisque cela semble tant vous tenir à cœur, je peux vous prouver que vous vous trompez au sujet de l’administration.

La femme se leva, se dirigea vers la porte et vérifia que personne n’écoutait depuis le couloir. En se rasseyant sur sa chaise elle dénoua sa longue chevelure. Puis, baissant la voix, elle commença son récit :

Echiko – C’est nul autre que le Yondaime Shotaru qui est venu un soir en personne me parler au sujet de votre mission. Pourquoi à moi, qui n’étais que dans les bas échelons de l’administration, je ne le sais pas. Peut-être avait-il comme vous des doutes sur un espion potentiel au sein de Kiri ? Il m’a donc demandé, sans que cela ne se sache et en insistant bien là-dessus, d’envoyer une équipe pour prévenir ceux du fort de la possibilité d’une infiltration. Vous n’étiez pas sensés connaître la teneur de ce message, par ailleurs, ajouta-t-elle en lorgnant sur Takeo.

J’ai peut-être fait une erreur en ne venant pas vous contacter moi-même. J’avais confiance en Kotaro - un sourire affectueux adoucit son visage un court instant - malgré son penchant connu pour l’alcool. Je doute que le Yondaime lui-même puisse être suspecté et il m’avait de plus assurée que j’étais la seule mise dans la confidence.

Wataru Echiko n’attendit pas de réactions. Elle se leva et, tendant la main aux deux shinobi, leur présenta courtoisement la porte.

Echiko – Malheureusement c’est tout ce que je puis vous dire. Je vous souhaite bonne chance si toutefois mon histoire ne vous a pas convaincue, car vous aurez du mal à prouver ce que vous avancez si vous persistez à croire que Kotaro n’a pas été la faille.

Les chuunin s’inclinèrent en remerciement. La saluant, ils sortirent de la pièce puis du bâtiment.
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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptySam 6 Mar - 0:20

4. Dans les bas-fonds de Kiri (1)

Ren’ai et Takeo se retrouvèrent donc désœuvrés. Ils étaient d’accord sur une chose néanmoins : le récit d’Echiko avait des accents de vérité. Pour l’avoir vérifié avant de la rencontrer, ils savaient bien tous deux que la femme n’avait pas fait l’objet d’une promotion douteuse à la sortie de la guerre. Difficile, également, de soupçonner le Yondaime qui, bien que n’étant pas connu pour avoir fait des étincelles quand il se trouvait dans les hautes sphères du pouvoir, passait pour un homme loyal à sa patrie.

Ren – Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Ren’ai, osant enfin rompre le silence qui s’était installé. Tu crois qu’elle a raison et que Kotaro a merdé ?

Takeo réfléchissait du mieux qu’il le pouvait. Suite à leur déconfiture, les deux hommes s’étaient assis sur un banc du parc, non loin du quartier administratif. Etait-ce l’attachement à leur vieux sensei qui leur rendait difficile de croire qu’il put être coupable d’une telle négligence ? C’est en songeant à Kotaro et à ce qu’en avait dit Echiko que le jeune homme finit par avoir une idée.

Takeo – Tu te rappelles comme Kotaro aimait nous raconter ses virées au marché noir ?

Ren’ai esquissa un sourire entendu. Wakeshima Kotaro n’avait pas été un sensei facile à vivre, à la limite de la dissidence souvent. Une solide brute qui semblait ne réfléchir qu’avec ses poings et un verre de saké dans chaque. Et qui pourtant se révélait d’une réelle astuce pour débusquer la plus petite information. Plusieurs fois – et ces moments qui jalonnaient leurs entraînements en équipe étaient mémorables ! – il avait tenté de les embarquer tous faire une « virée au marché noir » comme il appelait ça, se heurtant à ses jeunes élèves dont l’honneur de shinobi le disputait à l’arrogance.

Takeo - A défaut d’autre chose, c’est peut-être là-bas qu’on devrait chercher ? Imagine que nos chiens de kuméens n’étaient que des mercenaires.

Ren – Tu veux dire que quelqu’un aurait émis une contre-mission pour qu’on ne puisse jamais prévenir les collègues qu’ils étaient infiltrés ?

Takeo acquiesça et l’idée fit son chemin dans l’esprit des deux shinobi. L’attaque qu’ils avaient subie n’était pas le fait d’amateurs. A l’époque leur équipe était en place depuis près de deux ans et tournait si bien qu’on leur avait déjà assigné plusieurs missions d’importance. Sans compter la complicité qui les liait tous comme les doigts d’une même main et ajoutait un peu plus à leur invincibilité. Et pourtant, vaincus ils avaient été.

Takeo – On les aura payés pour nous tuer tous et ils y ont presque réussi. Regarde ce qu’on est devenu après ça. On avait l’avenir devant nous…

Ren - J’espère qu’ils étaient bien payés ! renchérit le jeune homme, le front barré par une soudaine irritation.

Les deux shinobi se regardèrent un bref instant, frappés par la même idée.

Ren – Il faut qu’on trouve ce marché noir !
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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptySam 17 Avr - 2:45

5. Dans les bas-fonds de Kiri (2)

Ils avaient déambulé partout dans Kiri, parcouru jusqu’à la plus petite ruelle malfamée du village déparés de leurs bandeaux mais les bouches étaient demeurées désespérément closes. Pas le plus petit indice pour leur indiquer une entrée vers ce qu’ils pensaient être souterrain peut-être. Découragés, ils avaient échoué dans un petit bar vide où ils avaient jadis partagé quelques verres avec Kotaro. Et de boire, pour oublier cette sale journée où tout semblait se liguer contre eux…

C’est au troisième saké, quand son champ de vision commença à devenir sérieusement trouble que Ren’ai se retrouva transporté quelques années en arrière. Ils étaient alors tous autour d’une table de ce même bar, lui, Takeo, Taki lovée sur les genoux de Mana et le vieux Kotaro, qui avait déjà torché deux bouteilles de saké et dont les mains ne tremblaient pourtant pas. Leur équipe au grand complet, dans les jours fastes où ils avaient leur petite célébrité au sein du village. Maintenant qu’il y pensait, ce bar avait été bien plus qu’un lieu de passage pour eux. Il y faisait sombre malgré le bois clair qui tapissait tous les murs. Il connaissait presque par cœur les idéogrammes qui, peints à l’encre noir, en ornaient chaque pan pour indiquer le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. Combien de fois avaient-ils ri en voyant Kotaro se pencher d’une bonne tête pour passer sous la porte ? Et de parier qu’il se la prendrait en ressortant, saoul comme il l’était. Mais il les couchait tous, toujours.

Ce soir-là ils étaient d’humeur plutôt morose. Quelques jours auparavant le sensei leur avait refilé une mission « au nom d’un collègue ». Ils devaient retrouver quelqu’un, un type important qui avait disparu depuis trop longtemps pour que l’administration s’en souvienne, mais que sa famille cherchait soit-disant encore. Dès le départ Ren’ai avait flairé l’entourloupe, le soupçonnant de l’avoir fait pour enfin pouvoir les traîner dans ce marché noir qu’il semblait tant aimer. Il avait fait part de ce sentiment à ses amis mais n’avait récolté qu’un haussement d’épaules de Takeo, un sourire railleur de Mana et une moue boudeuse de Taki. Il fallait pourtant croire qu’il avait vu juste, lorsque Kotaro s’exclama avec force clameur :

Kotaro – Bon alors les enfants, vous emmènerai-je en virée chercher vos informations ?!

Comme d’habitude, le vieux filou n’avait essuyé qu’un torrent de regards sombres. Dans un éclat de rire il avait appelé la jeune serveuse et, l’attrapant par les hanches, avait réclamé une nouvelle tournée « pour ces jeunes imbéciles ». Les coupelles étaient arrivées… et puis plus rien.

Ren’ai avait été le dernier à se réveiller, la bouche pâteuse et les mèches en pagaille. Ils avaient tous des têtes de déterrés, sauf Kotaro qui sirotait tranquillement ce qui, au nombre de verres vides disposés sur la table, devait être son neuvième saké.

Kotaro – Voilà ce que c’est de boire plus d’alcool qu’on est capable d’en ingurgiter.

Il avait tenté de protester d’une voix faiblarde avant d’abandonner. Puis Taki lui avait tendu un bout de papier sale :

Taki – Regarde, Ren.

Il y avait jeté un œil avant de dévisager Kotaro tout à la saveur de son saké. Le papier comprenait la fausse identité de leur cible et l’adresse où le trouver.

Ren’ai – Qu’est-ce que… comment… ?

Kotaro avait haussé ses épaules formidables et émis un rot sonore, la malice plein les yeux.

Kotaro – Un jour vous comprendrez, bande de moules, qu’être shinobi nécessite parfois quelques entorses à l’honneur.

Emergeant de son rêve éveillé, Ren’ai se frotta les yeux. Takeo le fixait d’un air interrogatif.

Takeo – On dirait que tu viens de voir un fantôme, Ren.

C’était presque vrai. Cet épisode surgit des nimbes de son esprit lui laissait un arrière-goût bizarre dans la bouche qu’il ne parvenait pas à expliquer. Jusqu’à ce qu’il entraperçoive, derrière la serveuse au comptoir, une porte qui comportait l’organigramme indiquant le centre de toute chose. Mais cela n’avait pas de sens, pas là où il était. Il dévisagea alors la fille, qui lui rendit sans sourciller son regard avec une moue amusée. D’adolescente elle était devenue femme, mais c’étaient les mêmes yeux d’argent qui le fixaient. Cette fille… il ne parvenait pas à retrouver le petit nom que lui donnait Kotaro en la prenant par les hanches d’un air paternel.

Ren’ai finit par se lever pour se diriger en titubant légèrement jusqu’au comptoir. Elle le regarda faire avec le sourire goguenard de celle habituée aux avances de ses clients mais ne pipa mot. Arrivé face à elle, Ren’ai sortit maladroitement tout l’argent que contenaient ses poches et le répandit sur le comptoir.

Ren’ai – Je t’offre un verre, …

Il chercha dans sa tête le nom de la jeune fille. La grimace qu’il esquissa arracha un rire clair à la demoiselle qui engouffra toute la monnaie.

Ren’ai – … Neda !

La jeune femme ne décilla pas et indiqua le petit écriteau posé non loin en continuant d’essuyer son verre.

Serveuse – Je m’appelle Kira, fit-elle d’un ton neutre.

Ren’ai – Non ce n’est pas ça, protesta-t-il faiblement. Je t’offre un verre… à la santé de ce bon vieux Kotaro… Neda.

Neda reposa le verre et se pencha vers Ren’ai pour souffler à son oreille :

Neda – Alors cette fois on est prêt pour une petite virée Ren’ai ?

Takeo s’étant approché, elle lui adressa le même sourire interrogateur. Le médecin hocha la tête puis toucha le poignet de Ren’ai qui sentit passer le flux de chakra. Ses idées redevinrent plus claires. Neda lui attrapa la main et le tira derrière le comptoir, non sans avoir inspecté les environs d’abord. Elle ouvrit la porte, les entraîna dans le fond du petit entrepôt et dégagea du mur une grosse étagère, dévoilant une seconde porte. Elle invita Takeo à passer mais retint Ren’ai par la manche avant qu’il ne suive. Fourrant la main dans son corsage elle en retira tout l’argent qu’elle y avait mis et le rendit à son propriétaire.

Neda – Chut ! intima-t-elle avant qu’il ne proteste. Tu en auras besoin de l’autre côté, et Kotaro serait furax si je le gardais.

Ren’ai voulut remercier la jeune fille. Celle-ci préféra profiter de ces mains occupées pour attraper son visage et l’embrasser. Ren’ai se mit à rougir.

Neda – Une revanche sur mon adolescence, glissa-t-elle avec malice avant de le pousser vers la porte. Elle agita la main en guise d’adieu. Bon courage à vous dans votre quête ! l’entendirent-ils crier alors qu’ils avançaient vers la lumière au bout du tunnel.
Watagumo Ine

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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyDim 18 Avr - 23:07

6. Dans les bas-fonds de Kiri (3)

Le marché noir de Kiri n’était pas souterrain. Même en essayant de s’en représenter mentalement la configuration, Ren’ai ne parvenait pas à avoir une idée claire sur son agencement. Pour Takeo, il s’agissait d’une avenue toute en longueur disposée dans un vide aménagé entre les baraquements des tavernes et commerces. Plusieurs bars comme celui qu’ils venaient de quitter devaient y donner accès, chacun muni d’un gardien dont il fallait connaître le vrai nom. Sans Kotaro et ses frasques, ils n’auraient probablement jamais trouvé ce marché aux merveilles.

Takeo avait repris la direction des opérations. Le médecin interpellait quelques personnes pour savoir où chercher des informations, mais les regards qu’on leur lançait n’étaient pas spécialement amicaux. Ren’ai en vint à se maudire de n’avoir pas écouté Kotaro jadis. Ils étaient des intrus ici, et tout dans leur personne le criait à qui voulait l’entendre. Ce serait un miracle s’ils n’avaient pas d’ennuis avant de sortir de là. Et justement, en parlant d’ennuis…

XXX – Alors mes gaillards, on s’est perdu ?

Les deux shinobi se retournèrent comme un seul homme. Le bonhomme, accompagné de deux sbires, n’avait pas forcément l’air aimable malgré le ton mielleux qu’il employait. D’un coup d’œil, Ren’ai avisa que les passants s’éloignaient de la scène et suspecta une habitude du larron, d’apostropher ainsi les nouveaux-venus… voire pire. Fourrant avec désinvolture ses mains dans ses poches, il y serra contre ses paumes les shuriken qui y étaient cachés. Takeo prit le ton de la diplomatie :

Takeo – Non, nous recherchons des informations.

XXX – Et sur quoi je vous prie ?

Takeo – Ca, ça nous regarde.

L’homme se mit à rire. Il avait des dents plus marrons que blanches, ce qui gâchait l’air distingué qu’il semblait vouloir se donner. Un homme qui prend soin de son apparence, songea Ren’ai. Mais donc les muscles, saillants à l’extrême, ne donnaient pas du tout envie d’aller s’y frotter.

XXX – Soit, répliqua-t-il d’un ton égal. Ce qui me regarde en revanche, c’est que vous n’ayez pas payé vos droits.

Takeo et Ren’ai se regardèrent.

Ren’ai – Nous avons payé Neda.

XXX – Ce n’était qu’un droit d’entrée, fit-il en haussant les épaules, moi je vous parle d’un droit de passage. Avancez la monnaie si vous ne voulez pas d’ennuis !

Takeo – Si nous vous payons, nous n’aurons pas assez pour payer nos informations.

L’homme se remit à rire.

XXX – C’est la dure loi du marché noir mon garçon ! Mais je t’aime bien alors approche. Il s’avança de quelques pas. Faisons un marché, fit-il en baissant la voix comme pour une confidence, tu me payes ce que je te demande et je t’emmène voir celui qui répondra à ta question. Qu’est-ce que tu veux savoir ?

Takeo – Nous voulons savoir si une contre-mission a été mise sur la marché il y a de cela cinq ans.

L’homme dévisagea le médecin d’un air circonspect, puis il se pencha pour indiquer un montant que Takeo négocia un peu. Ils finirent par se mettre d’accord et Takeo adressa un signe de tête en direction de Ren’ai qui sortit l’argent. D’un geste de la main, l’autre congédia ses hommes et les invita à le suivre. Le marché noir n’en avait pas l’air comme ça mais c’était un vrai dédale de petits entrepôts, d’étals et de tavernes toutes en longueur qui garnissaient l’espace restreint alloué par les arrière-cours des commerces kiréens. Ils marchèrent un moment, accompagnés d’un crachin qui les glaça jusqu’à la moelle. L’homme finit par s’arrêter, souleva une tenture et les laissa passer devant lui, non sans leur serrer la main.

XXX – Ce fut un plaisir que de faire affaire avec vous, déclara-t-il avec une moue narquoise. N’hésitez pas à faire appel à Tenten lors de votre prochain détour par chez nous !

Les deux shinobi le remercièrent chaudement. Il valait mieux se faire des amis plutôt que des ennemis dans cet endroit et Takeo savait qu’il s’était fait avoir. Ils examinèrent les lieux, une espèce de fumoir où un jeune homme servait des boissons. Il n’y avait qu’un occupant, dans le fond, un homme chétif couvert pour partie par une grande bure qui cachait ses traits, ne dévoilant que sa bouche et son menton. Ren’ai et Takeo s’installèrent en face de lui et le médecin réclama du saké pour trois.

Takeo – Il y a cinq ans de cela nous avons été pris en embuscade par des soit-disant kuméens alors que nous allions avertir des alliés qu’ils étaient peut-être infiltrés. Notre mission était secrète mais nous pensons qu’il y a eu des fuites.

XXX – C’est bien long, cinq ans…

Takeo hocha la tête et Ren’ai avança tout le reste de son argent sur la table. L’homme sourit. Sa voix était rauque et éraillée, vraisemblablement à cause des volutes de tabac qui les environnaient. Pour ce qu’ils pouvaient en dire il semblait assez âgé pour avoir été là cinq ans auparavant.

XXX – Secrète à quel point, la mission ?

Takeo – Trois personnes étaient au courant : le Yondaime, Wataru Echiko et notre sensei.

L’homme sourit de nouveau.

XXX – Ah, la mission du fort, n’est-ce pas ?

Il fit un geste de la main et Takeo, dans un soupir, mit à son tour la main à la poche.

XXX – Tout ce que je peux vous dire c’est qu’effectivement une contre-mission a été émise à votre sujet. Très forte prime par ailleurs, on ne voulait pas que vous réussissiez…

Ren’ai – Vous ne savez pas qui a commandité cette…

XXX – Non, je viens de vous le dire. Les choses bougent beaucoup ici, et seule la forte mise sur vos têtes valait le coup d’être retenue. Et, qui qu’ait été ce commanditaire, n’allez pas imaginer qu’il se baladait comme une fleur à attendre qu’on le reconnaisse !

Ren’ai s’empourpra mais un regard de Takeo le calma instantanément.

Takeo – Soit. Peut-être avez-vous une information sur les exécutants alors ?

L’homme hocha négativement la tête.

XXX – Non. Ils ne sont pas reparus depuis leur récompense. Soit ils ont eu le bon sens de changer de coin, soit ils se sont fait assassinés si vous voulez mon avis. En tout cas je ne connais pas leurs noms.

Takeo repoussa sa chaise et se leva :

Takeo - Viens, Ren, allons voir ailleurs, nous perdons notre temps.

L’homme sourit en tapotant ses doigts sur la table.

XXX – Vous ne trouverez pas mieux que moi, je vous le garantie. Vous feriez mieux de retourner chez vous et d’oublier cette histoire.

Il ne croyait pas si bien dire. Ils déambulèrent quelques temps encore sans rien trouver à se mettre sous la dent, ne réussissant qu’à se faire un peu plus déplumer. Découragés par ce nouveau semi-échec, ils rejoignirent le bar de Neda où ils se firent offrir un saké puis se séparèrent pour rentrer chez eux chacun de leur côté, éreintés par cette journée mouvementée.
Watagumo Ine

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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyJeu 22 Avr - 0:18

7. Sombres histoires d’argent

Le souffle court, Ren’ai ressassait les évènements de la journée.

Quand son équipe existait encore, Ren’ai allait souvent courir ; il avait remarqué que cela l’aidait à mieux réfléchir. Il renoua avec cette tradition ce soir-là. Tandis qu’il allongeait foulée après foulée en direction de la plage, il repensa à ce qu’ils avaient appris au marché noir. Au moins avaient-ils confirmé leur hypothèse de la contre-mission. C’était finalement bien peu, mais cela avait le mérite de leur en apprendre une autre : il y avait donc bien eu une fuite. Ce qui impliquait trois personnes : Kotaro, Wataru Echiko ou bien le Yondaime en personne.

Ren’ai s’arrêta un instant dans le parc pour s’appuyer contre un arbre et reprendre son souffle. Je suis un peu rouillé, songea-t-il. Il étira un peu ses jambes avant de repartir, en même temps que ses pensées se remettaient à tourbillonner. Il ne croyait pas que ce fut Kotaro. Le vieux sensei les avait entraîné une bonne dizaine d’années avant de les prendre tous les quatre pour en constituer une équipe. Même s’il n’était passé prendre des nouvelles depuis l’accident, et Ren’ai pensait que c’était par culpabilité, il n’en avait pas reformé par la suite et avait compté parmi les premiers disparus de la guerre civile. Probablement tué par l’un des partisans de Nezu, encore une chose qu’il devrait payer !

Ren’ai serra les poings et essuya d’un revers du poignet son front luisant de sueur. Avant d’aller voir Echiko Takeo et lui s’étaient renseignés sur une éventuelle ascension injustifiée de la femme au sein de l’administration, sans rien trouver de concret. Il en était presque sûr, le Yondaime Shotaru avait dû laisser échapper l’information. L’administration étant tenue par Nezu - ce qui n’était un secret pour personne – l’homme devait y avoir eu accès d’une façon ou d’une autre, sinon directement. Et, quand bien même cela n’aurait pas été le cas, ce dont Ren’ai doutait fortement, Nezu était indirectement responsable de n’avoir pas su s’entourer de gens de confiance pour administrer Kiri et éviter la mort de plusieurs de leurs compatriotes.

Seulement voilà, ils ne détenaient malheureusement rien de plus que des mots, et pas de preuves. Ren’ai imaginait sans mal les réactions de la Cour s’ils parlaient de ces découvertes au marché noir. Sans nul doute, ils ne feraient là que servir la cause de Nezu quand ils voulaient le voir détruit.

Découragé, Ren’ai vit apparaître sa maison sans qu’une idée ne lui soit venue pour impliquer Nezu sans équivoque. Il entra, traversa le salon sans s’arrêter et se fourra sous la douche. Revigoré par l’eau froide, il ressortait de la salle de bain en frottant vigoureusement ses cheveux trop longs quand il s’arrêta net. Il y avait quelqu’un chez lui, assit sur son canapé. Un dos nu basané, couturé de cicatrices, une personne trop imposante pour s’y tromper. Ren’ai n’osa pas bouger, de peur de rêver. Un avant-bras couvert de bandes s’appuya contre les coussins du canapé et Kotaro se tourna pour regarder Ren’ai, un sourire gaillard aux lèvres.

Kotaro – Tu étais tellement absorbé que tu es passé sans me voir. Dois-je être vexé ?

Kotaro se leva pour donner l’accolade à un Ren’ai trop interdit pour réagir. Le jeune homme détaillait le vieux sensei avec insistance. Ses cheveux en bataille retenus par un ruban étaient devenus poivre et sel. Pour le reste, rien de changé : il n’avait jamais connu Kotaro que torse nu par tous les temps et toutes les saisons, mais il remarquait que depuis la dernière fois plusieurs blessures - qui devaient par ailleurs avoir été graves - s’étaient ajoutées à sa peau déjà à rude épreuve. Une énorme marmule aux poings de titan fière d’appartenir au Suiken Ryuu.

Kotaro – Alors ? fit-il goguenard, on passe dans mon royaume sans me rendre visite ?

Ren’ai fronça les sourcils :

Ren’ai – Tu es sensé être mort !

Kotaro haussa les épaules.

Kotaro – Bof, si tous ceux qui disparaissent mystérieusement étaient morts… Mais c’est vrai que j’y ai échappé de peu.

Ren’ai aurait voulu sourire de la modestie de Kotaro mais il était encore trop sonné. Celui-ci parcourut le salon des yeux et demanda tout de go :

Kotaro – Une femme dans ta vie ?

Ren’ai sortit de sa torpeur et s’autorisa un rire amusé et fier :

Ren’ai – Oui, elle s’appelle Ine.

Kotaro – Je sais, fit-il, joli brin de fille. J’espère que le vieux Ken ne te la gobera pas toute crue. Bon, ce n’est pas tout ça mais je suis venu pour vous aider, puisque vous n’avez pas l’air de vous débrouiller tout seuls une fois de plus !

Ren’ai – Mais comment...?

Kotaro – Tu as croisé Tenten n’est-ce pas ? Ben c’est mon fils spirituel. C’est lui qui m’a rapporté la présence de deux imbéciles qu’il a pu plumer, et pas que lui d’après ce que j’ai compris !

Ren’ai – Mais pourquoi personne ne te dénonce ? Cela intéresserait peut-être des gens de savoir que tu es toujours en vie.

Kotaro esquissa un sourire entendu :

Kotaro – Parce que je sais certaines choses, et que personne n’a envie de déménager tout le marché noir. J’en suis l’un des piliers tu sais ? Mais je ne suis pas venu parler de moi mais de Nezu, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit n’est-ce pas ? Je peux vous aider, mais il faudra me payer !

La bouche de Ren’ai se tordit en une moue contrite et il fit un mouvement vers la porte :

Ren’ai – J’ai tout donné au marché noir mais si tu me laisses deux minutes peut-être que Takeo…

Kotaro explosa de rire, si fort que Ren’ai eut l’impression que tout tremblait autour de lui.

Kotaro – Mais bougre d’âne, c’est d’alcool que je te parle !

Ren’ai se mit à rougir et il poussa un soupir de soulagement, avant d’aller dénicher une vieille bouteille de saké remisée au fond d’un placard. Il l’apporta à son sensei qui la déboucha et en sentit l’arôme.

Kotaro – Bon, tant que je bois donne-moi tes conclusions.

Et Ren’ai lui raconta tout ce que sa course lui avait permis de mettre à jour. Kotaro l’écoutait en hochant la tête d’un air satisfait mais Ren’ai ne parvenait pas à savoir s’il s’agissait de ses dires ou alors d’une appréciation du saké. Quand il eut fini, Kotaro lui tendit la bouteille.

Kotaro – Je pense comme toi. Pour avoir des preuves maintenant, j’ai un plan. L’informateur a bien insisté sur la forte somme qui a été versée pour cette contre-mission, donc si l’administration est là-dessous on peut imaginer qu’elle s’est servie dans la caisse du village…

Ren’ai se décomposa :

Ren’ai – Un détournement de fonds ? gémit-il. On arrivera jamais à prouver une chose pareille !

Kotaro se mit à sourire :

Kotaro – Tu crois ça ? Bon, Ren, je t’emmène chez la seule femme qui ait jamais pu me battre !

~*~

XXX – Kotaro ? Quelle surprise…

Appuyée au chambranle de sa porte d’entrée, Wataru Echiko n’avait pourtant pas l’air plus surprise que cela. Une nouvelle fois, Ren’ai se demanda ce que ces deux-là pouvaient bien avoir partagé par la passé. Il esquissa néanmoins un petit sourire en imaginant cette femme si petite mettre une raclée à Kotaro.

Echiko – Tout le monde te croit mort, ajouta-t-elle d’un ton égal. Je trouvais ça bizarre aussi. Dis-moi ce qui t’amènes…. Elle avisa Ren’ai derrière Kotaro. Ou plutôt ne me dis rien. Entrez.

Elle s’écarta pour les laisser passer. Elle était en robe de chambre, prête à se coucher ou presque. Repoussant un livre, elle leur proposa de s’asseoir sur son canapé et puis un thé, puisqu’elle allait s’en faire un. Ils acceptèrent volontiers. Quand elle revint avec la théière, elle lorgna sur Ren’ai et sourit :

Echiko – J’aurais dû me douter que vous n’étiez pas du genre à abandonner, mais de là à me ramener Kotaro je suis impressionnée jeune homme.

Tout en versant le thé elle s’adressa cette fois au sensei :

Echiko – Quant à toi vieux grigou, la prochaine fois mets-moi dans la confidence. Tu sais bien comme je déteste être surprise !

Kotaro étira le bras pour l’attraper par la hanche mais elle se dégagea vivement et lui tordit le bras. Il se mit à rire :

Kotaro – Nous avons besoin de tes qualifications, ma chérie.

Echiko s’installa en face sur un fauteuil et le fixa intensément en buvant une gorgée de thé.

Kotaro – Une contre-mission a été émise contre mon équipe il y a cinq ans, se lança-t-il. Comme je ne crois pas que tu sois à l’origine de la fuite, on ne peut impliquer que le Yondaime. Vu la somme offerte sur la tête de mes élèves et le fait quasi certain que Nezu, ou au moins quelqu’un de son administration ait mouillé dedans, on pense qu’un détournement des fonds du village a été commis et je sais que tu peux nous aider pour prouver ça.

La femme reposa sa tasse sur la table basse et les dévisagea de ses yeux verts en amande.

Echiko – Pourquoi je vous aiderais ? demanda-t-elle.

Kotaro se pencha vers elle :

Kotaro – Parce que tu détestes Nezu autant que moi… et parce que j’ai accepté de boire ton eau chaude dégueulasse !

Echiko sourit, avant de laisser ses yeux sombrer dans le vague :

Echiko – C’est vrai que je déteste Nezu. Cet homme est un traître à son village, Shinji Azechi aurait dû le tuer au lieu de lui faire un procès qu’il va gagner !

Kotaro – …sauf si tu nous aides. Ecoute, Chiko, Ren’ai veut témoigner contre Nezu à ce procès mais il n’a aucune preuve tangible. Si nous parvenons à découvrir ce détournement de fonds, Nezu sera au moins tenu responsable des agissements de son administration. Cela pourrait faire pencher la balance.

Echiko – Chut ! Elle posa un doigt sur ses lèvres. Je n’ai jamais entendu parler d’une boîte noire pour les dirigeants mais demain je trouverais une excuse pour aller fouiller dans les livres de compte du village. Avec la guerre contre Kumo il y avait pas mal d’importations d’armes, et donc des flux d’argent important. S’il y a quelque chose de suspect, je vous tiendrais au courant.

Ren’ai se leva et s’inclina respectueusement.

Ren’ai – Je vous remercie, Wataru-san.

Echiko fit un geste désinvolte de la main :

Echiko – C’est Echiko, jeune homme, et vous me remercierez quand Nezu sera en prison. Je passerais chez vous en soirée demain, avec ce que j’aurais trouvé.

~*~

Le lendemain, Ren’ai, Takeo et Kotaro attendaient Echiko. Si Takeo semblait calme, Ren’ai bouillait et faisait les cent pas dans la pièce tandis que Kotaro alignait une fois de plus les verres de saké. Taki était passée, comme à son habitude après ses cours à l’académie mais Ren’ai l’avait gentiment renvoyée chez elle. Le regard suspicieux que lui avait alors lancé la petite fille était de mauvais augure pour leur prochaine rencontre.

On frappa à la porte et Ren’ai se rua à l’entrée pour faire entrer Echiko. L’ancienne maître de Taïjutsu tenait contre elle un recueil assez volumineux. Il l’invita à s’asseoir et lui servit un thé qu’elle accepta avec joie. Elle avait l’air sombre et un peu fatigué.

Takeo – C’est le livre des comptes ? demanda le médecin en désignant le recueil du menton.

Echiko – Presque, répondit-elle d’un ton las. Ce sont les dépenses effectuées lors de la guerre contre Kumo.

Kotaro – Tu n’as pas eu de mal à le récupérer ?

Echiko se mit à rire :

Echiko – Oh non ! On me connaît depuis longtemps aux archives et je sais être persuasive. De toute façon on n’avait pas beaucoup de raisons pour m’empêcher de répondre aux réclamations d’un fournisseur qui prétend n’avoir toujours pas été payé…

Ses lèvres s’étirèrent en un mince sourire et elle ouvrit le volume qui était criblé de marques-pages. Elle posa son doigt sur une ligne de compte gribouillée :


Echiko – Ca, ça date du lendemain où je suis partie trouver Kotaro pour votre mission au fort. Une commande d’armes à un fournisseur de Sawa, Kyoki, pour une somme étrangement élevée similaire à celle de votre contre-mission. Au début je n’ai rien trouvé de suspect et puis j’ai remarqué qu’à chaque fois que ce fournisseur est mentionné cela correspond à un montant important. Il apparaît une dizaine de fois et devinez…

Ren’ai – … cela correspond à chaque fois à des missions qui ont foiré, murmura le shinobi, comme par peur d’avoir raison.

Le front de Takeo se plissa de contrariété et Kotaro jura en reposant violemment son verre sur la table.

Echiko – Exactement. Du coup j’ai été vérifier le registre des négociants d’armes. Ce Kyoki ne se trouve pas dans la section de Sawa. Il n’apparaît même nulle part.

Takeo – C’était donc bien un détournement de fonds…

Echiko – Oui, et bien caché. Nous n’en aurions probablement jamais rien su sans votre insistance, jeunes gens.

Kotaro leva son verre d’un air solennel :

Kotaro – On le tient les enfants !

Echiko sourit tendrement en le regardant :

Echiko – Tu t’emportes, mon chéri. Mais oui, ça devrait bien plomber sa défense. Je vous laisse le recueil, j’y ai laissé un mot de ma part avec le tampon administratif expliquant que c’est moi qui vous l’ait fourni. Vous devriez aller le déposer dès demain comme pièce à conviction. En tout cas, je vous souhaite bonne chance pour le procès.

Ren’ai et Takeo se regardèrent. Puis Ren’ai servit un saké à tout le monde et porta un toast, la voix grave remplie d’émotions :

Ren’ai – Pour Mana, pour Taki. Pour venger Umi no Kiri.

[Suite => Procès de Nezu]
Watagumo Ine

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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyDim 25 Avr - 16:18

9. Et la vie continue…

Kinjirareta Ren’ai surveillait la cuisson du lait quand Taki entra en trombe, l’air déchainé des mauvais jours. Elle tenait dans ses mains le journal du matin, titrant « Nezu Shimoto parmi les Réprouvés », qu’elle tendit devant lui d’une mine accusatrice.

Taki – Tu n’es qu’un traître Ren, tu aurais pu m’intégrer à ton enquête !

Et de le rouer de coup avec ses petits poings, sans lui laisser une seconde de répit alors que le lait débordait, maculant l’ensemble du plan de travail de mousse blanche. Toujours attaqué, Ren retira en catastrophe la casserole du feu. Les coups cessèrent de pleuvoir et une voix gronda :

XXX – En voilà une de furie, tiens !

Ren’ai se retourna : Taki flottait dans les airs, maintenue par le poignet par Kotaro qui évitait habilement les coups de pieds décochés par la fillette furieuse. Une main calme se posa sur son avant-bras :

Echiko – Tu n’as jamais été tendre avec les enfants Kotaro.

Kotaro haussa les épaules et reposa Taki par terre. Derrière eux surgit Takeo, qui traînait derrière la Taki d’Umi no Kiri. La jeune femme avait le visage un peu rond à cause de sa grossesse récente mais sinon elle n’avait pas changé et elle était toujours très séduisante avec sa longue chevelure acajou, ses yeux de biche et son corps délié. Surpris, Ren’ai demanda :

Ren’ai – Que faites-vous tous ici ?

Kotaro – Cette question ! s’esclaffa le vieux sensei, On est venu boire un coup pour fêter ça bien sûr !

Il avait amené ce qu’il fallait de bouteilles de saké pour fêter, à son sens, dignement l’évènement. Il y en avait trois fois trop bien entendu mais Echiko n’avait pas réussi à le réfréner davantage. Ils s’installèrent tous dans le salon, au grand dam de la fillette qui boudait dans son coin. Kotaro fut le premier à lever son verre, enfin sa bouteille :

Kotaro – A Nezu le Réprouvé ! clama-t-il.

Echiko – Pour la justice rétablie à Kiri.

Takeo – Pour Umi no Kiri

Taki – … et pour Mana, renchérit la jeune maman.

Tous se tournèrent vers Ren’ai qui restait étrangement silencieux. Celui-ci esquissa un sourire :

Ren’ai – A la vie qui continue, fit-il simplement.

Ils trinquèrent et la discussion se mit en route. Ren’ai invita la fillette à venir s’installer sur ses genoux. Il se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire désormais. Sans doute se faire assigner à une équipe, ou pourquoi pas, enseigner à des terreurs comme la petite Taki ? Néanmoins, il aurait préféré voir Nezu mort. Il n’était pas tranquille, pas tant pour lui que pour ceux auxquels il tenait.

Un nouvel invité se dévoila à la bande d’amis en miaulant. Taki prit le chaton crème entre ses bras puis se tourna vers Ren’ai :

Taki – Dis, Ren, il serait ptet temps de lui donner un nom tu crois pas ? On pourrait l’appeler Mana ?

[FIN]
Iba Hiyori

Iba Hiyori


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyMar 27 Avr - 15:53

Ine : + 83 XP

Merci Smile
Watagumo Ine

Watagumo Ine


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyDim 3 Avr - 18:02

~*Au fond d’son verre, (noyer) les sentiments *~

Naoki

Ine se trouvait avachie sur le canapé, la nuque posée en arrière sur le dossier molletonné. Elle contemplait, l’œil vide, une araignée parcourir le plafond tout en exhalant de longues volutes de fumée. La jeune femme soupira. Ses pieds nus se croisaient nonchalamment sur la table basse, reposant aux côtés d’un cendrier rempli de mégots.

Elle était fatiguée. Depuis la disparition de Ren’ai sa vie se résumait à un entraînement intensif en Genjutsu, Suiton et Fuuinjutsu qui lui creusait le visage. Incapable de dormir, elle passait ses soirées et ses nuits à contempler son plafond en fumant pour profiter des effets narcotiques du tabac. Elle buvait un peu aussi, pas plus que de raison mais juste ce qu’il fallait pour tenir comme elle n’avalait plus rien.

Les yeux rougis par la fatigue, cernés de profondes marques noires, la kunoichi repensa aux progrès considérables qu’elle avait fait. Elle savait aussi qu’elle ne pourrait plus continuer longtemps comme ça : ses doigts tremblaient déjà autour de sa cigarette. Naoyuki le lui avait fait remarqué le matin même, et l’adolescente métisse l’avait envoyée balader en refusant de l’aider davantage tant qu’elle ne se porterait pas mieux. Tetsuya avait rejoint sa cousine pour la calmer. Suzuka, elle, n’avait rien dit comme d’habitude, mais Ine avait bien vu que la jeune femme n’en pensait pas moins. La kiréenne souffla longuement, soulevant plusieurs mèches qui s’élevèrent en un tourbillon, consciente que, bientôt, elle perdrait le soutien de ses amis.

Elle n’y pouvait rien. Même Kiba avait commencé à s’éloigner d’elle.

C’est pourtant Kiba qui entra bientôt, sans frapper et poussant du pied la porte qu’elle n’avait pas pris la peine de fermer complètement. Il était suivi d’un tout petit bonhomme, intimidé mais pas assez pour se cacher derrière lui. Ine plissa les yeux. Aisu, pensa-t-elle immédiatement. L’enfant ressemblait trop à Tetsuya pour que l’on puisse en douter. Les mêmes traits, en plus enfantins, le même bleu glacial dans les yeux.

La jeune femme se redressa et se releva sans prendre garde au cendrier qu’elle venait de faire tomber d’un coup de talon. Détournant le regard de l’enfant, elle tourna la tête vers Kiba en fronçant les sourcils d’un air interrogateur. L’homme la dévisageait avec tristesse.

- Ne me regarde pas comme si je portais toute la misère du monde, s’emporta-t-elle, agacée, dis-moi plutôt ce que tu viens faire ici avec un Aisu.

Ine entrevit les yeux du gamin s’agrandir et elle regretta intérieurement la rudesse du ton qu’elle avait employé, et qui ne lui était pas adressée. Mais elle était en colère. Elle aurait voulu voir Kiba passer à autre chose plutôt que de s’acharner à tenter de la sauvegarder. L’homme sembla percevoir ses émotions et il revêtit son masque narquois qui ne la trompa pas. Il haussa les épaules en badinant :

- Un Aisu tu dis ? demanda-t-il en se tournant vers le gosse, Tu as peut-être bien raison. Je te présente Naoki. Il vient d’arriver au village et son passé rend difficile son intégration à l’orphelinat. Tu pourrais t’en occuper ?

Ine ouvrit la bouche, incapable de répondre. La demande la prenait totalement de court. Il lui fallut plusieurs minutes pour réaliser, et finalement elle s’approcha d’eux, attrapa Kiba par le bras et le conduisit dans la chambre attenante avant de refermer la porte derrière elle.

- Tu es fou ? Tu n’envisages quand même pas sérieusement cette option ?

- Et pourquoi pas ? Tu es seule dans cette maison et il a besoin de toi.

- Kiba je… Bon sang Kiba, regarde-moi !

- Je te vois, fit-il en contemplant avec regrets sa pâleur, sa silhouette amaigrie et les tremblements qui parcouraient son corps, et je sais que tu as besoin d’aide.

La jeune femme fixa son ami avec colère et répliqua, amère :

- Et tu voudrais que je m’attache à quelqu’un d’autre ? Non, je ne veux pas revivre ça !

Ine retira l’alliance qui ornait son annulaire gauche et la jeta violemment par terre. Puis quelque chose se brisa en elle et la kiréenne se mit à pleurer, pour la première fois depuis la disparition de Ren’ai. Elle qui avait toujours laissé couler ses larmes sans honte, l’évènement avait semblé assécher définitivement ses glandes lacrymales. Là c’en était trop. Kiba entoura la jeune femme entre ses bras et lui caressa délicatement la nuque pour apaiser ses tremblements.

- Tu t’en es bien sortie avec Taki… murmura-t-il doucement.

- C’est une chose de faire du baby-sitting…

Ine s’étrangla un peu et reprit, plus calme :

- …c’en est une autre d’élever un enfant. Alors le confier à une fille à problèmes... Elle s’arrêta un instant. … ce n’est pas vraiment lui rendre service. Je suis sûre que je lui ai fait peur, et je n’ai pas été très aimable.

- C’est un enfant. Sa première impression passera vite.

Kiba releva le menton d’Ine et repoussa tendrement une mèche collée à son minois trempé :

- Ecoute, au moins pendant quelques jours. Ça me laisse le temps de lui trouver une place en orphelinat et toi, ça te changera les idées. OK ?

Ine se mordit la lèvre inférieure, puis elle hocha la tête. Elle tenta de se recomposer un visage un peu plus frais avant de ressortir à la suite de Kiba et, pour la première fois depuis longtemps, le miroir lui renvoya l’image que voyaient ses amis. Horrifiée, la jeune femme referma la porte de sa chambre derrière elle et contempla l’état effarant du salon. Kiba disait quelques mots à Naoki, sans doute pour lui annoncer la nouvelle, mais ils étaient tous les deux éclipsés aux yeux d’Ine.

La bouche entrouverte, la respiration de la kiréenne s’emballa. Elle se revit, il n'y avait pas si longtemps que ça, arriver chez Ren’ai et c’était comme un retour en arrière. L’état de la maison n’avait pas grand-chose à envier à ce qu’elle était alors. L’air empestait la cigarette, les vitres étaient sales et la vaisselle s’amoncelait dans l’évier comme la poussière sur le sol. En tout cas ce n’était pas sain, et encore moins pour un enfant de dix ans.

Ine tordit ses mains sans vraiment s’en rendre compte. Elle alla ouvrir les volets pour aérer puis s’avança vers l’enfant :

- Euh, Naoki ? lui demanda-t-t-elle timidement, je peux te préparer du thé si tu veux, ou alors tu préfères un chocolat chaud ?

La jeune femme se tourna pour proposer la même chose à Kiba. Elle remit en place une mèche en considérant d'un air songeur la porte. L'homme avait déjà disparu.
Naoki Aisu

Naoki Aisu


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyDim 10 Avr - 2:17

Il l'avait pris par la main, simplement, conduisant l'enfant dans cette cité qui n'aurait de cesse de l'émerveiller. Il avait adressé quelques mots au garde qui l'accompagnait, celui là même qui était resté muet tout au long de l'entretien, se contentant de jeter quelques regards furtifs à la joute verbale émotive qui se déroulait sous ses yeux. Ainsi il se retrouvait seul avec son bienfaiteur. Naoki n'était pas mal à l'aise plus que cela, la sentinelle avait tenté d'instaurer un léger lien de complicité entre eux, de part les quelques sourires en coin qu'il lui adressait, mais surtout par ce petit clin d'œil qu'il lui avait glissé avant de franchir les portes. Que lui réservait-il? Cela démontrait probablement son implication dans la future visite improvisée de la ville. Naoki se demanda un instant si c'était monnaie courante lors d'une arrivée impromptu d'un voyageur aussi jeune, ou s'il avait tout simplement eut de la chance. Il pencha pour la deuxième solution. Malgré ses airs distant et quelques peu narquois, la sentinelle avait du le prendre en pitié, ou en affection. mais quelles répercutions cela pourrait entraîner? De toute évidence, elles seraient bonnes, il se détendit alors un petit peu.

Ils commencèrent la visite du village, suivant les échoppes qui s'amoncelaient sur leurs routes tels les cubes de bois avec lesquels il jouait lorsqu'il était tout enfant. L'homme avait raison, le village ne ressemblait en rien à une caserne entourée par des palissades de rondins taillés en pieux. C'était une petite ville et les commerçants s'y entassaient au même titre que les shinobis. Ce fonctionnement fascina Naoki, son père lui avait parlé des différentes façons dont les pays avaient été gérés par alors. Ils avaient réussi à concilier le côté militaire et celui commercial. Car une masse importante de soldat, utilisée pour s'entraîner en attente d'un conflit coûtait très cher, et c'était la capacité d'adaptation des shinobis qui rendait tout cela possible. L'évolution de leurs capacité au fil des siècles, leur diversification dans les différents domaines avaient permis à ces hommes de devenir des sortes de citoyen-soldats. Leur utilisation au cours des diverses missions permettait au village de s'approprier une manne financière non négligeable, tout en conservant leurs entraînements, condition indispensable de préparation en cas de conflit. Naoki savait déjà tout cela, son père lui en avait expliqué les fondamentaux, sa question à la sentinelle n'était que rhétorique. Un passage obligé pour un futur membre qu'il s'était imposé. Sa mère lui avait répété maintes et maintes fois que lorsque l'on désire s'accaparer l'attention de quelqu'un, il suffit de le questionner. Mais voir tout cet engrenage de ses propres yeux fascinaient l'enfant, il pouvait analyser ses rouages un à un, et déterminer ses répercutions sur l'ensemble. Ainsi les shinobis étaient au cœur du système, et les divers marchands gravitaient autour, profitant des périodes d'oisiveté du village pour faire du profit. De plus, le fort taux de mortalité chez les shinobis, dut au danger que pouvait représenter certaines missions, rendait l'ensemble plus stable encore.

Naoki se sentit rapidement en confiance dans ce village ou la brume omniprésente rendait les déplacements difficiles. La nature des différentes bâtisses n'étaient visibles qu'à quelques pas, et même si l'orientation et le manque de repère dans une ville qui lui était inconnue aurait du le perturber, il ne s'en souciait guère: il était devenu invisible. Il se rendit rapidement compte que lors de leurs marches, ils n'attiraient que peu l'attention. La sentinelle marmonnait quelques indications que Naoki retenait du mieux possibles. Il lui montra du doigt l'armurerie auquel était adossée une bibliothèque, l'ironie de leurs placements respectifs fit sourire l'enfant bien qu'il garda sa réflexion pour lui, ne désirant pas paraître impoli. Ils parcoururent ainsi le village, tranquillement, presque complice, la sentinelle se montrait affectueuse autant que son caractère détachée pouvait le permettre. Il n'avait cessé de lui tenir la main, une main gigantesque et chaude que Naoki perturbé ne pouvait s'empêcher de serrer. Il n'avait plus donner la main à quiconque depuis ses six ans, son père qui avait le désir de le voir grandir le plus rapidement possible le laissait en presque totale autonomie. Son verbiage avait été acquis ainsi, habitué à entendre un langage d'adulte autour de lui, il n'avait pu garder ce discours enfantin fait de babillages et autres tics que peuvent avoir les gosses à son âge. Si ses paroles n'était pas claires et argumentées, son père ne lui répondait pas, aussi simple que cela. Et lorsque l'on ne côtoie qu'une personne aussi longtemps, le manque de communication se fait vite ressentir, nous poussant à nous dépasser et à nous adapter. Mais cette main puissante et chaleureuse dans la sienne lui rendait peu à peu son enfance perdue, il sentait à nouveau ce besoin constant d'être rassuré, épaulé.

Ils arrivèrent à une grande bâtisse, déformée par la brume qui rendait l'ensemble plus impressionnant encore. Il pouvait distinguer quelques fenêtres éclairées et au loin, les cris d'enfants qui résonnaient dans sa tête. Ils s'assirent sur un muret de pierre et contemplèrent l'endroit que Naoki n'avait eu aucun mal à reconnaître. Tel était sa destination, il n'était pas particulièrement anxieux mais ressentait une boule au ventre qu'il ne pouvait comprendre. Pour quelle raison son instinct le poussait-il à faire marche arrière? Ces cris l'attiraient, il en était persuadé. Mais il était tiraillé en deux entre l'envie de jouer avec les premiers représentants de son âge, et une gène palpable en la léthargie qu'il ressentait dans ses jambes lorsqu'il y pensait. Cette main toujours nichée dans la sienne lui fit comprendre son malaise, il ne voulait pas partir, il ne voulait plus être seul. Il avait trouvé un homme qui lui prodiguait de l'attention et ne désirait rien en retour. C'est à ce moment là qu'il perçu les paroles de son père avant son départ, son père qui lui avait demandé de ne pas lui tenir rigueur de cette éducation, de cette relation qu'ils avaient partagé. L'enfant était alors persuadé que l'affection exposée était réservée aux femmes, et cette sentinelle malgré son air narquois affiché lui avait démontré une sollicitude qu'il n'avait rien fait pour mériter. Comment exprimer les sentiments qui s'emparèrent de lui à ce moment, comment décrire cette douce mélancolie qui prit possession de son esprit? Il cherchait encore à l'expliquer lorsque la sentinelle l'interrompit dans sa rêverie introspective, abrégeant ce léger temps de latence entre la joie encore naissante de la découverte de l'affection paternelle et le fatidique moment de l'abandon.

« - C’est à toi de me dire si tu veux y aller. Si non, j’ai peut-être une solution pour toi.


Ces paroles firent chanceler Naoki, abrutissant son cerveau de la multitudes de question qui parvenaient à son esprit. Il répondit pourtant sans réfléchir.

- Je ne sais pas monsieur...

Il avait mis quelques instants à comprendre la portée des dires de l'homme assis à ses côtés. Son esprit alors perturbé par sa précédente réflexion n'en retira qu'une explication: l'homme acceptait de l'accueillir chez lui. Naoki ouvrit la bouche pour répliquer, un intense espoir s'allumait en lui comme une flamme brûlante qui consumait sa raison. Il s'apprêtait alors à s'engouffrer dans cette brèche tendue par le garde lorsque la pudeur revint au galop, emportant avec elle tout le lyrisme et la magie du moment. Cet homme l'avait déjà refusé, il ne pouvait interpréter ses propos à sa guise, et risquer de le contrarier. S'imposer chez lui de cette façon était bien trop gênant, il devait attendre sa proposition. Qui d'ailleurs ne viendrait pas. Tout ceci n'était que le fruit de son désir, la vision qu'il pouvait avoir était déformée par ce qu'il espérait entendre. L'angoisse monta lentement tandis que le petit garçon restait silencieux. Il canalisa ce sentiment en jouant avec ses mains nerveusement, balançant ses pieds, les laissant rebondir contre le mur tandis qu'il réfléchissait.

- Je ne sais pas ce que je dois vous dire. Je pourrais y aller mais… j'ai peur, je n'ai jamais vu autant de gens vivre ensemble. Et je n'ai jamais vécu avec autant de gens.

Il avait commencé à s'ouvrir. Les mots avaient coulé sans qu'il puisse les retenir, il s'était libéré de ce flot de pensée qui le hantait, du moins en partie. Mais il ne pouvait s'exprimer aussi librement, il était piégé. Il ne pouvait s'enlever de la tête l'image de la sentinelle fronçant les sourcils à sa demande, et anéantissant immédiatement l'espoir qui se lirait sur son visage si aisément. Lui en faire part indirectement, l'homme saisirait cette occasion à la volée, ou bien il la laisserait passer comme une mouche insignifiante, insecte indigne d'intérêt.

- Pas maintenant, pas aussitôt... J'imagine que chacun désire quelqu'un rien qu'à soit. C'est ce que je ressens pourtant, même s'ils m'attirent autant qu'ils m'effraient.

Il avait lui avait laissé une marge de manœuvre suffisante pour l'emprunter, à lui d'en faire ce qu'il voudrait.

-Ah les gosses, ‘savent jamais ce qu’ils veulent !

Et l'espoir s'envola aussitôt. Son visage devint rouge de confusion, les sentiments se confondaient, mélange de peine et de colère envers lui même. Il s'était laissé emporter par l'instant, et maintenant il s'en voulait. Il s'en voulait de s'infliger cette peine inutile, de laisser ses espoirs si fou briser son esprit si fragile, il s'en voulait tellement... Il changea instinctivement de posture, amenant ses genoux sous son menton, se protégeant du monde environnant. L'homme ne lui avait pas parlé pour lui même, sa « solution » était tout autre. Pour la première fois depuis qu'ils étaient face à la bâtisse, Naoki put réfléchir convenablement. Cette pensée parasite l'avait fui avec la honte qui l'accompagnait, il était désormais libre de l'entrave. Certes, il se sentait encore secoué, mais il n'avait plus besoin d'échafauder des dizaines de plans par minutes pour arriver à ses fins, il avait perdu. Il se concentra donc sur la suite des événements, tentant par là même de savoir ce qui allait lui arriver. Il allait sûrement être envoyé vers une vieille du village, une qui ramassait les enfants comme certaines ramassent les chats, cherchant le réconfort dans la multitudes de cris qui envahiraient la maison. Ou alors chez un jeune couple, qui n'arriverait pas à avoir d'enfant. Son père et lui avaient déjà abordé ce sujet, les trois réponses qu'ils en avaient tirés était l'orphelinat, la vieille folle au village, et le jeune couple. L'orphelinat était à présent exclu de ses démarches, il l'avait lui même refusé.

- Je suis désolé. Je voulais juste dire, j'accepte de vous suivre. Emmenez-moi voir la dame.

Il accrocha du regard la sentinelle, attendant la confirmation.

- Je ne t’ai pas parlé de dame. Qui te dit que je vais t’emmener chez une femme ?

Il était resté suffisamment vague pour convenir aux deux autres solutions, et à l'homme de lui répondre directement pour une fois. Naoki ne décrocha pas ses yeux du visage, qui était désormais quelque peu moqueur. Mais l'homme esquissa un rire léger tandis qu'il ébouriffait ses cheveux.

- Allez viens bonhomme ! et prie pour qu’Ine veuille bien de toi.

Il s'était levé, tendant la main à Naoki, l'invitant à le suivre. Il accepta de remettre son avenir dans cette puissante main chaude qui lui était tendu, et qui allait la léguer à une autre.
« Va pour la vieille folle aux chats ...» se dit Naoki tandis qu'ils reprenaient leur chemin.



************


La porte était entrouverte et l'homme entra sans frapper. Naoki se glissa derrière lui comme une ombre, profitant de l'espace pour regarder l'intérieur de la maison. Enfin, le terme était inexact. Bien qu'il y eut quelques signes de la vie ordonnée et décorée avec goût qu'elle avait pu avoir, l'endroit semblait miteux. L'air frais dehors ne pouvait cacher l'odeur de cigarette et de renfermé omniprésent dut aux quelques cendriers qui gisaient ça et là. L'enfant reporta son regard vers la jeune fille qui était allongée sur un canapé. Des cernes marqués sous ses yeux injectés de sang, elle semblait fébrile même si l'expression qui habitait ses yeux était toute autre. Elle ressemblait à une bête sauvage tant l'agressivité qui l'habitait était palpable. Elle fixait la sentinelle, ses prunelles grises ne quittaient pas les yeux de celui qui protégeait de son corps l'enfant. Presque haletante, elle s'adressa à l'homme en se relevant, faisant tomber au passage un cendrier qui trônait sur la table du salon, libérant un nuage de cendre nauséabond. Le ton assassin qu'elle employait fit frémir le jeune garçon qui se cacha un peu plus derrière Kiba.

« -
Ne me regarde pas comme si je portais toute la misère du monde, s’emporta-t-elle, agacée, dis-moi plutôt ce que tu viens faire ici avec un Aisu.

Et alors que l'homme se retournait vers lui, déplaçant légèrement sa jambe pour entrevoir son visage qui s'était figé de stupeur. Les yeux écarquillés, le jeune Aisu en question fixait la jeune femme, devenue dans son esprit une sorcière aux pouvoirs télépathiques. Qui était-elle? Comment avait elle pu deviner? La raison de sa présence ici était déjà flou lorsqu'ils avaient passé le pas de la porte, elle ne ressemblait en rien à une des vieilles dames dont son père lui avait parlé. A en juger par la bouteille qui traînait dans la cuisine, ce devait être une alcoolique solitaire qui noyait dieu sait quelle peine dans la boisson et l'exclusion sociale. Mais la découverte de la nature de ses dons héréditaires changeait toute la donne. Quel était ce test que le village lui faisait passer? Naoki se recroquevilla un peu plus, pendant que la sentinelle, qui l'avait probablement trompé, l'examinait rapidement.

- Un Aisu tu dis? Tu as peut-être bien raison. Je te présente Naoki. Il vient d’arriver au village et son passé rend difficile son intégration à l’orphelinat. Tu pourrais t’en occuper ?


Elle mit quelques instants à réagir, son visage s'affaissa alors qu'elle ouvrait la bouche pour répliquer une phrase qui ne vint pas. Elle entraîna l'homme dans une chambre qu'elle ferma derrière elle, laissant Naoki aussi désemparé qu'elle pouvait l'être. Il avait juste passé le pas de la porte et regardait l'endroit un peu plus attentivement, se représentant la possible vie qui l'attendait ici, « pour peu qu'elle veuille de moi... » se disait-il. A en juger par sa réaction, la demande l'avait prise de court, ce n'était donc pas prévu par le village. Quelle était cet endroit? Pourquoi devait-il vivre avec elle? Elle avait suffisamment de mal à s'occuper d'elle même pensa-t-il en souriant, alors un jeune garçon en plus... Peut être avait-elle perdu un enfant et la sentinelle lui en proposait un en échange. Il les entendait derrière la porte, elle s'emportait contre l'homme, visiblement furieuse même s'il ne saisissait pas le sens de ses paroles. Il expira longuement, sentant la fatigue le gagner à nouveau, il n'avait cessé de marcher depuis qu'il s'était levé, et cette pause des plus étranges rappelait à son esprit la lourdeur de ses membres. Pourtant la tension était toujours présente, et il ne pouvait ignorer les jeux auquel se livrait le destin avec sa propre vie. Il pensait pouvoir souffler lorsqu'il avait été accepté dans le village, mais il se retrouvait ballotté de nouveau, et présenté ainsi à une jeune fille qui ne paraissait pas vouloir de lui. Et ils parlaient encore, suspendant le temps, laissant grandir l'angoisse qui en devenait inquiétante. Il inspirait de plus en plus rapidement, il n'aurait jamais du refuser l'orphelinat. Il s'était livré à l'orgueil, ce n'était que justice après avoir succombé, à cette envie de reconnaissance, de contact et d'affection.

Naoki ouvrit brusquement les yeux: c'était pourtant si simple à comprendre. L'homme ne l'avait mené là que pour apporter de la stabilité à la jeune femme. Elle devait être sa petite-amie et s'éloignait d'elle probablement à cause de son alcoolisme. Il n'était qu'un message que l'homme passait, un appel à un futur commun comblé grâce à la présence d'un être à protéger, à aimer. Une histoire de quelques jours, avant de repartir à l'orphelinat. Ces démonstrations de complicité ne faisaient que servir ses intérêts, ses projets. Il devait avoir été aperçu comme un cadeau du ciel, lui et sa naïveté enfantine, et il se livrait avec une telle facilité. Quand à expliquer la découverte de son secret, il n'en avait aucune idée...
La sentinelle ressortit bientôt de la chambre, se dirigeant vers l'enfant, seul. Et Naoki serra les dents, persuadé que l'absence de la jeune fille était un signe de lâcheté. Mais il s'agenouilla au niveau du petit Aisu, la regardant dans les yeux.

« C'est arrangé, tu pourras rester là pendant quelques jours bonhomme. J'irais faire un tour à l'orphelinat pour voir s'il y a des places. En attendant je te confies à elle. Elle s'occupera bien de toi. Fais attention à elle en contrepartie, elle n'est pas très stable en ce moment.


Naoki acquiesça, il ne dormirait pas dehors ce soir. Et puis il reverrait la sentinelle, peut être arriverait il à maintenir ce lien, à l'amplifier, à s'insérer dans leurs relation. Qu'ils le gardent.

- Je ferais attention à elle. Ne vous inquiétez pas."

Et il se tourna vers elle, elle ouvrait les volets, aérant la pièce, puis revint vers l'enfant. Songeuse pensa-t-il, elle paraissait aussi mal à l'aise que lui, elle n'était peut être pas alcoolique en fin de compte.

"
Euh, Naoki ? lui demanda-t-t-elle timidement, je peux te préparer du thé si tu veux, ou alors tu préfères un chocolat chaud ?

L'enfant surpris, se mit à rougir sans savoir pourquoi.

- Je ne connais pas le chocolat... C'est comme le thé?

- Non, c'est à base de cacao et de lait. Je t'en fais un pour que tu goûtes, si tu n'aimes pas ce n'est pas grave, je te referais du thé.

L'enfant se tourna vers la sentinelle, pour lui demander confirmation. Mais elle avait disparu, laissant la porte entrouverte, pour passer sous silence son départ probablement. Ainsi il se retrouvait seul avec sa protectrice.


- Chocolat alors dit il. Ne désirant pas perturber son intention première, et puis se renseigner sur un produit sans le prendre ensuite était malpoli. Et puis si ce n'était pas à son goût, il en subirait les conséquences.

Elle restait silencieuse tandis qu'elle faisait chauffer le lait. Le portant à ébullition avant de le retirer rapidement du feu. Elle s'appliqua ensuite à brasser méticuleusement, de façon à mélanger cette étrange poudre au lait qui en prenait la teinte brune. Elle se retourna à nouveau vers lui, toujours perdue dans ses pensées, légèrement absente, et lui tendit la tasse chaude et fumante. Empressé de faire bonne impression, il déposa ses lèvres et les retira immédiatement. Le liquide était brûlant, mais il laissait sur ses lèvres une impression de douceur. Sucré pensa-t-il, et délicieux. Il souffla les vapeurs, jouant avec la fumée qui s'en dégageait avant d'en reprendre une gorgée. La sensation dans son palais le laissait somnolent et enchanté, il plongeait peu à peu, fermant ses yeux alors que la demoiselle lui demandait ses impressions. Mais il s'était déjà endormi, laissant la tasse sur la table basse, plongeant sur le canapé, les yeux fermés. La sensation de bien être, de sécurité l'avait emporté, la fatigue avait repris ses droits.





**************





Il ouvrit les yeux, le soleil bien que peinant à percer la brume environnante était plutôt haut dans le ciel. Il se releva brusquement. Il était dans une chambre bien rangé, dans un lit propre, les draps sentait le frais. Il s'assit sur le bord du lit, tentant de se remémorer la veille. Il était pourtant persuadé que la dernière image qu'il avait eu était celle du salon de la jeune fille, et qu'il avait bu du chocolat. Il estima rapidement les lieux qui l'entourait, la chambre était sobre, une commode dans un coin de la pièce, le lit sur lequel il était assis, un bureau vide à quelques pas. Il ouvrit les volets, humant l'air humide et lourd présent au dehors, avant de les refermer brutalement. Aucune idée de la raison pour laquelle il avait fait cela. Une impulsion subite? Une envie de respirer l'air extérieur? Comme s'il n'avait jamais senti la brume, lui qui habitait sur la plage... Il se dit qu'il devait être bien perturber pour se permettre des gestes aussi inutile. La fille devait l'attendre avec le repas dans le salon cuisine, il en sentait vaguement les effluves qui avaient traversés les murs.

Il leva les yeux de la fenêtre, pour estimer l'heure qu'il était: un peu moins de midi. Il n'avait jamais dormi autant, se faisant lever bien plus tôt par son père qui le sortait du lit au sens propre du terme s'il voulait prolonger un peu sa nuit. Il se sentait en pleine forme pourtant, le voyage de ces derniers jours n'avait pas laissé tant de traces, ou la nuit les avait toutes effacés. Il renifla, ses affaires elles faisaient office de preuves quand à leur longue route: il était collant, mal à l'aise. L'envie de nager se fit sentir, et il s'ébouriffa les cheveux, en rêvant de ses contacts matinaux avec la mer. Il plongeait dedans directement, évacuant les traces de son sommeil sur ses yeux et sur son corps, qui fondaient au contact de l'eau salée. Il désirait tellement un bain. Mais la fille l'attendait probablement. Il s'arrangea un instant, poussant la porte avec précaution, pour se faire le plus discret possible.

Elle était occupé à la cuisine. L'endroit avait changé radicalement, si lui s'était levé bien tard, elle n'avait pas suivi son exemple et en avait profité pour remettre la maison en ordre. L'air ne sentait plus la cigarette, et il vit les cendriers posés sur le rebord extérieur de la fenêtre, l'odeur âcre de la cendre avait été remplacé par celle, plus douce, de l'huile et de pâte frite. Son estomac gronda bruyamment alors qu'il observait la vaisselle qui avait disparu de l'évier, le sol qui se faisait impeccable et la jeune fille qui le regardait avec insistance depuis quelques secondes. Il sourit timidement, gêné de l'attention alors qu'elle s'avançait vers lui, doucement, la spatule à la main qui faisait office de baguette de chef d'orchestre tant elle jouait avec nerveusement. Sa voix se fit douce alors qu'elle se baissait légèrement pour s'adresser au petit garçon.


« Je t'ai préparé des crêpes si tu as faim. Tu as bien dormi?


Le garçon acquiesça positivement, les lèvres pourtant collés. Les yeux un peu écarquillés, il fixait sans le vouloir la jeune fille qui lui faisait face. Il ne comprenait pas. Elle ne ressemblait en rien à la personne qu'il avait eu en face de lui auparavant, qui était-elle? Pourquoi se comporter de cette façon? Quelle était cet endroit. Il remit toutes ces questions à plus tard, l'important à ce moment était d'éviter de passer pour un automate, ou un muet. Qui plus est, son ventre criait famine.

- Je veux bien manger madame...

Elle fronça les sourcils, légèrement mécontente.

-Mademoiselle si tu y tiens, sinon appelle moi Ine. Et tutoie-moi, je n'ai pas l'âge.

Il hocha de nouveau la tête, mais resta cette fois-ci silencieux. Elle le prit par la main, l'entrainant près de la table de la cuisine, lui apportant une assiette de crêpes avec un peu de sucre également. Ses lèvres se retroussèrent alors qu'elle lui demandait :

- Tu veux du chocolat aussi? Je ne sais pas si tu as vraiment apprécié, tu t'es endormi avant de le goûter.

Le garçon baissa immédiatement la tête. Au moins il savait comment il s'était retrouvé dans la chambre, elle l'avait probablement porté.

- Désolé, j'étais fatigué. Je ne me suis pas rendu compte que je m'endormais...

Elle rit franchement, dissipant sa gène.

- Ne t'en fais pas, je comprends ce n'est pas grave. Tu avais fais un long voyage?

Il fit signe que oui. Souriant nerveusement.

- Plutôt oui, nous sommes partis avec papa tôt le matin de l'auberge, il voulait qu'on arrive très vite au village.

- Il n'est pas avec toi?

Son visage se ferma, instantanément. Que pouvait-il lui dire?

- Non, il m'a laissé devant. Votre ami s'est occupé de moi par la suite.

Elle semblait mal à l'aise de s'être tenté sur ce terrain. Elle partit s'occuper du chocolat, le silence qui s'en suivit était légèrement tendu. Elle revint vers lui quelques instants plus tard, un peu gênée. Pendant qu'elle versait le lait chocolaté dans une tasse, il leva les yeux vers elle, demandant d'une voix douce mais pourtant assurée. Le timbre en devenait presque désagréable venant d'un enfant.

- Pourquoi avez-vous dis que j'étais un Aisu? »
Sokkachu

Sokkachu


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyJeu 28 Avr - 18:30

    Watagumo Ine (NIVEAU 14)
    Bonus 20 %
    +10 XP


    Naoki Aisu (NIVEAU 3)
    Bonus 0 %
    +30 XP
Watagumo Ine

Watagumo Ine


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MessageSujet: Re: Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine)   Habitation du Chuunin Ren'ai (Ine) - Page 2 EmptyJeu 26 Mai - 18:27

Le gamin s’était endormi. Ine s’en trouva soulagée lorsqu’elle le constata, d’abord parce que rien ne l’avait préparée à l’arrivée d’un enfant dans sa vie. Même temporaire, la chose avait de quoi effrayer quand on se savait plus capable de se gérer soi-même sans dommages. Mais elle imaginait sans mal les intentions de Kiba. Elle avait cru qu’il s’était éloigné d’elle : elle s’était lourdement trompée. La jeune femme ne parvenait toutefois pas à être en colère envers son compagnon, même en sachant qu’il l’avait habilement manipulée une fois de plus. Elle regarda Naoki assoupi et envia la sérénité qui avait envahi ses traits.

Pendant un long moment Ine n’osa pas bouger, de peur de réveiller l’enfant. Le fil de ses pensées s’emmêlait et se démêlait à une allure folle, sans qu’elle puisse en tirer rien de bien utile pour juger de sa situation. Ce n’est que lorsqu’elle baissa ses yeux sur ses mains tremblantes qu’elle se rendit compte que son cœur battait la chamade et que le manque de nicotine faisait siffler sa respiration.

Alors, le plus silencieusement qu’elle le pouvait, la jeune femme se leva, attrapa le paquet de cigarettes sur la table et sortit de la maison sur la pointe des pieds. Dehors, de gros nuages gris s’amoncelaient dans le ciel. Ils n’étaient pas particulièrement menaçants mais avec sa nouvelle sensibilité à l’eau, exacerbée par l’entraînement avec Naoyuki, la kunoichi « sentait » qu’ils annonçaient une pluie très prochaine. Malgré cela, Ine s’assit sur son palier et s’adossa à la porte d’entrée. La fraîcheur de l’air avait instantanément calmé sa crise de tremblements et, soudain, elle sentit qu’elle était sur le point de s’endormir. C’était une sensation qu’elle avait cru avoir oublié depuis quelques semaines, alors que, même fatiguée, le sommeil la fuyait comme la souris le chat. Maudit sois-tu Kiba, songea la jeune femme en esquissant un sourire. Sa tête ballotait légèrement et finalement, Ine abandonna l’idée de la cigarette. Les premières gouttes commençaient déjà à frapper le sol lorsqu’elle se décida enfin à rentrer pour se mettre à l’abri.

Mais, de nouveau confrontée à l’enfant qui dormait, une vague angoisse lui noua l’estomac. Ine savait qu’elle avait tendance à fuir les responsabilités, et que pour ça elle ferait probablement une très mauvaise chuunin. Ce n’était pourtant pas dans sa nature d’abandonner ceux qui avaient besoin d’aide, et ce petit-là avait besoin d’elle. La kunoichi soupira. Elle ne pouvait pas décemment laisser Naoki dormir dans un canapé où se côtoyaient odeurs de cendres, d’alcool et de poussière.

La maison n’était pas grande, mais depuis que Ren’ai avait aménagé une petite aile pour leur chambre, la pièce qu’ils avaient occupée avant était restée vide. L’endroit était petit et sobre. Quelques meubles, une commode, un bureau, un lit, se disputaient le peu d’espace, encore réduit par les affaires qui traînaient au sol. Ine passa un doigt sur le plateau du bureau, grimaça. Résolue à accueillir l’enfant dans de bonnes conditions, elle se pencha pour ramasser le linge qu’elle réunit en un tas devant la porte. Elle ouvrit la fenêtre pour chasser l’odeur de renfermé, dépoussiéra, rangea les quelques effets qui avaient appartenu à son amant. Lorsqu’elle eut fini de refaire le lit avec les derniers draps propres qui lui restaient, la petite chambre était transfigurée et rafraîchie par la brise nocturne.

Satisfaite, Ine réprima un bâillement. La partie délicate, celle qui consistait à transporter Naoki dans son lit, était encore à venir. Dans le salon, l’enfant avait glissé sur le côté, si bien qu’il était désormais à demi allongé sur le canapé. La jeune femme passa une main sous sa nuque et une autre sous ses genoux avant de le soulever doucement. S’il remua et grogna un peu dans son sommeil, Naoki ne se réveilla pas. Basculant son poids contre sa poitrine, Ine contourna avec précaution le canapé, évita habilement le chambranle de la porte et finalement le déposa sur le lit où elle entreprit de le débarrasser de son lourd manteau qu’elle posa sur la chaise du bureau. En rabattant le drap sur le jeune garçon, Ine ne put s’empêcher de sourire, d’un air douloureux mais tendre. Elle dégagea d’une caresse une mèche un peu trop longue qui gênait la respiration de l’enfant, puis elle s’éloigna de quelques pas de chat. Terrassée par la fatigue, la jeune femme se laissa glisser le long du mur. Ses yeux étaient déjà fermés lorsqu’elle atteignit le sol. Elle s’endormit instantanément.

~*~

En se réveillant Ine mit plusieurs minutes à se débattre contre l’état brumeux dans lequel le sommeil l’avait poussée. Elle eut envie de rire, se remémora au dernier moment qu’elle n’était plus seule et manqua s’étouffer pour réprimer son accès d’hilarité. Le temps de se calmer, ses yeux s’habituèrent à la pénombre qui baignait la chambre. Un rai de lumière filtrait entre les volets mal fermés. Il éclairait l’enfant toujours endormi comme un petit roi et Ine réalisa soudain que les hommes avaient tous la même expression lorsqu’ils dormaient. Fronçant les sourcils, la jeune femme chassa immédiatement cette pensée de son esprit. Son petit ménage de la veille n’était rien comparé au chantier que constituait le reste de la maison. Son regard embrassa la triste pagaille alors qu’elle refermait soigneusement la porte derrière elle. Heureusement la matinée n’était pas très avancée et Naoki semblait parti pour dormir plusieurs heures encore.

Ine ne s’autorisa un moment à elle que lorsque tout fut récuré du sol au plafond. Les fenêtres, restées ouvertes toute la nuit, avaient débarrassé l’air de l’odeur de tabac. Elle arrêta net son geste alors qu’elle portait la cigarette à ses lèvres et décida finalement d’aller prendre une douche. L’eau glacée lava son corps mais aussi, elle en eut l’impression, son esprit. Alors qu’elle se rendait en serviette dans la chambre, restée elle intacte depuis la disparition de Ren’ai, Ine remarqua l’alliance qui reposait sur le sol. Elle l’avait jetée la veille dans un accès de colère. La jeune femme passa quelques minutes à la considérer de haut avant de s’accroupir. De l’eau gouttait de ses cheveux sur le sol, entourant l’anneau. Elle finit par avancer la main pour le ramasser, le tourna entre ses doigts. Les mariages entre shinobi étaient assez peu communs. Avant la proposition de Ren’ai, Ine n’y avait elle-même jamais trop réfléchi. Elle n’était pas de ces filles qui n’attendent que ça, une grande cérémonie, une belle robe blanche et la bague au doigt. Chez elle, le mariage signifiait moins souvent l’amour qu’un arrangement entre deux familles, et cela était d’autant plus vrai lorsqu’on était la fille unique d’un cultivateur qui possédait quelques parcelles de rizières.

Devenue kunoichi la question semblait se régler d’elle-même. Même son père, tout en paraissant le regretter, l’avait compris lorsqu’elle était rentrée au village à la mort de sa mère. La demande de Ren’ai l’avait prise au dépourvu mais elle n’avait pas refusé. Il n’y avait eu de cérémonie qu’un coucher de soleil partagé sur les lacs gelés des terrains d’entraînement, et personne hormis Kiba et la petite Taki, Naoyuki et Tetsuya ainsi que les autorités compétentes de Kiri n’était au courant. Ine se mordit la lèvre inférieure, serrant l’alliance dans le creux de sa main. Désormais il ne restait de ce mariage qu’un anneau d’or blanc poinçonné qui prenait la forme d’une vague. Et cette leçon, cruelle, apprise à ses dépends : les unions entre shinobi étaient assez peu communes, parce que l’un des deux disparaissait souvent prématurément…

Ine passa la bague à son annulaire gauche et se redressa pour aller s’habiller. Le soleil approchait de son zénith, Naoki ne tarderait sans doute plus à se réveiller. En fouillant dans les placards désespérément vides la jeune femme réussit à réunir de quoi faire des crêpes pour le déjeuner. S’activer à faire la pâte lui donna même faim, une nouvelle première fois pour les dernières semaines qui s’étaient écoulées. Ine en avait fait près de la moitié lorsqu’elle entendit le garçon arriver derrière elle. La tête qu’il faisait en découvrant la maison transfigurée était presque comique et elle s’amusa à l’observer. Lorsqu’il s’en aperçut il lui sourit un peu, visiblement gêné. Elle s’avança à son tour vers lui, presque aussi timide.

- Je t’ai préparé des crêpes si tu as faim. Tu as bien dormi ? demanda-t-elle.

L’enfant hocha la tête, ce qu’elle choisit de prendre pour un oui. Il avait l’air un peu égaré, comme s’il ne la reconnaissait pas. Il finit par marmonner quelques mots, que oui il voulait bien manger Madame. Elle jeta un coup d’œil furtif à sa bague. Bien que l’anneau le justifiât, elle n’aimait être appelée ainsi. Voyant l’expression du jeune garçon, elle essaya de rattraper d’un ton plus doux l’air contrarié qu’elle avait arboré.

- Appelle-moi Ine, et tutoie moi je n’ai pas l’âge.

Ine conduisit Naoki à la table puis lui ramena des crêpes encore tièdes, du sucre et lui proposa un chocolat chaud. Le bonhomme, apparemment embêté, s’excusa de s’être endormi la veille sur le canapé. Ine ne put s’empêcher de rire. Alors qu’il commençait à manger elle lui posa quelques questions sur son voyage, pour apprendre à le connaître un peu, mais Naoki y coupa court rapidement lorsqu’elle lui parla de son père. Les lèvres d’Ine tremblèrent légèrement et elle détourna le regard. L’homme avait abandonné son fils aux portes de Kiri. La kunoichi se leva et tourna le dos à l’enfant en faisant mine de s’occuper du chocolat chaud pour cacher l’écœurement qu’elle ressentait face à un tel comportement. Mais l’homme devait avoir ses raisons pour le faire, s’efforça-t-elle de se persuader en son for intérieur. Embarrassée d’avoir dressé si vite de telles conclusions, elle évita le regard de l’enfant en lui servant son chocolat.

- Pourquoi avez-vous dit que j’étais un Aisu ?

Surprise, Ine dévisagea le garçon. Dans le ton qu’il avait employé, dans le vouvoiement délibéré elle avait cru déceler un brin d’insolence. Elle fut un instant tentée de répliquer, mais elle choisit de rester silencieuse. L’enfant avait toutes les raisons de se défier d’elle. Elle n’avait pas été particulièrement aimable à son arrivée, son aspect physique actuel lui paraissait sans doute effrayant et la métamorphose de son comportement avait de quoi susciter de la méfiance. Ine s’installa avec calme face à Naoki, qui la fixait toujours. Elle prit son temps, saupoudrant à son tour une crêpe de sucre, la porta à ses lèvres, mâcha consciencieusement. Lorsque le garçon parut abandonner l’idée d’avoir une réponse, elle commença enfin :

- Je l’ai deviné. Ce n’était pas très difficile en fait. Une amie à moi possède les dons des Aisu, mais ils s’opposent à ce qu’elle entre dans les secrets du clan parce que son métissage les fait douter sur sa légitimité. Son cousin, lui, n’en a cure de l’Hyuuton, par contre il a les traits crachés des Aisu. Des cheveux si blonds qu’ils en paraissent blancs, les mêmes yeux que toi… Je n’ai pas connu Tetsuya enfant mais je jurerais qu’il te ressemblait étant petit.

Elle fit silence un moment, pensant à Naoyuki et au jeune médecin. Ils avaient presque formé une équipe avant que l’évènement ne vienne tout gâcher. Depuis les choses allaient assez mal, parce qu’ils avaient essayé de la soutenir et qu’elle avait refusé de les impliquer. Parcourant la pièce des yeux Ine songea que ses amis seraient probablement heureux de voir un peu de fraîcheur dans la maison. S’ils revenaient jamais…

Le regard d’Ine revint croiser celui de Naoki.

- Pourquoi me poses-tu cette question ? Ce n’est pas vrai ?

L’enfant ne répondit pas. Ine haussa les épaules : même ombrageux, Naoki était encore un ange comparé à Taki la furie. Arashi. Les lèvres d’Ine s’étirèrent en un sourire affectueux. Un coup d’œil à Naoki lui révéla qu’il la dévisageait toujours. Elle plissa le front, laissant apparaître un instant son malaise, puis aussi vite sembla se détacher de l’insistance du garçon. Elle se déporta en arrière sur sa chaise et reprit son monologue en souriant :

- Si c’est un secret autant te dire tout de suite que d’autres que moi le devineront. A commencer par tes professeurs à l’académie. Parce que tu veux bien devenir shinobi n’est-ce pas ?

Nouveau mutisme, mais Ine ne se démonta pas. Elle se leva, rabattit sa chaise sous la table et se dirigea vers l’évier pour se laver les mains.

- Je vais devoir aller faire quelques courses, les placards sont vides, lâcha-t-elle sans regarder Naoki, à dessein. Je pourrais t’accompagner pour ton inscription à l’académie si tu le souhaites, ou tu demanderas à Kiba de le faire si tu préfères. En attendant tu peux faire comme chez toi ici.

Attrapant quelques sacs, la jeune femme se prépara à sortir.
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