Appartement de Kento

L'académie de Konoha mettait à disposition des jeunes qu'elle avait décidé de former, un appartement, dans une résidence peuplées de jeunes autres étudiants. C'était une offre que Kento jugeait généreuse, d'autant plus qu'il n'avait guère d'argent à consacrer lui-même à son logement.

Néanmoins, il avait appris à se débrouiller seul depuis longtemps, et les traditions –ancestrales- des communautés du Croissant d'Ebène valorisaient l'indépendance et la connaissance de la valeur de chaque chose, et à payer d'une façon ou d'une autre ce qu'on lui donnait.
En outre, une proximité aussi directe avec d'autres étudiants, d'autres personnes qui étaient pour le moment des inconnus, ne le mettaient pas à l'aise… sans doute que sa vie en communauté l'avait poussé à avoir une sorte de comportement 'insulaire', un peu en marge de la société.

Aussi, Kento déclina t'il l'offre de l'académie. Dormir dehors ne serait pas un réel problème pour lui, il avait tout le matériel et l'expérience nécessaire pour choisir un coin adéquat en pleine forêt, et survivre de nombreux jours et nuits de façon autonome. Si cette manière de vivre était idéale pour un nomade, elle finirait sans doute par lui causer des soucis à plus ou moins long terme ici… en tant qu'étudiant, il lui faudrait tôt ou tard un minimum de confort et de stabilité pour mener à bien sa formation.

Tout à ses pensées, il déambulait dans la ville, découvrant distraitement les environs de Konoha, lorsqu'il croisa par hasard un ancien bâtiment, que la grande pancarte à l'entrée nommait curieusement la 'Vieille Forge des Trois Pics'. Le bruit de l'enclume frappée en rythme aiguisa la curiosité du jeune Uchiha, lui rappelant de nombreux souvenirs de son enfance et de son père avec qui il travaillait encore il y a à peine un mois…
Poussant la porte, qui émit un tintement de cloches pour avoir été dérangée dans son sommeil, Kento pénétra lentement dans la boutique. Un bric-à-brac poussiéreux de lames, d'outils et d'ustensiles en tout genre était amassé là, comme un vieux trésor. Seul le bruit du marteau frappant l'enclume permettait à un observateur curieux de déduire qu'il était dans une forge, et non pas dans un magasin d'antiquités.

S'approchant du bruit sourd et métallique qui retentissait régulièrement, Kento écarta les pans d'un rideau menant à l'arrière-boutique, transformée ici en véritable atelier de forgeron. Il observa le vieil homme à la peau craquelée et recouverte de suie, qui frappait inlassablement ce qui deviendrait sans doute une lame de katana. Le marteau en l'air s'immobilisa soudainement, et le forgeron, dans son lourd tablier de cuir, se pencha en avant comme pour examiner son travail. Visiblement satisfait, il hocha la tête et plongea la bande de métal dans les flammes qui dansaient dans l'âtre en face de lui, faisant jouer les ombres partout dans l'atelier.

[Le forgeron] – Allez mon garçon, t'as rien à faire ici, débarrasse le plancher. Maintenant.

Sans se retourner, le vieil homme s'était adressé à Kento. Le jeune étudiant recula d'un pas, surpris.

[Kento] – Heu… pardon, monsieur… c'est juste… je ne m'attendais pas à trouver… un atelier comme ça ici, en ville.

Le vieil homme se retourna, un sourcil haussé.

[Le forgeron] – Ah tiens ?... et pourquoi donc ?! Tu pensais p'tet que le vieux Yasuhiro était fini ? Qu'il tiendrait pas la marée du temps ? hé ?!

Il faut dire que l'atelier de Yasuhiro était vétuste… les forge modernes n'avaient plus rien à voir avec ces anciennes façons de travailler le métal. Mais l'adolescent savait que c'était également dans les vieux pots qu'on faisait encore les meilleures recettes, et cela s'appliquait aussi à la forge. Kento sourit brièvement, et s'expliqua.

[Kento] – Je travaille moi aussi dans un atelier qui… * il fit le tour des lieux avec son index.* … ressemble à celui-ci. Enfin, je travaillais…

L'expression du jeune homme changea, une pointe de nostalgie voila son regard, tandis que le vieil homme l'observait, intrigué.

[Yasuhiro] – Vraiment ?! Hé bé… tu serais bien le premier gamin qu'je vois depuis des années, à savoir travailler le métal comme le faisait nos ancêtres… *Son regard devint suspicieux* Montre-moi ça.

Kento hésita une seconde, puis s'éxécuta. Il prit le marteau tendu par le Yasuhiro dans sa main droite, et enfila dans sa main gauche un des épais gants en cuir posés sur une établie à côté. Le marteau fit un 'clong' retentissant lorsqu'il le laissa retomber sur l'enclume, tandis qu'il agrippait la pince à l'aide de son gant, et retirait avec la lame du feu. Il positionna l'acier brûlant, mais encore difforme, sur l'enclume, l'examina brièvement, et commença à donner forme à la langue de métal. Il la redressa quelque peu, éliminant petit à petit les plus gros défauts, jusqu'à ce que le vieil homme l'interpelle en levant la main.

[Yasuhiro] – C'est bon gamin, j'en ai assez vu ! Bon sang, t'as deux mains gauches, ou quoi ?!! Qui t'a appris à massacrer une lame comme ça ?!

Kento esquissa un sourire surpris, mi-figue mi-raisin.

[Kento] – Mon père. Nous faisons parti d'une communauté itinérante, qui-

[Yasuhiro] – Quelle communauté ?*L'interrompit aussitôt le vieil homme, soudainement attentif.*

[Kento] – Le Croissant d'Ebène.

Les yeux du vieil homme s'illuminèrent, un sourire édenté apparaissant sur son visage. Posant la main sur l'épaule de Kento, il l'invita à rejoindre une autre pièce, qui semblait être l'endroit où vivait Yasuhiro.

Les discussions qui s'échappèrent de la petite pièce à vivre durèrent jusque tard dans la nuit. Le vieil artisan n'en finissait pas de questionner Kento sur l'une ou l'autre des communautés du clan d'artisans itinérant dont il avait autrefois fait parti, avant qu'il ne soit trop vieux pour continuer à courir les routes. La lame continua à brûler dans l'âtre jusqu'à ce que les braises s'éteignent.

Lorsque Kento sortit enfin de la 'Veille Forge des Trois Pics', il avait le sourire aux lèvres. Le vieux Yasuhiro avait accepté de lui prêter la vieille roulotte à la limite de son terrain, qui lui servait de débarras, contre l'aide d'un assistant. Oh, rien de bien reluisant ou techniques, juste redresser les vieilles lames tordues ou usagées, faire quelques livraisons de-ci de là, et ce genre de choses.

Regardant les étoiles, Kento sourit intérieurement. C'était bon d'éprouver le réseau de relations que le Croissant d'Ebène avait méticuleusement tracé depuis le début de son existence.

Kento : +9 XP RP.

Après l'entraînement
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Kento, l'air pensif, ressassait sa journée, en regardant les étoiles par la fenêtre ouverte. Il avait lu les deux dernières heures, malgré sa fatigue, et avait appris beaucoup de choses. Le jeune Uchiha lisait rarement d'habitude, mais il avait du retard à rattraper sur la base que tout bon ninja doit avoir.

Le chakra, d'abord. Bien entendu, il avait réussi à utiliser cette énergie aujourd'hui, et serait sans aucun doute capable de le refaire désormais. Mais Kento voulait en savoir plus, connaître le fonctionnement interne de ce réseau. Il apprit donc que le chakra était véhiculé par les méridiens, sorte d'artères intimement liées aux organes vitaux. Des Tenketsus, au nombre de trois cent soixante et un précisément, régulaient en partie la circulation de cette énergie au sein du corps, comme de véritables points de contrôle.

Kento comprit que c'était en maîtrisant peu à peu ses Tenketsus qu'il progresserait, qu'il parviendrait par exemple à adhérer sans aucun problème à une surface verticale.

Malgré tous les efforts consentis la journée, la répétition de l'exercice, et les rapprochements qu'il pouvait faire avec ce qu'il avait lu, c'est à son deuxième livre que Kento songeait.
A plat ventre, les mains croisées sous sa tête reposée de côté, le jeune Uchiha ne cessait d'y penser. Les "clans de Konoha" relatait de façon très évasive l'histoire des différentes familles du village caché, ainsi que leurs spécificité… mais ce qu'il y avait lu était pour lui sans équivoque.
Si on lui avait donné le nom de 'Uchiha' à son inscription à l'académie, il en comprenait désormais la signification : son Dojutsu, le Sharingan, était héréditaire, et seuls les membres du clan Uchiha le possédaient… ce qui signifiait que sa mère avait été une Uchiha.

*Est une Uchiha.* corrigea t'il mentalement. Hamako, sa mère. Elle occupait maintenant le devant de la scène, dans son esprit. Elle avait toujours été présente, mais au loin, floue. Kento sentait maintenant qu'il tenait là quelque chose, une piste. Une foule de questions alimentaient cette piste. Quelqu'un connaissait-il sa mère ? Ou l'avait-il connu ? Savait-on où elle était ? Etait-il même possible qu'elle soit encore à Konoha ?!

Plus d'une fois, le jeune Uchiha dut se faire violence pour ne pas sauter de son lit, et partir ce soir même à la recherche de sa mère… mais la nuit était déjà trop avancée. Une dernière fois, il s'était levé d'un bond, la main sur la porte de la roulotte… puis avait repoussé l'idée. Il se voyait mal aller réveiller Yasuhiro, ou même les voisins. Il avait attendu jusqu'ici, il pourrait attendre un jour de plus.

Par un jeu de miroirs opportun constitués de diverses vieilles pièces de métal travaillées et posées au rebut ça et là dans sa roulotte, Kento croisa son propre reflet. Ou plutôt, l'image déformée représentant le haut de son dos. Son regard descendit sur l'étrange tatouage qu'il avait sur l'omoplate gauche, depuis sa naissance. Tandis qu'il suivait du regard ces courbes simplistes, son esprit tournait sans cesse autour des décisions qu'il avait pris pour le lendemain.

*D'abord, le cours… je demanderai à Reiko senseï l'adresse de la maison Uchiha. A moins qu'elle ne connaisse directement un Uchiha avec qui je puisse m'entretenir… J'espère qu'il y en un au village en ce moment. Il le faut !*

L'adolescent passa machinalement sa main dans son dos, comme pour toucher les traits tatoués. Tout le monde avait cru à des tâches de naissance à l'époque. Puis Kento avait grandi, et les tâches aussi, dévoilant progressivement des détails, infimes et présents depuis toujours, pour finalement évoquer enfin une forme reconnaissable, au style tribal. Un oiseau. Peut-être un rapace, ou quelque chose comme ça.

Qui l'avait fait ? Sa mère ?! Pourquoi ? Possédait-il une signification quelconque ?… Mystère….

Soupirant, il détourna le regard et regagna sa couche, en éteignant au passage le lampion qui éclairait la roulotte. Tout ceci trouverait peut-être une réponse demain.

Kento : +5 XP RP.

Une recrudescence soudaine de travail à la forge du vieux Yasuhiro avait forcé Kento à mettre de côté son entraînement. Au fur et à mesure du temps passé auprès du maître forgeron, les travaux confiés à Kento étaient passés de simples bouts de ferrailles à redresser, à des choses plus sérieuses comme forger des lames simples.

A vrai dire, c'était tout à fait à la portée de Kento, son père lui enseignait déjà les secrets de la forge depuis quatre années. Alors que ça aurait pu paraître insultant, l'adolescent n'avait pas rechigné aux travaux les moins compliqués. Il fallait de toute façon les faire, et puis cela payait son hébergement.

Revenir à des réalisations plus proches de son niveau réel était tout de même agréable, même si la période faste que connaissait actuellement Konoha faisait que le carnet de commandes ne désemplissait pas.

En sueur, Kento enchaînait les lames droites. Cela faisait la cinquième en deux heures. Yasuhiro se chargeait de la finition, et de monter les gardes dessus. Le 'clong' du marteau sur l'enclume résonnait sans discontinuer dans l'atelier, alternant avec le 'pschiiiiit' de l'acier brûlant plongé dans le bac d'eau pour le refroidir.

Mécaniquement, Kento répétait ces gestes en pensant à ses cours. Le premier amphi de Ninjutsu avait fait notamment forte impression sur l'Uchiha, et il ne cessait de revoir l'aura enflammée entourant le corps de Daiki Senjago.

Grâce à Reiko, Kento avait compris la façon dont les ninjas de Konoha manipulaient leur chakra pour en faire des flammes. Il était même capable de l'expulser par sa bouche en une boule de feu dévastatrice – certains arbres de l'arène en porteraient les traces encore un bon moment.

Mais la démonstration de Daiki était juste un cran au dessus. Maîtriser cette technique marquait un palier dans la technique du feu dont Konoha s'était fait une spécialité : le feu était dompté, capable de jaillir de n'importe quel pore du corps du ninja !

*Lors du cours de Reiko senseï, j'avais simplement fait circuler mon chakra vers le centre de ma paume… vers les pores de ma paume, plus précisément. J'avais pas vraiment réalisé, c'était plus instinctif… mais effectivement, c'était ça : par les pores de la paume.*

CLONG !!... CLONG !!... CLONG !! … PSCHHHhiiiiittt…

*Hum… Daiki a étendu cela à tous les pores de son corps… il faut avoir conscience de tous les pores de son corps… ? Ca me parait difficile…. A moins d'être un as en anatomie. Ou un ninja accompli… ou les deux, sans aucun doute.*

CLONG !!... CLONG !!... CLONG !! … PSCHHHhiiiiittt…

*Comment je peux faire ça ?!... je me fiche d'assister ou non à son prochain cours, mais j'aimerais quand même parvenir à utiliser cette technique…. …. …*

CLONG !!... CLONG !!... CLONG !! … PSCHHHhiiiiittt…

*… Hum… je me demande si… au lieu de concevoir cette technique en partant des extrémités, c'est-à-dire des pores… pourquoi ne pas plutôt partir du centre, de l'origine … l'abdomen ?... Théoriquement… il suffirait de remplir tous les tenketsus, de maintenir un flux constant dans tout le réseau de chakra… ainsi, on finirait par atteindre tous les pores du corps. Ou, plus probablement, assez de pores pour créer cette aura de flammes….*

CLONG !!... CLONG !!... CLONG !! … Le 'pschiit' habituel n'eut pas lieu. Les sourcils froncés par la réflexion, Kento s'était immobilisé.

*oui, ça peut marcher….*

PSCHHHhiiiiittt…

Laissant la lame d'acier dans le bac, Kento regarda son bras dénudé, où sueur et suie se mélangeait salement. Mais il ne semblait pas y prêter une grande attention, il semblait plutôt observer quelque chose d'invisible à l'œil nu. Il resta quelques dizaines de secondes ainsi, avant d'expirer doucement, en même temps qu'une faible lueur bleutée apparut doucement en ondulant tout autour de son avant-bras, comme un feu 'réduit' sur un gaz. L'aura disparut rapidement. L'adolescent sourit. Sa théorie s'était avérée juste !

Sans tarder, il reprit son travail, sans quoi Yasuhiro, n'entendant plus son commis travailler, ne manquerait pas de venir lui sonner les cloches. Mais entre chaque refroidissement de l'acier, il réitérait l'exercice, étendant à chaque fois un peu plus l'aura sur son corps. Si c'était loin d'être parfait le premier soir, les soirs suivants à l'atelier lui offrirent l'occasion de perfectionner sa pratique.

Kento: + 6 XP RP