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 [CI005] Des ronds dans l'eau

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Hideo

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MessageSujet: [CI005] Des ronds dans l'eau   [CI005] Des ronds dans l'eau EmptyLun 26 Juil - 0:17

Hideo était adossé à la barrière du petit voilier qui les emmenait, lui et Saito, vers Nagumo. Un vent frais et humide passait dans ses cheveux, et lui-même se sentait poisseux à cause de l’air iodé si particulier à la mer. Ce n’était cependant pas une sensation qui le dérangeait vraiment : après tout, il avait vécu toute sa vie à Kiri qui, sans être véritablement un village côtier, profitait tout de même de tout ce que le climat océanique pouvait offrir de pluie, brume et tempêtes.

Le genin reporta son attention sur les deux marins qui manœuvraient la lourde voile du navire. Il leur avait demandé un peu plus tôt s’ils avaient besoin d’aide, mais ils avaient balayé sa serviabilité d’un grand rire. « Je crois qu’on peut s’en sortir sans l’aide d’un maigrichon comme toi. La mer est calme, petit, Bwahaha ! ». A leur décharge, Hideo convenait qu’il passait effectivement pour un freluquet à côté de ces deux armoires à glasses. Il les avait donc laissé à leur travail, et s’était trouvé un coin du petit bateau où il pourrait attendre la fin du voyage tout en en profitant.

C’était, après tout, la première fois qu’il mettait les pieds sur un navire. Il n’était jamais vraiment sorti de Kiri auparavant, et même s’il avait vu plusieurs fois la mer de ses yeux, il n’avait jamais eu l’occasion de la traverser. Il lui avait d’ailleurs fallu un moment d’adaptation avant de se débarrasser plus ou moins de son début de nausée. La mer, quoi qu’en disaient les matelots, n’était pas si calme que ça…

Il inspira un grand coup, tout en fermant les yeux et en se laissant simplement bercer par le roulis du navire. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres : la mission démarrait bien. Il ne s’était jamais imaginé que sortir des frontières cloisonnées de Kiri le laisserait aussi calme et en confiance. Bien sûr, il gardait à l’esprit que les choses auraient tout le loisir de mal tourner par la suite. Après tout, ils n’étaient pas encore entrés dans le vif du sujet.

Hideo reporta son attention sur Saito. L’homme paraissait avoir un peu moins de trente ans, ses vêtements légers laissaient apparaitre un corps plus qu’athlétique, et plusieurs cicatrices. Le genin s’était pourtant laissé dire qu’il était en réalité plus proche de la vingtaine. Il n’avait pas osé demander, ce n’était pas un sujet qu’il pouvait aborder aisément avec son supérieur hiérarchique immédiat. D’autant plus que la discussion n’avait pas du tout pris entre eux deux.

Saito se tenait sur la proue du navire. Il était pris dans ce qui s’apparentait à une sorte de méditation, pendant laquelle il effectuait de lents mouvements circulaires. C’était proche d’une certaine forme de danse, et Hideo se mit à le fixer sans trop le vouloir. Malgré le roulis de la coque, malgré le vent qui les décoiffait allègrement tous les deux, le chuunin parvenait à garder une posture, une prestance stable, et ses mouvements restaient purs et délicats. Si Saito avait remarqué l’attention qu’il attirait, il ne le montra à aucun moment. Il termina son rituel de lui-même, doucement, et s’assit en tailleurs à l’avant du bateau, sans un commentaire. Hideo n’éprouva pas l’envie d’aller le déranger, alors il retomba dans ses rêveries, seul, accoudé à sa rambarde.

Il repensa à sa réaction lorsqu’on l’avait convoqué pour cette mission. Pour être tout à fait honnête, l’énoncé de la tâche ne lui avait fait ni chaud ni froid. En revanche, le simple fait d’être appelé et de se voir confié une responsabilité lui avait procuré la plus grande des surprises. Lui qui n’avait plus eu de comptes à rendre à l’administration rencontrait soudainement un haut gradé qui lui annonçait lui proposer une mission ! Impressionné, c’est tout juste s’il avait osé ouvrir la bouche pendant l’entretien. On lui avait alors présenté Saito, chuunin de Kiri, sous les ordres duquel il devrait travailler pendant les jours qui suivraient. Saito lui avait semblé très formel pendant l’entrevue : il bombait le torse, répondait sur un ton très martial, et ne posait aucune question. La vérité était pourtant bien différente, car à peine étaient ils sorti du bureau du haut gradé qu’il quitta Hideo sans autre parole que leur lieu de rendez vous, quelques heures plus tard. Et encore, il lui avait donné cette indication sur un ton mollement convaincu, un peu comme si, au fond, il se fichait pas mal de savoir si le genin serait à l’heure ou pas.

Il était arrivé à l’heure, et ils avaient pris la route du port où les attendait ce bateau. Il était difficile de cerner ce à quoi le chuunin pouvait bien penser, car il ne prononçait aucun mot. Il se contentait de regarder droit devant lui, sans jamais dévier. Tout le contraire du garçon, qui ne cessait de jeter des coups d’œil à gauche, à droite, et surtout vers son accompagnateur.

Hideo revint un instant à la réalité. Il venait juste de remarquer la masse de terre au loin à l’horizon, encore baignant dans la brume. Il demanda à l’un des marins s’il s’agissait de leur destination. Ils lui répondirent que oui, mais qu’ils allaient faire le tour de l’île pour les rapprocher de leur but. Ca leur ferait toujours ça de moins à marcher …

Le garçon sursauta : Saito était juste derrière lui. Il se retourna et leva le regard vers les yeux moitié rieurs du chuunin.
« Ne sois pas si nerveux. »
« Pardon, je … pardon »

Hideo baissa les yeux. Il se surprenait lui-même en réagissant de la sorte. Apparemment, le grade et la position de son compagnon l’impressionnaient plus que ce à quoi il s’attendait.
« Non, pas de ça avec moi. Je n’ai pas besoin d’un petit chien qui ne peut pas me regarder dans les yeux quand il me parle. »
Le genin ne répondit pas tout de suite. Il inspira un bon coup, et laissa échapper un petit ricanement. Puis :
« Désolé. »
« J’aime mieux ça. »

Saito vint s’accouder à la rambarde à côté du garçon. Ils restèrent tous deux ainsi une longue minute, le regard perdu dans le lointain, avant que le genin ne se décide à rompre le silence.

« Vous… vous avez déjà pensé à ce qu’on va faire, là bas ? La façon dont non va gérer cette historie ? »
« Tu peux me tutoyer. Non. Tu VAS me tutoyer, s’il te plait. Je ne suis pas un adepte du formalisme. Et pour te répondre, non, je n’y ai pas encore pensé. J’imagine qu’on verra bien sur place. Ca m’a l’air de n’être qu’une querelle de voisinage comme on en résout souvent à Kiri. Tu dois d’ailleurs être plus entrainé que moi sur le sujet, car ça fait bien longtemps que je n’ai plus effectué de missions de rang D… »
« Oh… »
« Allez » , lança Saito en tapotant l’épaule du genin, « ne te prends pas la tête si tôt. Tout va bien se passer. C’est une mission sans aucun danger, et même s’il y en avait, c’est mon boulot de te protéger. »
« Ne vous faites pas de souci pour moi. »

Le chuunin s’écarta, un sourire en coin. Il n’avait relevé ni le fait qu’Hideo venait à nouveau de le vouvoyer, ni le caractère plus que cocasse de ce jeune garçon qui fait le gros dur alors qu’il tremble à moitié de froid dans les embruns marins. Saito s’en retourna donc à sa méditation silencieuse, laissant son subalterne seul avec lui-même.

Cette brève conversation l’avait cependant satisfait, en ce sens qu’elle lui avait permis de mettre une voix sur ce visage. Saito avait une voix plutôt douce, et calme. Ces quelques paroles échangées, insignifiantes au demeurant, l’avaient tout de même rassuré. C’était assez paradoxal, dans la mesure où le chuunin ne donnait pas non plus l’impression de faire grand cas de cette mission. Mais peut être était-ce cette assurance peu raisonnable qui mettait le jeune garçon en confiance…

Une médiation. Hideo se dit qu’il aurait difficilement pu tomber mieux pour une première mission. Il n’avait aucune compétence en ses talents de combattant, aucune endurance, et aucun autre talent particulier. Il ne s’imaginait pas non plus être un meilleur diplomate qu’un autre, mais si la seule chose qu’il avait à faire était de parler, il n’était pas non plus plus démuni que quiconque.

Deux heures passèrent ainsi. Le vent ne se calma ni ne se renforça pendant le trajet, qui prit rapidement un ton bien monotone. Le garçon, sans être particulièrement enthousiasmé, profita cependant du voyage pour apprécier pleinement ces nouvelles sensations. Il ne tenta pas de retourner parler à Saito, qui préférait manifestement la solitude à la compagnie d’un novice comme lui. Il ne lui en voulait pas pour ça.

Ils se trouvaient à présent sous les falaises de l’île de Nagumo. Par endroit, le niveau du sol était dix à quinze mètres au dessus du niveau de la mer. L’eau avait taillé un mur pratiquement lisse dans la pierre.
A un moment, ils passèrent sous une construction imposante : une grande tour à la base carrée, érigée sur une avancée rocheuse, plus haute que ce qu’il avait vu avant. La tour était fortifiée sur les deux faces accessibles depuis la mer, et ses façades étaient ornées de meurtrières et d’ouvertures circulaires plus larges. Hideo, curieux, demanda à un matelot si la tour accueillait des canons, et si elle était toujours utilisée.

« Ca ? Oui, il me semble qu’il y a des canons là dedans. Tu sais, l’île est extrêmement bien défendue contre tout ce qui vient de la mer. Les habitants se sont organisés il y a quelques générations pour établir une défense solide. Ces tours en sont le vestige. On ne laisse plus assez de soldats à l’intérieur pour qu’elles soient opérationnelles en continu, mais si tu regardes bien, tu verras qu’il y a toujours au moins une sentinelle au sommet »

Le marin disait vrai. Il remarqua une fine silhouette au dessus du parapet.

« En cas d’attaque, il n’a qu’à allumer le brasier. La fumée et la lumière du feu seront repérées par la sentinelle de la tour suivante, qui allumera alors aussi son brasier. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que toute l’île soit alertée. »

Hideo écoutait, fasciné, les explications du marin.
« Pourquoi est ce que la tour n’est pas opérationnelle ? Y a-t-il moins d’attaques depuis qu’elles ont été construites ? Est-ce qu’elles ont dissuadé les pirates ? »
« Il y a de ça, oui. Mais c’est surtout vous qui avez changé la donne. Il ne fait plus bon être pirate et s’attaquer à des gens qui ont les moyens de se payer les services de vos villages, maintenant… »

Le genin médita un moment ces paroles. Perdu et isolé au cœur de Kiri, il n’avait jamais eu l’occasion de réfléchir sur la portée des villages cachés. Il aurait bientôt l’occasion d’apprécier plus justement l’accueil que les gens du monde réservaient à des soldats comme lui. Dans sa tête se mélangeaient différentes réactions, différentes motivations que les personnes de l’extérieur pouvaient avoir à leur égard, si bien qu’il finit par abandonner ces réflexions et se laissa aller à la philosophie de Saito … ils verraient bien sur place.

« Bon, on arrive. Je ne peux pas aller beaucoup plus loin avec ce bateau, les récifs nous bloquent. Je vais vous déposer sur la plage de galets, là. Vous n’aurez qu’à monter en suivant le sentier, puis vous suivez la falaise jusqu’à votre destination. »

« Ok. Merci pour le trajet. Allez, viens, toi. »
Saito lança une petite bourse au matelot, qui s’empressa d’en vérifier le contenu avec avidité. Puis le chuunin se laissa adroitement tomber sur la berge et commença à escalader le flanc de la falaise au lieu de chercher le sentier qui se trouvait quelques mètres plus loin.

Hideo souffla brillamment, avant de lui crier :

« Je vais faire le tour ! »
Hideo

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MessageSujet: Re: [CI005] Des ronds dans l'eau   [CI005] Des ronds dans l'eau EmptyDim 1 Aoû - 0:56

Hideo gravit péniblement la dernière petite butte avant de s’arrêter sur son sommet, regardant avec satisfaction le paysage qui se déroulait devant ses yeux. A sa droite, la mer agitée se fracassait contre la roche, quelques mètres en contrebas. Il lui arrivait même parfois d’être légèrement mouillé par l’écume. A sa gauche, une forêt éparse tapissait le flanc d’une haute colline qui se terminait par un bloc rocheux aiguisé, comme si un gigantesque dieu était passé par là et avait découpé sèchement une portion rectiligne de la petite montagne. Et en face de lui se déroulait la fin du petit sentier qu’ils suivaient, Saito et lui, depuis qu’ils avaient débarqué, un peu moins d’une heure auparavant. La forêt s’arrêtait presque brutalement ; elle avait manifestement été coupée à cet endroit. La petite falaise s’estompait rapidement pour se muer en une longue plage de sable au bout de laquelle étaient échouée deux petits bateaux de pêche. Un ponton de bois permettait de rejoindre ces embarcations lorsque la marée était haute.

Saito était parti devant, et attendait le genin en face d’une sorte de cabane allongée qui faisait face à la mer. Hideo le vit frapper à la porte, et s’indigna qu’il ne l’ait pas attendu pour faire ça. Mais la porte ne s’ouvrit pas, et il put rejoindre son encadrant en trottinant.
Il était complètement essoufflé lorsqu’il arriva au niveau du chuunin. Le voyage en mer l’avait, de façon surprenante, bien fatigué, et suivre le rythme de marche de Saito était chose impossible pour le garçon. Il s’accorda quelques secondes pour reprendre son souffle avant de demander :
« Personne ? »
« On dirait… » , répondit le chuunin, laconique. Il se remit à cogner contre le bois, plus fort cette fois ci, mais sans plus de succès.
« Il ou elle reviendra peut être dans un moment. Nous n’avions pas convenu d’une heure précise, si ? »

Saito soupira longuement, maugréa quelque chose qu’Hideo ne saisit pas, et alla s’assoir sur une souche d’arbre un peu plus loin. Le genin le regarda faire, sans bouger. Le mutisme prolongé dont faisait preuve la personne qui était censée l’encadrer pendant cette mission commençait à lui porter sur les nerfs. Peut être était-ce à lui de faire le premier pas, l’idée l’avait effleuré. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser, à le voir comme ça toujours isolé et physiquement distant, que l’homme ne souhaitait nullement avoir quoi que ce soit à faire avec son cadet. D’un certain point de vue, il pouvait le comprendre…

Hideo se mit à faire les cent pas, d’abord lentement, sans même se rendre compte qu’il tournait en rond. Puis, quelques minutes passèrent et il s’aperçut qu’il avait suivi le même trajet tout ce temps. A l’instar de ses pieds, son esprit lui aussi tournait en boucle. Ce n’étaient pas vraiment des pensées conscientes et construites, plutôt un marasme, une soupe d’idées mal conçues agrémentée de quelque rêverie diurne …
Était-il à la hauteur de cette mission ? Qu’allait il vraiment se passer une fois arrivé en ville et une fois qu’ils auraient pris contact avec les bonnes personnes ? Aurait-il à utiliser une illusion offensive ? En serait-il seulement capable ? Et d’où venait Saito ? Que pensait, à cet instant, assis sur sa souche et recroquevillé sur lui-même ? Autant de questions qui ne cherchaient pas vraiment de réponse dans la caboche du garçon. Et, il s’en doutait, la fatigue physique induite par le voyage n’arrangeait pas sa concentration.

Le garçon eu bien du mal à quantifier le temps qu’ils passèrent tous les deux ici. Peut être une heure, peut être trois … Le vent ne cessa jamais de souffler, apportant avec lui les embruns des vagues qui s’étalaient inlassablement sur la plage, à quelques dizaines de mètres d’eux. Saito devait s’être impatienté, car il se leva d’un coup et se mit à faire de le tour de la bicoque, observant soigneusement à travers chaque fenêtre, et posant son oreille une fois ou deux contre le bois. Espérait-il vraiment trouver quelque chose en s’y prenant de cette manière ? Peut être cherchait il simplement à se dérouiller un peu. Il avait après tout passé un long moment assis sans bouger.

Il fit choux blanc, naturellement. Alors il se tourna vers Hideo, et lui dit :
« Assez attendu. La nuit sera tombée dans moins d’une heure, et je commence sérieusement à me les cailler. On monte au village et on se trouve une auberge, allez. »
Le genin lui emboita le pas.

Le village en lui-même n’avait rien de très particulier : il était entouré de ce qui restait d’une haute palissade de bois, renforcée par des contreforts de pierre par endroits. A intervalle régulier, une tour se dressait au dessus du mur, mais Hideo ne vit aucun garde dans ces miradors. Il remarqua même certains échafaudages qui s’étaient effondrés, ou qui étaient clairement en passe de l’être.
Entre les murs, les cabanes de pêcheur de la périphérie laissèrent bientôt la place à des constructions plus robustes. Le genin remarqua que, malgré l’heure tardive, ils croisèrent tout de même un grand nombre de gens sur leur chemin. Le village ne s’endormirait pas avant encore une heure ou deux.
Les deux shinobis s’arrêtèrent à la première enseigne qu’ils trouvèrent. L’intérieur était très commun : un homme d’âge mur les regarda entrer de derrière son bureau. Il haussa le sourcil à la vue de ces étrangers, mais Hideo ne remarqua pas plus de signe de méfiance que ça. Peut-être leurs bandeaux leur accordaient un certain crédit, se dit-il en silence.

« Bonsoir. Une chambre pour la nuit, deux lits. » Et il posa sur le comptoir une paire de piécettes. Le tenancier les fit glisser sous la table, y jeta un dernier coup d’œil, puis daigna leur laisser une clé. Hideo le gratifia d’un « Merci. » un peu triste, qui trahissait complètement sa fatigue. Saito fit mine de s’en aller, puis, comme s’il venait d’avoir une idée, il revint sur ses pas et s’adressa à l’aubergiste sur un ton plus sec.
« Ah, tant que je vous tiens. Vous connaissez un peu les gens du coin ? »
« Un peu, je suppose. » répondit l’homme, maintenant visiblement méfiant. Apparemment, le pouvoir rassurant de leur bandeau s’arrêtait de fonctionner dès qu’ils demandaient quoi que ce soit aux indigènes…
« Nous cherchons quelqu’un. Il habite dans la cabane qui se trouve au Nord Est d’ici. »
Le tenancier le coupa aussi sec :
« Mmmh, non, je ne connais pas, désolé. »
« Vous ne connaissez pas ? »
« Non, désolé. »
« Le type ou le lieu ? »
« Quoi ? »
« Peut être que je me suis mal exprimé. Attendez, je vous montre sur la carte. »
« Non, ce n’est pas nec… »
« Si si, regardez ! Là. Vous voyez, ici, une cabane près de cette plage. » Saito pointait quelque chose sur la carte, mais c’est tout juste si l’autre homme regardait.
« Ecoutez, je vous dit que je ne sais pas de quoi vous parlez. »
« Vous ne savez pas ? »
« Je vous dis que non ! » , et il frappa sans le vouloir la table. Il regretta immédiatement son geste, et se redressa, tentant de se calmer. Hideo ignorait à quel petit jeu Saito voulait jouer, mais il était redoutablement doué…
« Oh. Tant pis. » Il remballa sa carte. « Si vous vous souvenez de quelque chose, vous me le dites. »
« Bien sûr. »
« On va s’installer à cette table, là bas. Viens Hideo. Vous voulez bien nous apporter quelque chose à manger ? Votre plat habituel fera l’affaire, avec de l’eau, s’il vous plait. »
« Bien sûr. »
Le garçon remarqua que la plupart des gens qui étaient présents dans la salle avec eux s’étaient arrêtés de discuter, et les regardaient en silence. Certains s’étaient même approchés derrière Saito. Aucun n’avait l’air menaçant, mais leur arrivée soudaine, et le numéro du chuunin faisait office d’attraction. Les deux shinobis s’écartèrent du comptoir, sentant sur eux le poids de nombreux regards.

Une fois assis, le genin se décida à céder à sa curiosité. Il demanda, doucement :
« C’était quoi, ça ? »
« Quoi, « ça » ? »
« Pourquoi l’avoir fait tourner en bourrique ? »
« C’est ma façon de me venger des gens qui se moquent de moi… »
« Vous croyez que … » Il s’interrompit alors qu’une serveuse leur apportait leur repas. Il s’agissait d’un poisson entier et cuit, posé négligemment au milieu d’une grande feuille de salade.
« Vous croyez qu’il sait quelque chose. »
Saito s’empara avidement de ses couverts et commença à mettre son poisson en charpie.
« Tutoie-moi. Je crois que ce type ne nous fait aucune confiance, et qu’il ne nous dirait rien, même s’il savait quoi que ce soit. Je n’ai aucun moyen de savoir s’il me mentait complètement, évidemment. Oh ! » Il regardait un point derrière Hideo.
« On dirait que j’ai donné un coup dans la fourmilière. »
Le garçon se retourna. Le tenancier se trouvait en grande discussion avec deux autres personnes.
« Tu crois qu’ils parlent de nous ? Ils ne nous regardent même pas. »
« Je ne sais pas. Aucun moyen de le savoir, vraiment. »
Hideo quitta l’aubergiste des yeux et revint à Saito. Le chuunin affichait un semi rictus amusé. Se moquait il de lui ? Il décida d’abandonner la partie, et reporta son attention sur son poisson. Saito émit un petit rire…

Ils dévorèrent le contenu de leurs assiettes en quelques minutes.. Le repas était bien meilleur à manger qu’à regarder, de façon surprenante. Hideo se cala en arrière contre le dossier de sa chaise, et se retint de bailler. Il ne pensait qu’à une seule chose : le confort d’un lit bien chaud.

« Hé ! »
La voix venait de leur gauche, et leur était clairement adressée.
« Hé, les ninjas ! Quelle heure il est là ? »
Le garçon, interloqué, ne répondit pas. L’homme au teint rosâtre semblait avoir bien profité de sa soirée…
« Vingt et une heure, je suppose. Probablement un peu moins, pourquoi donc, gentilhomme ? »
« Votre gars, je le connais bien. Je sais où il est, là. Il est chez Mori. Je vous y amène si vous voulez. »
Saito reporta son regard sur son subalterne, comme s’il attendait une réponse de sa part. Hideo ne put lui répondre que par cette expression si particulière, qui signifiait, en gros « vous faites confiance à ce barjot aviné ? ». Le chuunin ne put s’empêcher de sourire.
« C’est bien aimable à vous. Allons-y sans plus tarder ! »
« Ah ! Pas si vite mon gaillard. Paie mes conso d’abord, c’est à prendre ou à laisser. »

Saito se leva et déposa quelques sous sur le comptoir en sortant. Il fut précédé par l’homme rondouillard, et Hideo fermait la marche. Ce dernier jeta un dernier coup d’œil à l’intérieur, et croisa sans le vouloir le regard du tenancier. Celui-ci baissa immédiatement les yeux et retourna à sa vaisselle, comme si de rien n’était…
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