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 Parce que la Lune Nous Regarde

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Isei Nagashi

Isei Nagashi


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MessageSujet: Parce que la Lune Nous Regarde   Parce que la Lune Nous Regarde EmptyVen 12 Juin - 21:30

Il était tard. Très tard. Le soleil commençait à tomber au-delà des frontières dessinées par les cimes des grands arbres de Konoha. La lune se faisait sentir, son aura bleutée et mélancolique léchait déjà la surface du monde. Bientôt il ferait nuit. Bientôt la ville changerait, elle se morfondrait, accueillant de nouvelles vies, de nouveaux rites. Les ombres s’élargissaient, elles prenaient le plein pouvoir alors que la lumière, ténue, cédait peu à peu de ses possessions.

Il était tard. Et la lourde chaleur qui pesait sur le village s’éclipsait, d’un claquement de doigt. Les rues se vidaient lentement, les portes se fermaient et les marchands rangeaient leur matériel. Une bonne nuit les attendait, tous. Une nuit de repos, quelques succinctes heures de répit. Le rêve béat de tout enfant.

Il était tard. Les animaux ne beuglaient plus, la forêt se calmait et la vie qui l’animait durant tout la journée s’endormait, peu à peu. Le cri des oiseaux, les aboiements agaçants des chiens, reniflant le poil châtain des chats de gouttières qui allaient venaient. La peau sur les os. Tout cela n’avait plus de raison d’être, une fois les sonnes clochées, une fois les volets clos, les lumières calfeutrées. Le sombre reprenait son droit, celui le plus puissant, terrifiant.

Il était tard, les couleurs se transformaient. Le jaune si vif, l’orange, calme et pieux, le rouge agressif, et ce vert qui toute l’année peuplait les rues, les forêts ; Konoha était un perpétuel été. Bientôt le jaune se vit mourir, l’orange s’éteint, le rouge devint un mauve couplé du pourpre des cieux qu’on voyait jusque là-bas, au loin. Tout au loin.

Isei balançait négligemment ses pieds dans le vide. Quelques minutes auparavant, il voyait le sol, la rue, les pavées et les gens qui passaient. Oubliant de regarder le petit homme qui gesticulait, tranquille, juste au dessus de leur tête. Maintenant, il n’y avait plus rien. Le vide. Le néant. Il tomberait qu’il ne saurait même pas quand la mort le prendrait. Mais il ne tomberait pas.

Il n’avait pas envie de mourir. Oh ça non. Peut-être était-ce parce que la lune, bientôt, porterait son regard sur lui. Il ne voulait pas mourir devant la lune. Il la respectait trop pour lui faire ce cadeau empoisonné, dans une si belle soirée.

Le soleil était caché de moitié. Par l’horizon, bien sûr. Qui d’autre ?

Isei se releva et apposa ses deux pieds au bord de la toiture, comme deux morceaux de pâte feuilleté, fins, dans laquelle on mettrait de juteux quarts de pommes. Isei n’avait que ses pieds pour lui, mais cette image lui rappela combien il avait faim. Et comment il n’avait pas mangé depuis ce matin.
En bas, le néant, encore. Un peu plus. La rue s’illumina soudainement, elle décrivait les trottoirs vides, les rues tristes. La mélancolie des quartiers populaires ne se jouait pas. Elle se vivait, avec cette petite touche d’amertume dans le coin du regard. On se ne faisait pas confiance, on doutait. On hésitait de tout. Nombre de shinobi sortaient tout droit des grands immeubles de ces quartiers-là.

Des hommes qui n’avaient rien trouvé de mieux comme passion que de donner la mort. Quel passe-temps… Le Nagashi n’aimait pas ce qu’il était en train de faire. Il n’aimait pas ce regard qu’il portait avec un certain brio sur l’avenir. L’avenir qu’il était en train d’écrire. L’avenir dont il était le seul auteur. Leur ressembler, c’était fou, mais il n’y avait jamais pensé. Servir, son village, protéger ses parents. Ou l’inverse, Isei ne savait plus trop ; il doutait.

Comme tous les gens ici.

L’enfant se sentait observé, comme si la lune ouvrait ses yeux jaunes. Il sourit. On aurait dit Sayuri. Il avait passé la journée à l’écouter, à s’approprier chacun de ses mots puis à les interpréter à sa manière. Avaler tout cru un bourgeon, rosé, rond et doux et recracher une tulipe, orange, longue et belle. Surtout, belle. Modérer la beauté, la retoucher et faire d’elle ce que le magnifique ne jugeait pas ; quelque chose d’irréel.

Quelqu’un avait grimpé les escaliers derrière lui, il en était sûr maintenant. Mais cela ne le dérangeait pas. Il n’était même pas sur son toit. Et si encore il y était, là-haut, au plus proche des cieux, rien ne lui appartenait vraiment. Isei pouvait partager, il n’avait jamais été choqué par cette idée. Parfois il avait tissé des liens étonnants, sur ces toits. Il y croisait ses amis, ses ennemis - si ennemi il avait - et des gens qu’il ne voyait jamais, sinon au détour d’une ruelle, quelque part dans la cour de récréation, à jouer avec ces mêmes gens, qu’il ne voyait pas. Jamais. Isei ne faisait pas de distinctions dans la masse sociale qu’une tribu d’enfants pouvait représenter, mais l’univers lui, celui qui régissait tout - Isei avait déjà établi une théorie farfelu là-dessus - le corrigeait. Il y avait ceux qui ne venaient jamais le voir, ceux qui parlaient comme des grands sots. Il suffisait de dire n’importe quoi, même rien. Mais ils rassemblaient. C’était étonnant, et le Nagashi n’avait jamais vraiment compris comment c’était possible.

La seule chose dont il était certain c’est que lui, il n’écoutait pas. Ce qui lui valait de l’univers l’infini privilège de rencontrer ceux qui se fichaient de l’univers et de ses règles sottes. Ils jouaient ensemble, d’un même concert, et se séparaient ensemble, comme un seul homme. La notion de groupe n’avait jamais été qu’une abstraite formule rhétorique qu’ils laissèrent vaguement au placard.

Le vent se leva et balaya ses pensées. Le vide, le néant. Ca ressemblait étrangement à ce qu’il avait sous les pieds, mais dans sa tête. Comme une bulle opaque qui faisait de lui un être unique et que tout s’écartait de son chemin pour n’en garder… plus rien. Absolument plus rien.

Isei passa une main mal-assurée dans ses cheveux bruns, bousculés par la brise. Il avait cette impression de légèreté, comme s’il pouvait voler. Un oiseau dans l’immensité du ciel, voilà ce qu’il aurait aimé être. Il était shinobi de première classe… Il n’y avait pas beaucoup de différences, n’est-ce pas ?

N’est-ce pas, répéta-t-il. Non. Non, il suffit de faire un pas. Un seul et unique pas. Un tout petit pas en avant et tu verras. Tu voleras. Comme les oiseaux. Dans l’immensité du ciel ? Bien sûr, oui. Pourquoi voler si ce n’est pour découvrir ce que la hauteur nous cache de l’alambiquée horizontalité de nos vies ?

Je ne savais pas bien pourquoi, mais mon pieds bougea. Et je tombais.

Sentir le vent qui lèche sa peau. Découvrir finalement que le sombre ne cache pas tout, le bougre. Qu’en bas, il y a le monde, bien vivant. La terre, solide. Le pavé. Froid. Les gens. Humains. Tout ce petit monde qui s’active dans la nuit, toutes ces vies qui s’entrelacent. Combien feront l’amour ce soir ? Combien accoucheront ? Et combien d’autres mourront ? Isei se disait avec une certaine pointe de tristesse qu’il pourrait bien faire partie de cela et que demain, on compterait un Konohéen de moins. A demi écrasé sur le sol. Les yeux ouverts, le sang chaud. Mais le cœur, éteint.

Une main trancha le ciel et agrippa le collet de sa veste.

Jeune fille - Qu’est-ce que… Ca te prend souvent ?

Isei retrouva le contact humide des tuiles, des ardoises, du ciel, du vent, de la joie et de la tristesse. De la vie. L’ascenseur émotionnel avait fait son travail.

Et il l’avait bien fait.

L’étudiant se rendait seulement compte qu’il aurait pu mourir. Mourir ignorant. Mourir sot. Sans dire au revoir. Mourir sans demander pardonner et sans l’accorder. A personne. Pas même à soi-même. Isei était jeune, trop jeune pour vraiment comprendre. Mais il l’était assez pour savoir ce que signifiait le terme vie, ce qu’il impliquait et ce dont il avait besoin. Aujourd’hui, il avait découvert, en une fraction de seconde, ce que pouvait provoquer chez quelqu’un le mot mort.

Non, vraiment. Il ne pouvait pas mourir face à la lune.

La voix féminine lui rappela définitivement son rapport à la réalité. Son rapport vivant, à la réalité vivante. Il s’allongea doucement, inspira et reprit sa respiration. Puis son regard se porta sur elle-même.

Elle n’était pas très grande, elle n’était pas très brune et elle n’était pas très grosse. C’était tout ce qu’il avait retenu, sur le moment.

Isei - Je…

Il n’y avait rien d’autre à ajouter.

Isei - Merci.

Le Nagashi déglutit difficilement.

Jeune fille - Tu m’as fait une de ces peurs. J’ai vraiment cru que tu allais tomber.

Isei - Vraiment… désolé. Cela n’arrive pas d’habitude.

Elle finit par sourire.

Jeune fille - D’habitude ? Tu viens souvent ici ?

Isei - Pas ici, pas particulièrement. Mais, oui, j’aime beaucoup monter sur les toits et la regarder.

Jeune fille - La regar…

Du bout du doigt il lui montra la lune qui sortait de terre. Elle était effrayante aujourd’hui. Comme si elle portait toute sa colère pour ce qu’Isei avait faillit commettre aujourd’hui. Le soleil s’était tu depuis quelques minutes déjà et ses rayons d’oranges et de fraises n’étaient plus qu’un vague souvenir dans le bleu de la mer. D’une mère lunaire.

Puis la jeune fille sourit. Isei prit un peu de temps pour la regarder, la décrire. Brièvement. Qu’elle ne se doute de rien. Non, il n’avait pas honte et il n’était pas timide. Avec les filles de son âge il avait toujours eu ce semblant d’officiel, cette touche dans le timbre de sa voix qui le rendait agréable mais distant.

Jeune fille - C’est très beau.

Isei déporta finalement son regard sur la lune. Elle paraissait tout aussi belle, mais elle, n’était pas brune.

Isei - Oui. Et encore merci, ajouta-t-il avec un faible sourire, perdu dans l’immensité du ciel.

Jeune fille - Je t’en prie. Tu as eu beaucoup de chance, mais cela en valait la peine. La lune est très belle aujourd’hui, on aurait envie de s’avancer pour la toucher. De faire un pas, juste un…

Beaucoup de chance. Isei la fixait, et il ne savait qu’en penser. Serait-elle pour lui ? Un jour, pourrait-il la décrocher, la couver puis l’aimer, de toute l’amour que Nui, sa mère, avait mis en lui depuis sa conception même ? Pourrait-il l’embrasser, passer une main attentive sur sa peau douce ?

Parfois il oubliait qu’elle était astre et lui, enfant. Un enfant qui n’avait que son imagination pour voler. Le reste, c’était ses deux jambes qui le lui dessinaient.

La vie, avait parfois ces choses-là qu’elle ne pouvait prévoir ni prévenir. L’univers ferait en sorte de rendre les choses neutres. Comme il avait fait pour éviter de le tuer, aujourd’hui. Et d’infliger à la lune son plus grand supplice.

Isei écarquilla les yeux.

Jeune fille - Excuse-moi, je suis un peu…

Isei - Non ! Non, désolé. Vraiment, c’est moi qui m’excuse. Je réfléchissais. Toutes ces choses, au dessus de nos têtes, ça m’intrigue. Ca m’intrigue…

Il dessina un grand cercle avec ses yeux.

Isei - Ca me fascine. Ca nous rend si petit.

Ces milliers d’étoiles qui se dévoilaient, une par une. Il y en avait forcément une. Il y en aurait forcément une qui mourrait ce soir. Et qui laisserait son corps aux pieds de la lune. Une étoile qui laisserait son dernier soupir pour elle. Quel geste magnifique.

Isei se sentait vraiment tout petit. La journée avait été très lourde et il avait la nette impression d’avoir été ratatiné un peu plus encore. Un éclat dans un océan de diamants. Voila ce qu’il était censé représenter vu de la haut.

Un éclat. Un éclat de genie.

Aeri - Je m’appelle Aeri.

Isei lui serra la main, poliment. Ce petit jeu lui avait souvent fait plaisir. Et en vérité, il avait toujours mis en confiance l’un et l’autre des partis. C’était une manière comme une autre d’assurer solennellement que non, il ne tomberait pas amoureux ce soir.

Demain ?

Isei - Isei. Content de te connaître, finit-il par répondre, absorbé.

Absorbé. Par la lune. Et par son regard.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: Parce que la Lune Nous Regarde   Parce que la Lune Nous Regarde EmptySam 13 Juin - 13:46

Isei : +14 XP

"Je m'appelle Aeri"

"Et moi Cloud !"
"Aimons-nous drunken "
Isei Nagashi

Isei Nagashi


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MessageSujet: Re: Parce que la Lune Nous Regarde   Parce que la Lune Nous Regarde EmptySam 13 Juin - 20:23

[Owiii !]

Plus il la regardait, plus il la trouvait belle. La lune. Elle avait ça de resplendissant, que la femme ne pourrait jamais avoir. Mais, comme toute chose avait ses avantages et ses inconvénients, la femme était bien réelle, elle. Elle n’était pas perchée, là-haut, en attendant qu’un fou l’enlève, qu’il la prenne pour lui et qu’il la vole. A jamais. A tout jamais.

Cette idée lui fit froid dans le dos.

Aeri essaya de trouver ce qu’il y avait de charmant là-dedans. Elle ne trouva pas. Mais la compagnie du Nagashi était appréciable et semblait apprécié. Elle aurait aimé découvrir, vraiment, ce qui le fascine autant dans ce ciel si noir, si fermé et si froid. Mais elle n’osa pas.

La jeune fille se tourna vers son nouveau camarade. Son camarade d’un soir. Il semblait s’être assoupi dans le tourment d’un rêve qui lui tenait à cœur. Peut-être était-il en train de partir vers ces cieux là. Ces cieux qu’elle n’arrivait décidemment pas à comprendre.

D’un vois articulée et douce, elle le réveilla.

Aeri - Tu ferais peut-être mieux de rentrer.

Elle ajouta, comme si c’était nécessaire - mais ça ne l’était pas.

Aeri - Il se fait tard.

Isei ouvrit lentement les yeux et sourit. La lune s’était rapprochée d’eux à présent, elle était grosse et toujours jaune.

Isei - Je suis crevé.

Aeri - Je vois ça, se permit-elle d’ajouter avec la même agréable vois chantante.

L’enfant se releva et enfonça ses genoux dans le creux de ses coudes, l’air abasourdi. Isei était réellement fatigué, son corps rentrait dans une léthargie pesante. Mais c’était une fatigue heureuse qui amène un repos profond. Peut-être ronflerait-il cette nuit.

Isei - J’ai passé une dure journée, mais je suis heureux de l’avoir conclue avec toi.

Et avec elle, pensa-t-il très fort. Son sourire se déporta d’Aeri sur la lune, jalouse. La jeune fille ne rougit pas, mais elle avait apprécié de passer ces quelques minutes - qui s’étaient rapidement transformées en heures - avec Isei.

Elle se leva et s’étira, de haut en bas.

Aeri - A plus tard j’espère.

Isei - Bonne nuit.

Elle recula de quelques pas mais ne se retourna pas, comme si elle attendait quelque chose de plus. Qu’il se retourne lui aussi, qu’il lui sourie et qu’il lui dise au revoir d’un petit signe de la main. Un signe amical.

Mais il ne le fit pas. Isei avait prononcé ces deux derniers mots sans cesser de jeter son dévolu sur l’astre qui le passionnait.

Merci, toi aussi. Elle le pensa très fort, mais elle ne le dit pas.


¤¤¤



Isei passa le pas de la porte difficilement. Il avait monté les dizaines de marches qui le séparaient du deuxième étage, ce qui finit de l’achever complètement. A droite, la chambre où dormaient à points fermés ses deux sœurs, étaient entre-ouverte.
Il retira silencieusement ses chaussures et avança, avec cette image toujours en tête : la lune, avec les mêmes yeux que Sayuri, d’un jaune resplendissant de vie.

Il croisa finalement sa mère, au bout du couloir. Elle lui sourit mais ne dit rien. Leur chambre n’était pas loin, celle de Yumi et Hiromi était à quelques pas derrière eux. Nui l’enlaça, simplement.

Sa mère était souvent corporelle. Elle préfèrerait s’exprimer par un geste, bref, mais si sensible. Isei aimait beaucoup sa mère, ses façons de faire.

Nui - Tu vas bien ?

Sa façon de s’inquiéter pour rien.

Nui avait chuchoté. Mais d’un coup d’œil rapide, elle lui proposa de monter au salon. Comment lui dire sans la blesser qu’il n’avait qu’une envie : dormir.

Ils s’assirent tous les deux et elle versa un thé chaud dans deux tasses de porcelaines.

Isei - Tu m’attendais.

Il n’avait pas posé de question. Elle sourit poliment.

Réponse mitigée, réponses prévisible. La question n’avait donc pas à être posée.

Isei - Tu devrais dormir, mère. Tu travailles demain.

Nui - Toi aussi. Tes journées ne doivent pas être plus tranquilles que les miennes.

Non, elles ne l’étaient pas.

Quoi que, l’étudiant la regardait souvent travailler, lorsqu’il était enfant. Ce n’était pas bien difficile : elle était là, devant le tableau d’ardoise et lui ouvrait son cahier, un stylo en main. Comme tous ses camarades.

Professeur. C’était une curieuse passion. Ils devaient tous la respecter pour le travail qu’elle faisait, et pourtant il n’était pas rare de la voir subir les foudres de parents.

Combien de fois l’avait-il regardé, encore, sourire à ces enfants qui étaient les siens. Leur sourire avec une folle envie de les gifler. Et d’accuser le coup lorsque la gifle, ce sont les leurs, de parents, qui la lui donne lorsqu’ils viennent chercher leur môme.

Isei - Pourquoi tu ne leurs réponds pas ?

Elle releva la tête, intriguée.

Nui - De quoi parles-tu Isei ?

Isei - Je les ai vus mère. Te sermonner alors qu’ils n’en avaient pas le droit. Pourquoi les adultes sont-ils si condescendants ?

Elle comprit de quoi il était question. Puis elle lui sourit tristement. Isei avait raison et elle le savait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de voir le monde de ses petits yeux d’enfants.

Deux yeux de onze ans.

Nui - Les adultes font ce qu’ils croient bon pour leurs enfants.

Isei - Tu n’en fait pas parti ?

Il s’arrêta et soupira. Ses lèvres se retirèrent rapidement de la tasse encore trop chaude.

Isei - Tu fais ce qu’ils n’ont jamais eu le courage de faire : les éduquer. Quand ils seront grands, c’est à toi qu’ils devront leur vie. Pas à ces…

Il n’osa pas le dire.

Nui avait toujours ce même sourire triste. Cette vérité la tuait, mais elle préférait le cacher à son fils. Et à son mari également.

Nui - Ne les juge pas trop vite, Isei. Tu verras tu comprendras.

Isei - Quand ?

Il posa violemment la tasse sur la table. Nui se redressa, surprise. Et un peu atterrée aussi. Sa tête plongea entre ses deux mains ridées par la fatigue.

Lorsqu’elle se releva, Nui découvrit ses deux yeux rouges, injectés de sang. Quelques veines venaient d’exploser, ce n’était rien.

Sinon un appel à l’aide.

Isei - Excuse-moi, je suis fatigué. Je devrais aller au lit.

La tension retomba, mais Isei restait irrité.

En fait, il comprenait très bien. Ses journées de travail étaient exténuantes, mais curieusement, il les appréciait. C’était cette chape d’hypocrisie qu’il trouvait en rentrant qui le plombait.

Celle qui ronflait en bas, dans la chambre principale.

Il se leva et posa ses yeux vitreux sur sa mère. Les coins de ses lèvres se soulevèrent machinalement. Qu’il était désagréable d’entretenir ce genre de discussion. Surtout avec une personne qu’il chérissait plus que toutes les autres, pour elle comme pour lui. Elle se leva à sa suite et l’enlaça une seconde fois.

Nui - Je sais que tu en fais beaucoup et je sais aussi que cette situation te pèse énormément, mais… s'il te plait, ce n’est pas à toi de t’occuper de cela.

Son sourire se défait ; elle ne le regardait plus. Il aurait du pleuré, il aurait aimé en vérité, mais il ne le fit pas. Depuis quelques jours Isei semblait avoir perdu toute notion de sensibilité et ça… ça… Ca ne pouvait pas la duper.

Une mère ne pouvait être trompée par son propre fils.

Isei - Il est responsable de ce que nous sommes mère.

Nui - Oui, tu as raison. Mais il a eu le mérité de faire de toi un jeune homme magnifique, un enfant comblé, intelligent et…

Devait-elle vraiment le dire ?

Nui - Et sensible.

Il faillit glousser mais il n’en eut pas le courage. Son corps ne l’avait pas, en tout cas.

Dans le reflet qu’il avait de leur longue embrassade, Isei voyait sa pauvre mère se persuader qu’il n’y était pour rien. Que Nade n’y était pour rien et que sans lui, jamais elle n’aurait pu mettre au monde ce qu’elle avait de plus beau.

Nui - C’est lui qui t’as poussé sur cette voie.

Il ne dit rien. Etrangement son corps non plus.

Isei - Père n’est pas un saint homme. Pas pour moi.

Quelques larmes perlèrent dans les yeux de la femme et glissèrent sur sa joue rose. Elle sentit son fils se défaire d’elle et, comme un réflexe, elle essuya du revers de la manche les gouttes d’amertume.

Elle le retint tout de même dans ses bras et passa une main sur sa joue d’enfant de onze ans.

Nui - Je t’en prie Isei, ne juge pas ton père pour ça. Il y a beaucoup de choses que tu ne sa…

Isei - Que je ne sais pas, oui. C’est ce qu’il a dit le premier jour où je suis parti.

Il soupira.

Isei - Je vais dormir. Bonne nuit mère.

Il afficha un sourire réservé et recula de quelques pas.

Nui - Fais de beaux rêves.


¤¤¤



Isei ferma doucement le loquet de la porte-fenêtre de sa chambre et retira une partie de son équipement. Il posa sur sa chaise sa paire de chaussette, déformée par ses claquettes et laissa son buste renifler l’air doux de cette soirée. Torse nu, il s’affala sur son matelas, à même le sol et vida son esprit.

Il essaya, du moins. Il y avait toutes ces choses dans sa tête d’enfant. Parfois il se demandait si son entrée à l’Académie n’avait pas bousculé les choses. Ce qu’on lui demandait était difficile, parfois impossible. Son corps subissait beaucoup, mais jamais il ne s’était rendu compte à quel point l’éthique d’un homme pouvait être mise à l’épreuve durant ces quelques semaines.

Une main a toujours été conçue pour frapper. C’est ce que l’on lui avait dit. Et frapper, en soi, n’était pas un problème. Loin d’être un véritable talent, donner un coup ne serait jamais, jamais un problème.

L’idée qu’une main, puisse être conçue, uniquement pour cela, le chiffonner.

C’était un exemple parmi tant d’autres qu’il se ressassait. Mais contrairement à beaucoup d’autres, il ne mit pas longtemps à comprendre que si aujourd’hui on lui demandait d’écrire et de reporter à la réalité ses connaissances, demain on lui proposerait de tuer.

Et il n’était pas sûr de pouvoir refuser.

Il ne se sentait pas mature. Parce que quelqu’un de mature aurait le courage de refuser cela. Il doutait encore de cela. Mais ce recul-là… Ce recul-là faisait mal, très mal.

Isei avait irrémédiablement ouvert les yeux sur ce qu’il trouvait juste, ce qu’il ne le trouvait pas. Le premier jour, il fit comprendre à sa mère à quel point son ignorance et ses doutes auprès de son père ne l’étaient justement pas.

Et que malgré ses onze ans, on lui devait des explications. Nade disait qu’il ne comprendrait pas et que le moment où il serait en mesure d’y voir plus clair, il lui parlerait, il le ferait.

Je n’ai jamais eu les yeux plus grands ouverts, dit-il pour lui-même. Mais Nui avait raison : il avait eu le mérite de l’envoyer là-bas et il ne lui en voulait plus pour ça.

Au contraire.

Trop de pensées. Isei pensait trop. Il se redressa et passa ses deux mains dans ses cheveux. Il n’avait pas eu le temps de prendre une douche. Ou pas le courage. Et puis il était trop tard et le bruit de l’eau qui s’écrasait contre les battants de plastique aurait réveillé son père.

Et décidemment non, il n’avait pas le courage d’affronter son sourire affligeant d’hypocrisie.

De toute manière Isei ne marquait pas l’odeur de la transpiration.

Machinalement, il ouvrit la porte-fenêtre qui donnait sur cette terrasse qu’il appréciait, avant. Au troisième et dernier étage, elle donnait sur une petite rue marchande où quelques commerçants vendaient leurs légumes et leurs morceaux de viande. Il ne se souvenait plus la dernière où il s’était endormi tranquillement et où l’odeur de la soupe et du poulet au curry avait assailli ses narines pour le réveiller, un bon matin.

Il ne s’en souvenait plus et il ne voulait plus en entendre parler, de ce bonheur familial qui n’existait plus.

Il s’avança pieds nus, droit et froid. En face de lui, surplombant deux immeubles bien plus grands, elle était là, sa lune. Cette lune qu’il aimait tant.

Ce soir-là ce n’était qu’une écorce d’orange dans une mère de mûres. Elle était blanche, pure et si fine qu’il aurait peur de la prendre entre ses doigts et de la casser.

Aeri - Elle est toujours aussi belle n’est-ce pas.

Il aurait pu être surpris, mais il ne le fut pas. Cette voix lui était familière, il était vrai.

A vrai dire, il était trop fatigué pour être étonné. Il se retourna sans sourire et dévisagea la jeune fille accroupie sur les ardoises noires de son toit.

Il hocha doucement de la tête mais elle ne fut pas satisfaite. Son visage passa d’un heureux enchanté à une intriguante incompréhension.

Aeri - Ca ne va pas ?

Isei - Rofl, comme d’habitude.

Aeri - Vient, monte.

Il avança de quelques pas vers le bord de sa terrasse. Cela signifiait probablement non.

Aeri - La première fois qu’on s’est rencontré, c’était sur un toit. Et on la regardait, elle indiqua la lune du bout de son nez, elle était là elle aussi.

Isei se baissa négligemment en avant et posa ses coudes sur la rembarde de bois.

Isei - C’est ici que j’ai perdu mon père. Je ne veux pas revivre ça.

Surprise, elle sauta. Son bras glissa derrière la nuque du jeune garçon et se posa sur son épaule, de l’autre côté.

Aeri - Ton père est mo…

Isei - Non.

Il soupira.

Isei - Non il est en bas.

Aeri - Ah…

Il soupira, une nouvelle fois. Puis un sourire se dessina sur ses lèvres.

Parfois, il fallait un mal pour un bien.

Isei - Tu ne t’es jamais demandé comment quelque chose que tu ne connais pas et que tu n’as pas connu peut, un jour, débarquer en toi sans que cela ne soit possible ?

Elle pouffa de rire, quelques secondes.

Aeri - Si c’est une métaphore du chakra, elle est très mauvaise !

Ils rirent d’un même concert. Isei avait oublié à quel point cela faisait du bien.

Le silence reprit ses droits et ils jetèrent leur dévolu sur l’astre qui semblait ne jamais cesser de sourire. Leurs rires faisaient écho dans les rues en contrebas et ils s’amusèrent de l’entendre encore un peu alors que leurs bouches étaient fermées.

La jeune fille prit un air songeur. Lui, il souriait encore de ce bref moment de plaisir.

Aeri - Tu sais, si ton père t’as caché son passé, c’est qu’il y a une bonne raison.

Isei se ferma, froid.

Isei - Oui. Il doit y en avoir une.

Dans sa tête, il se ressassait la dernière phrase qu’avait lancé Yamiyo lors de leur dernière rencontre.

Bonnes ou mauvaises, les raisons ne sont jamais que la preuve d’une erreur. Oublie-les. Isei n'y arrivait pas. Il pensait son père plus intelligent que ça. Il pensait, vraiment, qu'il ait le courage de le lui dire.

Qui il était vraiment.
Isei Nagashi

Isei Nagashi


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MessageSujet: Re: Parce que la Lune Nous Regarde   Parce que la Lune Nous Regarde EmptyLun 15 Juin - 13:32

Ils étaient sur le toit du monde, là où une quantité de souvenirs se mêlaient, des mémoires magnifiques qui ruisselaient de joie et de bonheur devant les couleurs camaïeux d’un soleil qui se couchait. Isei prit appui sur les tuiles d’ardoise noires, et étendit ses jambes devant lui. Il avait passé ici la majeure partie de ses matinée et de ses soirées, pour le levé, et le couché du soleil. Ce même soleil qui irradiait Konoha toute la journée et toute l’année. Nade y allumait ses cigarettes et les écrasait doucement sur l’ardoise. La fumée qui les enivrait tous deux ne les dérangeait pas, elle les enveloppait et rendait le décor un peu plus splendide et mystérieux qu’il ne l’était déjà. Isei tenait sa tasse fumante dégageant une douce odeur de thé et de vermeille, son père lui, buvait son café d’une main, une cigarette dans l’autre. Et au soleil ils lui rappelaient leur amitié et leur respect. De tels instants il n’y en avait pas d’autres de plus magnifiques. Lorsque l’astre atteint son apogée, il leur sourit à tous, il leur sourit de bonheur, réchauffant les cœurs de ses rayons malicieux. Mais qui pouvait imaginer que le grand rond jaune qui illuminait les cieux se levait avec la même flemme et se couchait avec la même fatigue que les hommes ? Il suffisait de se lever, un peu plus tôt, et de se coucher, un peu plus tard, pour le voir agoniser.

Comme si le soleil était un homme. Et comme tout homme, il se crevait.

Nade n’était plus là pour enlacer son fils. Il restait en bas, à l’intérieur de l’appartement sans dire un mot. Commencer la discussion impliquait qu’il se devait de la terminer et Nade savait parfaitement bien que ce n’était pas une bonne option. Il avait trop de secrets, il possédait en lui un passé trop lourd pour qu’un enfant de onze puisse le supporter. C’était ce qu’il avait toujours pensé et son fils s’était fait à l’idée qu’il n’obtiendrait rien de lui. Même Nui ne semblait pas vouloir le renseigner, comme si elle le craignait lui, ou son époux. Et plus que tout leur passé. Trop de choses étaient cachées pour qu’Isei ne comprenne. Si vraiment on voulait détendre l’atmosphère tendue qui régnait dans la demeure Nagashi, peut-être aurait-on eu le courage de lui expliquer certaines choses, de lui raconter ce qui faisait de lui, et nécessairement de son père, des shinobi. Et ce qui ferait peut-être de ses deux sœurs de futures aspirantes au métier de tueur. Ca non, il ne pouvait le concevoir.

Isei montait dorénavant seul sur les toits des grands immeubles de Konoha. Il se recueillait avec ses propres rêves, ses propres songes, craintes et joies, et la lune le lui rendait bien. Son regard parfois blanc, bleu, ou jaune, même orangé, se posait sur ses cheveux d’un noir lumineux et elle lui souriait. C’était sûrement sa seule satisfaction. Aeri le rejoint à cet instant, cette nuit-là.

Aeri - Bonjour, Ise-kun.

Ise, c’était un joli surnom. Un peu simplet, mais pas désagréable. Il tenait ses genoux collés contre son buste, entre ses deux coudes. Doucement il tourna la tête et dévisagea la jeune fille dont il avait reconnu la voix. Il sourit faiblement, notant une joie mitigée qu’Aeri ne comprenait pas.

Isei - Salut.

Doucement, elle s’envola sur les tuiles et déposa ses petits pieds blancs juste à côté de lui. Leur première rencontre datait de quelques jours déjà, et chaque soir ils se retrouvaient ici, ou ailleurs, quelque part sur le toit du monde. Quelques jours déjà qu’Isei restait un enfant plongé dans ses rêves. Sa présence n’était pas désagréable, bien au contraire, mais Aeri semblait le perdre chaque fois qu’elle le retrouvait. Son sourire était sincère et ses mains sur sa nuque ne la trahissaient pas. Pourtant jamais elle ne croisait son regard, toujours tendu vers l’astre de nuit. Elle n’osait pas lui faire part de ses craintes, de ses peurs et préférait lui raconter combien sa journée était passionnante, même si ça n’était pas souvent vrai. Pourtant elle aimerait, vraiment.

Mais il y avait dans ces yeux les illusions d’une vie meilleure, les espoirs d’un dénouement heureux. Elle n’en connaissait pas la teneur mais cette espérance était bien là, ancrée chez le jeune garçon. Du haut de ses douze ans, Aeri n’était pas une fine psychologue, mais des soirées entières Isei la laissait l’observer sans qu’il ne le remarque vraiment, sans qu’il ne s’en offusque. Aeri pénétrait en lui comme dans un livre, elle en arrachait les pages et les réécrivaient. C’était sa seule compensation. Plus elle lisait, plus s’y passionnait. Et le livre prenait quelques pages de plus chaque jour, comme si l’histoire ne voulait jamais s’arrêter. Elle s’égarait entre les lignes, elle les buvait et jamais n’en sortait, absorbée. Elle aurait tant aimé que ce soit lui qui lui la lise, son histoire, mais il ne le fit pas. Les paragraphes restaient à disposition comme un mauvais article de musée. C’était sa plus grande déception.

Un frisson l’envahit. La main de la jeune fille s’était retirée se sa nuque et son menton avait ricoché sur son épaule, où elle était posée quelques secondes auparavant. Il ne tourna pas la tête mais il ne comprenait pas pourquoi Aerri bougeait encore, alors qu’il n’y avait rien d’autre à faire qu’à contempler le décor. Le son strident et aigu d’une plaque de métal qu’on pose sur l’ardoise sortit le Nagashi de ses songes et l’intrigua. Il percuta le regard amusé de son amie sans vraiment découvrir de quoi il était question. Elle reposa sa main sur sa nuque et ses lèvres se mirent en mouvement, lentement.

Aeri - J’ai réussi mon examen.

Il hausa un sourcil. Elle sourit.

Aeri - Je suis genin.

Il répondit à son sourire, poliment.

Isei - Félicitations. Te voila dans la cour des grands.

Une petite touche provocatrice n’arrangeait pas vraiment la situation. Quoi qu’elle fasse, Aeri avait l’impression de l’embêter, de l’ennuyer, et ce malgré le bonheur que cela représentait pour elle. Pourtant, il n’était pas ce personnage insensible qu’il voulait faire croire à sa mère, lui aussi avait ses espoirs, ses aventures, ses envies. Isei restait un étudiant et comme tous les étudiants, le bandeau que la jeune fille avait posé à leurs pieds était une étape qu’ils avaient tous envie de réussir, comme le premier aboutissement de leur petite vie. Pour en commencer une autre, bien meilleure. Aeri était satisfait d’elle, le bonheur se lisait sur son visage. Mais il se ternissait à mesure que le silence reprenait ses droits et que son compagnon se déportait sur l’astre, loin devant lui.

Il eut envie de pleurer. Si elle savait combien ce bandeau représentait pour lui aussi, sans qu’il ne puisse vraiment se l’avouer, l’admettre. Cette vie-là, il ne la chérissait plus, il demandait, il espérait un nouveau départ, une nouvelle ligne d’arrivée avec des conséquences renouvelées. Et le cynisme qui sortait de sa bouche insinuait tout le contraire, il se dégoutait pour ça. Quelques larmes perlèrent dans le creux de son œil et reflétait son amour pour la lune. Elle se retrouvait dans les globes de tristesses qui n’osaient pas glisser le long de sa joue. La main d’Aeri longea son cou et remonta dans ses cheveux le long de son oreille. Ses doigts s’emmêlaient dans ses mèches noires et bouclaient ses pointes, jusqu’à ses racines. Isei ne savait pas comment interpréter cela. De l’amour, il n’en avait jamais ressenti pour personne, sinon pour sa famille. Aujourd’hui que celui-ci s’envolait dans un acariâtre nuage de souvenirs, il se rendait compte qu’il ne restait plus qu’elles pour briser son cœur. Et pour le reconstruire.

Elles ? La lune. Et Aeri un peu, aussi.

Aeri - Pourquoi es-tu toujours si pensif ?

Il soupira.

Isei - Je n’en sais rien. Je ne suis pas comme ça la journée. C’est peut-être elle.

Isei pointa la lune du menton.

Aeri - Oui, la lune.

Elle avait dit cela tellement bas qu’Isei n’avait pu l’entendre, malgré que la tête d’Aeri s’était à nouveau posé sur son épaule et que ses deux mains avaient entourées le bras de l’enfant.

Isei - Ou c’est peut-être toi. Je te dis, je n’en sais rien.

Aeri ne dit rien mais elle était heureuse. Heureuse qu’il le dise, enfin, qu’il admette sa seule présence, son souffle dans le creux de sa nuque, ses doigts fins et blancs sur son bras pas bien épais. Heureuse de trouver cette toute petite place dans sa vie, dans son esprit, dans son cœur aussi. Elle ne cherchait rien, elle ne comptait rien prouver et elle n’attendait de lui qu’une formidable relation, peu importe son contenu. Aeri avait trouvé Isei un jour, sur son toit où il manquait de tomber. Elle l’avait sauvé et elle ne manqua pas de passer ces derniers jours avec lui, chaque matin et chaque soir. Cette conclusion là n’était pas celle qu’elle préférait la plus, mais elle pensait mériter cette place-là.

Il lui racontait pourtant énormément de sa vie. Sa première journée à l’académie, il lui en avait fait part ; sa rencontre avec Sayuri, ils en avaient ri ; son changement de professeur et les nombreuses anecdotes un peu loufoques sur Toraneko, les rumeurs qui peuplaient sa réputation et qu’Isei ignorait. Parce qu’Aeri était bien plus avancé que lui, elle connaissait déjà les méandres de l’académie, les rouages de l’aspirant. Ses joies, ses peines, ses sacrifices et les compromis qu’on lui demandait de faire. Pour son bien. Puis pour le bien du village lui avait-on réprimandé lorsqu’elle découvrit son chef d’équipe - un juunin un peu bâtard à la gueule minée par l’âge. La jeune genin avait partagée avec son ami tout ce qu’elle savait, des plus intéressantes ou moins amusantes remarques. Oui, ils avaient beaucoup parlé, finalement, même si Isei avait gardé ce ton lointain et ce regard vitreux, perdu vers les cieux. Mais la jeune fille ne savait rien de son passé. Pas ce passé lointain qu’on conjugue avec violence, simplement celui qui précédait son premier jour à l’académie. Ce malaise était présent et il ne lui avait pas fallu deux jours pour comprendre qu’il était partie intégrante de son jeune ami. Très vite, elle apprit qu’il avait deux sœurs, et que ses parents habitaient à Konoha, quelque part dans les quartiers populaires. Et puis elle avait finalement fait le rapprochement : le silence qu’elle lisait dans ses yeux, son malaise quand ils se perchaient sur son balcon tout au bout de sa chambre. Tout cela était lié.

Isei jeta son regard sur le bandeau toujours à ses pieds et tourna sa tête vers Aeri, ajustant un large sourire.

Isei - Merci.

Il soupira.

Isei - Je suis encore crevé. Cette prof va me tuer.

Aeri - Tu veux qu’on rentre ?

Isei - Non, non.

Aeri dessina un petit sourire compréhensif.

Aeri - Pourquoi ? Ton père ne dort pas encore ?

Elle ne savait pas comment il prendrait ce petit pic provocateur. Ou comment enfoncer et remuer le couteau dans la plaie, d’un seul mouvement.

Isei pouffa de rire.

Isei - Oui, c’est à peu près ça.

Aeri fut heureuse qu’il l’admette. Ce soir, il avait fait énormément de progrès et elle en fut étonnée. Pourtant il n’était pas question d’écourter ce petit moment de bonheur, tranquille et doux. La soirée avançait et la lune ne cessait de monter dans le ciel. Les rayons du soleil, caché par les couettes de la terre, l’illuminaient de toute part. Elle était ronde. Pleine et ronde. Blanche, lumineuse, alléchante de beauté. Mais Isei l’admit.

Elle n’avait pas la justesse et la douceur des doigts de son amie.
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MessageSujet: Re: Parce que la Lune Nous Regarde   Parce que la Lune Nous Regarde EmptyMar 16 Juin - 13:48

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