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 Pour Quelques Pièces d'Or

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Isei Nagashi

Isei Nagashi


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MessageSujet: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyMer 17 Juin - 18:21

Mission - Rang D



Le ciel est d’un bleu radieu.

Doucement, mes pieds commencent à s’agiter, dénudés de leur couette. Les frasques de cette nuit ont du être agité, mon lit s’en retrouve sans dessus dessous. Le réveil ne sonne pas, il agite le compteur des minutes avec une inquiétante rapidité. Yamiyo, la veille, m’avait annoncé qu’il ne serait pas disponible aujourd’hui aussi avons-nous reporté notre contemplation au sein du Khâmen à demain, en espérant que le soleil m’éclaire avec la même pointe de curiosité et de réussite que les jours précédents. Cette première semaine d’entraînement et de sessions d’apprentissages à l’académie et dans les falaises de Konoha m’ont fait énormément de bien et j’oublie peu à peu avec quelle tension ma tête se réveille et s’endort dans l’appartement de mes parents. J’oublie lentement que les mensonges de mon père sont toujours bien présents, que le courage de ma mère lui fait énormément défaut et que tous deux me laissent dans une situation ambigüe. Ils placent notre lieu d’habitat dans un champ perpétuel de quête de confiance et de déceptions, souvent vives. Mes deux sœurs, elles, ne comprennent pas ce qui se trame mais, c’est évident, elles ressentent ce qui pèse sur mes épaules, et combien il est lourd pour moi de leur en faire part, d’assumer cette situation. Je remercie Yamiyo pour les quelques jours de bonheur qu’il m’a donc procuré, que je n’oublierais sans doute jamais. En espérant que cela ne s’arrête vraiment jamais.

Je décide enfin de me lever. Mes deux pieds touchent la moquette qui recouvre le sol de ma chambre et je m’assis tranquillement sur le bord de mon matelas, sans armature aucune. Cette nuit-là, j’ai fait un rêve étrange dont je ne me rappelais que des bribes étrangement familières ne me permettant toutefois pas d’en faire une quelconque interprétation. J’ai souvent laissé mes nuits remplies de mélancoliques passions pour l’exotisme de la fatigue sans que je n’y prête attention. Rêves comme cauchemars, je considérais que tout cela n’apparaissait en moi, comme chez les autres, comme les bribes de miracles d’un autre monde, dont je ne peux rien contrôler, rien voir, rien toucher. Tout cela était bien loin de moi, et je ne m’en souciais que très peu. Et puis j’appris rapidement que le genjutsu était bien plus qu’une simple manière de contrôler son chakra et d’en faire des illusions parfois puissantes, parfois bénignes. Yamiyo m’a dit qu’un jour, lui et moi explorerions cet immense monde creux de sens mais empli d’informations. Il n’en reste pas moins que mes rêves sont d’un flou affligeant et que je n’y prête pas plus attention qu’à l’accoutumée.

Ma mère me regarda avec un sourire sincère et posa quelques tasses de terre-cuites sur la table à manger. La petite pièce nous disait toujours bonjour le matin, alors que nous nous levions, et nous souhaitait la bonne nuit, une fois le diner terminé. Il est vrai que ces derniers temps, la magnifique œuvre de bois brun ne me voyait plus beaucoup et que je préférais bien mieux passer un peu de mon temps avec Aeri ou avec mon professeur, pour flâner, discuter et m’entraîner. Mon entrée dans l’Académie avait considérablement bouleversé mon emploi du temps, et ma vie, de manière générale. J’avais peu à peu perdu le contact de mes anciens amis, ceux que je retrouvais chaque jour dans l’école de ma mère, à quelques centaines de mètre de l’appartement pour finalement ne pas en revoir un seul. Aeri seule remplissait mes journées d’un contact plus ou moins extérieur à celui de l’enseigne militaire que je servais maintenant. Avec plus ou moins de plaisir. Yamiyo m’avait interrogé là-dessus et je lui avais sobrement répondu qu’il n’était pas question de juger mon village pour le moment. En vérité, je n’avais pas d’avis sur ce qu’on me demandait de faire. J’imaginais déjà la consistance dénuée d’humanité des missions à bien plus haut niveau que l’on m’ordonnerait de remplir, mais je ne comptais pas m’y attacher d’ici quelques années. Pour le moment, tout cela se dissimulait dans l’intérêt de cours et de techniques à bas niveau.

Les jardins de l’académie cachaient avec parcimonie la mort qui atteindrait bientôt chacun des aspirants qui les peuplaient aujourd’hui. C’était un miroir dans lequel on ne se voyait pas, mais où on devinait l’avenir. Et il n’était pas tout blanc. C’était ce que j’avais répondu à Yamiyo, avec plus ou moins de réussite.

Je croisai le regard de Nui, ma mère, mais ne répondis pas à son sourire. Nade était déjà parti dans la tour de l’Hokage où il travaillait quotidiennement, en tant que simple civil.

Nui - Je t’attends pour diner Isei ?

La tasse d’un brun chatoyant tombait dans mes mains et j’avalais une lampée de thé, encore trop chaud pour me concentrer vraiment sur l’arôme et le gout que celui-ci laisserait dans mon palet.

Je répondis sans plus d’entrain qu’il n’en était nécessaire.

Isei - Non, merci mère. Je n’ai pas de cours aujourd’hui, je vais aller m’entraîner et me promener. Et puis je retrouverais Aeri dans la soirée, je pense.

Je n’en étais pas bien sûr, évidemment. A la mine surprise de ma mère, je devinais que j’avais peut-être omis de préciser qui était Aeri.

Nui - Qui est-ce ?

J’haussai les épaules et trempai à nouveau mes lèvres dans le thé aux senteurs suaves de miel ;

Isei - Une amie que j’ai rencontré au début de la semaine. Elle est genin.

J’eus envie d’ajouter que ce n’était qu’une amie, mais je n’en eus pas le temps. Nui se ferma instantanément sur elle-même et se retourna vers le comptoir où elle s’appuya.

Isei - Qu’y a-t-il mère ?

Elle ne se retourna pas et d’une voix fluette me répondit rapidement, sa voix entrechoquée de hoquets et de petits reniflements embuée de larmes. Larmes que je ne voyais pas, mais que je devinais facilement au ton de sa réponse, branlante.

Nui - Rien, rien. Ca va. Dépêche-toi de filer, ton père va rentrer.

Je haussais les sourcils, surpris mais ne m’opposai pas. Je me levai soudainement, enfila la chemise qui trainait sur le dossier de ma chaise et posa mon sac sur mon dos. D’une traite j’avalai le thé qui fumait encore dans ma tasse et mes deux pieds chaussèrent leurs claquettes. Sans un mot de plus, je sortis de l’appartement, un bref sourire à Yumi, qui sortait de sa chambre de petite fille en baillant longuement.


¤¤¤



La motivation qui me poussait à l’accoutumée s’était rapidement essoufflée à mesure que je marchais vers les grands bâtiments de l’académie. Sous le soleil pesant qui trônait à son apogée dans un ciel radieux et superbement bleu, mes pieds avançaient lentement, mais mes envies, elles, restaient éphémères et peu prenantes. Il n’était pas question que je m’infiltre dans un des cours de Toraneko aujourd’hui. Il était déjà onze heures mon retard additionné à celui d’il y a quelques jours ne seraient pas pardonné par la juunin. Je comptais bien, un jour ou l’autre, réintégré la justesse de l’esprit du professeur et sa stricte mais efficace vision du travail, mais il me semblait peu approprié de tenter quoi que se soit avant quelques semaines encore. Je me dirigeai donc vers l’académie sans aucune option de remplacement. Je ne me prenais d’aucune passion à l’idée de monter au Khâmen ou de retrouver un terrain d’entraînement dans la forêt et de m’adosser, seul, contre un des grands troncs qui peuplaient Konoha. La chaleur qui m’enfonçait encore un peu plus contre les pavés des ruelles pourtant ombrées du village n’arrangeait en rien ma situation et je me lançais donc dans le vide inconnu.

J’arrivai enfin dans le grand hall d’entrée de l’académie. Là, quelques étudiants passaient, en retard, ou en avance, je ne savais pas vraiment, et se dirigeaient vers leurs cours, vers la bibliothèque non loin de là ou simplement chez eux, afin d’y trouver un repos méritée et la fraîcheur d’un bon bain et d’un matelas studieusement installé à l’ombre de tout rayon de soleil un peu trop vivace. Avec la même hésitation, je me dirigeais vers le panneau d’annonces qui, comme son nom l’indiquait, rapportait toute sorte de message que les professeurs ou que les étudiants laissaient à l’accueil. Un édit au nom de l’administration percuta finalement mon attention et je m’y reportai avec un intérêt certain. Il stipulait que toute sorte de missions attendaient les étudiants et les genin, afin d’aider plus ou moins facilement le village en de diverses occasions. L’explication se poursuivait : ces missions non-officielles étaient quotidiennes et rapidement prises par les jeunes gens en quête d’un peu d’attraction entre leurs cours et leurs entraînements. L’administration du village ne certifiait cependant pas de la présence d’une telle chose, ni de sa capacité à rétablir un contact physique avec la réalité, mais toute aide était la bienvenue. Je pris quelques secondes pour réfléchir et arrivai rapidement à la conclusion que je ne pouvais rien trouver de mieux pour combler le trou dans mon emploi du temps que représentait cette journée. Mes pieds m’emmenèrent vers l’accueil de l’Académie où un jeune homme d’une vingtaine me sourit et, d’un hochement de la tête, me souhaita le bonjour.

Homme - Qu’est-ce que je peux faire pour toi bonhomme ?

Je lui souris gentiment.

Isei - Je cherche une mission. Peut-être en avez-vous encore pour aujourd’hui ?

Homme - Yep, bien sûr. J’ai toujours ça sous le coude. Ce ne sont pas les demandes qui manquent. Je te trouve ça, patiente quelques secondes s’il te plait.

Je répondis une nouvelle fois par un petit sourire sincère et détachai mon regard de l’homme. Il fouilla dans quelques affaires, sortit un ou deux classeurs et finit par lancer un « Ah » satisfait avant de se retourner vers le comptoir.

Homme - Il y a une mission de recherche qui débute dans une dizaine de minutes au centre-ville. Ca t’ira ?

Isei - Oui, merci.

Homme - Bien. Signe-ici. Je m’emparai du stylo et déposai un bref coup de couleur. Je préviens le genin en charge de la mission que son équipe est au complet. Ils t’attendront.

Je lui souris une dernière fois en guise de remerciement, et satisfait, je sortis du grand hall pour me tourner vers le centre-ville. Je saisissais le papier qui trainait dans ma poche et qui regroupait les différentes recommandations ainsi que l’ordre de mission délivré par l’Académie avec le tampon du village. Il était onze heures, et ma journée commençait enfin.
Isei Nagashi

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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyJeu 18 Juin - 20:19

J’avance paisiblement dans les petites ruelles de Konoha. Tout m’intéresse, mais rien assez pour que je m’arrête et que je perde un peu de mon temps aujourd’hui. Mes mains glissent dans mes poches et je souris à un papi qui demande quelques pièces, près d’une fontaine. Cet imbécile, il n’a que plonger la main dans l’eau, il pourrait se payer pendant des semaines assez pour tenir un siège. Mais non, je crois que c’est péché. Qui dit une telle chose, je ne m’en souviens plus. En vérité, je m’en fous.

Il fait chaud, extrêmement chaud mais je n’enlève pas ma veste de tissu brun ni mes chaussettes blanches qui se déforment dans mes claquettes. Mes nattes sont plutôt longues aujourd’hui, longues mais désordonnées. Il faut dire, je n’ai pas l’habitude les faire, c’est mère qui s’en occupe. Elle et ses doigts de fées. Mais depuis que le froid nous sépare, ils sont loin, très loin, ses doigts, de mon cuir chevelu d’enfant. Les deux mèches de cheveux noirs qui descendent le long de mes oreilles sont pourtant toujours là, et je ne me lasse jamais de passer mon doigt autour.

Quelques mètres plus, tard, tiens, un peu d’agitation. Ces têtes-là, je les reconnais, ce sont toutes des bouilles d’étudiantes et d’étudiants. Derrière eux, dans l’ombre, un petit magasin ouvre grand ses portes. Les discussions vont bon train, je m’insinue entre elles, discret et rapide. On achète des armes. Ouais, c’est ici que les shinobis s’approvisionnent en métal, en faiseur de mort et de souffrance. Le plus grand ami du shinobi. Il y a une semaine, j’aurais peut-être dit son coéquipier. Aujourd’hui… le choix est plus complexe qu’il n’y parait, je préfère ne pas me lancer dans un quelconque débat avec des mecs qui ont deux ans d’âge de plus que moi et qui, avec tout le temps qu’ils passent dans les couloirs de l’Académie, doivent bien manier une ou deux techniques un peu plus consistantes que… que les deux miennes. Je pénètre finalement dans la pièce ombrée et fraiche.

L’acier y dégage une odeur irritante mais le bonhomme qui bouge de son comptoir vers les rayons parait immunisé contre toute attaque nocive. Dans la boutique, deux autres personnes, bien plus grandes enfoncent leur tête dans une rangée d’armures. Sûrement très hauts gradés aussi, vu la taille et la qualité des armes sur lesquelles ils se penchent avec une petite pointe d’envie. Je sens l’imposante carrure du vendeur couvrir mes épaules et me retourne, le plus naturellement possible.

Vendeur - Salut gamin.

Sa voix profonde et caverneuse me fait peur. Mais un peu moins que son immense bras aux muscles noueux qui me barre le passage. Je souris, juste pour lui faire plaisir et cacher comme je peux mon malaise. Chose qui, apparemment, n’est pas satisfaisant. Il sourit.

Vendeur - Je peux t’aider ?

Isei - Je cherche une arme, répondais-je stupidement. Il s’empare évidemment de l’immense perche que je lui tends, emballée dans un magnifique paquet cadeau.

Vendeur - Ca tombe bien, j’en vends. Tu cherches quelque chose en particulier ?

Mes mains se soulèvent des poches de ma veste et dans l’une d’entre elle, je serre une petite bourse bien vide.

Isei - Ce que pourra m’offrir si peu d’argent, je crois bien.

Non, pitié, ne rit pas. Ne rit pas !

Sa gorge se déploya dans un pouffement caverneux. Et merde. Je laisse passer, attendant avec une certaine pointe d’impatience que ce gloussement se taise dans mes oreilles. Il reprend un peu de sérieux et m’emmène là où mes trois petites pièces peuvent me permettre d’investir. Quelques étoiles d’acier semblent jolies, mais leur prix est bien moins attendrissant. Je reporte finalement mon attention vers un simple shuriken pour la modeste somme de soixante ryos et quelques minutes de perdues en moqueries et sarcasmes. Je cède un bref sourire au vendeur et sort en trombe.

Courir, je crois que c’est la seule façon de rattraper mon retard. J’ai rangé l’arme dans l’une des poches extérieures de mon bermuda, et pris le temps de refaire mon bandage autre de ma cheville droite et de mon genou gauche, conséquence d’un dernier entraînement un peu trop sec. Le sol défile sous mes pieds, je coupe à travers des petites ruelles que je ne connaissais pas jusqu’alors, et finalement, j’arrive dans la rue indiquée par le dossier, que je n’ai pas lu. Je lève la tête, puis les yeux et finalement je croise mon regard avec un enfant, pas bien plus âgé que moi, au bandeau fièrement placé sur son front, cachant quelques courtes mèches blondes. Je m’arrête, à quelques mètres de lui. Ma respiration haletante se calme lentement et retrouve peu à peu son rythme régulier et habituel. Je n’aime pas m’activer ainsi, ça me déconcentre. Et déconcentrer, je ne peux rien faire d’autre… que respirer.

Aspirant - T’es en r’tard.

Je déporte mon regard sur l’autre élément de cette équipe improvisée. Des cheveux emmêlés tombent sur ses yeux et cachent deux oreilles pointues. Il n’est pas très beau, pas aussi beau que moi en tout cas. Et même si ça n’était pas important, ce genre d’arguments désuet me permette d’avoir quelque chose à retourner à sa réprimande.

Oui, je suis en retard du con, mais toi, t’es laid.

Finalement le blond haussa les sourcils et reprit la parole.

Genin - C’est pas grave, on est pas pressé. On t’attendait, ajouta-t-il, histoire de me faire comprendre que son acolyte n’était pas bien patient, et un peu ronchon.

Oui, je suis en retard, mais toi, t’es laid. Et un peu con.

Genin - Je m’appelle Gin Kozuma, je suis genin. Et je dirigerais cette mission. Lui c’est Takeo Kashi, il est à l’Académie.

Isei - Salut, moi c’est Isei Nagashi.

Gin - Tu as lu l’ordre de mission ?

Ma main droite plonge dans la veste de mon manteau et en ressort avec un parchemin roulé sur lui-même entre les mains. Je l’avance, sous les yeux de Gin, insistant. Ce machin-là ? Si je l’ai lu. Je rougis.

Takeo - Mais quelle plaie !

Gin soupire. Je ne sais pas si c’est à cause de mon incompétence latente et de ma flemme bien explicite ou si ce n’est pas plutôt Takeo qui commence à lui taper sévèrement sur les nerfs. Sur le peu de nerfs qu’il lui restait. Le genin avait l’œil vif et intelligent et de puissants bras mais sa carrure n’est pas aussi imposante qu’un véritable adepte du corps à corps. Je pense à Minato, étrangement. Le mastodonte a le mérite d’être le seul que je connaisse réellement à pratiquer le Taijutsu. Dommage, je me calque sur lui depuis le jour où je l’ai vu et où Reiko nous l’a présenté.

Gin décide de s’avancer vers l’entrée de la maison. Le bonhomme de l’accueil a parlé d’une histoire de recherche mais je n’en sais pas plus. Il ne me restait guère qu’à espérer que le chef d’opération prenne le temps et la patience de leur faire à tous deux un briefing. Il s’arrête devant la porte de bois, fermée, et se retourne vers nous deux. Takeo ne m’aime pas, c’est indéniable, mais ce serait sûrement la seule fois que je le côtoie. Je l’espère en tout cas, ce sentiment de regain est largement réciproque. Non, ce n’est pas simplement que les gens qui ne m’apprécient pas passent littéralement dans la catégorie des méchants que je détesterait jusqu’aux restants de nos jours, mais la plupart du temps, ces gens-là ne sont simplement pas patients, nerveux, pressés et s’attendent à ce que les autres se plient à leur quatre volonté, ce dans la seconde qui suit. Je ne suis pas ce genre de mec qui presse la nature. La laisser évoluer, c’est si bon de regarder les arbres qui poussent lentement et de le voir grandir un peu plus chaque année.

On n’a pas fait Konoha en plantant un gland. On a enterré plein, et on attendu que ça pousse, que diable !

Gin - On va rentrer là-dedans. L’ordre de mission nous demande de fouiller dans cette maison ancienne afin d’y trouver une certaine somme de pièces d’or qu’une vieille femme aurait laissé après sa mort. Takeo, tu prends la cave et le sous-sol, Isei, tu t’occuperas de l’étage et je serais au rez-de-chaussée. On se retrouve ici dans une heure. Go.

J’acquiesce d’un lent hochement de la tête alors que Takeo sautille presque sur place. Gin ne leur sourit pas, et la mine toujours sérieuse et il se tourne vers la porte, insère les clés d’argent dans la serrure et fait sauter les rouages. D’une main sûre, il pousse la porte qui grince sur ses propres battants, comme si personne ne l’a ouverte depuis de longues années. On passe tous nos têtes dans l’ouverture et découvre d’un seul regard le long couloir noir qui traverse le bâtiment. Gin s’avance, il monte les quelques marches qui le séparent de l’entrée et une fois dans le couloir, appuie sur l’interrupteur, dégageant une lumière ténue mais rassurante. D’un sourire satisfait, il nous indique que nous pouvons y aller. Il précise finalement qu’il n’est pas nécessaire de prendre quels que risques que se soi, et, hochant la tête, nous ordonne de commencer la mission.

Le but est de fouiller. Partout. Cela ne semble pas trop compliqué mais je n’aime pas spécialement la facilité. Ma mère m’a toujours trouvé un peu farfelu pour ça. J’imagine rapidement qu’il n’est pas question de renverser la maison, de chercher, puis de trouver et enfin de laisser tout cela sans dessus-dessous. Une pancarte « Laissez l’endroit telle que vous l’avez trouvé en entrant » flotte dans ma tête, mais je le repousse d’une moue démotivée. Nous faisons quelques pas dans le couloir obscur malgré les deux ampoules qui tendent à l’éclairer. Je trouve enfin l’escalier et d’un signe du visage j’indique à Gin que je monte, et que nous nous séparons là. Takeo semble également avoir trouvé le passage qui menait au sous-sol, j’entends ses pas peu discrets résonner dans tout l’appartement. Ma main se pose sur la rambarde de bois mais s’y retire très vite. La poussière s’est accumulée là sans que personne n’y souffle dessus durant longtemps, très longtemps. Les âges trahissent l’appât du gain que nous recherchons. Le bois des marches semble creux et la rambarde, elle, crie dès que je pose la main sur elle. Elle crie de douleur, prête à rompre à chaque occasion. Le noir se fait un peu plus intense mais mes pieds ne trouvent plus aucun relief sous leur marcher forcée. L’escalier s’arrête là.

Je m’arrête, je ne bouge plus et laisse ma main lécher le mur à ma droite, en quête d’un possible interrupteur. Le bouton glisse sous la peau de mes mois, comme un réflexe, j’appuie.

Le coin droit de mes lèvres se hausse, et je souris.
Isei Nagashi

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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyJeu 18 Juin - 23:06

C’est une étroite ruelle sombre comme on en connait tant. Le soleil s’est déjà couché depuis quelques heures et il laisse aux âmes malveillantes jusqu’au petit matin pour terminer leurs obscures activités. Que les enfants ferment leurs yeux, et que les parents les embrassent, il ne fait pas toujours bon vivre la nuit, à Konoha.

Ce soir-là, deux capes se mouvaient dans le centre-ville. Elles apparurent des deux côtés opposés d’une petite place où une fontaine ne cessait de couler. Les terrasses vides des restaurants la rendaient un peu plus grande qu’elle ne l’était la journée. Un peu plus sombre aussi. Les deux ombres se rejoignirent en son centre puis repartirent dans une direction commune. Ils marchaient rapidement et respectaient le silence qui les entourait. Rien ni personne ne les croisa durant cette nuit sans lune. Ils se faufilèrent dans de petites ruelles aux volets clos avant de rentrer dans le hall d’un immeuble. Le plus grand des deux ouvrit une porte et n’attendit pas son compère pour se jeter dans des escaliers qui menaient vers le sous-sol. L’autre, bien plus petit, le suivait, sans broncher. L’ambiance qui régnait ne semblait pas saper leur motivation, bien au contraire, on aurait dit qu’il leur plaisait de parader ainsi, dans une tenue noire aux bordures de tissu blanches. Ils ouvrirent une seconde porte une fois l’escalier descendu et, enfin, l’homme bougea ses lèvres autrement que pour grimacer.

Ombre - C’est ici.

L’enfant hocha de la tête et tout son manteau se mit à voler d’un seul mouvement. Le bruit des clés que l’on sort de la poche rompit une nouvelle fois le silence. L’homme fit sauter un verrou invisible et ouvrit une bouche d’égout cachée sous une épaisseur de poussière. Avant de descendre, il lia ses deux mains et se concentra quelques secondes. Puis d’un signe du menton, il lui indiqua qu’ils pouvaient y aller. Ils descendirent encore, tous les deux, et suivirent le chemin illuminé par quelques rares torches qui dégageaient une fumée étouffante. Dans le filet d’eau qui coulait à leurs pieds, quelques rats n’hésitaient pas à plonger et mordillaient sans peine leurs chaussures, usées par le temps. Les deux ombres paraissaient étrangement calmes et ne comptaient cesser leur marche pour rien au monde, comme s’il n’était pas question d’être en retard. Il n’est pas question d’être en retard, c’est ce qu’il leur avait dit, sept jours plus tôt. Ils avaient tous les deux compris ce que cela signifiait et surtout ce que cela impliquait. Beaucoup de choses pour eux deux, en vérité.

L’enfant s’arrêta, exécuta un signe incantatoire et plongea sa main le mur courbé de l’égout. Quelques cliquetis amenèrent le déclenchement d’un rouage qui sauta rapidement et le mur, s’ouvrit. Ils s’y enfoncèrent, retrouvant avec une certaine appréhension cette chambre qu’ils avaient côtoyée quelques semaines plus tôt. La lumière es nombreuses bougies les éblouit mais lentement ils reprirent le contact de la nuit noire, assis sur de grands fauteuils de bois autour d’une table ronde. L’homme, juste en face de l’enfant et dont le visage était caché, tout comme ses acolytes, sourit, finalement.

Homme - Nous pouvons commencer.


¤¤¤



Mon regard se pose finalement sur ce fauteuil, rempli de coussins et de poussière. Surtout de poussière. Gin a demandé de fouiller de fond en comble, quitte à bousculer quelque peu les habitudes du temps dans cette demeure. Je n’essaye pas d’interpréter plus que nécessaire ce conseil qui s’est très brièvement morfondu en une injonction de premier ordre.

Comment Konoha peut-il être intéressé par quelques pièces d’or, cela ne me regarde pas. Pourtant, une petite et intrigante hésitation se dessine dans mon esprit. Mais elle finit par disparaitre, immédiatement. Je préfère reporter mes interrogations sur ce qu’Aeri et moi allons faire ce soir, comment je vais éviter de rencontrer mon père au milieu du couloir de notre appartement, ou encore, plus important, ce que je vais me faire à manger.

J’apprends en lisant mon ordre de mission que cette entreprise serait récompensée d’un peu d’argent. Pas grand-chose, en effet, mais je ne cracherais une nouvelle fois pas dedans. Je dois absolument rassembler un petit pactole et revenir narguer ce vendeur aux dimensions impensables. Je l’aime bien, en fait, mais le simple fait d’imaginer le nombre d’heures d’entraînement physique qu’un tel corps doit demander, j’en suis essoufflé pour lui. Bref, quelques ryos de plus sont toujours mérités.

Mes mains se baladent finalement avec vigueur sur le coussin principal du grand fauteuil recouvert, entre autre d’une épaisse pellicule de poussière, de feutre, une matière assez étrange au touché. Agréable à première vue, la mollesse qu’elle laisse dans le creux de la main rend perplexe. J’ai la nette impression qu’il fond sous mes doigts, qu’il se décompose à mon simple toucher. Quoi qu’il en soit, s’il est d’une particulière douceur, je ne ressens pas la rugueuse peau de l’or. Je délaisse finalement cette idée-là et me projette vers une grande bibliothèque où une demi-douzaine d’étagères est recouverte de livres, parfois imposants. Le même temps a fait ses effets et quand lorsque je prends le premier recueil, la couverture me colle à la peau et les feuilles s’envolent dans l’air vicié du séjour.

Quelques livres tombent, je ne les retiens pas.


¤¤¤



Il n’était pas le seul petit homme. Il y en avait deux autres, la même taille, le même timbre, la même envie de prendre la parole et de se démarquer. La confiance qu’on devait porter en eux devaient être totale, aussi attendirent chacun le bon moment pour parler, pour donner les bonnes informations et ne pas s’avancer inutilement. C’était un véritable échiquier où chacun patientait que l’autre avance ses pions. Pour mettre échec. Pour remporter la main, patiemment.

L’homme en face de l’enfant les regardait longuement, ne perdant cependant pas un seul des mots qui parvenaient à ses oreilles. Dans la petite pièce sombre, il semblait à l’aise. Caché comme tous ses compagnons dans son grand manteau sombre, capé de la tête aux pieds, il organisait la séance avec un certain doigté.

Lorsque vint son tour, l’enfant se crispa. Mais le sourire de l’homme qui l’accompagnait le rassura et il se détendit facilement. Finalement, quelques minutes plus tard, l’homme se braqua sur son regard et posa le sien, creux, profond. Ses globes caverneux restaient comme deux cages d’ombre dans un mur blanc. Sa peau était livide.

Homme - Est-ce que les préparatifs pour demain sont faits ?

Il déglutit difficilement et hocha lentement de la tête. Sa voix, jeune et fluette, suinta jusqu’à leurs oreilles à tous.

Enfant - Oui. Tout se déroulera comme convenu.

Homme - Bien.

C’était tout ?

Homme - Concernant tes coéquipiers ?

L’enfant inspira longuement et soupira si faiblement que personne ne le remarqua.

Enfant - Il ne posera pas de problème.

C’est un imbécile, un incompétent et un lâche, pensa-t-il pour lui-même.

L’homme semblait écarquiller les yeux. Ses deux sourcils épais et noirs se levèrent, intrigués.

Homme - Et l’autre ?

Le petit homme faillit perdre le contrôle de la situation. Les mots peuplaient son esprits sans qu’il ne puisse les agencés de telle manière qu’ils diraient la vérité que son supérieur souhaitait entendre. Son malaise remonta doucement le long de son estomac et lui donna subitement envie de vomir. Ses deux petits yeux clignèrent violemment lorsque son compagnon posa une main fine et blanche sur sa cuisse. Une main confiante.

Une main féminine et gentille.

Enfant - Je n’ai aucune nouvelle du second membre. J’aviserais sur le moment.

Homme - Tu sais parfaitement ce que je pense de tout cela, n'est-ce pas, rétorqua-t-il, sa voix plus profonde et rauque que jamais.

L’enfant baissa la tête.

Enfant - Oui. Je vous donne ma parole, tout se passera bien.


¤¤¤



Un courant d’air balaye la pièce, provoquant cette étrange sensation de malaise. Comme s’il allait sortir d’un placard ou du plafond une créature que je n’attends pas. Et que, sincèrement, je ne désire pas attendre. Je serais désemparé, je le sais.

Quelques livres se bousculent sous l’impulsion du vent, certains tombent, d’autres s’ouvrent devant moi, simplement. Curieusement, je ne les ramasse pas, préférant fouiner ça et là, dans l’espoir de dénicher une cache spécial, un livre creux, où je trouverais enfin ces pièces d’or, mettant définitivement un terme à cette mission pourtant aisée. Quelques pages virevoltent devant moi, détachées de leur reliure par l’âge et par l’usure. Une couverture d’un blanc étrangement propre m’intrigue. Ce livre semble être le seul encore en état dans toute cette bibliothèque des temps anciens. Les couleurs n’ont rient perdu de leurs saveurs, les pigments sont toujours bien présents, demandant à l’œil de se diriger vers eux. La reliure est saine, quoi que plusieurs fois réparée, les pages sont douces et l’écriture, elle, n’a pas déteint et ne s’est pas détachée, effacée de son support blanc. Je saisis le bouquin entre mes deux mains, et jette un rapide coup d’œil au titre.

« Pour un Monde Meilleur - Kanae Seigi ».




¤¤¤



L’homme lia ses deux mains, entrelaçant chacun de ses dix doigts et posa sa bouche dessus, réfléchissant. Il resta ainsi, une ou deux minutes puis rabaissa finalement ses poignets sur la table, un bref sourire sur ses lèvres.

Homme - Bien. Très bien. Nous avons besoin de cet argent, ne me déçois pas.

Il renifla discrètement et passa une main le long de sa joue, dessinant la courbe de son visage. Une barbe fine mais noire commençait à pousser sur son menton et le long de ses oreilles. Cela faisait quelques jours déjà qu’il n’avait pas dormis et la fatigue, nerveuse, se faisait sentir.

Homme - Comment comptes-tu t’occuper du reste ?

La femme qui avait suivi l’enfant toussota et décida finalement de répondre à cette question. Ses deux lèvres fines et rosées se mirent en mouvement et sa main, sous la table, raffermit sa position sur la cuisse tendue de l’enfant.

Femme - Le bâtiment explosera.

L’homme, d’abord surpris, parut pleinement satisfait de cette réponse. Plus qu’un simple moyen, cette porte de sortie rajoutait à ses plans le spectacle dont il rêvait depuis toutes ces années. Quelque part dans le creux de son âme noire et sauvage, il avait toujours gardé espoir qu’un tel jour arrive.

Enfin, enfin, se montrer. Qu’ils nous craignent, tous.


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Isei Nagashi

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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptySam 20 Juin - 19:38

Le blanc s’entourait souvent de cette aura pure et propre. Il attirait l’œil, ne le laissant jamais voguer vers des horizons incertains. Il est là, sûr de lui, sans ombre, sans tâche, pas de relief, un seul terrain plat et harmonieux d’une seule et même couleur. Le blanc.

Candide berceau du bonheur des âmes et des hommes, il resplendissait de lui cette véritable impression de paradis. Le regard ne s’y fatigue pas, il s’y pose, simplement et ne peut plus s’en détacher. Isei posa sa main sur la livre et le ferma. Soupirant, ignorant, il ouvrit la poche de son sac en bandoulière et l’enfonça entre deux chemises.

Il lui restait quelques petites minutes avant de sortir de la demeure, les mains presque vides. Il bouscula chacune des étagères qui se dressaient dans la bibliothèque, souleva chacun des coussins, poussa les meubles, enroula les tapis, monta sur le toit, mais rien, il n’y avait décidemment rien. Son attention se reporta sur le soleil, à son sommet. Il était temps, murmura-t-il, tout bas. Il glissa à travers la trappe, s’avança vers l’escalier puis se retourna.

Sa main chercha à nouveau l’interrupteur, pourtant bien visible. Isei avait ce livre en tête, et sa couverture blanche et son titre ne libéraient pas son attention. Sa main aveugle tâtonna le long du mur tapissé et accrocha finalement le bouton. La lumière se tût.

Isei ne dit pas un mot.

Il descendit une à une les marches du grand appartement et, lentement, traversa le couloir encore sombre. Le jour l’éblouit, sa main tentant désespérément de cache son visage blanc des rayons dévastateurs du soleil. Quelques pas l’amenèrent face à Gin. Le genin ne souriait pas, il épiait d’un air étrange la maison. Isei sourit devant la stupidité d’une telle expression, se demandant comment il était possible de tomber en amitié avec un aussi vieux morceau de bois, qui ne flottait que grâce à la puissance de l’océan qui le soutenait. Un vieux débris parmi tant d’autres, qui une fois l’utilité perdue, ne deviendrait qu’un vaste champ de ruine qu’on finirait par remplacer.

Dommage, une fois les pièces d’or récupérées, on ramasserait la barque à la dérive, on la ramènerait au sol, et de son bois on en construirait une autre bien plus résistante qui recouvrira son nom et son passé.

Gin passa une main dans ses cheveux blonds. Il se tourna vers l’aspirant et sourit péniblement.

Gin - Tu as trouvé quelque chose.

Il haussa les épaules et hocha négativement de la tête.

Isei - Et toi ?

Gin - Je crois que j’ai tout, oui.

Il ne pouvait pas le dire plus tôt ?

Gin - Il faudra que je recompte, mais ça devrait être bon.

Isei - Elles étaient où ?

Gin sourit, fier de lui.

Gin - Dans le mur. Une fausse cloison avait été creusée. Un coup de pied, et le plâtre volait en éclat. Elles nous attendaient bien patiemment.

Le Nagashi se retourna vers la baraque en lambeau, et sourit, satisfait.

Gin - Où est Takeo ?

Isei haussa un sourcil, surpris de l’impatience qu’exprimait son acolyte. Et puis, franchement, tous deux se fichaient bien de savoir ce que l’aspirant grognon fabriquait dans le sous-sol. L’idée de partir sans lui ne leur aurait pas déplu.

Isei - Aucune idée. Au sous-sol sûrement.

Gin - Mince, tant pis. Je vais le chercher.

Eh, oh, tu vas pas non plus le border ?

Qu’importe, Gin, préoccupé, se lança, résolu, vers la porte du bâtiment, bien décidé à sortir par la peau des fesses son coéquipier. Sa réaction disproportionnée ternissait le calme réfléchi du genin, mais après tout, peut-être l’attitude de Takeo avait-elle eu raison de lui. Isei ne chercha pas à le suivre, il l’accompagna du regard et fit un pas en avant, inutile.

Le sol gronda, les murs tremblèrent et la lumière les éblouit. Ses deux paupières se refermèrent sur ses yeux, mais l’espace d’une seconde il aperçut Gin, propulsé une dizaine de mètres en arrière. Isei sentait les cendres se coller sur sa peau blanche, les flammes lécher son cou, nu et l’air s’emparer de lui et l’envoyer haut dans les airs.

Quelques ailes poussaient dans son dos, et le Nagashi volait, la main tendue vers les cieux.


¤¤¤



Leur souffle enfumait la pièce d’une aura sombre et ténébreuse.

La flamme des bougies qui illuminaient la salle vacillait au rythme de leur respiration. Le plafond noire se dessinait à leur seule lumière, fait de poutres et de pavés, dans une médiocre architecture. L’homme centrale toussa violemment et cracha sur le sol, juste derrière lui. Il inspira lentement et posa son regard glacial sur chacune des capuches qui cachaient leur visage. Ils ne sont que des pions. Leur faire croire que leur voix compte est une technique si agréable à pratiquer. Bientôt ils apprendraient qu’ici, dans le village, leur place n’est pas nécessaire. Ce sont des pions. Des pions dont il se débarrassera bientôt.

Cela ne poserait certainement pas de problème.

Saori remit sa main ouverte sur la cuisse de son jeune garçon et descendit jusqu’à son genoux. Il tremblait, elle le sentait dans le creux de sa paume. Son corps gémissait de peur et de plaisir, ses yeux eux ne trahissant que l’effroi dans lequel il s’était lui-même lancé. Elle sourit, la garce. Elle jouit, maligne.

Homme - Comment comptez-vous procéder ?

L’enfant déglutit. Sale larve, je t’avalerais, crue.

Homme - Comment !

Saori - Le gaz n’a pas été fermé.

Homme - Le gaz ?

Saori sourit une nouvelle fois, avec ce même rictus charmeur. Aller, répond petite larve.

Enfant - Konoha barricade les maisons vides, mais les équipes de terrains compétentes doivent les isoler puis les sonder afin de donner ou non l’ordre de destruction, puis de reconstruction, lorsque c’est nécessaire.

Homme - Abrège.

L’enfant plia ses deux mains sur la table de bois et laissa ses yeux posés dessus. Comme un vulgaire cadavre, mortifié.

Enfant - Les conduits de gaz n’ont pas été fermés. Il suffira d’une simple faille et d’une aide minime pour que la chaudière… saute.

L’homme se calma et s’enfonça dans le fond de sa chaise, planté contre le haut dossier de bois terni et humide. Ah, à quand les honneurs, les blanches tablées, les sièges d’or et les couverts d’argents ?

Bientôt, bientôt.


¤¤¤



Il marcha discrètement vers la cuisine. Ne pas se retourner, ne pas revenir en arrière. Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil, juste vérifier que les deux autres ne sont pas là, juste derrière ? Il n’y avait personne.

L’enfant se rapprocha de la gazinière, recouverte d’une épaisse couche de poussière qui s’était déposée là. De nombreuses années semblaient séparer sa venue et la dernière utilisation de la cuisinière. D’un geste rageur, il la tira vers lui et la décala sur sa droite. Les tuyaux, derrière lui, suivirent, prêt à céder. Il s’arrêta.

D’un coup de kunai, le plus gros des trois céda, dégageant une âpre odeur de gaz. Une odeur qui l’endormirait doucement s’il restait là, trop longtemps. Il se coucherait, là, et ne se relèverait plus. Cette idée le traversa. Il trembla. Il se dépêcherait.


¤¤¤



Homme - Les dégâts, finit-il par demander, rompant l’insolent silence.

L’enfant sourit quelques secondes puis se concentra sur sa seconde. La main de Saori ne cessait pas d’assouvir sa solide position sur son genou. Elle lui faisait mal, mais il ne dit rien.

Etrangement, il aimait bien cette sensation.

Enfant - La déflagration réduirait en cendre tout l’intérieur, les murs porteurs seraient propulsés à une dizaine de mètres aux alentours.

Homme - Les risques ?

Saori - Possibles dommages sur les maisons mitoyennes.

Possibles… C’est inéluctable oui. Les murs s’effondreraient comme des cartes qu’une brise percuterait, emportant par la même occasion les châteaux des voisins. Les deux autres maisons subiraient elles aussi le poids de cette explosion.

Et c’est bien mieux ainsi.

Homme - Bien.

D’une main, il gratta sa fine barbe noire qui pointait le long de ses oreilles.

Homme - Comment procèderas-tu ?


¤¤¤



La fente était nette. L’ombre svelte sortit un objet de la poche de son manteau et raccorda quelques fils. Un genou sur le carrelage, il prit le temps de remémorer dans sa tête la procédure, plusieurs fois d’affilée.

Des pas résonnaient dans le couloir. Ils arrivaient, ils venaient vers lui. Bientôt l’un de ses deux coéquipiers le trouverait, il passerait par cette porte et il lui demanderait ce qu’il fabriquait. Il mentirait, même non, ça paraitrait trop louche, surtout avec sa mine male assurée et son teint blafard.

Alors il le tuerait. Le Kunai qui tomba dans sa main devait bien servir à cela.

L’ombre passa la lumière juste derrière la porte. Elle arrivait devant lui. L’éclair blanc du métal traversa la petite pièce. Le bruit du métal que l’on frappe crispa le silence. Saori lança son regard de vipère sur son compagnon et sourit, pointant du bout du nez le kunai qu’elle avait dans la main et celui de l’enfant, au sol. Il soupira violemment.

Enfant - Qu’est-ce que tu fous là ?

Saori - Je viens voir si tu ne flippes pas trop.

Il se retourna et replongea ses mains dans l’engin électronique.

Enfant - Je n’ai pas besoin de toi.

Saori - Tu l’aurais vraiment tué ?

De quoi parlait-elle ? Ah, bien sûr, ses deux compagnons.

Enfant - Qu’est-ce que ça fait ?

Saori - Nom d’un chien, ça fait que j’ai bien fait de venir !

Il soupira une nouvelle fois.

Enfant - Laisse moi finir Saori. Et casse-toi.

Elle sourit et déposa un baiser sur sa nuque à nue. C’était malsain. Mais aussi répugnant que cela puisse paraître à ses yeux, il aimait cela.

Sa tête remua rapidement de gauche à droite et ses mains finirent par bloquer l’explosif à l’intérieur du conduit de gaz. Saori était partie, il ne sentait plus son souffle. Un « bip » effrayant s’amorça. Il était temps de sortir.


¤¤¤



L’homme sourit. Si fort que Saori aperçut une rangée de ses petites dents jaunes. Beuh, qu’il était laid. Laid mais puissant, et riche aussi. Elle lui ferait l’amour, puis elle l’étranglerait pour partir avec la première bourse, et couper la seconde. On nait homme. On n’en meurt jamais, c’était un principe.

Bien sûr elle restait là, sagement assise, laissant monter les premiers orgasmes d’un garçon qui ne connaissait rien au sexe. Bientôt, bientôt, elle retirerait cette minable cape noire et blanche, elle tairait les mots que sont honneurs, gloire et puissance et elle dévoilerait à leurs yeux ébahis, sa magnifique poitrine redondante. Bigre, l’argent et le pouvoir sont une chose. Mais ce sont des hommes. Et jusqu’à leur mort, ils ne lui résisteraient jamais. Jamais.

Elle ravala ses rêves et serra un peu plus fort la cuisse de l’enfant.

Homme - J’aime.

Saori - Vrai ? C’est gentil.

La mine réjouie du bonhomme se décomposa et Saori retrouva avec un certain dégout son rictus pauvre en émotion et riche en rides tombantes.

Homme - Nous nous retrouvons demain, même heure, même lieu.

Ils acquiescèrent. Tous. Le bruit des pieds dans le filet d’eau des égouts s’éloignait lentement. La barrière de chakra se referma sur eux. Demain. Même heure. Même lieu. Saori sourit et posa sa main salvatrice sur la capuche de l’enfant.

Allez, bonhomme, à toi de jouer. Si tu réussis, tu auras peut-être une récompense, qui sait.


¤¤¤



Le bâtiment s’écroula dans un grondement sourd. Des flammes sortirent des fenêtres, attirant les passants, mais bientôt les fenêtres elles-mêmes se désintégrèrent. Les fondations, branlantes, s’effondrèrent sur le sol pavé comme un léger tremblement de terre. Le bruit fracassant finit par s’étendre dans l’immense explosion qui balaya le quartier. Le gaz avait fait sa part du marché, les flammes s’étaient répandues le long du conduit avec une vitesse ahurissante et rejoint les soutes, au sous-sol, où les réserves finirent par littéralement exploser. La détonation, d’abord minime, avait enflammée le lieu, grillant tout ce qui faisait de la baraque, un ancien lieu d’habitat. La deuxième secousse rompit les flammes déjà intenses, et sécha tout ce qui se trouvait devant elle. Les lignes se courbaient, le ciel se couvrait d’un nuage de cendre et de poussière.

Il pleuvait des pierres.

Isei se releva doucement, les mains cachant son visage comme si elles pouvaient les protéger d’une telle attaque. Il s’assit sur le trottoir où l’explosion l’avait jeté et essuya avec le revers de sa main les cendres qui recouvraient son visage, comme un fin masque d’Anbu. Il avait bien volé, quelques secondes seulement. L’atterrissage avait été plus violent qu’il ne l’aurait imaginé et se relevant, il étira chacun de ses membres afin de s’assurer qu’il n’était touché nulle part. Une intense douleur le prix derrière la tête et le fit trembler. La chute, sûrement. A quelques mètres, Gin était là, allongé et inconscient. Le Nagashi se précipita vers lui.

Son étrange précipitation vers le bâtiment, la curieuse absence de Takeo, tout cela Isei n’y pensa plus. Peut-être avait-il tort.

Sûrement même.

Le genin finit par ouvrir les yeux, toussa quelques crachats de poussières et se releva difficilement.

Isei - Ca va ?

Le regard de son compagnon se perdait dans l’étendu des dégâts. Le nuage de cendre ne partirait pas avant une bonne heure, le temps qu’il se repose, qu’il s’envole et se dissipe dans l’air. Mais là, à la place de la grande baraque, il essayait d’imaginer ce gigantesque trou. Il écarquilla les yeux, le regard vitreux.

Gin - Qu’est-ce… Il s’est passé quoi bordel ?

Isei - J’en sais rien. Ca a… explosé ?

Isei finit par ne plus penser à la déflagration qui venait de les éjecter du trottoir. Il n’avait qu’une envie. En finir, et rentrer chez lui. Manger, et dormir. Oh oui, dormir.

Isei - Tu as les pièces ?

Gin - Oui. Oui, barrons-nous.


Mission Terminée


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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptySam 20 Juin - 21:07

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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyMar 30 Juin - 19:09

Le chuunin ouvrit doucement la porte et d’un large mouvement de la main les entraîna tous deux dans une petite salle sombre. Le bois claqua. Les voila enfermé dans la cage, pris au doux piège de la police et de la justice. La vérité, seulement la vérité répétait-il dans sa tête. La lumière se fit, subitement. Elle les éblouit. Agressés, parlerez-vous avec un peu plus d’ardeur ? Il ne semblait pas convaincu, mais dans le noir on pouvait cacher toute sorte de chose. Et pas les plus belles, malheureusement. Il leur proposa deux chaises, les enfants acceptèrent. Les heures passeraient sûrement très, très, très lentement ici, autant garder le peu de force qu’ils ont pour trouver dans le regard de leur interrogateur les réponses qu’il veut entendre et celles qu’il n’attend pas. Etrangement, Isei se sentit dans le corps du plus grands des meurtriers.

Akamaru - Bonjour, mon nom est Akamaru Seiji. Je suis chuunin et j’ai la charge des interrogatoires.

Salut, Akamaru. Alors c’est toi qui va transformer notre vie en une escapade de mauvaises conséquences ?

Il ne s’assit pas. Le grand homme puissamment bâti se reposa contre le mur de pierre et posa son regard sur eux. Gin ne se tournait jamais vers Isei mais au plus profond de lui-même il l’entendait crier. « A l’aide. Sortez-moi de là ». Te sortir d’où, Gin ? De quoi as-tu si peur ? Cela ne lui ressemblait pas, non. Ce n’était pas vraiment lui. Le genin sûr, directeur et calme qu’il avait rencontré quelques heures avant avait disparu. Il s’était envolé peu après leur sortie de la grande demeure. Et l’explosion… L’explosion n’avait fait qu’empirer son attitude.

Gin était une énigme encore, et encore. Une énigme dangereuse pour eux deux.

Akamaru ouvrit le dossier qu’il avait entre les mains. C’était une simple chemise de carton qui renfermait deux feuilles pratiquement vierges. Casier vide, c’est déjà ça de pris. Akamaru n’avait pas sous les yeux deux délinquants de premier âge. Dans leurs yeux ne grillait pas la fine flamme de la haine. Leurs mains ne tremblaient pas de l’excitation de mettre fin à quelque chose, homme, structure, peu importait, pour le chuunin ils étaient les mêmes. Des ingrats qui ne méritaient pas de vivre. Réellement.

Akamaru - Savez-vous pourquoi vous êtes-là ?

Isei - A peu près, oui. Même si ça semble un peu confus.

Akamaru sourit. Normal, tu n’es qu’un enfant après tout. Et un enfant n’a pas toute sa conscience. Parfois on la lui vole et on en fait un peu tout ce que l’on veut. On l’étire, la tord et lorsqu’elle cède on leur rend, morte. Le chuunin interrogea d’un hochement de la tête le genin. Il n’ajouta rien. Il approuvait, d’un léger sourire faussement amical.

Akamaru - Comme l’indique le dossier que j’ai sous les yeux, vous étiez tous les deux affectés à une mission interne, déléguée par l’Académie dont le but était de récupérer de l’or caché dans une maison abandonnée du centre-ville de Konoha.

Il fronça les sourcils. C’est bien cela, ajouta-t-il. Isei se reporta sur Gin. Après tout, c’était lui qui la menait, cette expédition, qu’il en assume les conséquences. Gin soupira.

Gin - C’est ça. Nous étions accompagnés de l’aspirant Takeo Kashi.

Akamaru sourit, satisfait.

Akamaru - Quand avez-vous vu Takeo pour la dernière fois ?

Isei - Je suis monté à l’étage. Je n’ai plus aperçu Takeo depuis notre entrée dans la maison.

Gin - Nous avions traversé ensemble le couloir principal. Il est ensuite descendu et...

Le genin soupira.

Gin - C’était la dernière fois, oui.

Akamaru - Savez-vous ce qu’il y avait au sous-sol ?

Gin haussa un sourcil, intrigué. Isei ne broncha pas.

Gin - Le rapport n’indiquait rien de dangereux. J’imagine que la chaudière devait être installée là-bas.

Akamaru - La chaudière, répéta-t-il, intrigué ;

Gin haussa les épaules, nonchalant.

Gin - Oui. La cuisinière était, à l’époque, logiquement alimentée en gaz. Je doute qu’elle soit à l’étage et je ne l’ai pas vu au rez-de-chaussée.

Akamaru les scruta, un à un, et garda ce silence qu’il appréciait tant. Le silence, cet élément à la fois perturbateur et empli d’une sagesse profonde. Ici, dans ces lieux qu’il fréquentait chaque jour, ce silence-là en faisait plier plus d’un. Akamaru laissait ses deux prunelles vertes piéger sa victime dans un cercle infini. Ce silence, ces deux yeux, et cette pression. Comment savoir ce qui se trame dans la tête du chuunin ? Comment ne pas appréhender lorsque ses lèvres se mouvront enfin, redoutant ce qui en sortira ? Parfois, on préfère encore ne pas admettre la vérité, refuser de l’entendre, refuser d’écouter de la bouche d’un autre ce qui s’est réellement passé.

A quel point êtes-vous un monstre ? Nos propres mots l’évoquent si bien que cette vérité-là, accouplée de la franchise, rend parfois le tableau plus gris que le noir qui se reflète dans les yeux d’Akamaru. Un monstre est toujours noir, toujours. On redoute souvent la mort. Ouvrir les yeux, c’est mourir un peu…

Le chuunin retourna une chaise et s’assit dessus, le torse contre le dossier de bois. Puis paradoxalement il sourit.

Akamaru - Quand avez-vous subi l’explosion, finit-il par demander, rompant le calme froid qui les transperçait et qui les reliait inéluctablement à lui.

Ils se regardèrent tous les deux.

Gin - Nous étions sur le trottoir, devant l’appartement lorsque tout a…

Il s’arrêta, pris d’un haut le cœur. Lorsque tout a sauté, c’était ça. Je crois.


¤¤¤



Une femme cria, mais le son de sa voix fut rapidement couvert par la seconde salve. Elle se tût. Les flammes jaillirent et une vague de chaleur les écrasa tous contre le sol. Lorsque le clame revint, une fois le nuage de cendre envolé, dissous dans l’air et étalé sur les pavés de la ruelle, les cris refirent surface. Quelques pans de murs tombèrent de leur stèle et s’enfoncèrent sur le tas de pierres et de bois fracassé qui gisait, là. Il y avait deux étages d’une vieille maison ici, quelques minutes avant que l’explosion ne ravage tout sur son passage. Les deux ninja s’étaient rapidement relevés. Ils avaient été séchés, simplement. Mais devant eux, deux passants gisaient encore sous le premier mur, écroulé. Et puis Takeo était introuvable.

Une équipe de chuunin arriva très vite. Attiré par le bruit et par les grandes flammes qui s’étaient envolées vers le ciel, ils avaient accourus là. D’autres débarquèrent, quelques minutes plus tard. Konoha réagissait toujours au quart de tour, comme s’il n’était pas question qu’on hésite ou qu’on doute. Il fallait agir.

Un petit bonhomme aux mèches presque rouges les trouva. Gin avait dans la main le petit sac qui renfermait les nombreuses pièces d’or. Lorsqu’il croisa le regard de l’adolescent qui se dirigeait vers eux, il le rangea rapidement dans son sac. Isei, lui, avait toujours ce livre étrange qu’il avait confisqué à sa bibliothèque, sa mère. Morte, quelques minutes plus tard. Ukaro se présenta à eux et avec une générosité qui fit sourire Isei, il leur demanda si tout allait bien. Une seule chose l’intéressait, la santé des deux enfants. Malgré son jeune âge, Ukaro avait une très grande bouche. Il en sortait toujours de très bonnes choses, des paroles gentilles et réconfortantes qui eurent le mérite de détendre quelque peu Gin.

Ukaro - Vous êtes sûr que ça va aller ?

Isei - Oui.

Enfin, je crois.

Ukaro - Je peux vous transporter à l’hôpital, même à deux sur mon dos, on y arrivera… En fait, la procédure vous ordonne même d’y aller, mais bon. Soit.

Gin - C’est gentil, Ukaro-san, mais on doit vraiment retourner à l’Académie.

Il fronça les sourcils et haussa les épaules, l’air de dire « qu’est-ce qui peut être plus important que de rigoler avec moi ? ». Ce sac d’or, peut-être bien, pensa si fort Gin que les pièces se matérialisaient dans ses yeux bleus.

Ukaro - Qu’est-ce qu’il y a de si important ?

Isei - On était en mission là-dedans.

Ukaro - Sérieux ? Enorme, vous avez échappé à la mort !

Oui, c’est à peu près ça…


Dernière édition par Isei Nagashi le Dim 5 Juil - 18:13, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyMer 1 Juil - 20:02

Isei posa son sac sur le matelas de son lit, posé à même le sol. Nonchalant, il s’y allongea. La chaleur l’accablait. Aujourd’hui le soleil gagnait. Ce n’était jamais vraiment gagné, mais aujourd’hui… Non, définitivement, il avait toutes les cartes en main. Il les enveloppait de sa poigne forte et ferme et les couvrait d’un drap lumineux qui les aveuglait. L’ombre rétrécissait encore et encore si bien que même au coin d’une rue, elle ne protégeait plus les passants des chaudes radiations qui émanaient de l’astre. Sa main souple lissa la peau de son bras. Un poignet fin et faible, qu’on pourrait casser d’un seul coup sec, un bras bronzé, une peau douce et soyeuse, un coude osseux et souple ; Isei ouvrit sa paume et jeta son dévolu sur la couche de poussière et de crasse qui reposait sur ses cinq petits doigts.

L’explosion l’avait littéralement séché. Il se souvint succinctement de la salve invisible qui l’avait projeté un peu plus loin sur le trottoir. Les cendres s’étaient collés à lui, sur son visage, sur ses jambes, ses bras. Le Nagashi portait un nouveau masque. Un jet d’eau retirerait la majorité des particules qui s’étaient incrustées dans chacun de ses pores mais étrangement, il n’en exprimait pas l’envie. Il se sentait bien, à l’aise dans cette voute sombre et sale. On le reconnaitrait, bien sûr, mais voir le monde d’un œil neuf n’était jamais réellement mauvais. Son index lécha doucement son coude et Isei grimaça. Une légère blessure avait éreinté sa douce peau brune. Le contact des pavés avait éraflé l’articulation, comme s’il s’était brûlé. La vitesse de sa chute avait certainement provoqué ce petit souci. Mais il n’en avait cure.

Dans la glace, il préférait admirer ce masque noir qui le couvrait des regards curieux. Le sang se mêlait avec une passion perverse au linceul de poussière et de cendres formant une pâte étrange sur son bras, séché par le soleil, craquelé par la brise. Une seconde peau.

Isei muait. Et ce n’était pas l’un des effets que l’âge rend possible. Sa voix restait fluette et ses membres arboraient toujours cette même fébrilité. Mais sa peau se décomposait et bientôt, bientôt, il sortirait de son cocon pour apparaître comme un autre aux yeux du monde. Qu’avait-il à cacher, qu’avait-il à découvrir, pour justifier une telle transformation ; il n’en savait rien.

On frappa. La porte coulissa sur son rail de bois et la tête de Nui apparu, triste comme toujours. Non, elle paraissait encore plus confuse ; elle l’était.

Nui - Isei, un monsieur voudrait te voir.

Isei - Je suis crevé mère. Il faut vraiment que je me repose.

Nui parut gêné.

Nui - C’est un chuunin, il dit que c’est urgent.


¤¤¤



Gin n’avait pas osé terminer sa phrase. Ou n’avait-il pas trouvé le courage d’exprimer ses pensées. Elles paraissaient si noires, si profondes que dans son regard Isei trouva la peur. Il frissonna. D’une certaine manière, Isei le comprenait. Il était le chef, il était responsable de cette mission et s’il l’avait mené jusqu’à son terme, il n’avait certainement pas compté sur la mort d’un de ses coéquipiers. Qui aurait pu ? L’objectif était simple, la cible inoffensive. Une maison parmi tant d’autres dans le centre-ville de Konoha. Une maison dont les résidents avaient disparu, on ne savait comment. Et à vrai dire on s’en fichait. Si Gin culpabilisait alors c’était certain, il ferait un excellent chef. Accepter que l’on peut réussir est une bonne chose en soi, mais le prix que la réussite coute s’avère parfois très lourd. Ici, il avait pris une vie humaine et, apparemment, ce sacrifice était bien trop disproportionné. Une âme contre quelques pièces d’or, si la vie leur réservait cela, alors ils devraient tous deux se battre et se battre encore pour arriver au moment où seul l’autre mourra pour se payer lui-même. Que l’on n’est plus à porter le fardeau de la réussite, qu’on le lègue, et qu’on l’enterre avec le même objectif. Le calcul paraissait simple. S’il fallait une vie pour une trentaine de pièces, combien en demandera-t-on pour de l’or pur.

L’équation fit sourire Isei. Il ne pensait pas un jour enferme le monde dans un simple calcul mathématique.

Akamaru - Savez-vous à qui appartenait cette maison ?

La question surprit Isei. Gin, lui, s’enfonça un peu plus dans son siège. Ses épaules s’étaient courbées et sa tête se recroquevillait entre elles, les yeux baissés, le cou courbé. L’attitude du genin intéressait Akamaru, peut-être était-ce pour cela qu’il laissa une nouvelle fois le silence recouvrir leur esprit, appuyant sans prendre gare sur la tête de Gin. Qu’il s’enfonce, il parlera bien assez, devait-il penser.

Cette situation le révolta. Le masque, lui, ne tombait pas.

Isei - Vous vous sentez puissant ?

Akamaru écarquilla ses deux yeux, ronds.

Akamaru - Je te demande pardon ?

Isei ne bougea pas. Ancré sur sa chaise, le dos droit et la nuque rigide, il releva doucement la tête, posant ses yeux sur le chuunin. Gin sembla tout petit, à côté de lui. A mesure que le Nagashi se relevait, le genin paraissait s’affaisser, encore et encore. Le silence. Akamaru avait posé une question dont il connaissait parfaitement la réponse. Mais de ton son cœur, il espérait se tromper. Il les connaissait, ces enfants de putains qui saccageaient un peu plus chaque jour son village. Oui, c’était le sien, il s’occupait de les mater, c’était bien naturel. On lui devait bien ça. Le silence. Il avait fait des interrogatoires un art dont il était le maître. Longtemps il avait repoussé certains collègues qui pensaient qu’avec un peu de chakra on pouvait faire parler un homme. Mais les faits ne restent que des faits et Akamaru demandait plus. Bien plus. Un simple aveu ne le satisfaisait. Peut-être parce qu’il en demandait toujours plus ; peut-être parce que sa vision de l’homme et de l’humanité - l’environnement dans lequel ils se mouvaient, tous - était différente de toutes les autres.

Le facteur humain. C’était cet inconnu qui rendait l’équation de la vie si complexe à établir puis à résoudre.

Akamaru fronça les sourcils. Son regard devint perçant, il le buvait généreusement comme une liqueur amère qu’on avale d’un seul tenant. Le dégout parait plus passager, plus soudain, et l’impression de s’éteindre subitement disparaissait rapidement. Isei ne sombra pas. Il avait cette couche acerbe sur sa peau qui le protégeait. Attache toi à moi, serre moi, fort, et enlise toi dans le pue, dans le vomis de mon âme. Sombre. Le silence, sombre.

Isei - Le sadisme ne tue pas, il assassine. Vous êtes un meurtrier, à votre façon. Rompez ce silence et laissez-nous partir. On a déjà que trop vécu aujourd’hui.

Akamaru aurait aimé sourire. Oui, il aurait aimé encercle l’enfant et le gober, tout cru. Mais il ne pouvait pas. Isei se tenait droit devant lui, assis sur sa petite chaise de bois, et ses lèvres s’étaient entre-ouvertes finement. Chaque mot paraissait réfléchi, chaque respiration contrôlée. Par une touche de colère. Pas une. Le chuunin sourit. Il le devait, il était maître chez lui.

Akamaru - Tais-toi.

Il pourrait se lever, poser les cinq doigts de sa main sur le cou d’Isei et le soulever. Plaqué sur le mur il deviendrait un insecte qu’il écraserait sans difficulté. Il le boirait, encore et encore. Et puis il vomirait d’horreur. Akamaru n’était pas comme ça. Le chakra, l’illusion, la force, tout cela n’étaient que des foutaises. Il s’y était toujours refusé. Alors pourquoi sentait-il l’épais coulis de la colère remonter le long de sa gorge, se saisir de sa mâchoire et l’asphyxier.

Isei - Cette maison en explosant a pris une vie. C’est pas suffisant ?

Akamaru - Tais-toi.

Je pose les questions, et tu y réponds, sale larve.

Isei - Non. Allez vous faire voir, nous n’avons rien à voir avec tout ça. Laissez-nous partir.

Laissez-nous partir, répéta-t-il pour lui-même. Tais-toi, faillit-il lui répondre. Akamaru se crispa. Ce masque, il l’avait en face de lui, bien là, sur le visage de sa victime. Merde ! Pourquoi ne pouvait-il pas simplement lui briser la nuque ! Il n’était pas là pour rien, il devait s’en douter. Mais non, l’innocence de l’enfance lui jouait une nouvelle fois de biens mauvais tours. L’imprudence d’un môme de onze ans parvenait à briser son propre code, les règles qu’il avait écrit au plus profond de lui-même il y a déjà maintenant de nombreuses années. Laissez-nous partir. Ses paroles résonnaient dans sa tête comme une vulgaire chanson qu’on n’arrête jamais, une chanson qui vous prend, qui vous aveugle et qui vous étouffe. Le long filet d’air qui s’extirpait régulièrement de la bouche d’Isei, implicite confiance en lui - confiance absurde, confiance impossible ! - l’étranglait.

Tombe, putain de masque, tombe !

Akamaru se leva calmement. Il traversa la petite salle, calmement. Il poussa la table derrière lui, calmement. Il fit face à Isei calmement. Et dans le plus grand des dédains, le revers de sa main érafla la joue de l’enfant. Calmement. Isei ne cria pas. Il tomba sous la violence de la gifle et ne s’occupa même pas de la douleur qui prenait son visage. Pourtant la marque de la main du chuunin était bien là, rouge, sur sa peau brunie par le soleil. Finalement, oui, finalement, Akamaru sombra. Ses yeux s’agrandirent, injectés de sang. Ses deux mains agrippèrent le col de la veste d’Isei, et il le souleva violemment.

Akamaru - Enfant de catin, dans cette maison il y avait bien plus qu’une putain de chaudière. Tu n’es rien pour me commander. Rien ! Mes pas avancent sereinement sur le chemin que je me suis tracé moi-même et le garnement que tu es ne saura m’en détourner.

Trop tard, Isei ajouta-t-il pour lui-même, tout au fond de sa tête.

Akamaru - L’ancien propriétaire de cette maison est un terroriste. Le fils de pute qui l’a mis en cendre a effacé toutes ses traces. Le fils de pute qui l’a éteinte a… a détruit par la même occasion tout ce que nous savons d’un groupuscule qui menace chaque jour Konoha.

Pour quelques pièces d’or, on avait mis en lambeaux plus d’une vie. On avait réduit à néant l’espoir d’un homme. Pour de simples… piécettes… d’or.
Isei Nagashi

Isei Nagashi


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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyDim 5 Juil - 18:47

Akamaru ouvrit soudainement ses mains et lâcha Isei. Il retomba sur sa chaise, inerte. Il vivait, il respirait, mais le regard du chuunin l’avait finalement atteint. Plus qu’il ne l’avait imaginé en vérité. Plus qu’il ne l’admettrait jamais. Les puissants bras d’Akamaru se posèrent sur le mur et sa tête se cacha entre ses épaules courbées. Bientôt l’homme exploserait, pensa Isei. Il craquerait certainement.

Dommage. Finalement Akamaru avait l’étincelle d’un mec bien. Et aussi étrange que cela puisse paraître, Isei avait l’étrange gout de la destruction sur la langue, qui lui collait au palet comme une vulgaire gomme à mâcher. Cela ne faisait aucun doute, il était responsable de sa déchéance. Mais il n’en fut pas choquer, non. Ce qui l’étonnait le plus, c’était sûrement qu’il n’en exprimait aucune honte, aucun regret. Il regardait le chuunin s’enfoncer dans le mur, se recroqueviller sur lui-même et aussi inerte soit-il, l’aspirant ne trouvait pas de pitié. La pitié était la clé, s’était-il toujours dit. C’était la première étape d’une longue vague de repentance. On n’adresse pas la pitié par hasard. Cette conscience qu’ils portent tous en chacun d’eux, elle le leur ordonne.

Pour quelques secondes, la conscience d’Isei s’était envolée.

Isei avait momentanément mis Gin de côté. Il avait pris la parole, levé la voix contre celui qu’il pensait juge et bourreau et qui les condamnait à souffrir un peu plus qu’ils ne souffraient déjà. Les images du bâtiment qui chutait avec la même simplicité qu’on balaye un château de carte le fin souffle d’un enfant leur donnait envie de vomir. Le genin s’était aperçu de la disparition de Takeo, trop tard. Mais Isei ne prit conscience de ce manque qu’une fois le contact contre le pavé effrité, la douleur atténué et son esprit quelque peu retrouvé. Le choc avait été violent, mais ils en étaient tous les deux sortis indemnes. Quelques contusions ça et là auraient du leur offrir un passage à l’hôpital, mais heureusement pour les deux enfants, le chuunin de l’équipe de secours était un chic type. L’image des murs abattus, des poutres incendiées et de la vie d’un petit garçon enfermé contre son grès dans le sous-sol les aurait achevé s’il n’avait pas, chacun, trouvé l’excuse à même de clore cette mauvaise journée.

Ca découlait de logique. Le Nagashi avait préféré épargné du mieux qu’il pouvait son acolyte et sa propre personne par la même occasion. Ils avaient fui les lieux pour oublier, mais Akamaru leur agrafait ces souvenirs à même le front. Isei avait alors décidé de ne plus se laisser faire et de passif, il était rentré dans la danse. Avec les conséquences qu’il connaissait alors maintenant.

Gin releva discrètement la tête. Lorsque sa voix transperça le silence qui régnait dans la pièce, il les surprit tous.

Gin - Vous pensez que notre mission n’était qu’un leurre ?

Sa voix n’était plus chevrotante, elle filait dans l’air comme une étoile du milieu de l’été. Bien sûr, le genin était toujours physiquement très atteint. On aurait dit qu’il fut vidé de toute l’eau qui compose son corps, qu’on l’ait enfermé des mois durant pour que sa peau redevienne blanche et terne et que son teint blafard ne soit que le plus appréciable des supplices encore… Gin était abattu, mais il avait choisi les bons mots et avait trouvé la bonne intonation.

Celle qui, d’une paire deux coups, redorerait l’espace d’un instant l’intelligence d’Akamaru. Isei trouva ça admirablement bien joué.

Effectivement, une étincelle de génie illumina lors d’une rapide seconde les pupilles du chuunin. Isei lui découvrit une nouvelle qualité : l’avidité. Pas celle de l’argent, ni d’aucun bien physique, mais Akamaru développait ses propres symptômes à l’addiction qu’il portait au plus profond de son estomac. Akamaru était avide d’information, de raisonnement et de logique. Ses yeux brillèrent encore.

Akamaru - Oui.

Répondit-il, haletant. Il se retourna soudainement et retourna à la place qu’il avait laissée quelques secondes plus tôt afin de saisir Isei et de lui faire la peur de sa vie.

Akamaru - C’est plus qu’une éventualité, un maillon que j’ai découvert, un maillon que j’allais tirer pour découvrir jusqu’au bout de la chaîne…

Tout ça perdu dans le brasier du désespoir, c’était laid. Isei sourit intérieurement. Il n’était pas sûr de bien suivre le chuunin, il n’était pas sûr de pouvoir faire confiance à ses propres paroles tellement son visage tendait à exprimer une sorte de folie. Pourtant Akamaru avait certainement raison et qu’imaginer sa cible à portée de main hier, lui échappait aujourd’hui, était trop difficile à supporter.

Mais il n’était pas question de comprendre. Il était question de partir d’ici, au plus vite.

Isei - Nous ne pouvons pas vous aider. Vous savez pertinemment que nous n’y sommes pour rien. Comme pourrions-nous faire une chose par…

Le sourire de Gin l’intrigua. Ce dernier le coupa.

Gin - Comment pouvez-vous en être si sûr ?

Akamaru posa ses deux mains sur la table et se reposa sur ses deux bras. Se penchant dangereusement en avant, il se haussait par rapport à ses deux victimes, aujourd’hui de bien frêles cibles. Sur leur chaise respective, Isei et Gin ne se décrochait pas du regard de leur interrogateur, comme impatient de connaître la suite.

Akamaru - Il y avait une bibliothèque remplie de livres plus qu’intéressants sur le sujet.

Une bibliothèque ? Pourquoi est-ce que cela parlait à Isei ? Il ne s’en souvenait plus, mais il y avait quelque chose en ce mot qui réveillait chez lui un souvenir oublié. Gin parut étrangement divisé. Ses jambes tremblaient d’une pression étonnante - que Isei ne comprit pas, en tout cas - mais son visage et sa voix avaient retrouvé cette assurance qui faisaient de lui un genin fort sympathique et très compétent. Il n’empêchait pas que le contraste n’avait rien de logique et qu’il demandait à être expliqué.

Gin - Une bibliothèque ? Je n’en ai pas vu.

Akamaru - Elle était à l’étage, répondit-il du tac au tac, arborant un vilain sourire sournois à l’égard d’Isei.

Pourquoi le regardait-il ainsi ? Pourquoi ce sentait-il tout d’un coup seul contre Gin et Akamaru ligué ? La bibliothèque, l’étage, qu’est-ce que cela devait lui évoquer ? Qu’est-ce qu’il avait oublié qui donnait au chuunin l’opportunité de lui clouer purement et simplement le bec, et à Gin l’impression de terreur qu’il lisait dans ses yeux ? Ses jambes tremblaient encore, pourtant…

Isei ferma les yeux quelques secondes. Il s’envola de la pièce dans laquelle il était retenu et se retrouva face à lui-même devant la porte d’une grande maison. Il y pénétrait accompagné de deux autres garçons de son âge puis il montait à l’étage, prenant les escaliers qui craquaient sous son poids. D’une main souple, il passait sa main invisible sur les sièges, le canapé, les murs grisés par le temps jusqu’à ce qu’enfin ses doigts écharpèrent les couvertures moisis d’épais livres. Il ne s’arrêta pas et trouva finalement un espace libre où les marques sur le bois de l’étagère indiquaient qu’il était encore posé ici, il y a peu de temps. Isei plongea sa main dans l’emplacement où un livre se métamorphosa subitement. La grande couverture blanche ne fit l’objet d’aucun effort et Isei se plongea dans la lecture de l’œuvre.

Soudain, une brèche noire fissura les pages du précieux livre et une puissante main se saisit de lui. Il fut entraîné rapidement alors qu’autour de lui tout disparut. Il se souvint avoir crié.

Akamaru le regarda, surpris. Il avait poussé un strident gémissement qu’il ne pouvait expliquer. Cependant il repoussa cette énigme à plus tard. Lorsqu’enfin Isei ouvrit les yeux, il comprit que l’aspirant se souvenait enfin. Et devant le malaise et la gêne qu’il exprimait, il n’y avait plus de doute pour lui. Tout s’accordait, tout concordait, il n’y avait à cette table et parmi les morts - parmi le mort… - qu’une personne ayant connaissance de cette mystérieuse politique. Il se redressa et, une nouvelle fois, posa sa main sur le col de la veste d’Isei. Il le jeta contre le mur et d’un bras tendu le retint collé là-bas.

Le regard hésitant de Gin croisa rapidement celui d’Isei. Mais le genin ne dit rien. Il soupira, même.

Akamaru - Tu te souviens maintenant, Nagashi-kun ? Une bibliothèque … à l’étage …

Le chuunin sourit. Il avait peut-être outrepassé plus d’une fois son code, mais aujourd’hui encore il remportait le droit de se taire. Le droit de maîtriser le silence et d’en faire l’une des armes les plus puissantes qui soit.
Isei Nagashi

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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyDim 12 Juil - 23:27

Des étoiles.

C’était ce qu’Isei croyait voir autour de sa tête. Elles tournaient autour de lui, la langue tirée et moqueuse. On se moquait de lui avec ce petit air sournois qu’il avait l’habitude d’exprimer. On tapait sur sa tête, il en était certain. Curieusement il n’y avait que le mur derrière lui, personne ne frappait continuellement avec une sorte d’objet contendant sur la base de sa nuque. Puis il se rappela son éjection, son choc sur le grand mur de bois et sa chute sur le sol. Ah, c’était donc ça cette gêne au coccis. Isei comparait souvent ce mal de crâne à une bande d’ingrats petits nains qui, avides de richesses, creusaient l’os de sa tête avec leur nombreuses petites haches pointus comme s’ils rêvaient d’y trouver un quelconque joyau.

Sûr, ils sortiraient tout droit dans le monde extérieur s’ils continuaient ainsi.

Lentement, chacune des étoiles implosa et laissa au jeune garçon le plaisir de découvrir le monde qui l’entourait, de retrouver ce qu’il avait laissé. Peu à peu les idées lui revinrent. Les mains puissantes d’Akamaru, sa chute sur le sol, son difficile contact avec le sol, et la colère du chuunin qui n’avait qu’une seule passion : celle de la vérité. Le silence de Gin le gênait tout autant. Il l’avait défendu, il s’était même pris un revers de la main, une gifle pour aider son camarade et en échange il ne recevait que le silence du genin. Isei ne pensait pas que la curiosité put un jour prendre tant de place dans la conscience d’un homme. Mais Isei n’était qu’un gamin et comme tous les autres jeunes gens de son âge, même s’ils ne l’admettaient pas tous, il étudiait chacun des éléments avec un œil ouvert et nouveau. La confiance, l’amitié, la haine, l’amour, ce n’étaient que des mots qu’on rapprochait de noms ou de situations, mais que rarement d’expériences.

Il fallait bien grandir pour apprendre.

Isei - Oui, oui, il y avait bien une bibliothèque à l’étage. Mais je n’ai rien trouvé, rien !

Akamaru lui adressa un sourire amer.

Akamaru - Va s’y, nie, cela ne fait que prouver un peu plus ton implication dans cet attentat.

Bien sûr qu’il nierait, il n’allait pas avouer quelque chose qu’il n’avait jamais commis ! Akamaru l’enfermait dans une spirale qui n’avait malheureusement qu’une seule sortie : la prison. Peut-être la mort.

Isei n’était pas prêt à cela.

La boucle était bouclée et comme une spirale dramatique, on n’y entrevoyait pas l’ombre d’une sortie. Isei se sentit pris au piège, dans les filets d’un grand paranoïaque, parce que Akamaru était ainsi. La vérité, seulement la vérité.

La porte de la petite salle s’ouvrit et Isei se reporta sur elle comme si elle serait la dernière chance qui lui restait. L’homme qui y passa, un large sourire sur les lèvres, avait cette forte tignasse rousse que les deux compères reconnaitraient parmi toutes les autres. Ukaro leva son pouce d’un air confiant et toisa finalement son collègue chuunin.

Akamaru - Qu’est-ce qu’il y a ?

Ukaro haussa un sourcil.

Ukaro - J’ai cru entendre du bruit.

Akamaru - C’est un interrogatoire, imbécile.

Ukaro - C’est ton interrogatoire ouais.

Akamaru - La différence ?

Ukaro lança sa main sur la gorge du chuunin et le poussa violemment. Il ne lâcha pas son emprise sur lui et le colla contre le mur.

Ukaro - Tu fais toujours tout en silence.

Akamaru - Pour une fois… une seule fois… si près du but… peina-t-il à articuler.

Ukaro sourit un peu plus fort encore.

Ukaro - J’aime pas qu’on hausse la main sur des gamins, fils de pute.

La grande main du roux choppa d’une traite le visage d’Akamaru et poussa sa tête violemment arrière. Il tomba, inconscient.

Ukaro - De toute je t’aimais pas, crétin.

D’une main, il releva Isei et de l’autre, il le réconforta d’un nouveau pouce. Ce pouce si confiant qu’Ukaro aimait tant arborer. L’envie de vivre du chuunin rayonnait tout autour de lui, et malgré son acte très peu intelligent et dont les trois hommes auraient à expliquer une fois encore, Isei et Gin répondirent à son aide d’un sourire franc. D’un signe du regard, il leur indiqua qu’il était vivement tant de sortir.

De prendre un bain, et de dormir. Enfin. Tout ça pour quelques pièces d’or…
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MessageSujet: Re: Pour Quelques Pièces d'Or   Pour Quelques Pièces d'Or EmptyDim 12 Juil - 23:35

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