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 Le Renard dans le Poulailler

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Kiko Gokei

Kiko Gokei


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MessageSujet: Le Renard dans le Poulailler   Le Renard dans le Poulailler EmptyDim 8 Nov - 18:23

Kiko fumait sur sa terrasse. Elle avait acheté ce petit appartement des années auparavant, peu après sa promotion en tant que Genin. Il surplombait très légèrement le village, si bien qu’elle en voyait toute l’étendue en restait assise à son balcon. Le crépuscule était peut-être le moment qu’elle préférait pour observer Kumo, avec les lanternes qu’on allumait pour la nuit, les cris en contrebas, l’excitation de rentrer chez soi et toute cette vie bourdonnante qui l’apaisait au plus profond d’elle-même.

Elle exhala une longue traînée de fumée, les yeux clos pour en pénétrer le goût intensément, puis porta à nouveau sa cigarette à ses lèvres, machinalement. Deux ans auparavant, Kiko avait arrêté de fumer parce qu’elle en ressentait quelques effets dans la qualité de sa respiration. Cela avait été particulièrement pénible la première année, et même la seconde elle ne s’y était jamais habituée. Elle continuait à humer avec passion l’odeur si singulière de la cigarette dès qu’elle le pouvait. Et puis, à la suite de la mort de sa mère, elle avait repris sans réfléchir. Peut-être était-ce une erreur, alors, mais elle n’y avait réellement pas songé. Elle s’était assise à un bar et avait demandé à son voisin une cigarette, comme si elle avait seulement oublié de prendre son paquet. Puis elle avait fumé toute la soirée, trois paquets de cinq clients différents.

Même aujourd’hui, la solitude n’était pas son fort. Kiko en souffrait toujours un peu plus, comme une sorte de malédiction qui l’aurait frappée très tôt dans sa vie et qui la poursuivrait jusqu’à sa mort. Elle était à présent convaincue qu’elle mourrait seule, sans personne pour disposer de son corps. Pour ce que c’était important, de toutes façons… A vingt-trois ans, la jeune femme n’avait certainement pas choisi l’option la plus populaire parmi les shinobi. Devenir une Oi-nin, être vouée à la traquer et à l’exécution des déserteurs, c’était quelque chose de profondément solitaire. On travaillait à plusieurs, parfois, mais on était alors seulement plusieurs à être seuls. Il n’y avait pas cet… esprit… puissant de liens comme ceux qui peuvent nous unir à une équipe classique. Elle ne l’avait jamais ressenti en tout cas. Certainement parce qu’elle n’avait pas rencontré les bonnes personnes, ou alors à cause de cette malédiction qui la poursuivait.

Lorsqu’elle travaillait encore avec Masashi Mura, elle avait senti cette communauté. Une sensation si chaude, si agréable ! De compter pour quelqu’un, d’être importante… ne pas être seule. Mais cela aussi s’était effacé et maintenant, Kiko se sentait terriblement seule. Ce n’était pas quelque chose dont elle pouvait se plaindre. Elle ne le faisait pas. De temps à autre, elle fréquentait un homme puis les aléas de son travail l’obligeaient à cesser la relation. Elle était terrifiée à l’idée qu’on sache qu’elle travaillait en tant qu’Oi-nin. Cela la rendait peut-être un peu paranoïaque, un peu trop prudente. Mais à ses yeux, c’était un travail très sale. Comme faire le ménage après un carnage, elle réparait par le sang les erreurs de personnes qu’elle avait parfois fréquentées à l’Académie ou ailleurs. Et dans cet aspect aussi, il y avait quelque chose de solitaire.

Kiko écrasa sa cigarette, se leva et s’appuya sur son balcon, le visage doucement frôlé par le vent. Les lumières étaient à présent toutes allumées et la morphologie du village s’était modifiée. Elle préférait Kumo la nuit, il dégageait une atmosphère envoûtante. A la réflexion, c’était certainement parce qu’elle fréquentait surtout Kumo tard dans la nuit ou trop tôt le matin, lorsqu’elle rentrait d’une mission à l’étranger ou quand elle partait sur un contrat aux petites heures. En journée, elle était Kiko Gokei, une Chuunin compétente et appliquée. Autrement elle était anonyme, Oi-nin au service de Kumo.

Néanmoins Kiko ne se considérait absolument pas comme étant malheureuse et elle savait qu’elle mentirait en le prétendant. Son travail d’Oi-nin, qui pesait sur elle quotidiennement, n’était qu’un élément de sa vie et un élément infinitésimal, elle n’exécutait pas plus d’un contrat tous les deux mois. Kiko avait un petit ami qu’elle aimait tendrement et qui ignorait, heureusement, ce qu’elle faisait pendant ses « missions » non répertoriées. Elle avait vu dans un tiroir un indice comme quoi il envisageait de lui demander sa main. Cela l’avait fait sourire et elle avait presque été surprise de voir à quel point son esprit avait rapidement penché pour l’acceptation de cette question informulée. Non, si elle pensait à son statut d’Oi-nin ce soir plus que les autres soirs et qu’elle n’avait pas invité Naritaka à dormir avec elle, c’était parce qu’elle avait une nouvelle mission et qu’elle partait très bientôt.

Quel dommage de devoir s’arracher à la contemplation de ce si joli tableau !

***

Armée, masquée, Kiko se dévisageait dans la glace tandis qu’elle fixait ses gants.

La silhouette longue et fine, sculptée après des centaines et des centaines d’heures d’entraînements sur plus de dix années cumulées, la poitrine comprimée dans un bandage qui l’aurait presque fait suffoquer si elle avait essayé de respirer à pleins poumons, des protections sur tout le corps ; c’était une silhouette qui inspirait la peur. Surmontée d’un masque à l’effigie d’un renard aux marques mauves, il s’agissait certainement de la première chose qu’elle avait eue lorsqu’elle était devenue Oi-nin. Un animal pas si mal choisi que cela, même si Kiko tuait autre chose que des poules désormais.

Elle attrapa sa sacoche, la fixa à sa taille et recompta méthodiquement et par la force de l’habitude ses affaires. La jeune femme alla ensuite sur le balcon, embrassa une ultime fois Kumo du regard puis se téléporta aux portes du village sans plus attendre.

***

Hanzo Date.

Il s’était fait raisonnablement discret depuis son échec et sa fuite spectaculaire de Kumo no Sato. Rien qui ne puisse indiquer une localisation très claire, et pourtant Kiko disposait de quelques atouts dans sa manche. Moins d’une semaine auparavant, un intrus a été repéré aux alentours du bureau de l’Intendant, Shigeo-sama. Les services de sécurité ont échoué à l’appréhender immédiatement, si bien que Hanzo s’est échappé par la fenêtre au terme d’une chute pour le moins vertigineuse. La sécurité lui a emboîté le pas, mais Hanzo était agile et il connaissait parfaitement son chemin. Il est parvenu aux portes, l’alerte n’était pas encore tout à fait donnée. Peut-être était-ce la panique, peut-être ne voyait-il pas d’autres solutions, mais il a poignardé l’un des shinobi. Sous l’omoplate, le cœur transpercé, il est mort en quelques instants. Son collègue a engagé le combat, mais Hanzo a utilisé une sorte de fumigène et il a disparu dans la nature.

Pour échapper aux patrouilles des forces spéciales, il doit disposer de capacités intéressantes.

Mais il était malheureusement improbable qu’il échappe à Kiko Gokei.

Elle suivait sa trace progressivement, jour après jour. Il devait toujours se trouver dans le Pays de la Foudre, mais il était probable qu’il essaye de le quitter tôt ou tard pour se mettre hors de portée, du moins l’imaginait-il, de Kumo. Kiko n’avait aucune piste solide à se mettre sous la dent, jusqu’à ce que le hasard la fasse s’arrêter à un petit village. Elle escomptait au départ prendre une pause de quelques heures, le temps de manger et de dormir quelque part, mais elle hésitait à poursuivre sa route et s’arrêter au prochain village. Finalement, alors qu’elle s’apprêtait à utiliser une technique de métamorphose pour copier les traits d’un homme qu’elle avait vu passer, elle entendit quelques mots échangés intéressants.

[Femme] - Mais encore des voleurs, c’est incroyable. Trois depuis la semaine dernière !

[Homme] - Je t’ai dit qu’il fallait qu’on rentre nos étals. On ne peut pas faire confiance aux voyageurs !

Des vols ? Des voyageurs ? Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais ce village était dans un axe intéressant si on partait de Kumo dans l’optique de rejoindre la zone du Pays du Feu. Il suffisait d’aller tout droit, ou presque, pour l’atteindre sans peine. Kiko modifia sa stratégie. Elle dissimula son masque sous sa veste, cacha tous les signes qui pouvaient l’identifier comme une Oi-nin et laissa pendre son bandeau ninja autour de sa gorge. Elle quitta le village, puis entra à nouveau par les portes principales, comme si de rien n’était. Les regards se tournaient vers elle et les conversations se figeaient, alors qu’une shinobi de Kumo pénétrait leur village, un léger sourire aux lèvres.

Kiko ne perdit pas de temps et se dirigea directement sur le couple qui évoquait les voleurs.

[Kiko] - Bonjour.

[Homme] - Hé bien, euh, bonjour.

[Kiko] - Je suis actuellement à la recherche d’un voyageur qui a contrarié Kumogakure no Sato. Un petit voleur sans grande prétention, mais nous ne pouvons tolérer ses agissements. Y a-t-il eu quelque chose d’étrange ces jours-ci ?

L’homme se redressa brusquement et son visage s’illumina de peu.

[Homme] - Ca tombe bien, ma femme et moi faisions les comptes, mais on s’est aperçu qu’il manquait des articles !

[Kiko] - Vous vendez de…

Kiko regarda autour d’elle.

[Kiko] - … la nourriture. Ce pourrait-il que ce soit mon voleur ?

[Homme] - Hé bien, j’en sais rien. Il y en a quelques uns qui passent par là, et ce ne sont pas tous des voleurs, mais il y a parfois quelques problèmes.

Kiko sourit.

[Kiko] - Un homme, la vingtaine, les cheveux longs avec, peut-être, une queue de cheval, des bandages autour du torse ?

[Femme] - Oui. Oui il a dormi ici un soir. Dans l’auberge, là-bas. C’est lui le voleur ? C’était il y a trois jours. On ne l’a pas vu partir.

[Kiko] - Ah… Bien, vous ne le reverrez plus.

***

La piste se poursuivait ainsi, avec d’immanquables petits larcins de survivance. Une piste maladroite de bête traquée, qui n’a même pas essayé de se montrer plus discret que cela. Kiko ne négligeait pas le fait de pouvoir s’être entraînée dans un piège fomenté par Hanzo, qui viserait à lui montrer quelque chose d’évident pour, au final, lui tomber dessus avec des complices. C’était vraisemblable, mais il y avait quelque chose de typique dans sa fuite en avant vers le Pays du Feu. Ou plutôt, vers le Pays de la Neige pour l’instant. C’était de fait la seule direction crédible pour Hanzo, car ses possibilités étaient terriblement minces. Soit il se terrait dans le Pays de la Foudre en espérant que Kumo se lasse - mais Kiko, elle, n’était jamais pressée de finir un contrat : plus ils duraient, moins elle en avait à faire - soit il prenait le bateau pour le Pays de l’Eau ou ailleurs, mais cela aurait été très dangereux à moins qu’il ne loue les services de quelques contrebandiers ou passeurs. Mais utiliser un port d’attache normal, c’était trop dangereux : Kiko avait de multiples contacts et Kumo en avait encore plus. Des villages qui leur devaient des services et des dettes multiples, comme on doit souvent à ceux qui vous sauvent la vie ponctuellement et qui se sacrifient pour vous le reste du temps. Ils n’hésiteraient pas à les avertir après un signalement.

Non, Hanzo ne pouvait se diriger que vers Yuki.

Kiko accéléra drastiquement sa cadence. Elle ignorait la plupart des villages à présent, maintenant que la piste lui semblait évidente. Les heures de Hanzo étaient comptées. Ou les siennes. Kiko sourit à cette pensée. Il ne devait pas être dans leurs intentions à tous deux de mourir prochainement, pourtant il y avait là quelque chose d’inévitable et d’écrasant. La mort, sans rémission possible, de l’un d’entre eux.

Elle était sûre que Hanzo était très conscient de cette situation.

Kiko affina ses recherches lorsqu’elle arrive à quelques kilomètres de la frontière avec le Pays de la Neige. Rien n’avait été rapporté dans le village dans lequel elle s’était arrêtée. Soit Hanzo n’était pas encore arrivé ici, soit il avait poussé son effort pour dépasser directement la frontière. Kiko préféra, par mesure de précaution, prendre la première de ses hypothèses. Elle s’arrêta à une auberge, loua une chambre pour deux jours et entreprit d’attendre Hanzo. S’il était derrière elle maintenant, il finirait forcément par traverser le village. Si demain, il n’y avait toujours rien, Kiko continuerait son trajet. Dans le pire des cas, Hanzo aurait un à deux jours d’avance sur elle et ses possibilités de fuite seraient étendues. Tant mieux ; la traque sera plus longue ainsi. Dans le meilleur des cas, il s’arrêterait ici pour prendre son dernier repos en terre connue.

Son tout dernier repos, se corrigea Kiko mentalement.

La jeune femme se déshabilla, heureuse de se défaire de ces habits qu’elle portait depuis bientôt une semaine. Elle était étonnée que Hanzo n’ait pas fui plus rapidement que cela, mais il ne souhaitait probablement pas être trop visible. D’autant que sa fuite vers le Pays de la Neige, il devait en être conscient, n’était pas réellement une protection absolue. Alors, à quoi bon se presser ? Kiko prit une longue douche, lava ses vêtements et revêtit des changes qu’elle avait emporté au cas où la traque s’éterniserait. Elle se posta à la fenêtre, une cigarette au coin des lèvres, le regard posé sur l’extérieur. Ses doigts dessinaient le contour de son masque, ce renard mauve qui reniflait l’odeur du sang. Kiko était tranquille, son esprit voyageant au gré de ses pensées. Se marier… quelle drôle d’idée ! Mais séduisante. Elle pensait pouvoir dire qu’elle aimait Naritaka et elle savait qu’il l’aimerait, tant qu’il ne saurait rien de son travail. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait partager avec l’homme qu’on aimait facilement. Et ce n’était pas un service à lui rendre non plus.

Puis elle l’aperçut, petite silhouette drapée de noir se hâtant dans le village. Hanzo Date, qui, comme elle l’imaginait, ne réserva pas de chambre. S’il n’avait pas de quoi se payer de la nourriture, il ne pouvait pas louer une chambre en bonne et due forme. Kiko se déplaça pour ne pas le quitter des yeux. Elle avait choisi une chambre qui disposait d’une bonne vue sur l’intérieur du village, ainsi qu’une fenêtre qui donnait directement sur la forêt. Kiko posa le masque sur le lit, commanda à manger dans sa chambre, puis se coucha après s’être restaurée. Elle verrouilla la porte et plaça un sceau de protection, si jamais quelqu’un essayait de rentrer, afin de l’avertir. Il était peu vraisemblable que Hanzo sache qu’une shinobi de Kumo le cherchait, tout simplement parce qu’aucun habitant ne savait qu’une shinobi de Kumo était dans leur village. Néanmoins, mieux valait jouer de prudence.

Kiko s’endormit sans forcer. La journée risquait d’être longue et méritait d’être savourée.

Elle se réveilla bien avant le soleil, pris une nouvelle douche et remit ses vêtements de voyage. Elle s’observa dans la glace et fixa sur son visage le masque de renard. Il était désormais l’heure de partir. Kiko n’attaquerait pas Hanzo pendant qu’il est dans le village. Elle ne prendrait même pas le risque de tenter de l’assassiner pendant qu’il dort. Elle ne voulait aucune interférence entre elle et son adversaire, et les habitants de ce village étaient précisément des interférences.

Sa chambre étant payée d’avance, Kiko quitta le village et se positionna tout près de ce qu’elle estimait être la frontière, au sommet d’un arbre, cachée dans les branches. Peut-être une heure d’attente, certainement moins. Et en effet, le renard perçu des mouvements venant du chemin qu’il avait parcouru. Kiko attendit, ferma les yeux, puis sauta à bas de l’arbre. Elle se redressa souplement. Hanzo s’était arrêté, à une dizaine de mètres d’elle. Ils s’observèrent sans rien dire et sans esquisser le moindre mouvement.

[Kiko] - Hanzo Date. Il était imbécile de ta part de tuer cet homme aux portes. Le vol n’est pas toléré, mais le meurtre est condamné. Sévèrement.
Hanzo Date

Hanzo Date


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MessageSujet: Re: Le Renard dans le Poulailler   Le Renard dans le Poulailler EmptyLun 9 Nov - 23:13

Le soleil se couchait doucement sur les montagnes du pays de la foudre. Le ciel prenait cette teinte orangée si particulière avant de se plonger dans une obscurité froide et effrayante. Les piques, quelques fois enneigé, cachaient un peu trop tôt la boule d’énergie qui réchauffait les cœurs, ne laissant qu’une petite bise de soirée rafraichissante. Quelques nuages s’étaient regroupés à l’Est n’ayant pas encore de but précis, il vagabondait semant la plus par instant mais pour le moment Kumo avait été épargné. Les rares arbres subsistants autours du village se préparaient pour une nuit rude sur les hauts plateaux du village. C’était bien pour cela qu’il y avait plus de roche que d’herbe au village caché des nuages. Trop peu d’espace pour vivre et une atmosphère si particulière.

Hanzo était assis sur une chaise en bois de facture simple et bon marché. Entre ses mains une lame argentée scintillait sous les derniers rayons du soleil couchant tout en percutant dans un mouvement constant une roue de pierre grise. Un son grinçant et strident pour les oreilles se faisait entendre à chaque moment où la lame frôlait la roche. Des étincelles jaillissaient de toute part comme un jeune volcan encore un peu trop téméraire.

Le chuunin de Kumo ne regardait pas vraiment ce qu’il faisait. Son regard bleu azur se posait à travers la fenêtre de la petite maison qu’il habitait. Faite de bois et de quelques pierres, elle n’inspirait pas le respect dû au grade qu’il possédait. Mais il n’en avait que faire, car il avait d’autre projet. Il savait que ce soir les choses changeraient et qu’il serait enfin considéré à sa juste valeur. Il était le grand Hanzo Date et ne tomberait pas si facilement dans les rouages d’une mécanique trompeuse. Il allait s’élever à la place qu’il souhaitait et qui l’attendait depuis toujours.

Ses pupilles clairs observaient avec hardiesse les bureaux de l’actuel Intendant de Kumo. Il avait préparé son affaire depuis plusieurs semaines trainant le plus souvent qu’il le pouvait dans les couloirs de cette bâtisse tout en essayant de paraître le plus discret possible. Il savait que les rouleaux des techniques interdites du village se trouvaient là-bas et il allait se les approprier. Ce n’était pas vraiment du vol, car une fois apprise il rendrait l’objet au village. C’était plutôt une aide pour son entrainement et pour sa destiné. Un avenir qu’il voulait se tracer avec facilité et puissance.

Il sourit un instant, laissant apparaître une dentition d’une blancheur suspecte. Ses mains arrêtèrent le mouvement continuel qu’elles avaient entrepris et un doux rayon de soleil vint flirter avec sa chevelure azur. Il se redressa doucement tout en rangeant la lame dans son fourreau.

[Hanzo] – Ce soir Kumo, tu reconnaîtras ma valeur !

***


Une ombre dans la nuit s’envolait. Le corps fin et élancé, Hanzo bondissait de toit en toit avec l’agilité d’un félin. Son regard avait perdu en clarté pour se soumettre aux règles noires de la nature nocturne. Ses cheveux étaient tirés en arrière pour former une queue de cheval qui volait au gré du vent comme le gouvernail d’un bateau. Il s’arrêta quelques instants sur le toit faisant face au grand bâtiment où l’Intendant gouvernait le village. Il savait parfaitement où aller et aurait fait le parcours les yeux fermé si l’enjeu n’avait pas été aussi important.

Il esquissa un sourire en voyant les ninjas montant la garde devant l’entrée principale. Deux options s’étaient offertes à lui, foncer et tenter de prendre le rouleau puis essayer de ressortir en vie. C’était un plan périlleux avec trop d’inconnue et de hasard. L’autre était plus posé et construit, même si les défenses n’avaient que peu de point faible, Hanzo allait passer.

Sa main partit à l’aventure dans sa petite poche ninja sur sa jambe et il en ressortit de petite pilule d’un aspect mauve étrange. Il les fit jouer quelques instants entre ses doigts tout en observant les gardes devant la porte principale. D’un geste vif il envoyant une des petites billes loin sur sa droite. Quelques secondes et un bruit d’étouffement se fit entendre, les gardes levaient un regard interrogateur en direction du bruit. Hanzo avait lancé son filet, il ne manquait plus qu’à grossir l’appât. Il répéta alors le même mécanisme qui cette fois-ci obligea les shinobis de Kumo à s’inquiéter. Ils partirent donc à la rencontre du bruit suspect laissant un seul de leur confrère seul devant la porte d’entrée.

Mais ce n’était pas par cet endroit que le futur déserteur voulait passer. Il jeta un autre fumigène sur le garde cette fois-ci. Ce dernier ne comprit pas tout à fait ce qui lui arrivait et se mit à tousser violement. Hanzo en profita, il dénoua du fils ninja et l’attacha rapidement à un kunai. D’un geste souple il envoya l’arme se planter dans le mur opposé et il se laissa glisser pour venir éclater l’une des fenêtres du bâtiment. Il était entré.

Il ne lui restait plus que quelques minutes avant que les services de sécurité lui tombent dessus. Il jeta un bref coup d’œil à droite et à gauche avant d’entreprendre une marche rapide. Ses pas le menaient avec confiance et assurance dans la direction qu’il avait tant convoitée. Son ombre apparaissait et disparaissait devant les vitres de la demeure de Shigeo et c’était une erreur de sa part qu’il n’avait pas anticipé. Les gardes partis à la recherche de la source du bruit suspect qu’Hanzo avait déclenché quelques minutes plutôt, étaient déjà de retour. Ils virent l’ombre, et en voyant leur collègue dans un nuage de fumée, ils comprirent aussitôt ce qui se passait.

La suite fût beaucoup plus brouillonne. Hanzo sentait le fils des évènements le lâcher peu à peu. Son visage perdait en assurance et des perles de sueurs naissaient sur son front. Au détour d’un couloir il vit devant lui deux ninjas de Kumo katana en main et un regard féroce lui foncer dessus. Hanzo fit rapidement demi-tour et ne chercha pas à pousser sa chance plus loin. Une fenêtre en bout de couloir, son épaule et un beau salto lui permirent de chuter d’une dizaine de mètres sans trop de dégât. Même si un léger craquement s’était fait entendre le long de sa nuque, il ne préférait ne pas y prêter attention pour le moment.

Les évènements et le temps jouaient contre lui. Il savait qu’il n’avait plus qu’une chose à faire pour éviter la potence et autre torture ou humiliation. Il fallait qu’il quitte le village. Il était un shinobi de Kumo, courir aux travers des ruelles sombres en pleine nuit ne lui posait pas de problème. Mais les deux gardes qui se trouvaient devant lui, devant la sortie et surtout devant sa liberté le gênaient. Il jura et cria sans même prendre le temps de réfléchir, kunai en main il déchira l’omoplate de son plus proche opposant. Il entendit un cri s’étouffait dans une gorge de sang tandis que le liquide rouge se répandait le long de ses mains. Il cria avec hargne une seconde fois voyant l’éclair blanc jaillir de la main du coéquipier du ninja qu’il venait d’assassiner. Mais Hanzo n’avait pas le temps pour un combat, il prit la dernière petite bille mauve de son sachet et la lança dans les pieds de son assaillant. Profitant du désordre le plus total, il disparut dans un bruit d’alarme effrayant avec un mélange d’émotion contenant de la déception et de la crainte.

***


Cela faisait maintenant quelques jours qu’Hanzo avait quitté Kumo dans une fuite assez spectaculaire. Il s’était tout d’abord arrêté au premier village qu’il avait trouvé sur son chemin laissant toutes ses économies dans un bain et un peu de nourriture. Il était très attaché à son aspect et pour lui cela avait été un bon investissement, même si maintenant il était obligé de voler à chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un. Mais il avait un certain honneur, une fierté de ninja, il ne volait que de la nourriture et avec discrétion. Il vivait alors comme un chien, sans domicile et dont les principes s’effritait peu à peu.

Depuis qu’il était partit du premier village qu’il avait rencontré, deux décisions étaient apparue dans son esprit. La première aurait put paraître futile et sans intérêt mais pour lui elle voulait beaucoup de chose.

Alors qu’il était assis à la table d’une petite auberge, il avait détaché son bandeau frontal observant avec une petite pointe de mélancolie dans les yeux le nuage qui avait tant représenté pour lui par le passé. Il ne savait toujours pas si c’était avec déception ou par preuve qu’il acceptait sa nouvelle vie, mais il avait attrapé un couteau et avait fait une belle rayure le long du ciel nuageux. Il savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible pour lui, il était devenu un Nuke Nin. Il aurait put s’en sortir s’il n’avait pas tué ce shinobi dans le feu de l’action, mais il ne s’en voulait pas. A ce moment là, il n’avait pas contrôlé ses pulsions preuves que même les plus forts avaient des instants de faiblesses. Il esquissa un doux sourire sur son visage redevenu propre et angélique avant de glisser le bandeau dans une de ses poches.

Maintenant, il ne voyait qu’une seule chose à faire, c’était une action peu glorieuse mais il y était obligé. Il allait fuir. Les chasseurs de primes amateur ou professionnel allaient surement partir à sa poursuite dès qu’ils auraient un semblant d’information sur lui. Il pensait avoir une infime chance de leur échapper en quittant le pays de la foudre. Il savait qu’il ne serait plus jamais tranquille mais il avait besoin de temps pour se retourner et mieux assimiler ce qui lui arrivait. Tout était allé si vite. Il prendrait alors la direction du pays de la neige non pas pour vivre mais pour survivre.

***


Hanzo marchait le pas léger sur un petit sentier abandonné. Il montait avec facilité une petite colline sur laquelle siégeait en maître un arbre. Il était rare de voir de tel chef d’œuvre de la nature dans le pays de la foudre et le jeune Nuke Nin ne se fit pas prier de l’observer avec une teinte de mélancolie dans les yeux. Une petite bise se leva tendrement alors qu’il montait en altitude, sa queue de cheval s’élevant par moment et se mélangeant au ciel bleu. Il noya son regard dans son avenir et se perdit dans des réflexions inutiles de déserteur débutant.

Ses pieds foulaient le sol dans un rythme régulier jusqu’à ce qu’un obstacle surgisse de nulle part. Un homme ? Une femme ? Il ne savait, tout ce qu’il voyait était ce corps fin portant un masque de renard. La conclusion se dessina d’elle-même dans son esprit, il avait échoué et ils l’avaient retrouvé.

L’Oi Nin décrivit les crimes qu’Hanzo avait commit. Il acquiesça d’un regard sans bouger. Tout était donc fini, sa petite vie tranquille et sa nouvelle vie souhaitait au de là du pays de la foudre. Il ne savait plus très bien comment il en était arrivé là, mais une chose était sûr, il allait lui falloir une autre mentalité pour survivre dans le monde où il s’était jeté. Car il allait bientôt affronter la mort, un combat qui deviendra quotidien et qui un jour le fera échouer.

Il soupira.

[Hanzo] – Tu devrais retourner dans ta tanière, Renard. J’ai tué, je peux recommencer.

Son regard était devenu froid et terrible. Les sourcils légèrement froncés, il faisait face avec courage et détermination.
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