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Hideo

Hideo


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MessageSujet: Bon public ...   Bon public ... EmptyDim 9 Mai - 14:06

Hideo se trouva une place confortable, un peu à l’écart du chemin principal, mais pas non plus les pieds dans le marais. Il laissa précautionneusement tomber son sac de toile, s’assit à son tour, et en sortit ce qui ressemblait fort à un petit shamisen. Il le posa doucement dans l’herbe à côté de lui, et déballa le reste de son outillage.
Autour de lui l’air était frais et humide. Il avait plus la veille, il se remettrait sans aucun doute à pleuvoir le soir même, mais le temps avait décidé d’offrir une accalmie bienvenue cet après-midi.

Hideo n’avait pas dormi les deux nuits précédentes. Lorsque le soleil se couchait, il se mettait à naviguer entre cauchemar éveillé et angoisses déraisonnées. Il n’y comprenait pas grand-chose, d’autant plus que ses journées étaient tout à fait normales, excepté qu’il ne pouvait pas fermer les yeux. Il avait retourné le problème dans tous les sens pendant ses moments de lucidité, mais tout ce qu’il savait, en fin de compte, c’était qu’il commençait à manquer cruellement de sommeil. Et tout était bon pour essayer d’oublier cet état de fait. Y compris se remettre à la musique, occupation qu’il avait plus ou moins abandonnée au cours des années précédentes.

Il gratta une fois les cordes. Comme il s’y attendait, le son était minable. Le poids des ans, de l’humidité et de la poussière avaient considérément endommagé l’instrument. Il toqua plusieurs fois sur la caisse de résonnance. Le résultat n’était pas satisfaisant non plus, alors il commença son bricolage.
Ses mouvements étaient maladroits. Après tout, il n’était pas vraiment luthier, loin de là. Il avait juste passé beaucoup de temps dans l’atelier de son père, à l’aider à réparer ses propres instruments. Est-ce que le travail du bois était sa passion propre, ou avait il seulement hérité de la passion de son père ? Dur à dire. Toujours était-il qu’il n’avait pratiquement plus touché à un instrument depuis la désertion de Takeo. A vrai dire, la musique était loin d’être la seule chose qu’il avait progressivement abandonnée…

Le contact du bois râpeux lui rappelait tant de souvenirs. Des images lui revenaient de ces longues heures passés à construire ses premières flutes. Les coupures et râpures qui en avaient découlé. Les félicitations qu’il avait reçues. Tous ces moments qui appartenaient désormais à une autre époque. Une sensation étrange lui remonta dans la gorge, mélange de regrets et de nostalgie auquel il n’était pas habitué. Le gros du traumatisme ayant été enfoui depuis longtemps, c’était en grande partie à cause de cette sensation qu’il n’avait plus osé toucher aux vieux instruments qui s’empoussiéraient doucement sur ses étagères.

Hideo se passa la main sur le visage, essayant vainement d’atténuer les cernes creusés par la fatigue. Il s’efforçait de ne plus penser à tout ça. Il était trop conscient que c’était ce genre de réserve angoissée qui l’avait retenu ces derniers mois et qui, s’accumulant doucement mais sûrement, l’avaient conduit là où il en était à présent. Inconsciemment, il devait s’imaginer que se remettre à la musique était un moyen de faire enfin son deuil et d’accepter de prendre un nouveau départ. Par extension, peut être était-ce un moyen de retrouver le sommeil.

Le garçon termina son petit travail. Il avait placé une sorte d’étau sur la coque du shamisen pour bloquer un fragment qui menaçait de se détacher. Le son allait probablement en être gravement altéré, mais il ne pouvait rien y faire sur le moment. Il prit une longue inspiration.

Autour de lui, tout était calme. Peu de passants avaient osé s’aventurer dans le parc alors que le temps menaçait de virer à la pluie drue à n’importe quel moment. Il y avait tout de même quelques promeneurs, mais on sentait à leur démarche qu’ils ne s’éterniseraient pas. Tant mieux, Hideo n’avait pas besoin de public cette fois ci.

Il souffla dans ses mains fermées pour réchauffer un peu ses doigts, et se mit à jouer. Il plissa immédiatement les yeux ; le son était aussi désagréable qu’il se l’était imaginé. Mais il ne fallait pas se voiler la face : le plus gros problème avec cet instrument, c’était celui qui en jouait. Ses doigts étaient malhabiles, et il peinait à retrouver ses accords. La musique avait beau être hachée, désordonnée, souvent fausse, toujours était il que rejouer un peu lui faisait le plus grand bien.
A mesure qu’il se reprenait, faisait de nouvelles fausses notes ou corrigeait son rythme, il se renfermait sur lui-même, imperturbable, insensible au vent qui se levait et aux premières gouttelettes qui s’écrasaient discrètement sur ses cheveux.


Dernière édition par Hideo le Dim 9 Mai - 20:42, édité 1 fois
Hanako Tanaka

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MessageSujet: Re: Bon public ...   Bon public ... EmptyDim 9 Mai - 18:51

Kiri était en ses mauvais jours, les jours où la pluie se mêle à la brume pour créer un sinistre décor. C’était un décor trop triste pour les envolées lyriques de la vagabonde. Même si le village l’avait autorisée à errer dans ses rues, elle ne lui avait pas conférer un toit, ce qui fait que la nuit lui sembla très longue, sous ces torrents d’eau fraîche. Elle avait de ce fait très peu dormi, tiraillée entre le froid, et la peur des loubards qui prenaient les reines de la ville nocturne. Elle avait assisté à la plus longue nuit de toute sa vie. Trempée et tremblante, la jeune femme avait passé sa matinée à se cacher des moqueries des gens.

Elle ressemblait vraiment à une mendiante… Les cheveux pleins de l’humidité de la nuit lui collaient à la peau. Raides et épaissis par l’eau, ils semblaient sales, ce qui lui donnait un air très négligé. Ils cachaient en grande partie son visage, ce qui lui donnait un côté un peu mystérieux, mais dans le sens plus péjoratif du terme… Ses quelques vêtements, déjà très peu nombreux sur sa peau, étaient pleins de poussières et d’eau, ce qui la collait, lui moulait le corps. Le seul tissu long qu’elle possédait, c’était sa longue cape transparente, qui cette fois, lui servait plutôt de cocon vu la proximité qu’elle avait avec son corps. Elle ne jouait plus avec les souffles du vent, au contraire, elle les fuyait.

Mais après la pluie vient le beau temps…

Dans le village de la brume, la jeune femme avait baissé là capuche de sa cape sur sa tête, honteuse de n’être que dans une condition d’errante, le genre de femme qu’on n’approche pas, car elle effraie plus qu’elle n’attire. Pourtant, c’était une belle femme, mais elle n’était pas du tout mise en valeur, bien au contraire… On l’imaginait come un véritable monstre, elle qui autrefois, avait posé son baluchon pour revoir des connaissances. Aujourd’hui, quoiqu’il en soit, elle jouait la mauvaise herbe dans le magnifique parterre fleuri…

Elle avait beau être pleine de qualités, les gens n’en avaient rien à faire. Son physique aurait pu être la seule chose qui aurait pu la rendre attractive, seulement, vivre dehors n’aide pas à l’entretient de son physique. Sa culture ? Cela pouvait-il intéressé quelqu’un ? Elle était bien la seule à chercher à comprendre tout ce qui pouvait composer le monde, mais on se moquait bien plus souvent de ses questions que l’on ne lui répondait sérieusement. La seule qualité que les autres lui trouvaient, c’était son mutisme. Quelqu’un qui ne peut crier n’est pas quelqu’un apte à se défendre, ni quelqu’un qui pourra nous lasser… C’était vraiment de la peur qu’elle ressent. La colombe qui imaginait la vie comme une belle utopie, se rendit compte, à son réveil, qu’il avait une autre couleur que celle qu’elle espérait. Elle n’était pas aveugle, mais c’est vrai, sa vue était profondément altérée par ses vues oniriques de la réalité.

Elle glissait dans la rue telle une ombre, le regard rivé sur le sol. Ses doigts glissèrent sur des barreaux métalliques d’une froideur incroyable. Surprise de ne plus caresser le bois des façades ou les roches sablonneuses, elle leva le nez vers le ciel, pour apercevoir une haute grille qui annonçait l’entrée d’un jardin botanique, ou d’un parc, tout dépend de la vision de chacun. Intéressée, elle s’engouffra dedans, le souffle haletant, cherchant un peu de repos. La vagabonde ne suivait pas les chemins, elle marchait plutôt dans les lieux boueux cachés par les plantes, pour ne pas avoir à être dévisagée par les passants. Quelle vie…

Shin était une femme plutôt sensible, et toute cette agitation n’était pas très bonne pour son moral. A bout de souffle, elle se laissa tomber aux pieds d’un arbre, le dos appuyé contre l’écorce solide. Elle voulait écouter la vi de cette créature aussi muette qu’elle : comment sa sève glissait en son sein pour l’irriguer, comme son sang le faisait chez elle. Elle aurait presque préféré naître de feuille et de bois, car elle trouvait son existence bien injuste.

Pendant ce temps, dans le parc, un jeune homme prenait place dans l’herbe, seul. Cependant, il ne fuyait rien, lui. Curieuse, l’errante écarta les feuillages des buissons pour regarder ce qu’il faisait là. En effet, quelques sons prirent en otage toute son attention. Il jouait ?

La muette portait un intérêt plus que fusionnelle à la musique, c’était on seul moyen d’expression… Aussi étonnant que cela puisse paraitre, lorsqu’elle soufflait dans un instrument, ou qu’elle laissait ses doigts caresser les cordes fines, quelques soient les origines de l’instrument, les notes qui en ressortaient se faisait comprendre comme si c’était des syllabes. Même si la mélodie qui ressortait du jeune homme semblait un peu torturé par l’âge et les conditions de son instrument, Shin n’arrivait pas à se détourner de ce personnage. Peut-être serait-il l’une des rares personnes qui seraient apte à la comprendre ?

Tentée par l’idée qu’il puisse le faire, elle glissa sa main dans sa sacoche pour en sortir une flûte qu’elle avait elle-même taillé dans un vieil arbre d’Oto no kuni. L’objet était très travaillé, elle l’avait sculpté avec tout son cœur et toute sa maitrise d l’art. En effet, peu importe ce qu’il en est, la jeune femme porte un intérêt pour tous les arts, et elle les pratique activement. Dans des carnets, elle garde une trace de tout, l’illustrant, écrivant les histoires, les légendes, et calligraphiant lorsque son envie devenait trop forte pour qu’elle puisse s’en empêcher.

La jeune femme apporta la flûte au bord de ses lèvres, et ses yeux se closent. Ses doigts glissèrent au bord de chaque clef, avant de commencer à souffler timidement. La mélodie qui s’en réchappa était assez intrigante, une sonorité qui ne venait pas du tout de ce village. Elle apportait plutôt l’envie de voyager, comme si on voyageait aux racines même de la musicienne…


Hideo

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MessageSujet: Re: Bon public ...   Bon public ... EmptyDim 9 Mai - 21:36

A mesure qu’il pinçait les cordes du shamisen, les rythmes et les accords de son enfance lui revenaient, et à mesure qu’il retrouvait ses anciens réflexes, ses doigts dansaient de plus en plus vite sur l’instrument. Un passant qui aura laissé trainer son oreille par là ne se serait certainement pas arrêté, car la musique n’avait rien de beau. Elle était brouillonne, peu maitrisée. Le garçon alignait les fausses notes avec régularité, et la piètre qualité du luth ne l’aidait pas. Mais pour lui, ça n’avait que peu d’importance. Le plaisir de jouer était toujours là, malgré ses craintes, et c’était ce qui comptait le plus.
Dans sa tête, la mélodie désaccordée se superposait aux chansons que jouait souvent son père. Et il y donnait aussi de sa voix ! Hideo n’avait cependant nulle envie de chanter lui-même. D’abord, il n’était pas en état de synchroniser ses doigts et ses cordes vocales. Mais en réalité, il n’avait jamais manifesté d’intérêt pour le chant.
Depuis tout petit, il était fasciné par le talent de son père. Fasciné par sa capacité à fabriquer de belles choses, fasciné par ses qualités mélomanes, fasciné par sa vie trépidante de shinobi, fasciné par sa voix qui savait se faire douce ou puissante selon l’humeur. Comme tout enfant, il avait imité ses parents en tout point, excepté un. Il ne se l’expliquait pas, mais peut être avait il simplement voulu laisser à son model un domaine quasi sacré d’excellence. Peut être ne voulait il pas apprendre le chant uniquement pour pouvoir rester fasciné par les prouesses de son père…

Hideo sursauta presque. Depuis combien de temps ne jouait il plus seul ? Il l’ignorait. Il ne s’était pas rendu compte du son mélodieux qui se s’était discrètement mêlé à son propre air. Bien entendu, surpris, il arrêta brutalement de jouer, et le shamisen ainsi torturé lâcha un « shtoinnng » des plus disgracieux.

Il se retourna tout aussi brusquement, et aperçut à une certaine distance la personne responsable. La surprise céda immédiatement la place à une certaine curiosité. L’accoutrement de la nouvelle venue contrastait en effet nettement avec ce qu’il voyait habituellement dans ce parc.

Vaguement inquiet, il passa un certain temps à dévisager la jeune femme. Elle avait tout de la mendiante classique, excepté le visage. Il n’était pas sûr de distinguer nettement les traits de la voyageuse, mais il lui sembla qu’elle était plus jolie que la moyenne des sans abris du parc. Et puis, il y avait cet instrument. Hideo n’avait jamais rien vu de tel, ni n’en avait entendu parler. Le son aussi était très différent de ce à quoi il était habitué.

Il passa encore quelques instants à fixer la jeune femme de son œil valide, avant de se rendre compte qu’elle semblait aussi déstabilisée que lui. Alors il hésita. Il hésita car, pour commencer il n’était pas bien sûr de savoir ce que la convention sociale exigeait en cet instant. D’autre part, son premier réflexe n’était pas de faire confiance à une inconnue drapée dans des fripes sales…
Mais au fond, qu’avait-il à craindre ? Pas grand-chose, non pas parce qu’il était convaincu qu’il pouvait se défendre, mais surtout parce qu’il ne voyait pas bien qui chercherait à lui faire du tord dans ces conditions.

Alors il fit ce qui lui sembla le plus naturel : il recommença à jouer. Il était nerveux d’avoir un public, et cela se sentait. Les accords étaient plus secs, plus rapides, et encore un peu moins élégants qu’auparavant. Mais il se concentrait et s’appliquait.

Il avait choisi de jouer un air assez entraînant. C’était l’un des morceaux les plus joués par son père, qui croyait qu’il s’agissait là aussi d’un des favoris de son fils. Il se trompait, mais Hideo n’avait jamais eu le cœur à le lui dire. Toujours était-il qu’il s’en souvenait bien, et il était capable d’assurer au moins une performance honorable devant son auditoire. Auditoire qui ne resta encore une fois pas passif très longtemps : la jeune femme se mit bientôt à l’accompagner à l’aide de son instrument original.

Elle ne connaissait pas l’air, et pourtant sa mélodie vint s’ajouter à celle du garçon sans heurt, avec une douceur et une volupté qui contrastaient nettement avec le style si nerveux du genin. Elle improvisait sans doute. Et Hideo aurait été bien en peine de dire si leurs jeux respectifs s’unissaient en une partition sincèrement audible ou non. Il était trop occupé à s’efforcer avec un succès mitigé de faire moins d’erreurs. Mais ces doigts engourdis par le froid ne lui laissèrent pas ce loisir.

Le garçon était heureux. L’accompagnement de la flute lui communiquait un enthousiasme rare, qu’il essayait de reporter entièrement dans sa musique. Il n’avait plus froid, et il oublia complètement l’averse qui menaçait de plus en plus. De ce monde il ne percevait plus que trois choses : le contact coupant de ses doigts sur les cordes, et les mélodies jointes de deux instruments qui n’étaient jamais supposés jouer ensemble.

Il parvint au terme de son morceau, et le relâchement qui s’ensuivit lui fit pousser un long soupir. Cette musique lui avait fait un grand bien, et même si ses petites angoisses revenaient à présent encombrer l’esprit du garçon, il se sentait beaucoup plus serein.

Il se tourna vers la jeune femme :
« Salut, je m’appelle Hideo. »

Hanako Tanaka

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MessageSujet: Re: Bon public ...   Bon public ... EmptyDim 9 Mai - 22:51

La jeune femme était dans une transe visible. Ses yeux clos la coupaient totalement des environs. Elle était dans un autre univers, plus onirique, plus créatif, tout simple, plus à elle. Shin était dans une communion totale avec ce qui substituait sa voix perdue. Ses doigts caressaient le bois d’une façon instinctive, comme s’ils guidaient la mélopée. C’était eux qui cherchaient à improviser sur la mélodie du jeune homme. Tous ses muscles s’étaient relâchés, et l’hostilité qu’elle fuyait avait complètement disparu de sa tête. Elle était là, simplement, en phase avec l’art qui lui était le plus important. Elle peignait les notes des doigts, colorait leur son de ses lèvres, à la recherche d’un exutoire à ce monde trop dur.

Selon les rythmes et les variations du son, elle s’imaginait un décor, totalement différent de celui-ci, réinventant le plus petit détail dans un souci de douceur. Peut-être s’emportait-elle un peu, puisqu’au final, elle ne suivait plus tellement les consignes jouées du Genin, elle était partie dans un ailleurs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle continua de jouer alors que lui, avait cessé… Cependant, elle revint rapidement à la réalité lorsque, tout d’un coup, elle entendit la voix du second passionné.


[Hideo] : « Salut. Je m’appelle Hideo. »

Elle ouvrit les yeux, laissant sa flûte siffler une tendre agonie, et remarqua qu’il s’était tourné vers elle. Un peu paniquée de voir qu’on s’occupait d’elle, elle se releva hâtivement et chercha à reculer, cependant, elle sentit l’écorce brute se heurter à son dos. Confuse, elle baissa la tête… Il ne l’avait pas agressée, sa réaction avait été bien impulsive. Malgré ça, même avec toute la bonne volonté qu’elle pouvait avoir, elle ne pouvait pas lui répondre. Serrée dans ses habits trempés, elle croisa ses bras autour de sa taille, comme pour se faire encore plus petite. Ses cheveux encore pleins d’eau ne bougeaient pas de l’encadrement de son visage. Ses yeux saphir fixaient le sol avec un air presque apeuré.

« Hh… »

Elle aurait aimé connaitre le timbre de sa voix… En savourer ses délices sucrés, ou salés, ou se combler de sa nuance, dans les tons froids, dans les tons chauds… Mais elle ne le pouvait pas. Un souffle du vent vint jouer avec son corps frêle. Sa fraîcheur, mêlée à l’humidité de sa peau la fit frissonner…

* Je ne sais vraiment pas quoi faire… Hideo ? Il n’a vraiment pas l’air hostile, mais, je ne vois vraiment pas comment faire… *


Il y eut un profond silence. Elle était vraiment gênée, jamais on ne lui avait adressé la parole, que fallait-il faire, avec un tel handicap, pour ne pas paraître rustre et sans manière ? La confusion lui monta le rose aux joues, tandis que ses lèvres, à cause du froid, tendaient vers le violet.

Son visage était une véritable palette de couleurs, toutes plus nuancées les une que les autres. Elle releva ses grands yeux bleus vers le jeune homme et le fixa. Sans bouger autre chose que ses bras, elle replaça sa flûte dans sa sacoche, et sortit un crayon et un petit carnet insignifiant. Elle ouvrit ce dernier, et sans quitter Hideo du regard, elle commença à l’esquisser.

Elle traçait les courbes de son visage, posait les traits important, plaçait les ombres… Elle ne m’y pas longtemps à finir son portrait… Après avoir cloturé sa page d’une légende, elle ferma le carnet d’une main pour le ranger, et ainsi repprendre sa flûte. Elle commençait à devenir énigmatique…

Sans quitter Hideo du regard, elle sourit, brièvement, avant de glisser le bec de son instrument au bord de ses lèvres. Il fallait qu’elle essaie quelque chose. Après tout, elle venait d’Oto non ? Elle devait bien être capable de quelques petits tours de passe-passe… La jeune femme se concentra plus sur les vibrations que sur les notes qu’elle allait jouer. L’intérêt pour elle était simple : substantiver sa voix à l’aide de la musique… La jeune femme commença à jouer, l’oreille figée sur l’inaudible. Le travail des variations sonores n’étaient pas pour elle quelque chose d’îné, elle l’avait beaucoup trvailler, mais jamais elle n’avait chercher à voir si cela marchait. Aujourd’hui, elle aussi avait un public.


Peu à peu, les notes se changèrent en syllabes… Elle se forçait pour obtenir un résultat convainquant en espérant que son auditeur cherche à comprendre ce qu’elle voulait lui faire passer…

* Il n'est pas simple pour moi de me faire comprendre... La voix me fait défaut... *
Hideo

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MessageSujet: Re: Bon public ...   Bon public ... EmptyLun 10 Mai - 16:49

Hideo resta ce qui lui parut être un long moment immobile, dans l’expectative. Il s’était présenté, et attendait naturellement que la jeune femme en fasse de même. La situation le gênait énormément, et il commençait à se demander ce qu’il avait fait de mal pour que son interlocutrice se sente visiblement aussi mal. Il était sur le point de bredouiller une excuse inintelligible quand il comprit soudain de quoi il retournait.

« Oh… » Lâcha t’il pour lui même, soudainement beaucoup plus serein. Tu es muette, ajouta t’il mentalement. Ce n’est qu’à se moment qu’il remarqua plus précisément les mimiques nerveuses de la voyageuse, et qu’il entendit les sons peu convaincus qu’elle parvenait péniblement à produire. Muette, ou elle lui jouait une drôle de comédie… mais il ne pensait pas sérieusement qu’elle cherchât à l’abuser.

Le genin se surprit à sourire de l’ironie de la situation. Il avait en face de lui une personne qui ne pouvait s’exprimer normalement, et pourtant il lui avait semblé avoir partagé avec elle plus qu’il n’avait partagé avec quiconque ces deux dernières années. Et d’un coup, il se mit à regretter sincèrement d’avoir abandonné la musique tout ce temps. Il se serait volontiers passé des souvenirs qui lui étaient revenus, et de la nostalgie qu’il avait éprouvée, mais le jeu en valait largement la chandelle. Dommage qu’il ne s’en soit rendu compte qu’en et instant…

« … as simple… me fai … rende... a oix me fait …éfaut... »

Hideo sortit de sa rêverie en sursautant. Il reporta brusquement toute son attention sur la voyageuse. Avait-il bien entendu ? Non, il avait dû rêver. C’était impensable ! Et pourtant, à mesures que les secondes s’écoulaient, il se repassait en boucle ce qu’il venait d’entendre et il se résignait à y croire. Quant à savoir comment elle s’y était prise, c’était une autre paire de manche. Hideo doutait de réussir à le comprendre, même si on le lui expliquait dans les détails.

Il se raidit. Une telle habileté n’était pas atteignable par des moyens conventionnels, et la jeune femme ne portait pas le bandeau de Kiri. Même si elle paraissait résolument inoffensive, la petite démonstration qu’elle venait de lui donner ne le mettait pas du tout à l’aise. Il était cependant un peu tôt pour tirer la moindre conclusion. L’enfant parvint à garder un peu de sa contenance, et répondit à la voyageuse sur un ton qui se voulait naturel.

« C’est … C’est impressionnant. J’ignorais qu’une telle prouesse fut possible. J’ai ... compris ce que tu voulais dire. Je crois. Tu es muette, c’est ça ? »

Son handicap ne devait pas lui poser de grands problèmes si elle était capable de s’exprimer au moyen d’une flute. Hideo se rappela alors l’expression qu’il avait cru lire sur son visage depuis le début, et il se ravisa. Non, il ne pensait pas que la jeune femme se soit souvent autorisée à démontrer ce genre de savoir faire, bien au contraire. Cette pensée, qui au fond ne reposait sur rien de tangible, lui redonna malgré tout une certaine confiance.

C’est ce moment que la pluie choisit pour venir troubler la rencontre. Hideo fut surpris par le « plic ploc » des grosses gouttes qui s’écrasaient sur la caisse de résonance de son instrument. Il enfourna sans ménagement le shamisen dans son sac de toile, pour l’y protéger de l’eau, et leva les yeux au ciel. C’était une averse comme il y allait en avoir beaucoup ces prochains jours. Elle ne durerait sans doute pas longtemps, mais il valait mieux s’abriter.

Le genin se leva, adressa un dernier regard à la voyageuse, et fit mine de partir. Mais il s’immobilisa, hésitant…
Elle était abritée, elle. L’arbre sous lequel elle se trouvait était assez grand et assez feuillu pour les protéger tous les deux de l’averse, s’il décidait de la rejoindre. Cependant, il pouvait aussi profiter du prétexte pour s’échapper et éviter ce qui pouvait rapidement tourner au moment gêné duquel aucun des deux protagonistes ne tirerait rien. Après tout, il ne la connaissait pas du tout, ignorait ce qui l’avait poussée à venir ici et à sortir sa flute étrange devant lui. D’autant plus qu’il ne manquait pas de choses à faire.

Il aurait dû rentrer chez lui, mais la curiosité fut plus forte. Il fit demi-tour et alla s’abriter sous le même arbre que la jeune femme. Il avança en évitant soigneusement de croiser son regard, s’installa entre les racines, et croisa les bras. Il ne s’était pas assis à côté d’elle, ni non plus de l’autre côté du tronc.

Qu’allait il résulter de ce choix impulsif ? Il l’ignorait, et c’était ça qui était bon.
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