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 Une lumière s'éteint.

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Senjago Azami

Senjago Azami


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MessageSujet: Une lumière s'éteint.   Une lumière s'éteint. EmptyDim 22 Aoû - 1:44

Chapitre 1 : Les Sables de Taka

Il est de ces choses que l'on aimerait ne jamais perdre.
Toujours connaître et ressentir cette joie et exaltation, omniprésente, familière et ... éternelle ?

Daiki est un homme simple, et humble. Du haut de ses presque deux mètres, son regard bienveillant est empreint de sagesse et clémence. Paysan, il n'en reste pas moins fort, et ceux qui ont osé un jour menacer tout ce à quoi il tient, l'ont payer de leurs os brisés. Ivre de liberté, il n'en reste pas moins attaché aux quelques terres qu'on lui a offert, à sa femme qu'il aime tendrement, à sa communauté qui l'apprécie pour la personne qu'il est et représente. Malgré cela, Daiki reste un homme. Et comme tout homme, une fois le voile des ténèbres tombé, certains démons ressurgissent, des plus profondes abîmes ...

Un éclat solaire l'aveugla. Une seconde. Une longue seconde. Une seconde qui suffit pour l'attirer dans une autre réalité. Une réalité qui n'a lieu d'être. Clignement des paupières, il secoue la tête, et perd de nouveau son regard dans le flot de pièces d'or s'offrant à lui. Des plans et des plans occupés uniquement par de beaux épis, à la couleur du miel le plus intense, appétissant, fruits d'un dur labeur. Un sourire s'étira finalement son visage, alors qu'il tâtait agréablement le blé, de ses doigts usés par le travail et les intempéries.

La récompense d'un assidu entretien s'offrait à lui, et il ne pouvait en être que satisfait. Il lui avait fallu cinq années entières, avant d'atteindre ce résultat. Et il n'aurait jamais réussi, sans l'aide d'Etsu, sa compagne amante et aimée, ni de celle de ses désormais amis et camarades, qui lui avait offert toute aide possible. Cinq années dures, mais cinq années pleines et complètes. Il ne s'était jamais senti aussi vivant qu'à ce moment là, jamais aussi libre et accompli.

Daiki est un homme comblé.

Avant d'entreprendre cette vie, il se sentait oppressé, étreint par les fers de la servitude, esclave d'un dessein qu'il ne suivait et n'approuvait pas. Il s'était libéré, malgré un prix bien trop élevé. Mais il n'y pensait plus, et n'y penserait sûrement jamais. Il avait fait le bon choix, il s'en était convaincu après des mois et des mois d'auto-persuasion. Après des mois et des mois avec Etsu, sous les couvertures, à danser follement toute la nuit. Il n'y pensait plus, et pourquoi le ferait-il ?

Il est stupide de penser à un fait accompli.

Un rouge intense commença à teinter la voûte céleste, embrumé quelque peu par une masse nuageuse. On aurait dit un visage, dépressif, dont les larmes tomberaient en chœur, dans une symphonie mélancolique et pourtant silencieuse. Mais Daiki n'était pas sensible à la beauté de ce spectacle, et ce fut un *Putain, il pleut.* qui émergea dans son esprit, alors qu'il trottait de retour à son logis.

Il était trempé, au moment où il poussait la porte de son foyer. Les gouttes perlaient sur son visage, ses mèches brunes, le bout de ses manches, s'écrasant sur le sol. Le bruit de succion, des semelles rencontrant la boue, s'était éteint au moment où ce fut un sol ferme et de bois fait qu'il commença à fouler. L'odeur aurait peut-être dû l'alerter, oui. Cette odeur métallique, qu'il avait pourtant fait en sorte d'oublier. Le silence, lourd et anormal à cette heure de la soirée, annonçait un funeste présage.

Pourtant, il avance vers le salon, insouciant.

Et il écarquilla les yeux, de simple surprise.
De l'étonnement, uniquement. Pas de l'effroi, habituel dans ce genre de situation, non, juste de l'étonnement. Il n'y croyait pas en fait. Il se pensait dans un rêve, songe bien trop cauchemardesque pour représenter la réalité. Ce n'était pas possible, en fait, mais pourtant, il ne pouvait s'y résoudre. Alors, il fit ce qu'il faisait habituellement, à cette heure de la nuit : Il se laissa tomber sur sa chaise à bascules, et alluma sa pipe, avec la minutie de toujours, avec un flegme surprenant. Il en tira une bouffée, les saveurs de l'alcool s'insinuant en elle.

Etsu est allongée sur le sol, exsangue, baignant dans son sang.

Malgré le morbide de la scène, il était ce qu'il y avait de plus paisible sur un océan déchaîné. Il tira une autre bouffée, tranquillement, les yeux clos. Le cauchemar était bien trop réel. Et rien de tout ça n'avait l'air réel. Pas même cette haleine fétide de pourriture, donnant des nausées. Non, tout cela n'avait rien de réel. Pas même cette pression qu'il sentait sur le dos du fauteuil, bloquant tout mouvement, cette pression d'une personne appuyée contre le meuble. Les silences passèrent, longuement.


- On n'échappe pas à son passé, Kokuro, jamais.

La voix résonna, finalement, faiblement. Une voix féminine où aucune note de sentiment perçait, une voix qui s'éteignait dans un lieu que la lumière avait abandonné. Une voix qu'il associait à un visage, à une personne.

- Je t'ai connue plus humble, Azami.

Ce fut quelque chose de simple, mais de tellement adapté, prononcé sur une voix neutre.
C'était inutile, il le savait. Il avait eu assez d'occasions de la fréquenter pour savoir quel était son dessein. Et quelle serait sa finalité, maintenant.


- Allez, finissons-en, petite pute. Retourne moi aux sables de Taka.

Et même dans cela, alors qu'il se levait et reprenait la carrure d'un homme qu'il avait délaissé, il n'avait mis aucune animosité dans la voix, même après ce qu'elle avait fait.
Il s'effondra sur ses genoux, sujet à une douleur déchirante aux côtes, avant qu'une nouvelle douleur, la morsure froide et glaciale de l'acier dans son torse, le cloue au sol, s'effondrant juste à coté de sa belle et morte compagne.

Si c'était un rêve, il ferait mieux de se réveiller, et vite.
Sinon, il n'avait plus qu'à mourir, vite aussi.

Elle avait de beaux cheveux, pensa-t-il, avant de sombrer dans les ténèbres éternelles.
Senjago Azami

Senjago Azami


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MessageSujet: Re: Une lumière s'éteint.   Une lumière s'éteint. EmptyLun 23 Aoû - 3:50

Chapitre 2 : Une jouvencelle aux cheveux d'été

Instant éphémère en lune de nuit
Diaphane éclat relègue l'ennui,
Ombres s'entrelacent, uniques,
Font place à la scène, sublime.

Citation :
A en croire les gens, quelque chose ne tourne pas rond chez Azami. Elle repousse le contact humain autant que possible, mais protège avec un zèle frôlant le fanatisme Konoha et ses habitants. Quelque chose s'éteint à l'intérieur d'Azami quand elle tue, de sorte que les vies auxquelles elle met un terme ne pèsent pas sur sa conscience. Il était tout naturel de lui confier ces quelques missions particulières, ainsi que la charge d'Oï-nin. Azami est plus qu'une kunoichi, c'est un assassin sans remords.

Le sourire souhaitait germer sur mes lèvres. En vain.
Je n'y arrivais définitivement pas. Les quelques lignes écrites à l'encre noire me laissaient pantoise, ou tout du moins aurait-ce été l'état normal dans lequel j'aurais dû être.
Je n'arrivais pas à me mettre en colère, en fait. Je ne trouvais rien à redire sur tout cela. C'était, après tout, juste une vérité, un fait.
*Quelque chose s'éteint à l'intérieur d'Azami quand elle tue*, *assassin sans remords* ... Quelque chose en moi aurait souhaité crier avec rage que c'était faux, qu'ils disaient de la merde, qu'en fait on me réduisait à un être dénué de conscience et qu'on m'utilisait à la manière d'une lame.
Mais je ne trouvais rien à y redire, c'était le cas. Je suis kunoichi.
Cette simple affirmation ne faisait que confirmer l'inéluctable vérité.
Et, Dieu, que c'était désagréable, dégradant.
Mais je n'y trouvais toujours rien à y redire. Cet engagement, ma condition ... Je les connaissais depuis toujours, implicitement. Depuis que je m'étais engagée, même. Mianzo et moi en avions discuté il y a un lointain jour, sur le toit d'un lieu d'enseignement. Koga, si bavard avant, à la parole si réfléchie désormais, connaissait cette condition, aussi, même si jamais il nous avait partagé son point de vue sur le sujet.
Nous savions tout trois à quoi nous en tenir, et il est vraisemblable que nous tous, dans le corps du métier, en avions conscience.

Par contre, je doutais beaucoup que les autres soient qualifiés d'*assassins sans remords*.
Ça me dérangeait beaucoup plus que ça ne l'aurait dû. Presque obsessionnel.
*Assassin sans remords*, cette impression pesante qu'on m'enlevait le peu d'humanité qu'on m'accordait.
*Assassin sans remords*, qui fait tellement écho à l'image que les autres ont de moi, à la créature jamais souriante, jamais agréable, que j'expose au monde extérieur.
Pourquoi ça me dérange tant, en fait ?
C'est mon choix, un choix pratiqué par honneur et loyauté. J'ai jurée de donner ma vie pour Konoha, de la servir jusqu'à mon dernier souffle, d'être une arme au service de la vertu.

Pourquoi ça me dérange tant, alors, qu'on dise de moi que je suis *un assassin sans remords*, hein ?
Je n'ai aucun remord à supprimer la vie d'êtres gênants, c'est un fait. Aucun mort n'est venu hanté mes nuits, au grand jamais je me suis remise en cause sur le bienfait de mes actions. Je fais cela pour le plus grand bien, pour la justice et la droiture.
Il n'y a de clémence à avoir sur cette voie. Il n'y a de pitié à accorder sur cette voie.
Le faible ne mérite pas mon attention, le fort n'est juste qu'un adversaire de plus à affronter. A vaincre. Et à tuer, si il s'oppose à l'ordre et la justice.

Non, il n'y a aucune angoisse à avoir quant à cette description.
Je suis l'assassin sans remords de Konoha, et ainsi continuerai-je à l'être.


oO~*~Oo


Le regard posé sur cette cohue de jeunes étudiants est impassible, à son habitude.
J'aime beaucoup regarder les yeux de ceux qui passent devant moi, m'ignorant complétement, me jetant un coup d'œil curieux ou peureux, ou tout simplement regardant le néant, guidé pourtant vers une destination bien précise.
Mes lèvres s'attardèrent un moment sur la bordure de mon gobelet, où un bouillant et sombre liquide aux relents amers persistait, distraites, avant de finalement se tremper et se brûler sur le liquide corrosif. Mais revigorant.
Le contact dura quelques longues secondes, sans que la douleur surgisse. Puis, cinglante, elle se manifesta, et mes nerfs meurtris entrainèrent une réaction normale : L'éloignement du récipient de la zone blessée.
Une grimace se dessina, nonchalante, alors que je reportais mon attention sur le flot presque ininterrompu, comme si un barrage venait de céder, d'élèves en partance vers leurs cours respectifs.

On apprend beaucoup avec un regard.
Un regard fuyant est le propriétaire d'une personne lâche, et sans confiance. Un regard fixe est l'attribut du fort, du déterminé, du courageux et loyal.
Les regards sont plus bavards que des lèvres, expriment une myriade de sentiments qu'une voix ne pourrait qu'envisager. Et un regard ne ment pas, jamais.
Sauf certains, ceux des assassins sans remords. Tiens, ne serait-ce pas le mien par hasard ?
Le cynisme de mes pensées m'aurait arraché un sourire, si je n'avais été si peu habituée à cet acte pourtant commun pour la majorité des êtres humains. Une histoire qui date d'il y a longtemps. Je me méfie de l'hilarité.
Un soupir remplaça le sourire qui aurait dû naître. J'étais douée pour les soupirs, ça, par contre, on ne pouvait le contester. De la lassitude s'exprimait à travers celui-ci, accumulée depuis que j'étais sortie de convalescence. Une lassitude en rapport très direct avec mon affaiblissement si fulgurant, si ... tellement ... soudain.
Je me sens dépossédée de l'unique chose sur laquelle j'avais une quelconque influence.
J'en suis attristée, attristée comme je ne l'ai été que lors de mon entrée à l'académie, et avant, face aux membres du Clan ...


- Tu glandes encore, Zaza' ?

Les sonorités moqueuses ne pouvaient appartenir qu'à une seule personne.
Je tournais la tête sans me presser, pour constater un joyeux visage, au regard malicieux et pétillant, très familier. Mianzo Nara, m'adressant un signe de la main, un large sourire aux lèvres.


- Et si t'arrêtais de sourire ? Les insectes vont finir par croire que ta bouche est leur nid. Répliquais-je, sarcastique.

- Ta sollicitude me touche, vraiment. Mais en fait, j'ai pas trop de temps, et si je ne m'abuse, toi non plus. J'tenais juste à te faire un petit cadeau, sans importance.

Et sans plus, dans un clin d'œil, il déposa sur mes genoux un paquet allongé, enveloppé par un sac plastique blanc, opaque. C'était soudain.
Même pour lui, c'était trop soudain. Je n'étais réellement pas habituée à ça. Et je restais quelques secondes, statiques, bien après son départ.
Je secouais la tête, battais des paupières, puis me ressaisissais. Mianzo venait de m'offrir un cadeau, alors qu'il n'y avait rien à fêter. Et le connaissant, ce quelque chose occulté n'était sûrement rien de plus qu'un objet destiné à se moquer de moi, gentiment certes, mais à se moquer de moi. Dans ce domaine, il était clairement le plus doué, et d'une infime subtilité qui plus est. Je ne tardais pas à retirer le paquet du sac, puis à déchirer l'emballage, pour faire face à un souvenir quelque peu ... désagréable ?

Le biwa, sorte de luth à manche court, était visiblement de bonne facture. Il ne portait aucun ornement, aucune gravure, mais l'on notait le travail expert d'un maître-artisan.
Mais elle ne le nota pas sur le coup, ce fut juste un agacement qui l'envahit. Elle savait parfaitement pourquoi il lui avait offert ça, et c'était pour se moquer de ses talents artistiques, piètres il fallait l'avouer. La tentation de réduire en un informe tas de brindilles l'instrument fut puissante, mais la pulsion fut maîtrisée. Elle le briserait sur son crâne une fois qu'elle l'aurait retrouvé.

Dans un nouveau soupir, je me levais avec difficulté, le poids de ma plaque ralentissant mes mouvements, avant de me tenir droite comme un piquet. Puis de diriger mes pas en avant, vers le dédale de couloirs labyrinthiques de l'Académie.

La chaleur ou la plaque, les deux facteurs combinés peut-être, firent qu'à mi-chemin, je m'arrêtais, et me posais sur un banc d'une cour intérieure. Ces deux même facteurs firent que mon regard croisa l'instrument destiné à être fracassé. Puis, il y eu une hésitation. Pourquoi ne pas essayer de gratter cette corde là ? Et pourquoi pas bloquer celle-ci ?
Jusqu'à ce que mes doigts, débarrassées de lourds gantelets, jouent une mélodie quelque peu tristounette, entraînante, de celle qui donne à la fois envie de pleurer et danser, et ce avec un habile doigté. Pourquoi cette mélodie, me demanderez-vous, que je ne pourrais vous donner aucune réponse concrète. Mon état d'esprit ne semblait pas être adapté, peut-être, tout simplement, était-ce la première chose que j'avais en tête.
Je fermais les yeux, pour profiter du son pur, et enfin me rendre compte de la facture du biwa, la qualité des cordes et de la caisse de résonance.


- Tu joues vraiment bien, Zaza' ...

La voix me retira de mes pensées, sans aucune brutalité.
Je contemplais, sans arrêter de jouer, la jeune femme qui s'approchait de moi sur un pas aérien. Sansa Arusai, jeune chuunin prometteuse, au boucles et iris vert et intenses. Une douceur parmi les douceurs, qui contrastait furieusement avec un être furibond et rêche comme je l'étais. Et pourtant, je pouvais la considérer comme une amie, mon amie.


- J'sais pas ... Mianzo m'a dit un jour qu'il préférerait entendre le gémissement de douleur d'un chat écrasé par un chariot, plutôt que m'écouter jouer. Juste pour lui prouver qu'il avait tort, j'ai pratiquée des mois et des mois durant, au point où j'avais les doigts en sang. Enfin, non, la seule fois où ma main était en sang à cause d'un instrument, c'est dans un excès de rage, en écrasant mon poing sur un mur. Mais je prenais ça très au sérieux. Hisoka, lui, par contre, me disait que j'avais des doigts de fée, et une voix qui mène au paradis, mais il m'a toujours fait sentir bien plus ... *transcendante* que je le suis.

Je me sentais légère en évoquant celui qui avait été mon doux et tendre.
Sansa avait cette qualité si particulière d'apaiser les gens, cette aura de douceur et attention qui permettait de se confier à elle sans aucune gêne. Sansa aux boucles de jade, qui jamais ne te jugera, et qui toujours sera à ton écoute.
Sansa qui a liée sa vie à celle de Mianzo, mon meilleur ami.


- Tu connais Mianzo, il est con sur les bords ... Mais il t'aurait pas offert ça juste pour se moquer de toi, enfin, je crois.

Mon regard se perdit dans celui de Sansa, à la voix si douce et mélodieuse. Si gracieuse dans ses mouvements. Si appréciée, aussi. Je crois qu'à ce moment précis, je l'enviais.

- Tu me chantes quelques chose, ma Zaza' ? Chuchota-t-elle, en penchant la tête sur le coté.

On m'avait convoquée pour une mission, et j'étais en retard. Pourtant, je m'en moquais.
Je hochais la tête, avec une douceur que je n'aurais jamais soupçonnée en moi.
Je grattais les cordes de mon instrument, les notes décousues constituant peu à peu une mélodie retrouvée, que j'entonnais sur une voix mielleuse les premiers mots de la balade.


J'ai connue une jouvencelle,
Cheveux d'été, lèvres de miel ...

Senjago Azami

Senjago Azami


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MessageSujet: Re: Une lumière s'éteint.   Une lumière s'éteint. EmptyMar 24 Aoû - 21:27

- Senjago, Senjago, Senjago ...

Le petit soupir qui résonna eut le don de m'agacer, alors que je me mettais à l'aise sur le siège. Je ne me sentais pas réellement prête à entendre les réprimandes de ces deux rats de bibliothèque, mon orgueil étant déjà passablement ... blessé. Petit et bref récapitulatif : On m'avait confiée une mission de faible envergure, et pour des raisons que je ne détaillerai pas, je l'avais pathétiquement échouée. Ainsi, c'était pour cela qu'à mon retour, on m'avait convoquée là.

Les deux hommes en face de moi n'avaient pas eu la décence de me donner leurs noms. Ainsi, je me contentais de les nommer par leur visage : L'homme affable, et l'homme glaçon.


- Oui ? Répondis-je, quelque peu séche, mais en contrôlant ma voix.

Bien malgré moi, ils étaient mes supérieurs hiérarchiques, et je leur devais le respect.


- Vous n'êtes pas sans vous douter, de la raison de votre venue.


On en arrivait là, il allait droit au but au moins. Je me contentais de croiser les bras sous ma poitrine, le jaugeant sévèrement du regard, bien que je me doutais que ce comportement n'avait rien d'adapté. Qu'ils en finissent vite, je n'avais aucune envie de m'attarder ici ... Je me contentais de hocher la tête, lentement.
Mon armure commençait à chauffer, sous le soleil accablant d'été.

Les deux hommes me regardèrent, de leurs regards respectifs doux et froids, que je soutenais sans peine, avant que l'homme-glaçon me coupe le souffle avec sa réplique.


- Avez vous envisagé le retour à la vie civile ?

J'écarquillais les yeux de surprise, une gouttelette de transpiration s'écrasant sur mon genou, alors que mon visage se tournait tour à tour vers celui des deux hommes, l'incompréhension la plus totale me paralysant.
Je m'attendais à tout sauf à ça. *Retour à la vie civile*, c'était une plaisanterie ... Dites moi qu'ils plaisantent ...


- Je ... ne comprends pas. Sur un fil de voix.

Une angoisse profonde me tenaillait les tripes. L'échange de regards gênés entre eux, ne faisait que contribuer à ce doute qui me rongeait, depuis qu'ils m'avaient convoquée, après cet échec retentissant.


- Nous allons nous passer de vos services. répondit sobrement l'homme-glaçon, alors que l'homme au visage affable rajouter, avec empressement.

- Comprenez ... Vous n'êtes pour ... ainsi dire ... Plus en état d'assurer votre rôle ...

Tétanisée, l'espace d'une seconde. Je sentais l'air me manquer dans les poumons, alors que la dure réalité s'imposait à moi, sans que pour autant une quelconque colère ne remonte en moi. J'étais trop surprise pour pouvoir réagir, trop choquée.

- Vous n'avez ... pas le droit.


- Nous sommes navrés, vraiment.

- Mais ne vous inquiétez pas
, s'empressa d'ajouter l'homme au visage affable, vous bénéficierez de tout le confort possible ... Un appartement, un personnel à votre service ...

Je dévisageais l'homme au visage affable comme si je ne le voyais pas. Comme si c'était la fenêtre derrière lui qui captait mon attention. J'avais offert ma vie entière à la protection de Konoha, j'étais une arme au service de la vertu ... Je ne savais pas ce qui était le plus offensant. Qu'on me jette maintenant que j'étais émoussée, ou qu'on me prenne pour une handicapée.

Le dégoût teinta mes pupilles, alors que je me levais, fièrement, les dominant de ma taille.


- C'est donc à cela que ça s'en tient ...


Je laissais les mots s'insinuaient, lourds de sens, alors que je détachais ma ceinture, ma jupe de mailles tombant autour de moi.

- Un endroit pour mourir, et des gens pour m'enterrer, je vois.


Les sangles de mes épaulières, écarlates, se détachèrent, sous mes mains quelques peu tremblantes.

- Allons, Senjago, ce n'est pas ce que vous croyez ...

- Au contraire, je comprends ... parfaitement. coupais-je, violemment.

Les plaques d'armure de mon torse tombèrent à leur tour, avec mes gantelets.


- J'ai vouée ma vie à Konoha, comme l'ont fait avant mon père et ma mère, et leurs parents avant eux. Et c'est ainsi que vous me remerciez de mes services, je vois. Désolée, mais, je vais me voir obligée à refuser votre proposition ... Une question d'honneur.


Je dégainais ma lame, la maintenant au clair un moment, pour finalement la laissais tomber au sol, dans un grand fracas métallique, à coté des autres pièces d'armure.

- Votre honneur gardera p't'être son intégrité, mais vous, si vous continuez, vous allez finir à poil.
Fit-il remarquer, en haussant un sourcil.

L'éclat de rire gras qui accompagna la réplique me fit rougir à vif, ce qui ajouta à l'hilarité. L'indignation m'étouffait, mes pupilles scintillaient, telles des flammes incandescentes.
Et je craquais.
Je me retournais, théâtrale sans le vouloir, et prenais la porte, la claquant sauvagement. Les deux gardes à l'entrée se retournèrent, surpris, et firent un mouvement pour me rattraper, que la voix de l'homme-glaçon les reprit.

- Laissez la rager dans son coin, elle se calmera d'elle-même ...

Je traversais l'Académie vivement, bousculant, renversant sans ménagement tous les obstacles devant moi. Pour la première fois de ma vie, je retenais à grande peine des larmes de colère de couler. Daiki essaya de me saluer, j'écrasais mon poing sur son visage, et ne me retournais même pas pour voir si j'avais fait mouche.

Il y a quelques mois, ils n'auraient jamais osés me dire ça.
Il y a quelques mois, je les aurais supprimés avec une seule main.

Maintenant ... On m'écartait.
Inutile, totalement inutile.

J'atteignais enfin une cour intérieure, et je me permettais une pause, essoufflée, fatiguée, tremblante. Mon appui sur le mur se fit instable, alors que je glissais de tout son long, pour finir assise, la tête entre les genoux.

Inutile, totalement inutile.
Et un souvenir revint à ma mémoire, une discussion.
Mon regard flamba, faiblement. Les Sables de Taka.
Senjago Azami

Senjago Azami


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MessageSujet: Re: Une lumière s'éteint.   Une lumière s'éteint. EmptyMer 25 Aoû - 1:30

L'endroit avait un quelque chose de ... sordide.
De vagues relents de pourriture, méphitiques, imprégnaient l'atmosphère pesante, du petit endroit confiné. Certains disaient que c'était un lieu amical, un de ceux où on peut faire des rencontres, où on peut trouver bien des choses, et surtout des choses que l'on ne trouve habituellement en vente. Cet endroit était bien charmant en fait, avec ses chaises au bois rongé par les termites, ses tapisseries moisies, son comptoir couvert d'innombrables couches de crasse, à tel point où on ne devinait même plus ce qu'il y avait dessous. Même les clients, ici présents, sous la lumière vacillante du néon, avaient ce quelque chose de miteux, en cette auberge. Ils étaient tous dans leur coin, tête baissée, chuchotant à voix basse, jetant parfois des regards furtifs par-dessus leurs épaules. Vêtements rapiécés, sales et sombres, on ne réussissait à reconnaître les visages cachés, les voix se ressemblaient toutes ...

Le patron restait derrière le comptoir, essuyant encore et encore un verre sale, avec un torchon encore plus crasseux. Sa silhouette imposante, et ses larges balafres, faisaient deviner une existence moins posée qu'il n'aurait pu le paraître. Si on lui demandait à ce sujet, il vous répondait *C'te r'gard', péq'naud ?*.
Et, il avait raison, après tout. Certaines questions sont fort dangereuses, ici. Les questions sont dangereuses dans un lieu comme celui-ci. Les gens vaquent, anonymes, dans un milieu à la peinture glauque.
Suigara est un endroit bien adapté, pour une certaine catégorie de personnes. Comme cette barde, là, avec son biwa.

Elle ne se démarquait pas du reste de la clientèle, en fait. Elle semblait aussi sale et crasseuse que les autres, avec son large capuchon rabattu sur le visage. Néanmoins, elle semblait apporter un peu de joie dans cet endroit abandonné, délaissé, ses doigts jouant d'une mélodie bien peu adaptée à la lugubre place. Assise contre le comptoir, de vagues et faibles mots s'échappaient parfois de ses lèvres, en harmonie, tordant cette réalité corrompue. Si proche et si lointaine, des lieux qu'elle fréquentait. Ses doigts, habiles, aux ongles sales, grattaient les cordes de l'instrument avec une rare expertise, sons porteurs d'une infime magie, rendant irréelle l'ambiance.

Et la mélodie se stoppa nette, brisant l'enchantement.
Cette auberge n'était qu'un lieu malfamé, pourri, à la clientèle plus que douteuse.

- Quel est ton nom, barde ?

La voix râpeuse résonna à coté de la fine silhouette, une voix sans visage, une voix à capuche. Celle-ci se tourna lentement, de façon délibérée, vers l'interlocuteur, le toisant silencieusement, comme si elle le jaugeait. Puis, finalement, elle releva quelque peu le menton, dévoilant de blondes boucles enchevêtrées, et un tatouage en forme de larme, sur la joue gauche.

- Larme de Lune. Se contenta-t-elle de répondre, sur un ton éteint.

- Larme de Lune a-t-elle un autre nom ? Fit-il remarquer, en fronçant les sourcils, si ceux-ci avaient été visibles.

- Il se peut qu'elle l'ait oublié.
Répliqua-t-elle, en quittant sa place, et en se dirigeant vers des escaliers aux marches douteuses.

Arrivée finalement à l'unique étage du bâtiment, elle s'arrêta l'espace d'un instant, comme prise d'un doute, d'une vacillation. Elle secoua finalement la tête, avant de continuer sa route à travers le couloir droit aux multiples portes.
Il aurait pu sembler qu'elle s'était arrêtée devant l'une d'entre elle, au hasard. Pourtant, la clé qu'elle retira d'une de ses poches intérieures, prouva le contraire. Et elle la refermera, avec force, à double-tour. Et elle finit par se barricader, bien que ce soit une sécurité bien inutile, ici.

La chambre aux proportions exigus comportait à peine assez d'espace pour tenir un lit et une commode de nuit. Elle ne sembla pas en être gênée, à la façon dont elle posait le biwa sur le lit, faisant fuir par la même occasion quelques cafards. Elle se débarrassa de la capuche couvrant son visage, révélant des traits fins, mais négligés. Des joues avec des taches de suifs, des lèvres gercées, des yeux brun quelques peu ailleurs, des cheveux couleur sable aux soins plus que douteux. Une fois assise sur son lit, elle fouilla dans un sac pour en retirer une paire de bougies, qu'elle posa avec une délicate attention sur la commode. Elle les fixa longuement, remarquant à quel point elles étaient ce qu'il y avait de plus propre ici ... et même sûrement à des kilomètres à la ronde.

Elle claqua des doigts, et une infime flamme, sombre, absorbant la lumière lunaire, crépita, avant de s'installer sur les mèches des bougies jumelles, rendant l'atmosphère inquiétante. Les lèvres dessinèrent finalement un sourire, alors qu'elle chuchotait :


- On n'oublie pas.

Taka et Kokuro, à l'époque où elle était Oï-nin.
Hisoka et son sourire éternel.
Konoha et sa trahison.


oO~*~Oo


Mianzo baillait à travers son masque d'aigle, ou, comme on lui faisait désagréablement remarqué, son masque de Corbeau. Son attirail sombre lui avait attiré ce surnom dont il avait tant horreur. Un corbeau, lui ? Il n'y avait rien de plus joyeux ou narquois dans ce putain d'endroit pour dépressifs ! Non, vraiment, il fallait le dire. Tout le monde, ici, au quartier général Oï-nin, tirait la tronche en cette heure matinale. Enfin, il supposait, il était difficile de deviner à travers ces masques statiques.

Si on l'avait convoqué, ici, eux tous, c'était que quelque chose ne tournait pas rond. On ne convoque pas pour rien une telle troupe d'Oï-Nin pour un quelque chose de banal.
Finalement, tous les regards se tournèrent vers une porte qui venait de s'ouvrir, dévoilant un ANBU au masque de cerf. Celui-ci tenait négligemment une pile de prospect, qu'il nous distribuait tour à tour, avant d'ajouter une fois la tâche accomplie :


- Cible prioritaire, partez dés que possible.

Mianzo haussa les sourcils, naturellement, avant de blêmir soudainement, les yeux écarquillés.

- Zaza', t'as vraiment déconné là ...

Citation :
Cible : Azami Senjago

Ancienne Juunin reléguée de ses fonctions, elle serait soit-disant partie en mission au Pays de l'Eau, il y a deux semaines. Or, eu égard à son statut, c'est là que le bas blesse. Nous supposons qu'elle a trompé et les gardes, et les donateurs de mission, et qu'elle en a profité pour déserter. Ce que nous avons trouvé remet en question cette hypothèse. Il y a de cela quelques jours un cadavre correspondant à sa description, pendu, fut retrouvé non loin de la frontière. Mais ce même cadavre ne présente aucun gêne commun à celui du clan Senjago.

Le mystère plane quand à ce qu'il est advenu d'elle, mais, qu'importe.

Retrouvez la, morte ou vivante, et le plus tôt possible.

Il serait regrettable que quelqu'un tombe sur elle ... avant nous.

Spoiler:
Oroken

Oroken


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MessageSujet: Re: Une lumière s'éteint.   Une lumière s'éteint. EmptyMer 1 Sep - 23:58

Azami - 37 XP

Technique validée

|| Te voilà Nuke-nin ma grande. Un contrat devrait bientôt tomber, je l'espère *rire démoniaque*. La suite ne concerne plus le village, je te souhaite bien du courage dehors.

Débilités mises à part, c'était très sympathique à lire, j'espère que tu feras aussi bien une fois dehors. ||
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