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 A l'Intérieur d'Une Larme

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Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyDim 30 Avr - 15:19

Rappel du premier message :

A l'Intérieur d'Une Larme - Eclipse.




La douceur de l’aube baignait le village encore endormi. Akogare était à la fenêtre, dévisageant ce monde de son regard laiteux, ce monde qui naissait, en attente d’une mort future. Ses pensées étaient sombres, ces derniers temps. Il n’en savait même pas la raison. San taisait son angoisse, préférant laisser faire le temps. Mais les jours passèrent, et le jeune homme s’enfonçait dans une froide dépression. Il devenait distant, absent, n’accordant que peu de regard aux autres. Pas même à San.
Et il s’en voulait. Il s’en voulait terriblement.
Il soupira, puis se détourna. La jeune fille, cette jeune fille qui déjà tant de fois l’avait sauvé, lui avait proposé d’aller la rejoindre au parc. Elle avait peur, peur de ne pouvoir le sauver cette fois-ci. Et lui partageait cette peur.
Lentement, il s’habilla. L’ambiance avait poussé la jeune fille à quitter la chambre, et à aller l’attendre directement dans le parc. Il ferma les yeux, ses dents se serrant machinalement. Oui. Il fallait qu’il change d’attitude, qu’il cesse de se refermer sur lui-même.
Après tout, c’était le printemps.

Les cauchemars du jeune homme s’étaient clairsemés pourtant. Etrangement, la présence de l’ombre lui manquait, parfois. Peut-être qu’elle savait, elle, ce qu’il avait. Il y avait bien cette sensation, ce sentiment diffus qui rongeait son cœur. Il le sentait, mais ne parvenait à le nommer. C’était comme un sombre pressentiment, comme si un danger mortel sommeillait au dessus de lui, prêt à s’éveiller à tout moment et à le faucher de toute sa puissance. Il repoussa cette sensation, descendant l’escalier. Il aurait aimé partir avec San. Il ne le lui avait plus dit depuis longtemps, mais sa présence l’apaisait. Elle calmait certaines douleurs, et surtout, elle estompait ce ténébreux pressentiment. Peut-être, que ce sentiment, était juste sa peur de la perdre ? Pourtant, il ne la sentait pas s’échapper. Il se sentait s’éloigner lui, mais elle restait toujours près de lui.

Etrange.

Le froid de la ruelle fit frissonner Akogare. Il se passa une main distraite dans les cheveux, cherchant à rassembler ses pensées.
Il n’était plus rentré chez lui depuis maintenant quatre semaines. Aucun émissaire Hyuuga n’était venu voir comment il allait. A vrai dire, cela ne le perturbait pas tellement. Au contraire même, il souhaitait repousser cette confrontation. C’était, certes, une attitude lâche, mais il est bon de l’être parfois.
Instinctivement, il mit ses mains dans ses poches, et poursuivi son chemin, la tête basse.

Depuis combien de temps exactement n’avait t’il pas senti les lèvres de San contre les siennes ? Depuis combien de temps n’avait t’il pas senti son souffle chaud contre son cou, ses doigts sur son torse ? Le sentir réellement, au plus profond de son être jusqu’à en avoir mal. Il se mordit la lèvre, en sentant quelques larmes rebelles tenter de quitter ses paupières closes. Tous ces contacts lui manquaient terriblement, bien plus qu’il ne l’aurait cru. Et maintenant qu’il les avait partiellement perdu, il s’en rendait compte.

L’esprit engourdi par la fraîcheur matinale, il se poussait à réfléchir. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas même essayé un quelconque exercice mental. Ou physique, il avait délaissé son entraînement.

Le jeune homme s’interrogea tout d’abord sur ses cauchemars qui avaient quitté ses nuits. Cela aurait dû lui ôter un poids, et pourtant, il n’en était rien. San s’était rendu compte que depuis quelques jours, il dormait paisiblement. Au départ, elle était persuadé de voir en quelque sorte renaître Akogare. Elle avait été surprise de le voir s’enfoncer plus encore dans la morosité. Surprise, voir même effrayée.

Une pluie fine éclata. Akogare ne la sentait pas, ses longs cheveux bleus dégoulinant. Sans s’en apercevoir, il accéléra le pas, soudain pressé de retrouver San. Il l’avait fait attendre une semaine, dans sa retraite silencieuse et maussade. Il n’y avait plus de temps à perdre.
La pluie n’était pas seule responsable de cette accélération. En effet, il y avait toujours ce pressentiment, qui allait lui aussi en augmentant. Il avait été tapis dans son cœur depuis près d’une semaine. Mais maintenant, il le sentait dans l’ensemble de son corps, grattant à la porte de son cœur.

Ses pas s’enfonçaient dans la boue nouvellement formée. C’est ce qui fait le charme de cette saison. Son temps lunatique.
Il tourna les yeux sur sa droite, soudainement inquiet. Pourtant, il n’y avait rien de suspect. Le parc n’était plus très loin désormais, à peine une poignée de minutes.
Mais, au détour d’une ruelle, il s’arrêta.
La pluie ruisselait sur son visage. Des larmes naturelles. Il avait toujours les yeux baissés. Les dents serrées, il écoutait simplement les gouttes d’eau ricocher sur les murs nus des habitations.


_________________________________

San était assise sur le banc, le menton entre les mains. Le parc était vide, sans doute à cause du ciel menaçant et de l’heure matinale. Elle était partie plus tôt que son ami, simplement parce qu’elle pensait qu’il avait besoin de réfléchir seul. Peut-être se trompait elle.
La jeune fille se leva. Elle frissonna, la pluie glissant dans son dos. Les bras croisés sur son ventre, elle déambulait. Peut-être qu’Akogare ne viendrait pas ? Il n’avait pas eu l’air très intéressé par son idée. Il n’avait pas l’air intéressé par elle tout court d’ailleurs.

Elle sourit faiblement. Un sourire sans joie toutefois. C’était l’une de ses phrases toutes faites qu’elle s’était refusée de prononcer un jour. La phrase de l’adolescente délaissée. Et pourtant, force était de constater que c’était exactement ce qu’elle ressentait. Cette froideur, cette distance qu’il avait établi entre eux deux, comme pour se protéger la troublait.

San soupira, s’arrêtant contre un arbre. Il y avait un peu de brouillard. Ce n’était pas tout à fait anormal avec un temps aussi mauvais. Elle détestait le brouillard.
La jeune fille se demanda ce qu’elle dirait à Akogare, si il venait. Elle avait évité de lui parler de sa mélancolie directement, certaine que cela ne ferait que raviver des plaies déjà brûlantes. Mais désormais, elle était bien obligée de le faire. Elle avait peur pour lui. Peur de le voir se laisser mourir. Et peur qu’il ne lui dise rien.
Ce n’était plus les cauchemars qui étaient en cause. Elle devinait une crainte plus enfouie, plus profonde, que ses sombres rêves auraient révélé. Akogare avait déjà eu du mal à lui parler de ses cauchemars. Alors, parler des conclusions qu’il en avait tiré risquait de prendre du temps.
Trop.

Elle releva les yeux, et vit une ombre se dessiner, hésitante, à l’entrée du parc. Son visage s’illumina d’un sourire. Elle se mordilla la lèvre, avant de s’avancer doucement. L’ombre sembla l’aviser, car elle s’arrêta.

San n’était plus qu’à quelque mètre quand elle senti son cœur s’emballer. Négligemment, trop pressée de revoir celui qu’elle aimait, elle mit cela sur le compte de son impatience. Néanmoins, son nez détecta une inhabituelle fragrance. Inhabituelle, mais pas inconnue pour autant.
Cette fois-ci, elle stoppa à son tour, en proie à un étrange trouble.
L’ombre fit un pas, tendant une main amicale. Dans l’esprit de San, une petite voix lui murmurait quelque chose. Cette voix aussi, elle la connaissait. C’était celle d’Akogare. Que disait elle ? Il murmurait trop doucement, elle ne pouvait l’entendre. Et soudain, soudain elle l’entendit, car soudain il cria.

Et il disait : « Fuis. »


_______________________________

Avec lenteur, Akogare releva les yeux. Un glacial frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, avant de lui mordre la nuque. Il y avait bien quelqu’un face à lui. Des jambes. Un torse. Un visage.
Un frisson.

Il le fallait bien. Il fallait bien que ce jour arrive. Oui, il le fallait, mais pas maintenant. Pourquoi maintenant ? Une sourde colère battait ses tempes, sa respiration se fit plus lourde, presque laborieuse.

Maintenant, alors qu’il avait décidé de reprendre les rênes de sa vie vacillante, maintenant, qu’il allait à nouveau goûter aux lèvres de San.
Non.


[???]"Bonjour. Akogare."

Le jeune Hyuuga serra les poings, ses traits se durcissant. Ce sourire insolent, ce regard méprisant.

Les rares personnes debout regardaient la scène. Insolite. Même eux sentaient la tension nouvelle. Et même eux en frissonnaient.

Akogare aurait aimé crier, il aurait aimé courir, courir et supplier San de le pardonner, de le pardonner d’avoir failli une nouvelle fois.
Non. Pas cette fois. Il ne voulait plus jamais avoir le goût des regrets dans la bouche, la douleur glacée qui lui broyait les entrailles par le ressentiment de San.
Non. Plus jamais.


[Akogare]"Il y a longtemps, j’ai promis à quelqu’un de la protéger. Il y a longtemps, je me croyais invincible."

L’autre ne dit rien, dévisageant le jeune Hyuuga qui reprenait, la voix toujours aussi murmurante, toujours aussi faible. La première phrase réellement construite qu’il faisait depuis plusieurs jours. Il était dommage qu’elle ne soit pas pour San.

[Akogare]"Je me suis aperçu que je ne l’étais pas. Mais aujourd’hui, je la tiendrai. Et tu ne pourras rien y changer."

Seuls les gens alentour murmuraient, excités. Personne n’aurait songé à les séparer. C’est l’une des malédictions de l’homme, que d’aimer le sang et d’être lâche.

Mais aussi, parce que l’on n’intervient pas dans les affaires familiales des Hyuuga. Et que l’adversaire d’Akogare était Jineryo, le génie de la famille.

Et parce que le sang coulerait.


Dernière édition par le Dim 29 Oct - 0:14, édité 2 fois

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Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyDim 21 Mai - 15:53

Des éclairs murmurants accueillirent l’adolescent.
Ils frappaient autour de lui, au hasard, dévoilant une poignée d’images, de sonorités, de voix, avant de disparaître en une lumineuse déflagration. Souvent, il était mis en scène, lui, ou San. Il se voyait, dans une maison avenante, réconfortante, un petit havre d’une délicieuse et trop rare paix. Une maison chargée de souvenirs, la maison de San.
Puis, sans comprendre pourquoi, les éclairs changèrent, les images délivrées avec. Celles-ci avaient désormais la senteur d’un jardin. Akogare se sentit frissonner. Mais cela ne dura qu’un bref, un très bref instant. Il entendait, indistinctes, des voix chuchoter. Il reconnaissait par moment sa voix, une voix pleine de promesses qu’il s’empressait de déclarer. Quelles étaient ces promesses ?

Une explosion, douloureuse cette fois ci, le projeta à terre. Lentement, presque craintivement, le jeune homme releva la tête.


[San]"Je ne t’en veux pas Akogare."

Il était dans une pièce, une pièce sombre, froide. Et il était seul. Cette pièce, il la connaissait. C’était sa chambre. Avec une désagréable paresse son esprit remettait en place les éléments qu’il avait accumulé. Oui. Ce terrible souvenir. Comment avait-il pu oublier un tel jour ? Comment avait-il pu oublier, le jour où il avait failli à son vœu ?

[San]"Je ne t’en veux pas Akogare."

San. Elle était près de lui, sa douce main posée sur son bras. Elle le redressa, le visage souriant. Il était sincère, ce sourire, il était beau, ce visage. Pourtant, de lourdes larmes se pressaient aux yeux de la jeune fille. Elle pleurait, et cela faisait mal à Akogare. Il sourit cependant, timidement, et San lui répondit par un joyeux rire libérateur.

[San]"Et ça te rend heureux de me faire pleurer ?"

Akogare haussa les sourcils, surpris, et le joli rire de la jeune fille reprit. Tendrement, il la serra dans ses bras, fermant ses yeux traîtres pour profiter au mieux de ce corps chaud, de ce petit battement, vif et juvénile, impatient de vivre pleinement. Il laissa ses lèvres errer sur le cou séduisant de la jeune fille, humant avec un plaisir nouveau son doux parfum.

[San]"Depuis longtemps j’avais cette sensation en moi."

Akogare se recula légèrement, ne lâchant pas San, juste assez en vérité pour croiser son regard d’ambre. Il savait qu’elle s’exprimait par souvenirs, son cerveau réactivant des pans entiers de sa mémoire. Alors, doucement, il murmura, tandis que les images autour de lui s’assombrissaient imperceptiblement.

[Akogare]"Oui, et ce n’est pas le genre de chose que l’on remarque, quand c’est la première fois."

Elle sourit, heureuse qu’il se rappelle, qu’il se souvienne de ce moment partagé. Le noir les enveloppait, une nuit irrationnelle, terrible et froide. Alors, pour se réchauffer, elle se serra contre lui, à l’abri à l’intérieur de ses bras.
Ensemble, ils restèrent, patientant la fin de la nuit. Patientant, la fin de l’éclipse.

Et, maladroitement, le soleil perça, comme incertain de sa puissance il semblait demander poliment à la nuit de s’éloigner. Rieuse, elle obéit, le taquinant une ultime fois de ses langoureuses ombres. Les rayons solaires baignèrent le couple.
Cette présence rassurante, qui ne l’avait jamais réellement quitté mais qu’il retrouvait aujourd’hui pleine et entière, pure. Cette présence qu’il avait cherché trop longtemps, et qui se présentait désormais à lui. C’était troublant, troublant et beau.

Instinctivement, il quitta l’épaule de la jeune fille pour tourner le regard sur la droite. Il s’y jouait une petite scène, perdue au sein d’une sphère légère, pas plus grosse qu’une bulle de savon. Et pourtant, en même temps que ses yeux la découvraient, son esprit la lui remémorait.
Il était là, dressé devant une table, San à ses côtés. Leurs yeux brillaient, ils étaient braqués sur une feuille de papier vélin. Des signes y étaient inscrits. Lentement, la scène s’y intéressa, après s’être attardée une dernière fois sur le visage des adolescents. Quatre caractères. Une question perdue sur un papier vide de sens.
Ces termes… Ils étaient illisibles, pour le moment, la scène s’en approchait tout doucement, trop doucement. Akogare réprima un frisson, alors qu’une partie de son esprit s’éveillait, s’apprêtant à lui murmurer la réponse.


[San]"N’est-ce pas merveilleux ?"

Oui. C’était cela qu’il y avait d’inscrit, et maintenant, il savait pourquoi. L’amour. San. Lui. Trois termes, trois mots, mais un seul sens. Un sens, égaré dans une maison qui a oublié la notion première. Alors, Akogare avait posé la question à toute sa famille. Il leur avait demandé si il n’y avait rien de merveilleux, rien de naturellement beau, dans leurs actions, dans leur amour. La réponse, il ne l’avait jamais eu ; ou peut-être que si. Et peut-être qu’elle viendrait à lui, elle aussi.
N’est-ce pas merveilleux ? Il sourit.


[Akogare]"Plutôt oui..."

La bulle éclata, emportant son souvenir avec elle. Le jeune homme croisa le regard de San. Il avait tant de choses à lui dire ! Et pourtant, et il en souriait, il savait qu’elle était incapable de répondre. Non, pour avoir la réponse à ses trop nombreuses, à ses trop pressantes questions, il fallait sortir de ce lieu, de son esprit. Toutefois, une sourde appréhension ne pouvait s’empêcher de lui broyer les entrailles. Un avertissement.

Cet avertissement avait la fraîcheur d’un vent d’automne, la senteur d’une nuit d’hiver.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyDim 21 Mai - 16:40

Il tomba à genoux.

Crier, hurler, il aurait tant aimé. Mais, il était vide de toute volonté, de toute force. Son coeur ne s’emballait même pas, toujours calme, patient. Aucune douleur précise, elle frappait de partout, et cependant il semblait ne pas souffrir. Il releva la tête, une main rassurante lui caressant les cheveux. La jeune fille s’agenouilla à ses côtés. Son visage était si proche ! Il ne devinait qu’un œil, le coin de ses lèvres, et ses cheveux châtains, mais cela suffit à l’encourager à se tourner vers elle.

San sourit et porta une main tendre au visage de l’adolescent.


[San]"C’est bientôt fini."

Après quelques secondes, il hocha la tête. Elle l’aida à se redresser et ensemble ils cheminèrent. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure, l’hésitation la surprenant. Elle jetait parfois un regard à Akogare, cherchant sur son visage une improbable réponse. Enfin, elle murmura, presque trop bas pour qu’il entende.

[San]"Ceci est le passé, Akogare. Pense à l’avenir, et ne regrette rien. Tu as été formidable."

Akogare grimaça.

[Akogare]"Qui parle ? Le souvenir que j’ai de toi, ou bien San ?"

Elle frotta sa tête sous le menton du jeune homme, câline.


[San]"Un peu des deux, je suppose. Ou bien aucune, qui sait ? Sache juste que je dis la vérité, et que quoique tu vois, tu n’as pas à t’en vouloir."

Les yeux argentés d’Akogare rencontrèrent ceux de San. Il la surprit en souriant.


[Akogare]"Tu me pardonnes beaucoup de choses."

[San]"Sans doute parce que tu as tendance à te faire du mal pour beaucoup. Et a en dramatiser d’autres."

[Akogare]"Oui… M’inventer une souffrance, pour me prouver quelque chose, hein ?"

[San]"Exactement. Ne t’enferme jamais dans le silence. Partage ta douleur, autant que tu partages la mienne. C’est un échange, tu n’es pas un exutoire, et si tu l’as cru par le passé, sors toi ça du crâne."

Elle souriait malgré tout, et Akogare hocha de nouveau la tête. Maintenant que sa vie n’était plus un brouillard épais et infini, il savait que de nombreuses erreurs avaient été faites. Et la simple idée de pouvoir les refaire le terrifiait.

Ils avaient atteint le bout de la rue. Avec précaution, Akogare se retourna. Le chemin parcouru lui semblait ridicule. De ses yeux nacrés, ils dévisageaient le flot de vie, ce flot ininterrompu rassurant par instants, effrayant à d’autres. Des visages rieurs, des enfants boudeurs. Des adolescents amoureux, des ancêtres placides. De l’amour, de la colère, du chagrin et même, par touches éparses, de la joie. Qu’il était beau, ce monde ! Jamais parfait, toujours en construction, parfois contrariant, parfois magnifique. La perfection, dans la plus absolue imperfection. Un sourire, timide tout d’abord, naquit sur les lèvres closes de l’adolescent. Oui, il aimait ce monde. Il voulait le rejoindre. La peine et la douleur ne sont jamais que de passagères compagnes. Une amourette sans lendemain, une amante de passade. Pourquoi s’en soucier ? Au fond, il suffit de les accueillir lorsqu’elles viennent, mais toujours savoir les repousser pour continuer à vivre. Cela, on ne l’apprend pas seul.
Avec lenteur, Akogare quitta des yeux cet enivrant spectacle. San lui tenait toujours la main, ne souhaitant pas le brusquer. Elle sourit.


[San]"Tu es prêt ?"

[Akogare]"Je me souviens que parfois, j’étais avec toi, et que je me demandais comment te parler. C’est idiot pourtant, on n’a jamais eu de mal à communiquer. Mais j’avais du mal à engager la conversation, ne serait-ce que pour te murmurer l’amour que je te porte. Mais ici, bien protégé dans mon esprit, je peux te le dire sans avoir à rougir."

San ne se départit pas de son radieux sourire, celui-ci s’alimentant au contraire de nouvelles courbes.

[San]"Les amours secrets ne sont pas toujours les plus beaux. Même si je pense que les mots sont inutiles, passé un temps."

[Akogare]"Peut-être, mais on ne l’a pas encore passé, ce temps."

Après une dernière caresse, il lui lâcha la main. Le souvenir mordant lui frôla la jambe, remontant doucement.

[San]"Alors on le passera."

Son sourire s’était teinté. Elle regardait l’ombre menaçante remonter le long du corps de son aimé, impuissante. Elle releva la tête afin de se dégager de cette pénible vision.

[San]"C’est ton souvenir le plus récent."

Il était froid. Il était lourd. Il avait une exquise fragrance de mort et de solitude. La masse lui engloba les lèvres, avalant son sourire mais ne l’altérant pas. Bientôt, elle eut la cruauté de lui ôter la vue, de l’empêcher de discerner le visage angoissé de San. Mais, Akogare souriait toujours.
Il souriait, car il voulait la vie, et qu’il fuyait enfin la mort.

Les premières sensations furent diffuses, nébuleuses. Des ombres obscures l’entouraient. Elles étaient glaciales, alors Akogare évitait de les toucher. Il savait devoir demeurer sur place, c’était comme si son instinct le lui murmurait. C’est ainsi, dans cette inconfortable position, prisonnier de lui-même, qu’il se souvint. De concert à la propagation de ses souvenirs, une couche de gel semblait se former dans son estomac. La panique se répandit comme une traînée de poudre, les battements du cœur de l’adolescent s’accrurent, le faisant suffoquer.
L’angoisse. L’angoisse d’avoir été un lâche, d’avoir négligé son devoir. Quel devoir ? San. Quelle cruelle ironie ! Honteux de n’avoir pu la sauver, l’épargner complètement le jour de son anniversaire, il décida de se refermer sur lui-même, faisant ainsi culpabiliser la jeune fille, en plus de ses propres peines. Le décida t’il vraiment ? Non, non, il ne s’en souvenait pas comme cela. Il avait simplement prit peur. Ne sachant plus comment gérer et sa honte, et son embarras, il avait préféré faire comme si de rien n’était. Mais un tel plan est douloureux. Et cela, Akogare l’apprit à ses dépens.
Il se souvenait. Avec un soupçon de retard, il avait réagit. Oh, oui, il réagit par l’intermédiaire de San. Oui. Et alors qu’il se promettait de se réconcilier avec elle, de lui sourire une nouvelle fois, de lui murmurer quelques paroles réconfortantes et de l’embrasser tendrement, à ce moment précis, tout bascula.

L’adolescent gémit. Il tomba sur les genoux, la tête penchée sur ce vide insondable, infini, et affreusement réconfortant. Il aurait aimé choir simplement, sans n’avoir plus rien à penser hormis cette lente et inexorable chute, mortelle et merveilleuse. Un ange déchu, rejoignant la terre qui l’a vu naître. Il était si facile de basculer que cela en était drôle. Il suffisait, oui, juste d’un mouvement. Encore quelques centimètres, une poignée, et Akogare n’aurait plus rien à penser. Juste quelques centimètres. Une éternelle distance.
Mais, il interrompit son geste.
Il ferma ses yeux nacrés, seule tâche de lumière en ce monde de pénombre. Il inspira profondément, souffle erratique, avant de les rouvrir. Avec autant de lenteur que de prudence, il se redressa, reculant du gouffre qui l’enlaçait tendrement.

Timidement, les souvenirs se pressèrent à l’entrée de son crâne. Et, tout aussi craintivement, Akogare leur permit de rentrer.
Il se raidit, une nouvelle sensation douloureuse lui mordillant la chair. De longues minutes s’écoulèrent, tandis qu’il se souvenait de ce qu’il s’était produit par la suite. Quelle admirable famille. Mais, plus que sa propre douleur, plus que sa supplication à son Byakugan, se fut le sentiment profond qu’il éprouva qui intéressa le jeune homme. Il avait peur pour San. Car il avait enfin comprit quel était le but du combat contre son cousin. Alors, il s’était redressé, et il avait absorbé le choc létal qui allait frapper l’adolescente, cette adolescente si chère à son cœur. Une ultime fois, il put découvrir le visage de San. Ah, il le voyait ce visage ! Un visage barré de larme, un visage rouge de douleur ! Rouge, qui se mariait à la couleur qu’arborait fièrement Akogare. L’avait-il embrassé ? Peut-être.
Et, juste avant de chuter, il pensa à elle. Il pensa à toutes les choses que jamais il ne pourrait lui dire. De la banale déclaration d’amour, à l’émoi qui était le sien, jusqu’à la reconnaissance qu’il ne lui avait jamais pleinement témoigné, à son sens. Mais, il tomba avec le sourire, car justement, il pensait à elle.

La chape d’obscurité se dissipa, ou tout du moins, s’écarta légèrement, les bras des ombres l’invitant à les rejoindre. Plusieurs minutes, laissant le temps suivre son cours, il demeura. Mais enfin, il se décida à rejoindre la vie, à quitter le crépuscule. Chancelant, Akogare sortit de cet enfer mortel. Nulle lumière ne l’attendait à sa sortie.

Juste une fille.

San lui caressa du bout des doigts le visage, dessinant le contour de sa mâchoire, de son menton, de son nez. Et lui, lui chuta, s’affaissant à terre, lourdement, brisé. Pleurer ? Il n’en eu pas même l’intention. Crier ? La force lui manquait. S’excuser ? Inutile. Alors, il ne dit rien et n’en fit pas plus, laissant la jeune fille prendre soin de lui. En restant simplement à ses côtés, partageant ce douloureux, cet épuisant silence, elle en faisait plus que jamais il ne l’aurait espéré. Mais, avec une infinie douceur, avec une tendresse amoureuse, elle se pencha à son oreille.


[San]"Survis."

Il eut le courage de la regarder dans les yeux. Il secoua lentement la tête. Il désirait survivre. Mais à ce point, à cet instant, il savait qu’il lui manquait trop de choses pour y arriver. Mourir maintenant. Il savait cela possible, comme cela l’avait été tout au long de son périple. Mais mourir maintenant, c’était renoncer à tout ce qu’il avait dit, pensé. C’était laisser les choses en état, ne pas essayer de les arranger. C’était fuir. Une fuite douce, une fuite héroïque, mais une fuite tout de même. Etait-ce par orgueil, qu’il se jura en se plongeant dans l’ambre de ne pas reculer ? Etait-ce par orgueil qu’il se jura de se battre jusqu’à ce que la mort vienne le supplier de la rejoindre ? Oui, un orgueil de roi, de roi qui refuse d’abdiquer.

Et qu’il est bon, qu’il est délicieux cet orgueil là. Et il en souriait. Il en souriait insolemment, un défi figé à l’adresse d’une entité à la puissance sans limite.

San sourit aussi. Elle devinait la décision du jeune homme rien qu’en lisant son regard. Son regard d’argent, qui hurlait son envie de briller. Ses doigts se posèrent sur les tempes d’Akogare, tandis qu’elle lui enjoignait de rejoindre son monde.

Il s’arracha à la douceur de l’ambre, pour rejoindre la violence du rubis.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyLun 22 Mai - 0:13

Le règne du silence, sans partage et sans limite. Peu nombreux étaient ceux encore debout. A vrai dire, elles n’étaient que deux.
Raunen était sur le dos, une abjecte lame lui parcourant le torse, absorbant avec une repoussante extase le sang qui s’écoulait de la large plaie. Il avait les yeux clos. L’épais liquide s’était coagulé autour d’eux. Le guerrier semblait dormir paisiblement, son visage dépourvu de toutes rides douloureuses. Son épée était encore plantée dans les côtes de l’un de ses adversaires, et sa main, cette main gantée et inflexible, était toujours serrée autour du pommeau, refusant de l’abandonner. Mais, faiblement, sa poitrine se soulevait.
Plus loin, le carnage était complet. Les corps désarticulés des ennemis reposaient fièrement sur la terre vierge à présent baignée de sang. Musou était étendu au milieu d’eux, vaste et sanguinolente masse. Mashiro observait d’un œil triste son ami. Il était agenouillé, sa lame largement enfoncée dans le sol, la tête droite. Il savait néanmoins que Musou n’était pas mort. On ne tue pas un rêve avec une épée. Mashiro avait fini par triompher des guerriers écarlates, les brisant les uns après les autres. Sa virtuosité l’avait préservé. Et dans sa main gauche était toujours fermement tenu la rose blanche.

Un gémissement, une longue plainte blessée transperça la plaine. Puis de nouveau le silence. Un silence lourd, incrédule. On distinguait clairement les deux formes, encore dressée l’une face à l’autre. Les deux seules qui avaient encore la force de se tenir debout.
Raunen sursauta. Ne pouvant ouvrir les yeux, il tendit l’oreille. Ce cri. Une larme, une odieuse larme anéantit l’opacité de ses paupières pour glisser sur sa joue sanglante. Impuissant, enchaîné à ses mortels muscles, il demeurait.

La femme caressa du bout des doigts la lame, cette même lame qui s’était s’y profondément enfoncé en elle, comme pour l’embrasser, comme pour la posséder. Elle était ruisselante de sang. Son sang qui coulait à présent sur sa main dénudée.
Mais la femme était courageuse. Elle ouvrit ses yeux embués. Ses beaux yeux rouges, reflet de la couleur qui coulait sur son ventre, sur ses doigts fins.
Tenshi se permit même un mince sourire, avant de retirer l’épée confortablement logée. Elle s’était faufilée entre ses côtes, naturelle barrière, jusqu’à effleurer sa colonne vertébrale. D’un ample mouvement, la jeune fille envoya l’arme au loin. Tenshi resta debout, contemplant le sang qui pour la première fois de sa vie coulait à flot. C’était sa première blessure profonde. La première fois qu’elle sentait le baiser glacé de l’acier jusqu’à dans son corps.

Tael ne saisit pas sa seconde arme. Non, elle tomba au sol. Son masque penchait, dévoilant le haut de son front, et un début de sourcil. Une brève toux l’agita, et un peu plus de sang rejoint le sol. Elle passa une main sur le contour de sa bouche, geste dérisoire, comme si elle voulait éviter que son masque ne soit touché par le rougeoyant liquide. De ses yeux, elle observait celle qui l’avait mise à terre. Et de ce même regard, elle l’implora dignement de mettre fin à ses jours.

Tenshi leva son arme, ce long et filiforme bâton, que le sang ne parvenait à maculer durablement. Et avec force l’abattit. La lame s’arrêta au niveau de la gorge de son adversaire.
La jeune fille avait tourné la tête, sur le côté. Alors, avec lenteur, sa voix rauque et éraillée brisa le silence.


[Tenshi]"Je n’ai pas le temps.."

Tael sourit derrière son masque. Non pas un insolent sourire, mais un sourire compatissant. Il en fallait plus pour tromper la guerrière vaincue, et Tenshi le savait. Elle se détourna et chancelante, la quitta. Son regard pourpre se posa sur Raunen, et son cœur se serra impitoyablement. Mais, il était vivant. La jeune fille le devinait, plus qu’elle ne le voyait. Alors elle continua, passant devant Mashiro. Au passage, elle serra délicatement ses doigts sur son épaule, encouragement silencieux.
La fleur de cerisier. Elle était faible, presque flétrie. Prudemment, Tenshi l’enveloppa de ses mains, la caressant doucement. Elle rapprocha sa bouche de cette dernière, murmurant quelques mots inaudibles et soufflant enfin dessus. Elle avait les yeux clos. Une nouvelle fois, elle murmura, son ton s’élevant.

Mashiro observait la scène, une lueur d’inquiétude brillant dans ses yeux.

Cependant, Tenshi tendit la main. Et, sortie de l’ombre, une autre se posa dessus, l’attrapant solidement. Elle ne glissait pas sur le sang pourtant frais de la jeune fille, et cette dernière tirait le corps vers elle.
Elle s’affaissa, accompagnant la lente chute du jeune homme endormi. Akogare ne lâcha pas sa main, il ne desserra pas même sa prise, silencieux dans son sommeil. La fatigue, l’épuisement, pouvait se lire sur ses traits soulignés par la sueur. La main libre de Tenshi évolua sur le corps de l’adolescent, et insidieux, un frisson naquit à la base de son échine. Elle se mordit la lèvre, avant de se pencher vers Akogare.
Quelques mots furent murmurés. Et, doucement, il entrouvrit ses lourdes paupières. Des convulsions le prirent, faibles, car son corps ne pouvait faire guère plus. Mais, à l’abri dans les bras de Tenshi, sous ses cheveux lilas, il se savait protégé. La jeune fille égara un instant ses lèvres sur celles d’Akogare. Il était agonisant et parvenait néanmoins à sourire.

Un long moment, ils restèrent ensemble afin de profiter au mieux de leur complicité unique. Un mouvement lourd fit se retourner Tenshi. Un timide sourire traversa ses lèvres, tandis q’elle avisait Raunen qui enfin se relevait. Avec grâce, Mashiro lui donna son bras pour que le puissant guerrier s’appuie dessus. Et, lentement, en une mortuaire parade, ils s’approchèrent des jeunes gens. Seul Musou restait à terre.

Raunen caressa d’une main rugueuse la peau tendre de Tenshi, avant de se baisser avec l’aide du combattant à la rose. Les trois guerriers encerclés le jeune homme qui enfin se souvenait. Mais, comme ils l’avaient pensé, tout en repoussant cette pensée, ils étaient venus peut-être trop tard. Trop tard, car le poids de la mémoire est lourd, et que lorsque l’on n’a plus les épaules pour les porter, on meurt.

Akogare était étendu sur le sol, sa tête reposant sur les genoux éraflés de Tenshi.


[Raunen]"Akogare. Ne meurs pas."

Il avait la voix élimée de ceux qui ont trop souffert. Le jeune homme pouvait il l’entendre ? Derrière eux, une personne déclara.


[Tael]"Il est à la bordure. Parfaitement debout, sur la ligne, entre la vie et la mort. Mais, ce n’est pas à lui de choisir vers où il va pencher."

Tenshi croisa le regard pétillant de la femme masquée. Elle était debout elle aussi, ne s’occupant que distraitement de ses nombreuses et mortelles blessures. Son masque cachait de nouveau l’ensemble de son visage.


[Tael]"Je pense qu’il mourra ici. La force de remonter lui manque, et personne ne peut la lui donner."

[Tenshi]"Elle le peut, elle."

Tael haussa des épaules.


[Tael]"San ? J’en doute. Mais, ce n’est plus mon problème. Je lui souhaite la vie."

[Akogare]"Pourquoi avoir oeuvré à ma mort dans ce cas ?"

Les lèvres du jeune homme n’avaient pas bougé. La voix sortait de son esprit, de la plaine toute entière.

[Tael]"Oh, ça ? Disons simplement que ce lieu me répugne. Je ne saurais pas te l’expliquer, et d’ailleurs, je n’en ai pas l’envie."

Il y eut un doux rire.

[Akogare]"L’amour te dégoûte ?"

Tael se retourna, et tout bas elle murmura.


[Tael]"L’amour perdu me dégoûte."

[Akogare]"Je l’ai retrouvé."

[Tael]"Et tu t’apprêtes à mourir en son nom. Comme tu as failli le faire par le passé."

Tenshi se redressa, quittant le jeune homme endormi pour observer le dos de la femme.

[Tenshi]"Pourquoi avoir voulu te battre contre moi ?"

[Tael]"Pourquoi... Même si nous passions toute une vie ensemble, elle serait trop courte pour t’expliquer ma façon de penser. Nous ne sommes pas du même monde. Mais je répondrais à ta question."

Tael pivota légèrement, de façon à dévisager la jeune guerrière maculée de sang. Elle sourit.

[Tael]"Tu es réellement magnifique. J’ai voulu me battre contre toi, te tuer en somme, pour savoir qu’elle était exactement la puissance de l’amour. Bien sûr, ce n’est pas lui qui t’a apporté la victoire. Mais, grâce à lui, tu n’es pas morte."

[Raunen]"Nous reverrons nous ?"

[Tael]"Je n’en vois pas l’utilité. Mais, qui sait ? Si votre créateur ne meurt pas, il y a des chances."

Ce fut au tour de Mashiro de se relever.

[Mashiro]"Dis moi… Pourquoi ne pas avoir voulu te confronter à moi, si la raison que tu as invoqué est la bonne ?"

La douce voix de la femme retentit.

[Tael]"Simplement parce que nous sommes exactement de même niveau. Le combat aurait été éternel."

[Mashiro]"Tu es donc la représentation de la haine d’Akogare ?"

Tael se tourna complètement cette fois ci, souriante. Lentement, théâtralement elle ouvrit sa main gauche, haussant des épaules.

[Tael]"Ce serait cruellement faux que de penser ça. Je suis indépendante d’Akogare, et je ne lui appartiens pas. Pourtant, je ne vous dirais pas comment je puis rester en ce lieu. Cela ne regarde que moi."

Puis, sans un mot de plus, et sans attendre de réponse, Tael repartit, suivie d’un cortège de feuilles. Le silence retomba, chacun s’observant du coin de l’œil. Tenshi avait la main délicatement serrée autour de l’avant-bras de Raunen qui peinait à se maintenir debout. Une curieuse femme que Tael. Étonnamment, le couple était comme impatient de la retrouver. Peut-être pourrait-ils discuter cette fois ci ? Peut-être.

Raunen contemplait Tenshi qui gardait consciencieusement les yeux baissés. Il se pencha à son oreille, et avec douceur murmura.


[Raunen]"Fais le maintenant, Tenshi, il ne tiendra pas plus."

Elle rencontra après un nouveau moment d’hésitation le regard du guerrier. Des larmes craintives perlaient sur ses joues pourpres. Raunen l’encouragea d’un mince baiser, incapable de lui donner plus de force. Alors, quittant ses lèvres, la jeune fille hocha la tête, résignée. Une nouvelle fois, elle s’agenouilla derrière Akogare, ses genoux lui caressant le sommet du crâne. Ses doigts fins se posèrent sur les tempes du jeune homme, tandis que Raunen et Mashiro prenaient position à ses côtés. La jeune fille n’avait plus rien de la terrifiante guerrière, pleurant silencieusement sans pouvoir espérer s’arrêter.

[Raunen]"Si il meurt, se sera perdu dans son amour. Tout comme nous. Il y a pire, comme mort."

Un sourire triompha vaillamment des larmes pour se figer sur le visage de Tenshi. Elle ferma ses brillants yeux rouges, se concentrant.

Il avait la peau froide. Le froid du sauvage et funèbre hiver.

L’hiver d’un ange.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyLun 22 Mai - 18:33

Qu’il était triste ce bruit. Monotone, interminable, sans teinte et sans saveur. Il s’étirait, en une ligne éternelle, sans que rien ne semble pouvoir le stopper, l’arrêter ne serait-ce que quelques instants, le temps de souffler un peu. Il y avait dedans des tonalités mélancoliques, des images froides, dépourvue de la beauté du chagrin.

Qu’il était morne ce bruit. Sinistre écho de la solitude, il semblait vouloir accompagner quelqu’un une ultime fois. Ou alors, plus simplement, il souhaitait prévenir, alerter le monde entier d’un drame sans nom, d’une tragédie odieuse et répugnante. Alors, le bruit hurlait, joignant sa voix monocorde et mécanique à une autre, plus féminine.

Qu’il était désespéré ce bruit. Il savait déjà qu’il n’avait aucun pouvoir. Il savait déjà qu’il était l’annonciateur de la mort. Et pourtant, il repoussait ce rôle, il le repoussait de toute la force de sa petite voix persistante, souhaitant que l’on vienne faire ce qu’il ne pourrait jamais, souhaitant que l’on vienne sauver la personne qu’il avait gardé des mois durant.

Qu’il était terrifiant ce bruit. Mais il n’était pas seul. Oh, non ! Se joignait à lui des pleurs, improbable escorte. Des pleurs tout aussi désespérés, tout aussi tristes mais bien vivants. Les pleurs d’une jeune fille, ses pleurs et ses cris. Elle apportait la vitalité qui manquait à la bruyante machine. Et bien vite, bien vite, grâce à eux deux, accoururent de nombreuses personnes toutes de blanc vêtues.

Elles se positionnèrent autour du jeune patient, de ce futur mort. Deux d’entres elles empêchèrent la jeune fille éplorée de se mouvoir, cherchant maladroitement à la rassurer. Elle était à genoux, tandis que sous ses yeux d’ambres, au travers de ses trop nombreuses et trop lourdes larmes, elle voyait tous ses rêves se briser. Ils explosaient là, dans cette pièce blanche, emportant avec eux ce jeune adolescent aux cheveux bleutés. Emportant avec eux son cœur, qui venait juste de s’arrêter, emportant avec eux le monotone bruit de l’électrocardiogramme mourant.

Qu’elle était belle cette mort. Et pourtant… Pourtant, il y avait une sorte d’impression. La jeune fille n’en était pas sûre, trop occupée à se débattre, trop occupée à pleurer, mais il y avait une sensation étrange. La mort, dans la vie. Et, la vie dans la mort. Mourir, pour mieux revivre. Il l’avait déjà fait par le passé.

Juste une fille.

Une perle rouge sang.

Perdue à l’intérieur d’une larme.


____________________________

[The End.]


Dernière édition par Akogare Hyuuga le Lun 26 Jan - 18:45, édité 1 fois
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyVen 14 Juil - 16:07

Tu toi respirer. Tu sais, si tu ne le fais pas, ton cœur va cesser de battre. C’est mathématique. Logique même. Si tes poumons n’ont plus d’air, c’est impossible de t’alimenter en sang. Ce serait fâcheux. Crois moi. Je ne te fais pas la morale, attention. Si tu souhaites mourir, c’est l’occasion. Personne ne t’en voudra. Tu t’es déjà battu. Tu es le garçon le plus courageux du monde.

Mais, tu ne veux pas mourir.

Ouvre les yeux. Relève la tête. Tu souffres ? C’est parce que tu vis. Cette souffrance souligne ta vie. C’est ironique, oui. Tu vois ce fil ? C’est ta vie qui s’enfuit. Regarde le. Allez. Un effort. Voilà. Tous tes souvenirs s’enfuient. Quelqu’un sans souvenirs, c’est un fantôme. Un mort.

Tu ne veux pas mourir.

Tend l’oreille. Ecoute le silence. Ecoute plus loin encore. Ca y est ? Elle t’appelle. Elles t’appellent, même, au pluriel. Elles ne se sont pas battues pour rien, si ? Tu ne vas pas leur filer entre les doigts maintenant ? Tu voudrais changer des choses de ta vie ? Si tu meurs, tu ne pourras jamais. Penses-y. Si tu sombres, tu emporteras un monde avec toi. Le tien. C’est comme ça pour tous les êtres qui chutent, qui meurent. Leur monde, leurs souvenirs, tout ça les suit dans le néant. C’est inévitable. Toi, tu n’es pas encore mort. Tu t’en rapproches oui, tu as tes limites, imposées par ton adolescence débutante et ton humanité. Mais, tu as de la volonté. Tu ne sais pas comment t’en servir, mais lorsque tu en as besoin, elle est là, à portée de main. Tu en as besoin.

Non, tu ne veux pas mourir.

Pense à son visage. Songe à son corps, à son rire et son sourire. A ses pleurs aussi. Imagine ses larmes qui sans hâte sèchent sur sa joue rosée. Redresse toi. Regarde la. Si tu meurs, tu dois l’assumer. Prend tes responsabilités. Tu réagis ? C’est bien. Tu es furieux. C’est bien. Furieux, tu ne peux réfléchir. Ta main, accroche la au sol. Comme ça. Arrête de tomber, stoppe cette chute intemporelle. Tes jambes, replie les. Tu continues de glisser ? Oui, la paroi est traîtresse. Tu sais, la mort aime la vie. Elle n’est pas jalouse, non. Mais elle aime la vie. Toi, tu es vivant. Elle t’aime, elle te désire. Et oui, les femmes se battent pour toi, mon petit. C’est flatteur, crois moi. Prend ma main. Tu n’as pas la force pour remonter, prend la mienne. Ne t’en fais pas. Tu n’es jamais qu’une petite parcelle de vie, aussi léger qu’un oiseau mort. Moi je vole. Tu n’as pas à t’inquiéter. Prend ma main. Voilà, c’est bien.

Dis moi, tu ne veux pas mourir ?

Non. C’est bien ce que je pensais. Tu as réfléchi ? Trop ? Oui, c’est bien. C’est très bien. Je crois moi aussi que tu ne peux pas mourir. Tu sais, il arrivera un temps où tu tomberas. Le monde est ainsi agencé, sur une mécanique d’anéantissement et de perte. Mais, un grain de sable peut se faufiler à l’intérieur, et retarder l’échéance. Dis toi, que je suis un grain de sable. Mon nom ? Tu n’as pas à le savoir. En fait, je n’en ai pas. Tu sais, personne ne prend le temps de me nommer. Quand quelqu’un tombe, il tombe. Il ne fait pas de politesses.
Attend. Tes souvenirs. Ramasse les. Oui, tire sur le fil blanc. Il serait fâcheux que tu repartes sans eux, après tout le parcours exécuté pour les récupérer. Beaucoup se réveillent amnésique. Comme toi, ils oublient leurs souvenirs ici. Ca me rend triste, mais je ne pense pas toujours à le leur rappeler. Heureusement, les tiens sont chargés, je me disais que tu étais de plus en plus lourd. Non, non, ne t’en fais pas, je ne te lâcherai pas. Je n’ai jamais lâché personne. Voilà, serre les contre toi, et ne les abandonne pas. Tu t’es battu pour eux. Ils sont importants pour tout humain. Tu ne veux pas être une coquille vide, hein ? Non, bien sûr.
Le voyage est long. Oh, le temps n’est pas important ici. Non, tu sais, ce n’est pas pareil que chez tes amis. Tu respireras le moment venu.

Car, tu ne veux pas mourir.

C’est tout noir ici ? Non. Les paupières fermées, tu ne risques pas de voir grand-chose, mon petit. Il y a d’autres personnes qui tombent. Non, je ne les aiderais pas. Tu sais, je ne suis pas seul ici. Oh, non, ce n’est pas une agence. C’est… autre chose. On vous observe chuter, on regarde vos vies. Oui, ça peut paraître grossier, mais c’est ce qui t’a sauvé mon petit. Si je n’avais pas vu ta souffrance, ou ton désespoir, je t’aurais laissé tomber, car telle était ta place. Non, nous ne sauvons pas tous les gens désespérés, ou souffrants. Tu sais, nos interventions sont exceptionnelles. Certains nous appellent les miracles, les corbeaux, ou d’autres noms scientifiques. L’homme aime nommer ce qu’il ne comprend pas. C’est une réaction normale, humaine en somme. Cela atténue sa peur. Et personne n’aime avoir peur, hein ? Logique.
Alors je t’ai vu. Je me suis dis qu’un adolescent de plus mourrait. Je n’aime pas voir les enfants ici. Ce n’est pas leur place. Et pourtant, nous sommes incapables de les sauver. On les regarde juste. On pleure, parfois. On rit aussi, de temps à autre. Certaines morts sont drôles, je n’y peux rien. J’ai même vu des gens mourir de rire ici. J’en ai sauvé quelques uns.

Mais toi, tu ne tomberas pas, car tu ne veux pas mourir.

Tu as peur ? Je comprends. Je crois. Tu sais, tu es un guerrier. Peut-être que des gens tomberont ici à cause de toi. Des enfants, qui sait ? Des adolescents, comme toi, qui de par leurs buts vont à ton encontre. Mais, je crois que ton temps n’est pas fini. Je ne me l’explique pas. Je n’essaye même pas. Tu auras peut-être une importance, dans ta vie future, en empruntant le chemin qui reste à tracer. En tuant des gens, tu empêcheras peut-être certaines choses.
Je ne crois pas à la justice. Tu ne devrais pas y croire non plus. J’ai vu trop de choses ici, pour y penser encore. La justice est un concept, et un concept meurt quand plus personne n’y croit. La justice est morte. Tu sais, certains disent que l’amour aussi est un concept. Ils se trompent. Oh, bien sûr, j’ai mes idées, et j’accepte celles des autres. Mais la route est encore un peu longue, alors je trompe le temps en te parlant. L’amour est un sentiment, une émotion. Ca n’a rien à voir avec un concept. Un concept est une sorte de mécanique, une idée volatile. L’amour est ancré dans ce monde, comme les autres sentiments. Il peut disparaître oui, mais c’est comme la peste. Il reviendra un jour. Aux humains de voir si ils sont toujours immunisés.

Toi tu ne l’es pas, et c’est pour ça que tu ne veux pas mourir.

Tu sais, ce n’est pas seulement parce que tu es amoureux que je te remonte. Même si j’adore les adolescents amoureux, c’est trop peu pour justifier une remontée. En fait, je ne pourrais pas, si il n’y avait que ça. Même si tu es charmant au demeurant. Je ne pourrais pas. C’est ainsi. Non, en vérité, il reste trop de choses inachevées dans ta vie. Des points à éclaircir.
Il y a des chercheurs, qui meurent avant d’avoir terminé leurs recherches. De grands compositeurs qui n’ont pas le temps d’achever leurs derniers accords. Mais, on les laisse mourir bien souvent eux, car on ne peut les attraper. Et pourtant, leurs musiques ou leurs œuvres toucheront des milliers de cœurs. Tu vois ce que je veux dire ? Toi, tu ne toucheras pas des milliers de gens. Mais je peux te sauver. Tu saisis ? Ta vie passée est contre ta poitrine, là. Dans tes souvenirs. Tu l’aimes ou tu la hais, ce n’est pas le problème. Mais il y a des choses laissées en suspens. Avec ta famille, par exemple oui. Ou même à l’intérieur de toi. Oui, dans ton esprit et dans ton cœur. Tu n’es pas achevé. Normal, pour un adolescent, mais toi, tu es à peine commencé. Tu vois ? Tu es comme un nouveau-né, un nouveau-né de quatorze ans, qui a laissé tout un monde entre parenthèse, suspendu au dessus du vide. Et tu veux l’achever, ce monde, cette création.

Normal, puisque tu ne veux pas mourir.

Voilà. C’est la fin. Ou le début, ça dépend. Lève le menton. Regarde ce monde. Tu vois cette chambre ? Tu y es resté de longs mois. Regarde cette fille. Ah, tu la reconnais hein… Elle pleure oui. Ils sont deux pour l’empêcher de te toucher. Oui, deux. Regarde, elle est furieuse elle aussi. Furieusement triste. Elle n’a plus de force. Elle ne peut plus t’en donner. Ce n’est pas grave. Je t’ai prêté la mienne. Tu vois ce corps ? C’est le tien. Etendu et silencieux. Silencieuse, cette boîte ne l’ait pas. Elle crie. Elle signale que tu es en train de partir, que tu es déjà parti même. Mais, tu es revenu, non ? Oui. Tu es revenu. Viens, marchons. J’ai toujours adoré les moyens d’éclairer des humains. Je me dis qu’un néon serait quand même bienvenu en bas, tu ne crois pas ?
C’est ton lit. Tu es dans un sale état, crois moi. Tu ne te remettras pas tout de suite. Ton corps est devenu faible. Il faudra l’endurcir de nouveau, lui réapprendre à souffrir. Mais tu es courageux. Ton esprit est opérationnel lui. Ce sera lui qui commandera. Comme toujours, non ? L’esprit, avant le corps. Le corps est la marionnette, l’esprit le marionnettiste. Non ?
Oui, le temps est arrêté. Avoue que ce serait gênant que tous ces humains nous voient. Tu veux récupérer ton corps alors ? Tu sais, dans la vie, on a le choix jusqu’au bout. Tant que tu n’as pas emprunté le sentier, tu peux faire demi-tour. Après, c’est trop tard cependant. Alors ? Je le savais. Alors reprends ton corps, mon petit. Recueille toi dans ton esprit. Puis respire. N’oublie pas de respirer. Sinon, tu tomberas à nouveau. Non pas qu’un voyage de plus me dérange, mais tout de même, tâchons de rester professionnels. Une fois que tu auras récupéré ton esprit, tu pourras commander ton corps. C’est mathématique. Oui. Logique même. Tu retiens vite, tu sais ?

Je dois repartir. Toi tu restes. Mais tu sais pourquoi ? Eh oui, parce que tu ne veux pas mourir.
Jiraiya
Mort
Jiraiya


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyVen 14 Juil - 16:30

[ Parceque j'apprécie le temps consacré à enrichir le RP de ton PJ et tes PNJ, parceque j'apprécie la qualité générale de ton RP individuel, parceque j'apprécie la crédibilité de ton jeu: Akogare: +190XP RP - Merci. ]
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyDim 16 Juil - 21:55

Le garçon s’éveilla. Il était étendu sur le sol, son épaule le lançait. Il cligna plusieurs fois des yeux. Il sentit le contact frais d’une main, féminine certainement, à sa manière de le toucher et à sa texture. L’adolescent était assit désormais, le regard fixé à terre. Quelqu’un murmurait à son oreille. Une voix qu’il connaissait. Il sourit.

Enfin, Akogare redressa la tête.

Ils étaient toujours dans son esprit, perdus dans une plaine vide. La petite fleur était à terre, maintenant que le souvenir qu’elle contenait avait recouvré son propriétaire. Tenshi était agenouillée à ses côtés, la mine inquiète, peut-être. Il lui sourit. Raunen était debout, Mashiro et Musou avaient disparu.

Avec l’aide de la jeune fille, Akogare se releva. Ses jambes ne tremblaient pas, elles étaient sûres. Akogare jeta un coup d’œil au guerrier. Son épée était dans le sol, il était fatigué et s’appuyait contre elle. Du sang maculait l’ensemble de son corps. Il hocha lentement la tête, comme pour approuver quelque chose.


[Tenshi]"Tu as fait le bon choix.."

Elle souriait. Akogare respira l’air vivifiant qui lui caressait le visage.

[Akogare]"Merci à vous deux."

[Raunen]"Tu nous appartiens, autant que nous t’appartenons. Il n’y a pas à nous remercier. Après tout, nous sommes tes créations, non ?"

Akogare haussa les épaules. Il n’en savait rien. Il doutait pouvoir faire quelqu’un comme Tenshi.

[Raunen]"Mais ce fut un plaisir. Tu sais, tu n’auras pas à nous chercher longtemps désormais. Surtout Tenshi."

[Akogare]"A propos…"

Il dévisagea Tenshi, l’observant comme si il la voyait pour la première fois.

[Akogare]"Tu es mon Byakugan. Est-ce que j’aurais mal si je t’appelles ?"

Peu à peu, il se faisait à l’idée que son arme la plus puissante était une jeune fille charmante. Mais après tout, il l’avait vu se battre. Et dans ces moments, de charmantes elle ne garde que les courbes.
Elle sourit, avant de secouer la tête.


[Tenshi]"Je pense que non. Les premières fois c’était, enfin, … Comme si on faisait l’amour. Tu vois ? Tu ne savais pas t’y prendre, et moi non plus. Alors c’était maladroit, et douloureux. Deux éternels adolescents pas doués en somme."

Akogare était plus ou moins perplexe. La comparaison était loin d’être fausse, néanmoins, il n’en savait pas plus sur ce sujet que sur l’autre. Sans doute que Tenshi le devina, puisqu’elle poursuivit.

[Tenshi]"Mais maintenant, on se connaît mieux tous les deux, non ? Ca se passera bien."

L’adolescent hocha de nouveau la tête, un sourire vague aux lèvres. Il aimait ces deux visages. Ces deux personnes. Il avait grandi sans même les connaître, et maintenant, il se demandait comment vivre sans elles. C’était amusant. Ironique aussi, peut-être, mais pas amer.
Il se tourna avec lenteur, contemplant la plaine battue par les vents. Du sable s’élevait, mais sombrait avant de l’approcher. La main de Tenshi se posa sur son épaule. Elle se pencha à son oreille, si près qu’il sentait son souffle tiède contre son lobe.


[Tenshi]"Tu n’auras plus à avoir peur de ton esprit. Tu as mûri, Akogare. Un mal pour un bien. Crois moi, tu es plus fort désormais. Plus que beaucoup de personnes qui foulent ce monde. Tu sais pourquoi ? Parce que toi, tu sais ce qu’il se passe dans ton esprit, tu le contrôles. C’est important."

Elle se tut, s’écartant légèrement, puis acheva.

[Tenshi]"Tes faiblesses d’hier ont disparu. Tu n’as plus à craindre l’intrusion d’un étranger dans ton esprit. On protége le plus intime, et grâce à nous, tu pourras repousser n’importe quel assaut. Tu n’as plus à avoir peur. Et même si tu tombes, il ne pourra rien nous arriver, ne t’inquiète pas pour cela non plus."

Akogare hocha la tête, plusieurs fois, comme si il assimilait progressivement ce que lui disait Tenshi. Il se souvenait. Auroe, dans la forêt. Il avait eu mal. L’Ombre. Raunen. Il sourit.

[Akogare]"Pour la première fois, je me sens réellement entier."

[Raunen]"Il ne te manque plus que le souffle on dirait. Une jeune fille t’attend. Tu sais comme elles peuvent être insupportables quand on les fait attendre, non ?"

Un facétieux sourire étira les lèvres de Tenshi. Elle serra un long moment l’adolescent contre elle. Et, contre sa peau, il pensait à tout ce qui changerait dans sa vie, à ce tournant qu’il venait tout juste d’emprunter. Il sourit, quand il se rendit compte qu’il n’était plus seul à tourner, que des personnes le soutenaient. Et qu’il aimait ces personnes.

Tenshi se recula. Raunen fut plus solennel. Il murmura quelques mots inaudibles à Akogare, avant de s’éloigner de nouveau. La jeune femme prit place près de l’adolescent, posant ses doigts sur la taille de ce dernier. Il haussa les sourcils, elle sourit.


[Tenshi]"Tu oublie comment tu es venu ici ? Grâce à moi. Et, je peux te renvoyer chez toi, dans ton corps. Tu sais, il y a un réel lien entre nous. C’est grâce à lui que je pouvais te pêcher dans tes souvenirs, alors que tu te perdais. Ne t’en fais pas, ça va bien se passer. Une fois de retour, je pense que ce sera assez désagréable. Mais ça passera. Car des gens t’attendent."

Akogare ferma les yeux. Il avait confiance. Tenshi se pressa contre lui, comme pour l’embrasser, mes ses lèvres n’effleurèrent même pas les siennes.

Abrité derrière ses paupières, son monde était noir. Ce n’était pas inquiétant. Il sentait toujours les doigts de Tenshi sur son corps. Il se laissa faire. La sensation était étrange. Ce n’était pas une élévation, mais plutôt un retrait. Comme lorsque l’on retire un bandage. Tenshi tirait dessus avec délicatesse, sans se presser et avec calme.

Elle lui dit au revoir. Elle lui dit qu’elle l’aimait.

Puis plus rien.


[Akogare : Kai Validé.]


Dernière édition par le Dim 4 Nov - 19:06, édité 1 fois
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyLun 17 Juil - 13:00

Ce fut comme une bulle qui éclate. On s’y attend, on sait que la chose est inévitable. Mais quand ça arrive, on est tout de même surprit.

Akogare fut projeté dans son corps. Il n’essaya pas d’ouvrir les yeux. Non. Pas tout de suite. Il fallait se rappeler quelque chose. Il avait oublié. La panique. Peur. Non. Tu n’as plus à avoir peur. Qui a dit ça ? Oui. Quelqu’un de bien.

Respirer. Il sentit son cœur s’activer de son propre chef. L’instinct de survie est quelque chose d’incompréhensible. Il prend possession de nous, nous jugeant trop lent. Et puis, il nous sauve. Akogare prit une bouffée d’air. Il resta contre son oreiller. Il entendait un son. Un son bref, cadencé. Puis des murmures. Etonnement. Incompréhension.

On fait évacuer la salle. Les brumes dans l’esprit du jeune homme sont encore présentes. Au milieu, nagent ses pensées. Elle tente de l’atteindre, mais trop lentement.

Puis il ouvrit les yeux.

Il n’aurait pu dire combien de temps il était resté dans cet état. Vivant, mais inconscient. Plusieurs fois, il cligna des yeux. Il avait oublié comment cela faisait, de voir. Quelqu’un lui parla aussitôt. Akogare n’eut pas la force de tourner la tête pour l’observer. De toute manière, il peinait à comprendre ce qu’il disait.

L’adolescent resta ainsi, à contempler la porte close qui lui faisait face. Le médecin à ses côtés prenait des notes, appuyant sur des boutons, ponctuant tout cela d’une phrase incompréhensible.

Il s’endort.

Lorsque ses paupières s’ouvrent de nouveau, il fait nuit. Il est seul dans la pièce, seul en compagnie du vent. Il se sent épuisé. Faiblement, il tente un mouvement, avec sa main. Elle réagit à peine. Il soupire, se renfonce dans son oreiller.
Les jours suivants se ressemblèrent tous. Il s’éveillait, avec de temps à autre un médecin à ses côtés, puis se rendormait toujours.
Mais un matin, il se sentit mieux. La fatigue était repartie. Il goûtait le silence avec une oreille neuve.

Une infirmière lui touchait le cou. Il ne se demanda même pas pourquoi. Il se tourna vers elle, l’observant de ses yeux nacrés. Elle sourit, peut-être un peu nerveuse. C’était une jolie blonde, qui peinait à se faire obéir d’une mèche rebelle. Elle parlait. Il fit l’effort d’écouter.


[Infirmière]"… se sentir mieux. C’est bizarre non ? Enfin, je dis ça, mais ça ne fait que deux semaines que je suis là. Vous y étiez depuis longtemps."

[Akogare]"Combien ?"

Elle sursauta, griffant presque Akogare à la mâchoire. Il aurait été difficile de lui en vouloir. Le jeune homme était lui-même surprit du timbre de sa voix. Eraillée, épuisée, comme une corde rongée par les vents salins qui gémit toujours, prête à se rompre. Il sourit à la jeune femme, alors qu’elle se confondait d’excuses.

[Infirmière]"On pensait que vous aviez des séquelles vous savez, la voix par exemple. Mais, enfin, visiblement, non. Encore désolée, vous savez, d’habitude je ne fais pas ce genre d’erreur, il faudrait pas que le chef de l’établissement le sache, hein, vous savez, parce que..."

Et elle continua. Pitié, vous êtes toute excusée, mais je vais bientôt m’endormir. Par miracle, Akogare saisit l’information qui l’intéressait.

[Infirmière]"… doit bien faire six mois, peut-être un peu plus."

Akogare tenta d’imaginer. Il était resté six mois, sur ce lit ?

[Akogare]"Ma famille ?"

La question était survenue sans prévenir.

[Infirmière]"Oh, et bien, elle n’est pas venue, du moins, c’est ce que j’ai cru comprendre. Il y a bien cette fille, mais vu la façon qu’elle avait de vous toucher, je doute qu’elle soit votre sœur. Enfin, ça me regarde pas, notez bien."

[Akogare]"San ?"

[Infirmière]"Oui, c’est son nom. Elle est là depuis le début, elle dormait à côté-là, mais souvent elle vous rejoignez. Elle doit être dehors en ce moment, mais vous savez ce que c’est, les médecins préfèrent vous ménager. Un choc après l’autre comme ils disent."

L’infirmière partit dans un long monologue. Akogare ferma les yeux, se laissant bercer par la voix de la jeune femme. Cette dernière lui passait quelque chose à l’endroit de sa nouvelle coupure.

[Infirmière]"Je ne sais pas si il y a déjà eu un cas comme le vôtre ici. Un coma long, qui se termine par l’éveil du patient. Paraît que vous étiez dans un état assez moche à votre arrivée. Tout cassé. Vous avez même fait un rejet de sang compatible. A ce moment là, tout le monde a cru que vous alliez mourir, mais non. Décidemment hein, quand on veut pas, on veut pas. On a fait de notre mieux pour soigner vos bras et vos jambes. Vous avez des escarres. C’est assez grave, et je pense que si vous ne vous étiez pas réveillé, il aurait fallu, enfin, euh… Enfin, ce n’est pas grave, vous êtes réveillé ! Vous mettrez du temps à récupérer. Vous êtes un ninja non ? Genin en plus. J’espère que vous arriverez à vous remettre."

Cela faisait un moment qu’Akogare s’était laissé aller au sommeil.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyLun 17 Juil - 15:56

[???]"Alors ?"

De mauvaise humeur, une seconde personne répondit.

[???]"Alors quoi ?"

[???]"Le Hyuuga."

Un soupir, puis avec un haussement d'épaule.

[???]"Il va bien. Enfin, il est vivant. Il est tombé en mort clinique quelques secondes, on a fait des rappels, rien à faire. La petite m'a broyé le poignet d'ailleurs. Puis, comme une fleur, il a reprit vie. Il s'est réveillé le lendemain."

[???]"Bizarre, non ?"

[???]"Non. C'est pas courant, mais parfois le coeur se remet en marche tout seul. Visiblement, le Hyuuga est tiré d'affaire désormais, je vois mal une rechute."

Un liquide coule dans un récipient en plastique.

[???]"Six mois n'empêche. Il va avoir du mal à récupérer."

[???]"Bah, si il a survécu jusque là, c'est pas pour se laisser faire maintenant."

Le silence retombe. Les deux personnes sortent. La jeune fille se réveille. Elle se passe une main sur le visage, ôtant de ses traits toute marque de fatigue. Elle penche la tête, se regarde dans un miroir. Elle grimaça. Elle se recoiffe vaguement, mais pour les cernes, il faudra repasser. Elle sort du canapé.

Les deux médecins l'avaient éveillé. Ils parlaient d'Akogare. San savait qu'il avait survécu. Elle était là quand la machine s'est remise à fonctionner. Mais ils n'ont pas voulu qu'elle reste davantage. Elle était restée contre le mur, agenouillée devant la porte, patientant nerveusement. Puis le sommeil l'avait recueilli, et elle venait juste de recouvrer ses esprits.

Sur la pointe des pieds, elle évolua dans les longs couloirs. L'été touchait à sa fin, il embrassait l'automne. Elle passa une main sur sa jupe, l'étirant. Il y avait peu de monde ce matin. Sans 'arrêta à la porte d'Akogare. Sans s'embarrasser de soucis de discrétion, elle ouvrit la porte.

Akogare dormait toujours.

Elle sourit en s'approchant. Elle s'était habituée au bruit continu de la machine derrière elle, et mieux, elle appréciait sa présence. Après tout, ça signifiait qu'Akogare allait bien. Elle posa sa main sur celle du jeune homme.

Joyeux anniversaire Akogare, tu viens de passer la moitié de tes treize ans sur un lit d'hôpital.
Elle passa un doigt sur sa poitrine, se souvenant parfaitement de cet endroit tâché de sang. Il n'en gardait qu'une vague cicatrice mal dessinée.


[San]"Tu vas te faire attendre encore longtemps, hum ?"

Elle caressa l'épaule de l'adolescent, ignorant la boule qui se formait dans sa gorge.
Elle aurait pu s'endormir. Mais elle sentit Akogare s'agiter. Ce n'était pas les frissons qu'il avait déjà eu par le passé, manifestations de cauchemars infernaux. Non, c'était les mouvements d'un adolescent assoupi. Elle sourit. Il fronça les sourcils, inclina la tête pour fuir un rayon espiègle. Puis, finit par les ouvrir, conscient qu'il n'était pas seul.

Il savait que San était avec lui.

Elle sourit, tandis qu'il se redressait contre le mur. Elle serra un peu plus fort sa main, comme pour s'assurer que le jeune homme ne reparte pas dans un nuage de fumée en riant joyeusement. Non, il resta là, à la dévisager avec un demi-sourire.

Il n'y eu qu'un échange visuel. Leurs regards se rencontraient enfin, prenaient le temps de se reconnaître, de s'entrelacer. Puis, Akogare sourit plus franchement, avant de lâcher, de sa voix abîmée.


[Akogare]"Salut."

Une larme rebelle coula sur le visage de San, épousant son sourire. Elle garda le silence, écoutant seulement son coeur lui broyer la poitrine, et Akogare poursuivit en prenant tout son temps, en n'hésitant pas à prendre de longues pauses.

[Akogare]"Tu étais toujours là. Je le sentais, tu sais ? Comme un mur qui m'empêche de tomber. Je t'ai reconnu à la fin. J'ai pu te mettre un nom. C'est pour ça que je suis mort. Je pense. Ca m'a fait un choc. Je me suis dis que ma vie n'était pas si vide, au final. Mais, je tombais. Et quelqu'un m'a sauvé. Je ne le connais pas. Mais il aimait les adolescents amoureux. Et tu es là."

Il se tut si longtemps qu'elle se demanda si il allait continuer. Il ne la quittait pas des yeux, ne se départait pas de son sourire. Elle, elle ne pouvait pas parler. Elle ne cherchait pas à lutter contre ses larmes. Finalement, Akogare souffla.

[Akogare]"Viens. Je peux pas bouger encore."

Elle se laissa tomber sur le lit, remontant ses jambes sur celles du jeune homme. Elle passa une main autour de son torse, posant l'autre sur son épaule et sa tête dessus. Elle ferma un instant les paupières, profitant de cette présence. Ce battement qui soulevait son bras, ce silence qui les unissait tous deux, ce souffle qui lui caressait le front.

[Akogare]"Tu m'as manqué San..."

Il ferma à son tour les yeux. Il respirait cette vie nouvelle qui se présentait à lui. Ces mois envolés n'étaient peut-être pas perdus. Ils avaient eu leur utilité. Sans aucun doute.
Akogare se demandait comment faire pour mûrir. C'était Jujuko qui lui avait dit ça. Il se demanda si il lui ferait la leçon. Oui, sans doute. Est-ce qu'il s'était inquiété ? Peut-être.
Il pensa à San. San qui était contre lui. Qui s'endormirait sur son épaule, comme avant. San, qui conformément à la prédiction de Jujuko avait été en danger. Oui. Mais elle était là, et lui aussi. Ce n'était pas une pensée consolante, mais apaisante. Akogare ne cherchait pas à se consoler.
Pas encore.
Il n'avait pas à regretter ce qu'il avait été. Les regrets sont des rongeurs. Ils n'épargnent rien.
Il n'avait qu'à croire au futur. C'était, oui, bien idéaliste. Une pensée d'adolescent amoureux, en somme.


[San]"Merci, Ako."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyMar 18 Juil - 19:08

Il quitta son lit une semaine plus tard. Les médecins cédèrent de mauvaise grâce devant l’insistance d’Akogare. Il ne servait à rien de rester plus longtemps. Ils ne pouvaient rien pour lui, et le temps qu’il passait allongé aggravait ses blessures. Le jeune homme aurait préféré quitter l’hôpital, mais les médecins lui firent comprendre que c’était hors de question, du moins, pour le moment.

Pour la première fois, Akogare profita du soleil, San lui tenant le bras. Il utilisait des béquilles, même si ses jambes n’avaient guère de soucis à le porter. Une précaution médicale. Il prit également son premier repas consistant, sous les protestations de son estomac néanmoins. Ce dernier avait perdu l’habitude de travailler réellement.
Et il n’était pas le seul, d’ailleurs.

San était assise à sa gauche, sur un banc du parc à leur disposition.


[San]"C’était comment ?"

Elle devait avoir réfléchit à sa question des jours durant. Akogare s’y était attendu, en vérité. Mais il n’avait jamais songé à une réponse. L’adolescent haussa les épaules.

[Akogare]"J’étais dans mon esprit, je crois. J’y ai trouvé des réponses. C’était un long voyage, pour retrouver mes souvenirs perdus. J’ai vu beaucoup de mes erreurs, et j’ai fini par me réveiller."

Il sourit.

[Akogare]"J’ai rencontré celui qui hantait mes rêves par le passé, et j’ai rencontré mon Byakugan. Sans eux, je serais mort, je pense."

[San]"Ton Byakugan ?"

Akogare hocha la tête lentement, le regard posé sur un arbuste verdoyant. Puis, il sourit à la jeune fille.

[Akogare]"Et oui... Une très jolie femme, Tenshi, qui m’a maintenu en vie vers la fin du voyage."

Prudent plus que cachottier, il ne dit pas comment. Il avait encore le goût de ses lèvres sur les siennes, quelque part dans ses souvenirs.

[Akogare]"Pendant la totalité du voyage, je n’ai rien vu de bon. J’ai vu mes erreurs, ma famille, ma faiblesse. Rien de bon. Alors je mourrais. Il me manquait quelque chose pour continuer à avancer. Tenshi, me donnait un peu de ce manque, elle le remplissait autant qu’elle le pouvait."

Elle lui donnait un peu d’amour. Akogare se penchait à ses lèvres pour le recueillir, et pour avancer. Mais, en voyant que cela affaiblissait considérablement Tenshi, il avait refusé qu’elle en fasse plus.


[Akogare]"Puis j’ai trouvé le souvenir de toi, celui qui me manquait. Il me semble que c’est là que je suis mort. Tu sais, j’étais réellement épuisé. Je sens encore mes muscles se détacher et crier. Tu étais là, toi aussi. Tu m’as demandé de survivre. Je crois. Je suis mort, et quelqu’un est venu m’aider pendant que je tombais. Je sais pas qui il est, il m’a simplement aidé. Il n’appartenait pas à mon esprit, c’est tout ce que je sais."

San écoutait en silence. Il aurait été délicat de dire qu’elle comprenait. Mais elle avait ressenti quelques uns des sentiments d’Akogare. L’adolescent s’adossa contre le banc, s’amusant avec une lanière en cuir de la béquille, son autre main posée sur celle de San.

[Akogare]"Mais il m’a ramené dans mon corps, c’est le plus important."

[San]"Et avec... euh, ta famille ?"

Akogare se tourna vers elle, un rassurant sourire étirant ses lèvres. Son bras remonta, enveloppant la taille de l’adolescente.

[Akogare]"Je ne ferais pas le premier pas vers eux. Pas déjà, en tout cas. Quand je serais remis."

Il sourit plus largement.

[Akogare]"Peut-être.

San posa sa tête contre le jeune homme.

[San]"On ne dirait pas que tu es resté six mois dans le coma, tu sais ?"

Elle reprit, avant même qu’Akogare ne songe à une réponse.

[San]"Tu as l’air plus léger, plus souriant qu’avant."

Avant. Ce temps remontait à loin désormais. L’adolescent abandonna ses lèvres sur le front de la jeune fille. Le silence tomba de nouveau, mais Akogare se décida à répondre.

[Akogare]"Je pense que je suis heureux. En fait, je le suis. C’est comme si on me retirait un poids des épaules, et qu’on me demandait de relever le menton. On ne peut pas passer sa vie à regarder ses pieds."

[San]"Et là, on dirait que tu as pris trois années de plus."

Akogare sourit. Un sourire joyeux, presque malicieux.

[Akogare]"On m’aurait caché quelque chose alors."

Il se recula légèrement, et contempla San. Bien que vaguement étonnée, elle ne dit rien.

[Akogare]"Tu as changé aussi."

Il saisit une des mèches de l’adolescente, qu’il caressa un bref instant entre ses doigts.

[Akogare]"Tu as les cheveux plus longs" Sa main remonta sur son visage. Il dessina le contour de sa mâchoire, puis de ses lèvres. "Et tu as maigri."

Cependant, il ne jugea pas utile de lui dire qu’il trouvait sa poitrine légèrement plus lourde que dans ses souvenirs.

[San]"Tu vas me faire peur…"

San fit glisser sa main sur la jambe d’Akogare. Elle tapota dessus, puis finalement demanda.

[San]"Dis moi, tu as vu un homme avec une rose à la ceinture, pendant ton, euh, coma ?"

Les sourcils d’Akogare se dressèrent de concert.

[Akogare]"Mashiro ? Si, je l’ai vu. Il nous a aidé, vers la fin. Pourquoi ?"

[San]"Il m’avait promis de venir t’aider. Je l’ai croisé, il y a longtemps. La veille de tout ça. Je ne t’en avais pas parlé, tu, enfin, n’étais peut-être pas d’humeur, à ce moment."

Akogare hocha la tête. Il était pour le moins surpris.

[San]"Au début, je pensais que tout le monde pouvait le voir. Mais bien plus tard, quand il est revenu pour t’aider comme tu dis, je me suis aperçu que non. On a une connaissance en commun, on dirait."

Et pour cause.

[Akogare]"Il t’a dit qui il était ? Enfin, ce qu’il était, plutôt ?"

San secoua la tête.

[Akogare]"Ah… Et bien… C’est pas grave, on verra plus tard."

Les lieux étaient calmes. Quelques patients déambulaient, observant le parc avec une curiosité toute enfantine. Akogare jeta un œil à ses béquilles qui attendaient, immobiles.

[San]"Tu habiteras à la maison ?"

[Akogare]"Si ça ne dérange personne."

[San]"Non, non, ne t’en fais pas."

Akogare hocha la tête, souriant au travers ses cheveux bleutés. Il fit pivoter son bras, et observa les escarres qui le mordaient. D’après les médecins, elles étaient peu profondes, en tout les cas, moins qu’elles auraient due. L’infirmière lui avait donné toute une liste de choses à faire pour pallier à cet état. Elles disparaîtraient avec le temps et les soins.

[San]"Tu feras quoi, quand tu iras mieux ?"

Akogare continua à dévisager son bras blessé, mais un sourire éclaira son visage. Lentement, il se tourna vers la jeune fille.

[Akogare]"Je reprendrais les entraînements."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyJeu 20 Juil - 13:12

L’infirmière nouait les bandages consciencieusement autour des bras de son jeune patient. Akogare observa ses deux membres. Des coudes, jusqu’aux paumes, ils lui enserraient les bras. Ses pouces pouvaient se mouvoir, les lanières leur passaient entre. Il soupira.

[Infirmière]"Il faudra les changer fréquemment. N’hésite pas à venir à l’hôpital, si tu as besoin d’aide. C’est important."

[Akogare]"Ouais, ouais."

Il saisit d’une main ses deux béquilles. L’infirmière n’ajouta rien, et le laissa partir. Il retrouva San dans le hall. Il lui sourit, lui lâcha quelques mots à l’oreille, avant de signer un papier à la femme chargée de l’accueil.

[Accueil]"Bon retour chez vous, Hyuuga Akogare."

Ils sortirent.

Le soleil était déjà haut dans le ciel. Akogare laissait errer son regard sur les ruelles qui s’offraient à lui, sur les bâtisses qu’il avait partiellement oublié. Il ne leur fallu pas longtemps pour atteindre la maison de San. Elle ouvrit sans bruit la porte. Les parents de la jeune fille étaient visiblement absents. Son frère cependant, Nanki, était endormi sur le canapé, une main sur la télécommande.


[San]"Monte, je te rejoins plus tard."

Akogare hoche la tête. La perspective de gravir un escalier ne lui souriait pas. Néanmoins la tâche se révéla moins ardue qu’il ne l’aurait pensé. La chambre de San était entrouverte. La poussière voletait à l’intérieur, mise à nue par des rayons malicieux. Mais il y avait toujours ce parfum si particulier, si féminin qui baignait les lieux. Akogare s’assit sur le lit, et ferma les yeux.
Il tomba à la renverse, bercé par l’impression de calme dégagé par cette chambre endormie.

Son esprit dériva, s’ouvrit. Raunen était adossé à un arbre orangé, désarmé. Il leva la tête, et sourit.


[Raunen]"Plus rapide que je ne l’aurais pensé. Tenshi se baigne."

Bizarrement, l’idée qu’une jeune femme prenne son bain dans les méandres de son esprit ne parvint pas à déstabiliser Akogare.

[Akogare]"Je me suis endormi ?"

Raunen haussa les épaules.

[Raunen]"Ce n’est pas obligé. Comment trouves tu ton corps ?"

Le guerrier avait assurément une musculature impressionnante. D’un autre côté, il était certain que pour soulever son arme, il ne fallait pas être une fillette. Le voir ainsi détendu, contre un arbre, en habits simples était quelque chose d’étonnant.

[Akogare]"Faible. J’aimerai bien le tien."

Akogare s’approcha, et s’assit aux pieds de Raunen. Il saisit distraitement un brin d’herbe avec lequel il parcourut sa peau abîmée.

[Raunen]"Ca viendra peut-être. Pendant les mois qui viennent, essaye de récupérer."

[Akogare]"Vous resterez là ?"

Raunen hocha la tête.

[Raunen]"Aussi longtemps que tu vivras oui."

Le silence se prolongea. Le guerrier s’assit à son tour, pensif.

[Akogare]"Et la femme masquée ?"

Les yeux de Raunen se perdirent plus loin, en contrebas. L’adolescent devina que c’était là-bas que se trouvait Tenshi.

[Raunen]"Je sais pas où elle est. Tu sais, je ne crois pas qu’elle soit mauvaise. Elle avait un but, ce but était contraire au nôtre. Nous avons rempli notre objectif, pas elle. Et ça s’arrête ici, nos vies reprennent un courant différent. Elles ne se sont croisés qu’un bref instant."

[Akogare]"Je me demandais une chose en fait… Est-ce que j’aurais pu la tuer ?"

Raunen sourit, comprenant le sous-entendu.

[Raunen]"Tu ne peux pas nous tuer, ni moi, ni Tenshi. Nous sommes une partie de toi désormais, et même ton inconscient ne pourrait nous atteindre. Ne t’en fais pas. Pour Tael, je crois qu’elle n’appartient pas à ton esprit. C’est un électron libre, un feu follet volatil. Comment elle est entrée, je l’ignore, mais cela faisait plusieurs années. Elle s’y est peut-être installé, mais je pense qu’elle pourrait partir n’importe quand."

Akogare jeta au loin son brin d’herbe. Le guerrier reprit.

[Raunen]"Mais ne t’occupe pas de cela. Ton esprit est bien protégé. Et si quelqu’un y pénètre, tu n’auras pas à t’inquiéter. Il ne pourra pas utiliser grand-chose, et même si il le fait, toi tu sauras que c’est une illusion. Je te le dirais. Après, il suffira de le repousser. Et Tenshi interviendra certainement."

[Akogare]"C’est bien. J’avais peur de ça."

Raunen sourit de nouveau. Il le savait. Ils profitèrent tous deux du vent léger qui agitait les feuillages. Une question traversa l’esprit de l’adolescent, tellement forte qu’il douta de pouvoir s’en séparer mais il la repoussa pour en poser une autre.

[Akogare]"Est-ce que je pourrais tenir mes promesses ?"

[Raunen]"Oui. Tu l’as déjà démontré, ce n’est pas un problème. Il faudra que tu te réconcilies avec certaines parties de toi, par contre. C’est indispensable. Tu n’es plus seul, Akogare. Tu dois adapter ta vie en fonction de cela."

Akogare pensait à sa famille. Oui, il faudra leur pardonner. Il ne pouvait continuer à avancer en occultant cet imposant fragment de sa vie. Mais, il attendrait d’aller mieux, il attendrait d’être prêt. Il leva les yeux sur Raunen. Il semblait paisible. La question qu’il avait repoussée lui brûla à nouveau les lèvres, avide de sortir. Il ne chercha pas à l’écarter, et la laissa couler.


[Akogare]"Est-ce que Tenshi m’aime ?"

Lentement, Raunen se tourna vers l’adolescent. Il inclina la tête, un sourire éclairant son visage. Il choisit soigneusement ses mots, avant de proposer une réponse.

[Raunen]"Oui. Ce n’est pas le type d’amour qui m’unit à elle, ou toi à San. Ce n’est pas un amour maternel. Ce n’est pas un amour commun, mais c’est de l’amour."

Ils retombèrent dans le silence. Akogare aussi aimait Tenshi. De la même manière que venait de le décrire Raunen. Il n’arrivait pas à coller un nom à cette manifestation et pourtant, elle existait.

[Raunen]"N’hésite pas à revenir, Ako. Tenshi sera heureuse de te voir, et moi aussi. Prend soin de toi."

Akogare leva les yeux, croisant le regard du guerrier. Il n’avait pas envie de partir, mais il se sentait attirer.
Il ouvrit les yeux, et découvrit San. Elle était de dos, son chemisier était à terre. Ses épaules dénudées souriaient à l’adolescent, qui peinait à ne pas attarder son regard dessus. De fait, il n’essayait même pas. Mais elles s’éclipsèrent après le passage d’un nouveau chemisier. San se tourna, arrangeant sa coiffure et avançant vers le lit en reboutonnant son vêtement d’une main agile. Elle leva enfin le regard sur Akogare, qui sentait bien qu’il rougissait. Les volets étaient fermés, dissimulant complaisamment cette délicieuse et bien éphémère honte.


[San]"Je t’ai réveillé ?"

Elle s’assoit sur le lit.

[Akogare]"Non, non, j’ai le sommeil léger en ce moment."

Elle s’étire. L’heure a avancé, visiblement. Akogare s’écarte, de façon à laisser la jeune fille s’étendre. Ils restent un moment silencieux, allongés côte à côte, leurs pensées s’entrelaçant sans jamais se couper. Akogare tourna la tête vers elle. Son visage est apaisant. Il s’y dégage une douceur délicate, spécifique. Rare. Elle cligne des yeux, et lui rend son regard.

[San]"Qu’est-ce qu’il y a ?"

[Akogare]"J’ai envie de t’embrasser, mais j’ai la flemme de me lever."

Les sourcils de la jeune fille se lèvent, tandis qu’un sourire insolent traverse les lèvres amoureuses d’Akogare. Les yeux de San se plissèrent.

[San]"Et bien moi, je n’ai pas envie de t’embrasser, ça règle le problème."

[Akogare]"Oui…"

Les deux adolescents retournèrent à la contemplation du plafond. Il était blanc, la peinture était uniforme, et à vrai dire, absolument pas écaillée. L’ampoule qui trônait au centre était assoupie. Nul doute, ce spectacle en vaut un autre. Après quelques secondes, Akogare reprit.

[Akogare]"Même pas un peu ?"

[San]"Même pas."

[Akogare]"Oh…"

Il se redressa sur un coude, elle l’ignora. Il sourit davantage.

[Akogare]"Et si je t’en vole un, de baiser ?"

[San]"Tu as intérêt à le voler correctement."

Il roula sur elle, ménageant ses bras et évitant – en galant homme – d’écraser la jeune fille. Elle n’esquissa pas l’ombre d’un mouvement, un sourire s’attardant sur ses traits. Le doigt d’Akogare survola sa joue, effleura sa poitrine pour s’attacher à sa taille. Il toucha la peau satinée du ventre de San, souriant malgré lui. Plusieurs longues secondes passèrent.

[San]"Il vient ce baiser ?"

[Akogare]"Deux secondes, je profite."

Elle inclina la tête, refermant bras et jambes sur le corps du jeune homme.

[Akogare]"C’est notre premier baiser depuis six mois, non ?"

[San]"Si tu te décide à te pencher, il y a des chances."

Il hocha la tête, distraitement, tout à ses caresses.

[Akogare]"Tu es plus chiante que dans mes souvenirs, non ?"

L’adolescente rit, plaquant la paume de sa main contre le torse d’Akogare, mimant l’envie de s’échapper.

[San]"Et toi nettement moins galant. Et beaucoup plus lent !"

[Akogare]"Lent, ou méthodique ?"

[San]"Tu parles d’un vol… Et à part ça, tu es ninja ?"

La main d’Akogare descendit progressivement, jusqu’à frôler la cuisse dénudée de San.

[Akogare]"C’est bas…"

[San]"Suffisamment pour que tu te baisses ? Par contre, si ta main continue sa route, on risque de se retrouver à faire autre chose qu’un simple baiser."

La main en question connut un bref sursaut, avant de reprendre son œuvre. Akogare cacha péniblement sa surprise, mais sourit néanmoins.

[Akogare]"Ce genre d’insinuation ne risque pas de me faire accélérer."

[San]"Déjà que tu as la flemme de m’embrasser, fais pas ton malin."

[Akogare]"Tu entraînes ta langue en prévision du fougueux baiser qui risque de nous unir, ou c’est simplement pour me forcer à t’embrasser, de façon à te faire taire ? "

La main aventurière s’arrêta à proximité du genou de San, comme attentive à la réponse de cette dernière.


[San]"Un peu des deux, sans doute. Tu comptes te faire attendre à chaque fois ? Tu as de la chance que je puisse pas partir."

[Akogare]"Ce serait bête, c’est ta chambre. Et puis, on est bien l’un sur l’autre, à discuter gentiment, non ?"

[San]""

Akogare se pencha finalement, ses lèvres flirtant avec la joue de San, surmontant son nez pour toucher ses paupières.

[San]"La bouche, c’est un peu plus bas."

Le jeune homme ne répondit pas. Ses doigts remontèrent jusqu’au nombril de la jeune fille qui s’agita soudainement, se cambrant contre lui.

[San]"Tu me chatouilles."

[Akogare]"J’en fais des choses dis moi."

Il s’abandonna à ses lèvres, avalant la réponse certainement peu amène de la jeune fille. Ils restèrent un long moment, dans les bras l’un de l’autre, goûtant cette douceur humide, cette caresse éphémère. Peut-être Akogare frissonna t’il, mais sa langue absorbait toute ses sensations, lui rendant l’instant présent infiniment délicieux.

Trois nouveaux mois s’écoulèrent entre ses bras aimants, au rythme de baisers durement acquis. Ou moins.
Le jour de l’anniversaire de San arriva doucement. Elle n’en faisait pas mention, peut-être pour savoir si Akogare y penserait. Il n’avait déjà pas grand-chose sur lesquelles réfléchir, alors oublier une date qui risquait de lui attirer bien des foudres n’était pas l’idée du moment.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyJeu 20 Juil - 16:16

Il s’éclipsa un matin, sans se faire remarquer, se demandant bien ce qui pourrait faire plaisir à une fille de maintenant seize ans. On ne prend jamais assez le temps de se poser cette question ô combien cruciale. Un mauvais pas, et on gagnait une moue boudeuse pendant deux semaines – une si elle est vraiment amoureuse. C’était délicat. Une fille, ça aime quoi, à la base même sans tenir compte de l’âge ? Les poupées ? Allons, mon brave, va donner une poupée à une adolescente de seize ans, juste pour rire deux minutes. Surtout si cette adolescente détient une partie de votre cœur. Un bijou ? Oui, c’est passe-partout. Banal à souhait, mais parfois génial. Mais là, nous sommes amené dans des méandres que l’on ne soupçonnait même pas. Bague ? Ce n’est pas un mariage, et l’anneau garde cette image collée à lui. Collier ? C’est charmant, oui, et on peut le lui accrocher ce qui, au final, peut être magnifiquement romantique. Oui, mais des colliers, il y en a à la pelle. Couleur ? Argent ? Or ? Animal ? Et là, les symboliques nous assiègent. Vous lui avez pris un papillon ? Pour symboliser le caractère éphémère de votre relation ?

Et bien, c’était ces questions là qui assaillaient Akogare. D’aucun les jugeront superficielles. Mais qui a déjà était confronté à pareil problème sait qu’il n’en est rien – ou pas grand-chose.

L’adolescent errait au hasard des rues. Il avait délaissé ses béquilles, avec l’autorisation des médecins. Ses bras, sans être parfaitement guéris, c’étaient bien remis. Et ses jambes pouvaient le porter sans souffrir.
Dubitatif, il observait une marionnette lui sourire. Il avait visité une parfumerie, une bijouterie, et même une boutique de vêtement. Pour la parfumerie, il ne possédait pas assez de temps pour trouver la perle rare qui irait comme un gant à San. Choisir un parfum demande énormément de temps, plus encore quand il n’est pas pour nous. La bijouterie faillie lui sauver la mise. Il y avait plein d’objets inutiles, mais quelques uns étaient vraiment beaux. Et très féminin, comme le lui rappela une dizaine de fois la vendeuse. Mais il n’avait pas souvent vu San porter de bijoux, sauf quelques bagues en toc, plus pour faire joli que pour faire valoir une connotation romantique. Alors, il était bien en peine de dire ce qui ferait plaisir à sa belle. Pour les vêtements, et bien, il n’y avait que des tissus d’été. Alors oui, toutes les jupes étaient très jolies – et, très féminine, oui, oui – mais peut-être un peu trop courte pour l’hiver qui s’annonce. Non pas que la longueur gêne l’adolescent, mais il avait peur que San croit qu’il voulait la tuer. Puis les chemisiers, débardeurs, et autres… Aucun ne sortait du lot pour faire office de cadeau.

La vie est pleine de frustrations. Et même sucrée, elles ne sont pas succulentes.

Au hasard des rues, Akogare tomba sur une boutique reculée. Elle n’avait rien de spécial, et à vrai dire, était même laide. Mais vraiment horrible, avec sa peinture erratique, sa pancarte bancale et sa porte rouillée. Pourtant, c’est vers cette porte que l’adolescent se dirigea. Avant même de la toucher, il entendit une voix derrière lui.


[Mashiro]"Ako, Ako, Ako… Tu vas rentrer dans ce trou pour trouver un cadeau à San ? Tu veux quoi, un rat crevé pour célébrer l’année ? Et ça se dit amoureux ? Jeunesse décadente."

[Akogare]"Euh, salut. Vous êtes pas dans ma tête normalement ?"

[Mashiro]"Répète ça quand il y a du monde, et je t’assure que tu ne verras pas l’anniversaire de San, enfermé dans une cellule quelque part dans la ville."

L’homme s’approcha. Il avait toujours une élégance certaine, très féminine – oui, je m’y met aussi – et agréable. Il souriait, sincèrement affligé. Les trois roses ceignaient sa taille, dégageant une odeur presque lénifiante. Il posa une main pleine de compassion sur l’épaule du jeune homme.

[Mashiro]"Elle a seize ans ? Ca pousse vite. Les adolescentes sont les plus difficiles, tu sais ? Quand vous aurez quarante ans, ce sera plus facile. Mais là, tu te noie dans un problème qui n’en est pas un."

[Akogare]"Pourquoi vous êtes là ?"

[Mashiro]"Tu n’es pas dégourdi."

Ils s’éloignèrent du magasin qui, avouons le, était fort peu avenant.
Akogare se souvint que San lui avait parlé de ce phénomène. Mashiro lui avait parlé, à elle, et personne d’autre ne pouvait le voir. Visiblement, c’était le cas aujourd’hui aussi.


[Mashiro]"Alors, alors… Donc, seize ans. Une jolie petite demoiselle à satisfaire. Elle est jolie, c’est déjà moins difficile."

[Akogare]"Hein ?"

Mashiro soupira théâtralement, comme si il avait affaire à un jeune enfant particulièrement récalcitrant, voir un peu limité.

[Mashiro]"Si elle est grosse et laide, un vrai boudin, tu vas pas lui refiler une minijupe et un débardeur qui crient « je suis belle, je le sais, je l’assume, matez moi. ». Bien, ta logique m’épate Ako."

Mashiro avançait sans s’arrêter, comme si il savait parfaitement où était le paradis féminin. Et, inlassable, il continuait à discourir sur la gent du même nom.

[Mashiro]"Donc, beaucoup de portes s’ouvrent à nous. Evitons les sous-vêtements, ça fait plus vieux rêve pervers qu’anniversaire."

[Akogare]"Vous faites des rimes."

[Mashiro]"Oui, les relents de mes instincts de poètes, sans aucun doute. Donc. La jupe, ça te dit ? Mais, tu n’es pas si bête que ça, tu as remarqué que le temps se rafraîchit. Même si tu rêves de te réchauffer les yeux en reluquant ses belles jambes nues, tu vas devoir attendre le printemps. Et oui, la vie est faite de frustrations comme tu l’as si bien dis. Enfin, elle les écartera peut-être pour toi avant la fin de l’hiver, mais, nous nous écartons – héhé – du sujet."

Akogare bénit quelqu’un, quelque part, pour avoir permit à Mashiro de ne se faire entendre que de lui.

[Mashiro]"Un parfum, je pourrais te dire lequel la ferait tomber – de plaisir, note bien. Mais, est-ce que son parfum à elle ne suffit pas ? Hein ? Tu sais, quand tu te penches à son cou, amoureux alangui, pour lui voler un délicieux baiser, sucré et humide, qui la fera gémir de cette façon si extatique, si…"

[Akogare]"Oui, oui, son parfum suffit."

Décidemment, il s’écarte bien souvent.

[Mashiro]"Ahem… Il lui faut donc un bijou. Car regarde bien. Les filles, ou les femmes même, on souvent plein de choses sur elles, ou dans leur intérieur. Mais, combien sont des cadeaux d’anniversaire ? Hein ? Et même, combien y a-t-il de catégorie ? Bouquins, vêtements, bijoux, parfums, disques, gourmandises, œuvres plus personnelles."

[Akogare]"C’est bien l’oeuvre personnelle, non ? Ca fait intime."

[Mashiro]"Tu sais dessiner ? Non. Tu sais peintre ? Non. Sculpter ? Non. Tu pourrais juste casser la gueule à son frère, alors pour l’œuvre personnelle, on repassera."

L’homme s’arrête enfin devant une bâtisse élégante, qui à ce petit côté traditionnel charmant. L’enseigne est vermeil, les lettres dorées. C’est une bijouterie.

[Akogare]"Je vais lui acheter un candélabre traditionnel ?"

[Mashiro]"Oui. Il a l’avantage de dispenser de la lumière, contrairement à toi. Entre."

Akogare s’exécuta. Ou pour être exact, il fut projeté dans la porte, et se retrouva bien obligé de l’ouvrir. De l’encens voletait dans la pièce, invisible et doux. Il y avait une femme assise derrière un bureau, un stylo à la main. Les traits de son visage étaient dissimulés derrière une calyptra sombre, qui lui enserrait gracieusement la tête. Elle leva les yeux, et sourit aux visiteurs. Au visiteur en fait, car elle ne voit qu’un pauvre adolescent paumé, hagard, qui la dévisage comme si elle sortait de la lune, et qui a dû se tromper de porte. Mais en vraie professionnelle, elle ne lui en fit pas la remarque, et sourit aimablement. Elle n’était pas inquiétante, même si le fait de ne pas voir ni ses yeux, ni l’ensemble de son visage était déroutant. Elle semblait sourire. Et, d’après ce qu’il pouvait remarquer, Akogare doutait que la femme soit aveugle.

[Dame]"Bonjour Monsieur."

[Akogare]"Bonjour…"

Il se pencha sur le comptoir, avisa la carte de la femme.

[Akogare]"Sesen-san."

[Sesen]"Vous cherchez quelque chose en particulier ?"

[Akogare]"Euh, c'est-à-dire que… Je vais jeter un coup d’œil pour commencer."

Elle hocha la tête poliment, et après un sourire encourageant, reprit son écriture. C’était tout de même flatteur, que cette femme respectable et gracieuse ne croit pas qu’il était là pour voler, ou quelque chose d’autre.

[Mashiro]"Les voleurs n’ont pas une tête de benêt qui vient de se fumer quelques substances douteuses. En plus, personne ne songerait à voler le bâtiment Sesen. Viens."

Il tira le bras d’Akogare, furetant partout, comme un chercheur d’or dans un fleuve étincelant, sous le soleil du soir.

[Mashiro]"Arrête la poésie mon grand, le jour où tu me verras en short, dans la flotte avec ma pelle et mon sceau n’est pas encore arrivé."

Il déséquilibra Akogare en se tournant brutalement, pour se rapprocher d’une vitrine au mur. Heureusement que Sesen ne semblait pas nerveuse, car le spectacle n’était pas banal.

[Mashiro]"Regarde. Non, pas ça, ça."

Il appuyait frénétiquement sur le verre. C’était un collier. Il était simple, lorsque l’on posait ses yeux dessus. Presque nu. Une chaîne d’argent le rehaussait, enroulée sur elle-même comme un serpent joueur, ou, pour faire plus romantique, un ruban d’enfant.
Le collier en lui-même représentait une fleur à peine ouverte, hésitante devant la lumière aveuglante du jour, timide devant le regard du garçon. N’ayant pas grand-chose d’un botaniste, Akogare fut bien en peine de dire ce qu’elle était.


[Akogare]"Elle est jolie, mais ça fait pas un peu… enfin… banal quoi."

[Mashiro]"Mon grand, écoute bien. Une fille, à la base, c’est un amas de chair."

[Akogare]"Euh, ouais, je n’en doute pas, mais…"

[Mashiro]"Présenté comme cela, ça n’a pas de quoi exciter ton bas-ventre, non ? Bien. Alors, si tu lui présentes cette fleur comme un bijou luxueux, il restera un bijou luxueux. Elle trouvera l’attention charmante, te roulera un gentil patin, et sera heureuse pendant quelques semaines. Mais, ce n’est pas ce que nous voulons. Non, ce bijou représente ton amour pour elle. Tu saisis le truc ? La fleur qui s’ouvre, ça turbine pas là-dedans ? Plusieurs lectures sont possibles. Tu saisis maintenant ?"

[Akogare]"Euh, oui, enfin, je crois."

[Mashiro]"C’est bien mon grand. En amour, il faut être vif. Ce bijou, tu dois lui présenté comme ça. Pas comme le cadeau du copain gentil, qui n’a pas oublié l’anniversaire de sa chérie. Non. Mais comme la forme personnifiée de tes sentiments pour elle, aujourd’hui, la veille de ses seize ans. Ce que cet âge représente pour toi, pour vous. Tu saisis ? C’est une fleur qui s’ouvre, vous l’avez choyé à deux, et maintenant elle s’ouvre. C’est pas complexe, elle saisira le truc. Elle est plus vive que toi. Et là, ce ne seront pas quelques semaines de bonheur, crois moi."

Akogare hocha lentement la tête. Une fleur qui s’ouvre ?

[Akogare]"Tu crois que je peux la demander en ambre ?"

[Mashiro]"Ah, pourquoi pas. T’es vachement romantique quand même, fais gaffe à pas devenir idéaliste. En amour, c’est terrible. Comme partout d’ailleurs. Mais pourquoi pas oui. L’ambre va bien avec le noir. Demande les deux."

[Akogare]"Euh, c’est pas un peu trop spécifique là ?"

[Mashiro]"T’es pas chez le bouseux du coin ici, mon grand. C’est peut-être l’une des bijouteries les plus complètes. Si ils n’ont pas ça en rayon, la dame te proposera quelque chose."


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Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyJeu 20 Juil - 19:17

Dubitatif, il faut bien le dire, Akogare se rapprocha de la femme. Elle releva la tête à son approche, et ne semblait toujours pas surprise qu’un adolescent dans ses plus fougueuses années traîne dans sa boutique.

[Akogare]"J’ai vu un collier sympa."

[Mashiro]"Un jour tu me diras comment tu l’as séduite San. Non parce que si tu lui dis : « t’as une poitrine sympa », et que ton vocabulaire se limite à ça, tu es un sacré veinard. Ca en est même malsain."

La femme hocha la tête, indulgente et élégante jusqu’au bout. Elle quitta son siège, et s’approcha du jeune homme, se déplaçant sans peine malgré le voile. C’était stupide, mais elle volait presque en se déplaçant. Il y avait une légèreté touchante dans chacun de ses gestes, dans chacun de ses sourires.

[Sesen]"Mais bien sûr, montrez moi."

Akogare lui désigna le collier en question. La femme hocha la tête avec peut-être une teinte de mélancolie, de tristesse passagère.

[Akogare]"Il existe avec la fleur en ambre ?"

[Sesen]"La fleur en ambre ? Avec un peu de noir, j’imagine, non ?"

Les sourcils d’Akogare se dressèrent. Le sourire de la femme s’élargit.

[Akogare]"Euh bah euh, oui, si possible."

[Sesen]"Je vais voir ça."

La femme s’absenta, laissant un adolescent atterré et un Mashiro étonné. Aucun des deux ne fit de commentaire. Elle revient avec un petit coffret qui lui tenait dans la paume. Il était en bois poli, joliment ouvragé.
Elle ouvrit la boîte devant Akogare. C’était précisément ce qu’il avait imaginé. Un collier d’argent, avec une fleur ambre. Pour être exact, le début de la tige était noir, puis s’éclairait rapidement jusqu’à devenir d’une couleur ambrée.


[Sesen]"Cela vous convient-il, jeune homme ?"

[Akogare]"Tout à fait…"

Elle sourit – du moins, Akogare le pensait il. Et referma la boîte. Alors qu’elle se retournait, l’adolescent l’interrompit.

[Akogare]"Comment vous saviez ? C’est un cadeau à ce point banal ?"

La femme ne répondit pas, retournant derrière son bureau. Elle demeura silencieuse, à observer le petit coffret fermé.

[Sesen]"C’est pour votre petite amie ?"

Akogare hocha la tête.

[Sesen]"C’est amusant. Rien qu’avec ce cadeau, on sait que vous n’avez pas eu une relation de tout repos. Un début difficile."

[Mashiro]"Et ce cadeau symbolise le changement. Tu quittes le noir, pour devenir ambre. Comme elle."

[Sesen]"Je te souhaite du bonheur, Akogare."

Je ne vous ai pas dit mon nom. Mais la phrase resta bloquée dans sa gorge.

[Sesen]"C’est un beau cadeau. San sera heureuse."

Akogare n’était pas inquiet. Mashiro non plus. Ils étaient tout à fait calme, comme lorsque deux mathématiciens se retrouvent face à une équation récalcitrante. Il n’y avait pas de danger. Simplement une incompréhension.

[Akogare]"Vous savez nos noms."

[Sesen]"Il semblerait que oui."

[Mashiro]"Et vous pouvez m’entendre et me voir."

Son regard ne quitta pas Akogare, et elle répéta.

[Sesen]"Il semblerait que oui."

Il y eut un bref silence. Les questions affluaient dans l’esprit de l’adolescent.

[Akogare]"Je vous connais ?"

[Sesen]"Si tu me connais ? Non. On ne peut pas dire cela. Tu m’as déjà rencontré, mais tu ne me connais pas."

Il pencha la tête, comme pour percer la calyptra de la femme. Elle ne tenta pas d’éviter l’examen, confiante. Ses doigts étaient toujours posés sur le boîtier. Des doigts fins, aux ongles courts. Akogare ouvrit la bouche, la referma, incapable de formuler sa phrase.

[Akogare]"Vous êtes une ennemie ?"

Sesen secoua la tête, un rire bref et mélodieux quittant sa gorge.

[Sesen]"Absolument pas."

Le silence plana, avant d’être interrompu par Sesen.

[Sesen]"Vous prenez le collier ?"

[Akogare]"Oui, oui..."

La femme sortit du papier cadeau, et avec dextérité emballa le petit coffret. Elle leva la tête vers Akogare, et murmura.

[Sesen]"Tu n’as pas à t’inquiéter de moi, Akogare. Je ne suis qu’une humble bijoutière. Et même si je me révélais être autre chose, sache que je ne désire pas te nuire. Profite de l’anniversaire de San, je suis certaine qu’elle appréciera ton attention. Elle a seize ans, non ?"

Akogare hocha la tête, absent.

[Sesen]"C’est bien c’est bien."

Elle indiqua le prix à Akogare. Il chercha dans sa poche l’argent nécessaire, et le déposa sur le comptoir.

[Mashiro]"Je me disais bien qu’en venant ici, nous sortirions avec plus qu’un cadeau."

La femme ne dit rien, tendant le paquet à l’adolescent.

[Sesen]"Ce fut un plaisir. Bon anniversaire à San, amusez vous bien."

Akogare saisit le paquet, sourit. Il se tourna vers la porte, mais s’arrêta.

[Akogare]"Je peux vous poser une question ?"

La femme ne répondit pas, mais son attitude signifiait que cela ne la dérangeait pas. Bien qu’elle se garde le pouvoir de ne pas y répondre.

[Akogare]"Vous saviez que je viendrais ?"

Sesen inclina la tête sur le côté, comme si elle pesait les paroles de l’adolescent. Puis finalement, elle haussa les épaules.

[Sesen]"Je crois que ta vie ne m’échappe pas. Et je crois que c’est pour ça que je ne suis pas un danger pour toi."

Akogare sourit. Il avait sa réponse. Il sortit. Seul Mashiro s’attarda dans la petite pièce.

[Mashiro]"Je ne pensais pas te revoir ici."

[Sesen]"Tu aurais préféré ?"

Mashiro quitta l’appui du comptoir. Il souffla tout doucement.

[Mashiro]"Ce n’est pas ce que j’ai dis. Je ne savais simplement pas que tu vivais à Konoha."

[Sesen]"Je n’y vis pas. Le destin m’a accordé plusieurs vies. Je m’en acquitte du mieux que je peux."

Mashiro hocha de la tête, parfaitement sérieux. Ils s’observèrent en silence un long moment, sans but. La femme souriait, Mashiro le devinait aux plis de la calyptra.

[Mashiro]"Et ces vies sont sans danger pour Akogare et San ?"

[Sesen]"En effet. Je crois même que dans le futur, je pourrais lui être utile."

Mashiro hocha de nouveau de la tête, indiquant qu’il prenait congé. Sa main resta sur la poignée.

[Mashiro]"Pourquoi la calyptra ?"

Sesen rit, surprenant jusqu’aux merveilleux d’argent entreposées dans la pièce.

[Sesen]"Mon visage m’appartient. Je ne le partage pas. Et, j’ai certaines choses à garder secrètes."

[Mashiro]"Tu as l’air jolie pourtant."

[Sesen]"Allons Mashiro… Si ce n’était qu’esthétique, je ne prendrais pas cette précaution. C’est personnel. Ne te fais pas de soucis pour Akogare. Bientôt, il renaîtra."

Pour la troisième fois Mashiro hocha la tête, et sortit. Akogare attendait devant la porte.

[Akogare]"Tu peux même ouvrir les portes ?"

[Mashiro]"Et oui. Mon génie ne souffre d’aucune limite."

Ils reprirent de concert la route de la maison de San. Mashiro demeura presque silencieux sur le trajet, et fini par s’évaporer sans prévenir. Akogare vérifia que le coffret était toujours dans sa poche, avant d’ouvrir la porte.


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyJeu 20 Juil - 21:40

L’anniversaire se passa dans une ambiance des plus intimiste, alors que décembre mourrait. La famille de la jeune fille s’éclipsa en fin de journée, comme pour laisser du temps aux deux amoureux. San était légèrement maquillée aujourd’hui. Juste de quoi surligner ses couleurs, les lignes de son visage. Elle était agenouillée dans les bras d’Akogare, radieuse. Il lui passa lentement le collier d’ambre au cou, qui tomba au dessus de ses jeunes seins. Elle embrassa de nouveau l’adolescent.

[San]"Tu as trouvé tout seul ?"

[Akogare]"Euh, presque. Mashiro m’a un peu aidé."

Elle ne voulut pas en savoir plus, cela lui suffisait. Elle ferma les yeux, repliant les jambes sur sa poitrine.

[Akogare]"J’ai pas mal hésité, avant de trouver le collier."

Elle se tourna vers lui, ses yeux brillaient. Elle sourit, il épousa ses lèvres sans y penser.

[Akogare]"Seize ans ? Je vais avoir du mal à te rattraper."

[San]"Oui… N’essaye pas, ça ira plus vite."

Elle se leva, s’étira longuement, avant de s’asseoir sur une chaise à table. Elle avait les yeux dans le vague, mais fini par les lever sur Akogare.

[San]"Tu m’accompagnes dehors ?"

L’adolescent hocha la tête. Ils sortirent, alors que la nuit était déjà tombée depuis quelques temps. Ils parlèrent peu, marchant ensemble sous une lune timide dans les rues dégagées de Konoha. Ils passèrent le portail de sortie, et s’aventurèrent dans la forêt, à l’extérieur. Akogare n’avait plus mis son bandeau ninja depuis longtemps désormais. Il était soigneusement plié dans un placard de la chambre de San. Depuis qu’il était revenu, Akogare n’avait pas tenté de reprendre contact avec l’académie. Bientôt, il passerait voir Jujuko. Il attendait d’être bien physiquement.
Mais aujourd’hui, il ne souhaitait pas penser à tout cela.

Le couple nocturne descendit une légère pente, sous le couvert des arbres épais du village. Au loin, on entendait le murmure d’une rivière. Il était rare que le gel frappe ici. San avait le pas sûr, comme si toute sa vie elle avait gambadé dans la forêt.
Ils atteignirent la rivière.
Il faisait froid, mine de rien. Le vent soufflait vaguement, traversant leurs vêtements et caressant leur chair. San s’assit sur la berge, et indiqua à Akogare de faire de même.


[San]"J’ai envie de passer la nuit dehors, avec toi."

Soucieux de préserver le romantisme de la scène, Akogare ne rappela pas qu’il devait faire un peu moins de dix degrés et qu’il avait omis d'apporter sa veste.
San s’allongea, posant sa tête sur les genoux de l’adolescent, à regarder les étoiles, rares points blancs que filtre l’épaisse frondaison.
Akogare passe une main tendre sur le visage de la jeune fille, la laissant finalement sur son épaule.

Ils restèrent silencieux un long moment, avant qu’Akogare ne brise ce cocon amoureux.


[Akogare]"Je voudrais qu’on partage quelque chose."

San rouvrit les yeux, trouvant le regard nacré de l’adolescent.

[San]"Quoi ?"

[Akogare]"Prend mes mains."

Elle se redressa, et se positionna à califourchon autour de la taille du jeune homme. Ses doigts descendirent le long de ses bras, se posant sur ses mains. Akogare sourit. Ses lèvres s’avancèrent comme muées d’une volonté propre à la rencontre de San. Elle ne résista pas.

Il éveilla Tenshi. Elle était couchée dans l’herbe, le chant du vent la berçant dans son sommeil. Elle ouvrit ses beaux yeux rouges, et sourit à Akogare.


[Tenshi]"Bonjour."

Elle roula sur le ventre avant de se redresser. D’une main gracieuse elle se recoiffa, repoussant les feuilles qui avaient trouvé refuge dans sa chevelure mauve.

[Akogare]"Salut."

[Tenshi]"Tu aurais pu passer plus tôt."

Elle croisa les bras sous sa poitrine, inclinant la tête. Ca lui donnait, certes, un air plus sévère, mais incroyablement sensuel. Akogare se souvint des conseils de Mashiro, et choisit avec un soin tout particulier ses mots.

[Akogare]"J’aurais bien aimé, mais tu sais comme j’étais blessé. Ca me prend du temps de récupérer."

Une moue boudeuse caressa un bref instant le visage de Tenshi, avant qu’un sourire ne la fasse voler en éclat.

[Tenshi]"Ca ira. Tu es charmant quand tu es gêné. Tu veux quelque chose ?"

Elle s’approcha.

[Akogare]"Je voudrais que tu t’éveilles."

[Tenshi]"Oh. Tu veux m’invoquer ?"

Akogare hocha la tête. Tenshi ne dit rien, son visage ne filtrant aucun sentiment. Mais un sourire taquin l’éclaira soudainement. Elle tendit sa main droite dans le vide, et Raunen l’attrapa.

[Tenshi]"Je suis pas encore très douée. J’ai besoin de toi, Raunen."

Raunen sourit. Il se plaça sans un mot derrière Tenshi, enserrant sa taille de ses deux bras puissants après avoir salué de la tête Akogare.
Tenshi porta ses doigts sur les tempes du jeune homme, le rapprochant d’elle.


[Raunen]"Elle a du souffle, San."

Raunen lui fit un clin d'oeil, Akogare sourit. C’était la phrase que Raunen avait prononcé, il y a longtemps, alors qu’il était encore l’Ombre, celle qui tourmentait ses rêves. Aujourd'hui, les circonstances étaient différentes. Tenshi ferma les yeux.
Et Akogare fut tiré hors de ce monde.
Il était derrière ses paupières closes. Le monde était noir, il sentait la langue de San caressant la sienne, il sentait sa poitrine serrée contre son torse. Il sentait aussi l’eau lui mordre le côté droit. Il n’ouvrit pas les yeux.

Tenshi se manifesta. Hésitante, elle tâtonnait dans l’ombre. Akogare l’a guidait, éclairant son chemin. La première fois est souvent délicate, cette fois ci n’échappa pas à la règle. Mais ils prirent tous les quatre leur temps.


Akogare sursauta lorsqu’un monde grisâtre s’ouvrit à lui. San gémit faiblement, et il sentit un frisson courir le long de la colonne vertébrale de cette dernière. Lentement, ils se reculèrent. La sensation était étrange. Pas douloureuse, une fois les veines apparues, mais étrange. Le jeune homme percevait chaque feuille tomber, chaque habitant nocturne bouger. San parcourut d’un doigt l’une des veine qui traversait le visage d’Akogare.

[San]"Tu m’aurais presque fait peur, si je ne l’avais pas sentit en moi."

Elle regardait le nouveau visage de l’adolescent sous toutes ses formes, indifférente aux galets qui meurtrissaient son dos.

[San]"C’est impressionnant."

Tenshi se retira sans un mot, redonnant à Akogare son visage normal. Il se remit sur le dos, accueillant immédiatement la jeune fille dans ses bras.

[Akogare]"Oui, ça fait bizarre. On dirait que quelque chose s’enfonce dans ma peau, et va me percer l’œil."

[San]"Tu vois bien avec ?"

Akogare hocha la tête, un sourire flottant sur ses lèvres.

[Akogare]"Oui, même si c’est un peu triste. Tout est gris et toi, tu apparais euh… avec des petits points partout."

[San]"Et si tu appuies dessus ?"

[Akogare]"Je pense que tu ne serais pas très contente."

Elle sourit contre son T-shirt.
Ils s’endormirent malgré le froid. Les aléas de la vie nocturne les réveillèrent plus d’une fois, et bien souvent pas de la meilleure des façons. Mais ils reprirent la route de la maison que lorsque le soleil fut haut dans le ciel.
Un démon était mort, hier. Le seul qui pouvait encore atteindre Akogare. Maintenant, il n’y avait plus grand-chose de nuisible devant lui.

Ils passèrent deux nouveaux mois ensemble, dans le calme. Akogare reprenait doucement des exercices musculaires. Son corps gémissait tous les matins, mais petit à petit, s’habituait à fournir un effort. Les muscles du jeune homme se raffermirent lentement. Ses bras ne portaient plus que des lésions légères, et Akogare ne mettait plus de bandages, avec l’aval des médecins. Il se doutait que pendant une bonne partie de sa vie, il garderait ses cicatrices. Ce serait, en quelque sorte, les vestiges d’un passé révolu.

L’hiver partit, le printemps revint joyeusement. Akogare était à la fenêtre. Il regardait Konoha s’éveiller. San était partie faire des courses pour sa mère.


[Mashiro]"Tu n’as plus peur."

Mashiro était adossé au mur, entre un placard et un meuble plus petit, en bois poli. Une de ses jambes était au repos, il avait les bras croisés sur sa poitrine. Comme à son habitude, son kimono était légèrement ouvert sur son torse. Akogare répondit sans se tourner.

[Akogare]"De ?"

[Mashiro]"Que San sorte seule."

[Akogare]"Ah. Non."

Il jeta un coup d’oeil à Mashiro.

[Akogare]"J’ai confiance."

L’homme sourit.

[Mashiro]"En qui ?"

Akogare reporta son regard sur la rue. Il y avait un marchand qui s’évertuait à ouvrir ses volets. Il avait toujours du mal, et de temps en temps, il réveillait le jeune homme lorsqu'il avait pris l'option de faire la grasse matinée.

[Akogare]"En elle, en vous et en moi."

[Mashiro]"Tu mûris, c’est bien. La confiance en soi est primordiale pour toute chose. Mais le fait d’avoir confiance en tes amis est également une preuve de maturité."

Akogare tendit l’oreille. Un objet fendait l’air. Sans se tourner, il l’intercepta. Sous ses doigts, il reconnut la plaque du village. Celle qui faisait de lui un ninja de Konoha. Les pas de Mashiro se rapprochèrent.

[Mashiro]"Ta vie va pouvoir reprendre. Tu peux ménager ton amour avec ton entraînement. Les deux ne sont pas contradictoires. D’ailleurs, dans ton cas, ils sont plutôt complémentaires. Avec ta manie de faire des promesses intenables…"

Mais il souriait. Avec une élégance naturelle, il accrocha le bandeau au bras gauche d’Akogare.

San ouvrit la porte peu de temps après. Elle dévisagea Mashiro, qui lui souriait joyeusement. Elle sourit à son tour. Ils échangèrent quelques phrases. L’homme était heureux qu’ils soient tous les trois réunis. San posa une main sur la plaque métallique du bandeau, ne la touchant que légèrement avant de chercher la main d’Akogare.

Ils demeurèrent muets, mais souriants. C’était comme un tableau.
Une fille, tenant la main d’un garçon, à l’ombre bienveillante d’un guerrier aux trois roses.

La vie reprenait enfin son cours.
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyLun 24 Juil - 21:23

[Introspection, à la première personne. Ce sera le cas, parfois, parce que j'aime bien écrire à la première personne depuis quelques semaines. Et oui, je me fais plaisir, avec en fond sonore du Beethoven xD]

Tu es faible. Ta chair est fragile, ton esprit corruptible.
Ces mots, bien que jamais prononçés, ont été suggérés souvent pendant mon enfance. Leur portée ne m'a jamais été inconnue. Je percevais tout leur sens blessant.
Une lame, qui prenait plaisir à embrasser mon innocence sucrée.
Je n'ai jamais songé à me rebeller contre cet état. J'aurais pourtant pu prétexter que je n'avais qu'une dizaine d'années. Mais non. Je me taisais. Comme tout le monde. Comme toujours. Mais le silence est dur à porter. Certains s'en font une armure, mais moi, moi il me broyait, il me torturait sans pitié.

Alors, sans le retirer, je l'ai évité. Je me suis ouvert à d'autres. C'était lâche, admirablement lâche, mais vital. Mon corps me dévisageait de ce regard atterré, presque cruel. Il me dévisageait et me disait : "Jusqu'où va tu aller, petit homme ? Va tu laisser ton esprit pourrir, va tu me laisser décrépir ?"

Non. Je sais pas. Si ?

J'ai toujours pensé que le corps n'était que l'extension de mon esprit. Cette conviction m'est venue avec le temps, lentement, suivant un cheminement tortueux et logique. Je me disais que c'était l'esprit qui prenait les décisions, et que le corps obéissait, serviteur docile.
Je me trompais.

Je l'ai su quand l'adolescence est venue à moi, et que ses ailes m'ont entouré. Je l'ai su, et ça m'a fait mal. Des années de désillusions.

Ce n'était pas mon esprit qui m'a porté jusqu'à San. Ni même mon coeur. Mais mon corps, dans toute sa fatigue, dans toute sa masse maladroite. Mon corps est une entité qui empiète sur mon esprit. C'est ce que je me disais à l'époque. Je ne pouvais plus avancer, je n'avais que cela en tête : une obsession maladive, corrosive, qui me dévorait et érodait ma peau, mon coeur, mon esprit. Tout.

Je n'aimais pas mon corps. Je le trouvais faible, inutile, laid d'une certaine façon. Tellement faible que j'en pleurais. Incapable de défendre qui que ce soit, incapable de se sauver lui-même. Comme je le haïssais. Comme je te haïssais, toi ! Comme j'aurais voulu te mordre, te faire mal, te tuer, t'abattre et ne plus jamais avoir à te supporter ! Je te déchirais, je te mettais au supplice. Je te suppliais de partir, de mourir, de m'abandonner. Dégage ! Dégage ! Je ne t'ai jamais voulu, on m'a obligé à ta présence ! Maintenant, fous le camp ! Salaud, salaud, tu me tortures, tu aimes que je souffre ?

Alors crève. Tu as mal ? Bien. Moi ? Je m'en fous. Je veux juste que tu meurs. C'est tout. Pourquoi vivre, si je me déteste ? Pourquoi mimer une vie sans intérêt, désespérément vide ? Hein ? Répond. Tu sais pas ? Moi non plus.
Alors crève. Crevons ensemble, je t'accorde cette danse. Je serais libre. Libre, et mort. Mort. Oui. Je ne demande rien de plus.

Mais tu ne mourrais pas. Non. Tu t'accrochais à la vie. Je n'ai jamais tenté de me suicider. Je ne voulais pas une mort aussi directe, aussi franche, aussi brave, d'un certain point de vue. Je voulais mourir, comme j'avais vécu : sans me l'avouer, en lâche et perclus de honte. Une noble aspiration, non ?

Mais tu ne mourrais pas. Tu continuais à me supporter, à supporter mes idées destructrices. Tu me dévisageais toujours. Sans peur, sans la moindre once d'effroi. Juste une profonde incompréhension. Tu ne me détestais pas. Pourtant, je voulais ta mort. Tu ne me détestais pas.
J'étais dans une spirale. Une spirale où je côtoyais la mort, où je dansais avec elle. Je lui riais au nez, la défiant de venir me prendre la vie. Elle m’observait, amusée. Déçue aussi, peut-être, je ne sais pas.

J'ai toujours sous-estimé mon corps. Je ne savais pas qu'il avait une vie propre. Ou plutôt, si, je le savais. Mais je refusais de me joindre à lui, je refusais de vivre avec. Nous étions deux dans une même pièce, à nous contempler, muets. Moi de haine, toi d'incompréhension.
Pourtant, dans ta seule existence, dans ton seul refus d'abandonner, tu dénotais une vie certaine. C'est, je pense, ce que l'on nomme l'instinct de survie. Cet instinct qui vient nous murmurer à l'oreille que l'on doit vivre. Qui nous oblige à le faire.
Parfois, il prend possession de notre esprit dans un éclair. Il bouge notre masse, nous jugeons désespérément lent, et terriblement en danger. Il nous exhorte à nous battre contre la mort.

Je l'ai appris quand tu m'as montré San. Mon esprit était à l'agonie ce jour là, par ma faute. Toi aussi, tu étais exsangue. Mais tu m'as montré San. Est-ce vraiment ta volonté ? Je ne sais pas. J'aime à le croire.

J'étais inquiet. Merde, qui est cette fille ? Pourquoi est-ce qu'elle me colle ? Tu ne veux pas dégager, juste pour voir ? Ouais, fous le camp, on se portera mieux.
Mais non. Je suis con. Je veux que tu restes. Je ne sais pas. Mais j'aime ta présence. J'aime ton regard. J'aime quand nos yeux se rencontrent, avec encore cette lueur de curiosité. Tu ne m'as jamais regardé avec crainte. Pourtant, oui, je suis effrayant, en quelque sorte. Il faut dire qu'à l'époque, tu n'as pas regardé dans mon esprit. Ou peut-être que si ?
Mais tu ne m'as pas jugé. Tu n'as pas abattu ton marteau d'airain sur la table du destin, tu ne m'as pas jugé faible et corruptible. Tu m'as simplement regardé. Sans le vouloir, j'ai plié un genou au sol, dans la boue de mon esprit. Tu as continué. Tu as pris mon coeur, tu as soufflé dessus, puis avec douceur me l'a tendu, comme un bien trop précieux pour tes doigts adolescents. Tu m'as dis : "Prend en soin maintenant."

C'était mon tour de te dévisager. Je suis tombé amoureux. Je ne l'avais pas prévu. On ne le prévoit jamais, je pense. J'étais dans un abîme de perplexité. Je me noyais, et souveraine, tu me repêchais à chaque fois sans sermons. Je ne te connaissais pas. Tu étais un nom, un visage. Et, je m'y accrochais, oh oui, je m'y accrochais comme si ma vie en dépendais. C'était sans doute le cas.

Pour la première fois, je faisais confiance à quelqu'un. Mais je me haïssais encore. Oui. Je me haïssais probablement plus encore, de t'avoir, mais de ne pouvoir en profiter. Car j'étais dévoré, littéralement dévoré. Par quoi ? Par quoi ? Comment y mettre un nom ? Je ne peux pas. Je ne peux pas. Il n'y a pas de nom, pour ça. Je ne peux pas la nommer haine, je ne peux pas la nommer désespoir. J'étais dévoré, c'est tout. Mes sentiments à ton égard disparaissaient.
Je vous en supplie. Restez.
Les cauchemars tourmentaient mes nuits, me faisaient férocement ressentir ce que j'appelle aujourd'hui, ce que je peux appeler ma connerie. Je croyais qu'ils voulaient me détruire, m'anéantir une fois pour toute. Non, ils voulaient me sauver, sauver ce qui restait de moi, ce qui demeurait du domaine des vivants.
J'ai pleuré quand j'ai failli te perdre, j'ai pleuré quand j'ai failli mourir, j'ai pleuré. Ma lâcheté, ma faiblesse, tu balayais tout d'un sourire. Tu ne me jugeais pas aussi injustement que je le faisais. Tu ne me jugeais tout simplement pas.

Et pourtant, aucun jugement ne fut plus violent que le tien, lorsque enfin je compris ce que tu voulais dénoncer.

Me voir me mutiler, me voir chevaucher la mort, ça t’effrayait. Tu as vu, et ce depuis le premier jour, la gravité de mon déséquilibre. Il n'était pas physique, il était mental. Ce n'était pas dû à ma condition de ninja. Ce n'était pas le déséquilibre de ces gens sans relief, qui peinent à trouver de la valeur à leur vie, alors pour pallier cet ennui ils se donnent une image erronée. Ils ne se connaissent pas. Moi si. Et je me détestais pour ça.

Le temps a passé depuis cette époque, cette époque où mon corps était un étranger dangereux et hostile, et où mon esprit devait régner en maître. Il a passé à tes côtés, San. Il s'est d'abord étalé sur six mois. Six mois où l'on m'a présenté ma vie, où j'ai mesuré l'abîme qui oeuvrait dans ma tête et qui séparait ma vie.
Puis sur une nouvelle poignée de mois. Je portais un oeil nouveau sur moi-même. Je me regardais comme un nouveau-né. Je me trouvais, oui, beau. Beau. Je trouvais qu'il y avait des choses de belles en moi. Pas des qualités, non, juste des choses de belles. Tu étais, excuse moi du terme, l'une de ces choses San. Sans aucun doute la plus éclatante, la plus brillante, la plus souriante.

Ce jour là, j'ai regardé mon corps. Il n’avait changé d'expression. Il souriait. Tu as déjà vu un corps sourire ? Non ? Tu m'étonnes. C'est beau. Rassurant aussi. On a fait la paix, tous les deux. C'était un geste enfantin, sucré, baigné d'une innocence ternie par la vie.

Mais je me suis senti entier ce jour là. Le trouble dans mon esprit s'est dissipé. Et toi, toi tu étais toujours là. Je sais que tu attendais ce jour. Je le sais, aussi certainement que si tu me l'avais dis.
J'ai appris à ne plus me haïr. C'est important dans une vie, ce tournant que l'on prend. Je crois qu'on ne peut le prendre qu'adolescent. Après, on baigne dans ce désespoir latent, caractéristique de l'âge adulte. Et là, il est trop tard.

Je tiens à te remercier, toi qui me parle en me tenant la main, toi qui m'accueille dans at chambre et sur ton lit. Je tiens à te remercier. De quoi tu parles ? De ? Ah, ta robe. Et bien ? Oui, oui, elle te va parfaitement. Si je te l'aurais dis dans le cas contraire ?
Je garde le silence. Tu me dévisage, inclinant insensiblement la tête, interrogative. Comme tu es belle, quand tu es superficielle et angoissée de ta beauté ! Tu ouvres la bouche, la referme. Je t'observe, ne lâche pas tes yeux d'ambre. J'aime ton corps, j'aime cette délicieuse candeur mature, j'aime ton sourire charmant, absent aujourd'hui devant ta frayeur de ma réponse, j'aime...


[Akogare]"J'aime tes épaules nues et souriantes, pointées vers moi comme autant de sourires, j'aime ta poitrine timide qui se tend vers mon coeur, j'aime ton ventre satiné, ta taille gracieuse, ta souplesse intellectuelle, tes jugements silencieux..."

Je m'écoute parler. Je ne m'arrête pas. Elle est surprise. Je lui dis que je l'aime surprise. Bientôt, je ne suis plus le fil de mes paroles, je regarde juste son visage, les émotions qu'il trahit subtilement, émotions rehaussées par son étonnement. Les mots coulent entre nous, nous enlacent et s'envolent dans nos mémoires, dans la mémoire que nous partageons amoureusement. J'aime quand je dis que j'aime. Ma bouche prend ce pli caractéristique, ce pli qui cherche un baiser. Les lèvres sont légèrement entrouvertes, la langue vaguement en retrait, prête à assaillir et caresser l'étrangère timide ou fougueuse.
Je m'arrête enfin. Elle a les yeux tellement agrandis que j'en souris. Désarçonnée, ou sonnée tout court, elle garde le silence.


[Akogare]"Je voulais te dire merci. Et, j'aime te dire merci."


Dernière édition par le Dim 29 Oct - 0:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyMar 25 Juil - 18:14

[AVERTISSEMENT : Ready to jump into Akogare's mind ?
Pensées d'adolescent qui dort toute les nuits contre une jeune fille, ce ne sera donc pas ambiance d'hospice, n'en déplaise à Iba XDD
Erotisme, en plus d'un langage pas toujours châtié.]

Tu sais, j'essaye vraiment.
Je ne fais pas exprès, je n'y peux simplement rien. Tu es là, dans le sommeil caractéristique de l'adolescence, pas tout à fait endormie, mais rêveuse. Les prémices d'un songe t'envahit l'esprit, te berce dans ses bras. Tu sommeilles, ton dos contre mon torse, ma main autour de ta taille agréable.

Et j'essaye de ne pas sentir tes omoplates percer mon coeur, tes cuisses nues se glisser entre les miennes.

J'essaye. En vain.

Je n'ai pas tout à fait honte d'avouer cet échec. Oui, je devrais pouvoir me maîtriser, brider mes pensées hormonales. Je devrais. Mais je n'y arrive pas. C'est un échec doux, caressant, chaud. Chaud. J'ai l'esprit vaguement engourdi. J’entends une voix dogmatique qui me sermonne. Elle martèle que ce n'est pas bien, que je me détourne de ma mission.

Ma mission ?

Parlons-en, insidieuse petite voix. Défendre les autres doit m'empêcher d'avoir des envies libidineusement adolescentes ? Le manque doit me servir d'arme ? Hein ? C'est ça ta précieuse doctrine ? Je dois sacrifier mon plaisir sur l'autel d'une paix illusoire, une paix de surface ?
Non, sans déconner, c'est ce que tu veux ?

Tu dis ? Pardon ? Que je suis déconcentré ? Ah, mais oui. Tout à fait. J'ai sous les yeux une poitrine cachée qui se soulève en rythme, j'ai une cuisse qui me presse doucement l'entrejambe sans même le vouloir, et je suis déconcentré. Tu m'étonnes.

Et bien ? Il y a une guerre là, dans la chambre ? Une bataille entre les placards et les simples meubles, entre l'armoire et le lit ? Une rixe entre les sous-vêtements et les chemises ? Des légions de petites culottes se rebellent contre les tyranniques caleçons ?

Oui, pardonne moi. Je me moque, je me gausse sans pitié de tes mises en gardes salvatrices. Revenons-en au problème de base. Je n'ai pas le droit d'être excité. Ah, ce n'est pas ça ? Tu m'en vois rassuré, un instant je me voyais me parer d'une ceinture engonçant à jamais ma vertu.

Je ne dois pas perdre de vue mes priorités ? Très bien, j'adhère, je vote, et j'achète ! Je ne perds pas de vue ma priorités.
Je suis dans un lit. Priorité : dormir. D'accord ? Oui, mais je suis dans un lit, avec une fille. Priorité : Dormir chastement. Oui, oui, ok, mais je suis dans un lit, avec une fille que j'aime et qui a sa cuisse contre mon appendice masculin. Priorité : nous ébattre avec passion.

Et oui mon pauvre ami. Fondamentalement, si j'étais quelqu'un de normal, sans un connard de ton espèce me polluant l'esprit, c'est, je suppose, je que j'entreprendrais maladroitement. Si, je t'assure. Merde, va visiter un autre esprit si tu veux, tu verras.

Le fantasme est parti inhérente d'une existence saine. Puis vient le moment où le fantasme se substitut à la réalité. Tu comprends ? Oui, voilà, le jour où nous nous ébattrons vraiment. Faire l'amour fait partie inhérente d'une existence saine aussi, tu remarqueras, adolescence ou non. Mais qu'est-ce qui t'emmerde tant avec l'adolescence ? Hein, tu voudrais quoi ? Que je bosse tous les jours ? Mais je le fais, et la nuit, je dors avec San. Et bien ? Pas convaincu ? Tu fais chier, sincèrement.

Qui est cette voix, au fond ? Une de mes créations ? Une chieuse dont j'aime à me polluer l'esprit ? Non, elle n'est pas de moi. Je ne reconnais pas mon ton dans le sien. C'est une voix morale, une voix professorale, qui voudrait que l'on place le travail sur un piédestal et qu'on ignore le reste.
Je veux bien, mais il ne faut pas oublier de vivre ma pauvre. Et vivre passe par bien des méandres, dont nous faisons partie intégrante, ici, unis dans ce lit.

Il arrivera fatalement le jour où nous ferons l'amour. Ce n'est pas un achèvement, c'est la poursuite d'un sentiment, la volonté de connaître le plus de choses de l'autre, de partager une expérience intime tous les deux. Enfin, ça va pas être un gamin de bientôt quatorze qui va te l'expliquer, non ?
Puis, chacun à son idée sur la question. Moi je vois ça comme ça, parce que je suis incliné à le voir de cette façon. Si je n'étais pas amoureux, je verrais ça d'une façon plus pragmatique. Moins romantique quoi.

Tu m'endors. Si, je vois des petites étoiles qui dansent. San s'agite. Elle va quand même pas me réveiller ? Et bien si.


[San]"Tu dors pas ?"

[Akogare]"Ben... Je venais d'y arriver là, en fait."

Elle sourit mais s'en fout comme si je venais de lui dire que le soleil allait se lever aujourd'hui. Elle se tourne vers moi, et ôte subtilement sa jambe des miennes. Merci, mon sommeil, et ses compagnons, sera peut-être moins sulfureux. Elle s'enfonce contre moi.

Dormir avec une fille est épuisant. Sincèrement. Si je m'écoutais, je me lèverais, j'irais prendre une douche glaciale, puis je me coucherais sur le parquet. Elle se tourne, et s'est maintenant sa poitrine que je sens gonfler contre moi. Un clou chasse l'autre.


[San]"Tu vas être chiant si tu dors pas."

Elle sourit de nouveau, m'embrasse furtivement. Quand même, elle se fout de moi. Il suffit que je la réveille une seule fois - et avec tous ses membres partout qui s'enchevêtrent avec les miens, c'est pas bien dur - pour qu'elle me gonfle aussitôt, puis le matin suivant si elle y pense.

[Akogare]"Toi aussi."

Faible riposte, j'avoue, mais à ma décharge je peux dire qu'elle avait encore ses lèvres contre les miennes, et que - la traître ! - en a profité pour m'embrasser plus avant. Une langue dans la bouche et on peut difficilement parler, alors, faites pas les malins.

Elle s'étire, des fois que j'oublie que sa poitrine est bien présente, et repose sa tête contre mon épaule.
Quand même, n'allez pas me dire que je me fais des idées, il fait chaud comme en plein été, et elle est collée à moi. Comment ça ? Je suis le seul à avoir chaud ? Peuh... J'aimerais bien vous y voir, dans l'enfer de cet entre-deux âge, où on sait ce que l'on veut, mais qu'on peine à le formuler en actes. Ah, oui, vous ririez moins. Et moi, je pourrais dormir.

Comment est-ce qu'elle fait pour dormir aussi vite ? C'est moi qui m'explose toute l'après-midi, et c'est elle qui dort. Je vais pas en venir aux médicaments quand même, après ça va me droguer et je pourrais plus m'endormir sans ma pillule bleue. Tu as ta pillule bleue mon chéri ? Ouais ma puce...
Triste spectacle, sinistre tableau.

Sommeil, je te veux !

Clément, tu m'emmène dans un monde de succubes dénudées. La clémence a ses limites, hein ?
Salaud.


Dernière édition par le Dim 29 Oct - 0:39, édité 1 fois
Jiraiya
Mort
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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme - Page 2 EmptyMar 25 Juil - 19:25

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