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 Quatre murs dans les Montagnes

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Sho Nagoshi

Sho Nagoshi


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MessageSujet: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptyVen 25 Sep - 2:04

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
1

Les yeux bleus du gamin fixaient les montagnes. Imposantes, impressionnantes, il manquait de superlatifs pour les qualifier. Exceptionnellement, le ciel était dégagé mais la température n'avait pas augmenté pour autant. L'air était frais et désagréable. Vraiment désagréable.

...

A l'autre bout du village, Sho contemplait le ciel depuis la fenêtre de son appartement. Assit contre le mur, une tasse de thé fumante à côté de lui, il réfléchissait en silence.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis le dernier entraînement auquel il avait pris part. Plusieurs semaines qu’il avait passé à s’occuper de l’équipe dont il avait hérité après l’Examen Chuunin de Konoha. Une rencontre dans les règles, quelques missions de rang D, une autre de rang C, le bilan était plus que positif. Que demander de plus ? Aujourd’hui, pourtant, cette équipe n’était plus. La faute au mauvais sort. Le moment était donc peut-être venu pour lui de reprendre le chemin de l'entraînement là où il l’avait interrompu.

Son regard dévia vers la table basse située dans le coin droit du salon. Un nodachi l’y attendait, paré d’un manche noir et or. Une arme prestigieuse d'après ce qu'il se racontait. Une arme nettement plus redoutable qu'un katana d'après ses propres observations. Combien de temps lui faudrait-il pour en acquérir une maîtrise parfaite ? Probablement plus de temps qu’il l’imaginait actuellement. Mais peu importe de toute façon, il n’avait que ça à faire pour le moment.

Le parfum enivrant du thé réveilla soudainement ses sens. Il en porta quelques gorgées à ses lèvres tout en levant son regard perçant sur la fenêtre et le panorama qu’elle lui offrait. Au plus près des montagnes, des nuages blancs glissaient doucement vers l’ouest. Le reste du ciel était parfaitement découvert et brillait d’une magnifique couleur bleu azur. Un temps plutôt exceptionnel pour cette époque de l’année.

Le contenu de sa tasse vidée, Sho se dirigea vers sa chambre. Il en ressortit quelques secondes plus tard vêtu d’un hakama noir et d’un haut à manches longues au dos duquel le symbole du village était cousu. A sa taille était attaché une drôle de ceinture qui accueillait deux fourreaux parallèle l’un à l’autre. Le premier était vide mais Sho ne tarda pas à le combler en y enfonçant son nodachi. Le second, juste en dessous, accueillait son katana. Se sentant prêt, il quitta son appartement et se laissa glisser dans les ruelles du village. Il marcha longuement jusqu’à retrouver le pied des montagnes où une parcelle de terre l’attendait.

Il s’agissait d’un petit domaine couvert de gazon au centre duquel une maison en bois avait été construite bien des années plus tôt. Elle était monté sur un seul étage et disposait d’un perron couvert.

Une petite silhouette était assise sur l'escalier. Les sourcils de l'eisei-nin se froncèrent légèrement. Noriyori ... le fils de l’armurier.

SHO. Que fais-tu ici ?

Le ton était léger, presque trop neutre.

NORIYORI. Nagoshi-sensei ! Je commençais à croire que vous ne reviendrez jamais. Je passais ici tous les jours à la même heure en espérant vous revoir.

Sho ne comprenait pas. Il parcourut les derniers mètres qui le séparait de l'escalier et s'y assit sur la même marche que son très jeune interlocuteur.

SHO. Maintenant que je suis là, dis-moi ce qui t’amène.

Noriyori ne sembla pas l’entendre. Ses grands yeux bleus étaient dirigés vers la garde du nodachi. La surprise se lisait sur son visage.

SHO. C’est un nodachi ...

L’enfant cligna des yeux à plusieurs reprises comme s’il essayait de se sortir d’un rêve.

SHO. Noriyori !

L’insistance paya. L’enfant sursauta et leva un regard désolé vers Sho.

NORIYORI. Je suis désolé Nagoshi-sensei, c’est juste que ...

Sho leva un sourcil en laissant ses lèvres se fendre d’un sourire amusé.

NORIYORI. ... c’est une très belle arme que vous avez là.

Ce garçon était vraiment incroyable. Sho n’avait beau le connaître que depuis quelques temps, il était toujours aussi surpris par les réactions qu’il pouvait avoir en présence d’une arme. A ses yeux, il n’y avait aucun doute possible. Noriyori suivrait les traces de son père. Peut-être même qu’il le surpasserait un jour. Il ne pouvait que le lui souhaiter.

SHO. Oui, c’est une très belle arme. Je ne la maîtrise pas encore mais je ne doute pas de ses capacités. Néanmoins, aussi belle soit-elle, cela ne m’explique toujours pas ce que tu fais ici ?

Noriyori jeta un rapide coup d’oeil au nodachi puis il descendit les quelques marches qui le séparaient du sol avant de disparaître derrière le coin de la petite maison. Il réapparu quelques secondes plus tard, un katana entre les mains. L’air passablement excité, il le plaça sous les yeux de Sho qui encore une fois dut réprimer sa surprise.

SHO. Où l’as-tu obtenu ?

Un grand sourire aux lèvres, Noriyori répondit :

NORIYORI. Je l’ai emprunté à mon père.

Mensonge. Sho savait pertinemment que l’armurier du village n’était pas homme à laisser son fils se servir librement d’armes aussi dangereuses. Il doutait même de le voir offrir ne serait-ce qu’un simple kunai à son fils. Il était évident que Noriyori, malin qu’il était, avait réussi à dérober l’un des katana fabriqué par son père. Mais à quelle fin ? C’était toute la problématique.

SHO. Très bien ... et pourquoi l’as-tu emprunté ?

Le ton faussement dégagé de Sho sembla le mettre en confiance.

NORIYORI. Pour que vous me donniez d'autres leçons. Je veux apprendre à me servir d’un katana !

Cette fois-ci, Sho ne parvint pas à se retenir. L’eisei-nin laissa échapper un petit rire qui se ponctua par un bref soupire. Son regard perçant se plongea aussitôt dans celui de Noriyori pour insister sur ce qu’il s’apprêtait à lui dire.

SHO. Je ne suis pas un expert en la matière et je ne crois plus être habilité à t’apprendre quoi que ce soit sur le sujet. De plus, tu es beaucoup trop jeune pour ça. Tu ferais certainement mieux d’aller t’amuser avec les gens de ton âge. Chaque chose en son temps mon jeune ami.

La réponse ne sembla pas satisfaire Noriyori qui fronça les sourcils, se donnant un air méchant qui ne lui allait vraiment pas du tout.

NORIYORI. Mais vous...

SHO. Stop. Ma réponse est irrévocable. C’est non.

Sho tapota gentiment son épaule puis il prit la direction de la porte d’entrée. Noriyori aurait certainement voulu répliquer mais il ne trouva rien à redire. Le visage marqué d’une profonde tristesse, il prit la direction du village, le pas traînant.

SHO. En revanche, si tu te tiens bien, reviens me voir dans une semaine, tu pourras assister à mon entraînement.

Sho fit coulisser la porte d’entrée quand il entendit le bruit lourd d’un objet qu’on fait tomber sur l’herbe. Pas la peine de jeter un regard par-dessus son épaule pour comprendre que Noriyori venait de faire tomber le katana de son père. Un léger sourire aux lèvres, il entra à l’intérieur de la maison et referma délicatement la porte derrière lui.

Dans un dernier écho, il put néanmoins entendre :

NORIYORI. Merci ! Mille Merci ! Yeaaah ! Merci beau....

¤,.°o°O ... O°o°.,¤
Sho Nagoshi

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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptyVen 23 Oct - 13:26

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
2

Le lendemain, Sho se réveilla à l'aube, à l'heure où le ciel était encore plongé dans l'encre de la nuit et que seul l'horizon laissait apparaître une large bande jaune orangé. La nuit avait été courte pour l'eisei-nin, trop courte même à voir la difficulté avec laquelle ses paupières s'ouvrirent de bon matin. La faute à une longue soirée passée à méditer sur de nombreux sujets en compagnie de Kôsuke Hôndo, son plus vieil ami dans le village.

Aujourd'hui était un autre jour. Le jour où débutait réellement son nouvel entraînement. Afin de palier à ses besoins, Sho s'était libéré de toutes contraintes pour pouvoir profiter d'une semaine au calme dans les montagnes, loin des paperasses administratives, des missions, et des responsabilités. Perdu au coeur des montagnes, il avait élu domicile dans une petite maison en bois, propriété de Kôsuke. Elle avait cet avantage d'être coupé du monde et de s'ouvrir sur un panorama à couper le souffle. Si Sho n'était, certes, pas venu pour le panorama, il ne pouvait néanmoins renier l'incroyable beauté de la vue environnante. Kumo et ses montagnes, Kumo et sa brume matinale, Kumo et son ciel tantôt de cendre tantôt turquoise, Kumo dans toute sa splendeur naturelle. Durant une semaine, Sho se tiendrait loin de l'imposante bâtisse de l'académie ou encore de l'hôpital, loin du conglomérat d'habitations que pouvaient représenter le centre-ville, loin des parcs fleuris censés reproduire l'habitat naturel sur lequel les fondations du village avaient été construites. Durant une semaine, il se tiendrait loin de la civilisation et du confort de son appartement. Il y confronterait la rudesse et la fraîcheur des montagnes. Cette fraîcheur qui était capable de glacer le sang de n'importe quel étranger.

Les pieds de l'eisei-nin quittèrent le lit pour se poser sur le parquet en bois de la chambre. Pendant une dizaine de secondes, il resta assit sur le bord du lit, les coudes appuyés sur ses cuisses, et le regard tourné vers le sol, le temps que les mécanismes de son cerveau retrouvent leur vitesse d'exécution habituelle. Ceci fait, il ôta son pantalon de nuit et se faufila dans la vielle douche aménagée au fond de la maison. L'eau qui s'en dégageait était froide, presque aussi froide que celle qu'on pouvait trouvé à l'extrémité nord du pays. L'eau chaude ne fonctionnait pas par ici. Elle était pompée dans une source située non loin de là, un peu plus en altitude. A son contact, la peau se durcissait presque comme de la pierre, les entrailles frissonnaient, et le coeur voyait son rythme s'accélérer brutalement. Un réveil en condition d'après Kôsuke, une sacrée torture pour d'autres, Sho pensait quant à lui que ce n'était qu'une douche d'eau froide, rien d'autre.

Sortit de là, il enfila un hakama noir retenu à la taille par une large ceinture noir et un kimono bleu marin à manches très larges au dos duquel on pouvait voir le symbole du village. Il se dirigea ensuite vers la plus grande pièce de la maison, le salon. Le salon était la pièce centrale où on trouvait cheminée, bibliothèque, table à manger, sièges et autres sofa où s'allonger en cas de fatigue. La décoration était sommaire, quelques tableaux anciens accrochés aux murs, un vase ouvragé sur le bord de l'âtre, et deux plantes d'intérieurs disposés à l'intérieur de gros pot en porcelaine de part et d'autres de la porte d'entrée. Sho n'étant pas particulièrement attentif à la décoration, il n'attachait pas une grande importance à la manière dont le mobilier était agencé. Il se contentait très bien de ce qu'il avait sous les yeux. Aussi prit-il place sur un coussin derrière la table basse qui faisait office de table à manger sans adresser le moindre regard au restant de la pièce. Il saisit une pomme bien rouge dans la corbeille de fruits posée devant lui et entama ce qui semblait être un petit-déjeuner expéditif.

En croquant dans sa pomme, Sho ne manqua pas de jeter un regard vers la baie vitrée qui s'ouvrait sur sa droite pour prendre connaissance du temps. Dehors, la brume matinale commençait tout juste à se dissiper. Encore une journée sous un ciel gris. L'eisei-nin reporta ensuite son regard sur les étagères qui accueillaient en quelque sorte le petit coin lecture de la maison. Plusieurs livres aux reliures vertes, rouges, ou encore bleues, se trouvaient là. Il n'avait jamais pris le temps de se pencher sur leur contenu mais il se jura d'y jeter un oeil quand il en aurait le temps. Pour l'heure, ses yeux mielleux étaient attirés par toute autre chose. Une chose appuyée contre le même mur où se trouvaient les étagères. Un très long fourreau ponctué par un manche à la dominante noire mais ponctué par de petits losanges argentés. Hoshiyo ... son nodashi.

Quelques jours plus tôt, Sho avait reçu la visite d'un homme d'une quarantaine d'années au physique plus qu'imposant à son appartement. L'homme en question n'était autre que l'artisan qui avait confectionné son nodashi. Comme l'en avait informé Koei, l'individu était issu d'une puissante famille de forgerons, la plus puissante de Kumo pour tout dire. Cette famille était l'unique à posséder les techniques ancestrales permettant la fabrication des armes spéciales du village comme le nodashi ou encore la faux. L'homme était venu à sa porte pour lui remettre en main propre le fruit d'un très long travail. Une arme parfaite en tout point. Poids optimal, tranchant aiguisé au millimètre, garde travaillée, elle n'avait aucun défaut, absolument aucun. En la sortant de son fourreau noir orné de motifs floraux, Sho avait découvert une lame incroyablement longue qu'il avait été obligé de soutenir à deux mains. Cette lame ne brillait pas comme celle de son katana, non elle était beaucoup plus sombre, presque noir en partant du dos de la lame pour s'éclaircir peu à peu en allant vers le tranchant de la lame où elle prenait une belle couleur argentée.

Au premier regard, Sho la nomma Hoshiyo. Comprenez, la nuit étoilée.

Manipuler une telle arme allait lui demander un long entraînement physique. Apprendre à diriger une arme beaucoup plus lourde qu'un katana et qu'il fallait en plus de cela soutenir à deux mains, demanderait beaucoup de temps. Au terme de cette semaine dans les montagnes, Sho espérait seulement pouvoir la manier correctement. Il souhaitait atteindre un niveau d'efficacité tournant aux alentours des 70%, ce qui était en soit une barre déjà très haute pour une telle arme. Mais peu importe, l'eisei-nin était prêt à y mettre l'art et la manière.

Sa pomme terminée, il se leva et se dirigea vers le mur où Hoshiyo l'attendait. Il se saisit du fourreau et le coinça entre trois pans de sa ceinture pour lui assurer un maintient idéal. Il fit ensuite coulisser la porte d'entrée et sortit sur le perron où il enfila ses sandales. L'air environnant était plus froid encore que ne l'était l'eau de la douche. Il vous bondissait aux yeux pour les crispés et glissait comme le tranchant d'un rasoir sur la peau. Heureusement pour lui, Sho avait laissé très peu de peau au contact de l'air, seul son visage, son cou, et ses mains étaient exposés – la partie de torse qui se dessinait dans le col plongeant du kimono ne comptant pas puisqu'elle était couverte de bandelettes. Le pas lent, il descendit du perron et se fraya un petit chemin sur le gazon de la propriété. Éloigné de la maison de quinze bons mètres, il appuya sa main droite sur le fourreau et de la gauche il fit coulisser Hoshiyo hors de son antre. Une fois le nodashi entièrement extirpé de son cocon, il ramena immédiatement sa main droite sur la poignée afin de la maintenir à deux mains.

Au même moment, son pied gauche glissait légèrement vers l'avant pour se donner un meilleur appuis. L'entraînement pouvait commencer.

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Sho Nagoshi

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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptyJeu 12 Nov - 18:47

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
3

A terme, Sho ramena Hoshiyo dans son fourreau. Le front ruisselant de sueur malgré la fraîcheur environnante, il revint s’asseoir sur la plus haute marche du perron avant de porter son regard vers les hauts sommets qui s’offraient plus nettement à sa vue. La brume avait entièrement disparu, mais le ciel, lui, avait gardé sa robe grisâtre. Le paysage était le même depuis des décennies ; très peu de choses avaient changés. Sho se souvenait bien du premier regard qu’il avait porté sur ces montagnes. Il n’était alors qu’un enfant facilement impressionnable. Les montagnes lui étaient apparues dans la lumière du zénith, imposantes, terrifiantes, et mystérieuses. Il les avait craintes et aimé puis s’en était écarté par des routes sinueuses pour finalement les retrouver aux abords de Kumo. Depuis, elles n’avaient jamais plus quitté le paysage. Du haut de son balcon en ville, jusqu’à sa toute dernière mission, ces montagnes l’avaient suivis dans tous ses déplacements.

Il soupira, les paupières closes. Bien des choses étaient arrivées depuis qu’il avait foulé la terre de Kumo. Des choses heureuses, d’autres plus tragiques ; des choses inintéressantes, et d’autres plus intrigantes ; des choses inutiles, et d’autres primordiales ; des choses importantes, et d’autres qui ne le seraient jamais. Il cligna des yeux et se mit à fixer la parcelle d’herbe qui dormait à ses pieds. Kumo avait évolué. Il n’était plus le village qu’il avait découvert cinq ans plus tôt. La vie y était toujours aussi paisible, c’était incontestable. Mais une ombre s’était insinuée dans la pensée commune. Le village avait perdu deux kages dans des circonstances troublantes, maintenant que l’Asahi avait fait surface le doute s’était de nouveau emparé des kuméens. Une nouvelle perte ne pouvait être envisagé. Shigeo-sama ne pouvait tomber. Il en allait du moral d’un peuple et de la confiance de toute une nation.

Devenir plus fort était un effort dérisoire en comparaison de ce qui attendait tous les shinobis du village. Dans la nouvelle guerre qui s’annonce, la force ne leur sera d’aucune utilité. Seul le talent prévaudra sur le reste. Sho le savait pour avoir entrevu la puissance des généraux d’Asahi.

Des bruits de pas attirèrent brusquement son attention. A une dizaine de mètres tout au plus, il vit la silhouette de Yoigoshi Ibaru émerger de la pente. La belle arborait un sourire peu prononcé et un visage détendu. Elle portait une longue cape de voyage aussi blanche que ne l’était certains des sommets environnants, et des sandales adaptées aux excursions montagneuses.

YOIGOSHI. Nagoshi-kun ! Je ne savais pas que c’était toi l’heureux propriétaire de ce terrain.

SHO. Rassurez-vous Ibaru-sama, ce n’est pas le cas.

Les sourcils légèrement froncés, Yoigoshi jeta un regard en direction de la porte puis du toit comme si elle cherchait à analyser la bâtisse dans ses moindres recoins.

YOIGOSHI. Dans ce cas, que fais-tu ici ?

SHO. Je suis venu cherché un peu de tranquillité dans la demeure d’un ami.

YOIGOSHI. Oh je vois ... pardonnes ma curiosité, mais c’est la première fois que je vois quelqu’un sur ce terrain, je le croyais abandonné depuis des années malgré l’état de la maison.

Sho devait avouer qu’il était bien le seul à venir dans cet endroit. Le vieux Hôndo avait beau être attaché à cette bâtisse, cela faisait certainement plusieurs années qu’il n’y avait plus mis les pieds. Ses vieux os le condamnaient à demeurer dans le centre-ville pour le restant de ses jours.

SHO. Et vous, qu’est-ce qui vous amène dans cet endroit isolé ?

YOIGOSHI. Cela fait plusieurs années que je me promène dans les montagnes au petit matin. C’est une manière comme une autre de rester en forme et d’échapper à l’agitation des rues.

Sho sourit, les yeux abaissés sur ses genoux. En quelque sorte, Yoigoshi était là pour les mêmes raisons que lui. Elle cherchait un peu de tranquillité dans un monde où le calme n’annonçait jamais rien de bon. Loin des responsabilités, de la civilisation, loin de tout, ils pouvaient réfléchir en paix et se poser les bonnes questions. L’avenir était peut-être incertain mais ils étaient tous capable d’en modifier le cours. Restait à définir quand, où et de quelle façon. Au coeur de la tourmente, ce cheminement était impossible à établir ; mais dans les montagnes, où la sérénité régnait en maître, tout devenait plus clair. C’est dans cet endroit – plus que dans n’importe quel autre – que le Destin de Kumo était entrain de se jouer.

YOIGOSHI. Tu m’as l’air soucieux.

Le regard de Sho plongea dans celui de Yoigoshi.

SHO. Croyez-vous que nous soyons en mesure de résister à l’Asahi ?

Une lueur traversa le regard de la kunoichi au teint mât. Ses yeux glissèrent vers le sol ; le silence s’installa. Un silence qui en disait long sur les pensées qui traversaient son esprit à cet instant. La belle détacha le bouton qui retenait sa cape de voyage attachée à son cou puis elle la posa sur le sol avant de s’y assoire en tailleur. Le silence demeura.

¤¤¤


La nuit était tombée sur le village tout entier. Kumo ne dormait pas. Il était en pleine effervescence pour des raisons obscures. Plusieurs groupes d’Anbu allaient de toiture en toiture quand Yoigoshi referma la fenêtre de la chambre. En se retournant, ses yeux s’arrêtèrent avec tristesse sur la petite silhouette recroquevillée de son amie dont les pleurs étouffés lui rongeaient le coeur.

YOIGOSHI. Akai ... je ...

La petite fille aux longs cheveux noirs agita la main pour lui faire signe de se taire.

YOIGOSHI. ...

Plantée devant elle comme si ses pieds étaient fixés au parquet, la jeune Yoigoshi regardait la jeune Akai sans savoir que faire. Finalement, Akai releva le menton, ses yeux rougeoyant comme les flammes de l’enfer.

AKAI. Crois-tu que nous pourrons leur résister ?

Yoigoshi hésita un instant puis elle s’agenouilla devant son amie.

YOIGOSHI. Mieux que ça, nous les anéantirons.

¤¤¤


Les mains croisés dans le giron, paumes vers le dessus, Sho observa longuement Yoigoshi en s’interrogeant sur son silence. L’Asahi était une préoccupation de tous les instants. Rien ne le laissait transparaître en surface, mais les autorités étaient bel et bien déterminées à endiguer cette menace. Comment ? Sho n’en avait pas la moindre idée. Ce qu’il savait en revanche, c’est que tous les villages cachés des grandes nations étaient mobilisés. Tous se préparaient à leur façon en vu du prochain affrontement. L’Asahi avait peut-être disparu en un claquement de doigt pour retourner dans l’obscurité de son antre, mais qui pouvait prévoir sa prochaine sortie ? Personne. Le silence demeurait.

Yoigoshi inspira profondément et lui annonça :

YOIGOSHI. Mieux que ça, nous les anéantirons.

Sho se redressa légèrement, le dos bien droit, et les yeux dirigés vers la kunoichi. La réponse était surprenante venant d’une femme qui inculquait la prudence et la vigilance à ses élèves. Surprenante, mais non dénuée de sens pour autant. Yoigoshi connaissait bien des secrets, des choses qu’il croyait irréalisables. Il était loin de connaître toutes les armes que Kumo pouvait fournir, loin de connaître tout le potentiel qui pouvait sommeiller dans les rangs des forces spéciales. Kumo pouvait paraître faible, mais il ne l’était pas. Ce village avait connu un trop grand nombre d’illustres personnages pour ne pas avoir appris d’eux. Ce village avait connu un trop grand nombre d’évolutions pour ne pas être protégé contre l’Ennemi. Kumo pouvait paraître faible, même à ses yeux, mais dans le fond il savait qu’il ne l’était pas.

YOIGOSHI. Nos forces grandissent de jour en jour. Qu’ils viennent, nous les attendrons.

Sho inclina la tête, les paupières fermées, pour saluer la détermination de son interlocutrice. Cette dernière sourit et sortit un kunai de l’étui fixé à son épaisse ceinture.

YOIGOSHI. Akai dit que tu es en avance sur les choses, que tu anticipes constamment. Laisses-moi t’apprendre ce que je sais, et tu pourras leur résister.

Un vent de nord-est flirta avec les montagnes, soulevant l’épaisse crinière de Yoigoshi et faisant osciller les mèches violettes de Sho.

¤,.°o°O ... O°o°.,¤
Sho Nagoshi

Sho Nagoshi


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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptySam 26 Déc - 16:33

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
4

Lorsque le vent retomba, Yoigoshi s'amusa à faire basculer le kunai entre ses phalanges. Elle fixait le sol d'un air songeur, comme si elle réfléchissait à une affaire urgente, quand soudainement elle se redressa. Son regard sauvage croisa celui de Sho et un sourire apparut sur son visage.

YOIGOSHI. Tiens.

Sho eut à peine le temps de voir le kunai fendre l'air qu'il se planta littéralement à côté de lui, dans la marche où il était lui-même assis. A quoi voulait-elle jouer ? Il n'en avait pas la moindre idée. Mais il était persuadé que ce kunai n'allait pas tarder à fendre de la chair bien fraîche.

YOIGOSHI. Prends ce kunai et plantes-le dans ta cuisse quand je te le dirais.

N'importe qui se serait demandé si elle n'avait pas perdu la tête. Mais tous les eisei de la branche défensive savait que tout entraînement passait par leur propre souffrance ; ceci afin d'atteindre les objectifs des techniques jalousement gardées dans le répertoire sacré de leur discipline. Aussi, Sho empoigna vigoureusement le kunai sans broncher.

YOIGOSHI. Fais-moi confiance ...

La célèbre juunin commença une série de signes incantatoires dans un silence absolu. L'oeil aguerrit de Sho releva la complexité toujours plus accrue de la série. Le chuunin instructeur qu'il était compris rapidement que la technique qu'il s'apprêtait à voir dépassait en puissance certainement tout ce qu'il avait pu entrevoir jusqu'à maintenant. En cela il se remémora le Noir Cercueil ; la terrible technique que Akai Juutai avait une fois lancé à son encontre.

YOIGOSHI. Maintenant !

Sans once d'hésitation, Sho planta le kunai dans sa cuisse droite. Il s'était apprêté à sentir la chaleur de son sang se répandre progressivement le long de sa cuisse et imbiber son hakama mais bizarrement aucune de ces sensations ne le saisit. Les sourcils froncés, il chercha à percer ses propres pensées pour trouver une trace de douleur. Mais même la douleur ne l'avait pas pris. Ne comprenant pas ce qui avait bien pu se passer, Sho retira la pointe tranchante du kunai de sa cuisse. Ses sourcils se froncèrent encore davantage quand il remarqua avec stupeur qu'aucune trace de son sang n'avait entaché la pointe. Ce n'est que lorsqu'il reporta son attention vers Yoigoshi pour obtenir des réponses qu'il comprit.

La cuisse droite de la juunin était lacérée par plusieurs filets de sang et entaillée à l'endroit même où Sho avait planté le kunai dans sa cuisse. Impensable, mais pas tout à fait pour qui avait longuement fouiné dans les vieux ouvrages de la bibliothèque. Sho comprenait enfin que Yoigoshi avait utilisé la dernière technique connue du répertoire défensif – les autres techniques, plus importantes encore, n'étaient pas vraiment celles qui avaient l'habitude d'apparaître dans tous les ouvrages.

SHO. Liés par la Souffrance ... Yuwaeru Kunan ... j'aurai du m'en douter.

Le rire cristallin de Yoigoshi entraîna immédiatement la formation d'un sourire sur le visage de Sho.

YOIGOSHI. Bien vu, c'est exactement ça. Belle technique n'est-ce pas ?

Sho hocha de la tête.

YOIGOSHI. Moi et Akai avions l'habitude de l'utiliser quand nous étions encore membre de la même équipe. Crois-moi, il n'y a pas meilleur remède pour sauver une équipe de ses propres erreurs. Les spécialistes du ninjutsu comme du genjutsu ont parfois tendance à frapper si fort qu'ils en oublient tout sens tactique. Fort heureusement, nous sommes là pour rétablir l'équilibre de la balance et permettre à nos compagnons de ne pas essuyer les conséquences de leurs erreurs. Tu comprendras donc aisément qu'il te faudra te renforcer physiquement pour pouvoir encaisser un maximum de dégâts quel qu'il soit.

SHO. Si je lisais clairement dans votre jeu, je vous répondrais In'Yu Shometsu.

Yoigoshi acquiesça en souriant.

YOIGOSHI. Akai disait donc vrai ...

Sho ne répondit rien à cela. Il se contenta de regarder son interlocutrice quand celle-ci exposa une nouvelle série de signes, que le sang cessa de couler de sa blessure, et que la blessure se referma d'elle-même alors que Yoigoshi baignait dans une bulle de chakra à peine visible.

YOIGOSHI. In'Yu Shometsu, le complément idéal de Yuwaeru Kunan. Un duo de techniques redoutable pour n'importe quel médecin qui sait les contrôler avec justesse et précision. Une arme redoutée par tous les shinobis qui croisent la route des terribles eisei-nin.

Il n'était pas compliqué de comprendre pourquoi. Pouvoir subir les dégâts à la place de ses coéquipiers et se régénérer quasiment dans la foulée pouvait en déconcerté plus d'un. Mais le contre coût en chakra pouvait s'avérer particulièrement conséquent, voir fatal. C'est pourquoi Yoigoshi parlait de justesse et de précision. L'arme était terrible, c'est vrai, mais le médecin devait apprendre à la maîtriser parfaitement et surtout à l'invoquer au bout moment s'il ne voulait pas se retrouver sur la sellette.

SHO. Ne perdons pas plus de temps. Ibaru-sama, si vous me le permettez, je voudrais que vous vous plantiez ce kunai à votre tour.

Le regard de la juunin croisa le sien mais elle ne prononça pas le moindre mot. Sho lui lança le kunai. L'arme termina sa course plantée dans la terre à quatre ou cinq centimètres sur sa droite. Elle l'empoigna et adressa un hochement de la tête au chuunin instructeur. Celui-ci prit une profonde inspiration et les yeux bien ouverts il fit défiler les images de la série de signes incantatoires que Yoigoshi avait utilisé quelques instants plus tôt. Plus besoin de lui demander de la répéter une seconde fois sous ses yeux, l'expérience et le poids des années passées à étudier les techniques de son répertoire avait appris à Sho à mémoriser des séquences complexes en un temps record.

Quand il se sentit prêt, l'eisei-nin enchaîna la série de dix-sept signes en à peine quelques secondes en dispersant son chakra dans l'air pour se lier à Yoigoshi. Comme si elle avait sentit ce chakra la toucher, la juunin se planta le kunai dans l'avant-bras gauche avant même que Sho ne lui fasse signe de le faire. Le sang commença à couler ...

SHO. Yuwaeru Kunan !

... le sang s'arrêta de couler comme s'il venait d'heurter une barrière invisible. Yoigoshi retira le kunai de son avant-bras et la plaie se referma aussitôt pour apparaître sur celui de Sho.

La douleur déferla dans son corps comme s'il s'était lui-même infligé cette blessure. Le sang coula le long de son bras gauche mais il ne laissa aucune émotion filtrer. S'il ne connaissait pas la technique de régénération avancée, il connaissait néanmoins la régénération de base. En une fraction de seconde, il anima de nouveau ses mains malgré la douleur de plus en plus déchirante. Une vague de chakra remonta de ses entrailles pour se répandre dans tout son corps jusqu'au bout de ses doigts. Cette vague eu pour effet d'arrêter l'effusion de sang et d'accélérer la cicatrisation de la plaie.

La blessure n'était pas trop grave, une régénération normale n'avait aucune difficulté à la guérir. Sho savait également très bien que des blessures plus graves demanderaient des techniques plus efficaces comme la régénération secrète ou la paume mystique. La dernière lui était connue depuis longtemps mais la première échappait encore partiellement à sa connaissance.

YOIGOSHI. Je crois que je n'ai rien d'autre à t'apprendre sur le Yuwaeru Kunan. Il te faudra simplement apprendre en toutes circonstances. En revanche, j'aimerai te montrer l'autre technique que tu as évoquée toute à l'heure. Elle te sera certainement plus utile à ton niveau que la régénération que nous connaissons tous deux.

Un souffle descendit de la maisonnette pour s'abattre sur la pelouse, faisant froncer les sourcils de Yoigoshi. Sho ne pouvait peut-être pas jeter un oeil au toit de la maisonnette de là où il se trouvait mais il pouvait reconnaître le chakra qui venait de s'y matérialiser parmi mille ...

AKAI. Alors comme ça vous osez vous amusez sans moi ...

Trois médecins, trois sourires, une maisonnette, et les montagnes de Kumo en toile de fond pour encadrer trois âmes dont la folie douce se lisait sur leur visage.

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Sho Nagoshi

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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptyVen 8 Jan - 14:23

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
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Akai descendit de son perchoir sans se faire prier. La belle kunoichi aux longs cheveux noirs se tourna vers son amie de toujours et lui adressa un sourire plein de malice. Elle jeta ensuite un regard par-dessus son épaule à l'intention de Sho qui lui répondit par un hochement de la tête. Un vent frais descendit des montagnes et balaya violemment la scène avant de piquer en flèche vers le village. En tenue légère, comme à son habitude, Akai ne sembla pas porter une grande attention à la température ambiante. Elle marcha vers Yoigoshi et finalement s'assit dans l'herbe à quelques pas de son amie.

AKAI. Le Yuwaeru Kunan est une technique qui prend tout son sens lorsqu'elle vise plusieurs personnes à la fois. Si tu veux la maîtriser complètement, il te faut apprendre à être sur plusieurs fronts.

Comme si tout semblait prévu depuis quelques temps, Akai lança un regard en biais à Yoigoshi qui reprit aussitôt son kunai en main. De son côté, Akai sortit un long couteau effilé de sa ceinture. Ses yeux sombres pesant de toute leur intensité sur Sho, elle le gratifia de quelques explications supplémentaires sur la démarche à suivre.

AKAI. Moi et Yoigoshi allons nous blesser en même temps. Utilises la liaison de chakra comme tu l'a fais toute à l'heure. La technique ne dépense pas plus d'énergie pour une personne que pour deux. C'est la manière dont tu répartis ton énergie sur les différentes cibles qui fait toute la différence, entendu ?

Sho acquiesça en joignant ses mains. Il fit une nouvelle fois le vide dans sa tête et porta son regard entre les deux kunoichis de manière à réagir le plus rapidement possible quand elles se décideraient à frapper. Ses réserves de chakra étaient encore bonnes. Il avait assez de force et d'énergie pour soutenir plusieurs minutes la liaison. Il devait néanmoins penser à la technique de régénération poussée qui suivrait certainement ce dernier exercice, et la technique de régénération basique qu'il utiliserait pour se soigner des blessures qu'Akai et Yoigoshi combineraient. Aussi, commença-t-il par canaliser une partie de son énergie, laissant l'autre en réserve pour plus tard. Ses mains se mirent ensuite en mouvement, se figeant dans dix-sept positions successives pour former une série de signes complète. Le Yuwaeru Kunan était fin prêt. La liaison de chakra se scinda en deux branches reliées par un même fil à Sho. Chaque branche se dirigea discrètement vers les deux kunoichis.

Quand Akai et Yoigoshi frappèrent – l'une son bras gauche et l'autre sa cuisse droite – Sho resserra ses mains pour soutenir la puissance des deux blessures combinées. Immédiatement, les deux entailles se matérialisèrent sur son corps mais il ne les laissa pas perdurer plus longtemps. Une nouvelle série de quatre signes, et Sho activa la technique de régénération basique sous l'oeil intéressé des deux juunin. Progressivement, les blessures se résorbèrent et Sho ne souffrit d'aucune douleur.

Il savait pertinemment que les sévisses qu'Akai et Yoigoshi s'étaient infligées relevaient du superficiel. En combat, il aurait à se préserver lui et ses coéquipiers de techniques beaucoup plus poussées capable de pourfendre la chair comme une simple brique de beurre. Il lui faudrait alors utiliser des techniques de soins plus importantes et dépenser beaucoup plus de chakra qu'il en avait fait la démonstration à l'instant. Mine de rien, il était satisfait du résultat obtenu par cette froide matinée. C'était à son sens un bon début. Ce que semblaient également penser Akai et Yoigoshi.

YOIGOSHI. Tu t'es bien débrouillé. Tu as su quantifier le chakra que tu devais utiliser pour cette technique afin de mieux te préparer pour la suite.

AKAI. Quel que soit l'équipe dans laquelle il se trouve, l'eisei-nin doit toujours agir avec plusieurs coups d'avance sur son adversaire. Il doit planifier toutes les possibilités et gérer son chakra de manière à remplir correctement son rôle de soutient. Se cantonner à l'utilisation du Yuwaeru Kunan pourrait par exemple s'avérer une erreur de taille face à des dégâts mineurs comme ceux que nous nous sommes infligés moi et Yoigoshi. Tu comprendras aisément que notre travail à nous, eisei, c'est avant tout de décider minutieusement quand est-ce que nos compagnons doivent être blessés ou pas et quand est-ce que nous nous devons de les soigner.

YOIGOSHI. C'est l'essence même de notre voie.

Sho avait l'impression de retourner sur les bancs de l'amphithéâtre de médecine. Son sourire s'étira sensiblement, son regard abaissé en direction du sol. Il comprenait certainement mieux que quiconque les conséquences que pouvaient engendrer ses erreurs. Après tout, il était chuunin instructeur depuis assez longtemps maintenant et même si les situations de combat s'étaient faites plutôt discrètes ces derniers temps il savait que tôt ou tard ils finiraient, lui et ses équipiers, par tomber sur une impasse. Le combat serait inévitable et il devrait porter seul le poids de ses choix.

Le spécialiste du ninjutsu pouvait apprendre à développer des frappes de masses pour infliger le plus grand nombre de dégâts. Le spécialiste du taijutsu pouvait apprendre à développer des frappes chirurgicales pour surprendre l'adversaire et le clouer rapidement au sol, faute de défenses appropriées. Le spécialiste du genjutsu pouvait apprendre à torturer son adversaire pour le contraindre à l'abandon. Mais tous devaient apprendre à gérer leur réserve de chakra s'ils ne voulaient pas se retrouver rapidement hors course. Les spécialistes de l'eisei, eux, avaient dès leurs premiers essais les notions d'économie et de parcimonie qui faisaient d'eux de véritables atouts pour leurs équipes et leurs villages. Ils devaient prévoir, surprendre, mais surtout survivre. Un médecin qui survit trop longtemps est un danger grandissant.

SHO. Et qu'en est-il de la régénération secrète des blessures ?

Yoigoshi tourna son regard vers Akai. Il se passa un court instant où le regard des deux kunoichi se croisa. Un laps de temps qui sembla leur suffire pour se comprendre. Akai hocha sensiblement de la tête avant de tourner son buste vers Sho. Toujours en étant assise, elle décortiqua un à un les signes qui précédaient l'utilisation de la technique. Sho les consigna soigneusement dans un coin de sa tête. Il en comptabilisa dix au total ce qui s'avérait être à peu près le double de ce qui était nécessaire au lancement d'une régénération basique.

YOIGOSHI. Ces signes draineront une plus grande quantité de chakra que la régénération que tu connais.

AKAI. Ils te fatigueront donc plus rapidement.

YOIGOSHI. Cette technique n'est pas à prendre à la légère. Ne l'utilise qu'en cas d'extrême nécessité et face à des techniques dévastatrices.

La mise en garde était notée. Sho comprenait dans ces paroles avisées qu'une telle technique ne pouvait agir sans grand revers de la médaille. Elle avait peut-être la puissance de régénérer deux fois plus rapidement et efficacement qu'une régénération de base mais elle avait certainement deux fois plus d'aisance à fragiliser l'organisme de son utilisateur pendant un laps de temps donné. Cela pouvait paraître ironique en soit mais tous les eisei-nin apprenaient tout jeune que les richesses de leur voie n'étaient jamais exempt de contrecoups violents. Ils apprenaient à vivre avec et même à les subir régulièrement pour s'habituer à leur empreinte douloureuse.

Sho s'essaya à l'exercice. En quelques secondes, ses mains enchaînèrent les dix signes incantatoires tandis que son regard dégringolait le long des marches. La pression qu'il relâcha fut si grande que lui-même en fut surpris. Les sourcils froncés, il observa attentivement le halo de chakra pur régénérer la totalité de son organisme jusqu'au moindre petit vaisseau sanguin isolé. Mais la pression exercée par la technique engendra chez lui une grande fatigue. Un poids énorme se matérialisa dans le creux de son estomac. Sho se sentit soudainement soumis à une gravité effrayante. C'était comme si le sol allait céder sous son poids pourtant normal et qu'il allait s'enfoncer encore et encore dans la terre jusqu'à ce que son corps se brise en mille morceaux sous la pression.

Ses paupières devinrent lourdes, trop lourdes. Sho sentit son esprit se détacher de son corps. Avant même qu'il n'ait eu le temps de comprendre qu'il n'avait plus assez de chakra pour soutenir l'utilisation de la régénération secrète, il tomba dans un profond sommeil.

Amusées, Akai et Yoigoshi le regardèrent pencher dangereusement sur la droite et s'écrouler finalement sur le perron.

AKAI. Je savais que ça finirait par arriver.

YOIGOSHI. Il m'a tout de suite paru fatigué quand je l'ai croisé. Il ne se ménage donc jamais ?

AKAI. Le sommeil est un luxe que tout le monde ne peut pas se payer ma chère ...

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Sho Nagoshi

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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptySam 9 Jan - 2:01

¤,.°o°O Chapitre 9 : Un Fragment d'Avenir O°o°.,¤
« La foi en l'arme »
6

Sho ouvrit les yeux. Ce qu'il distingua au début était beaucoup trop flou pour être identifiable. Une vive lumière blanche l'aveugla, l'obligeant à clore brusquement ses paupières. Peu à peu, il entendit de nouveau son coeur battre et ses muscles se tordre encore douloureusement au moindre de ses ordres. Un tissu le recouvrait mais sa vue trouble l'empêchait de voir exactement où il était. Ce n'est qu'après plusieurs minutes passées à ouvrir et à fermer ses yeux pour affûter sa vision qu'il finit par remarquer qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital. A un mètre sur sa droite, une série de fenêtres lui offraient une vue imprenable sur le ciel grisâtre. Il respirait normalement, pouvait bouger normalement malgré la fatigue qui semblait peser sur ses bras, sur ses jambes et sa nuque. Alors que faisait-il ici ?

AKAI. On dirait que ça va mieux.

Sho tourna la tête vers la gauche. Akai était assise dans un fauteuil dans un coin de la chambre. Sho distinguait son regard noir par dessus le livre qu'elle tenait entre ses mains. Il essaya de parler mais les mots restèrent coincé dans sa gorge. Il n'en sortit qu'un début grognement. Un second essai et Sho sentit sa gorge se nouer. Que lui était-il arrivé ?

Visiblement amusée, Akai se leva et lui apporta un verre d'eau. Sho l'avala d'une seule traite avant de prendre une profonde inspiration. Le troisième essai fut le bon.

SHO. Que ... m'est-il arrivé ?

Sa voix était encore un peu faiblarde mais il était rassuré. Pendant un bref instant, il avait cru perdre l'usage de sa voix.

AKAI. Tu t'es évanoui après l'entraînement. Moi et Yoigoshi t'avons transportés à l'hôpital pour s'assurer que tout allait bien.

SHO. Et alors ... ?

AKAI. Tout va bien. Je n'irai pas jusqu'à dire que tu es en pleine forme mais au moins tu ne souffres de rien si ce n'est d'une grosse fatigue physique.

Il se souvenait maintenant. Il se revoyait sur le perron de la petite maison où il était allé se réfugier pour trouver la paix et la sérénité. Il se revoyait face à Yoigoshi. Il se revoyait saigner alors que c'était la juunin qui s'était blessée. Il se revoyait utiliser la régénération secrète. Il ressentait les sensations qui l'avaient submergé avant le néant. Il s'enfonçait dans le sol et plus rien ... le trou de mémoire complet.

Sa position ne le surprenait pas. Fatigue physique ... il s'y était attendu. Le sommeil s'était fait très rare pour lui ces derniers temps. Il lui arrivait de dormir un peu, mais ce n'était jamais guère plus de deux petites heures bien hachurées. Finalement, il avait payé le prix fort pour l'acharnement et le travail accompli ces derniers mois. Bien heureusement, cela n'aurait pas de conséquences graves sur son organisme. Probablement passerait-il une nuit d'observation à l'hôpital. Demain à l'aube, les infirmières le laisseraient quitter l'établissement après quelques signatures et peut-être quelques examens complémentaires. Rien de bien significatif en somme.

Le plus dingue dans tout ça, c'est qu'il ne ressentait pas la fatigue. Elle coulait sur lui sans l'atteindre réellement. En de rares occasions, comme ce matin, elle le prenait en traître et le réduisait au silence. Mais généralement, il ne la ressentait pas. Il avait beau enchaîner les nuits blanches, elle ne se faisait pas ressentir. Il la savait présente, quelque part, mais il ne s'en souciait pas. Il avait bon nombre de soucis plus urgents à régler.

AKAI. Yoigoshi pense que tu devrais te ménager un peu.

SHO. C'est également ton avis ?

En posant cette question, Sho plongea son regard dans celui d'Akai. La belle juunin soutint son regard pendant plusieurs secondes sans briser le silence. Sho savait qu'elle hésitait à lui répondre, d'une part parce qu'elle dormait certainement moins que lui, et d'autre part parce qu'elle savait que Yoigoshi avait raison. Elle était face à un dilemme, mais comme à chaque fois elle s'en tirait d'une main de maître en choisissant la seule voie de la raison qui subsistait pour elle : la sienne. Son sourire s'accentua au moment elle se réinstallait confortablement dans son fauteuil.

AKAI. Mon avis tu le connais bien. Vie avant que la mort ne te rattrape.

Pour la première fois depuis son réveil, Sho sourit. Il pivota lentement sa tête en direction des fenêtres sans bouger son corps. Le ciel s'assombrissait à vu d'oeil. Le crépuscule ne tarderait pas à tomber sur le village tandis qu'il resterait allongé sur ce lit d'hôpital. Une nouvelle nuit blanche passerait et demain il se rendrait à l'académie où il traiterait la pile de dossiers laissée à son attention durant son absence. La vie reprendrait son cours normal.

Deux coups retentirent à la porte. Akai se replongea dans sa lecture.

AKAI. Je crois que tu as de la visite.

Sho reporta son attention sur la porte.

SHO. Entrez.

Une petite tête blonde entra dans la chambre, suivi par un homme de grande stature. L'armurier du village et son fils Noriyori. Le sourire de Sho s'accentua quand il vit le petit garçon s'approcher de lui et le scruter de la tête au pied d'un air inquiet.

ARMURIER. Il tenait absolument à te rendre visite alors je l'ai amené.

Sho hocha sensiblement de la tête.

NORIYORI. Nagoshi-sensei ... vous semblez en mauvais état.

Akai toisa le jeune homme du regard en souriant comme aurait souris n'importe quel personne attendrit par la scène. Sho rit légèrement et tendit son bras gauche jusqu'à pouvoir saisir l'épaule du gamin.

SHO. Ne t'en fais pas pour moi, je vais bien. Je reprendrais vite l'entraînement ... tu viendras y assister n'est-ce pas ?

Une lueur glissa dans les yeux du gamin. Un sourire en banane se dessina sur son visage angélique.

NORIYORI. Comptez sur moi !

Face à l'enthousiasme du gamin, son père s'abandonna à un rire fort et puissant. Akai l'accompagna sur une note plus contenue. Sho, lui, leva les yeux au plafond avec un grand sourire.

[ FIN ]
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Sho Nagoshi

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MessageSujet: Re: Quatre murs dans les Montagnes   Quatre murs dans les Montagnes EmptySam 9 Jan - 2:04



    Sho : + 80 XP ( bonus chuunin inclus - techniques validées )

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