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 [Mission D] Le spectacle de kabuki

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Hayabusa Toyome

Hayabusa Toyome


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MessageSujet: [Mission D] Le spectacle de kabuki   [Mission D] Le spectacle de kabuki EmptyMer 23 Juin - 4:05

Le soleil se levait lentement dans le village caché de la feuille, qui baignait dans un éclat orangé bienfaisant. Les ombres se contractaient doucement, cédant leur place une nouvelle fois à la lumière de l'astre du jour. La lune et les millions de petits diamants qui parsemaient un ciel il y a quelques instants encore noir comme l'encre disparaissaient sous les assauts éblouissants de l'oeil d'Amaterasu. Ici ou là, on pouvait distinguer les ultimes hululements des oiseaux nocturnes, tandis que les grenouilles profitaient des dernières rosées et de l'humidité d'une journée qui s'annonçait sous les meilleurs hospices, tant l'étoile incandescente ne rencontrait la moindre opposition de la part des nuages. Konoha se réveillait en même temps que les premières lueurs apparurent, dans les chuchotis et le vacarme des volets en bois qui s'ouvraient, tels les pétales de fleurs qui se déploieraient au petit matin pour récolter le moindre photon. C'était une scène quotidienne, mais tellement belle à observer pour qui saurait déceler la beauté de ce monde parfois si obscur...C'était un peu comme le coeur des Hommes, en somme.

Un mince filet de lumière parvenait à transpercer les persiennes de l'appartement de notre ami, révélant de fines particules de poussière qui dansaient en coeur, et éclairant légèrement le mur en haut du lit. C'était dans ce contexte que l'on pouvait apercevoir un Hayabusa torse nu, les yeux ouverts. Il ne dormait pas, et il n'avait pas pu dormir de toute la nuit, pensif. Les bras croisés derrière sa nuque, les cheveux décoiffés, vous serez surpris d'apprendre qu'il avait de la compagnie à ses côtés. En effet, une main reposait tendrement sur son buste finement taillé, que l'on devinait féminine de par la finesse des phalanges et par la taille de ses ongles. Celle-ci bougeait occasionnellement, procurant une douce sensation, mais insuffisante pour lui permettre de trouver le repos. Si l'on s'attarde un peu plus sur le tableau, nous découvririons une tête aux cheveux blonds, épais, et légèrement bouclés, reposant sur le plexus travaillé de l'adolescent. Vous vous demandez très certainement si les deux tourtereaux ont eu une nuit agitée...Eh bien, non.

En fait, le délicieux Toyome était tourmenté par le même rêve, étrange et cauchemardesque, qui se répétait inlassablement nuit après nuit, à tel point que celui-ci ne puisse parvenir jusqu'aux bras de Morphée, par crainte ou peut-être psychologiquement. Toujours était-il qu'il invita sa jeune amie et voisine. Quelques cinq années les séparaient, mais sa présence était un vrai réconfort pour lui. De plus, il se sentait presque rassuré avec elle. Tout cela était surement dû à leur improbable rencontre dans les ruelles de Konoha, lorsqu'il frôlât littéralement la mort à cause d'un entrainement beaucoup trop violent. Ou bien était-ce parce qu'elle était déjà une kunoichi accomplie, au contraire d'Hayabusa. Qui sait...Pour autant, il ne passa pas forcément une bonne nuit, loin de là. Malgré les gestes attentionnés et les caresses d'une fille qui visiblement attendait plus de son ami, malgré une voix suave, envoutante et rassurante, malgré le sentiment d'être dans un cocon bien confortable, rien ne pouvait l'emmener au pays des songes. Ce cauchemar l'avait bien plus affecté qu'il ne voulait se le faire croire.

[Hakufu] '...Tu es réveillé depuis longtemps?'

La jeune femme dont la poitrine reposait sur les côtes de l'aspirant ouvrait les yeux, fixant son compagnon laisser voguer son regard sur un plafond qui se lézardait légèrement. Il ne réagissait à la réflexion faite que quelques secondes plus tard. Il pivota alors la tête à 90 degrés, sans bouger la moindre autre partie du corps. Le futur shinobi plongea ainsi ses yeux de fauve dans les bijoux d'émeraude qu'était ceux de son interlocutrice.

[Hayabusa] 'Non, ça doit faire...hmmm...dix bonnes minutes, environs.'
[Hakufu] 'Voyons...Il doit être six heures, et tu commences déjà à me mentir. Félicitation, tu viens de battre ton propre record.'

Il n'y avait aucune animosité dans la voix et le visage de la charmante demoiselle. Mieux, elle s'amusait presque de pouvoir décrypter chacunes des réactions, des paroles, des gestes de son compère d'un soir. Ses lèvres légèrement pulpeuses vinrent se poser sur la joue halée de son ami, douce telle une étoffe de soie, comme si elle lui pardonnait cet écart de conduite.

[Hakufu] 'C'est vraiment incroyable de constater à quel point tu es resté le même après trois ans. Mais ce n'est pas en mentant que tu pourras cacher tes sentiments. On lit en toi comme dans un livre ouvert.'

Toujours intelligente et souriante quoi qu'il se passait, c'était ce qui plaisait formidablement à notre protagoniste. Il lui rendit son sourire, tel un homme s'excusant. Il était si bien dans ce lit, drapé en compagnie de celle qui fut son premier amour. Puis, il passa un index sur l'arrête du nez fin de son amie, l'air faussement moqueur. Il fronça les sourcils, si bien que ses yeux parurent d'un seul coup terrifiant. Il faut bien dire que le jeu d'ombre et de lumière accentuait cette impression, mais la kunoichi trouvait ce détail tellement...excitant! Ce côté si gentil, si attentionné, pouvant devenir l'espace d'un instant quelqu'un de bestial, suivant ses plus bas instincts ne pouvait être qu'un coup extraordinaire, autant sur le plan sentimental que sur le plan purement physique. Quel dommage qu'il fut aussi jeune...

[Hayabusa] 'Quand arrêteras-tu de jouer les psychologues?'
[Hakufu] 'Quand tu cesseras de te comporter en gamin...'

L'esprit vif, la femme aux cheveux d'or rétorqua à l'adolescent en un éclair, comme si elle savait à l'avance la remarque qui allait sortir de sa bouche. Tout en prononçant ces mots, elle saisissait le bout de son menton pointu avec son index et son majeur, empreint d'une délicatesse exemplaire, approchant sa bouche de la sienne. Tous deux pouvaient sentir le souffle chaud de l'autre, l'un étant plus court que l'autre. C'était comme un jeu malsain qui se murmurait entre ces murs. Quoi qu'il en fut, le garçon se soustrayait à l'emprise de la femme d'un léger hochement de la tête. Puis, il se leva rapidement, les pommettes roussies par autant de proximité. Cela n'eut pas échappé à la demoiselle qui ne put réprouver un léger sourire narquois. D'ailleurs, elle se complaisait à observer le bonhomme vêtu d'un shorty moulant parfaitement comme une seconde peau, déambuler dans la pièce à la recherche d'un pantalon. Elle prit quelques instants à détailler la forme de ses fesses rebondies, de ses abdominaux et de ses pectoraux qui sans être saillants étaient finement dessinés, de ses trapèzes, mais aussi de sa virilité. Rien de coquin à tout cela...quoique. Finalement, il enfilait son pantalon noir sans grande sensualité. Après quoi, il dévoilait ses dents nacrées, en passant une main dans sa chevelure épaisse et châtain.

[Hayabusa] 'Il reste du thé que maman m'a donné lors de son passage à Konoha. Sers-t'en si tu veux...Il y a tout pour faire ton petit-déjeuner.'

La grue de Konoha devait partir rapidement, la faute à une convocation sans réel détail particulier. Il se précipita vers la sortie de sa garçonnière sans faire attention au 'merci!' prononcé par Hakufu. Il revêtit au passage sa longue veste et couvrit sa tête avec la capuche. Le soleil faisait déjà son office dans le village caché de la feuille, et l'animation à l'intérieur de l'enceinte était perceptible. Aujourd'hui était un jour particulier, car on fêtait d'une des nombreuses commémorations qui rythmait le pays du feu. Hayabusa ne savait pas vraiment de quoi il en retournait, mais ce qu'il savait, c'était que sa présence était requise à l'académie, à l'instar de quelques-uns de ses compagnons de classe. L'effervescence ambiante montait d'un cran à peine fut-il arrivé sur le parvis du grand bâtiment. C'était parfaitement invraisemblable, à en juger l'heure.

Le hall de l'académie était vide, hormis cinq ou six élèves alignés les uns à côté des autres et un grand monsieur qui leur faisait face, ce qui était encore plus étonnant. En fait, l'enceinte faisait nettement plus grande sans les nombreux étudiants qui fourmillaient d'habitude. Le bonhomme, du haut de ses deux mètres et quelques, avait déjà commencé son discours quand Hayabusa poussa les portes de la bâtisse. D'ailleurs, le colosse à la voix de ténor lança un regard noir avant d'intimer à notre ami de se mettre très vite dans les rangs. Il continuait sans perdre l'aplomb qu'il semblait posséder.

[Homme] '...comme vous vous en êtes probablement aperçu, nous honorons aujourd'hui l'anniversaire de la création de Konoha no Sato. Vous avez donc la charge express de vous occuper des festivités. Pour notre retardataire, je ne vais pas refaire ce briefing. Sachez seulement que chacun d'entre vous aura une fonction spécifique dans cette célébration. Etant donné que tu es en retard, tu n'auras d'autre choix que de t'occuper de cela.'. Le colosse tendit un morceau de papier au jeune Toyome. 'Ce sera tout. Nous comptons sur vous. Au travail.'

L'adolescent quitta ainsi le bâtiment éducatif aussi vite qu'il était venu, le bout de papier dans une main, la mine un peu déconfite. Il ne pouvait croire qu'on l'avait convoqué pour entendre ce genre de discours. Alors certes, il était en retard, mais à vrai dire, il l'était toujours. Hayabusa se fondit dans la masse qui circulait le long de l'artère principale du village. Celle-ci était d'ailleurs gorgée de monde, et il parvenait difficilement à se frayer un chemin parmi tous ces badauds. Il prit le temps, en marchant, de consulter le contenu du parchemin. Il fut rapidement surpris par ce qui était noté dedans.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: [Mission D] Le spectacle de kabuki   [Mission D] Le spectacle de kabuki EmptyDim 27 Juin - 1:56

Hayabusa s'installait sur un des nombreux bancs qui longeaient l'avenue principale du village, la mine déconfite. Il était abasourdi par cette mission qu'on lui avait confiée il y a quelques instants. Le fait de servir des inconnus ne lui faisait pas plus plaisir que de participer au bon fonctionnement d'un kabuki. Pour tout dire, il n'aimait pas ce genre de spectacle, la faute à des codes beaucoup trop stricts et à des gestuelles auxquelles il ne saisissait rien. En fait, c'était simple, il avait l'impression d'évoluer dans le noir le plus complet sans qu'il ne puisse comprendre quoi que ce soit. C'était littéralement un pays étranger et lointain, et il ne supportait pas l'idée de ne pas appréhender son environnement. Bien sûr, il aurait très bien pu essayer d'apprendre et de comprendre, mais l'art lui passait par-dessus la tête, et c'était vraiment le cadet de ses soucis. La bise était légère et chaude, les décibels se faisaient plus persistant, et les effluves de nourriture parcouraient déjà l'air ambiant. Le soleil, quand à lui, officiait sans pointiller, tandis qu'un couple d'oiseaux virevoltait dans les cieux azurés. L'aspirant-ninja lisait et relisait activement les notes inscrites sur le papier jaunâtre, cherchant une éventuelle faute de sa part...mais rien. Il levait la tête vers la grande horloge qui était suspendu à sa droite, consultant avec ses yeux ambrés l'heure actuelle. Il était à peine sept heures, et il devait déjà s'envoler vers l'adresse indiquée sur le papelard.

Prendre connaissance du terrain, c'était aussi important dans ce cas précis que de nouer des relations avec ceux qu'il allait fréquenter durant cette folle journée, du moins l'était-ce pour notre protagoniste, même s'il aurait préféré retourner dans le lit qu'il dût quitter si tôt, d'autant plus qu'il ne serait pas tout seul dans la couche. Mais il ne devait pas céder à la fatigue, ou même à la tentation. Aussi se leva-t-il d'un coup et se dirigea-t-il vers le point de rendez-vous. Sa démarche était lente et tranquille. Les mains dans les poches, Hayabusa se frayait un chemin parmi les badauds. En quelques mois à Konoha, il en connaissait chaque coins et recoins, empruntant d'étroites ruelles (parfois malfamées, il faut l'avouer) pour raccourcir son trajet. Finalement, en quelques minutes, il parvint au cœur d'une petite place toute aussi pleine de monde. De forme rectangulaire, de gigantesques immeubles aux façades plus ou moins propres et blanches, de telle sorte que le soleil s’y réfléchissait tel dans un miroir. C’était à ce point qu’il fallut à l’adolescent arranger sa capuche afin que l’ombre couvre correctement les effets de la réverbération. Et à part un sol parfaitement dallé et nettoyé, il n’y avait pas grand-chose à rajouter sur l’agora. Peut-être faudrait-il noter la grande enseigne qui trônait au milieu d’un gigantesque bar dont le parvis était comblé par de nombreuses tables et chaises. L’établissement, ‘Chez Razade’, avait un nom plutôt…comment dire…burlesque. Mais il n’y avait pas de doute, c’était le point de ralliement. Le gracieux Toyome se souffla un court instant, avant de frapper à la porte et de rentrer dans le comptoir, un peu sur l’expectative, il fallait avouer.

Il n’y avait qu’une seule et unique pièce, pas tout à fait carrée dans sa conception. En effet, il y avait de nombreux coins, ce qui donnait l’impression d’entrer à l’intérieur d’une large croix. L’intérieur du l’établissement était net, les parois étant d’un blanc étincelant, le parquet impeccable et le bar parfaitement astiqué. Il y avait une vingtaine de tables basses en bambou dont chaque bord était assorti d’un coussin rouge. Enfin, dans le prolongement de l’entrée, au fond de la salle, était disposé un podium haut d’un ou deux mètres, rehaussé par un décor de paysage en guise de fond de scène. Une petite ouverture donnait d’ailleurs très certainement un accès facile aux futurs acteurs qui se représentaient ici-même. L’ambiance était plutôt chaleureuse, en partie dû aux nombreuses décorations qui étaient accrochées aux murs. Des cercles rouge vif qui contrastaient harmonieusement avec la pureté des cloisons, des fanfreluches du même ton, des masques de tengu et des sabres fictifs contribuaient à donner une impression à la fois festive et cérémonieuse au rade. Hayabusa pénétrait ainsi dans les lieux, à la fois conquis et dubitatif. Il ne savait pas vraiment à quoi il devait s’attendre ici, ce qui le rendait passablement sensible à la pression. Un homme assez âgé passait un dernier coup de balai avant l’ouverture, tandis qu’une jeune fille était installé derrière le bar, s’agitant dans un concert de gestes assurés et mécaniques. L’adolescent se racla légèrement la gorge, un peu échauffé par le manque d’attention des deux personnes vis-à-vis du nouvel arrivant. Ces derniers tournaient la tête, tout en continuant leurs activités.

[Hayabusa] ‘Je viens au sujet du kabuki. Je suis Hayabusa Toyome, ninja de l’académie de Konoha. Il semblerait que vous ayez besoin d’aide…’
[Homme] ‘Oh! Venez donc…Vous êtes en avance, vous savez! Bon, enfin, c’est pas grave, au contraire. Nous aurons le temps de vous présenter à vos collègues de travail, si je peux dire. Installez-vous, je vais vous expliquer.’

La voix du balayeur était accompagnée de trémolo, la faute très certainement à un âge avancé. La soixantaine, le visage ridé à l’extrême, un dos arcbouté, une stature assez fine et petite, une odeur acide, des vêtements somme toute archaïque, il ne faisait aucun doute que le vieillard avait toute sa vie derrière lui. Son crâne vidé de toute chevelure laissait la lumière pénétrant par les fenêtres se refléter dessus.

[Homme] ‘Comme vous l’avez compris, cette fête est la parfaite opportunité pour faire la publicité de ce lieu. C’est pourquoi nous avons invité une troupe itinérante afin de jouer une pièce de Kabuki. Ils devraient arriver d’ici une trentaine de minutes, le temps que nous finissions de tout préparer. J’aimerai léguer à ma petite fille un établissement de renommée nationale et pourquoi pas mondiale...’ Il toussa pendant plusieurs secondes, avant de respirer et de reprendre. ‘…Mais nous avons vu trop grand, et nous ne sommes que deux pour faire tourner la boutique, ce qui est trop peu pour un évènement tel que celui-ci. C’est pourquoi nous avons décidé de faire appel à vous. Entre le service et les éventuelles canailles qui pourraient nous causer du tord, il y aura de quoi faire. Ne vous inquiétez pas, ma petite fille est très douée, et vous ne devriez pas trop avoir de soucis. Le spectacle va durer toute la journée et…’
[Hayabusa] ‘Attendez, attendez…Il était noté sur l’ordre de mission qu’il ne débuterait qu’à 15 heures!’
[Homme] ‘Ah? Oh, oh, oh, oh! J’ai dû me tromper dans le formulaire…Je n’ai plus ma tête, vous savez!’
[Hayabusa] *Sans blagues…*

Le vieil homme rigolait, tandis que l’adolescent crut défaillir. Evidemment, les règles de préséances prévoyaient toujours que les spectacles de kabuki se succéderaient toute la journée. Hayabusa avait oublié ce détail, ce qui était assez rare pour être souligné. Un soupir s’échappa de sa bouche, déjà lessivé à l’idée qu’il resterait scotché ici pendant plus de huit heures. Il écoutait ensuite les dernières recommandations du sénior, puis alla se vêtir d’un large kimono noir, consigne express. Il était vraiment élégant avec ce type de vêtement, sa peau claire étant un atour indéniable de par le contraste créé. Les manches étaient larges, la ceinture également, mais dieu qu’il était charmant! Le seul truc qui le gênait et qui était de taille, c’était qu’il devait délaisser sa capuche.

***

Deux heures passèrent. Il était dix heures passées, et l’adolescent accueillait les gens à l’entrée. Cela se bousculait, alors que la salle était d’ors et déjà remplie. D’un simple regard, il fallait qu’il détermine si telle ou telle personne était suffisamment nette pour rentrer. Pour tout dire, il avait déjà dû refuser l’accès à une bonne vingtaine de curieux, la faute à des faciès ou des attitudes peu recommandables. Pour le moment, il n’y avait eu aucun rixe, probablement plus à cause des yeux démoniaques que possédait Hayabusa qu’à cause de ses tentatives d’intimidations verbales. Néanmoins, et même si ce poste n’était pas vraiment le truc de notre ami à l’épaisse chevelure auburn, il en appréciait les bons côtés, tout particulièrement une jeune femme, habillée d’une longue tunique fendue au niveau des cuisses, au regard perçant et envoutant, au parfum mielleux, à aux longs cheveux blonds et bouclés, petite mais terriblement féminine. Cette dernière lui fit un clin d’œil lourd de sous-entendus, glissant au creux de l’oreille un torride ‘Jolis lentilles.’ Précisons au passage qu’il ne portait aucune lentille, mais la demoiselle pensait à une supercherie visant à renforcer l’ambiance festive. Le natif des eaux de Kiri n’en garda pas moins un souvenir éphémère, même si sur le coup, il répondit à cette créature par un large sourire.

Le spectacle dans la salle battait son plein. On pouvait distinguer de là où était notre protagoniste les relents des shamisens et des taikos utilisés par les musiciens de la troupe pour animer leur spectacle. Les voix des chœurs entonnaient de temps à autre des sons longs et aigus. L’adolescent fit rentrer les dernières personnes avant de fermer la porte et de se charger du service en compagnie de la petite fille du directeur. Elle aussi était vêtue de la même façon, à ceci prêt que son kimono était rouge sang. Quoi qu’il en fût, la rectiligne demoiselle aux cheveux roux, la peau blanche et des tâches de rousseur plein les joues confiait à son compère de service un plateau, accompagné d’un carnet et d’un stylo afin de prendre les commandes. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup trop peut-être au goût de notre jeune ami, mais il avait une mission à accomplir, chose qu’il fera jusqu’au bout…
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MessageSujet: Re: [Mission D] Le spectacle de kabuki   [Mission D] Le spectacle de kabuki EmptySam 3 Juil - 2:22

[Fille] ‘La table 6 attend son thé ! Vite !’

L’établissement était comble, bien que silencieux et parfaitement à l’écoute du spectacle qui se déroulait devant leurs yeux. Ici ou là, on pouvait entendre des chuchotis à propos de la critique des pièces proposées. Les entractes se succédaient au rythme des serveurs qui circulaient tant bien que mal entre les tables, plateaux en main. Hayabusa éprouvait des difficultés à suivre la cadence, mais il assurait toutefois dans le service. D’ailleurs, les clients aimaient sa compagnie et son éternel jovialité. Bon, enfin plus généralement, c’était les clientes qui cherchaient à s’approprier la présence du garçon de salle de fortune. Par moment, c’en était presque indécent, ces dames étant venues sans présence masculine à leur côté. On était loin d’un lieu lubrique et mal famé, et pourtant, il fallait avouer que de temps à autre, la question était plus qu’ambigüe. Tenez ! A cet instant, par exemple !

Le jeune étudiant s’apprêtait à amener la commande de la table numéro 2. Aussi agilement que possible, notre protagoniste se faufilait entre les meubles et les spectateurs, un plateau à la main. Les pans du kimono noir se froissaient dans un léger bruit, tandis que son épaisse chevelure châtain voguait au gré de chaque mouvement d’air. Une fois arrivé à bon port, il déposa le support sur l’autel, pourvu de quatre jeunes femmes souriantes. Après quoi, il installa une théière complètement noire, en céramique et garnie d’une anse marron foncée, ainsi qu’une tasse de même ton à chaque demoiselle. Ces dernières, d’abord absorbées par le kabuki, jetèrent leur dévolu au garçon qui était devant elles. Elles semblaient tout d’abord intriguées par ses yeux, mais finalement lui trouvèrent un charme…hypnotique. Il leurs paraissait plus qu’attirant, malgré son âge. Pour leur défense, il faisait nettement plus vieux que son âge. Toujours était-il que les clins d’œil, les sourires aguicheurs et les attitudes provocantes se suivaient et se multipliaient. Après avoir délicatement versé le liquide brun dans les récipients en terre cuite, une des demoiselles pouffa de rire en regardant ses amies, tout en glissant une main baladeuse sur le postérieur d’un adolescent un peu surpris. Il y avait un abus d’estrogène dans l’air, ce qui était un peu déconcertant pour notre ami, même s’il s’en amusait. C’était tellement gratifiant de se savoir désiré ! Il récolta ainsi le fruit de son travail (et de son charme), symbolisé par un amas de piécettes trouées remises directement par une des clientes dans le creux de la main d’Hayabusa, celle-ci prenant de soin de frôler la moindre parcelle de peau à laquelle elle pouvait avoir accès.

Sous le chant des shamisens et des taikos, la journée passait, au point qu’il ne restait plus qu’un entracte avant le coucher de l’astre bouillonnant. Notre adolescent était tout simplement fourbu. Il avait les pieds en compote, ses jambes peinaient à le porter de tablée en tablée, même s’il conservait le sourire. Il convient de noter que c’était la première fois depuis bien longtemps qu’il n’avait pas passé une journée entière devant autant de gens sans porter sa capuche. Il dût reconnaitre que c’était parfaitement agréable, et le caractère festif de ce jour si ensoleillé inhibaient les jugements hâtifs et haineux de la population du village caché de la feuille. Il n’empêchait que notre protagoniste commençait à ressentir sérieusement les effets de sa nuit blanche. Ses paupières se faisaient lourdes, et les bâillements plus régulier. Finalement, un imprévu mettait fin à la routine qui consistait à servir toujours plus de clients.

[Okuto] ‘Nooooooooon ! Mais pourquoi est-ce qu’il a fallu qu’il mange un truc aussi dégueulasse ?’
[Arakune] ‘J’y peux rien, moi ! Il avait faim, c’est un imbécile de toute façon.’
[Okuto] ‘Qu’est-ce qu’on va faire ? On est obligé d’annuler la dernière représentation s’il nous manque un chœur ! Quelle poisse…’

Hayabusa passait parlà, par la plus pure des coïncidences. Il n’était pas inconnu au bataillon, puisqu’il avait discuté un petit moment avec une partie de la troupe, au détour d’une pause. Il put apprendre lors de cette récréation les rudiments du théatre, de la musique, et surtout des codes du kabuki. Son envie de connaissance avait été comblée, même s’il restait conforté dans son idée selon laquelle l’art n’était pas vraiment son truc. Il était bien trop terre-à-terre pour en saisir les concepts. Cela restait décidément beaucoup trop trivial pour un esprit aussi cartésien que le sien. Néanmoins, cela demeurait puissamment instructif, et il ne faisait aucun doute que tout cela servirait plus tard dans sa compréhension du monde et de l’Homme en particulier.

Quoi qu’il en fût, l’étudiant avait donné bien malgré lui l’idée qui permettrait de ne pas jeter à l’eau la fin du spectacle. Ses yeux fixèrent les deux acteurs en discussion lorsque l’un deux vint le héler. L’un deux était une femme de petite taille, la trentaine à en juger aux rides naissantes. Ses cheveux étaient bruns, mi-longs et élégamment bouclés. L’autre, quant à lui, était un homme longiligne, extrêmement grand et fin, brun également, la quarantaine, avec le crane rasé au millimètre. Tout deux étaient encore vêtus de leur costume de scène, et il subsistait encore des traces de leur maquillage sur leur visage. Ils semblaient désemparés, du moins jusqu’à ce que Hayabusa se présente à leur yeux. Une mince lueur d’espoir se mit à briller au cœur des iris violacés de la comédienne.

Devant l’incrédulité de l’aspirant-shinobi, tous deux lui expliquèrent la tâche du chœur. C’était le narrateur, celui qui racontait tout ce qui était implicite, suivant le rythme imposé par les instruments. Il ne fallait pas de talent particulier, hormis celui de savoir lire et d’avoir bien entendu le sens du tempo. Rien de bien compliqué pour un garçon comme lui, en somme. De toute façon, il n’y avait plus tellement de client à servir, et la fille de la directrice pouvait dès lors s’en occuper plus sereinement. Les bras croisés, il malaxait nerveusement le tissu. Il doutait de ses capacités à remplir cette fonction, mais après tout, les ordres étaient clairs : Il fallait tout faire pour que cette journée soit parfaite, et un couac à la fin, même si ce n’était pas si terrible que cela, poignarderait un évènement qui s’était bien déroulé jusque là. Et pourquoi pas, après tout ?

Très vite, il accepta l’offre, ce a quoi les deux larrons répondirent en le prenant par les poignets et en le tirant jusqu’à l’arrière-salle pour le préparer comme il se devait. Les trois camarades rentrèrent dans une petite pièce sombre et dépouillée, simplement décorée d’une commode en haut de laquelle trainaient quelques pots de maquillage et un kimono d’un rouge écarlate aux broderies dorées. Et pendant que Hayabusa s’asseyait, les deux acteurs se mirent à lui étaler une épaisse poudre blanche sur le visage, donnant un contraste plus que ravissant entre ses yeux ambrés et sa peau aussi blanche. Tout se faisait dans le silence, très rapidement et méthodiquement, soulignant un certain professionnalisme. Après quoi, le kirisien s’habillait avec le lourd vêtement, enfilant la ceinture jaune, et, une fois fait, sortit de la petite salle. Quelques pas plus loin se trouvait une mince entrée qui donnait sur la scène en bois. Il s’y dirigea une fois le signal donné. Il prit place au milieu d’un décor de forêt, accompagné d’autres chœurs. Une table basse était installée devant lui, sur laquelle était disposé un livret, très certainement le texte. Il s’agenouillait lentement, tandis que tout le monde lui souriait et lui adressait quelques mots d’encouragement pendant qu’il feuillerait les pages de l’œuvre. Tout était fait pour que l’apprenti se sente à l’aise.

[Hayabusa] ‘Yoooooooooooooooooooohouuuuuuuu ! Haaaaaaaaaaaaaaaaye ! Oooooooooohouuuuuu ! C’est l’histoire d’une jeune fille, bien téméraire, qui se lançait à corps perdue dans la profonde forêt de jade ! Oooooooooooohouuuuuuuuuuyoooooooooooo !’

Sous l’impulsion des taikos, des shamisens et des ryotekis, les voix s’élevèrent dans la salle, aigües et puissantes, imitant le vent soufflant sur les feuillages, les oiseaux, la nature. Hayabusa paraissait perdu, mais finalement, plus le temps passait, plus l’adolescent gagnait en assurance. Ici, pas d’improvisation, rien n’était laissé au hasard, et le garçon s’en sortait très bien. La rigueur mathématique, il connaissait. Il faut dire qu’il était plutôt bien entouré et appuyé. Les vedettes se succédaient, les entractes aussi, les décors changeaient régulièrement grâce à des mécaniques plus ou moins sophistiquées et également à l’aide d’un jeu d’acteur bien rôdé, sous le regard d’un public agréable et soumis. Oui, c’était bel et bien une expérience intéressante à vivre…

Le crépuscule naissant annonçait la fin du spectacle, ainsi que celle des réjouissances. Tous se quittèrent dans une chaleureuse poignée de main, et seuls subsistaient le gérant, sa fille et l’étudiant. Ces derniers passèrent quelques instants à arranger la salle, épongeant les tables, balayant les sols et nettoyant les couverts. Le directeur félicitait Hayabusa pour son travail de sa voix rocailleuse et pleine de trémolos, sous le sourire entendu de sa fille.

[Homme] ‘Pas trop fatigué ? Je n’aurai pas cru que tu puisses parvenir à remplacer quelqu’un au pied levé. Tu t’es plutôt bien débrouillé. Tu remets le couvert l’année prochaine ?’
[Hayabusa] ‘J’en sais rien…Je me suis bien amusé, c’est vrai, mais je ne sais pas si je serai disponible d’ici là. En tout cas, c’est pas un boulot pour moi, c’est clair !’

Clin d’œil, franche rigolade, c’était dans cette ambiance bon enfant que le kirisien remit le pourboire qu’il eut reçu des clients, repensant à l’hystérie qu’il avait provoqué envers la gente féminine. Il n’était pas loin d’être un bourreau des cœurs, et tout laissait augurer qu’il deviendrait un homme méchamment désiré dans un futur plus ou moins proche. Enfin, si le temps le lui permettait…Il quitta aussitôt l’établissement sous les remerciements du personnel, de dirigeant vers le lit qu’il dut quitter trop tôt.


[Mission D achevée]
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: [Mission D] Le spectacle de kabuki   [Mission D] Le spectacle de kabuki EmptyLun 5 Juil - 14:18

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Hayabusa :

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