[Sawa] ... A fait un beau voyage...

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A toute âme, tout paysage

Obscurité

Il n'était pas étonnant que les caravanes qui passaient par là engageaient des escortes pour les suivre. Malgré la pleine journée, l'endroit était étouffant et l'atmosphère lourde. Aux abords des marais qui juxtaposaient la route, une végétation morte alternait avec une homologue luxuriante. Dans le ciel, le bleu se faisait rare et une inexplicable couche grisâtre se trouvait au contact de la cime des arbres.

La région était réputée brumeuse et inhospitalière, pourtant des gens vivaient en cet endroit. C'était surement le point qui étonnait le plus Taka.

Habituée à un soleil battant son plein, elle ne trouvait que peu de sérénité dans une région comme celle-ci. Particulièrement lorsqu'on la savait réputée pour ses bandes de malfrats et leurs traquenards tordus. Après tout, deux jeune femmes de moins de trente ans qui circulaient seules, la cible était de premier choix, si seulement elles n'était pas...

Un buisson vibra dans le dos de la Chuunin. Sans même avoir vu ce qui s'y fichait, elle se retourna sur ses gardes. Ses yeux s'élevèrent sur une ombre qui grandissait toujours plus de dixième de seconde en dixième de seconde. Dans un réflexe soudain, elle se campa un peu plus sur ses deux jambes, plia genoux et se propulsa en avant, glissant sous une frappe portée avec un sabre.

Taka roula comme elle le put avant de faire volte-face. Ses yeux se fichèrent dans un regard clair comme l'océan. Elle détailla la silhouette de la personne qui se trouvait en face d'elle. Carrure large, grande, des habits légers en cuir quelque peu renforcé par endroits, c'était assurément un homme. Sa façon de se tenir traduisait une formation au combat sommaire que confirmait la lenteur de ses mouvements d'attaque. Elle n'eut pas franchement le temps d'en détailler plus, car l'homme se pliait déjà sous un cinglant coup de genou que Kuzako envoyait dans son ventre.

Il tomba au sol inconscient et la chef du Tigre lui retira son bâton des mains. Il y eut un bref instant de calme... jusqu'à ce que quelques semblables sortent à leur tour de leur couvert pour encercler les deux kunoichi.

Sans ressembler à une organisation paramilitaire, ces types là avaient tous une ligne directrice dans leur style vestimentaire. Ce indice criard était la preuve irréfutable d'une bande organisée. L'une des nombreuses qui sévissaient sur ces routes.

- Evidemment... Le pays des marais tient bien sa réputation.

Six.

Taka fronça les sourcils devant la réplique de son maître. En face d'elle, l'un des opposants s'avançait d'un pas prudent. Il en fit un de plus; un autre encore.

L'homme tendit une lame courte qui manqua de se ficher dans le buste de la Chuunin. Il avait bondit dans un assaut surprenant de fulgurance que Taka n'esquiva que de justesse. Elle lui saisit le poignet pivota sur sa jambe gauche et arma son poing droit. Le craquement fut intense et retentissant, et le cri qui suivit capable de glacer le sang.

Le rôdeur se recula, tenant son bras avec force dont l'articulation du coude était repliée dans un sens contraire à la nature. Il passa derrière ses camarades qui dévisageaient Taka avec un mélange de stupeur de et haine. Elle, elle secouait sa main, douloureuse après l'impact.

Cinq.

Dans une volte magistrale, Kuzako passa au travers d'une attaque combinée rondement menée. Elle recula de deux pas, prit des appuis bien ancrés dans le sol et se propulsa vers l'avant, fichant deux coups de coudes dans les reins de ses deux adversaires qui regagnèrent le cercle de brigands. La jeune femme se retrouva dos à dos avec sa disciple.

- On ne pourra pas y arriver sans...

- Je pense aussi. Tant pis pour l'identité.

Sans plus de cérémonies, elles joignirent leurs mains qui s'agitèrent à une vitesse folle.

Un.

Il demeurait sur ses jambes paralysées par la stupeur et l'effroi. Son regard allait des deux femmes qui logeaient sur lui un regard noir, jusqu'à ses amis dont la peau calcinée apparaissait dans les fentes béantes que les flammes avaient formées sur leurs vêtements. Son regard s'éleva à nouveau et il n'arriva pas à reculer lorsque, de concert, elles avancèrent vers lui un air menaçant sur le visage. Froides comme la mort. Leur façon de bouger était unique et leurs mouvements partageaient une harmonie sans pareil.

Zéro.

C'était le sort que l'on réservait aux bandits de grands chemins. Il n'avait pas eu le temps de bouger, ni même de crier. Un liquide chaud et pourpre s'écoulait abondamment d'un plaie profondément taillée dans sa gorge. D'ailleurs, une lame y était encore ancrée.

Il s'étrangla dans son sang, les deux mains rivées sous son menton, à presser désespérément sur la blessure. Ses mots s'étouffèrent et son regard qui visait les cieux se révulsa. Froid comme la mort. Enfin, c'était quelques dizaines de minutes plus tard, lorsqu'elles étaient déjà loin.

Dernière édition par Uchiha Taka le Dim 16 Jan - 20:42, édité 3 fois

Le barbu arriva en premier. Il atterrit au centre du carnage que ses yeux avertis détaillèrent en quelques secondes seulement. Un instant plus tard, deux autres arrivèrent à ses côtés.

Le premier était à peu près de son âge, grand, avec des cheveux châtains lui tombant au milieu du dos. Il portait une tunique classique arborant, au bras gauche, le symbole de Sawagakure. L'homme s'approcha de l'un des corps.

- La vache, ils y sont pas allés de main morte. Il leva un doigt vers des traces empreintes dans le sol. Surtout à deux...

Le deuxième était beaucoup plus jeune, pourtant ses cheveux étaient gris... voire blancs. Il se pencha sur un second corps.

- Ils ont été brûlés superficiellement, pourtant...

Kino se retourna vivement en dégainant un kunai. Deux corbeaux s'envolèrent en jetant au vent des cris stridents. Ses sourcils restaient froncés, ses mains rangèrent son arme avant d'aller ajuster le bandana qui couvrait ses cheveux mi-longs et surplombait son regard soucieux.

- Des shinobis du feu...

Kôtarô se redressa avec une vivacité nourrie par son excitation.

- Du feu! Ils devaient être balèzes!

- Suffisamment pour flinguer notre mission. Au moins, on s'en sort sans une seule poussière sur les vêtements. Allez, on rentre.

Le Chuunin fit signe de se mettre en route et son ordre ne fut pas discuté. Les corps pourriraient là, tant pis.

Il n'y avait rien d'intéressant dans le paysage. Parfois, des esplanades, aussi petites qu'un jardin d'enfant et d'apparence aussi frêles qu'un corps squelettique, entrecoupaient les éternels marais qui bordaient les routes. Malgré la journée battant son plein, le soleil ne perçait pas cette étrange et brumeuse atmosphère qui surplombait la région, comme si elle se trouvait hors du temps, dans les méandres d'un monde inconnu et tout à fait hostile.

Tantôt solitaires, tantôt en nuée, des moustiques se baladaient entre les roseaux, les racines aériennes et tout autre corps caractéristique de la végétation locale. Des batraciens campaient sur les berges, coassant entre deux victimes faites par leur langue collante et élastique.

Dans cet univers si peu commun aux deux jeunes femmes, Taka avançait à hauteur de son maître sans dire un mot, sans utiliser une seule bouffée d'air pour une action autre que sa marche. C'était comme si chaque mouvement annonçait le sombre glas de la mort. Une mort par suffocation, la conséquence d'un manque d'oxygène... Oui, l'endroit manquait d'oxygène.

Une douce pente s'amorça, longue sur des kilomètres et des kilomètres. Après des heures de marche, elle extirpa le duo de kunoichi de ce désastre naturel que représentaient les environs à leurs yeux. Pourtant, il ne s'agissait que d'un paysage de plus où la vie foisonnait... sous des airs peu accueillants.

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