- Spoiler:
Ce que raconte ce post se déroule plusieurs jours après la mission de rang D "Mariage et vaisselle sale". Ca fait un moment que je n'avais pas écris, et j'avais pas mal perdu l'habitude alors n'hésitez pas à me recadrer là où il faut ! Ce ne sera certainement pas mon meilleur RP, mais au moins, je suis là ><
« Il fallait bien que ça arrive un jour » songea Kaede.
Elle n’aurait pas su décrire avec justesse ce qu’elle ressentait. Peut-être un peu de peur… Un peu de colère aussi… Mais surtout, c’était l’excitation qui la dévorait comme les flammes s’emparent d’un vieil arbre mort. Oui… L’excitation, c’était ça.
Kaede se tenait aussi droite que possible, au milieu de la plage. Placée comme elle l’était, elle pouvait laisser son regard se perdre au milieu des vagues obscures. Le bruit sans fin du ressac de l’océan, le tournoiement chaotique des nuages gris, et la lumière sombre qui baignait les deux adolescentes… Tout jusqu’au moindre détail semblait avoir été savamment placé là. En fait, tout concordait si bien avec la situation que l’une comme l’autre eurent le sentiment fugace que rien n’était réel, et qu’elles n’étaient toutes deux que deux personnages perdus sur la toile grise d’un peintre.
Mais non. C’était bien réel.
Kaede faisait bien face à Hiza, un kunaï à la main.
«
Kaede… » murmura Hiza dans un souffle attristé, comme si elle espérait balayer de ce soupir cette situation absurde. «
Kaede… Qu’est ce que tu fais ? »
«
Tu ne comprends pas Hiza ? Tu ne vois pas ce que je veux faire ? Tu ne comprend pas mon désir ? Il est simple pourtant, regarde moi… »
«
Tu veux me tuer Kaede ? Tu m’as donné ce rendez vous sur la plage pour m’assassiner ? »
Kaede eut un petit rire. Elle espérait que cela lui donnerait un air plus décontracté, mais c’était peine perdue… Elle même se rendit compte instantanément de la tristesse qui y résonnait. Elle était au bord des larmes.
«
Tu crois que c’est ce que je veux faire ? »
«
Je crois que tu veux te battre Kaede, mais je ne comprend pas pourquoi… J’avais… j’avais cru que nous étions amies… »
«
Nous ne pouvons pas être amies. En tout cas pas pour le moment. »
Kaede songea un instant à s’expliquer, à faire comprendre à Hiza tout ce qui se passait sous son crâne, mais elle se ravisa. Ca ne servirait à rien. Comment aurait-elle pu faire comprendre à Hiza qu’elle la considérait depuis des années comme sa rivale ? Comment sans paraître stupide Kaede aurait-elle pu expliquer quelle importance ce combat avait à ses yeux ?
Il s’était passé bien du temps depuis la première fois que Kaede avait rencontré Hiza. Kaede n’était pas laide, Hiza était magnifique. Kaede avait un bon niveau, Hiza était excellente. Kaede avait toujours été considérée comme un traître, tandis qu’Hiza restait encore et toujours l’une des genins les plus populaires.
Non, vraiment Kaede et Hiza ne pouvaient pas être amies. Du moins, pas tant que Kaede n’aurait pas prouvé à Hiza sa valeur.
«
Si tu veux que l’on se batte, dis moi au moins pourquoi ! » s’écria Hiza.
Il y eut un blanc.
«
Si tu te bats sérieusement… Si tu me promets de ne pas te retenir… Alors oui… Oui je t’expliquerai. »
La voix de Kaede était aussi détachée qu’elle le pouvait – pas beaucoup en vérité – et Hiza comprit que son amie était sérieuse. La jeune fille sortit de sa sacoche arrière un paire de gant de cuir noire qu’elle enfila méthodiquement. Puis, la mort dans l’âme, elle se mit en garde.
«
Les autorités du village ne vont pas mettre longtemps à se rendre compte que nous nous battons. Nous n’avons pas beaucoup de temps… » dit simplement Hiza en s’inclinant devant Kaede. Cette dernière eut un sourire triste, et salua.
«
Nous en aurons bien assez. »
Les deux adolescentes se fixèrent un moment, puis, sans qu’aucun signal apparent ne soit échangé, elles foncèrent l’une sur l’autre.
Kaede fit jaillir son kunaï en direction d’Hiza qui para d’un coup du tranchant de la main avant d’envoyer un coup vers la tempe de Kaede. Cette dernière se laissa tomber sur le sol, esquivant de justesse l’attaque, et profita de sa position basse pour décocher un coup de pied. Hiza fit un bond en arrière et se rétablit sans problème quelques mètres plus loin. Elle tira une poignée de shurikens de sa sacoche et les lança rapidement. Kaede parvint à parer les deux premiers d’un revers de kunaï mais le dernier lui entama la cuisse.
«
Merde ! » Songea-t-elle «
Elle a le dessus ! »
Hiza ne lui laissa pas le temps de réfléchir et la chargea immédiatement. Depuis qu’elles avaient été affectés à la même équipe, Hiza avait souvent observé Kaede et savait que cette dernière ne s’en sortait pas au corps à corps. C’était là qu’elle allait prendre l’ascendant.
A nouveau elle déchaina une véritable tempête de coup sur Kaede. Quelques mois plus tôt, cela aurait suffit à envoyer la jeune fille au tapis, mais Kaede s’était entrainé avec acharnement ces derniers temps, et il était clair que cela avait porté ses fruits ! Feintant Hiza, Kaede parvint à se laisser basculer en avant et à profiter de son élan pour asséner un coup de pied violent à Hiza, qui une fois encore s’éloigna de Kaede.
«
C’est pas bon, elle s’en sort mieux qu’avant… » murmura Hiza. «
Kaede, tu veux vraiment que me batte à fond ? »
«
Évidemment… »
«
Alors je suis désolée… Mais je vais t’écraser. » dit-elle simplement. Puis concentrant son chakra quelques instants, elle utilisa pour la première fois une de ses techniques en dehors d’une session d’entrainement.
«
Tejina, le Passe Passe ! » s’exclama-t-elle en attaquant.
Kaede se prépara à recevoir l’attaque. Hiza semblait bien sûre d’elle en prétendant achever le combat, car ni sa vitesse ni sa force ne semblait particulièrement plus impressionnante qu’avant. Kaede ne comprit que trop tard le genjutsu qui lui enserrait l’esprit, lorsque les poings d’Hiza disparurent de sa vue une seconde. Incapable de parer, elle encaissa de poing fouet le coup qui la fit basculer en arrière.
«
Arrête toi là, Kaede… »
Pour être franc, Kaede aurait bien voulu tout arrêter. Au fond d’elle même, elle sentit sur son cœur l’étau angoissant du désespoir. «
Quelle conne… Jamais je ne rattraperai Hiza… ». Et pourtant, par fierté plus que par espoir, Kaede se redressa, et attaqua.
«
Hineru Toki, La Distorsion Temporelle » annonça Hiza en incantant une nouvelle illusion.
Kaede eut soudain l’impression que ses sens étaient décalés. Elle voyait les vagues s’éclater sur les galets après avoir entendu le bruit du ressac. Et elle sentit le coup de poing qui lui ouvrit la lèvre avant même de voir le mouvement d’Hiza. Kaede tomba lourdement au sol, et elle y resta. Ses jambes auraient pu encore la porter, ses bras auraient à nouveau pu frapper, mais son esprit ne voulait plus continuer. Elle demeura face contre terre et sentit le sable se mouiller de quelques larmes salées et de sang frais.
Hiza resta un moment interdite, ne sachant que faire. Une part d’elle s’en voulait d’être rentrée dans le jeu de Kaede et de ne pas avoir tenté d’arrêter le combat plus tôt.
«
Kaede ?... Ca va ? »
Pas de réponse. Hiza aurait voulu être loin, très très loin, n’importe où, mais pas sur une plage où elle venait de mettre à terre celle qu’elle considérait comme son amie. Retenant sa respiration, elle alla s’asseoir à côté de Kaede, et posa sa main sur son épaule.
«
Tu as progressée depuis quelques temps, tu sais ?... Si tu veux, je te montrerait comme on fait pour le Genjutsu et toi… tu m’expliqueras comment tu as fait pour t’améliorer comme ça ces dernières semaines. Ca t’irait ? »
Kaede acquiesça lentement, et se redressa, demeurant assise à côté d’Hiza. Elle faisait un effort monstrueux pour ravaler ses larmes...
«
Je suis … je suis désolée… Je sais pas ce qui m’a prit… Je voulais juste me prouver que je pouvais être aussi forte que toi… C’était stupide… »
«
Bah t’es jalouse, c’est tout ! » lança Hiza en riant.
«
Ouais… c’est exactement ça… » dit Kaede, sans sourire.
«
Bah on est tous jaloux de quelqu'un d’autre non ? »
Kaede haussa les sourcils. De qui Hiza pouvait-elle bien être jalouse ?
«
T’es jalouse ? Toi ? » demanda Kaede sans parvenir à cacher sa curiosité.
«
Ben évidemment… Si ça peux te rassurer, je suis jalouse de… »
Hiza n’eut pas le temps de finir sa phrase. Elle s’arrêta d’un coup lorsqu’elle aperçut Oda, leur maître, qui courrait vers elles. Et il n’avait pas l’air de bonne humeur.
«
Là on est très mal… » dit simplement Hiza.
Kaede fit un grand « oui » de la tête, ce qui eut pour effet d’éclabousser un peu plus son kimono de sang. Ca n’allait pas faire rire Oda. Pas du tout.