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 Interlude - Mantras

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Takuan
Aspirant de Konoha
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Takuan


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MessageSujet: Interlude - Mantras   Interlude - Mantras EmptyDim 8 Juin - 0:35

Interlude - Mantras



Spoiler:

Je m'appelle Tenson...

Je suis né en ces terres bien trop avares pour ma conscience charitable. Dès le berceau, ces vendeurs de rêve qui voletaient autour de mon lit piaillent à mes parents mille et un mensonges, m'avaient prédit un avenir radieux, auprès d'un riche couple incapable de faire des enfants et capable de payer un empire pour recueillir un poupon qui découvrait le monde. Et puis après tout, je n'étais qu'un rejeton, un sale mioche bouffeur de lait et brailleur qui briserait les économies de sa famille et ne lui rapporterait de l'argent que bien trop tard. L'appel de l'argent résonnait déjà en cette pièce où tous me voyaient comme une marchandise, la mine si réjouie, ou bien honteuse du terrible acte qu'ils allaient accomplir. Le cadet des Tamae ne serait bientôt plus, il deviendrait Toguro, sa nouvelle famille se retrouverait renforcée, les rivaux séculaires seraient stoppés en plein dans leur élan. La maîtresse de maison ne pouvait procréer, le vieux Toguro était une catastrophe au lit, toutes ses rumeurs se tairaient, le petit bambin supporterait ce poids social et deviendrait le parfait descendant.

Dès ce premier jour sur Terre, je perdis mes deux parents naturels pour la folie de quelques pièces d'or. Le regard de mon nouveau père trahissait son avidité. Ainsi devant lui se débattait la seule engeance qu'il n'avait jamais pu créer de ses propres mains. Il fixait avec envie le magnifique résultat de ses négociations commerciales, le sublime fruit de son désir le plus profond. Un enfant de quelques jours, pas plus grand qu'une crevette, qui pleurait à chaudes larmes la séparation à celle qui aurait dû s'occuper de lui, se débattait dans les bras de ses faux parents comme un gladiateur entre un centurion et des lions sauvages et la foule hurlant son nom.

Et pourtant, malgré les cris et les sanglots, au delà de l'anomalie naturelle, du paradoxe incroyable de ses quelques heures d'existence, je m'extirpais, tout doucement, de cet état de révolte. Qui aurait pu accepter ainsi le sacrilège de renier le cadeau de mère Nature, aurais je du déclarer ainsi l'amnistie ? Je persistais dans ma résignation, décidé à vivre malgré tout, et les mois passèrent, passèrent, jusqu'au jour qui bouleversa tout, où les médecins de Père le proclamèrent enfin : j'étais atteint d'une maladie incurable.

L'espoir que je portais en mon sein s’évanouit a l'instant ou l'on sut que je ne pourrais jamais porter le futur des Toguro sur mes épaules. Tout l'amour, l'attention dont je fus le centre, tout cet enthousiasme s’éroda a la vitesse de la lumière. Je n’étais plus Tenson, l’envoyé du ciel, mais Tenbatsu, la colère divine, la punition la plus amère, de celles qui déversent leur poison tout doucement, et corrompent la moindre particule du corps et de l'esprit. Je me rendis soudainement compte de tout cet assemblage social et politique autour de moi. J'avais quinze ans, ma vie délicate se brisa en mille éclats ardents. Dans la même journée, on m’annonça que je souffrais d'un mal inconnu qui m'emporterait bientôt, et qu'en conséquence, je devrais quitter cette maison sur le champ. N'étais-je pour père qu'un investissement ? Si la pomme est moisie, on la jette ainsi sans vergogne ? J'avais toujours su que mon sang n’était pas celui des Toguro. Ma mère, du moins adoptive, n'avait pu éprouver l'amour inconditionnel que l'on ne peut porter que pour sa propre chaire. Un soir alors que j'avais dix ans, elle me raconta tout comme on vide un sac empli d'amertume. Je m'en accommodai, a vrai dire, je ne comprenais même pas le sens réel de cette nouvelle. Mes parents étaient ceux qui m'avaient élevés. Que je sois le fruit de leurs coïts nocturnes ou non, peu m'importait. Je compris a cet instant que la situation qui ne me tracassait guère autrefois fournissait le prétexte le plus détestable de pouvoir livrer le rejeton indigne a la rue comme s'il n'avait jamais existé. Je n'avais été qu'un pantin, un jouet, une valeur marchande dont la dépréciation le rendit soudainement indésirable.

On me chassa le lendemain, au lever, avec pour seul paquetage des vêtements, quelques ryos, et de quoi manger pour la journée. J'avais été habitue a vivre dans le luxe et l'opulence, je n’étais maintenant qu'un gamin paume sur le bord des routes. Je vécus des mois de misère, ponctués de travaux à la journée dans les champs de l'Est, de vidage de poissons dans les ports de la cote. Je dormis sur des paillasses, dans des granges, dans la foret, a la belle étoile. Ma maladie soit disant incurable n'apparut jamais. Je la cherche encore aujourd'hui. J'eus l'impression amère d'avoir été dupé par un jeu politique dont je ne comprenais ni le sens, ni les règles. J'avais tout simplement été de trop aux yeux de certains Toguro, et mon père par adoption avait tout simplement été suffisamment crédule pour croire en des fadaises improbables. Que faire de cette vie qu'on avait balance a la mer comme un ballot de brics et de brocs inutiles ? La réponse vint quand je les rencontrai. Puisque le monde des hommes ne m'avait apporté qu'abandons et désillusions, je le combattrais en me rangeant du cote des Dieux. J'entendis parler d'un village en construction, tout près d'un temple qui attirait de plus en plus de fidèles. Quelques mantras pourraient probablement me montrer la voie...


Dernière édition par Takuan Toshiya le Lun 9 Juin - 0:14, édité 1 fois
Takuan
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Takuan


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MessageSujet: Re: Interlude - Mantras   Interlude - Mantras EmptyDim 8 Juin - 2:56

Des amis...

A bien y songer, Takuan ne se rappelait pas avoir eu le moindre ami de toute sa vie. Des connaissances de temps à autre, quelques uns dont il se rappelait avoir voué une certaine estime, un profond respect même. Pouvait-il néanmoins les considérer en amis ? Sa soeur semblait à ses yeux avoir incarné le rôle le plus proche de celui d'une amie, avant qu'il n'en soit séparé et ne découvre le monde de l'Araignée. Tout son passage chez les Toshiya s'était résumé à une succession de rivalités, d'indifférence, d'antipathie. A tel point qu'il avait un certain mal à se souvenir des noms de ceux qu'il avait pourtant côtoyés des années durant. Beaucoup, à ce constat, lui auraient demandé s'il ne s'était jamais senti seul. A vrai dire, il ne s'était jamais posé la question, puisqu'il n'avait jamais connu autre chose qu'une profonde et impassible solitude, de celles qui laissent un vide immense en soi. Comment comprendre la notion de vertige quand on a toujours vécu au bord du précipice depuis ses premiers pas, en funambule naturel, sans balancier, ni filet de sécurité ?

Les quelques jours qu'il avait passe au village des Nuages n'avaient pas dérogé à sa routine habituelle. Seul, comme toujours, Takuan s'etait évertué à trouver un toit, repérer les lieux. Il vivait pour le moment dans l'une des deux auberges du village, la chambre payée par le budget du Daimyo consacré aux nouveaux shinobi pour quelques semaines le temps qu'il trouve pied-à-terre. Le seul souci, c'est que de maison toute prête, il n'y avait guère. Kumo ne ressemblait pour le moment qu'a un embryon de village. Sa structure urbaine tenait bien plus de la bourgade que d'un village structuré, et sa position sur ce relief si changeant n'aidait en rien. A mi chemin entre un plateau rocailleux, les terrains accidentes et forestiers qui le séparaient de la plaine, le lac et ses terres fertiles plutôt propices a cultiver qu'a bâtir, l'espace manquait d'une certaine manière. Tôt ou tard, le village devrait s'étendre, soit vers les étendues habitables au bord du lac, soit en s'appropriant l'espace pentu et boisé qui séparait le temple du plateau. Takuan jeta rapidement son dévolu sur un espace au bord du lac, sur une petite colline qui formait une demi falaise au dessus de l'étendue d'eau. L'endroit serait parfait pour vivre tout près des lieux principaux, tout en se ménageant un espace vital sympathique, du fait de la pente abrupte qui empêchait les constructions proches. Quelques jours de plus furent nécessaires pour trouver un bûcheron compétent, et des ouvriers capables de l'aider dans les bases architecturales qu'il ne maitrisait que très vaguement. Le village, en pleine expansion, pullulait de ces artisans venus vendre leurs services, mais peu proposaient le sérieux et la qualité du travail que Takuan estimait nécessaire. Il demanda néanmoins quelque chose de très simple. Une cabane de bois, et de bambou. Une pièce principale, deux chambres séparées uniquement par des montants de bambou coulissants. Une petite terrasse pour profiter des étés chauds. Le reste, il s'en occuperait petit à petit, au gré des envies. En attendant que les fondations et que la charpente principale soient montées, il s'occupa de repérer les alentours, d'installler un petit système pour récuperer l'eau a même le lac quelques mètres au dessus de la toute petite falaise qui séparait le terrain du lac. Un système simple de seau, corde, et une poulie achetée a un marchand de passage furent suffisants pour résoudre le problème. Il dormirait encore un peu a l'auberge le temps de rendre son chez soi habitable. Il dépensa toutes ses économies dans la bâtisse, mais il ne le regretta pas. Il s'agissait de loin le premier lieu où il se sentirait réellement chez lui depuis très très longtemps.

Takuan gardait en permanence sur lui une petite boite de bois gravée, dont le mécanisme intérieur lui faisait l'effet d'une machine à remonter le temps. Loin, très loin dans son passé, ce cube appartenait a Rioko, sa soeur disparue. Il lui avait été offert par leur père, à l'âge de six ans, quelques jours avant le moment qui avait fait basculer sa vie. Hattori Genzo revenait de la ville, un endroit mystérieux pour ces gamins pour qui le monde se résumait a une maison, un domaine, une dizaine de personnes qui gravitaient dans leur quotidien. Takuan avait recu en cadeau sa première lame, un Wakisachi d'une qualite magnifique, gravé a son nom. L'étui sentait encore le vernis et le métal brillait de milles feux. Pour Rioko, cette boite a musique, d'où émanait quelques notes, répétées inlassablement. A leur ecoute, Takuan se souvint le magnifique voyage onirique, l'expérience fabuleuse d'un voyage sensoriel, vers des contrées inexplorées, sauvages et mystérieusement tristes. Rioko quant à elle, semblait fascinée par la petite épée du garçon, elle la faisait briller a la lumière de la lune, sur la terrasse de bois, quand elle ne trouvait pas le sommeil.

Le jour de leur depart, elle lui offrit la boite, il lui donna son wakisachi en retour.

Ils ne se revirent plus jamais.
Takuan
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MessageSujet: Re: Interlude - Mantras   Interlude - Mantras EmptyLun 9 Juin - 0:12

Les reflets du lac de Kumo laissaient voir toute leur majesté lors des longues soirées du printemps, lorsque le soleil tardif prenait son temps et inondait les plaines d'une chaleureuse lumière rougeoyante. Takuan se plaisait a marcher le long des eaux pour apaiser son esprit, réfléchir au passé, au présent, au futur. Parfois sur le lac aussi, lorsqu'il souhaitait entrainer le corps et l'esprit. Lors de ces longues balades contemplatives, il s'asseyait parfois sous un arbre au bonheur d'une odeur, d'un paysage qu'il affectionnait soudainement. Alors il sortait sa boite, détachait la petite barre de métal, et son ouverture libérait un torrent de nostalgie, regroupe dans quelques notes de musique, lancinantes. Le Chuunin se perdait dans l'infini de ses souvenirs, l'extase d'une enfance volée au profit de la mort et d'intérêts dont il ne comprenait rien, ni avant, ni maintenant. Ce jour la, un orme avait prêté refuge au shinobi, qui contemplait les oiseaux voler haut dans le ciel, plonger soudainement dans les eaux a la recherche d'un repas mérité. Il ne l'entendit pas se rapprocher de lui. Seule sa voix trahit sa présence, alors qu'il contemplait la même scène, a l'unisson.

- C'est une douce musique.

Takuan ne réagit qu'a peine, gardant ses yeux fixes vers l'horizon.

- Que puis-je pour vous?

Le moine le rejoignit sur la rive, et s'assit juste a côté de lui.

- Rien de plus que supporter ma présence.

Le Toshiya ne répondit pas. Ils restèrent ainsi en silence de longues minutes, au seul son des gazouillis de poussins au dessus de leur tête et de la boite a musique, impassible, infinie. Tenson avait du mal à juger ce géant au cœur tendre. Le village était toujours suffisamment minuscule pour que la moindre arrivée se répande comme une traînée de poudre de riz dans les ragots des gens. Le moine n'avait habituellement que peu d'intérêt pour les nouvelles venues, mais il en avait été autrement lorsqu'il croisa le Toshiya au détour de la rue principale. Ses yeux. Un bleu azur surprenant, mais plus que tout, perdu dans l'oubli. Le jeune homme eut l'impression de s'y voir en reflet, de se noyer dans ses eaux profondes. Les yeux d'un errant. Les yeux d'un homme perdu. Tout comme lui.

- Etes-vous perdu, maître Toshiya ?

Takuan sortit de sa contemplation. Cette question méritait réflexion. Il n'en avait aucune idée a vrai dire.

- Je ne sais pas... Je ne suis pas perdu non...

Il sentait le doute dans sa voix. Le soleil couchant ne nécessitant plus aucune protection, il déposa son chapeau de paille sur l'herbe humide.

- Je cherche simplement le chemin, je pense.

S'avouer perdu, reconnaître son échec, il était encore trop tôt. S'éloigner de soi, se lâcher la main, dériver parmi les flots contraires d'une vie saccadée, il ne pouvait le nier. Mais il était encore temps de se retrouver, d'atteindre le fil, de remonter la voie, celle qui le mènerait à elle.

- Vers la personne à qui appartient cet objet ?

Il avait lu en lui. Les grands yeux de Takuan trahirent sa réaction. Cette étrange sensation lors de leur rencontre plu tôt dans la journée émanait certainement de la. Le Toshiya l'avait ressenti dès les premiers instants, cette perception qui l'avait déjà mis a nu, et réiterait son exploit en cet instant. Il ne répondit pas, une manière detournée de faire comprendre que le moine avait vise juste.

- Avez-vous un rêve ?

Takuan osa a son tour. Ses yeux bleus fondirent dans ceux du jeune homme. A son tour, il sembla gêné.

- Je ne pense pas.

La vie avait déjà scellé son sort, voici ce que Tenson pensait de son destin sur cette planète. Il servait des Dieux armé d'une conviction sincère. Il s'agissait de la seule certitude qui s'était trouvée sur son chemin. Depuis lors, il n'avait jamais vraiment songé a chercher plus loin, porté doucement par un quotidien sans heurts, fort de convictions inébranlables, du moins l'espérait-il. Mais il savait qu'il se mentait a lui même. Il éprouvait ce vide, le même vide que cet homme en face de lui. Mais il le trouvait pire, parce qu'il n'avait aucune idée de la façon de le remplir...

- Pas encore en tout cas. Je récite mes mantras, en attendant, dans l'espoir de le trouver un jour.

Il se leva, attrapant un galet au passage, puis, le lança dans la rivière. Les ricochets firent peur aux oiseaux. Une multitude de petits cercles s'étendirent sur la surface de l'eau.

- Je vous souhaite une bonne nuit, maître Toshiya.

Il partit sans crier gare. Takuan le fixa longuement revenir par le chemin de galets vers le temple de Shiun. Des mantras ? Et si lui aussi s'en remettait aux volontés supérieures, est-ce que cela l'aiderait dans sa tâche ? Cela lui semblait bien trop facile, mais il faudrait qu'il essaye un jour. Ce serait l'occasion de revoir ce moine qui ne rêvait pas...
Hana Aisu
Aspirant de Konoha
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Hana Aisu


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MessageSujet: Re: Interlude - Mantras   Interlude - Mantras EmptyLun 9 Juin - 23:55

+25 XP


"Le jour de leur depart, elle lui offrit la boite, il lui donna son wakisachi en retour."

Fallait pas, c'est hors de prix ces petites choses là Very Happy

Comme d'habitude, un excellent RP, avec tout plein de bons morceaux dedans. Au taf, Toshiya, je veux la suite.

PS : valider mon ancien Daimyo, mouahaha !
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