|
| | Seiya IsatsuAspirant de Konoha | Sujet: Nindo et effort. Sam 18 Juil - 3:14 | |
| Seiya se pressait comme tous les aspirants de l’académie devant les poutres qui entouraient le grand escalier au rez-de-chaussée de l’académie. La date du test 2 étaient sortis, et c’était Hikari qui s’était chargé de l’épreuve. Hikari. Cela ne pouvait dire qu’une chose. Il était foutu. C’est avec le cœur lourd qu’il se traîna à l’entraînement de Chikara. Il en oubliait même l’appréhension qu’il éprouvait à revoir celui qui l’avait vu échouer face à Yosuke. Le cours portait sur le lancer de divers projectiles, et les différentes courbes que l’on pouvait tracer avec la force centrifuge qu’on influait à l’objet ou un truc dans le genre quoi. {Seiya} *Allez, c’était pas mal là.{?} *C’était nuuul ! je suis pas académicien, mais ton histoire est tout juste digne d’être publiée en roman-photo, tu sais, ces chiffon trop vieux que tu lis que quand tu vas chez le guss qui soigne la chiasse et toutes les autres saloperies que la nature nous enfourne.{Seiya} *… {?} * … T’as de la chance que je sois payé, moi jte l’dis ! Seiya ne s’en sortit pas trop mal. Après trois mois de cours, ses lancers étaient plus sûrs et précis, cependant, dans la rotation qu’il voulait produire, il perdait souvent l’équilibre. Chikara annonça la fin du cours puis se dirigea vers le jeune Isatsu. {Chikara}- Toi, tu restes. Lui lanca-t-il sur un ton que Seiya interpréta comme une menace. Après avoir rangé les ustensiles du cours, le large guerrier s’assit à côté du jeune homme. {Chikara}- Assieds-toi. Bon, soyons clair, tu ne peux pas continuer comme ça. Tu comprends, les éclopés comme toi et tous ceux qui partent avec une longueur de retard doivent travailler plus dure que les autres. C’est injuste, mais c’est la vie, elle est injuste et sur un champ de bataille, ton ennemi ne regardera pas ta prothèse deux fois avant de te trancher en deux. Toutes les conneries de ton clan sur l’égalité des hommes, c’est du flan. Je suis née avec un corps taillé pour le combat, tu es un canard à trois pattes, tu peux me dire où est l’égalité là-dedans ? Seiya ne dit pas mot, il se contenta de regarder devant lui, curieux d’entendre ce que le professeur avait à lui dire tout en le redoutant. Tu vas t’entraîner avec moi après les cours. Ce n’est pas une proposition, c’est un ordre. Il faut que l’on te débarrasse de cette canne. Sur ces mots, L’Aisu se leva et partit en direction des quartiers de son clan. Arrivé vers les portes de l’académie, il se retourna. {Chikara}- Que t’ai-je dit bordel ? Tu comprends rien ? Entrainement avec moi après les cours, et c’est quoi là ? La fête du feu des Senjago ? Non, c’est la fin des cours, donc tu me suis et tu te bouges.Le Lac de Konoha était de loin la plus grande étendu d’eau du village, c’était même la seule. {?} *Rhooo ! La phrase bidon, l’auteur est en panne d’inspi ou quoi ? Seiya se tenait au côté de Chikara. Face au corps titanesque du professeur, il avait l’air d’une anorexique des podiums, le style qui bouffe une pomme pour seul repas et le re-gerbe huit fois histoire d’avoir des rations pour la semaine. {Seiya} *On remet le filtre anti-toi et on continue steuplait. Après un long moment passé en silence, Chikara prit la canne des mains de Seiya et montra le lac d’un geste nonchalant du menton. {Chikara} -C’est un beau lac, et il est beau tout autour. Va donc voir, tu cours, et tu fais le tour du lac, quand tu vois un obstacle, tu le contournes pas, tu l’affrontes. Allez, je t’attendrais ici.
Sans un regard de plus, il se détourna du jeune homme et sortit une gourde de sa sacoche. Seiya commença à courir, c’était surement ce qu’il détestait le plus après les courgettes, mais être entrainé personnellement par un des meilleurs guerriers du village était gratifiant et c’est avec un rythme soutenu que sa prothèse dansait avec son pied. Il parcourut la rive du lac en tenant tant bien que mal en équilibre, mais lorsqu’il dut traverser des rochers glissants, il chuta lourdement. Le contact de son corps avec l’eau fut comme un électrochoc. Elle semblait lourde et prête à tout pour happer le malheureux qui s’aventurerait en son sein, lui, ne savait pas très bien nager et c’est la peur qui gela instantanément ses entrailles. Après une lutte avec les flots qui lui sembla durer une éternité, ses doigts ankylosés par l’effort saisirent l’herbe du rivage et le hissèrent hors de l’eau. Étendu sur le dos, Seiya respirait à pleins poumons pour récupérer de la frayeur qu’il venait de subir. Son cœur n’arrêtait pas de battre et soulevait sa poitrine dans un mouvement douloureux. Il fut soudain parcouru d’un frisson de honte et de doute. Et si cette voie n’était pas faite pour lui ? Et si la vie était comme le disait Chikara, et qu’elle l’avait destiné à être moins rapide, moins agile ? Épuisé, il retourna vers le quartier Aisu en s’appuyant sur les arbres, sa jambe ayant du mal à supporter son poids. Lorsqu’il arriva à son point de départ. Chikara n’était plus là et un vieil homme se tenait exactement à la place du professeur. {Seiya} -Qui êtes… {Vieil homme} -Tsss ! Ton professeur me charge de te dire que tu as été trop lent, tu n’auras pas ta canne aujourd’hui. Il t’attend demain dans les jardins de l'académie, à la même heure. Le vieil homme se leva avec une agilité et une rapidité étonnante pour son âge et s’éloigna à vive allure. {Seiya} -M’sieur ? Eh ? Vous avez oublié votre parchemin !Le vieil homme était trop loin. Piqué par la curiosité, Seiya déplia le rouleau de papier jauni. L’écriture était rugueuse et précipitée, comme écrit dans un laps de temps très court. Dès les premiers mots, cependant, son esprit fut capté, et dès lors, plus rien n’exista autour de lui. Lorsqu’il eut fini, des larmes coulaient le long de ses yeux sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi. Il était traversé par autant de joie que de peine et ce bout de papier venait de les transformer non pas en sons, mais, pour la première fois de sa vie, en mots. Il relut le parchemin une dizaine de fois, récitant certains passages comme une véritable prière puis, lentement, il enleva sa prothèse, attrapa une pierre pointue, et, millimètre par millimètre, grava trois mots. Trois mots qui ne le quitteraient, plus. Trois mots qui, plus tard, formeraient son nindo de shinobi. Désespoir Est Mort. - Le Parchemin:
HRP: Je voulais partagé d'une façon ou d'une autre ce chef-d'oeuvre de Vercors. Je n'ai pas voulu changer le contexte parce que je vais quand même pas modifier ce texte, mais vous n'avez qu'à imaginer un contexte de guerre des clans à la mode ryoméenne et ça passe! bisous! Desespoir est mort Je n’ai pas encore très bien compris comme cela s’est fait, - en moi et en nous. D’ailleurs je ne cherche pas. Il est de certains miracles très naturels. Je veux dire : très facile à accepter. Je les accepte de grand cœur et celui-ci fut de ceux là. J’y pense souvent. Je m’attendris, je souris et m’étire. Je sais qu’il y aurait sûrement quelque chose à trouver. A quoi bon ? Cette demi-ignorance, ma foi, me convient.
Comme les plus profonds tourments pâlissent vite ! Il y a trente mois je désirais la mort. Nous étions quelques-uns à la désirer. Nous ne parvenions à voir devant nous rien qu’un abîme fétide. Comment y vivre ? Pourquoi attendre une asphyxie immonde ? Ah ! trouver un rocher désert, une île abandonnée, loin de la mêlée répugnante des hommes… Comme cela semble étrange, aujourd’hui, - où nous avons tant de motifs d’espérer ! Mais l’espoir, le désespoir, ne sont pas choses raisonnantes ni raisonnables. Le désespoir s’était emparé de nous, du chef à l’orteil. Et, il faut bien l’avouer, ce que nous avions vu, ce que nous voyions encore ne nous aidait guère à le secouer.
Car nous n’étions pas tous désespérés. Oh ! non. Dans ce mess hétéroclite, où le désastre avait rassemblé une douzaine d’officiers venus de toutes parts, sans point commun sinon celui de n’avoir pas combattu, la note dominante n’était pas le désespoir. Chacun était avant tout préoccupé de soi. Et pourvu que tous les chemins ne fussent pas coupés devant lui, prenait le reste assez légèrement. En ce juillet-là courait le mythe Laval-Talleyrand : une canaille après Waterloo, avait en quelques années refait une France redoutée ; une canaille referait de même. Il suffisait d’attendre.
Il y avait là un homme que j’appellerai le Capitaine Randois. Je ne l’aimais pas. Dès avant la défaite, tout en lui m’était ennemi : son caractère hautain, ses convictions monarchiques, son mépris de la foule. J’évitai de lui parler. Je craignais qu’il ne laissât, d’un mot, deviner la satisfaction que les malheurs de la République, le triomphe de la tyrannie, devaient avoir fait naître en lui. Je n’aurais pu le supporter sans réagir. Mes nerfs étaient peu solides alors. Heureusement, lui non plus ne parlait guère. Il mangeait en silence, son grand nez coupant baissé vers la nappe. Les incessantes discussions, politiques et imbéciles, qui formaient la trame de nos repas, n’obtenaient de lui qu’un dédain que j’aurais trouvé insultant, - si je n’eusse fait tout comme lui. Notre pauvre vieux brigand de commandant, conseiller général du Gard, présidait ces joutes, les couvait de ses gros yeux éteints. Il ressemblait, par le visage à l’accent, à un Raimu amolli, à l’un des Fratellini aussi, - celui qui est mort, celui qui cachait ses dérisoires malices sous un aspect de notaire solennel. Il interrogeait l’avenir avec malaise, inquiet de la place qu’il pourrait y creuser pour son adipeuse papelardise. Il dit un jour : « Randois, vous avez vu ? Votre Maurras se range sans restriction derrière le Maréchal. » Quand il parlait, il semblait que son accent fût noyé dans une gorgée d’eau, qu’on se fût attendu à voir couler entre ses lèvres molles. « Je suis un vieux radical, mais, dans le malheur de la patrie, il faut oublier ses convictions. Votre Maurras, bravo, c’est très bien. Que penseront nos vainqueurs, selon vous ? »
Le Capitaine Randois leva le nez. Et ses yeux, ses yeux bleus et froids (je les trouvais cruels) se posèrent sur moi. Oui, sur moi et sur mon voisin le Capitaine Despérados ; et il répondit : - Les Fridolins ? Ils nous auront jusqu’au trognon.
Sa voix était d’une tristesse sans borne. Je fus surpris, - plus encore du regard que des paroles. Ainsi, il nous rejoignait, il avait su nous rejoindre, nous les solitaires, nous les muets. Il avait mieux su me comprendre, que moi, lui. Aujourd’hui, je sais bien que je manquais de sagacité. Car ce mess était à l’image de ce pays, où seuls les lâches, les malins et les méchants allaient continuer de pérorer ; où les autres n’auraient, pour protester, que leur silence. Randois nous avait reconnus.
J’étais silencieux. Mais le Capitaine Desperados l’était plus que moi. Il avait, lui, participé à « notre » bataille : à la bataille postiche, au déshonorant simulacre qui nous en avait plus appris, en ces trois jours serrés entre deux armistices, sur l’infamie dérisoire de certains hommes couverts d’honneurs, que l’expérience de toute une vie. Il avait assisté d’un bout à l’autre à la honteuse et cruelle comédie. Il avait eu dans les mains, on lui avait mis impudemment dans les mains des preuves immondes et puantes : celles du souci unique, aux pires jours du désastre, qu’avait eu un chef indigne de préparer les voies de son ambition. Ambition sordide. On eût dit qu’il en avait pâli, - pâli à jamais. Il était pâle et raide, raide d’une vieille blessure qui l’empêchait de tourner la tête sans tourner aussi les épaules ; et plus pâle d’une cicatrice qui partageait en deux son beau visage de matador grisonnant, ouvrant en passant l’œil droit, comme eût fait un monocle. Et cela lui donnait une expression double, pénétrante et dominatrice. Pendant toutes ces semaines, il ne sourit jamais. Je ne l’avais jamais vu rire, - sauf une fois.
Oui, j’ai presque un effort à faire aujourd’hui pour comprendre, comme je le comprenais alors, qu’un homme, pût être si mortellement découragé qu’il lui fût impossible, pendant des semaines, de sourire. J’étais ainsi moi-même, pourtant. Nous trainions nos gros souliers oisifs dans l’unique rue de ce village brûlé par le soleil, où l’on nous avait cantonnés après l’armistice. Nous n’en pouvions sortir. Nous n’avions d’autre choix que les deux bistrots, le banc du jardinier qu’une aimable personne avait offert, ou notre chambre. Pour ma part, j’avais choisi ma chambre. Je n’en bougeais guère. Mon accablement s’y nourrissait de soi-même, s’engraissait de ce fatal désœuvrement. Je pense aujourd’hui que Randois, que Desperados menaient la même torturante vie. Peut-être faut-il voir là les raisons de cet infernal silence, où nous nous étions murés malgré nous.
Ma chambre était petite. Je l’avais choisie parce qu’elle était petite. Elle ouvrait sur les toits par une mince fenêtre haut placée. Ainsi elle était constituée, un peu, comme un cachot, - un cachot qu’une jeune fille eût adouci de ses soins. Je restais là, de longues heures, entre ces murs rapprochés. Prisonnier de ces murs comme dans les pensées, simples et horribles, que je ne pouvais chasser. J’aimais sentir ces murs peser sur moi, comme on aime à presser d’un doigt nerveux une gencive irritée. Cela n’était certes pas bon pour la santé de l’esprit. Pas pire, sans doute, que d’errer d’un bistrot à l’autre, que d’assister à la lâcheté de tous.
J’avais fini par ne sortir guère qu’à l’heure des repas. Je n’avais pas un long chemin à faire. La maison qui abritait notre mess faisait face à la mienne, par-delà une étroite ruelle caillouteuse. Ces repas étaient animés et bruyants. Ils étaient pour moi lugubres. On nous y engraissait comme des oies. L’Intendance n’avait pas encore été touchée par la défaite, et nous fournissait plusieurs viandes par repas, qu’un cuistot arrogant, titulaire d’un diplôme de cuisine militaire et qu’un de nous avait découvert et « voracé », déguisait sous des sauces savamment immondes, devant lesquelles le mess fondait d’admiration. On s’en félicitait mutuellement. La plus franche cordialité régnait entre ces hommes galonnés, qui se déchiraient l’un l’autre sitôt séparés. Ils étaient tous rivaux, pour un raison ou une autre. La débâcle n’avait pas détruit chez eux le goût des préséances, dont ils allaient être bientôt privés. Leur rivalité était aussi plus matérielle. Certains avaient vite compris qu’il y avait quelque chose à tirer de la désorganisation générale, de la difficulté des contrôles. Le plus haï était celui qu’on accablait, aux repas, des plus hautes marques de fidèle respect, notre commandant-Fratellini, à qui son grade permettait les plus fructueuses rapines. Nous savions que son grenier se remplissait de chocolat, de pâtes, de riz. J’aurais dû, moi aussi, haïr cet homme. Je ne sais pourquoi, je n’y parvenais pas. Peut-être parce que sa canaillerie était si évidemment native qu’elle en devenait ingénue. Peut-être aussi parce que je savais – avant lui – qu’il allait mourir. Il en était arrivé à un point d’urémie qui ne pouvait tarder d’amener une crise. Il s’endormait, non pas seulement après le repas, non pas seulement entre chaque plat : entre chaque bouchée, - quelques secondes, sa fourchette levée. Je voyais les autres rire. C’était pitoyable et tragique. « Mon Dieu, pensai-je, qu’il garnisse son grenier ». Pourtant je m’en voulais de cette indulgence.
J’étais heureux d’avoir Despérados auprès de moi. Je me sentais moins seul. Non pas que nous eussions jamais échangé un mot de quelque importance. Mais, parfois, quand je sentais moi-même se gonfler mon cœur de dégoût, devant quelque nouvelle marque de la funeste insouciance de ces hommes en qui le pays avait cru trouver des chefs, je voyais se tourner vers moi le cou raide, se poser sur moi l’œil dilaté. Nous croisions ainsi nos regards, et cela nous soulageait. Nous n’allions pas plus loin dans nos confidences.
Ce matin-là, pourtant, il se laissa aller à quelque chose de plus. Quand j’entrai pour prendre ma tasse de café, il était là, seul devant la sienne. Il lisait le Petit Dauphinois. C’était un des premiers qui nous parvînt, après ces quinze horribles jours. Et soudain il me le tendit, silencieusement et rageusement, marquant du pouce l’éditorial, et tandis que je lisais à mon tour, il garda posés sur moi ses yeux lumineux. Oui, ce qu’il me fit lire dépassait tout ce qu’on pouvait attendre. Ce que le plus grand mépris des hommes n’aurait suffi à nous faire croire sans preuve. On nous ressortait, simplement (n’oubliez pas que c’était la première fois), Jeanne d’Arc, Sainte-Hélène, et la perfide Albion. Dans cette même colonne, sous cette même signature, où trois semaines plus tôt le même homme nous parlait encore, avec une délectation sadique, des milliers de barbares teutons que la Lys et la Somme charriaient, sanglants et putrides, vers la mer.
Qu’aurais-je dit ? Je ne dis rien. Mais me renversant sur ma chaise, je partis à rire. Despérados appuya ses avant-bras sur la table, et il rit aussi. D’un rire long et bruyant, en se balançant un peu. C’était un bruit déplaisant, cette gaieté sans joie dans cette pièce maussade où trainait une odeur de pain moisi. Puis nous nous tûmes, et nous nous levâmes, car c’était l’heure, pour nous, d’assister, dans la petite église, à une messe pour le repos des morts de la guerre. Cela eût pu être émouvant et simple. Ce fut odieux et grotesque. Un prêche nous fut fait par un jeune soldat-prêtre, studieux et ambitieux, heureux de trouver là une occasion d’exercer son éloquence. Il nous servit une oraison vide et pompeuse, encore maladroite d’ailleurs et que ne sauvait pas même le talent.
Je sortis là plus accablé que jamais. Je marchais tête basse, entre Despérados et Randois qui s’était joint silencieusement à nous. Comme nous passions dans une ruelle herbeuse, entre deux hauts murs de jardin, je ne pus retenir tout à fait un des soupirs contraints dont ma poitrine était pleine à faire mal. Randois tourna la tête vers moi, et je vis qu’il souriait affectueusement. - Nous trainions notre besace, dit-il, et passant entre nous, il nous prit chacun par le bras.
Nous parvînmes ainsi devant le mess. Ce n’était pas l’heure encore. Pour la première fois nous ne nous séparâmes pas. Nous nous assîmes sur le bord de l’étroit trottoir, et le silence sur nous pesa une fois de plus.
C’est alors que nous vîmes venir les quatre petits canetons.
Je les connaissais. Souvent j’avais regardé l’un ou l’autre, l’une ou l’autre de ces très comique boules de duvet jaunâtre, patauger, sans cesse une seconde de couiner d’une voix fragile et attendrissante, dans les caniveaux ou la moindre flaque. Plus d’une fois, l’un d’eux m’avait ainsi aidé à vivre, un peu plus vite, un peu moins lourdement, quelques-unes des minutes de ces interminables jours. Je leur en savais gré.
Cette fois, ils venaient tous les quatre à la file, à la manière des canards. Ils venaient de la grande rue, claudicants et solennels, vifs, vigilants et militaires. Ils ne cessaient de couiner. Ils faisaient penser à des défilés de gymnastes, portant orgueilleusement leur bannière et chantant fermement d’une voix fausse. J’ai dit qu’ils étaient quatre. Le dernier était plus jeune, - plus petit, plus jaune, plus poussin. Mais bien décidé à n’être pas traité comme tel. il couinait plus fort que les autres, s’aidait des pattes et des ailerons pour se tenir à la distance réglementaire. Mais les cailloux que ses aînés franchissaient avec maladresse mais fermeté formaient, pour lui, autant d’embûches où son empressement venait buter. En vérité, rien d’autre ne peut peindre fidèlement ce qui lui arrivait alors, sinon de dire qu’il se cassait la gueule. Tous les six pas, il se cassait ainsi la gueule et il se relevait et repartait, et s’empressait d’un air martial et angoissé, couinant avec une profusion et une ponctualité sans faiblesse, et se retrouvait le bec dans la poussière. Ainsi défilèrent-ils tous les quatre, selon l’ordre immuable d’une parade de canards. Rarement ai-je assisté à rien d’aussi comique. De sorte que je m’entendis rire, et aussi Despérados, mais non plus de notre affreux rire du matin. Le rire de Desperados était, cette fois, profond et sain et agréable à entendre. Et même le rire un peu sec de Randois n’était pas désagréable. Et les canetons, toujours couinants, tournèrent le coin de la ruelle, et nous vîmes le petit, une dernière fois, se casser la gueule avant de disparaître. Et alors, voilà, Randois nous mit ses mains sur les épaules, et il s’appuya sur nous pour se lever, et ce faisant il serra les doigts, affectueusement, et nous fit un peu mal. Et il dit : - A la soupe ! Venez. Nous en sortirons. Or, c’était cela justement que je pensais : nous en sortirons. Oh ! je mentirais en prétendant que je pensai ces mots-là exactement. Pas plus que je ne pensai alors précisément à des siècles, à d’interminables périodes plus sombres encore que celle-ci qui s’annonçait pourtant si noire ; ni au courage, désespéré, à l’opiniâtreté surhumaine qu’il fallut à quelques moines, au milieu de ces meurtres, de ces pillages, de cette ignorance fanatique, de cette cruauté triomphante, pour se passer de main en main un fragile flambeau pendant près de mille ans. Ni que cela valait pourtant la peine de vivre, si tel devait être notre destin, notre seul devoir désormais. Certes, je ne pensai pas précisément tout cela. Mais ce fut comme lorsqu’on voit la reliure d’un livre que l’on connaît bien.
Comme ces quatre petits canards, par quelle voie secrète de notre esprit nous menèrent-ils à découvrir soudain que notre désespoir était pervers et stérile ? Je ne sais. Aujourd’hui où je m’applique à écrire ces lignes, je serais tenté d’imaginer quelque symbole, à la fois séduisant et facile, inconsciemment pensai-je aux petits canards qui déjà devraient défiler non moins comiquement sous les yeux des premiers chrétiens, qui avaient plus que nous lieu de croire tout perdu. Peut-être trouvai-je qu’ils parodiaient assez bien, ces quatre canetons fanfarons et candides, ce qu’il y a de pire dans les sentiments des hommes en groupe, comme aussi ce qu’il y a de meilleur en eux. Et qu’il valait de vivre, puisqu’on pouvait espérer un jour extirper ce pire, faire refleurir ce meilleur. Peut-être. Mais il se pourrait plus encore que, tout cela, je le découvrisse seulement pour les besoins de la cause. Au fond, j’aime mieux le mystère. Je sais, cela seul est sûr, que c’est à ces petits canards, que je dus, au plus sombre couloir d’un sombre jour, de sentir mon désespoir soudain glisser de mes épaules comme un manteau trop lourd. Cela suffit. Je ne l’oublierai pas.
Dernière édition par Seiya Isatsu le Mar 21 Juil - 3:49, édité 3 fois |
| |
Seiya IsatsuAspirant de Konoha | Sujet: Re: Nindo et effort. Lun 20 Juil - 1:11 | |
| {?}*Putain, tu m’as fait chialer, je crois qu’on peut te décerner la palme de la victimisation. En tout cas, moi, je risque pas de verser une larme en narrant tes péripéties, c’est sûr ! {Seiya}*Tu n'es pas très en forme aujourd'hui.
En cette période d’été, le soleil était encore haut en fin de journée. Seiya avait eu du mal à marcher toute la journée sans sa canne et il redoutait l’entraînement qu’allait lui faire subir Chikara. Il joua un petit air pour se détendre en attendant l’arrivée du professeur, mais rangea son instrument sitôt qu’il aperçut la silhouette imposante de l’Aisu. Le guerrier se posa devant lui l’attrapa par le col de la cape et le projeta en l’air. {Chikara}-Quand je me présente à toi, la moindre des politesses serait de te lever. Je perds déjà assez de temps à faire bouger ton corps flasque pour que tu me manques de respect. Aujourd’hui, on travaille l’esquive. L’exercice de lancer que tu as effectué en ma présence n’était pas trop mal, mais tu n’as fait que contrer les projectiles et tu en as esquivé aucun. Tu seras donc désarmé pour que tu ne puisses contrer un projectile. Poste-toi devant l’arbre là ! Dit-il enfin en montrant un conifère situé à quelque pas. {?}* T’es con mais on peut rien y faire ! {Seiya}* Quoi ? {?}* Ouais nul che chais, mais ch’pas moi cha colle au dent che borguel, on shait une pfause, je feux fas brailler.
{Seiya}* T’es pas sérieux là ?
Le professeur s’assit sur un rocher et sortit une bouteille dont il bue goulument une partie. Sans avertissement, il attrapa une pierre d’une main leste et la jeta sur Seiya. Celui-ci, surpris, ne bougea pas et le reçut en plein sternum, le choc, lui coupa le souffle quelques secondes. {Chikara}-Me dis pas que tu es attardé aussi mentalement sinon j’abandonne, bon, on continue esquive ! Chikara reproduisit le mouvement et Seiya l’évita d’un bond sur le côté qui faillit le désarçonner. L’exercice s’entendit sur la longueur et devint répétitif, Chikara lançait une petite salve de projectile que Seiya évitait, mais il n’était pas assez agile pour se défaire de la deuxième et chutait en général en tentant d’y échapper. Chaque fois que Seiya se relevait, le professeur sortait une gourde qu’il portait à sa bouche.
À mesure que le temps passait et que la boisson de Chikara diminuait, les projectiles devenaient plus rapides et douloureux à l’impact. Quand Seiya, à bout de forces, ne pouvait plus rien esquiver, le guerrier Aisu se leva et balaya sans détour le jeune homme qui eut le temps de se demander ce qu’il se passait avant de chuter lourdement au sol. {Chikara}- Ton problème, c’est que tu es à cheval entre deux styles d’esquives. La pure, celle qui demande un timing parfait et une anticipation mesurée. Jette-moi une pierre vas-y. Sans hésiter, l’élève s’exécuta. La trajectoire était bonne, le projectile filait tout droit vers le nez du professeur, mais, au dernier, moment, celui-ci inclina légèrement la tête. Laissant la pierre frôler son visage sans qu’elle puisse le toucher. {Chikara}- C’est ça l’esquive pure, pas plus que le minimum. Recommence.
Chikara évita cette fois-ci l’impact d’une roulade qui le plaça sur le flanc gauche de Seiya, dans la fluidité de la rotation, il lança son pied qui faucha « les » membres du jeune homme. La sensation de léviter recommença, il sentait son corps s’élever dans les airs, mais au moment où le corps était stoppé par l’apesanteur et qu’il allait entamer sa chute, il reçut un coup vertical dans le ventre qui accéléra sa déchéance vers le sol. Le choc résonna dans sa cage thoracique, lui coupant une nouvelle fois le souffle. Au loin, derrière le brouhaha de la douleur, il crut percevoir le ton sec et martial de son professeur. {Chikara}-Voilà l’esquive dite « acrobatique », elle permet d’esquiver tout en changeant de position. Si tu veux vivre, il te faudra apprendre et maîtriser les deux. Demain, tu as un test, mais considères cela comme un cours.
Toujours au sol, le jeune Isatsu put voir les pieds de Chikara s’éloigner avant de revenir vers lui. {Chikara}- J’avais oublié, tiens ta canne, profites-en tant qu’il en est encore temps.
Il lui jeta le bout de bois sculpté avant de repartir vers la grande porte qui menait à l’académie. |
| |
Shinjin IsatsuAspirant de Konoha | Sujet: Re: Nindo et effort. Lun 27 Juil - 11:29 | |
| Seiya. Pour le premier post, je te mets +10 HP pour la course sans canne ou +1 DEX pour les lancers dans le cours de Chikara ou +1SAG/INT pour la lecture de Vercors. Pour le deuxième post : +1 AGI, évidemment |
| |
| Sujet: Re: Nindo et effort. | |
| |
| |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|