Le soleil hésitait encore à se lever à l’horizon. La douceur et la brume avaient envahies Kiri comme à son habitude. De par la fenêtre de sa chambre, Shin regarda encore une fois le village qui se dressait devant lui. Ses yeux émeraude scrutant le moindre détail de ce qui se tramait dans les parages. Il n’arrivait pas encore à imaginer que cet ensemble de maisons était sa demeure. Cela faisait bien plusieurs mois qu’il y habitait, mais rien n’y faisait, il ne voyait pas encore comme un membre à part entière de ce village. Sa mère et lui avaient décidé de déménager dans cet endroit, qui semblait plus sûr qu’un autre dans ce pays. Après tout, l’union fait la force, cependant certains ne le comprenait et se battait en prônant une liberté qu’il ne voulait pas voir disparaître. Avec un peu de jugeote, ils auraient remarqué que la seule liberté qu’ils avaient, était celle de mourir. Une bien triste réalité. Dans un pays instable comme celui de l’eau, il valait mieux se ranger du côté du plus fort ou des plus nombreux, même si on n’était pas d’accord. Dans ces cas-là, c’est l’instinct de survie qui devrait prime et non pas n’importe quelle raison absurde. La liberté allait se gagner avec la paix, et non l’inverse. Et cette paix il fallait l’imposer. Le Daimyo l’avait bien compris avec son histoire de purger tous ses ennemis. Montrer qu’on est fort permettrait par la suite d’être suffisamment tranquille. La mère de Shin l’avait assimilé relativement très vite.

***

C’était un jour comme un autre où Saori et son fils Shin essayait de survivre dans les marécages. Le jeune homme essaya de traquer la moindre bête qui habitait dans les parages. Leur maison était isolée, située dans une petite clairière, permettant de laisser passer les rayons de soleil permettant de rendre l’air plus respirable. C’était un trou perdu, La famille ne se trouvait non loin d’un village, où faisait parti un clan qui se révéla assez sanguinaire quand les esprits s’échauffaient. Bizarrement ils n’étaient jamais vu leur rendre visite que ce soit amicalement ou non. Shin avait déjà essayé de retirer quelques informations mais sa mère ne voulait jamais lui répondre. Il abandonna l’idée au fur et à mesure des années. Désormais, il avait grandi s’approchant à grand pas de la majorité. D’autres venait lui encombrer la tête, dont la principale était «est-ce qu’il allait rester dans ce trou pour toujours ?». Il aurait bien aimé voyager à travers le monde, car malgré sa dangerosité, il demeurait assez curieux pour se faire une idée de Pays dont il ne connaissait qu’une clairière et ses alentours. Il semblerait qu’en ce jour, une personne l’avait écouté et avait décidé de réaliser son vœu.

Shin se tenait encore la tête entre ses mains. Il ne comprenait toujours pas de ce qu’il venait de se passer. Sa mère lui hurler de rentrer, mais il n’entendait pas, complètement absorbé par la scène qui se déroulait devant ses yeux. L’explosion provenait du village dont de longues colonnes de fumées s’élevèrent rapidement. Le village était attaqué, mais par qui ? Qui en voudrait au village ? Et surtout est-ce que ces personnes allaient découvrir cette petite maison et quel sort allaient-ils leur réserver. Saori était désormais à la porté de Shin, lui tirant sur le bras pour qu’il la suive, mais lui voulait qu’une chose, attiser sa curiosité. Se rapprocher du village, histoire de voir ce qui se tramait, et voir si la situation était redevenue calme, ou s’il allait devoir prier pour sa sécurité.

Un buisson bougea subitement.

??? – Merde, je suis touché.

??? – On a été séparé du groupe. Ce village a été plus résistant que prévu.

??? – Ils ne peuvent pas simplement capituler ces connards ?! Ils savent que tôt ou tard, on gagnera. Ca serait plus simple sans leur putain d’orgueil.

??? – Calme-toi. Ta blessure peut s’aggraver à tout moment. Le fleuve ne doit plus être loin. Je l’entends couler. On pourra laver cette vilaine blessure.

Le buisson bougea à nouveau pour laisser apparaître deux personnes, l’une soutenant l’autre. Ils regardèrent à même le sol pour savoir où mettre chacun de leur pas, sans se soucier devant eux. Shin se rapprocha d’eux. Une légère aura bleuté entourait sa main droite.

Shin – Qui êtes-vous ? Pourquoi vous avez attaqué le village ?

??? – Fais chier, fallait qu’on tombe sur des ennemis. Je lui exploserais bien la gueule si seulement mes tripes ne menaçait pas de sortir.

L’autre personne se délesta du blessé le reposant contre le buisson. Elle hésitait sur ce qu’elle allait devoir faire. Etaient-ce eux aussi des ennemis ? Ils semblaient trop loin du village pour lui appartenir. Elle préféra tenter la carte pacifiste. Elle était assez entraînée pour réagir au moindre problème, elle serait certainement plus rapide que lui.

??? – N’écoutez pas mon ami, c’est sa blessure qui parle. Nous ne vous voulons aucun mal, je cherche juste le moyen de pouvoir soigner sa blessure. Après on s’en ira.

Shin – Je ne pense pas que ça sera pos…

Saori – Votre ami a l’air plutôt mal. Je ne peux pas vous laisser ainsi. Laissez-moi l’examiner, j’ai quelques notions sur la médecine.

Saori s’était rapprochée à son tour et avait posé sa main sur son épaule, lui indiquant de se taire. Shin se retourna pour contestant mais stoppa net son mouvement quand il remarqua le visage de celle-ci. Les traits tirés, la face aussi sérieuse que possible, tout en essayant de dégager un caractère neutre. C’était la première fois, que le jeune homme voyait sa mère ainsi. La jeune femme leur faisant face, la remercia, et souffla quelques mots à son coéquipier qui n’appréciait guère la situation. Pourtant il se laissa faire quand Saori posa ses mains sur sa blessure qui avait pris une teinte verte. L’autre femme sembla étonnée par la chose.

??? – Vous savez donc utiliser le chakra. J’avais peur d’avoir mal vu avec la main de votre fils.

Saori – En effet, ce n’est pas parce qu’on vit comme des ermites, qu’on est ignorant de tout. Elle marqua une brève pause.Sa blessure a l’air d’être grave. Il lui faudra du temps pour récupérer.

??? – C’est bien gentil de votre part, mais ne nous n’allons pas vous déranger plus, il faut…

Saori tourna son regard vers la jeune femme et fixa la jeune femme de ses yeux perçants dont le vert brillait par endroit. Le visage grave, les sourcils froncés, elle inspirait non pas la colère, mais une sagesse, une sagesse disparue depuis des années qui faisait une apparition soudaine.

Saori – Permettez-moi d’insister.

Le soir fut tombé rapidement, ainsi que le calme. Plus un son ne venait du village, pourtant si bruyant et festif d’une certaine manière. Le calme régnait dans toute sa splendeur, entraînant avec une odeur de mort. Bien à l’abri, le groupe fraîchement rencontré séjournait dans le salon. Tous s’étaient retrouvés assis à la seule table se trouvant à cette pièce, les bras croisés ou les poings fermés. Il n’y en avait un seul qui n’était pas présent, le blessé ayant trouvé comme lit de fortune, un canapé non loin de la table, essayant de récupérer de ses blessures. Un râle profond sortait de sa bouche. La conversation était difficile à nourri entrecoupée de silence. Shin, les yeux baissés, se demandait quelle mouche avait piqué sa mère pour qu’elle réagisse ainsi. D’habitude si plaisante, si gentille, elle avait montré une facette que Shin ignorait jusqu’à l’heure. Encore troublé, il n’écoutait que d’une oreille ce qui se passait autour de lui. Il attendait le moment où elle allait se retrouver La jeune femme rousse avait commencé à se présenter brièvement, elle et son coéquipier. Elle disait s’appeler Anzu Inaba. Ne sachant pas vraiment trouver les mots et ne saisissant pas quelle situation, elle avait acceptée de se mette, elle remercia encore de l’hospitalité offerte. La seule façon pour que tout allait bien et de ne pas commettre un incident, était de jouer la courtoisie.

Saori – Pourquoi avoir attaqué le village ?

Anzu semblait surprise par la question. Sa locutrice ne voulait pas la ménager, elle tenait à être directe. Elle avait l’air de savoir ce qui s’était passé. Elle ressemblait de moins en moins à une innocente femme essayant d’élever son enfant dans des conditions peu favorables. Elle avait sûrement un passé, un passé lourd de conséquences. Elle n’avait pas tort d’un autre côté. Si elle tenait tant à découvrir la vérité, Anzu pouvait lui donner.

Anzu – Le seigneur de l’eau cherche à regrouper le plus de monde possible. Cette île est en guerre en quelque sorte, et il tente de la pacifier à sa manière.

Anzu n’avait mis aucun détail, mais les propos méritaient d’être clairs. Pour pouvoir gouverner n’importe quelle région, il fallait d’abord la soumettre de force. La situation allait être changée à jamais. Pour Saori, il ne restait plus qu’un seul choix à faire, et le bon.

Saori – Deux personnes en plus, ça vous ferait pas de mal donc ?

Saori accentua son sourire face à la répercussion de ses paroles vers la jeune femme. Elle n’était pas la seule, hébétée. Shin comprenait de moins en moins ce qu’il se passait. Tout cela se passait bien au dessus de lui. Il n’avait pas l’expérience pour comprendre. S’il l’avait eu, il aurait saisi le souhait de sa mère envers eux deux. Elle avait pris son choix avant qu’il ne soit trop tard. Celui de sortir de l’obscurité.

***

Le coéquipier d’Anzu avait finalement repris toutes ses forces un ou deux jours après. Il répondait au nom de Seichi Nakamura. Pas d’autres principales informations avaient été filtrées depuis. Le groupe de quatre se dirigeant à travers les marécages dans un silence troublant. Chacun ne sachant pas dans quelle situation ils allaient se mettre. Sauf une. Saori. Elle avait réussi son coup, les convaincre de l’emmener elle et son fils vers un avenir meilleur. Elle avait tout misé sur ce coup de poker, s’étant convaincu qu’un jour comme celui-ci allait arriver. Le jour où elle pouvait enfin s’échapper de ses ténèbres qu’elle avait choisi comme lieu de vie. Shin, lui, n’ayant connu que cette clairière et les alentours, ne se doutait pas de ce qui se tramait au-delà. Un monde en guerre, un pays déchiré dont une seule personne venue de nulle part, se faisant appeler le seigneur de l’eau, tentait de les rassembler par conviction ou force. Saori n’avait joué qu’un coup par avance. Et ils ne représentaient qu’une goutte d’eau. Mais Saori comptait bien que ce soit la goutte d’eau qui fasse renverser le vase.

La route fut un peu longue, ponctuée par quelques pauses exigées pour Seichi, histoire que sa blessure n’empire pas. Finalement, ils arrivèrent au camp de fortune crée à l’occasion de la pacification de cette région. Si elle arriverait à son terme. Le peu de monde se trouvant dehors, était surpris mais heureux de retrouver leurs camarades. Cependant leurs sourires furent brefs, quand ils remarquèrent qu’ils n’étaient pas seuls. Des messes basses commencèrent. Shin détestaient déjà l’endroit, mais avant qu’il ne fasse un pas sa mère lui tira le bras, et lui murmura une phrase, qu’il s’en souviendra toute sa vie.

Prépare-toi, car ta vie commence enfin.