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 A l'Intérieur d'Une Larme

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Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 30 Avr - 15:19

A l'Intérieur d'Une Larme - Eclipse.




La douceur de l’aube baignait le village encore endormi. Akogare était à la fenêtre, dévisageant ce monde de son regard laiteux, ce monde qui naissait, en attente d’une mort future. Ses pensées étaient sombres, ces derniers temps. Il n’en savait même pas la raison. San taisait son angoisse, préférant laisser faire le temps. Mais les jours passèrent, et le jeune homme s’enfonçait dans une froide dépression. Il devenait distant, absent, n’accordant que peu de regard aux autres. Pas même à San.
Et il s’en voulait. Il s’en voulait terriblement.
Il soupira, puis se détourna. La jeune fille, cette jeune fille qui déjà tant de fois l’avait sauvé, lui avait proposé d’aller la rejoindre au parc. Elle avait peur, peur de ne pouvoir le sauver cette fois-ci. Et lui partageait cette peur.
Lentement, il s’habilla. L’ambiance avait poussé la jeune fille à quitter la chambre, et à aller l’attendre directement dans le parc. Il ferma les yeux, ses dents se serrant machinalement. Oui. Il fallait qu’il change d’attitude, qu’il cesse de se refermer sur lui-même.
Après tout, c’était le printemps.

Les cauchemars du jeune homme s’étaient clairsemés pourtant. Etrangement, la présence de l’ombre lui manquait, parfois. Peut-être qu’elle savait, elle, ce qu’il avait. Il y avait bien cette sensation, ce sentiment diffus qui rongeait son cœur. Il le sentait, mais ne parvenait à le nommer. C’était comme un sombre pressentiment, comme si un danger mortel sommeillait au dessus de lui, prêt à s’éveiller à tout moment et à le faucher de toute sa puissance. Il repoussa cette sensation, descendant l’escalier. Il aurait aimé partir avec San. Il ne le lui avait plus dit depuis longtemps, mais sa présence l’apaisait. Elle calmait certaines douleurs, et surtout, elle estompait ce ténébreux pressentiment. Peut-être, que ce sentiment, était juste sa peur de la perdre ? Pourtant, il ne la sentait pas s’échapper. Il se sentait s’éloigner lui, mais elle restait toujours près de lui.

Etrange.

Le froid de la ruelle fit frissonner Akogare. Il se passa une main distraite dans les cheveux, cherchant à rassembler ses pensées.
Il n’était plus rentré chez lui depuis maintenant quatre semaines. Aucun émissaire Hyuuga n’était venu voir comment il allait. A vrai dire, cela ne le perturbait pas tellement. Au contraire même, il souhaitait repousser cette confrontation. C’était, certes, une attitude lâche, mais il est bon de l’être parfois.
Instinctivement, il mit ses mains dans ses poches, et poursuivi son chemin, la tête basse.

Depuis combien de temps exactement n’avait t’il pas senti les lèvres de San contre les siennes ? Depuis combien de temps n’avait t’il pas senti son souffle chaud contre son cou, ses doigts sur son torse ? Le sentir réellement, au plus profond de son être jusqu’à en avoir mal. Il se mordit la lèvre, en sentant quelques larmes rebelles tenter de quitter ses paupières closes. Tous ces contacts lui manquaient terriblement, bien plus qu’il ne l’aurait cru. Et maintenant qu’il les avait partiellement perdu, il s’en rendait compte.

L’esprit engourdi par la fraîcheur matinale, il se poussait à réfléchir. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas même essayé un quelconque exercice mental. Ou physique, il avait délaissé son entraînement.

Le jeune homme s’interrogea tout d’abord sur ses cauchemars qui avaient quitté ses nuits. Cela aurait dû lui ôter un poids, et pourtant, il n’en était rien. San s’était rendu compte que depuis quelques jours, il dormait paisiblement. Au départ, elle était persuadé de voir en quelque sorte renaître Akogare. Elle avait été surprise de le voir s’enfoncer plus encore dans la morosité. Surprise, voir même effrayée.

Une pluie fine éclata. Akogare ne la sentait pas, ses longs cheveux bleus dégoulinant. Sans s’en apercevoir, il accéléra le pas, soudain pressé de retrouver San. Il l’avait fait attendre une semaine, dans sa retraite silencieuse et maussade. Il n’y avait plus de temps à perdre.
La pluie n’était pas seule responsable de cette accélération. En effet, il y avait toujours ce pressentiment, qui allait lui aussi en augmentant. Il avait été tapis dans son cœur depuis près d’une semaine. Mais maintenant, il le sentait dans l’ensemble de son corps, grattant à la porte de son cœur.

Ses pas s’enfonçaient dans la boue nouvellement formée. C’est ce qui fait le charme de cette saison. Son temps lunatique.
Il tourna les yeux sur sa droite, soudainement inquiet. Pourtant, il n’y avait rien de suspect. Le parc n’était plus très loin désormais, à peine une poignée de minutes.
Mais, au détour d’une ruelle, il s’arrêta.
La pluie ruisselait sur son visage. Des larmes naturelles. Il avait toujours les yeux baissés. Les dents serrées, il écoutait simplement les gouttes d’eau ricocher sur les murs nus des habitations.


_________________________________

San était assise sur le banc, le menton entre les mains. Le parc était vide, sans doute à cause du ciel menaçant et de l’heure matinale. Elle était partie plus tôt que son ami, simplement parce qu’elle pensait qu’il avait besoin de réfléchir seul. Peut-être se trompait elle.
La jeune fille se leva. Elle frissonna, la pluie glissant dans son dos. Les bras croisés sur son ventre, elle déambulait. Peut-être qu’Akogare ne viendrait pas ? Il n’avait pas eu l’air très intéressé par son idée. Il n’avait pas l’air intéressé par elle tout court d’ailleurs.

Elle sourit faiblement. Un sourire sans joie toutefois. C’était l’une de ses phrases toutes faites qu’elle s’était refusée de prononcer un jour. La phrase de l’adolescente délaissée. Et pourtant, force était de constater que c’était exactement ce qu’elle ressentait. Cette froideur, cette distance qu’il avait établi entre eux deux, comme pour se protéger la troublait.

San soupira, s’arrêtant contre un arbre. Il y avait un peu de brouillard. Ce n’était pas tout à fait anormal avec un temps aussi mauvais. Elle détestait le brouillard.
La jeune fille se demanda ce qu’elle dirait à Akogare, si il venait. Elle avait évité de lui parler de sa mélancolie directement, certaine que cela ne ferait que raviver des plaies déjà brûlantes. Mais désormais, elle était bien obligée de le faire. Elle avait peur pour lui. Peur de le voir se laisser mourir. Et peur qu’il ne lui dise rien.
Ce n’était plus les cauchemars qui étaient en cause. Elle devinait une crainte plus enfouie, plus profonde, que ses sombres rêves auraient révélé. Akogare avait déjà eu du mal à lui parler de ses cauchemars. Alors, parler des conclusions qu’il en avait tiré risquait de prendre du temps.
Trop.

Elle releva les yeux, et vit une ombre se dessiner, hésitante, à l’entrée du parc. Son visage s’illumina d’un sourire. Elle se mordilla la lèvre, avant de s’avancer doucement. L’ombre sembla l’aviser, car elle s’arrêta.

San n’était plus qu’à quelque mètre quand elle senti son cœur s’emballer. Négligemment, trop pressée de revoir celui qu’elle aimait, elle mit cela sur le compte de son impatience. Néanmoins, son nez détecta une inhabituelle fragrance. Inhabituelle, mais pas inconnue pour autant.
Cette fois-ci, elle stoppa à son tour, en proie à un étrange trouble.
L’ombre fit un pas, tendant une main amicale. Dans l’esprit de San, une petite voix lui murmurait quelque chose. Cette voix aussi, elle la connaissait. C’était celle d’Akogare. Que disait elle ? Il murmurait trop doucement, elle ne pouvait l’entendre. Et soudain, soudain elle l’entendit, car soudain il cria.

Et il disait : « Fuis. »


_______________________________

Avec lenteur, Akogare releva les yeux. Un glacial frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, avant de lui mordre la nuque. Il y avait bien quelqu’un face à lui. Des jambes. Un torse. Un visage.
Un frisson.

Il le fallait bien. Il fallait bien que ce jour arrive. Oui, il le fallait, mais pas maintenant. Pourquoi maintenant ? Une sourde colère battait ses tempes, sa respiration se fit plus lourde, presque laborieuse.

Maintenant, alors qu’il avait décidé de reprendre les rênes de sa vie vacillante, maintenant, qu’il allait à nouveau goûter aux lèvres de San.
Non.


[???]"Bonjour. Akogare."

Le jeune Hyuuga serra les poings, ses traits se durcissant. Ce sourire insolent, ce regard méprisant.

Les rares personnes debout regardaient la scène. Insolite. Même eux sentaient la tension nouvelle. Et même eux en frissonnaient.

Akogare aurait aimé crier, il aurait aimé courir, courir et supplier San de le pardonner, de le pardonner d’avoir failli une nouvelle fois.
Non. Pas cette fois. Il ne voulait plus jamais avoir le goût des regrets dans la bouche, la douleur glacée qui lui broyait les entrailles par le ressentiment de San.
Non. Plus jamais.


[Akogare]"Il y a longtemps, j’ai promis à quelqu’un de la protéger. Il y a longtemps, je me croyais invincible."

L’autre ne dit rien, dévisageant le jeune Hyuuga qui reprenait, la voix toujours aussi murmurante, toujours aussi faible. La première phrase réellement construite qu’il faisait depuis plusieurs jours. Il était dommage qu’elle ne soit pas pour San.

[Akogare]"Je me suis aperçu que je ne l’étais pas. Mais aujourd’hui, je la tiendrai. Et tu ne pourras rien y changer."

Seuls les gens alentour murmuraient, excités. Personne n’aurait songé à les séparer. C’est l’une des malédictions de l’homme, que d’aimer le sang et d’être lâche.

Mais aussi, parce que l’on n’intervient pas dans les affaires familiales des Hyuuga. Et que l’adversaire d’Akogare était Jineryo, le génie de la famille.

Et parce que le sang coulerait.


Dernière édition par le Dim 29 Oct - 0:14, édité 2 fois
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 30 Avr - 15:20

Jineryo se mit en garde, calmement. Sans le regarder, Akogare le dépassa, en marchant, s’avançant au milieu de la place. Il soupira, en fixant au loin les portes du parc. Il était enchaîné ici, en un combat sans issu, dans l’impossibilité d’aller voir San.
Le jeune homme se retourna. Jineryo le dévisageait. Lorsque leurs regards se croisèrent, il se remit en garde. Akogare lui ferma les yeux, savourant la pluie qui venait lui caresser le visage. Un soutien invisible.

Il se mit également en garde, rouvrant les yeux. Les deux combattants restèrent ainsi, sous le regard avide de plusieurs dizaines de personnes. Le temps s’écoula, lentement, faisant ressentir chaque seconde à Akogare. Autant de temps perdu.
Jineryo amorça un premier pas, prudent. Son adversaire n’y répondit pas. Il s’approchait doucement, sous le regard calme de l’adolescent.
Ce dernier sentait que Jineryo allait bientôt frapper. Sans hésitation, il bondit en avant, légèrement en diagonale, surprenant son adversaire. Un nouveau saut, et son poing s’élança à la rencontre du visage de l’enfant. Il se remit rapidement de son trouble, esquivant l’attaque et ripostant aussitôt.
Mais Akogare était vif, et en une rotation se mit hors d’atteinte.

Les deux combattants se retrouvèrent, encore, et encore, inlassables. Et le temps tournait.

La joue d’Akogare était tuméfiée, suite à un coup de coude particulièrement violent. Le désagréable goût de son sang se répandait dans sa bouche. La sueur embuait son front, rapidement essuyée par la pluie. Ses cheveux collaient à son visage, gênant son champ visuel.
Jineryo se redressa du choc qu’il avait reçu à l’estomac. Et là, Akogare comprit avant même qu’il ne prononce le mot terrible.


[Jineryo]"Byakygan."

Les mortelles veines apparurent, ses pupilles se dilatant. L’adolescent, ne pouvait plus tenir désormais. Mais il ne recula pas. Au contraire, il courut sur son ennemi.
En deux mouvements, son coup fut intercepté. Les doigts de Jineryo s’enfoncèrent dans le ventre de son cousin, lui arrachant un mince gémissement. Un filet de sang s’échappa de ses lèvres entrouvertes. Jineryo lâcha le bras d’Akogare, et d’un même mouvement tourna sur lui-même. Il vit le coup venir, mais son corps fut trop lent à réagir. Le talon de son adversaire frappa de plein fouet le dos de son genou. Un craquement inquiétant brisa le silence relatif de la place, aussitôt suivit d’un hurlement de douleur. Akogare était à terre, une main tremblante l’empêchant de s’écrouler totalement.

Sans pitié, Jineryo poursuivit, profitant de la faiblesse de son cousin. Akogare releva les yeux, juste à temps pour voir le coup arriver. Le choc l’étendit sur le dos, tandis qu’il trouvait la force d’hurler à nouveau. Le tibia de Jineryo avait touché son nez. Et le sang qui s’écoulait de ce dernier, de même que l’insupportable douleur qui le saisissait n’était pas pour le rassurer.
Inépuisable, le sang s’enfuyait, couvrant sa bouche, glissant le long de ses vêtements. Il devait respirer, déjà ses poumons le brûlaient, engloutissant chaque parcelle d’air avec avidité. L’adolescent ouvrit la bouche, où aussitôt le sang s’engouffra. Il le cracha, faiblement, épuisé. Sa tête tomba sur le côté. De la boue. De la pluie.
Du sang et des larmes.

Akogare serra les dents. Il avait promis. Et même si s’était la dernière chose qu’il ferait, il tiendrait sa promesse.
Réprimant un gémissement, il se tourna sur le ventre. Ses mains remontèrent à sa tête, tremblantes, incontrôlables. Elles glissaient sur le sol, il glissait avec elles, rencontrant à chaque fois une boue glaciale, rampant pendant quelques centimètres.
Il sentait son cœur battre d’une panique nouvelle. Son avant-bras se plaça sous son corps, et forçant sur sa jambe valide, Akogare parvint à se remettre à genoux. Il entendit, dans son dos, courir Jineryo. Le jeune homme tourna, à l’aide de la boue, juste à temps pour placer son bras devant sa tête, stoppant net le coup. Il repoussa son jeune cousin, frappant le nerf qu’il savait le plus gros, le nerf sciatique. Jineryo grimaça douloureusement, avant de se dégager pour se reculer précipitamment.

Il n’y avait nul appui autour d’Akogare. Serrant une nouvelle fois les dents, il se redressa en appuyant sur sa jambe droite. Même debout, il chancelait. Il passa une manche sur son visage, épongeant la boue qui s’y était logée. Il savait que le duel était déjà terminé, il savait qu’il avait déjà perdu. Un bras pratiquement brisé, un nez cassé, un genou déboîté, et le corps tremblant comme une feuille morte, il ne pouvait plus tenir.

Jineryo courut à sa rencontre. Akogare avait compris sa triste stratégie. Et cela le terrorisait. Son cousin frappa du plat de la main son thorax, le projetant en arrière, mais avant qu’il ne chute, il serra son poing autour de son gilet, le ramenant brutalement à lui. Il sentit Jineryo se positionner derrière lui. Il ferma les yeux. Le coup ne tarda pas, vertical, sur son genou valide.
Il tomba lourdement sur ces derniers, déclenchant une nouvelle vague de douleur. Le pied du jeune Hyuuga frappa le dos d’Akogare, le renvoyant au sol.

La tête lui tournait, il était épuisé, et en colère devant sa totale impuissance. En colère. Un sentiment qu’il n’avait plus ressenti depuis longtemps. Il était obligé de respirer la bouche ouverte, inspirant le plus d’air possible pour calmer ses poumons.
Jineryo s’était à nouveau reculé. Le jeune adolescent resta un moment au sol. Une énergie nouvelle prenait place dans son corps endolori, dans son corps brisé.
Difficilement, tremblant et crachant, il se redressa. Tout son poids reposait sur sa jambe gauche, celle qui selon lui allait le mieux. Il respirait lourdement, son buste suivant ses mouvements cardiaques. Il secoua la tête, envoyant perler du sang, de la boue, des larmes.

Akogare releva les yeux, croisant ceux de Jineryo. Il allait attaquer à nouveau, inlassable et incorruptible.
Il ne le laisserait pas faire.
Vacillante, sa main se porta devant ses lèvres fendues. Il sourit, avant de murmurer ce mot redoutable.


[Akogare]"Byakugan."

Il y eu un instant de flottement. Akogare avait fermé les yeux. Lentement, dans son esprit, se réveillait cette froide entité. Elle semblait s’étirer langoureusement. Akogare découvrit avec un étrange plaisir que l’Ombre qui hantait ses nuits n’était pas partie. Elle était là, aux côtés de son Byakugan.

[Ombre]"Akogare... Je crains que tu ais fait une erreur. Je peux demander à ton don de repartir."

Akogare lui sourit. Mais tendit sa main, paume ouverte. Le Byakugan s’en approcha et posa un doigt joyeux dessus, avant de le retirer prestement.

[Ombre]"Tu n’es pas en état, Akogare. Ton corps n’est plus qu’une vague épave. Si tu invoques ton don, ton don branlant, il te consumera."

Le Byakugan regarda l’Ombre, puis Akogare. Il attendait. Il attendait la réponse d’Akogare.

[Akogare]"Si je veux tenir ma promesse, je dois le faire. Et je veux la tenir. Prend ma main."

Le Byakugan la saisit, sans hésiter davantage.

Immédiatement, la douleur le foudroya. Il mit un instant, avant de se rendre compte qu’il hurlait. Il était sur les genoux, les mains serrées autour de sa tête, qu’il frappait sur le sol. Un gémissement inarticulé l’agita à nouveau, alors qu’une nouvelle vague de douleur le submergeait. Il releva la tête, juste pour laisser s’échapper le sang qui s’agglomérait dans sa gorge.
La douleur se logeait dans son ventre, lui broyant estomac et entrailles remontant douloureusement vers sa tête. Il n’entendait plus rien, mis à part ses tempes qui battaient violemment.

D’interminables minutes s’écoulèrent. Akogare n’avait plus la force de crier, et pourtant, il ne s’évanouit pas. Son Byakugan se retira à temps, laissant le Hyuuga exsangue, étendu en position fœtal dans la boue. Incapable de formuler une pensée cohérente, son esprit encore percé par de multiples morsures de douleur.
Il resta au sol, sanglotant d’invisibles larmes, des spasmes l’agitant comme une poupée de chiffon. Une main lui effleura le visage. Laborieusement, il ouvrit les yeux. Akogare mit plusieurs secondes avant de trouver le visage de la personne qui était au-dessus de lui, et plus encore à se souvenir de son nom.

C’était Jineryo.


[Jineryo]"Je crois... Que tu ne parviendras pas à tenir ta promesse cette fois-ci. Mais… Tu aurais mérité d’y arriver."

Le jeune Hyuuga se releva, et après un dernier regard à son cousin brisé, quitta la place.

Akogare ne bougea pas, seul, enfoncé dans une boue réconfortante. Il avait du mal à respirer, sporadiquement, son cœur lui-même tremblant du choc reçu. L’adolescent pouvait le sentir. Il pouvait sentir sa vie s’enfuir de son corps, de son esprit.
Elle partait, elle partait vers le parc.
Akogare gémit, tournant sur le dos. La pluie avait redoublé, lui lavant pudiquement son visage maculé. Un cercle de curieux s’était peu à peu formé, obscurcissant ce nébuleux ciel, le fixant comme une bête exposée.

Pourquoi ?

Pourquoi, maintenant qu’il avait vu le soleil déchirer les nuages ?

L’amour. Il ne s’en était jamais aperçu réellement, mais de tout ce qu’il avait accompli, ce fut la chose la plus dure. Et, il ne l’avait pas accompli seul. Cette chose sauvage, jeune, et imparfaite avait donné naissance à l’une des plus pure chose qu’il ait pu voir.
Cette chose, qu’il avait promit défendre.

Avec lenteur, il redressa son buste. Immédiatement, il fut prit de vertiges. Sa tête tournait, ses quelques pensées en lambeaux s’entrechoquant avec violence. La foule s’écarta, visiblement surprise que le jeune Hyuuga bouge encore. Il avait les yeux fermés.

Un insidieux doute en profita pour venir infiltrer l’esprit d’Akogare. Peut-être, peut-être seulement, qu’une autre solution existait ? Non. Si il avait poursuivit le combat, il aurait été impuissant.

Un papillon gris. Un papillon sans ailes.

Mais, il connaissait son Byakugan. Au-delà de la douleur insupportable qu’il dégageait en entrant en activité, il n’entravait pas les mouvements une fois le corps remit du choc. Cependant, Akogare ne pouvait nier que son don avait fait d’énormes dégâts. Il le sentait, comme un égouttement au cœur même de son corps. Comme si il fondait de l’intérieur.

Sa tête s’inclina vers les cieux. Et il ouvrit les yeux.

Une silencieuse prière à son Byakugan bâtard.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 30 Avr - 15:21

Un cri.

La jeune fille reculait, mais comme prisonnière d’un impitoyable étau, elle ne pouvait s’échapper. Dans sa tête résonnait toujours l’impérieuse injonction. Elle aurait tant aimé y obéir. Fuir, fuir la vie, fuir la mort.
Impossible.
Elle hasarda une maladroite esquive, mais son adversaire était trop puissant, trop expérimenté pour elle. Avec le soutien de la surprise, il avait déjà réussi à porter une redoutable attaque. Il avait posé ses doigts sur les tempes de la jeune fille, et elle avait senti son corps se raidir face à cette agression, à ce toucher redouté.

Elle pleurait, ses larmes se joignant au mince filet de sang qui glissait le long de son menton. Instinctivement, elle savait qu’une nouvelle attaque serait fatale. Alors, elle fuyait. Et lui, lui jouait avec elle, cruel chasseur, glacial traqueur.
Impitoyable.
Elle le repoussa, une nouvelle fois, une dernière fois, frêle et seule, épuisée de ce combat inégal. Ses yeux étaient embués de lourdes larmes. Tout s’écroulait. Son monde, sa vie. Une sourde colère montait en elle, alimentée par la frustration due à son impuissance. Pourquoi ? A cette simple question, aucune réponse ne vint se coller, car aucune réponse n’existait. Elle reculait, et lui avançait, il n’y avait rien d’autre à comprendre.
Implacable.
La jeune fille tourna les yeux vers ce qui aurait dû être le lieu d’une réconciliation. Des arbres embrumés, un lac paisible, quelques rares animaux. Cela aurait pu être si beau.
Une main remonta le long de son flanc, caressant son corps tendu, la poussant légèrement. Elle s’arrêta sur ses tempes.


[ ???]"C’est terminé."

Une pause.

[???]"Je suis désolé."

Les larmes de la jolie jeune fille coulèrent, cette jolie jeune fille aux yeux ambrés, qui se dressait seule face à son terrible adversaire au regard blanc.
La seconde main de l’homme se plaça près de son autre oreille. Elle tremblait. Les doigts de l’homme s’éclairèrent d’un vague halo bleuté. C’était chaud. Elle ferma les yeux.
Inutile de lutter.

Un éclair. Une explosion bleue.

San fut soufflée, reculant de quelques pas. Son oreille droite bourdonnait, elle secouait la tête, des flashs noirs l’aveuglant. Un peu de sang coula le long de son lobe, sa main se posa dessus.
Une ombre tremblante, indistincte, se dressait devant elle tandis qu’elle rouvrait lentement les yeux. Elle le devinait de profil, récupérant lui aussi de la violente onde de choc, sa propre main posée sur l’avant-bras de l’homme. Visiblement, il avait pris le coup de plein fouet.
San clignait des yeux avec force, pour tenter de récupérer une vision normale. Celui qui fut son adversaire frappa à nouveau l’homme de profil, par deux fois, qui ne parvint à éviter le coup. Ou plutôt, il n’essaya même pas. Elle le vit être propulsé contre elle.

Un choc.

Son dos était douloureux, après avoir trouvé un tronc d’arbre salvateur, et ses côtés broyés par le poids de l’homme serré contre elle. San entendait sa lourde respiration, erratique. Elle sentait sa poitrine se soulever contre la sienne, essoufflée, épuisée de devoir battre encore. Elle avait les bras autour de la taille de l’homme, un liquide épais lui coulant sur la peau. Elle secoua la tête, ses yeux récupérant de leur assiduité habituelle.

San tourna les yeux vers la tête de l’homme qu’elle devinait posée sur son épaule.
Des cheveux bleus, maculé de sang et de boue.
Elle sentit sa poitrine s’agiter plus rapidement, poussée par un jeune cœur amoureux. Une main tremblante se leva, alors qu’elle secouait la tête, ses larmes coulant à nouveau, creusant de profonds sillons sur sa peau souillée.
Du bout des doigts, elle effleura ce visage si connu, ce visage qu’elle pensait ne plus revoir que dans son esprit. Ce visage sanglant.
Un mince sourire, à peine une ombre, l’éclaira. L’adolescent fit alors l’effort d’ouvrir les yeux, de les ouvrir pour redécouvrir la jeune fille qui le tenait dans ses bras délicats.
Ses beaux yeux blancs, dans lesquels habitait encore une petite étincelle.

Ses mains étaient serrées autour des hanches de San. Akogare releva la tête, difficilement. Ses lèvres effleurèrent celles de San, incapables de lui donner un baiser. Elles étaient humides, salées et sucrées. La jeune fille l’embrassa à sa place, ses lèvres tremblantes, agitées de hoquets. Elle retira sa tête, contemplant le Hyuuga.
De nouvelles larmes coulèrent, elle due se mordre pour s’empêcher de crier.

Akogare n’avait pas prit le temps de se regarder. Le Byakugan, en traversant son corps, avait ouvert plus largement encore les multiples plaies du jeune homme.
Il était mourant, et pourtant se dressait encore devant son ennemi, porté par son seul courage, par son seul amour. Il avait encore la force de sourire.
Sa bouche se porta l’oreille de San. L’odeur âcre du sang se dégageait de l’ensemble de son corps, comme une insupportable aura, comme un drap funèbre.


[Akogare]"Tu le feras… Encore."

Il se recula, dévisageant en souriant la jeune fille. Son esprit était embrumé. Elle ne voyait plus que la personne qu’elle aimait plus que tout mourir devant elle, se retourner en lui lançant un dernier regard. Se retourner, pour faire face à son parent, se retourner, pour la protéger elle.

Il avait la tête basse, tentant de récupérer ce souffle qui lui manquait et qui se refusait à lui. Ses cheveux bleus battaient mollement devant ses yeux, cachant pudiquement son visage douloureux. Enfin, il redressa la tête, fièrement, croisant le regard de son bourreau. Haraguoi.
Il ouvrit la bouche, sa langue râpeuse se décollant avec difficulté de son palais sec.


[Akogare]"Je tiendrai ma promesse." Il prit une pause. Sa voix tremblait, rauque et mal assurée, comme si elle avait été inusitée depuis plusieurs années. "Même si je dois bafouer la seconde."

Il ne prononça pas le terrible mot, certainement parce qu’il ne voulait pas lui-même l’entendre.
Le coup que lui avait donné Haraguoi avait presque touché sa tempe. Il savait qu’il ne le lui avait pas donné avec la volonté de le tuer. C’était juste un malheureux réflexe. Jamais, il n’avait aussi bien senti son corps. Il sentait chaque goutte de son sang s’enfuir, chacun de ses os souffrir, chacun de ses muscles gémir.
Son esprit était clair, tout comme sa vision. Clairs, avant de chuter.


[Akogare]"Pars."

Il chancela sur San. Parler était épuisant. Elle sentait son corps lourd s’écraser peu à peu contre le sien. Il gardait les yeux ouverts, repoussant l’ombre qui voulait lui accorder un douloureux baiser, lui voiler son regard.
San était muette, tremblante. Ses pensées ne pouvaient retranscrire ce qu’elle ressentait, le trouble qui la submergeait. Un monde qui s’effondre, un rêve qui se brise, et de ses doigts délicats, elle maintenait tout cela.


[Akogare]"Haraguoi… Je t’en pris."

Il murmurait. Le Hyuuga fixait ce couple, ce couple unit dans la mort. A cet instant, à cet instant précis, le doute envahit son cœur. Ils avaient échoué. Incapable de briser un amour, il avait brisé deux vies. Et pourtant…
Haraguoi hocha la tête, avec une lenteur mortuaire, comme lorsque l’on rend hommage à un défunt. Aujourd’hui, il ne terminerait pas son obscure besogne. Sans un mot, il s’enfonça dans le brouillard qui consentait encore à cacher cette tragédie aux yeux des autres.

Akogare tomba à genoux. San avec lui.

Le sang continuait de s’écouler, inlassable flot, indicibles larmes. Une mare rougeoyante se formait sous lui, lentement absorbée par la terre vorace. San passait doucement ses doigts dans les cheveux collant de boue du Hyuuga. Malgré elle, elle souriait.
C’était la première fois depuis plusieurs jours qu’ils se caressaient.
Une sanglante étreinte.

La jeune fille posa ses lèvres sur la bouche d’Akogare, sans toutefois s’y engouffrer. Elle savait qu’il n’en avait plus la force. L’adolescent enlaça San, la rapprochant encore un peu plus de lui, ses gestes plus brusques, moins assurés. Elle avait la tête enfoncée dans le creux de son épaule, comme elle faisait le soir pour trouver le repos.
Elle entendit la grondante voix d’Akogare, rauque, faible. Elle aurait aimé lui dire de se taire, de ne pas gaspiller ses quelques forces, mais égoïstement, elle se tut, pour profiter un peu plus de ce son précieux.


[Akogare]"J’ai cru t’avoir perdu."

San sourit, avant de se redresser. Sa main était posée sur la plaie béante qu’il arborait sur le flanc. Une vieille blessure, qui s’était rouverte. Elle quitta des yeux le regard décoloré de son ami, pour regarder alentour, pour chercher de l’aide.
Au milieu des cerisiers éplorés, elle vit un jeune enfant. L’adolescente se souvenait de lui, en flashs épars, confus. Il était au parc il y a quelques temps, le jour même où Akogare a découvert son Byakugan.

Avant qu’elle n’ouvre la bouche, il s’enfuit. San tenta de se lever, mais la main encore ferme du Hyuuga la retint. Alors elle s’agenouilla à nouveau, le cœur pincé à l’idée de cet espoir enlevé. Le sourire d’Akogare dissipa ses pensées.
Lentement, il se laissa choir dans la fraîche rosée matinale. San le rejoint, se serrant contre lui, absorbant le sang qui coulait sur sa robe blanche.
Le Hyuuga appuya se tête sur celle de San. Cette douce fragrance, ce délicat parfum printanier. Il se souvenait maintenant combien il lui avait manqué.

Ils restèrent étendus, sans un mot, sans un murmure, communiquant uniquement par leurs corps entrelacés. Akogare sentait avec plaisir le souffle chaud de San contre son cou, ce souffle qui lui avait manqué.
Les minutes filèrent, le temps s’écoula, chantant mélancoliquement. San se redressa. Quelque chose, un bruit indistinct tout au plus, venait perturber cette douce quiétude. Au loin, tandis que le soleil prenait un peu plus ses aises dans un ciel nu, des formes se mouvaient. Avec grâce et rapidité, elles s’approchaient. La jeune fille ne pouvait se lever, ses côtes l’élançaient avec trop de violence, et ses paupières se fermaient. Il y avait encore ce bourdonnement, dans sa tête.

Elle s’écroula sur la poitrine d’un Akogare endormi.

Rouge et blanche. Une virginité volée.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 30 Avr - 15:22

Des lumières. Tristes et monotones. Avec peine, ses yeux s’ouvrirent à ce monde, à cette vie qu’elle avait fuit. Elle tentait de se rappeler.
Ses yeux s’élargirent, et San se redressa avec hâte. Elle fut immédiatement projetée sur le lit, sa côte s’embrasant. Avec une grimace, elle passa les doigts dessus.
L’adolescente observa la chambre dans laquelle elle reposait, ses yeux ambrés cherchant de flamboyants cheveux bleus.

Rien.

Elle se renfonça dans le matelas. Drapée d’une tunique uniformément blanche, jamais on aurait pu la croire trempée de sang. Plus aucune trace d’Akogare sur elle, à peine une image floue et frissonnante.

Le silence de la pièce était troublant, uniquement perturbé par le son continu d’un néon mal réglé. San détacha les fils qui étaient attachés à ses bras dénudés. Son cœur frémissait, le doute et la peur lui nouaient la gorge, ses doigts tremblaient. Elle ne pouvait plus attendre.

San s’en voulait terriblement. Même si cette pensée ne l’accablait pas encore, au fond d’elle-même, elle se haïssait. Elle haïssait ce corps faible, cet esprit corruptible qui était le sien.

A petit pas chancelant, vêtue d’une courte robe d’hôpital, elle déambulait dans les couloirs, laissant ses pieds la guider. Elle s’appuyait sur le mur, essayant de solliciter le moins possible son côté blessé. Des éclairs lumineux passaient parfois devant ses yeux, la forçant à s’arrêter, à reprendre son souffle. La jeune fille tomba deux fois, s’égorgeant le genou, mais elle se redressait et poursuivait.

Accueil. Le mot la fit sourire. San quitta le mur bienveillant, pour s’aventurer dans le dangereux vide. Elle manqua glisser sur ce sol qui paraissait si fragile, mais parvint à s’appuyer sur le comptoir.
L’infirmière de garde la dévisagea un instant, avant de faire le tour pour lui toucher le bras.


[Infirmière]"Euh, Mademoiselle ?"

San soupira, et releva la tête. Dans un murmure, elle parvint à souffler.

[San]"Akogare. Hyuuga. La chambre."

L’infirmière tourna les yeux alentour, cherchant un regard secourable. Elle se passa une main dans les cheveux, avant de refaire le tour du comptoir pour se saisir d’un volumineux livre.

[Infirmière]"Vous devriez retourner vous coucher. Si vous êtes celle qui était avec le Hyuuga, votre état est loin de vous permettre de vous déplacer."

Un silence ponctué du bruit de papier manipulé s’installa. Les paupières de San se fermaient, mais elle faisait l’effort de rester éveillée. Finalement, l’infirmière ferma le livre.

[Infirmière]"Vous êtes sûre de vouloir y aller ? Un peu de repos serait plus judicieux."

San ne répondit pas, ses yeux plantés dans ceux de la jeune femme. Cette dernière haussa finalement les épaules, saisissant le bras de l’adolescente pour la mener à la chambre tant désirée.

L’infirmière ne demanda pas son reste, retournant en vitesse à son poste sans s’occuper plus avant de San, la laissant devant la porte close. Après deux essais infructueux, elle parvint à tourner la poignée et à s’engouffrer dans la pièce. Son esprit commençait à se réveiller, mais c’était pour mieux lui demander du repos.

Des yeux surpris se levèrent à son entrée. San, elle, resta interdite sur le pas de la porte, son regard ayant trouvé le lit tant redouté.
Une main douce lui saisit le poignet, une voix lointaine naquit, peinant à se faire entendre dans le tumulte intérieur de San. Elle tourna des yeux vides vers l’origine supposée.


[Infirmière]"Tu t’es perdue ? Viens, je te ramènes."

Sans ménagement, et faisant preuve d’une force oubliée, l’adolescente repoussa la jeune femme. Son cœur cognait plus rapidement, lui martelant de toute sa jeune force la poitrine.
Elle fit un premier pas mal assuré, un second, puis un troisième, chancelant. Au quatrième, elle glissa, rattrapée par l’infirmière.


[Infimière]"Je la ramène."

Tandis qu’elle se dirigeait vers la porte, une voix la stoppa.

[Médecin]"Attendez."

L’homme qui venait de parler quitta un instant ses notes, pour se diriger vers la scène. Ses yeux s’attardèrent sur San, qui continuait de pousser sa gardienne, de plus en plus faiblement, les yeux mi-clos.
Il hocha finalement la tête, comme si une conclusion s’imposait.


[Médecin]"Laissez-la."

L’infirmière soupira.

[Infirmière]"Cette fille a besoin de soins. Il n’y a pas de place ici."

L’homme prit la seconde main de San. La jeune fille se penchait pour pouvoir apercevoir la chevelure bleue.

[Médecin]"Ecoutez, j’ai fait parti de l’équipe de secours. Quand je suis arrivé, ils étaient enlacés, souriant presque. Les séparer n’est pas une bonne idée."

Plus bas, il murmura, pour lui-même.

[Médecin]"De toute manière, nous pouvons bien leur accorder ça. Au moins ça…"

L’infirmière grimaça, puis finalement lâcha le poignet de San. La jeune fille déséquilibrée tomba en avant.

Elle se retrouva assise sur un tabouret bancal, devant le lit d’Akogare. Ses yeux n’eurent pas de mal à rester ouvert cette fois-ci. Il avait un masque respiratoire autour de la bouche, une poche d’air au-dessus de sa tête se contractant plus ou moins régulièrement. Il était torse nu, de longs bandages lui enserrant l’ensemble du corps. Elle pouvait deviner les dents serrées du Hyuuga. Elle passa lentement sa main sur le bras d’Akogare. Elle se souvenait. C’était avec ce bras qu’il avait arrêté le coup qui lui était destiné. Les larmes se pressèrent à nouveau, une douloureuse plaie encore à vif. En secouant faiblement la tête, elles s’écoulèrent avec douceur, témoins innocentes de la douleur et du vide qui s’étaient emparés de l’adolescente.

Le médecin murmura des indications à l’infirmier de charge, puis se plaça aux côtés de la jeune fille, contemplant également le corps inerte.


[Médecin]"Nous allons vous installer un lit."

Il hésita, mais ne poursuivit pas. La jeune fille n’avait pas les capacités d’entendre ce qu’il avait à dire. Elle resta là, à tenir la main figée d’Akogare, tandis que les infirmiers plaçaient un nouveau lit dans la large pièce.
Ses yeux se fermaient à son insu. San ne voulait pas s’endormir, elle voulait continuer à regarder ce visage, ce corps.

Le médecin lui toucha légèrement l’épaule, elle sursauta.


[Médecin]"Allez dormir. Vous en avez autant besoin que lui."

L’adolescente douta un instant, avant d’hocher la tête et de se relever. De ses doigts, elle effleura le visage d’Akogare, caressant le contour de sa mâchoire. Son pouce traversa les lèvres froides du Hyuuga, puis frôla légèrement sa joue.
C’était le geste qu’elle faisait, pour lui dire silencieusement qu’elle l’aimait.

Un dernier sourire.


Dernière édition par le Lun 1 Mai - 21:17, édité 1 fois
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 30 Avr - 15:23

Noir.

Triste monde.

Il était seul. Seul, dans l’ombre. Une tâche de lumière, bleue et blanche. Il tournait sur lui-même, cherchant à se repérer. Son corps était léger, bien loin de l’état dans lequel il l’avait quitté. C’était un monde de silence.

Non. Il y avait bien ce bruit, lointain. Comme une goutte qui tombe, inlassablement, une autre reprenant la tâche de la précédente en une agréable éternité. Le jeune homme dirigea ses pas vers ce point. Il fut surpris de ne pas chanceler, de ne pas avoir peur de tout ce noir, de ce vide sans fond ni fin.

Il n’aurait su dire combien de temps ses jambes le portèrent. Aucune fatigue dans ses membres anciennement éprouvés. Alors, il continuait.
Le bruit se rapprochait, toujours régulier, toujours apaisant. Au loin, se formaient les prémices d’une gigantesque étendue d’eau lumineuse. Par réflexe, l’adolescent regarda en haut, s’attendant à voir une quelconque source de lumière.
Il n’y avait rien, juste du noir.

Le jeune homme parvint à la berge d’un lac. Il s’agenouilla, passant ses doigts sur la surface. Il les retira dégoulinant d’eau.
Lieu étrange.


[Ombre]"Bonjour, Akogare."

L’adolescent se retourna, calmement, quoique légèrement surpris de ne pas être seul. Akogare. Oui, c’était bien lui. L’Ombre se dressait devant lui, droite et fière, le contemplant de ces yeux rougeoyants.
Lentement, il se redressa.


[Akogare]"Bonjour.."

Il fut également surpris de pouvoir parler. L’Ombre lui sourit. C’était un étrange spectacle. Comme dans ses rêves, comme dans ces que sa mémoire n’avait pas occulté, elle était légèrement brumeuse, son visage dissimulé sous une nappe de brouillard.

[Ombre]"Je ne pensais pas te rencontrer ici. Ah, quelle merveilleuse tragédie !"

Elle se rapprocha de lui. Akogare sentit un contact glacial sur son avant-bras, et il suivit l’Ombre.
Il se mordit la lèvre, et souffla.


[Akogare]"Justement… Où sommes-nous ?"

L’Ombre s’arrêta, tournant la tête vers lui. Ses yeux le détaillaient, comme si il cherchait un improbable humour sous cette question.
Un faible rira l’agita.


[Ombre]"Tu es sérieux ? Tu ne sais pas quel est ce lieu ?"

Akogare fronça les sourcils, en hochant négativement la tête. Le rire de l’Ombre s’amplifia, lui rappelant de douloureux souvenirs. Théâtralement, elle ouvrit les bras, pivotant sur elle-même pour mieux englober toute l’étendue de vide qui les entourait.

[Ombre]"Je pourrais dire, pompeusement certes, que tu es chez moi. Dans ma demeure. Mais, la vérité est légèrement différente."

Elle lui toucha d’un doigt vaporeux le front.


[Ombre]"Nous sommes quelque part ici. N’aie pas peur du vide, pour y avoir vécu, je peux te dire que c’est par moment trop plein."

Nouveau rire. Elle semblait presque joyeuse d’avoir de la visite. D’avoir la visite du maître des lieux.

[Ombre]"Ici, c’est un peu une sorte d’antichambre. L’entrée des artistes en somme. Mais viens, suis moi, il faut que je te présente quelqu’un."

Un instant, Akogare se demanda si il devait suivre celle qui avait été son bourreau des nuits durant. Sans savoir pourquoi, il se souvenait parfaitement de l’Ombre, alors même que des pans entiers de sa vie lui échappaient. Il était pour le moins déstabilisé de son entrain bon enfant, de sa joie.
Le Hyuuga emboîta néanmoins le pas rapide de l’Ombre, curieux de voir un autre visage.

Ils marchèrent longtemps, une marche ponctuée de quelques remarques. Au fil du voyage, le brouillard qui enveloppait l’Ombre se dissipait. Les traits d’un visage masculin se dessinaient peu à peu, des traits de guerriers, marqués de coups. Il était vêtu d’un manteau. Ils arrivèrent devant une porte, gigantesque, barrée de fer. D’un geste nonchalant, sans même la toucher, l’Ombre ouvrit la porte. Elle tourna la tête vers Akogare, et plaça un long doigt effilé devant ses lèvres closes. Avec une grâce silencieuse, elle s’engouffra, aussitôt suivie du Hyuuga.

L’adolescent cligna des yeux, surpris par la vivacité de la lumière qui se dégageait de cette nouvelle pièce. Une douce lumière bleutée, comme il imaginait la glace et la neige. Il se sentait presque coupable de pénétrer dans tel monde, de fouler de ses pieds cette beauté glaciale. L’Ombre se dirigeait vers ce qu’il semblait être un large lit.

Akogare contemplait ce lit blanc. Une jeune femme y était couchée, endormie dans la fraîcheur ambiante, dans une retraite hivernale. Il se surprit à la trouver belle. Drapée d’une vaporeuse robe blanche, qui soulignait le contour de ses courbes, elle avait une peau étrangement blanche, presque sans nuances rosée. Des cheveux mauves encadraient son ravissant visage, une mèche plus téméraire que les autres barrait même l’une de ses joues. Elle avait les traits fins, délicats, sculptés avec amour et passion.

L’adolescent la dévisageait. Il lui semblait, impression diffuse, la connaître. Il quitta des yeux la magnifique jeune femme, pour rencontrer le regard de l’Ombre. Elle lui sourit, une nouvelle fois, mais ne dit rien, s’écartant même de quelques pas.
Akogare avança une main hésitante vers elle, et la posa sur le lit juste avant d’effleurer le bras dénudé. Troubler ce repos lui semblait être un sacrilège, un ineffable péché.

Et pourtant, il lui caressa le bras, doucement. Ses doigts remontèrent, comme guidés par une invisible main, une volonté autre, jusqu’à lui toucher le menton, les lèvres, le nez, le front. Il fut tenté, tenté seulement, de poser ses lèvres sur les siennes. Mais il fit la jeune femme cligner des yeux, sans toutefois les ouvrir. Elle s’étira, câline, ses bras quittant l’ombre de son corps pour saisir cette délicieuse main qui venait la réveiller.
Elle tourna son charmant visage vers Akogare, un sourire heureux aux lèvres, et ouvrit les yeux.

Deux iris rouges, brillants, dans lequel il discernait son tremblant reflet.


Elle s’assit sur le bord du lit, balançant faiblement ses jambes nues, ses yeux ne quittant pas Akogare. Elle posa sa tête contre son torse, et il sursauta en entendant son délicat murmure, sa voix céleste.

[???]"Je te connais."

Sans même s’en apercevoir, il lui caressait les cheveux, tandis qu’elle fermait les yeux, perdue contre le torse du garçon. Avec un sourire, elle sauta du lit, passant un doigt sur le nez d’Akogare et, riante, elle s’écarta, flânant dans sa chambre azurée. Elle avisa l’Ombre, et lui sourit.

[Akogare]"Je crois que moi aussi."

La jeune femme tourna les yeux vers lui, puis hocha la tête. Elle se rassit sur le lit, l’invitant à faire de même.

[???]"Je me demandais si tu viendrais."

Elle se mordit la lèvre, la rendant soudainement plus attirante encore, puis murmura.


[???]"Désolée."

La voir triste fit mal au cœur d’Akogare. L’Ombre s’était déplacée, se tenant à quelques pas de l’étrange couple.

[Ombre]"Tu n’as pas à l’être Tenshi. C’était son choix."

Le regard d’Akogare passait de l’un à l’autre, hagard. L’Ombre tourna son attention vers lui. Visiblement, elle se demandait comment formuler subtilement la phrase.


[Ombre]"Tu dois te demander pourquoi cette jeune femme t’attire."

Une subtilité relative.

[Ombre]"Tes esprits ne sont pas encore assemblés. C’est bien normal, me diras-tu. Il faut du temps."

Du regard, elle interrogeait Tenshi, qui gardait un silence serein. La tristesse n’avait pas encore tout à fait délaissée ses traits séduisants.

[Ombre]"Je ne peux donc pas t’en dire plus, pour le moment. Tu n’es pas réveillé. Cela viendra, peu à peu, ne t’en fais pas. Tu te souviendras de choses douloureuses, ou heureuses. Je n’envie pas ta place, Akogare. Car, dans ta courte vie, il n’y a pas eu beaucoup de moments heureux."

L’Ombre se tourna.

[Ombre]"Prépare toi à avoir mal, Akogare. Mais, sache que nous serons là pour te soutenir."

Elle quitta d’un pas tranquille la salle, sans un regard en arrière. Akogare avait les yeux dans le vide. Il se souvenait de quelques fragments, et il ne savait pas si il avait envie de découvrir le reste. La douleur effraye, lorsque l’on peut l’éviter.
Tenshi passa ses doigts sur la main du jeune homme, la lui saisissant tout en se levant.
Un amer sourire étirait ses lèvres.


[Tenshi]"Viens. Il faut que tu sortes d’ici, Akogare. Ce n’est pas un lieu pour toi."

Le garçon hocha la tête. La jeune femme le tira hors de sa chambre, mais avant de franchir le pas de la ténébreuse porte, Akogare se tourna. Des images d’une beauté sans amour. Des images de bleu et de blanc. De ciel et de neige. Une beauté figée, endormie.
Une voix douce le tira de sa rêverie.


[Tenshi]"Ce n’est pas un lieu pour toi."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 1 Mai - 21:21

Le monde noir de l’antichambre se dissipa peu à peu, pour laisser place à une foisonnante place colorée. Jamais Akogare n’aurait pensé son esprit aussi lumineux, aussi joyeux. Les mêmes couleurs se répétaient souvent, jaune, rouge, pourpre, bleu, ou encore ambré, en une kyrielle de nuances.
Tenshi marchait à ses côtés, curieuse de tout. Quelque chose lui disait que jamais elle n’était sortie de son cocon confortable, de son cocon azur. Elle ne cessait de se tourner vers Akogare, de le questionner sur ce qu’elle voyait, sur ce qui apparaissait. Et lui, lui était incapable d’étancher cette soif de connaissance, car lui-même n’en savait rien.

Il se souvenait parfois d’un détail, insignifiant la plupart du temps. L’Ombre lui avait avoué à demi-mot qu’il avait été un guerrier, mais que l’essence même de sa vie se situait plus loin. Ce n’était pas cela le point culminant de son existence. L’Ombre semblait en savoir beaucoup plus que ses deux compagnons.

Dans cette luxuriante forêt de couleurs, un sentier pavé s’enfonçait. Le petit groupe progressait le long de ce mince chemin, prenant garde à ne pas aller se perdre dans quelques anciens souvenirs. Il y avait quelque chose de personnel, une aura d’intimité qui entourait les lieux.


[Ombre]"Nous sommes dans ce que j’appelle la Croisée des Mondes. Ce ne sont pas encore véritablement tes souvenirs. Ce sont plus des sentiments, des sensations, qui nourrissent les souvenirs en eux-mêmes."

Elle s’arrêta au milieu du sentier. Le paysage changeait subtilement, par petites touches. Tenshi regardait autour d’elle, remarquant que trois sentiers s’offraient à eux. Celui de droite attirait le regard, immédiatement, de par sa richesse, sa grâce indiscrète, sa beauté sauvage.
Les deux autres étaient moins clairement distinguables. Plus modérés dans leur aspect, plus réservés. Celui de gauche fit frissonner Akogare, sans qu’il n’en sache la raison. Il était à la fois magnifique et terrifiant, désirable et repoussant. Celui qui leur faisait face était le plus riche en formes, en couleurs, en courbes. Impossible de savoir ce qu’il représentait exactement, mais il devait être le plus long, le plus sinueux.

Akogare consulta du regard l’Ombre. Cette dernière garda un silence serein. Le jeune homme tourna sur lui-même, regardant le chemin qu’il avait parcouru.


[Akogare]"Qui êtes vous ?"

Il y eu un moment de flottement. Akogare se retourna, ses yeux fixant l’Ombre.

[Ombre]"Je trouvais étrange que tu ne me l’ai pas demandé avant. Je pensais que tu te souvenais de moi."

[Akogare]"Je me souviens de vous. Dans mes rêves. Il y a… Je ne sais plus quand. C’était.. douloureux."

L’Ombre hocha la tête, faiblement, comme désolée de ce souvenir. Puis, un murmure, comme celui qu’elle avait dans ses rêves, quitta sa gorge. L’armure de brume qui l’entourait s’était depuis longtemps volatilisé, mais son aspect n’avait à aucun moment aguillé le jeune homme.

[Ombre]"Oui, je n’ai jamais eu l’occasion de t’expliquer les raisons de mes actes. C’était des mises en garde. Des mises en garde pour quoi, tu le découvriras. Concernant mon identité…" Ses yeux se tournèrent vers Tenshi, qui lui sourit, hochant la tête, comme un acquiescement muet. "Je me nomme Raunen. Comment je suis arrivé ici, dans ton esprit, je ne peux te le révéler. Pas encore, ou jamais, peu importe. Maintenant, choisis."

Ainsi, l’Ombre avait même un nom. Etait-il là depuis la naissance du garçon ? Il ne pouvait le dire, et en vérité cette question ne le perturbait pas, assez étonnamment. Raunen le fixait, curieux de sa décision. Le sentier de droite était passionnant, par la sensation de vitalité, de bonheur extatique qui s’en dégageait. Néanmoins, son cœur lui chuchotait que même si s’était là que dormaient les plus belles choses, il ne fallait pas les réveiller maintenant. Ne pas les réveiller, car il ne les comprendrait pas. Et ne les supporterait pas.

[Akogare]"Je crois… je crois que c’est dans le chemin du milieu où il faut que j’aille en premier."

Raunen sourit avant de s’y engager en premier. Akogare se sentait étrangement en sécurité, aux côtés de ce mystérieux personnage et de la magnifique jeune femme. Il se sentait comme intouchable, immortel en quelque sorte. Entier.

La piste s’enfonçait toujours plus profondément, sans que rien ne vienne perturber leur calme voyage. La vie commençait à s’éveiller, symbolisée par divers animaux. Oiseaux, papillons, tous se disputaient joyeusement les cieux. Et pourtant, Akogare sentait dans l’air une sourde menace, comme une chape de plomb dominant le cadre idyllique. Raunen, même si il ne le montrait pas, était sur ses gardes. Il lançait parfois un coup d’œil à Tenshi, qui secouait systématiquement la tête.

Le jeune adolescent s’imprégnait de toutes les senteurs, de toutes les images qui passaient à portée. En marchant, en marchant simplement, d’anciens souvenirs revenaient. Ils lui faisaient mal à la tête, une impression diffuse de déjà vu, déjà entendu. Cela alimentait une sorte de frustration, logée profondément dans son jeune cœur. Frustration de ne pouvoir tout savoir, tout savoir de ce qui était sa vie. Il aurait voulu demander à Raunen comment il avait pu tout oublier, mais il savait qu’il ne répondrait pas.

Soudain, il s’arrêta.

Tenshi fronça les sourcils, en se rapprochant de lui. Immédiatement, Raunen chercha alentour, ses doigts pianotant nerveusement sur sa jambe. Il se rapprocha du jeune homme.


[Raunen]"Akogare ?"

Akogare tendit un doigt en direction de la forêt, sur le bord droit de la route. L’homme regarda à son tour, et il serra les dents.


[Akogare]"Qu’est-ce qu’il y a ?|"

Raunen secoua la tête, en se joignant au couple.

[Raunen]"Un souvenir. Je ne pensais pas que ça viendrai si tôt. Attend un peu, ils sont rarement libres."

Il posa une main sur le manche qui dépassait de son dos, et tira un long objet, gigantesque et épais. D’un mouvement précis, il le sorti.
Raunen tourna le dos à Akogare, après avoir lancé un bref regard à Tenshi.

Dans l’ombre, à l’abri sur la rive gauche, sous le couvert des arbres, quelque chose se mouvait. Un silence lourd s’était abattu sur la forêt, nuls oiseaux n’osant perturber la concentration du guerrier.

Raunen fit un pas. Avec un craquement sinistre, deux arbres plièrent, gémissant une ultime fois sous l’assaut sauvage. Une créature sortie, gigantesque et magnifique. Elle était couverte d’un pelage blanc, dressée sur deux puissantes pattes arrière. Elle ressemblait à une sorte de loup, du moins, elle en partageait certains points morphologiques. Sautant sur la route, elle retomba sur la totalité de ses pattes, grognant, menaçante. Sa gueule entrouverte laissait apprécier de longues et dangereuses dents.

Raunen restait calme. Lentement, il leva son arme qu’il posa sur épaule droite. Son bras gauche se tendit, exécutant un signe destiné à Tenshi.


[Tenshi]"Va chercher ton souvenir. Raunen te protége."

Akogare hésita, avant de s’engager hors du sentier. La bête grogna derechef, et le jeune homme ne la quittait pas du regard. Il se laissait guider par ses pieds, mais surtout par son esprit, qui avait soif de ce mystérieux souvenir.

Soudain, la bête bondit, sa courte patience ayant atteint ses limites. Avec une vélocité surprenante, Raunen lui coupa la route, se dressant de toute sa taille devant elle, son épée lui barrant le chemin. Akogare s’était arrêté, un regard de Tenshi le relança. Elle souriait, parfaitement calme.

Il tendit une main machinalement, effleurant l’écorce d’un arbre jeune, se tournant vers lui pour y chercher son souvenir.

Derrière lui, les bruits d’une lutte avaient éclatés. Des hurlements, des grognements, les éclats sinistres d’une arme rencontrant la chair. Akogare effleura son souvenir. C’était étrange, de le sentir glisser le long de son bras, heureux d’avoir trouvé son propriétaire.
Il s’engouffra dans son esprit. L’adolescent cria de surprise, se raidissant subitement.

Puis se fut le calme.

Akogare était dans un monde nouveau. Il se voyait, marchant tranquillement. Quelques mois plus jeune, son double déambulait, presque craintivement. Akogare s’approcha, calquant son pas sur lui. Il regardait autour de lui. Des formes floues, victimes de l’oubli, l’entourait. Seul le chemin principal était éclairé. Un immense bâtiment se rapprochait, déclenchant une nouvelle vague de souvenir.

Le nom du bâtiment lui échappait, et pourtant, il savait le connaître.

Ils continuèrent, son double s’engouffrant à l’intérieur. Il sentait la peur envelopper le jeune garçon, la peur et le doute. Akogare tourna les yeux, son double s’était assis. Des murs nus, peu de lumières. Ce lieu… Il avait le nom sur le bout de la langue. Un nouveau visage apparu, lui aussi connu. Il s’agenouilla devant son double, murmurant d’une voix douce. Les paroles lui échappaient, déformées par le temps.
L’homme tourna la tête, et Akogare sentit son cœur se resserrer brièvement. Ce visage, était celui de son ancien professeur. Professeur de quoi, il ne savait plus. Et ces murs, étaient les murs de son apprentissage. Là aussi, il ignorait la teneur de l’apprentissage en question.

Derrière lui, il sentit une voix murmurante. Elle lui disait de revenir. Non, il était bien ici, il voulait rester. La voix ne se fit pas plus dure, ni même plus ferme, mais elle persévéra. C’était une voix mélodieuse. Akogare tendit timidement la main vers l’origine du son, et aussitôt il se sentit comme aspiré.

Le jeune adolescent se retrouva propulsé contre Tenshi, qui souriait faiblement. Le front d’Akogare était embué de sueur, il soufflait douloureusement, le souffle lui manquant. Tenshi murmurait doucement à son oreille, un ton apaisant, serein. Elle lui caressait tendrement le dos, calmant les frissons qui l’agitaient.
Il se recula légèrement après un temps, les yeux habités d’un doute nouveau, les lèvres frissonnantes d’une peur inconnue.
Derrière la jeune femme, Raunen se dressait. Il avait rangé son épée. Aucunes blessures, aucune traînée de sang ne témoignaient d’un combat.


[Raunen]"Etrange que tu sois tombé sur lui en premier, Akogare. Ce n’est pas forcément le plus logique. Ca va mieux ?"

Akogare ne répondit pas, il se redressa simplement, avec l’aide de Tenshi.

[Raunen]"Bien. Allons-y."

Le guerrier n’avait pas besoin de demander ce qu’avait vu le jeune homme. Il le savait, avant même qu’Akogare n’effleure le souvenir. Ils retournèrent sur le sentier. Avec prudence, ils contournèrent le gigantesque cadavre du fauve blanc, vêtu exceptionnellement d’une robe rouge.

Ils s’enfoncèrent, toujours plus avant, dans cette mystérieuse forêt aux joyeuses couleurs.

Forêt de souvenirs, forêt troublée.


_____________________________

Elle avait dormi des jours durant. Son esprit était épuisé, sans doute avait il souffert de l’agression plus qu’elle ne l’aurait cru. Ils avaient soigné partiellement son flanc, qui avait été écrasé par l’impact. D’aucuns disaient qu’elle avait eu de la chance que ses organes ne soient pas percés par les bout d’os libérés.

Le sommeil la gardait en son sein, ne la délivrant que rarement. Lorsqu’elle était éveillée, sa tête se penchait vers le deuxième lit. Là, avec l'aide de la lumière lunaire, elle discernait le visage d’Akogare, assoupi.

Les jours s’écoulèrent ainsi. San entendait des bribes de conversations. Cela faisait plus d’une semaine qu’ils étaient arrivés. Sa famille était passée les voir, mais aucune trace des Hyuuga.

Enfin, l’adolescente put se redresser. Elle avait les yeux ensommeillés, tristes. Personne dans la chambre. Avec douceur, elle ôta les fils qui la reliaient aux différents boîtiers qui l’entouraient. La jeune fille sauta du lit, glissant sur le sol. Ses côtes gémirent, elle grimaça de concert. Titubante, elle rampa sur le sol dur, ses mains se cramponnant pour ne pas déraper.

Elle leva les bras, saisissant maladroitement la chaise disposée près du lit d’Akogare, et se redressa. Il dormait toujours paisiblement. Néanmoins… Quelque chose, une sensation mystérieuse, instinctive, l’avait poussé à se lever. Malgré ce masque de sérénité, elle sentait l’adolescent perturbé.
Et elle avait peur.

Déjà, il y a quelques jours, elle avait senti cela. De la peur, filtrée par ce corps endormi. Alors, elle s’était levée et elle lui avait murmuré à l’oreille, murmuré de revenir, de ne pas perdre pied. Le médecin était accouru, la repoussant délicatement sur son lit.
Mais, Akogare l’avait écouté, et peur et doute avaient quitté la chambre.

Aujourd’hui, s’était plus fort. Son cœur battait puissamment, faisant souffrir plus encore ses côtes. Mais rien n’aurait pu l’enlever à cet endroit. Ses doigts passèrent dans les cheveux de l’adolescent. San posa ses doigts sur le cœur du Hyuuga. Lui aussi battait plus fort, comme prit au piège par de redoutables cauchemars.
Il avait les dents serrées.

Grimaçante, San monta sur le lit d’Akogare, se blottissant contre lui, prenant toutefois garde à ne réveiller aucunes blessures. Elle posa un imperceptible baiser sur la mâchoire du jeune homme, avant de se recoucher contre son épaule, un douloureux soupir quittant ses lèvres.

Une larme glissa le long de son nez, avant de mourir sur ses lèvres.

Dans ce combat, Akogare était seul.

San s’endormit un peu plus tard. Bien que plus reposée, elle souffrait toujours d’une incoercible fatigue, sans cesse alimentée par le moindre effort.
Moins d’une heure plus tard, le médecin revint. Il soupira en avisant le couple réuni. D’un coup d’œil, il s’assura de l’état stable d’Akogare, puis passa une couverture sur les épaules de San.
Les traits de l’adolescente semblaient moins souffrants lorsqu’elle était près du jeune homme.

De surcroît, lui-même paraissait mieux, presque souriant.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 1 Mai - 21:22

Le voyage était long. Akogare avait apprit quelques visages des membres de sa famille, mais ces derniers étaient apparus flous, comme troublés par un profond ressentiment. Comme si il avait voulu les gommer, lui ou son subconscient. Raunen arborait une légère entaille au front, vestige du précédent combat.

Le paysage avait sensiblement changé. Il devenait plus sombre, les couleurs, bien que toujours nombreuses, se faisaient plus fades. Une mélancolie latente habillait les lieux. Akogare réprima un frisson. Il sentait qu’ils approchaient d’un nouveau souvenir, et malgré lui, il était impatient de le découvrir.

Raunen et Tenshi se faisaient quant à eux plus prudents. La jeune fille n’avait plus sourit depuis un moment, consciente de l’indicible danger qui les surveillait. Le guerrier marchait devant, épée au clair, silencieux et alerte.

Akogare tourna la tête sur la droite, tirant légèrement la manche de Tenshi. La jeune fille se tourna, et hocha la tête.


[Tenshi]"Vas-y. Doucement."

Elle calqua ses pas sur celui du garçon, lui tournant le dos de façon à couvrir ses arrières. Raunen marchait un peu à l’écart, pressentant un danger sur les côtés. Un projectile frôla son épaule, mais par un heureux réflexe, elle s’enfonça dans les bois.
Un second fila vers Akogare. La jeune femme le poussa violement en avant.

Il se retourna, couché sur le sol. Tenshi se dressait, belle et fière, devant quatre adversaires mystérieusement apparus. Raunen subissait lui aussi l’assaut de pareilles créatures, son épée exécutant un vaste arc de cercle de façon à les repousser.
Tenshi tendit tranquillement la main dans le vide. Raunen se dégagea de ses ennemis, saisissant dans son dos une nouvelle arme, filiforme et éclatante. Sans regarder, il lança l’arme derrière lui, et Tenshi l’attrapa au vol. Les yeux de la jeune femme s’étaient rétrécis, ses dents resserrées.

Elle se mit en garde, lentement, avec une grâce infinie, dressant l’arme d’une main, couchée devant elle, fléchissant légèrement les genoux, l’une de ses jambes cherchant un appui plus loin.

Akogare haussa les sourcils. En réalité, jamais il n’aurait cru la douce jeune femme capable de se battre, capable de brandir une arme devant elle. Et pourtant, il devinait à sa position, aux traits nouveaux de son visage, à son maintien, qu’elle avait l’habitude de le faire.
Elle était l’image même de la gloire de la bataille, sous sa forme féminine, belle et forte, une arme redoutable serrée dans sa délicate main.

Elle prit une impulsion, sautant en avant. Ses adversaires, d’apparence profondément humaine quoique assemblés plus ou moins aléatoirement, s’éparpillèrent avec célérité. Mais, la jeune femme faisait preuve d’une précision effrayante, coupant net le premier en diagonale. Sans s’arrêter, elle bondit sur le second. Sa lame rencontra celle de son ennemi, faisant naître une gerbe d’étincelles blanchâtres. Immédiatement, elle incurva son arme, prenant à revers son ennemi, touchant sa cuisse. Un cri. Tenshi fit tournoyer son lumineux bâton, et faucha d’un mouvement simple la tête de son ennemi.

Un des deux derniers survivants s’était approché d’Akogare. Une proie visiblement plus faible. Celui-ci, complètement absorbé par le spectacle ne le vit pas.
Du coin de l’œil, Tenshi l’avisa, et sans hésitation envoya son arme dans la poitrine de l’ennemi.
Elle se tourna vers son dernier adversaire, sachant déjà que le sort de l’autre était scellé.

La créature sourit, heureuse que Tenshi se soit départie de sa terrifiante arme. Mais elle avançait, calmement, sans s’en soucier davantage. Il prit une impulsion, courant à sa rencontre, sa lame dressée devant lui.

Plus loin, Raunen se démenait contre deux ennemis. Un mince filet de sueur perlait le long de sa tempe. Il ne se faisait aucun souci pour Tenshi. En vérité, la jeune fille était bien plus forte que lui.
Son épée s’enfonça dans le torse de la créature avec un bruit mat. Il l’ôta aussitôt, exécutant un moulinet de sa pesante arme pour parer le coup du dernier homme.

Tenshi réalisa un petit pas de côté. L’homme, déséquilibré, ralenti, mais déjà Tenshi était derrière lui, sautant et heurtant sa nuque du tranchant de sa main.
Il s’écroula, sans un râle, lourdement.

La jeune femme revint, marchant sereinement, contrastant avec la violence des lieux. Elle saisit son arme du bout des doigts, puis l’envoya à Raunen qui venait d’achever son adversaire. Tenshi sourit à Akogare, lui tendant son autre main.


[Tenshi]"Tu peux y aller maintenant."

Mais le jeune homme resta, dévisageant la délicieuse jeune fille, immaculée de toute trace qui témoignerait du récent combat.

[Akogare]"Qui êtes vous ?"

Elle renouvela son sourire. Ses yeux se perdirent en avant, sur la route qui leur restait à parcourir.

[Tenshi]"Cela, tu le découvriras aussi."

Elle le poussa légèrement, l’encourageant à aller chercher ce pour quoi ils étaient là. Il rejoignit donc le lieu qu’il supposait être gardien d’un souvenir oublié. Comme un vent printanier, il le sentit l’englober, l’enlacer, puis l’épouser.

Des flashs. Il se voyait s’entraîner, dans une majestueuse forêt. Durement, il montait à un arbre alors qu’il pleuvait. Son double avait du mal à atteindre le sommet. Tellement, qu’Akogare avait envie de l’aider, même si il savait cela impossible. Enfin, il réussit, et après une courte pause reprit la direction de la petite ville, au loin. Akogare le suivit, protégé des rigueurs du temps par son statut éthéré. Comme d’habitude, des tâches floues explosaient de tous les côtés, couvrant de vastes zones. A l’entrée du village, l’adolescent s’imprégnait de tout ce qui passait à sa vue, tentant de se rappeler des choses oubliées. Il marcha, suivant les pas lents du garçon.

Puis, à peine une sensation, un sentiment épars, le prit. Il s’arrêta, les battements de son cœur s’étant accélérés, soudainement excité. Akogare tourna sur lui-même, cherchant l’origine de cet émoi. Son double continuait sa route, insensible. L’adolescent ferma les yeux.
Oui. Cette place. Ce carrefour. Il s’était passé quelque chose. Son esprit tâtonnait. La réponse était là, riante, s’échappant gracieusement. Une odeur lui revint, confuse et délicieuse.
Cette place.

Mais déjà, il sentait qu’il avait trop tardé, son double avait trop avancé et oubliait déjà cette partie. Alors, à contrecoeur, Akogare avança, sa dévorante frustration allant croissante. Sur le chemin, il ne pu s’empêcher de s’interroger sur ce sentiment. Ce souvenir n’était pas en relation avec, pas encore.

Il s’en voulait d’avoir oublié cette partie de sa vie, cette partie qu’il savait capitale. Sur cette place, s’était produit quelque chose de merveilleux. Seul un parfum lui restait.

Un parfum de fleur de cerisier.

Une imposante bâtisse se dressait, et visiblement, c’était là que se dirigeait son double. Une femme lui parla. Akogare fronça les sourcils, tout en se rapprochant. Cette femme avait le sourire d’une mère. L’enfant s’enfonçait déjà dans la maison, l’adolescent fut obligé de le suivre, quittant le visage d’une mère tout juste retrouvé.

Le temps s’écoula doucement par la suite. Akogare pu redécouvrir ce qui semblait être sa chambre. Elle était un peu à l’opposé de ce qu’il avait vu dans son esprit. Aucune couleur ne se détachait, le tout était un peu triste, un peu terne.
Gris.
Son double s’agita, se relevant. Il vit sur son visage une grimace. Visiblement, il redoutait la suite de la soirée. Akogare le suivit, de plus en plus surpris de la durée du souvenir.

C’était un repas. Il n’entendait pas les paroles, mais il sentait clairement la tension. Cette vision lui permit de découvrir les visages des membres de sa famille. Leurs noms lui échappaient. Mais il savait lequel était son père, et lequel il n’aimait pas. Lesquels. Il frissonna, en observant chacun des visages. Comment avait-il pu vivre aussi loin de sa famille, tout en habitant dans la même maison ? La plupart étaient brouillés, seuls quelques un apparaissaient distinctement.

Il sentit une sourde colère poindre lorsqu’il croisa le regard de l’un des hommes attablés. Une haine dévorante, avide de le submerger, de mordre cet homme inconnu. De le frapper, encore, et encore, jusqu’à ne plus pouvoir lever le bras.
Il le savait. C’était par la faute de cet homme qu’il était là. Que tous ses souvenirs l’avaient fui.

Une douce voix retentit. Ce n’était pas celle de Tenshi. Celle-ci, bien qu’inconnue, avait un timbre qui le faisait frissonner. Il tendit l’oreille, pour entendre son nom, son nom murmuré. Il leva les yeux au plafond, les fermant. Cette belle voix, qui avait le don de dissiper sa peur, d’effacer ses doutes. Où était-elle maintenant ? Il sourit, faiblement, un mince rayon sur son visage fatigué.
Cette voix avait la senteur d’un cerisier en fleur.

Là-dessus se superposa celle de Tenshi, qui le rappelait à elle. Sans hésitation, il saisit la main de la jeune femme, sentant dans les intonations de cette dernière comme de l’empressement.
Il fut propulsé contre elle, tremblant, subissant les effets qui suivent irrémédiablement la reconquête d’un vestige du passé. Douce et patiente, Tenshi apaisa le jeune homme, essuyant la sueur qui ruisselait le long de ses tempes, embrassant son front moite.
Elle l’aida à se relever, à supporter le poids du passé.

Raunen n’avait pas rangé son arme. Il semblait nerveux.


[Tenshi]"Nous sommes suivis, Akogare."

Akogare fronça les sourcils, encore fatigué. Ce n’était pas exactement de l’angoisse qu’il percevait dans la voix de la jeune femme. Mais, il se doutait que cet ennemi était plus puissant que les précédents, et que les deux guerriers préféraient ne pas l’affronter.

Raunen soutenait l’adolescent chancelant, tandis que Tenshi ouvrait la marche, courant d’un pas leste et rapide. Par moment, Akogare percevait des bruissements derrière eux. Raunen ne se retournait jamais, tenant de la main gauche son arme démesurée.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 1 Mai - 21:23

La jeune femme revint vers eux.

[Tenshi]"Trop tard, non ?"

Raunen opina, la mâchoire serrée. Il lâcha Akogare, et de toute sa masse se retourna, l’épée tendue sur le côté.
De sa main libre, il saisit le manche effilé de l’arme utilisée plus tôt, et d’un rapide mouvement l’ôta avant de la tendre à Tenshi.

La jeune femme s’avança alors. Elle planta son meurtrier bâton dans le sol, et s’appuya nonchalamment dessus, patientant tranquillement. Raunen, lui, se rapprocha d’Akogare, fermant les yeux, écoutant simplement les murmures de la forêt.

Tenshi se redressa, caressant le manche de son arme. Elle fléchit les genoux, analysant des yeux les lieux. Soudain, elle sortit l’arme de la terre, sautant en arrière, parant deux projectiles assassins. Elle glissa au sol, soulevant un petit nuage de poussière, le bâton tenu d’une main, au niveau de son visage. La jeune femme releva la tête, croisant le regard de son agresseur.
Il était enveloppé d’un lourd manteau rougeoyant, une sorte de lance dans la main. Son visage était entièrement plat, ni bouche, ni nez, ni même yeux n’y étaient disposés. La créature avançait d’un pas tranquille vers Raunen, bientôt rejointe d’une seconde.

Tenshi se prépara à les intercepter, lorsqu’une nouvelle présence la fit s’immobiliser. Elle questionna son ami du regard. Le guerrier hocha la tête, se plaçant devant les deux créatures écarlates.

Sur le sentier, les feuilles dansaient. Une ombre avançait, calmement, brisant cette naturelle danse. La jeune femme sut que le véritable danger était dans cet être, et non en ses gardiens. Sans hésiter, elle courut à la rencontre de ce mystérieux ennemi.

Raunen se démenait contre ses deux adversaires. Ils faisaient preuves d’une redoutable précision, et d’une force de frappe étonnante. Il avait néanmoins réussit à en toucher un à l’épaule, la lui entaillant sévèrement. Il était trop accaparé par son combat pour se préoccuper de Tenshi, pourtant une peur étouffée s’était logée dans son estomac.

L’adversaire de Tenshi était engoncé dans un large manteau bleuté ouvert, laissant entrevoir une veste noire et deux fourreaux. On devinait également des courbes féminines. Tenshi ralentie, un sombre pressentiment l’assaillant. Le femme portait un masque, très coloré, aux teintes et nuances diverses, contrastant avec son allure lugubre. Dans ses mains étaient serrées deux longues dagues fuselées, légèrement recourbées.

Elle s’arrêta, et Tenshi la devina sourire. Une voix, agréable et mélodieuse perça à travers l’ombre du masque.


[Tael]"Bonjour, belle enfant." Une pause. "Que tu es téméraire !"

Tenshi se mit tranquillement en garde, le bâton tendu devant elle. Son ennemie ne semblait pas pour autant prête au combat.

[Tael]"Nous allons livrer bataille ?"

Tenshi haussa les sourcils. Le timbre de la voix avait sensiblement changé. C’était celui d’une petite fille, curieuse et amusée. La jeune femme garda le silence. Mais son étrange adversaire poursuivait.

[Tael]"Tu ne me retiendra pas longtemps, pucelle ! Je suis Tael, et jamais ennemi ne m’a fait trembler !"

La jeune femme se mordit faiblement la lèvre. La voix avait une nouvelle fois changée, comme si Tael essayait de lui montrer la pleine palette de ses possibilités. Cette fois-ci, c’était celle d’un militaire, d’un soldat, dure et rêche, autoritaire. Masculine.

D’une rapide impulsion, la jeune femme brisa la distance qui les séparait. Tael recula, parant nonchalamment le coup de Tenshi. Et sans effort particulier, riposta violemment, abattant son arme au niveau de l’épaule. La jeune femme esquiva, vaguement surprise de la vitesse de son adversaire.
Mais elle sourit.
Avec grâce, son bâton tournoya au dessus de sa tête, gagnant en vitesse. Tael se décida à lancer l’offensive, courant sur elle. Son élan fut rompu par un mouvement de l’arme de Tenshi, qui coupa en diagonale devant lui. Le prenant à revers, elle réitéra son coup.

Tael reculait, lentement, devant cette métallique roue. Avec force, il abattit simultanément ses deux armes, stoppant la rotation de Tenshi, puis recula d’un bond.

Un rire enjoué traversa son masque.


[Tael]"Bien, bien ! Tu es plus douée que je pensais. Amusante, comme un petit fruit exotique que l’on prend plaisir à mâcher, avant d’engloutir voracement."

Son rire reprit, se changeant en aboiement, celui du militaire.

[Tael]"Ce sera un plaisir de percer ce délicieux corps."

Tenshi s’élança une nouvelle fois sur lui en sautant, donnant un coup horizontal, au niveau de la tête du personnage masqué.

Plus loin, Raunen avait défait un de ses ennemis, au prix d’une profonde entaille le long de l’abdomen. Il était retourné dans la forêt panser ses blessures, laissant son équipier seul. La chaleur de son sang gouttant sur sa peau était une sensation oubliée depuis un moment. Pas tout à fait désagréable, mais dérangeante.
L’homme écarlate tentait d’atteindre Akogare. C’était visible, il ne se battait pas au meilleur de ses capacités. Probablement une erreur, contre un guerrier de la trempe de Raunen. Ce dernier ne laissait jamais le jeune homme sans protection, ne laissait jamais une ouverture dans sa garde. Il se déplaçait, inlassable, parant les coups, avant de répliquer de toute la force à sa disposition.

La rage animait son bras. Rage de vaincre, pour soutenir Tenshi. Il avait pour la première fois un doute sur la victoire de la jeune femme. Il n’avait pas vu son ennemi, mais Raunen n’avait pas besoin de cela. Les arbres murmuraient leur peur, l’air lui-même se tordait, cherchant une impossible fuite. Il y avait comme un voile de terreur, une aura glacée entourant les lieux.

Tael para l’offensive de Tenshi. Sa deuxième lame plongea en avant, avide de mordre la chair tendre de la guerrière. De sa main libre, elle attrapa le poignet de son ennemie, le baissant. La lame frôla son buste. Elle prit appui sur l’épaule de l’être masqué, se propulsant loin de lui, son genou dérapant sur le sol dur.
Tael poursuivit l’attaque, courant au devant de la jeune femme. Elle était déjà debout, son bâton érigé en une garde haute.

Une gerbe d’étincelles lumineuses et bariolées, déflagration de couleurs.

Tenshi tourna sur elle-même, puis enfonça de dos son arme, effleurant la cuisse de son adversaire. Un peu de sang goutta à terre.
Tael attaqua de nouveau, rivalisant de vitesse, de force. Mais la jeune femme était redoutable partout à la fois, bondissante et mordante. L’être masqué ne fatiguait pas, tenace, faisant reculer Tenshi qui quitta bientôt l’étroit sentier pour se rapprocher de la forêt.


[Tael]"Eh, tu ne devais pas être si forte !"

La fluette voix de la petite fille froissée changea, prenant des intonations plus dures, plus masculines.

[Tael]"Mais crois moi chienne, tu plieras !"

Tenshi était concentrée. Aucune trace de fatigue n’encombrait son délicat visage, nulle sueur, nulle poussière. Elle gardait un teint frais, une éternelle jeunesse. Son adversaire, même caché derrière un masque, ne faiblissait pas plus.
Il ne faisait aucun doute qu’avec Tael, Tenshi était tombée sur un adversaire d’une colossale force. Néanmoins, la jeune femme faisait montre d’une excellence plus grande encore, sans jamais forcer son talent.

Tael brisa le contact, d’un pas en arrière, son large manteau voletant élégamment. L’arme de Tenshi marquait les derniers échanges, de profondes balafres la barrant. Elle restait droite, la bâton, contre sa cuisse, pointé vers le ciel. Avec lenteur, la guerrière masquée se releva. Son souffle était toujours aussi calme, et sa voix ne tremblait d’aucune lassitude.
Elle semblait tout au plus surprise, qu’une femme telle que Tenshi vive ici.


[Tael]"Hmm… Je vais devoir me fatiguer pour te vaincre. Je déteste ça !"

La douce voix de la petite fille laissa place à une voix plus mûre, celle de la femme. Peut-être que cette voix là était la véritable ?

[Tael]"Tu es redoutable. Qui es-tu ? Qu’est-tu ?"

Tenshi sentait une pointe de curiosité derrière les intonations calmes. Elle planta son bâton dans la terre, solidement.

[Tenshi]"Je suis la création d’un enfant malade. Une arme, pour se défendre d’un mal trop grand. Une enfant emprisonnée. Je suis Tenshi."

Tael sembla sourire. D’un geste précis, elle rangea ses deux armes.

[Tael]"Une création, eh ?"

Elle se retourna, son manteau claquant sèchement. Un profond soupir quitta sa bouche obstruée.

[Tael]"Je briserai l’enfant. Les gardiens sont forts, mais lui est faible."

Sans un mot de plus, des feuilles mortes prirent sa place, tourbillonnantes en une dernière danse.

La jeune femme soupira à son tour, passant une main sur son bras vaguement endolori. Elle se rapprocha en suite de Raunen qui avait fait fuir son second opposant. Tenshi toucha du bout des doigts la blessure que le guerrier arborait, sentant non sans un sourire le sang qui lui coulait sur la main. Elle se pencha, caressant le torse de Raunen, et lui murmura, taquine.


[Tenshi]"Tu prends trop de risques."

L’homme grogna, faiblement. Tenshi rit doucement, posant sa tête contre sa poitrine, passant ses bras autour de sa taille. Après un court instant, elle se pencha par-dessus l’épaule de Raunen, pour apercevoir Akogare, debout, de dos, fixant l'infini sentier.
Elle soupira insensiblement, levant sa main sanglante pour toucher le cou de l’homme. Délicatement, elle posa un rapide baiser sur le menton de Raunen, avant de s’écarter, souriante. Elle lui tendit son bâton, qu’il saisit, lui rendant un mince sourire.

Sur sa robe immaculée, elle essuya le sang, et rejoint l’adolescent. Après un moment de silence, elle l’entendit murmurer.


[Akogare]"Je me posais une question."

Il prit une pause, cherchant ses mots.

[Akogare]"Si nous sommes dans mon esprit… Pourquoi est-ce que je ne peux pas libérer le chemin d’une seule pensée ?"

Tenshi ne pu s’empêcher de rire, son délicat, tranchant avec l'atmosphère lugubre qui couvrait les lieux. Akogare se tourna vers elle, se demandant si sa question était à ce point risible. Tendrement, la jeune femme lui caressa la joue.

[Tenshi]"Ce n’est pas aussi simple. Personne ne contrôle parfaitement son esprit."

Son rassurant sourire apaisa l’adolescent. Raunen avait rangé son arme, contemplant à son tour le chemin qu’il leur restait à parcourir.

[Raunen]"Nous approchons de la dernière étape de ce sentier. Akogare, elle est la plus dangereuse."

Il dévisagea le jeune homme.

[Raunen]"Je pense, que ce que tu apprendra t’effrayera. Prend garde à ne pas te perdre dans ton souvenir, il est probable que Tenshi soit trop occupée pour te récupérer immédiatement."

Akogare réprima un frisson. Se perdre dans le passé l’effrayait désormais. Raunen avait levé les yeux sur la jeune femme, qui s’était détournée. Ses deux gardiens étaient en possession d’un secret qu’ils ne souhaitaient visiblement pas divulguer pour le moment.

[Raunen]"Sans oublier l’être au masque et ses sentinelles. Un soucis de plus."

Après un sourire qui se voulait rassurant, le puissant guerrier se remit en marche. Tenshi et Akogare restèrent en arrière, s’observant à la dérobée, comme de jeunes amoureux encore timides.
Finalement, la jeune femme prit affectueusement le bras de l’adolescent, puis emboîta le pas de Raunen, sa longue robe voletant derrière elle.

Pourpre.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 1 Mai - 21:25

San était assise sur son lit, les rayons du soleil jouant sur sa peau satinée. Sa poitrine ne la faisait plus souffrir, la douleur de ses côtes s’étant estompée au fil du temps. Depuis hier, elle se sentant mieux. Elle pouvait se déplacer sans souffrir, sans chanceler, son esprit loin des brumes relatives à la fatigue.
Le médecin passait les voir de temps à autre, pour s’assurer de leur état. Stationnaire pour Akogare, encourageant pour elle.

Stationnaire… Elle réprima un frisson. Les genoux remontés à sa poitrine, elle avait sa tête posée dessus, indifférente aux mèches qui lui barraient le visage.

La porte s’ouvrit, le médecin s’engouffra dans la chambre, son inséparable carnet entre les doigts. Elle lui sourit tristement, redressant le buste et allongeant les jambes.


[Médecin]"Bonjour."

Il s’approcha du premier lit, celui d’Akogare. Il jeta un coup d’œil aux écrans, écrivant quelques phrases, avant de se tourner vers l’adolescente.
Cela faisait deux semaines qu’ils étaient arrivés à l’hôpital.


[Médecin]"Vous allez de mieux en mieux, c’est une bonne chose. Vous serez bientôt sur pieds."

San sentit son cœur se resserrer au ton de l’homme. Un ton grave, dans lequel dormait quelque menaçante nouvelle.

[Médecin]"Je voudrais en profiter pour vous entretenir de l’état de votre ami. Normalement, je devrais en parler à sa famille, mais le fait est qu’elle n’est pas encore venue le voir, et que j’ai appris que le jeune homme habitait plus où moins chez vous."

Probablement essayait il de soulager sa conscience professionnelle. Il jouait nerveusement avec son stylo. Il se gratta la tempe et réajusta ses lunettes tombantes, avant de déclarer.

[Médecin]"Il souffre d’un coma traumatique. D’après nos récentes analyses, il s’agit d’un coma profond, avec une notation de trois sur quinze. Autrement dit, la note la plus basse."

L’homme dévisageait la jeune fille. Il prit une courte pause, afin de lui donner le temps d’enregistrer les tristes informations. Il reprit, sur le ton de la confidence.

[Médecin]"L’ensemble de ses organes fonctionnent, lui permettant de se maintenir en vie, en partie grâce aux assistances respiratoires. Nous allons devoir de plus opérer le jeune homme. Cependant, nous sommes très réservés sur le bilan final."

Il se refusait à anéantir les espoirs de San, à éteindre la petite étincelle qu’il discernait au fond de ses yeux.
L’adolescente ne le quittait pas du regard. Elle avait deviné qu’Akogare était tombé dans le coma, néanmoins, elle sentait son cœur se resserrer davantage au fil des paroles du médecin.


[Médecin]"Le coup reçu au niveau de la tempe est mortel. Il a générée une hémorragie interne, hémorragie stoppée rapidement. Mais… Ajouté à la quantité de sang perdu par les nombreuses plaies externes, le jeune homme s’est retrouvé dans un état de faiblesse extrême. "

Il s’humecta les lèvres, et acheva.

[Médecin]"Etat, dont il ne s’est toujours pas relevé, même dans son coma. Irrémédiablement, il s’affaiblit, de jour en jour. Pour une raison inconnue, son organisme se meurt. Je pense personnellement que le coup reçu à la tempe a fait d’énormes ravages, et qu’il est la cause de cette… agonie."

Le regard de San se baissa, fixé dans le vide. Un vent glacial balayait son corps meurtri, caressait cruellement son cœur à vif. Elle s’adossa au mur, ses jambes se replaçant contre sa poitrine. Reniflant discrètement, elle ferma les yeux.
Le médecin quitta la jeune fille, refermant doucement la porte. Elle avait bien le droit à un peu d’intimité.

Un peu d’intimité, à l’intérieur d’une larme.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 1 Mai - 21:26

Le sentier arrivait à la fin. La flore en était le reflet, le reflet de ce dépérissement. Moins chargée en couleur, elle se teintait de gris, de noir, les nuances se faisant plus ternes. Akogare, ressentait pour la première fois les effets de la fatigue. C’était diffus, dispersé aléatoirement dans ses muscles. Pour le moment, cela ne le gênait en rien.

Tenshi marchait devant, son visage plus sombre que d’habitude. Depuis quelques temps déjà, elle n’accordait plus de sourire, progressant devant les deux hommes, seule et triste. De la voir ainsi créait comme une gêne chez Akogare. Il se sentait étrangement coupable de cette mélancolie. Raunen ne disait rien, ne faisait rien pour réconforter la jeune femme, pour laver son chagrin.

Le groupe cheminait de concert avec l’agonie des arbres, accompagnés des larmes de l’automne.

Au loin, une ombre gigantesque se formait, à la faveur de la lumière mourante d’un invisible soleil. En s’en approchant, Akogare devina un arbre aux proportions colossales. Son ombre les absorba, faisant ressortir la fraîcheur des lieux. Le jeune homme réprima un frisson, ses yeux passant de droite à gauche, à la recherche d’un souvenir oublié, s’arrêtant parfois sur le dos gracieux de Tenshi.

Ils pouvaient désormais discerner la ramure et l’écorce du puissant arbre, debout, à son pied. Akogare fit quelques pas supplémentaires, quittant le mince sentier pour s’engager plus avant.
Il s’arrêta.

Tenshi se mordilla la lèvre, en se rapprochant du jeune homme. Elle posa son front contre son épaule, sa main caressant son dos légèrement cambré.
Akogare murmura, tout bas.


[Akogare]"Qu’est-ce qu’il y a ?"

Tenshi se redressa, passant un doigt le long de la mâchoire du garçon, avant de mourir sur son menton.

[Tenshi]"Rien. Pardonne moi si je tarde à te chercher."

Sa tête s’inclina s’arrêtant sur la voie, sur le chemin parcouru.

[Tenshi]"Mais ils sont déjà là."

Akogare se tourna, avisant les trois guerriers qui progressaient tranquillement, à l’ombre des arbres, sous la danse des feuilles et le chant du vent. Déjà, Raunen avait lancé son arme à Tenshi, se saisissant de sa propre épée.

La jeune femme lui concéda un petit sourire, le poussant gentiment de la main.

Un souvenir nébuleux. Akogare frissonna. Son double était là, assis sur le rebord d’une baignoire, pensif. Le jeune homme ferma les yeux. Il fronça les sourcils. La brume commençait à s’immiscer dans la pièce, créant de petites tâches de floues. Soudain, la pièce fut noire. Akogare recula, instinctivement, clignant des yeux. La lumière revint, découvrant son double à terre, un mince filet de bave glissant le long de son menton. Il tenta de se redresser, sans doute, mais fut aussitôt repoussé à terre, un léger gémissement quittant ses lèvres.

Cette angoisse. Cette douleur.

Son double hurla, un long hurlement, un terrible cri d’appel. Plusieurs secondes s’écoulèrent, avant que la porte ne s’ouvre à la volée. Akogare trembla, reculant à nouveau. Le visage de la personne, ainsi que la majeure partie de son corps était floué, mais il la connaissait. Elle s’agenouilla aux côtés du double qui n’avait cessé d’hurler.

Akogare se rapprocha, se penchant à son tour. Il passa une main hésitante sur le visage caché de la personne, en fermant les yeux. Ses doigts le traversèrent, mais il lui revenait, fragrance confuse, un parfum. Il sourit.
Ainsi, c’était donc elle, la jeune fille murmurante, la fleur de cerisier.

Durant de longs instants, il vit son corps désarticulé se relever, pour mieux chuter, avec toujours pour le soutenir la jeune fille. Elle était parfois violemment repoussée, par un faux mouvement, mais toujours elle revenait. Le sang ruisselait dans la pièce, imprégnant le sol, inondant les vêtements.
Son sang.

Akogare fronça les sourcils devant ce visage figé en une grimace d’horreur. Ce visage qui était le sien. Ce visage, qui fut le sien. Il gémissait, il hurlait, se contorsionnant sous la pression d’une main invisible.
A nouveau, le jeune homme ferma les yeux. Il y avait l’odeur du cerisier qui embaumait la pièce. Mais, plus disparate, plus hésitante, une nouvelle commençait à poindre. Akogare la connaissait aussi, cette douce fragrance.

Mature, mais incroyablement jeune, pétillante et joyeuse, quoique empreint d’une certaine douleur, d’un certain chagrin.

Cet arôme enveloppait son double. C’était de son corps agité de spasmes, de convulsions ravageuses qu’elle se dégageait. Il s’approcha, suivant les mouvements dispersés du double, de son souvenir.

L’image d’une magnifique jeune fille, souriante et heureuse s’imposa. Blanche, mauve et rouge. Charmante et espiègle, elle ronronnait au sein du corps frissonnant du double.

Cette femme. Cette inimitable beauté.

Akogare recula, secouant la tête, contemplant d’un œil nouveau la scène qui se jouait sous ses yeux. Il se souvenait de cette scène. De ce qu’elle représentait.
Et il pouvait mettre un nom sur la délicieuse odeur qui épousait la pièce.

Un pan entier de sa vie passée vint se joindre aux souvenirs amassés, unissant des fragments. Il se souvenait de qui il était, de quelle famille il faisait partie, et surtout, surtout, de quel terrible don il avait hérité.

Un murmure essoufflé. Il frémit. Tenshi le rappelait. Et lui, lui fuyait, courant en aveugle dans un monde noir, dans un monde d’inconscience. Elle renouvela son appel, murmurant faiblement. Elle tendait une main, qu’Akogare refusait de saisir. Il l’entendit le supplier, étouffant un sanglot, le supplier de revenir.

Le jeune homme s’arrêta, la tête basse, les épaules voûtées. Il se retourna alors, et s’empara de la main tendue.

Il fut à nouveau projeté contre le corps tendre de Tenshi. Il aurait aimé se reculer, partir, mais toutes forces l’avaient abandonné. Il resta, la tête contre le sein de la jeune femme, la laissant l’enlacer, lui caresser les cheveux, le dos. De profondes larmes glissèrent sur ses joues, des larmes de peine, d’une douleur trop longtemps contenue. Il pleura, hoquetant, ses bras se serrant autour de ce corps désirable, de ce corps doux.

Raunen laissa le couple pleurer en toute tranquillité. Ils en avaient bien besoin, besoin de faire éclater cette peine qui leur rongeait les sangs. Il contemplait, assis contre l’une des immenses racines de l’arbre, le cadavre de l’un de ses ennemis. L’une des sentinelles était tombée, son long manteau revêtant une nouvelle teinte vermeille.

Raunen attendit patiemment que le couple se relève, qu’il sèche ses larmes. Ils n’avaient toujours pas prononcé un mot, communiquant sur un plan qui n’appartenait qu’à eux, celui des sentiments partagés. Il croisa le regard de Tenshi. Ses beaux yeux rouges étaient embués de lourdes larmes. C’était si rare de les voir ainsi habillés. Elle vint plaquer sa tête contre sa poitrine, il posa sa main sur sa taille, la rapprochant de lui, la réconfortant silencieusement. Il la sentit frissonner, alors il lui embrassa le front, dissipant une partie de sa crainte, une partie de ses peurs. Raunen fixait le jeune homme. Il lui sourit.

Le silence se prolongea, instant vacillant. Akogare s'installa lentement contre la racine, scrutant l’invisible ciel grisé, récupérant doucement du choc. Il déglutit, cherchant une manière habile d’aborder le délicat sujet.


[Akogare]"Tu étais au courant ?"

Il avait lancé sa question au hasard, sans interlocuteur privilégié. Raunen hocha la tête.

[Raunen]"Oui, nous étions au courant. De quoi te souviens tu ?"

Akogare demeura silencieux, pensif. Il soupira, avant de murmurer.

[Akogare]"Du Byakugan. Du fait que je n’ai jamais réussi à maîtriser le mien. A cause d’un... blocage ? Je ne me souviens plus bien. Il fallait une sorte de… condition spéciale avant que le mien ne se réveille. Je ne sais plus, cette phrase m’est revenue."

Tenshi regardait le jeune homme, toujours serrée contre le guerrier. Son visage avait repris des couleurs, quoique toujours empreint d’une tristesse lancinante. Elle dévisageait Akogare, comme si elle craignait sa réaction. Elle, qui pouvait vaincre n’importe quel ennemi. Comme une enfant, une enfant fautive.
Akogare lui sourit, faiblement. Elle frémit.


[Raunen]"C’est en partie vrai. Quand tu étais jeune, par je ne sais quel miracle, tu as réussi à brider ton Byakugan, le tuant dans l’œuf en quelque sorte. Tu l’as bridé, en invoquant quelqu’un, un gardien, garant de ce terrible pouvoir."

Le guerrier se tut, le visage fermé. Il n’aimait pas devoir parler de cela. Tenshi effleura de ses lèvres le cou de l’homme, lui déposant un fin baiser, se renfonçant contre lui.
Raunen soupira, comme tiré d’une rêverie.


[Raunen]"Ce guerrier que tu as façonné instinctivement, à qui tu as délégué cette tâche, c’est moi. Une Ombre, que tu as installé dans ton esprit, près d’une certaine chambre, pour repousser la force de ton don."

Il tourna les yeux vers Akogare. Ce dernier était muet, les sourcils haussés.

[Raunen]"Terrible tâche. Mais heureusement pour moi, ton don était jeune. Tu l’avais instantanément brisé, le cloîtrant dans une chambre de tout invention. C’était une enfant, une petite fille, riante et fragile."

Tenshi sourit, perdue contre le manteau de Raunen. Elle se faisait plus douce, plus câline, souriant avec facilité désormais.
Raunen lui caressa le dos.


[Raunen]"Alors, j’en ai pris soin. Je l’ai aimé, et elle m’a rendu cet amour. Rêve fugace, qui se poursuit pourtant."

Il y eu un nouveau moment de silence, seulement perturbé par le murmure du vent caressant.

[Raunen]"Au départ, tu avais un Byakugan similaire aux autres. En théorie, il s’agit simplement d’un pouvoir oculaire, dans lequel on puise pour l’utiliser. Mais tu l’as enfermé dans cette chambre blanche, sous le coup de la peur. Le tien a alors prit la forme d’une enfant. Et, elle a grandit, à ton image."

Tenshi se recula légèrement. Elle avait toujours une main aimante posée sur la hanche du guerrier, tandis qu’elle murmurait.

[Tenshi]"Sans Raunen, je serais morte, et ton don avec moi. Ton esprit était dur pour les enfants, tu sais ? Froid, et obscur. Mais j’ai grandit. Trop, sans doute. Car un jour, un jour je me suis réveillée d’un long sommeil."

Elle toucha de son autre main le menton d’Akogare, inclinant légèrement la tête.

[Tenshi]"Raunen était à mes côtés. Il m’a dit que tu étais prêt. J’ai rit, parce que désormais il était trop tard, j’ai rit, parce que si je me révélais à toi, tu mourrais. Raunen a insisté. Il est têtu."

Son juvénile sourire s’estompa un peu, sans toutefois disparaître.

[Tenshi]"Je l’ai écouté. C’est ce que tu as vu dans ton souvenir. Mon réveil. J’ai ouvert la porte de ma chambre, cette chambre blanche où j’étais restée emprisonnée. Et, j’ai épousé ton esprit. J’étais joyeuse, parce que pour la première fois, je pouvais tout voir, je pouvais m’unir à toi comme il aurait dû en être dès le début. Je ne savais pas que tu souffrais. C’est une voix qui me l’a murmuré."

Raunen poursuivit à la place de la jeune femme.


[Raunen]"Pour vaincre, tu avais bel et bien besoin d’une condition exceptionnelle. Cette condition, tu la rencontreras plus tard."

Akogare ne dit rien. En vérité, il ne savait plus de quoi il avait eu besoin pour réveiller Tenshi. Il se souvenait juste que ce n’avait pas été son objectif, ce jour là.


[Raunen]"Tu apprendras au passage les raisons de ta douleur, lors de l’éveil de Tenshi."

Il avait été décidé de prendre un peu de repos au pied du gigantesque arbre. Akogare ne l’avait pas remarqué jusqu’alors, mais Tenshi affichait une légère entaille sur la joue. Ainsi, ses adversaires l’avaient touché. Raunen enleva son vêtement, de façon à pouvoir soigner sommairement la large plaie sur son torse. De nouvelles, plus légères, s’étaient ajoutées depuis. Les deux guerriers ne manifestaient aucune marque de fatigue. Alors qu’étrangement, le jeune homme se sentait plus lourd qu’auparavant, moins rapide.
Cela ne l’inquiétait pas.
Tenshi était couchée confortablement contre la racine, les yeux clos. Elle semblait reposée, calme. Sa poitrine se soulevait gracieusement, buvant avec une ardente avidité l’air frais qui s’offrait à elle.

Une enfant emprisonnée. Enfin libérée ?
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyVen 5 Mai - 0:28

La lande s’étirait, une myriade de couleurs l’enrobant. Akogare sentait que l’on quittait un monde, la végétation changeait, reprenant certaines nuances. Tenshi marchait avec lui, se tournant parfois, un pli soucieux barrant son ravissant front. Elle ne disait rien, mais elle appréhendait une nouvelle rencontre. La fière guerrière avait encore, légère mais clairement découpée, la morsure de la lame de la femme masquée.
Ils avaient quitté le sentier principal. Aucun souvenir ne se présenta à eux. Bientôt, le groupe s’enfonça sur un nouveau chemin, plus décousu, moins net. La route s’arrêtait parfois, pour reprendre plus loin. Raunen ralentit, de façon à marcher aux côtés du jeune homme.


[Raunen]"Tu as choisis la voie des Rêves. Je n’ai jamais eu l’occasion de la traverser. C’est étrange, j’étais sûr que tu emprunterais cette route en dernier. Mais, cela vaut mieux ainsi, peut-être."

La lumière changeait elle aussi. Parfois aveuglante, parfois mourante, sans cesse elle se renouvelait, déstabilisant le groupe. Un vent doux s’était levé, les suivant, rieur et joyeux, s’amusant de leurs vêtements, de leurs cheveux.

En ce lieu, un sentiment perturbait Akogare. Il s’arrêtait parfois, les sourcils froncés, essayant d’attraper un nébuleux souvenir, de le saisir et de le garder. Mais il s’enfuyait, l’encourageant à poursuivre sa route. Raunen cheminait devant, s’assurant qu’aucun piège ne les attende. Il ne pouvait se l’expliquer, mais une indicible angoisse lui enlaçait le cœur, doucement, tendrement, mais implacablement.

Le temps s’écoulait, sans que rien n’apparaisse. Akogare chancelait parfois, vivement rattrapé par Tenshi. Il lui souriait alors, murmurant qu’il avait glissé. La jeune femme lançait un regard à Raunen, qui se contentait de fixer la route droit devant lui, les traits crispés.
Bientôt, des gouttes éparses de sueur glissèrent le long des tempes du jeune homme.

Tenshi lui toucha le front, inquiète.


[Tenshi]"On dirait que tu t‘affaiblis."

Du plat de la main, elle essuya un peu de transpiration. Akogare avait du mal à garder les yeux ouverts. Plus que tout, il voulait se reposer. Trop longtemps ils avaient marché sans dormir.

[Raunen]"Il faut presser le pas."

Mais Akogare tremblait de plus en plus, des sursauts violents le saisissant sans prévenir. Alors, il glissant à terre, incapable de se redresser. Il murmurait qu’il était un peu fatigué, qu’il lui suffisait de dormir un peu et qu’il irait mieux. Mais Raunen secouait la tête, la crainte se frayant un chemin dans son cœur.

Le sentier s’étendait, interminable, aussi long qu’une nuit agitée. L’aube, si le mot avait ici un quelconque sens, ne semblait pas vouloir poindre, pas encore. Alors ils poursuivaient. Raunen portait le jeune homme à bout de forces sur ses épaules. De temps à autre, un gémissement quittait sa gorge.

Tenshi lui caressait le bras.


[Tenshi]"Il meurt."

Les dents serrées, Raunen hocha la tête.

[Raunen]"Oui. Cela fait trop longtemps qu’il ne le sent plus, il perd pied. Nous aurions dû passer tout de suite par le troisième sentier."

Tenshi secoua la tête, et quelques pas plus tard murmura.

[Tenshi]"Non. Il n’était pas prêt à ce moment. Il serait mort également. Etrange fatalité qui est la sienne. Être condamné à mourir, quelques soit le chemin qu’il emprunte."

Fait rare, Raunen rit, tournant la tête vers Tenshi.


[Raunen]"C’est celle de tous les hommes, Tenshi. Cependant, Akogare doit survivre."

Ils avaient bien avancé. Le vent s’était dissipé, poussant en une dernière caresse le groupe à poursuivre. Raunen passa la main dans son dos, ôtant de sa ceinture l’arme de Tenshi. Il la lui tendit, et elle hésita.


[Tenshi]"Elle est là ? Tu l’as entendue ?"

Raunen sourit tristement à la jeune femme, en hochant la tête.

[Raunen]"Elle est derrière nous. Je ne pourrais t’aider, je dois sortir Akogare d’ici, l’amener là où il sera sauvé. Pour le moment, il est perdu dans des rêves anciens, des rêves qui l’ont rongé toute une vie durant. Et il risque de l’être à jamais."

Tenshi s’empara de son arme, en serrant de l’autre le bras du guerrier, l’obligeant à s’arrêter et à se tourner. Elle posa sa tête contre lui, plaquant son corps contre le sien, son oreille suivant les battements puissants de son cœur. De sa main libre, Raunen lui caressa la cuisse, puis le dos, tendrement, amoureusement.

[Raunen]"Reviens vite."

La jeune femme se recula, inclinant légèrement la tête pour rencontrer les lèvres du guerrier. Elle les effleura des siennes, avant de s’y engouffrer, d’y plonger en un profond baiser. Souriante, elle se sépara de lui. Raunen hocha la tête, et sans un mot de plus poursuivit sa route.

Tenshi se retourna, balayant du regard tout le chemin parcouru. Son ennemi ne tarda pas, marchant calmement. La jeune femme ferma les yeux, cherchant en elle la force de vaincre. Ses cheveux lilas étaient battus par un vent taquin de retour, et encadraient son visage immaculé. Elle entendait à présent les pas de la femme sur les feuilles.
Enfin, elle rouvrit les yeux, ses yeux sanglants.

Cette inimitable beauté.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 8 Mai - 18:19

Des éclairs. Indistincts, imparfaits. De la lumière, aveuglante, éclairait cette plaine nue. Akogare avançait, prudent. Combien de temps il avait passé là, il aurait été incapable de le dire. Il se sentait toujours aussi épuisé, et pourtant il marchait, chancelant.

Le monde se teintait de brun, de gris. Plus sombre, à l’image de l’état du jeune homme. Il voulait sortir d’ici, de cet endroit obscur. Sans issu. Il se tournait, se retournait, cherchant une illusoire porte de sortie. Il se mettait parfois à courir, prit d’une terrifiante peur, qui lui serrait le cœur.

Sur sa droite, des images se formaient. Akogare ralentit peu à peu, les contemplant. Elles s’assemblaient lentement, formant une mosaïque bancale. L’adolescent toucha du doigt cette improbable peinture.

Il fut jeté à terre, le souffle court, la tête basse.

La pièce était noire. Il n’y perçait aucune lumière, aucun rayon. L’oreille tendue, Akogare écoutait. Des sanglots. Ils lui firent mal à la tête, lui donnèrent la nausée. C’était des sanglots de désespoir, de tristesse. Puissants et inaltérables. Des sanglots féminins.

Lentement, il s’approcha, marchant en aveugle.


[???]"Tu t’es toujours reproché d’être aveugle. Pourtant, tu t’es toi-même crevé les yeux. C’est un monde magnifique, que celui des aveugles. A la fois désespérant, désolant par sa noirceur, mais aussi magnifique, car tout devient plus beau, chaque son, chaque sensation. Chaque caresses, chaque baisers."

La voix le fit frissonner. Elle était tremblante, assemblage fragile de souvenirs confus. Il l’avait déjà entendu ici même pourtant, c’était lointain, mais il savait que cette voix était inscrite en lettres de feux en lui. Le silence s’installa, entrecoupé de nombreux hoquets. Akogare s’agenouilla, passant son bras devant lui pour ne rencontrer que du vide.
Il entendit un rire.


[???]"N’es-tu pas un papillon, Akogare ? N’es-tu pas doré ? Ne peux-tu pas éclairer ce monde aveugle ?"

Les sanglots reprirent, réponse au silence du jeune homme. Il se redressa.


[Akogare]"Ne pleures pas."

Ils cessèrent immédiatement.


[Akogare]"Tu n’aimes pas ça."

Nouveau rire. Il sentit une ombre évoluer autour de lui, caressante et enjouée.

[???]"Ah ? Tu me connais donc ?"

Akogare esquissa un mince sourire, poursuivant sa route, aussitôt suivi de la mystérieuse voix.

[Akogare]"Non. Mais je me souviens de ça. Ne t’en fais pas. Je te cherche. Une fleur de cerisier, perdue dans les ombres devrait se remarquer."

Il la sentit sourire. Le monde était toujours obscur, obscur car il ne savait pas où il était, ce qu’il faisait.

[???]"Je suis dans tes rêves, tu sais ? Tu me connaîtras mieux en sortant d’ici. Cependant… Pour te souvenir de moi, pour te souvenir de moi jusqu’à dans ton cœur, il faut que tu poursuive plus avant encore."

Elle prit une brève pause.

[???]"Mon souvenir se trouve sur le dernier sentier. Mon souvenir, et par conséquent le tien. Continue ta route. Vers la lumière."

Akogare eut un pincement au cœur en ne percevant plus la présence de la voix. Mais bientôt, l'aurore naquit, illuminant cette morne plaine.

Plus il progressait, et plus il sentait de vaporeux rêves se rapprocher. Il y avait aussi des ombres néfastes, des ombres qu’il essayait d’éviter. Il supposait que c’était des cauchemars, ou des choses approchant.
Sans prévenir, un des rêves le toucha, l’effleura timidement, le transposant autre part.

Il voyait un papillon. Il voyait du mimosa. Flashs violents, les images se superposaient, se supplantaient sans arrêt. Il y avait une voix, une voix oubliée. Pourtant, il reconnut celle qui lui avait parlé précédemment. C’était donc de ce papillon qu’elle parlait ? Une image de beauté ternie, de beauté mélancolique.
Le papillon était gris.

L’image se flétrit, laissant place à un décor de glace et de roche. Il y avait une fille, du moins Akogare le présumait. Elle était seule et droite, faisant face aux bourrasques. Elle resserra son écharpe, et avançait. Le jeune homme se rapprocha d’elle. Cette fille hantait jusqu’à ses nuits… Qui était elle ? Son nom, il aurait donné sa vie pour connaître son nom, pour l’entendre murmuré dans le vent et le saisir délicatement. Il leva la voix, hurlant dans le vent, posant cette question aux montagnes elles-mêmes, qui, de leur suprême indifférence, l’ignorèrent.

Il se rapprocha d’elle. Son corps était flou, composé de tâches éparses et confuses, sans toutefois la rendre grotesque, sans altérer la beauté qu’il devinait. Akogare la suivit, marchant à ses côtés. La jeune fille s’arrêta au bord d’une gigantesque falaise. Le froid ne l’atteignait pas lui, mais elle frissonnait, claquant sporadiquement des dents. Pourtant, elle ôta son foulard, qui s’envola élégamment, partant mourir sur un pic acéré de la montagne. Elle avait les yeux fermés, un lumineux sourire aux lèvres. La jeune fille écarta les bras, tournant sur elle-même pour profiter au mieux de la caresse du vent. Dansante, dansante avec ce qui lui restait de vitalité, se penchant parfois dangereusement près du bord de la falaise, mais insouciante, elle poursuivait.

Soudainement, elle chuta, tombant lourdement au sol. Akogare s’agenouilla, passant ses doigts éthérés sur la peau frémissante de l’adolescente. Inexplicablement, il sentait les larmes poindrent, il se sentait proche d’elle et voulait la réconforter, l’aider à se relever. C’était seulement à cette distance que l’on pouvait discerner la traînée sanglante qui maculait sa poitrine.
Des pas. Sur la droite. Akogare se tourna, rencontrant son regard. Son double chancelait vers elle, ignorant ses propres blessures pour se rapprocher d’elle le plus possible, pour lui caresser sa frissonnante peau.
Il passa ses bras autour d’elle, elle sourit contre son torse. Un baiser les unit, douloureusement sucré. La jeune fille souriait, parlait à voix basse. Lui ne disait rien.

Ils se relevèrent, fièrement, ensemble, défiant la montagne de les arrêter, de briser leur union. Tremblants, titubants, ils esquissèrent les premiers pas d’une mortelle danse. Ils dansèrent longtemps ainsi, jouant avec leur vie sur le bord escarpé de cette froide spectatrice. La tête de l’adolescente était posée contre l’épaule du double, mais bravement elle se redressa, se redressa pour un regard, un dernier avant de s’écrouler dans la neige.
Son double l’accompagna dans sa chute, la main posée sur la blessure sanglante. Il lui caressait le visage, et elle souriait.
Ses yeux se fermaient, malgré lui, malgré ses efforts. Malgré son envie de vivre, de vivre pour elle. La jeune fille tendit la main. Alors seulement il s’autorisa à tomber sur sa poitrine. Aucun gémissement ne quitta les lèvres closent de l’adolescente.

Elle murmura à nouveau, décrochant un sourire au double fatigué. Le vent battait plus fort, accompagné d’un manteau de neige, recouvrant peu à peu le couple immobile, immobile dans la mort.

La scène perdit en clarté. Presque douloureusement, Akogare quitta du regard l’image de ce couple mourant, avant qu’elle ne se fasse absorber par une vague noire. Le jeune homme resta debout, les yeux baissés face à cette tempête naissante, cette tempête qui aspirait toute lumière.
Lentement, elle s’apaisa. Akogare rejeta la tête en arrière, les yeux clos.


[Akogare]"Tu es cette fille."

La réponse lui parvint au bout de quelques instants, soufflée dans l’ombre, craintive.

[???]"Oui."

Le jeune homme secoua la tête.

[Akogare]"Je n’arrive pas à me souvenir de ton visage."

Il reprit sa marche, dans le noir nouveau. Il entendit, plus loin, la voix rire.

[???]"Mon Dans ce cas, souviens toi de mon nom. Juste de mon nom. Et tu me trouveras."

Akogare n’avait rien à répondre. La tête lourde, il chancelait. La sortie semblait encore bien lointaine. Ils marchèrent ensemble, sans plus parler. Le paysage ne changeait jamais. Monotone dans sa nébulosité, froid et menaçant dans ses murmures, dans ses bruissements.

[???]"Akogare… Pourquoi continuer à vivre en aveugle ? Tu as réussi par le passé à voir la lumière, même dans tes rêves. Ne peux tu t’en souvenir ?"

Le jeune homme éluda la question en murmurant soudainement, sa langue formulant les mots avant que son esprit ne les analyse, comme piquée par le ton inquiet de la voix.

[Akogare]"Quelle relation avions-nous ?"

Un doux rire, une nouvelle fois.

[???]"Tu n’as qu’à t’en rappeler."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 8 Mai - 18:19

Akogare ne dit rien, peut-être déçu de ne pas en savoir plus, avançant simplement. Un craquement sinistre sur le côté attira son attention. Le jeune homme s’arrêta immédiatement, sa respiration s’accélérant. Il tourna les yeux autour de lui. La voix était toujours là, quelque part, l’observant.

[???]"Tu les sens aussi ? Oui, ils approchent. Fais attention à toi. Souviens toi de qui tu étais. Je t’y aiderais, fais moi confiance."

Akogare ne bougea pas, dressé dans l’ombre. L’endroit était toujours aussi opaque. Aucune lumière n’y perçait. Etait-ce réellement sa faute ?
Un nouveau craquement, plus proche. Il y avait une masse informe, gigantesque, qui s’avançait vers lui. Il la discernait difficilement, son corps noir épousant les ombres environnantes. Mais l’impression de mouvement, et les bruits l’accompagnant, cortège funèbre, ne trompaient pas.


[???]"Tu les reconnais ?"

La masse sombre était à quelques mètres de lui, le dominant de toute sa taille. Akogare plissa les yeux, tentant de deviner la forme générale qu’elle prenait. Il y avait bien l’ombre, les esquisses d’un corps humain. Parfois, Akogare devinait une couleur traverser le colossal corps. Unique, ou bien escortée d’autres, courant sur sa peau avant d’y mourir plus haut.
Des cris s’échappaient de cet être, de sa carapace. Sans tonalités propres, comme si elles avaient été épurées de toutes teintes, afin de les rendre inhumaines. La créature frappa le sol, soulevant des amas de ce qui pouvait être de la pierre, avant de pousser un rugissement.


[???]"Ce doit être étrange pour toi de devoir te battre contre eux. De devoir les battre pour te rappeler de ce que tu es. De ce qu’est une partie de toi. Ce n’est pas la plus marquée, mais elle a son importance."

Akogare ferma les yeux. Sans même y penser, comme un mécanisme rouillé remit en marche par miracle, il se mit en garde. Les genoux fléchis, les paumes en avant, il rouvrit les yeux, détaillant le monstre.

[Akogare]"Oui. Etrange que de devoir se battre contre ses rêves. De les détruire, pour mieux les vivre."

La masse attaqua, maladroitement, mais avec une vélocité surprenante, son poing cherchant le torse du jeune homme. Le bras d’Akogare subit l’assaut, encaissant lourdement, mais il riposta, avec violence, avec une rage oubliée, frappant, encore et encore, inlassable. Le colosse recula, une plainte quittant sa gorge.
Un rayon de lumière perça le ciel sombre.

Le géant se redressa. Il semblait étudier son adversaire. Akogare sentait son regard amusé lui détailler le corps.

L’adolescent approcha, prudent, toujours en garde. Les yeux fermés, il évoluait à la rencontre de ses rêves. Des souvenirs lui revenaient. Des rêves enfouis dans son cœur se réveillant lentement. Des rêves violents, de mort, de peur. Des rêves d’enfants, malgré tout. Mais aussi, des rêves d’adolescent, plus sombres, plus hachés, plus bruts, mordant de réalité, de sentiments exposés.
Toute la vigueur de la jeunesse, cette violence latente mais aussi cette douceur, cette beauté, lui faisait face. Le colosse évoluait sans cesse, se transformant, sa taille changeant. Des couleurs plus vives couraient sur sa peau, sur son armure.


[???]"C’est une partie de toi. Une partie tourmentée, mais terriblement attachante, parce que terriblement touchante. C’est la partie qui te fait mal, qui te fait souffrir chaque jour. Elle évolue selon tes propres sentiments, car ce sont d’eux qu’elle se nourrit. De sentiments, et de souvenirs. Brise tes rêves. Retrouve les. Tu en auras besoin."

Akogare sourit. Il frappa le sol du pied, prenant une impulsion, et se propulsa contre la masse en cours de métamorphose. Son poing rencontra son ennemi à la gorge, s’enfonçant dans sa chair tendre. Le jeune homme commença une terrible danse, une danse de mort et de violence, la danse d’une passion dévorante.
La passion de la vie.

Il frappait, grimpant sur le dos de la masse sombre pour lui porter des coups sur la colonne vertébrale. Mais il fut projeté à terre, rebondissant lourdement sur le sol dur. Son adversaire se jeta sur lui, toutefois avant de l’atteindre, Akogare s’était écarté.

La lumière pénétrait à présent le sombre dôme au-dessus d’eux, éclairant ce qui avait été un colosse caché dans l’ombre. C’était un homme qui semblait de glaise noir, fracturé en maints endroits. Il avait reprit une taille normale, surpassant néanmoins l’adolescent. Il s’était redressé, lui faisant face. Pour la première fois, sa profonde voix brisa le silence, une voix chargée de teintes, de senteurs différentes.


[???]"Te souviens tu de ce rêve ? Le rêve de devenir un guerrier, de ne jamais faiblir ? Ce rêve né de l’odieux souvenir qui changea ta vie ?"

Akogare fronça les sourcils, surprit qu’il puisse parler. Il se remit en garde murmurant néanmoins.

[Akogare]"Vous avez un nom ?"

L’homme noir rit.

[???]"Personne n’a jamais prit la peine de me donner un nom. Néanmoins, j’aime à être nommé Musou Hibiki."

Il leva les yeux vers le mince rai de lumière qui tombait à ses pieds. Ainsi éclairé, l’endroit ressemblait à un sanctuaire, le sanctuaire d’un dieu agonisant, mourant, mais se battant avec l’énergie du désespoir, refusant l’inéluctable.

Akogare accepta le silencieux défi. Le visage de Musou était indéchiffrable sous cet angle. Malgré les étincelles de lumières qui venaient parfois lui caresser la joue, on ne devinait que l’éclat de ses yeux, noirs, illuminés d’un point blanc. Flocon de neige perdu dans la nuit.

Les deux hommes étaient dressés l’un devant l’autre, le rayon éclatant les séparant, arbitre paisible, souriant. Akogare écoutait les sons diffus que produisait le corps de son adversaire. C’était des bouts de phrases, des mots isolés, lancés au hasard, tâches de couleurs sur un tableau parfait. Ils éclataient, leur sens pénétrant l’esprit de l’adolescent. Lentement, il les assemblait. Certaines voix étaient inconnues. Parfois douces, parfois rudes, haineuses. Parfois amoureuses, caressantes, simplement aimantes. De lui, d’un autre, les voix se chevauchaient jusqu’à former un ensemble cohérent.

Musou fut le premier à réagir. Son poing rencontra le ventre d’Akogare, le projetant à terre. La bataille dura, épuisante, mais les coups ne faiblissaient pas. De temps à autre, un rêve venait surprendre le jeune homme. La plupart étaient troublants, de par leur forme, de par ce qu’ils racontaient. Mais, bien vite, ils rejoignirent son subconscient, s’estompant avec lenteur, ne laissant que brume.

L’un d’eux retint son attention. Plus net, plus puissant que les autres dans son intensité, dans sa radiance. C’était, il le savait, un souvenir autant qu’un rêve. Un souvenir qui l’avait tellement marqué, choqué, qu’il en avait gardé plusieurs versions qui se présentaient aujourd’hui à lui, impitoyables. Certaines étaient sans aucun doute transfigurées, modifiées par l’esprit d’un enfant craintif, d’un enfant terrorisé.
D’un enfant malade. Malade de vivre, de vivre dans un monde froid et obscur. Akogare prenait peur, l’effroi s’insinuant avec une lourdeur sinistre dans son esprit, coulant comme du plomb froid. Son cœur lui cognait la poitrine, son cœur le suppliait de repousser ses images. Il essayait, de toute ses force, de toute sa volonté. Non ! Plus jamais il ne voulait revoir ça !
Le nommer, il ne le pouvait. Il fermait les yeux, les images continuant pourtant de se faufiler entre ses paupières, cruelles dans leur innocence.
Alors, il fut obligé de regarder. De contempler cette lente agonie.

C’était un repas.
Akogare gémissait à terre, frappant le sol vaporeux de son poing serré, de son poing rageur. Toutes les têtes étaient modifiées. Grotesques, abjectes, prenant les traits d’animaux, changeant de couleur brutalement, reflet de leurs sentiments. Le regard d’un enfant, sur un monde d’adulte.
Toutes, sauf deux.
Il se voyait. Il se voyait, agenouillé, mangeant calmement jetant de temps à autre un regard alentour, principalement à une jeune fille qui lui répondait d’un sourire.
C’était la seule à apparaître clairement hormis lui.

Elle avait un visage innocent, les yeux baissés sur son bol. Un ami silencieux et immuable. Soudainement, la jeune fille leva ses yeux nacrés. Ils avaient prit une teinte différente. Akogare le voyait clairement, tandis qu’il contemplait la scène.
Avec violence, elle se dressa, renversant son seul soutien, son seul ami qui se brisa au sol. Ses yeux se tournèrent vers l’un des visages cachés. Sous le regard de la jeune fille, il apparut, indistinct. Les traits durs, il discutait avec un voisin de table pourvu d’une tête reptilienne. Lentement, ses yeux rencontrèrent ceux de la jeune fille. Sa fille. Akogare se souvenait, tandis qu’elle courait vers lui, le visage déformé d’un pli haineux.

Non.

Elle frappa, son poing aveugle s’élançant. Mais avant même de pouvoir sentir la chair de son père sous ses doigts, elle fut projetée en arrière. Et, avec horreur, Akogare fit l’homme se lever de table, prenant son temps, consciencieux. Ses yeux se déformèrent, des veines apparaissant sur leurs rebords, surlignant leurs contours. Le don familial. Le Byakugan.

Ce souvenir.

Avec toute la violence, toute la haine, la rage possible, il frappa sa fille. Sa fille. Encore, et encore, ignorant le filet de sang qui éclaboussait son chemisier mauve, ignorant ses cris. Il frappa, jusqu’à ce qu’elle s’écroule lourdement sur le sol.

Le silence.

Il ne lui jeta pas même un regard, retournant s’asseoir. Les veines rentrèrent, l’incident était clos. Le don familial. Ce don, qui sert à frapper les siens. Ce don, qui va jusqu’à ignorer les liens entre père et fille. Terrifiant paradoxe. Comment ? Comment une telle chose était possible ? Autant de haine concentrée sur une partie de soi, sur ce que l’on a contribué à créer ? Sa fille.
Akogare frissonna, secouant la tête, impuissant. Son regard se décrocha de ce visage glacial et insensible pour chercher le sien. Il était floué. On ne se voit pas, dans ses rêves. Ses mains étaient à mi-chemin entre sa bouche et la table, les yeux fixés sur le corps de la jeune fille. Il lâcha ses baguettes qui lentement, inéluctablement, chutèrent, heurtant la table, résonnant sourdement dans la pièce.

Hinata.

Akogare reprit conscience. C’était comme sortir la tête de l’eau, alors que l’on se noyait fatalement, que déjà on se sentait céder. Musou n’avait pas frappé pendant ce temps. En vérité, et l’adolescent s’en aperçu lorsque l’homme se propulsa à sa rencontre, à peine quelques secondes s’étaient écoulées.
L’esprit brouillé, il resta sur place, accusant le coup au niveau de sa lèvre qui explosa sous le choc. Il resta à terre, la joue mordue par la pierre, vidé de toutes forces, secoué de tremblements incontrôlables.

Musou le dévisagea, n’amorçant aucun mouvement hostile.

Akogare pleurait. Pourquoi personne n’avait bougé ? Pourquoi n’était-il pas intervenu ? Hinata. Un hurlement quitta sa gorge, il hurlait ce nom, arrachant de son cœur la croûte qui s’y était formée, laissant le sang couler de nouveau, laissant le sang lui laver le cœur, le corps, l’esprit.

Musou se rapprocha de lui une fois les larmes passées, les yeux de l’adolescent trop secs pour en créer de nouvelles, ses épaules trop épuisées pour se secouer encore.
Il passa une main lourde sur le dos d’Akogare, déclenchant de nouveaux hoquets, faible plainte.


[Musou]"Tu as recouvré tes rêves."

Il poussa un long soupir.

[Musou]"Ce souvenir a hanté ton enfance. Tu ne voulais pas de ça. Tu refusais cette vie, cette absence d’amour, cette absence de sentiment mis à part la haine de la faiblesse, ce refus d’aimer sous un concept aussi futile que la puissance. C’est ainsi, à ce moment précis, que tu t’es en quelque sorte crevé les yeux de ton plein gré."

Il se tut. Akogare l’écoutait, ses reniflements s’estompant pour ne pas concurrencer la voix de l’homme. Ce dernier poursuivit.

[Musou]"Tu t’es coupé à toute vision de haine, toute vision d’amour, feignant d’ignorer que ces sentiments existaient. Alors, tu as emprisonné ton don. Sans le vouloir, c’est vrai, mais tu as emprisonné Tenshi dans une cellule de ta création où elle a grandit, bercée de l’amour que lui portait Raunen. Ils sont restés ensemble dans cette prison, s’aimant dans le secret du vide qui était cette chambre, protégé de la tempête qui était ton esprit. Raunen était torturé de devoir garder captive Tenshi. En reniant tes sentiments, tu as été aussi cruel, aussi froid que le père de cette jeune fille vue dans ton souvenir."

Musou sourit néanmoins, malgré la dureté de ses propos. L’adolescent ne pleurait plus, cherchant en lui une réminiscence de cet état qui fut le sien.

[Musou]"Au fil des années, ton esprit avait occulté cette scène traumatisante que tu as vue. C’est, ce que j’appellerai l’instinct de survie. Ton esprit connaissait la force destructrice qui hantait ton corps. Autant ne pas la nourrir, cette force. Mais, tu as bien changé depuis ce ténébreux temps. A cette époque, tu te haïssais secrètement, honteusement. Alors, tu n’hésitais pas à te faire du mal, à te surpasser pour te prouver que tu existais, que malgré les lacunes au niveau de ton don, tu valais quelque chose. Tu voulais prouver que tu n’étais pas cette fille. Jusqu’au jour où après l’un de ses entraînements, ta vie changea."

L’homme ne s’arrêtait pas, sa voix traversant Akogare comme une lame à vif, comme une lance de feu lui embrasant les entrailles. Tout ceci était vrai. Il le savait.

[Musou]"Et la suite, tu l’as connais déjà, même si une partie, la partie fondamentale t’échappe encore. Raunen a ouvert la porte à Tenshi, pour qu’elle puisse observer ton esprit, cet esprit qu’elle avait été contrainte de fuir alors qu’elle n’était même pas formée. Il savait que tu avais une chance de survivre. Parce que, tu avais accepté d’éprouver des sentiments. Et, tu as survécu. Par deux fois."

L’homme se releva, soupirant.

[Musou]"Enfin. Ce n’est pas moi qui peux t’enseigner la raison de ce déblocage soudain, qui est la partie la plus intéressante, la plus vitale pour toi. Je t’informe juste sur le pourquoi du blocage, la suite se trouve plus loin, et la conclusion plus loin encore."

La lumière tombait sur eux, forçant Akogare à garder les yeux fermés. Il entendit Musou soupirer, faiblement, puis s’éloigner sans un mot de plus. Aucune parole ne fut prononcée pendant un long moment, une éternelle minute.
Le jeune homme sentit le frôlement habituel de la voix, ses pas légers résonnant sur le sol tandis qu’elle s’avançait vers lui. Elle sembla lui toucher le front, toucher du bout des doigts la sueur qui le baignait, pour le rassurer, peut-être.
Enfin, son rapide examen terminé, elle souffla.


[???]"Il faut se dépêcher Akogare. Tu t’affaiblis. Bientôt, tu t’endormiras. Si tu tombes ici, tes amis ne pourront te secourir. Viens."


Dernière édition par le Sam 13 Mai - 21:36, édité 1 fois
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 8 Mai - 18:23

Quatre mois. San avait facilement réussi à rester dans la chambre, même maintenant qu’elle était parfaitement remise de ses blessures. Elle restait de longues heures couchée aux côtés d’Akogare, le veillant, le berçant de sa douce voix. Il respirait toujours aussi calmement, mais elle le sentait se fatiguer. C’était imperceptible, mais au plus profond de son cœur, elle le savait dépérir. Alors elle pleurait, durant de douloureuses heures, un flot continu, que nul ne pouvait endiguer.

Quatre mois. Le temps s’était écoulé avec une lenteur affolante. Le printemps avait laissé sa place à l’été, temps plus rude, saison guerrière. Le soleil venait caresser la peau de la jeune fille, jouant avec les ombres des feuillages des arbres. Le vent lui-même venait la réconforter, venait lui souffler quelques mots d’amour à l’oreille, de sa voix fuyante, de son timbre rieur. Mais personne ne pouvait faire naître le moindre sourire aux lèvres de l’adolescente.
La famille de la jeune fille commençait à s’inquiéter pour elle. Elle avait du mal à manger, rejetant le plus souvent toute nourriture ingéré. Ses traits étaient creusés par la fatigue. Elle n’arrivait plus à dormir, et les médecins rechignaient à lui accorder des calmants ou autres narcotiques, prétextant qu’à forte dose San pouvait devenir dépendante.
Alors, elle restait étendue, attendant d’être trop épuisée pour pleurer, pour se retourner.

Quatre mois. Le médecin venait fréquemment prendre des nouvelles. Il s’inquiétait également de l’état de San, mais n’en soufflait mot. Il redoutait de dire à la jeune fille sa pensée profonde. Alors, là aussi il se taisait, contemplant la jeune fille souffrir, agoniser de concert avec son ami. Il la regardait murmurer à son oreille. C’était les seuls moments où elle souriait, et parfois moment un rire quittait sa gorge.

C’était une belle journée. San était à la fenêtre, observant la rue adjacente. Des jeunes filles riaient, vêtues de courtes jupes et de décolletés prononcés, marchant en direction des lacs. Elle se retourna, poussant un soupir. Les brumes du sommeil l’enveloppaient. Elles étaient devenues coutumières, comme des amies muettes.


[???]"Petite fille."

Les yeux de San se rouvrirent brutalement. Elle tourna la tête autour de la pièce, cherchant en vain l’origine de la voix. Ses sourcils se froncèrent. Cette voix ne lui était pas inconnue.

[???]"Le printemps est passé. Quelle tristesse qu’il se soit écoulé ici. J’ai promis, il y a bien longtemps, de venir en aide à Akogare le moment venu. Il est arrivé. Ne perd pas espoir petite fille. Je l’aiderai, et vous serez à nouveau rassemblés."

San frissonna. L’homme en blanc et aux roses. L’homme avec qui tout a commencé. Il était enfin revenu.

[???]"Tu fais de merveilleuses épines. C’est grâce à toi que son cœur bat encore. Il entend ta voix, et avance à travers elle. Mais, les épines ne sont rien sans les pétales. Attend. Attend, et aime le. Il vaincra, crois moi."

La présence se dissipa peu à peu. La jeune fille tituba en direction du jeune homme couché. Elle posa une main sur son bras. Ce dernier avait des marques violacées par manque de mouvement, des escarres comme les appelait le médecin, mais délicatement, elle se coucha sur lui se rapprochant d’Akogare.

Le sommeil était le seul moment où elle pouvait le voir bouger, le voir rire, le toucher.

Le seul, en quatre mois.
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 8 Mai - 18:23

Le monde avait changé. Il était désormais clair, lumineux, mais pourtant nuageux. Akogare marchait le long d’une route, entouré de vastes champs de blé aux tiges aussi grandes qu’un enfant.
La jeune fille marchait à ses côtés, le corps toujours flou par manque de souvenirs. Le jeune homme avait du mal à marcher, même si il faisait des efforts pour le cacher. Il le cachait, parce qu’il savait que la sortie était proche. Ses rêves lui étaient revenus, et avec eux la connaissance. Le jeune fille chantonnait, d’une voix mélancolique, et terriblement douce. Sa voix n’était pas flouée, elle. Pourtant, c’était un souvenir. Ce point, bien qu’étrange, ne perturbait pas trop Akogare.

Il marchait sous les rayons du pâle soleil, le blé formant comme une haie de part et d’autre. Une haie d’ombre.
Le jeune homme s’arrêta soudainement, tendant l’oreille.


[???]"Il arrive enfin."

Akogare ferma les yeux. Après un long moment d’un calme relatif, les pas d’un homme se firent entendre. L’adolescent patienta, avant d’humer l’odeur de jeunes fleurs.
Ses yeux s’ouvrirent.

Un homme aux longs cheveux noirs se tenait face à lui. Vêtu exclusivement de blanc, il fixait Akogare, ses yeux noirs contrastant avec son visage pâle. Il esquissa un mince sourire.
Ils étaient à plusieurs mètres l’un de l’autre, baignés par le soleil, caressés par le vent. Il tenait visiblement une arme dans sa main droite, au fourreau également blanc, quelques fils d’argent attachés à la garde.
Il était élégant, étonnamment beau, et lui donner un âge se révéla impossible. Des yeux, il rencontra la jeune fille, et inclina la tête à son attention, avant de se concentrer sur Akogare.


[???]"Bonjour Akogare. Tu as l’air fatigué."

Des gouttes de sueur coulaient le long des tempes du jeune homme. D’un revers de la manche il les essuya.

[Akogare]"C’est que je le suis dans ce cas. Vous êtes ?"

L’homme rit, non pas moqueur, mais simplement amusé.

[???]"Te le dire avec un nom serait complexe. Je serai donc Mashiro Bara."

La présence aux côtés d’Akogare s’agita, mais ne dit rien. Elle semblait heureuse, frissonnante de plaisir.

[???]"Si tu veux en savoir plus sur ton passé, si tu veux trouver le nom de la fille à tes côtés, si tu veux connaître l’origine de la fleur de cerisier, viens. Viens et bat toi. Car c’est cela que je représente ici. J’ai promis. J’ai promis de te proposer mon aide à une personne qui nous est chère à tous deux. Et, tout comme toi, je tiens toujours mes promesses. Peu importe le prix."

A peine Mashiro avait-il prononcé le dernier mot de sa phrase que l’air autour d’Akogare se tordit, jusqu’à exploser. Il ne fut pas projeté, il ne fut même pas touché. La jeune fille tenait en ses mains un sabre, qu’elle lui tendit instantanément.
Avec circonspection, l’adolescent s’en saisit, dévisageant tour à tour la fille et l’homme.


[???]"Bat toi. Bat toi pour moi. Trouve mon nom, trouve le dans le sang et les larmes. Trouve le, là où il est né."

Akogare tourna le regard vers Mashiro. Il n’avait pas bougé, restant calmement dressé sur la route. Il poussa un lent soupir, et murmura, juste assez fort pour être entendu.

[Akogare]"Dans ce cas là, je me battrai. Cette fille… Cette fille, je veux la retrouver. Je le sais, même si son nom m’échappe, même si son visage m’est inconnu. Ce qu’elle représente pour moi, je ne peux le dire. Mais si par ton aide, je peux le savoir, alors je vaincrai."

L’homme hocha la tête. Il sortit la lame de son fourreau, brillante sous le soleil, embrassant cette liberté recouvrée. De sa main gauche, il caressa les pétales des fleurs à sa ceinture. Akogare ne les distinguait pas bien, mais c’était des roses. Trois roses. Blanche, noir et rouge. L’homme faisait courir ses doigts dessus, et avec un sourire s’arrêta sur la rouge. Il la sortit, la saisissant, ses doigts experts prenant garde à ne pas se couper.
Avec un sourire sincère, il murmura.

[???]"Rouge. J’aurais dû m’en douter. Tu ne connais pas le sentiment qui anime ta main, mais moi si. C’est donc avec la force de ce sentiment que je me battrais. Akogare, prend garde. La rouge est la plus terrible de mes fleurs. Car elle est la plus puissante en toi."

La fille s’écarta, rejoignant le champ de blé, gradins d’un combat entre deux géants. Les spectateurs végétaux s’agitèrent, sous l’impulsion d’un vent taquin, insensible à al guerrière danse qui se préparait.

Akogare remonta sa main gauche, pour caresser le fourreau de son arme. Il était ambré, des veinures blanches ondulant agréablement autour. Avec lenteur, il l’ôta, tandis que Mashiro s’avançait. Sans quitter son adversaire des yeux, il le déposa à terre, se mettant d’un même mouvement en garde.

Son cœur battait vite, cognant contre sa poitrine avec violence, le poussant en avant. L’écoutant, Akogare se mit en marche. Les lames se rencontrèrent, s’embrassant avec passion avant de se désunir pour mieux se retrouver. Des étincelles jaillissaient de chaque choc, comme de métalliques larmes, des larmes de lumières dans un monde terne.

Aucun des combattants n’arrivait à prendre l’avantage. Akogare était légèrement blessé au torse. La tunique de Mashiro était toujours immaculée de toute traînée sanglante.

Il tenait toujours la rose dans sa main, serrant de l’autre son sabre qui volait avec grâce, fendant l’air pour rencontrer la lame d’Akogare. Ce dernier commençait doucement, lentement, mais inexorablement à plier. Il y mettait toute sa puissance, mais la fatigue était depuis longtemps présente en lui, le rongeant petit à petit.
Mashiro le blessa une nouvelle fois, à la cuisse, le sang ruisselait sur la terre nue, l’abreuvant du liquide sucré, mais Akogare ne plia pas, forçant sur la garde de l’homme, forçant et frappant.

Enfin, il brisa le contact, reculant d’un bond adroit, quoique chancelant. Mashiro ne bougea pas, un sourire se dessinant sur ses lèvres closes. La pointe de sa lame se baissa, tandis qu’il portait à ses yeux sa main gauche, celle qui tenait la rose. Lentement, un liquide de la même couleur que la fleur coulait le long de son poignet. Il quitta l’hypnotique spectacle pour dévisager Akogare. Souriant toujours, il murmura.


[???]"C’est intéressant. Inattendu aussi. Aucune rose ne m’a jamais blessée auparavant. Mais la rose rouge semble être de ton côté. Ce n’est pas étonnant en fait. Les premières gouttes de mon sang, versées par la force de tes sentiments."

Il se remit en garde, ne se départant ni son sourire, ni de sa rose sanglante. Les assauts reprirent, violents et gracieux, terribles et passionnés. Leurs pas les portèrent dans les champs. Le blé pliait sous la force des guerriers, sous la force de leurs volontés. Akogare vacillait, laissant sa garde ouverte où Mashiro s’engouffrait. Il était en sang, son visage éraflé par trois fois, son œil droit luttant pour ne pas se fermer. Mais son adversaire avait été atteint au bras qui tenait l’arme. Ses assauts étaient plus espacés, moins puissants, laissant ainsi le temps au jeune homme de souffler, de respirer.

Toutefois, cela était insuffisant.

Une voix, lointaine, lui parvint.


[???]"Akogare. Courage. Ta main est animée d’un sentiment que tu as oublié. Tu ne le maîtrises plus bien. Mais tu apprends, tu apprends dans le sang. Courage."

Il se redressa, les dents serrées. Ils étaient tous deux de forces équivalentes, et pourtant Mashiro avait l’ascendant.

[???]"Je suis fort grâce à toi, Akogare. Je suis fort, grâce à ça."

Des doigts, il caressa la tige de la rose rouge. Il détaillait l’adolescent des yeux, comme si il attendait une réaction. Il y avait bien quelque chose, un grondement sourd en lui, tapi dans son ventre, se réveillant lentement.
Oui. Son nom. Quel est le nom de ce sentiment, de cette douce sensation ?
L’homme hocha la tête, visiblement satisfait.

Il se remit en garde, avant de lancer une offensive. Akogare esquiva, sautant sur la droite, son corps agissant à sa place. Son bras s’élança sur le côté, frappant le flanc de l’homme blanc qui ne put stopper son impulsion, tâchant une nouvelle fois sa tunique lumineuse. Il mit un genou à terre, ripostant en aveugle, envoyant son arme dans son dos. Akogare leva à temps la jambe, et frappa, frappa en hurlant, en hurlant toute la confusion qui le dévorait.

Mashiro cracha, les deux mains posées sur le sol moite de sang. Au milieu du blé, il s’écroula. Un linceul végétal. L’adolescent lâcha son arme, retombant à genoux. Il retourna l’homme à la tunique maculée de rouge. Il serrait toujours à pleine main la rose, s’enfonçant profondément les épines dans la paume de façon à sentir au mieux toute la douleur de la perfection.
Il toussa, et murmura, faiblement.


[???]"Le rouge de la rose, le rouge de ton sang et du mien. Tu sais désormais ce que cela signifie."

Akogare hocha la tête.


[???]"Tu viens de te battre contre et avec toute la puissance de ton amour. Tu viens de me vaincre."

La jeune fille s’approcha à son tour, caressant de ses doigts flous le corps tiède de l’homme. Il tourna les yeux vers elle, souriant.


[???]"Ce que tu es belle, petite fille. Belle, mais toujours aussi triste."

Il rencontra le regard d’Akogare, et murmura.


[???]"Viens les chercher en moi. Viens trouver tes souvenirs en mon corps fatigué, en mon esprit brisé."

Sans un mot, il saisit la main du jeune homme.
Des explosions lumineuses survinrent dans sa tête. De multiples couleurs, de multiples fragments, de multiples sentiments. Des gerbes rouges, des étincelles bleutées. Des éclairs blancs et noirs frappant des orbes colorés, les faisant joyeusement exploser.
Le battement d’un cœur, d’un cœur jeune et excité

Akogare marchait au milieu de toute cette agitation. A la vérité, son corps n’était plus matériel en ce lieu coupé du temps et de l’espace. Il voletait, de plus en plus vite, sachant parfaitement où aller. Il mit un instant avant de s’apercevoir que les battements cardiaques étaient les siens.

Là. Là, juste devant lui. Devant un gigantesque lac. Devant ce lac se tenait une jeune fille, de dos. Une jeune fille en robe blanche, vaporeuse et taquine, qui prenait soin de ne pas trop couvrir les féminines courbes. Elle était dressée, droite et pourtant étonnamment détendue.
Akogare s’approcha, lentement, son cœur lui faisant mal, son cœur ayant des difficultés à contenir tous ses sentiments. Il était juste derrière la jeune fille, qui n’avait pas bougé, feignant de ne pas s’être aperçue de sa présence. Il ferma un bref, un très bref instant les yeux, juste le temps de s’imprégner de la fragrance de cerisier, ce parfum qui l’avait guidé, qu’il avait senti et flairé plusieurs fois par le passé.

Akogare porta lentement ses bras sur sa taille élancée, avec une infinie précaution, comme de peur de briser un objet trop rare, trop précieux. Il fit glisser ses doigts sur cette surface moelleuse, sur cette robe trop étroite. La jeune fille inclina la tête, un léger gémissement s’échappant de ses lèvres. Il ne voyait toujours pas son visage, son visage caché par ses cheveux, mais elle murmura, faiblement, sa voix parfaitement claire et douce.


[???]"Tu en as mis du temps."

Et lentement, elle tourna la tête vers lui. Elle dévoila le début d’une joue, d’une joue légèrement rosée. Un nez fin, puis un œil, juste un œil. Un œil d’ambre, d’ambre et d’ébène.

Des lèvres. Des lèvres d’amour, incurvées en un sourire humide de larmes.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 8 Mai - 18:24

Deux formes évoluaient, exsangues, chancelantes. Elles s’embrassaient avec violence, se séparaient, sans cesse. C’étaient deux jeunes femmes. Deux jeunes femmes, unies dans la bataille, unies dans le sang. L’une était clair, lumineuse, blanche et bleue. Du sang lui maculait le ventre, sa robe déchirée en maints endroits, dévoilant plusieurs plaies. Du sang coagulé sur la jambe, une main moite qui ne glissait cependant pas sur son arme.

L’autre était rouge et noir, des striures dorées lui barrant la tunique, un lourd manteau bleu sur les épaules. Son masque dissimulait habilement toute humanité de son visage, toute trace de féminité. Son bras droit était coupé, au niveau du coude, un sanglant moignon se dressant fièrement, muet défi à son adversaire, témoignage d’une volonté sans failles. Elle se battait avec autant de rage, avec une haine vorace, un plaisir de tuer inassouvi. La haine, la haine guidait son bras valide et frappait la jeune fille de lumière.

Mais, comme un ange en fuite, elle s’échappait, et ripostait. Malgré ses blessures, elle dominait le combat. D’un violent coup, un coup désespéré, elle toucha la tempe de son ennemie. Celle-ci vacilla, tombant à genoux, son arme s’enfonçant dans le sol pour la soutenir. Elle respirait difficilement, lourdement.

L’ange se recula élégamment, ses jambes croisées alors qu’elle était debout, ses longs cheveux animés par le vent, cachant de temps à autre son magnifique visage. Aucun pli de colère, de douleur ne venait le ternir. La perfection pourvue d’une âme.

A travers le masque, l’être cracha du sang.


[Tael]"Tu n’es pas ce que tu prétends être."

C’était la voix de la petite fille. Boudeuse, une certaine tristesse perçant à travers ses mots.

[Tenshi]"Je t’ai dit que j’étais la création d’un enfant. Il m’a donné la vie, en m’emprisonnant. Il n’y a rien de plus vrai. Je suis une enfant, une enfant de la guerre."

Tael se redressa, titubante, son unique main se portant à son visage pour toucher des doigts son masque. Une jeune femme nue était représentée sur l’œil droit, dorée et blanche. Elle brandissait un éventail devant elle, de façon à cacher le bas de son visage.
Tenshi fronça les sourcils, cherchant le regard de Tael, mais se dernier se perdait dans l’ombre. Seule une petite étincelle était visible.


[Tael]"C’est étrange. Je te connais, et tu étais bien enfermée dans une pièce, gardée par l’homme qui voyage à tes côtés."

Tenshi sourit, décroisant ses longues jambes.


[Tenshi]"Il n’est pas mon geôlier. Il est mon amant. Raunen est une création de l’enfant lui aussi. Il est le bouclier, là où je suis l’arme. Nous protégeons l’enfant, chacun à notre manière. C’est pour cela que tu ne peux vaincre."

Sur le second œil de Tael était dessiné une étrange créature, à la fois puissante et monstrueuse. Une force bestiale, forgée dans la violence, dans la haine la plus totale et la plus absolue. Ses yeux brillant était dirigés vers la jeune fille de droite, qui semblait soudainement incroyablement faible malgré son port altier, malgré son charisme naturel.
Elle devina Tael sourire.


[Tael]"Cela, tu ne peux pas le prédire, gamine. Aussi puissante sois tu, la mort te guette. La beauté, ne protège pas de la mort."

Tenshi sourit, jouant avec son bâton, le plaquant contre son corps. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, ses lèvres s’étirant en un délicieux sourire.


[Tenshi]"Ah ? Et qui crois tu être pour savoir si au fond je ne désire pas la mort ?"

Tael rit cette fois ci, d’une voix adulte, la voix de la femme. Cette voix gênait Tenshi. Elle était incroyablement douce, délicate et sucrée. Et, c’était certainement la voix originelle, comme elle l’avait supposé dès le début.

[Tael]"Mon enfant... Je le sais, car tu as dit être amoureuse. Si l’amour guide tes pas, tu souhaites obligatoirement bannir la mort de ce chemin."

Le silence ponctua ses paroles. La jeune fille aux cheveux mauves savait que la femme masquée disait vrai. Même si elle était prête à sacrifier sa vie pour défendre Akogare, elle ne pouvait s’imaginer vivre sans Raunen.

Elle hocha faiblement la tête.


[Tenshi]"Oui... Mais la mort aura fort a faire pour me vaincre."

Tael tourna le visage, observant la route qui s’étendait derrière elle. Elle avait les cheveux décoiffés, des cheveux bruns, soulignés de mèches rouges assorties à son vêtement.
La voix de la femme s’éleva une nouvelle fois.


[Tael]"Lorsque l’on veut abattre quelqu’un, on frappe ses points faibles. Prends garde à ceux que tu aimes."

Tenshi se retourna à son tour. Les deux femmes étaient au milieu du sentier, dressées dos à dos, leurs visages fermés. Tenshi avait les yeux voilés, ses pensées s’imprégnant des dernières paroles de Tael.

[Tenshi]"Raunen est fort. Si il faiblit, je serai toujours là pour le soutenir."

Un doux rire, impalpable. Tael fit un pas en avant, suivi d’un autre.

[Tael]"Moins que toi cependant. De toutes manières, je ne parlai pas de lui."

Tenshi tourna à moitié le visage, de façon à découvrir de son œil pourpre le dos de Tael. Sans rien ajouter, elle reprit sa route.

Seuls les échos de la solitude chantaient à son passage, ici, dans la forêt de la mélancolie.


____________________________

Les deux guerriers étaient depuis bien longtemps réunis, assis contre un arbre, le corps tremblant d’Akogare entre eux. Raunen avait pansé les plaies de Tenshi avec délicatesse, prenant garde à ce corps meurtri. Il était de plus en plus inquiet, et probablement que la jeune fille aussi, même si elle le dissimulait parfaitement, tout comme lui. Jamais elle n’avait été blessée en combat avant ce voyage. Mais cet être masqué semblait de puissance égale à Tenshi, ce qui était en soi impossible.

Elle avait la tête posée sur son épaule. Des yeux, il contemplait ses cheveux mauves, déposant un doux baiser dessus, décrochant un sourire à la jeune fille. Elle releva la tête, le regard brillant, son charmant sourire le faisant frissonner.
Sans un mot, elle unit ses lèvres aux siennes, lui caressant du bout des doigts la joue.

Le temps s’écoulait, et Akogare restait inanimé. Ils étaient de nouveau à la Croisée des Mondes, entourés des différents sentiers qui s’offraient à eux. Raunen se releva, étirant son puissant corps. Il adressa un regard à Tenshi, qui hocha faiblement la tête. En silence, il partit surveiller les alentour, comme à son habitude.

Tenshi caressait imperceptiblement les cheveux du jeune homme à ses genoux. Plusieurs minutes passèrent, tandis que ses doigts évoluaient sur son visage livide. Sous la caresse de ses mains, elle le sentit pour la première fois frémir. Elle interrompit son geste, surprise.
Avec prudence, elle se déplaça, se positionnant face à lui. Lentement, subtilement, le visage de l’adolescent reprenait des couleurs. Elle leva les yeux, cherchant Raunen, mais Akogare soupira.

Il avait toujours les yeux clos, mais sa bouche s’était ouverte, avide d’aspirer le plus d’air possible. Tenshi épongea son front trempé d’une sueur fiévreuse, les battements de son cœur s’accélérant.


[Akogare]"San."

Un murmure rauque, le murmure d’une voix sèche. Lentement, ses pâles yeux d’argent s’éveillèrent, deux astres brillants. Il resta couché un long moment, dans un silence relatif, seulement perturbé par le bruissement des feuilles. Raunen était appuyé à un arbre, son épée posée sur l’épaule, son autre main dans sa veste.
Tenshi se recula un peu, lorsque Akogare se redressa
.

[Tenshi]"Qu’est-ce que c’est ?."

Calmement, Akogare rencontra son regard.

[Akogare]"C’était son nom."

Il se remit debout, aidé de Tenshi qui le dévisageait.

[Akogare]"San, et je crois que je l’aimais."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptySam 13 Mai - 17:36

San était assise sur le lit d’Akogare. Son repas gisait sur la table, à peine entamé. Inexplicablement, elle était nerveuse, redoutant l’inconnu, l’inconnu qui semblait se dessiner face à elle. Elle caressa du bout des doigts le front plat du jeune homme, ses yeux s’arrachant à ce morne spectacle pour contempler les acteurs mécaniques de cette tragédie. Il avait toujours un assistant respiratoire. Un électrocardiogramme et un électrœncéphalogramme complétaient le tout, dotés de diverses machines annexes. Un enfer d’acier terne et de lumières moroses.
En voyait la ligne verte irrégulière, sinusoïdale, elle sentit son cœur sursauter.
Tout au long des premiers mois, Akogare avait été opéré, par couches successives, les médecins prenant garde à ne pas trop solliciter son corps et ses capacités de récupération. Ils avaient renoncé à user de chakra, ou de techniques plus poussées, l’organisme du jeune homme étant définitivement trop faible. Il apparaissait qu’un corps humain de son âge devait éviter les interventions répétées à intervalles réduits. Et, de l’avis du médecin, opérer directement un corps requiert moins de ressources pour le patient que d’user de techniques médicinales, spécifiques à l’organisation des ninja.

Des chocs, San se raidit. La porte s’ouvrit, et l’ombre du médecin s’y engouffra. Il attendit que ses yeux s’habituent à l’obscurité avant de poursuivre, sans doute souhaitait t’il préserver l’intimité du couple. Il se dressait près des machines, occultant leurs sombres silhouettes. L’homme jeta un coup d’œil à l’adolescente, lui adressant ce qui semblait être un mince sourire.


[Médecin]"Bien mangé ?"

San haussa les épaules. Il y avait dans l’allure de l’homme quelque chose d’inquiétant. Une menace cachée, inexplicable, impalpable, mais présente. La jeune fille avait les sourcils froncés. Ce n’était pas de la peur qu’elle ressentait.


[Médecin]"Si tu continues ainsi, tu partira avant lui."

San ne se permit aucune réponse, s’enfermant dans un silence circonspect. Enfin, le médecin se retourna pleinement vers elle, soupirant, tout en s’asseyant sur le bout de la table.

[Médecin]"Enfin… Tu sais, depuis une semaine, nous étions en pleine discussion. L’ensemble du corps médical… En vérité, nous nous interrogions sur vous. Sur lui, plus particulièrement."

De la tête, il désigna Akogare.


[Médecin]"Car, la question se pose malgré tout. Est-il moralement souhaitable de laisser ce jeune homme en vie ? Nous avons demandé à ses parents vois tu. Ils nous ont dit qu’il était hors de question d’achever leur fils, et ils ont été soutenus par l’ensemble des Hyuuga, ou du moins, une très large majorité."

Il semblait hésitant sur le sentiment à éprouver en pareille situation. Du soulagement ? De la frustration ? Néanmoins, il ne poursuit pas, et San le relança doucement.

[San]"Pourquoi personne de sa famille n’est-il venu le voir ?"

[Médecin]"Oh… Ses parents auraient sans aucun doute bien voulu. Mais, d’après ce que j’ai compris, le clan Hyuuga est… perturbé, par ce qui est arrivé à Akogare. Enfin, ce n’est pas très important, du moins, pour le moment."

Le bruit itératif de la machine donnait une ambiance étrangement angoissante. Comme si la vie était malgré tout suspendue à un mince fil, et que à tout moment, elle risquait de basculer.

[Médecin]"En fait, ce jeune homme m’intrigue. Et ça m’aurait fait vraiment mal au cœur que de le tuer, ne serait-ce que pour toi. Tu es, de mémoire, la seule personne a avoir veillé avec autant d’assiduité, de passion, un patient."

Le maigre clair de lune se reflétait sur les lunettes de l’homme, tandis qu’il dévisageait San. Il poursuivit.

[Médecin]"Il m’intrigue, car un choc à la tempe, surtout de cette violence est mortel. Mais après tout, chaque corps est différent, et ce qui est dangereux pour l’un, et pratiquement inoffensif pour l’autre. D’après nos analyses, son corps a été partiellement détruit, de l’intérieur principalement. Comme si il avait... euh… implosé. "

Les yeux de l’adolescente s’agrandirent d’horreur, un frisson lui agitant soudainement le corps. Implosé. Il lui revenait des images, éparses, mais bientôt complétées par d’autres, toujours terribles. Le Byakugan. Akogare avait utilisé son Byakugan pour la sauver. C’était donc cela la raison de ses multiples blessures, de son coma, et aussi de cette phrase qu’il lui avait soufflée, l’une des dernières qu’il ait prononcé. « Tu le feras, encore. »
Le médecin ne s’aperçut pas du trouble de la jeune fille, et continua sur le même ton.


[Médecin]"Et pourtant, il est toujours en vie. D’où la seconde curiosité. Le fait qu’il meurt, malgré tout. Normalement, une personne dans le coma reste stable. Lui non, il meurt, ses fonctions vitales s’épuisant peu à peu. C’est invisible, mais sa pression descend, et d’autres signes le démontrent. Mais, je le sens capable de survivre. On a vu bien des choses ici, et il le temps ne signifie rien dans le coma."

[San]"Et vous ne pouvez pas l’aider ?

[Médecin]"Et bien non. C’est un combat entre lui, et lui seul. De fait, même si il se réveillait, je crains fort pour son avenir. Il aura des séquelles, probablement d’ordres mémorielles et physiques. Six mois sans activités ne laisse pas sans marque, et un choc traumatique est délicat. Il aura besoin de temps pour récupérer si il survit."

San avait une voix faible. Elle détourna le regard, observant le pas de la porte entrebâillée qui semblait les appeler tous deux. Elle imaginait mal Akogare stopper sa vie de ninja.

[Médecin]"En ce moment, il s’agite. C’est lisible sur les scanners, il a de brusques poussées d’activités internes. Il aborde la dernière partie de son sombre voyage je crois. Et, plus que jamais, vous devez rester près de lui, car plus que jamais, sa vie est en danger. Il doit beaucoup souffrir, vous savez ? Je ne sais pas ce qu’est le coma, lorsqu’il est vécu de l’intérieur. Personne ne le sait à vrai dire, c’est un grand mystère. Je le vois comme un rêve éternel, infini. Et dans ce rêve, si jamais on faiblit, on perd la vie. Alors, on se bat pour rester en vie. Après, c’est peut-être juste une question de chance, qui sait ?"

Il sourit, et s’en retourna aux côtés de la porte.

[Médecin]"Bonne nuit San. N’oublie pas de manger, il ne faudrait pas qu’il prenne peur en s’éveillant."

L’adolescente lui retourna son sourire, et s’enfonça dans son oreiller en entendant la porte se fermer. Un long, un profond soupir quitta ses lèvres.

Elle redoutait ce qu’il pouvait se passer dans l’esprit d’Akogare, si effectivement il se battait contre lui.

Dans l’esprit d’un jeune enfant que l’espoir avait délaissé de longues années durant.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 14 Mai - 16:04

Le dernier sentier était magnifique. Bien loin des deux précédents sombres et lugubres, celui-ci rivalisait de beauté, de charme. Tenshi avait retrouvé son sourire, se faisant plus câline, plus caressante. Elle ne lâchait que rarement le bras de Raunen, si ce n’est pour se saisir de celui d’Akogare. Elle riait, chantonnait même parfois, son rayonnant visage illuminant les lieux.

Néanmoins, même sous ce masque de naïveté sucrée, Tenshi voyait clairement le jeune homme dépérir. Il avait, pendant quelques temps, reprit des couleurs, marchant normalement, parlant sans peine. Mais maintenant, elle s’efforçait de toujours être près de lui, afin de le retenir lors de ses nombreuses chutes.
Le souffle manquait à Akogare. Il s’épuisait vite, prenant de fréquentes pauses appuyé contre un arbre mousseux, sous le regard inquiet des guerriers.

Mais jamais il ne se plaint. Un seul nom en tête, il persévérait, cherchant un visage, un corps, un amour à lui accoler.

Les arbres étaient plus hauts, plus diversifiés. Plus colorés également, certains se paraient d’improbables manteaux bleutés, ou rougeoyants, étincelants devant l’éclatante lumière qui baignait la forêt. Un tapis de feuilles bariolées les guidait, s’enfonçant toujours plus loin, sans jamais vouloir s’arrêter.

Raunen était assis sur le sommet d’un rocher grisâtre profondément fiché dans la terre. Son épée était déposée contre, sa grande lame se gorgeant des rayons lumineux. Il jouait avec un petit anneau de fer rouge, ses doigts gantés de cuir évoluant tout autour. Parfois, il levait un œil pour regarder Tenshi.
Elle était avec Akogare, dans un petit lac, de l’eau jusqu’à la poitrine. Ses mains étaient posées sur la taille du garçon, elle avançait à reculons, ne quittant pas le jeune homme du regard, un séduisant sourire aux lèvres.
Il s’arrêta et, patiente, elle attendit.

Ils tremblaient sous ses doigts fuselés, son corps enfiévré s’enflammant par intermittence. De plus en plus souvent Tenshi l’emmenait dans un cours d’eau, moyen qui à défaut de le soigner, le soulageait. Profitant de la présence rassurante de la jeune fille, et de l’ambiance intimiste qui se dégageait de ses moments, il se détendait et parlait avec elle. Poussés par les événements, jamais ils n’avaient prit le temps de se connaître, le temps de s’aimer. De plus en plus, Akogare se sentait proche de Tenshi.


[Tenshi]"C’est normal. Je suis une partie de toi. Une partie que tu as partiellement crée en plus."

Son sourire était admirable. Jamais forcé, toujours naturel et gracieux, il avait le don d’apaiser, d’encourager. Il était comme une petite lampe, dans une chambre d’enfant. La lumière qui aide, toujours là quand il faut, qui éloigne les monstres enfermés dans le placard.

Ils restaient parfois plusieurs heures dans l’eau, et jamais Raunen ne les rappelaient. Au contraire, il les laissait goûter cette complicité retrouvée, cette complicité qui leur manquait. Il évitait de trop les observer, de peur de les gêner dans leur aventure.

Tenshi se remit en marche, rapprochant simplement Akogare d’elle. Son torse frôlait la poitrine de la jeune fille, leurs nez se touchaient par moment, chacun sentait le souffle de l’autre courir sur son visage. Elle fit glisser sa main le long du flanc du jeune homme, avant de gravir son visage pour repositionner une mèche bleutée et têtue. Avec tout autant de délicatesse, elle la redescendit, la logeant à nouveau au creux des reins de l’adolescent.

L’eau leur arrivait au menton, jouant sous leurs lèvres. Une nouvelle fois, Akogare s’arrêta, fermant les yeux. Tenshi se pencha à son oreille, une de ses mains humides se posant sur son épaule.


[Tenshi]"N’aie pas peur."

Tenshi lui embrassa tendrement la tempe, le sentant frissonner de nouveau. Elle se recula, le dévisageant de ses yeux pourpres, son sourire renaissant.
Il sourit également, sourire tremblant dans une eau frémissante. Hochant faiblement la tête, il indiqua à Tenshi de continuer. L’eau progressait rapidement, engloutissant les souriantes lèvres de la jeune fille, caressant son délicat nez.

Bientôt, les deux corps furent entièrement immergés. Ils respiraient normalement, libérés des contraintes relatives au monde réel. Tenshi toucha le visage de l’adolescent, avant de se pencher, de se pencher pour goûter ses lèvres, pour lui délivrer un peu de vitalité, juste un fragment. Il ouvrit les lèvres, et avec douceur elle y pénétra, inclinant légèrement la tête. Il lui rendit son baiser, caressant sa langue de la sienne, fermant les yeux pour se laisser aller à la douce extase, ce moment unique, intemporel où deux corps s’unissent pudiquement, où deux vie se rejoignent, deux esprits pour un seul corps trop étroit.

Les mains de l’adolescent se serrèrent autour de la taille de Tenshi, ses doigts descendant pour effleurer le haut de sa cuisse. Elle se cambra contre lui, malaxant sa chemise à l’emplacement de son cœur.

Il se recula, contemplant la magnifique créature aux cheveux mauves rendus violets par l’humidité. Les deux mains féminines glissèrent le long de son torse, pour lui encadrer le visage. Ses doigts se rejoignaient presque dans sa nuque, doux et caressants. Elle lui offrit deux nouveaux baisers, plus brefs, plus voluptueux.

Tenshi lui prit la main, et tout aussi lentement qu’ils étaient entrés, ils quittèrent ce lieu secret, qui n’appartenait qu’à eux.
A leur approche, Raunen rangea l’anneau dans l’une de ses poches. Il descendit de son rocher, saisissant son épée qu’il posa sur son épaule droite, le regard fixé sur les nouveaux arrivants.

Sur la berge, Tenshi lâcha Akogare. Ce dernier s’assit à même le sol, le regard braqué vers le lac miroitant. En quelques pas légers, la jeune fille était aux côtés du guerrier. Ils restèrent un moment ainsi, à se contempler sans esquisser l’ombre d’un mouvement. Enfin, il lui saisit délicatement le bras, et elle se plaqua contre lui, son oreille contre le cœur de son amant, sentant avec délice son puissant battement lui pénétrer le crâne. La main de l’homme lui caressa langoureusement le dos.

Akogare leva une main rêveuse à son visage. Lentement, il passa un doigt sur ses lèvres, avant d’y aventurer sa langue. Elles étaient agréablement sucrées, humides. Un baiser. Il connaissait le terme. Et, il se souvenait du concept. C’est comme boire un verre d’alcool pour la première fois. On redoute les effets, avant de prendre le temps d’apprécier le geste, de l’apprécier simplement puis de s’y abandonner avec délice. On cherche un point comparatif, un repère, pour finalement ne trouver que de pâles reflets de la sensation éprouvée.

Il se retourna, posant sa main sur la terre moite, observant le couple qui se retrouvait. C’était donc ça. Ce que Mashiro lui avait présenté, ce qu’il avait vaincu pour mieux redécouvrir. L’amour ? L’amour, avec San. Etrangement, ces mots mis bout à bout le firent frissonner. L’avait-il déjà embrassé ? Etait-ce un amour caché, ou bien révélé, dressé tel un phare lumineux au milieu d’une mer agitée ?

Etait-ce aussi fort qu’entre Tenshi et Raunen ?

Il les regardait, complices dans leur mutisme, câlins dans leur immobilité. Une entente, un amour que les mots ne peuvent retranscrire, de peur de souiller la perfection qui les unissait. Raunen posa les yeux sur lui. Un bref instant, Akogare s’en voulut de les avoir épié, mais le guerrier lui sourit. Avec lenteur, il se redressa, et les rejoint.
Il était aux côtés du couple, vaguement gêné de cette proximité. Tenshi avait les yeux entrouverts contre la poitrine de l’homme, sa main serrée sous son aisselle, l’autre sur sa hanche. Akogare sourit en la voyant. On eût dit un chat couleur lilas, couché sur le dos, s’offrant lascivement aux caresses tout en observant d’un œil satisfait et comblé son bienfaiteur.
Elle ronronna faiblement en percevant les grondements de la voix de Raunen.


[Raunen]"Ca va mieux ?"

Akogare lui sourit, croisant son regard.

[Akogare]"Mieux oui, merci."

Ses yeux descendirent légèrement, pour trouver ceux de Tenshi, toujours fixés sur lui. Il répéta, en inclinant insensiblement la tête.

[Akogare]"Merci."

Pour toute réponse, elle effleura du bout du doigt son nez. Après un moment de silence, de recueillement, le petit groupe repartit lentement.
Akogare avait reprit quelques couleurs, et il marchait sans chanceler. La voie principale était toujours pavée de feuilles joyeusement tourbillonnantes, qui se croisaient à leur passage. Raunen avait consentit à ranger son arme, il cheminait un bras autour de la taille de Tenshi. Elle restait étrangement calme, comme fatiguée d’un continuel effort. Elle tenait la main d’Akogare dans la sienne, la serrant faiblement. Le jeune homme n’était pas surprit. Cela survenait à chaque fois qu’ils descendaient dans un cours d’eau.

Le temps était étrange sur ce sentier aussi. A l’instar des deux autres, il n’obéissait pas à une logique immuable, figée. La lumière et l’ombre s’alternaient, comme deux amants en perpétuelle redécouverte, se relayant inlassablement. Une chape d’ombre était ainsi tombée, rapidement, sans prévenir. Akogare frémissait. De froid ? Peut-être était-ce dû à ses habits trempés. Tenshi, murmura, la voix tremblante, épuisée.


[Tenshi]"On peut faire une pause ?"

Raunen se dirigea immédiatement hors de la piste, s’approchant d’un arbre aux nombreuses racines.


[Raunen]"Bien sûr."

Tenshi frissonnait elle aussi. Mais Akogare savait que se n’était pas de froid. Raunen s’installa contre le tronc, se nichant au creux d’une racine en arc de cercle. Il guida la jeune femme, l’asseyant délicatement contre lui où elle se serra, glissant ses bras derrière son dos musculeux.
Il lui caressa le ventre qui s’était durci, contracté par l’effort. Elle ferma ses magnifiques yeux, deux soleils mourants derrière de lourdes paupières.


[Tenshi]"Akogare... Viens avec nous."

Le jeune homme hésita un instant, mais Tenshi leva faiblement une main vers lui. Elle se tourna, changeant de position pour accueillir l’adolescent, appuyant commodément son dos contre le torse de Raunen. Il s’agenouilla entre les jambes de la jeune femme, embarrassé de gêner la complicité du couple. Elle lui sourit, et il se coucha contre elle, à l’abri entre ses bras fatigués, la tête contre sa poitrine confortable.
Raunen se pencha légèrement, afin de ne pas déranger son amante, et se dégagea de son manteau qu’il passa sur les épaules d’Akogare et de Tenshi. Il se renfonça contre l’arbre, les englobant tous deux de ses bras, ne se souciant pas du froid qui mordait ses bras nus.
Akogare ne savait plus quoi faire de ses mains. Il en plaça une sur la cuisse de la guerrière, une autre contre ses côtes. Elle gémit légèrement.


[Tenshi]"Pas là... J’ai une plaie."

Le jeune homme bafouilla une excuse, avant de retirer prestement sa main, qu’il glissa sous son ventre. Elle sourit, frissonnant une nouvelle fois.

Il ne lui fallut pas longtemps pour tomber dans un profond sommeil. En réalité, aucun des trois n’avait dans un tel lieu besoin de repos, du moins lorsqu’ils étaient dans leur état normal.
Mais, Tenshi était loin d’être dans un état normal.
Sa poitrine se soulevait avec une régularité somnolente, une paisible berceuse, mélodieuse et sensuelle.


[Akogare]"Elle… Euh, ça va aller ?"

Raunen ne bougea pas, mais il le devina sourire.

[Raunen]"Ne t’en fais pas pour Tenshi. Elle est juste éprouvée par les longues journées. Mais demain, tu l’as reverra plus bondissante et joyeuse que jamais. Pas d’inquiétudes à avoir."

Akogare hocha la tête, imperceptiblement, troublé par son naturel oreiller et ne souhaitant pas déranger le sommeil de la jeune femme.
La forêt était calme. Un vent léger s’était levé, en ce début de soirée, leur caressant la peau, torturant gentiment l’adolescent transis de froid.
Finalement, il trouva le sommeil qui des nuits durant l’avait délaissé. Il le trouva, prisonnier d’une cellule couleur lilas où il s’enferma avec plaisir, protégé par un brouillard de murmures, en compagnie d’un ange.

Juste une fille.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyDim 14 Mai - 19:36

Une silhouette était dressée au cœur de la Croisée des Mondes. Elle était de dos, un épais manteau bleu l’enveloppant, la manche droite laissée vide. C’était Tael. Son masque était posé au pied d’un arbre, un peu plus loin. Seul, il paraissait avoir perdu un peu de son éclat, un peu de ses couleurs. La femme profitait du vent, de ce souffle léger qu’elle avait presque oublié.

Ses yeux embrassaient le paysage, qui pour la première fois lui apparaissait dans toute sa naturelle beauté. Le troisième sentier. Jamais elle ne l’avait emprunté, mais aujourd’hui, c’était différent.

Des bruits de bottes lourdes se firent entendre, mais la jeune femme ne se retourna pas, observant calmement la vie qui se développait agréablement. Les pas s’arrêtèrent rapidement, gardant une distance respectueuse avec Tael.


[Sans Visage]"Tael. Tes troupes sont prêtes."

Sa voix était gutturale, comme si aucune langue ne formait les mots, comme si ils sortaient directement de son esprit. Vêtu d’un large manteau écarlate, et pourvu d’un visage entièrement plat, il était inquiétant. Pourtant, la jeune femme ne bougeait pas.

[Tael]"Je ne le suis pas encore, moi."

Elle respirait avidement, les yeux apparemment clos. Le guerrier hocha la tête, n'ébauchant plus aucun mouvement. Il patientait. Le temps s’écoula, et le Sans Visage fut rejoint d’une vingtaine de combattants similaires. Mais Tael restait encore et toujours immobile.

Peut-être se sentait elle, au fond, coupable de pénétrer dans ce lieu. Dans ce lieu où elle savait ne pas avoir sa place. Et pourtant, rien n’aurait pu la dévier de sa quête.
Alors lentement, gracieusement, elle leva sa main, tendu vers son masque. Immédiatement, un de ses hommes s’approcha de l’objet, et avec respect s’en saisit. Il était derrière Tael lorsqu’il le lui tendit.

Du bout des doigts, elle s’en empara, réprimant un frisson.

Avec lenteur, elle se tourna. Une moitié de visage apparut, un œil noir dévisageant les guerriers assemblés. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire triste, écho de l’éclat de son regard. Les traits fins de la jeune femme se détendirent, tandis qu’elle portait le masque à son visage. Sa douce voix s’échappa de sa gorge dissimulée par le col du manteau.


[Tael]"Bien. Dans ce cas…"

D’une main experte, elle accrocha le masque des deux côtés de sa tête. Elle laissa ses doigts glisser sur sa chevelure qu’elle ébouriffa faiblement, dégageant certaines mèches. Les éclats rougeoyants étincelèrent.

[Tael]"Soyez prêt à goûter la victoire finale."

C’était la voix résignée de la petite fille. Le vent se leva lorsqu’elle avança, faisant voler les feuilles mortes qui encombraient son passage. Son manteau claqua violemment, tandis que ses troupes la suivaient. Elle marchait, calmement, insensible à la protestation des arbres, du vent, ses épées pendant à ses côtés.

La marée rouge se mouvait, uniforme dans sa puissance avec à sa tête la guerrière masquée. Son masque brillait plus que jamais, irradiant presque, montrant le chemin aux guerriers aveugles. La bête dessinée à l’emplacement de son œil semblait également plus éclairée. Ses yeux noirs toujours braqués vers la jeune femme dénudée, avides de se délecter de cette chair, avides de posséder ce corps.

La toute dernière croisade.
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 15 Mai - 23:49

Lorsqu’elle s’éveilla, Tenshi était toujours partiellement sous le coup de la fatigue. Elle embrassa tendrement le front d’Akogare, toujours assoupi contre elle, avant de se relever précautionneusement, reposant le jeune homme sur le sol mou et herbu. Raunen était invisible, mais elle le savait proche, s’assurant sans doute que rien ne trouble le repos de ses deux protégés.

La jeune fille se passa la main sur sa robe blanche, repassant les plis formés dans la nuit. Il y avait quelques marques sanglantes, principalement sur son ventre, qui s’était étalées jusqu’à imbiber tout le bas du vêtement. Elle s’isola derrière un arbre et s’assit sur une racine basse, contemplant la forêt qui se réveillait doucement, brusque élan de vie.
Elle sourit sous les pâles rayons que filtrait la frondaison et se retourna. Raunen était debout, derrière elle. Il s’était départi de ses armes, sans doute rassuré de sa patrouille. Il s’approcha, ses doigts se posant sur l’épaule de Tenshi et, câline, elle frotta sa tête contre son bras.

Il s’agenouilla glissant sa main sur le corps de la jeune femme, l’arrêtant sur son ventre, appuyant ingénument sur sa plaie. Il joignit ses lèvres aux siennes, le couple s’enlaçant, fermant les yeux pour profiter au mieux de cet enchanteur moment.
Tenshi se laissa choir dans l’herbe, guidant le guerrier sur son savoureux corps. Sa main courait dessus, charmée de redécouvrir ses courbes trop longtemps délaissées. Elle était posée sur la poitrine de Tenshi, suivant les battements de son jeune cœur. La jeune fille respirait lourdement, suffocant délicieusement, les joues légèrement rosées, la tête inclinée, ses beaux yeux rouges entrouverts.

Elle rit doucement lorsqu’il joua avec son téton, voilé d’un tissu trop fin, le bout de son doigt exécutant de petits cercles avant de le lui emprisonner doucement, amoureusement. Il l’embrassa à nouveau, goûtant à la saveur sucrée de ses lèvres, à la plaisante humidité de sa langue. De sa main libre, il se départit de son épais manteau, l’installant sous la tête d’une Tenshi souriante.

Elle fit courir ses ongles et l’extrémité de ses doigts sur le puissant torse de Raunen, avant de lui ôter son habit. Amusé, le guerrier la laissa faire, ses bras reposant sous les omoplates de la jeune fille. Elle lui enserrait la taille, caressant de ses lèvres son buste.
Tenshi sentait la main de son amant glisser sur ses cuisses. Avec lenteur, ses lèvres s’unissant une nouvelle fois à celle de la jeune femme, il releva sa robe, retirant toutes pièces de tissu inutiles.

Nue, elle contemplait l’homme qui la dévorait des yeux. Elle souriait, heureuse de cette nudité recouvrée, de cette intimité unique.
Sans doute étaient-ils poussés par l’ambiance des lieux, par le vent qui leur soufflait des paroles d’amour aux oreilles. Le soleil s’éclipsa, dissimulant discrètement le couple aux regards des arbres, les laissant mordre dans la pulpe tendre de cet amour.

Lentement, prenant leur temps, les minutes s’écoulèrent le long de leur peau, le long de leurs muscles tendus. Raunen avait rejoint son amante dans sa nudité, caressant et doux, enfermé dans une prison de chair.

Tenshi écarta les jambes, les encastrant au niveau des hanches du guerrier. Son doigt dessinait quelques imaginaires motifs sur la joue de l’homme, l’autre lui caressant son dos arqué. Ils s’embrassaient, étreinte passionnelle au cœur d’une forêt amoureuse.
Elle gémit, une plainte éthérée, se cambrant contre lui, ses ongles s’enfonçant légèrement dans son dos, l’encourageant à poursuivre sa douce caresse.
Avec un plaisir extatique, elle s’offrit à lui et sous son corps puissant, sous ses impulsions souveraines, elle se sentit guérir. De cet amour qu’il lui donnait, de cet amour qu’ils partageaient, qui se répandait en elle, elle en tirait de quoi se redresser, d’oublier la fatigue logée en son corps.

Un gémissement orgastique quitta ses lèvres entrouvertes, tandis que Raunen faiblissait, se faisant plus doux, plus tendre. Il lui vola un baiser, baiser qu’elle s’évertua à récupérer, fragile. Il posa finalement sa tête contre son épaule, sa main quittant l’ombre de ses reins pour s’installer sous son sein. Elle ferma à nouveau les yeux, s’étirant contre lui, souriante.

Ils restèrent étendus ainsi un long moment, goûtant au plaisir d’être deux, d’être uni sous les caresses du vent, sous les rayons d’un invisible soleil. Délicatement, Raunen se retira, contemplant Tenshi toujours couchée dans l’herbe. Elle lui sourit, tendant un bras qu’il saisit. Son doigt jouait avec le ventre chaud et tranquille de la jeune fille qui répondait joyeusement à ses caresses.

Le guerrier lui rendit sa robe, se rhabillant lui-même. Tenshi resta étendue, parcourant des doigts les traînées sanglantes qui maculaient le vêtement pudiquement posé sur sa poitrine. Il avait désormais une teinte rosée, le sang s’étant étalé entre les fibres du tissu.
L’homme se rassit à ses côtés, posant sa main sur son genou dressé, jouant avec sa jambe. Ils se regardaient, le sourire de Tenshi faisant naître un frisson à la base de sa colonne vertébrale. Il murmura, faiblement.


[Raunen]"Tu as repris des couleurs."

Son sourire se transforma en un rire clair, tandis qu’elle caressait les doigts de Raunen qui s’étaient aventurés plus bas, sur sa cuisse.

[Tenshi]"Toi aussi."

Cette capacité à toujours être joyeuse, à toujours recouvrer le sourire le fascinait. Sa main descendit encore, jusqu’à effleurer la fine toison violette qui surplombait son sexe. Doucement, avec une langueur aimante, il joua avec, le massant jusqu’à atteindre son seuil, récompensé de temps à autre d’une faible plainte, d’un adorable gémissement.

[Raunen]"C’est un lieu étrange que ce sentier."

Tenshi rouvrit les yeux, son sourire voletant toujours agréablement sur ses traits, figé en une languissante extase.

[Tenshi]"Il chante l’amour. Et souhaite que nous le consumions."

Raunen croisa son regard, souriant. Son murmure s’envola, caressant les oreilles de la jeune fille avant de s’y engouffrer.

[Raunen]"Et nous en avions terriblement besoin."

Tenshi geignit faiblement, signe de son silencieux assentiment, trop occupée à offrir son corps à une tendre luxure. Raunen quitta à contrecoeur l’ombre de ses cuisses, remontant lentement le long de ses dernières tout en se redressant. Tenshi le regardait toujours, son charmant visage incliné tandis qu’il se frottait les doigts, humidifiant sa main de l'intimité de la jeune fille.

[Raunen]"Tu veux rester ici ? Tu nous rattraperas plus tard."

Tenshi soupira, se remettant sur les coudes. Sa robe glissa, dévoilant sa voluptueuse poitrine avant d’être arrêtée par ses jambes dressées. Elle se passa une main derrière la nuque, inclinant la tête pour mieux ébouriffer ses longs cheveux. Puis elle s’étira, sensuellement, adressant un séduisant sourire à son amant.

[Tenshi]"Mmh, va réveiller Akogare. Je serai prête d’ici là."

Raunen hocha simplement la tête. Il quitta des yeux la charmante créature toujours assise dans l’herbe, et repartit en direction de l’adolescent.


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyLun 15 Mai - 23:52

La jeune fille le regarda s’éloigner, son cœur se serrant déjà d’une diffuse impression de manque. Elle se releva, hésitante, se tenant à la racine de peur de chanceler. Nue, elle s’avança en avant, guidée par ses seules oreilles, en aveugle.
Elle marchait gracieusement, évoluant à travers la dense forêt, ses doigts délicats effleurant l’écorce des arbres. Bientôt, elle arriva au niveau d’un cours d’eau. Une joyeuse rivière, vive et éclatante sous le matinal soleil. Tenshi toucha la surface du bout d’un orteil, prudente. Avec lenteur, ses bras assurant son équilibre, elle pénétra à l’intérieur.

La rivière était peu profonde, le vivifiant liquide lui arrivant un peu plus haut qu’aux genoux, épousant les formes gracieuses de ses jambes. La jeune fille s’agenouilla, ses mains caressant son corps perlé de sueur, le lavant, le purifiant de toute sécrétion. Elle plongea la tête sous l’eau, avant de se relever, ses pieds dérapant sur les galets glissants. D’une main experte, elle essora sa longue chevelure lilas.
Ses yeux clignèrent, se débarrassant des lourdes gouttes qui avait investi ses cils.

Ils s’ouvrirent sur une rose.

Une rose, qui coulait le long de la rivière, paresseuse dans sa beauté. Elle était blanche, pure, l’eau elle-même ne semblant pas oser s’y accrocher. Elle passa devant Tenshi, et la jeune fille la saisit, délicatement, prenant garde à ne pas se blesser. Elle l’observa, un long moment.

Ses yeux rouges se voilèrent, tandis que la corolle de la rose retombait contre sa cuisse.

Elle secoua la tête, ses longs cheveux lui fouettant gentiment les joues, se collant à son visage, filaments mauves sur un glacier finement taillé.
Tenshi quitta la douceur de l’eau, retraversant la majestueuse forêt, le vent s’évertuant à sécher sa peau dénudée.
Elle attrapa sa robe, se rhabillant vivement sans toutefois lâcher la rose. D’une main, elle tira ses cheveux, les soulageant de nombreuses gouttes. La jeune fille se baissa à nouveau, attrapant d’une main humide le pesant manteau de Raunen.

Le léger tissu épousa les courbes détrempées de Tenshi, trop fin et trop étroit pour cacher les sensuelles formes de la jeune fille, l’eau les surlignant bien au contraire. Elle glissa la rose entre ses seins, souriant insensiblement en sentant les épines lui piquer gentiment sa peau sensible.
Raunen avait le dos tourné, son épée enfoncée dans le sol. Il tourna un œil vers Tenshi, s’arrêtant un instant sur la rose avant de croiser son regard.

Elle s’arrêta, étirant sa robe collante en soutenant d’une main la fleur.


[Tenshi]"Je suis allée me laver et la rose descendait le long de la rivière."

Raunen s’approcha, délaissant son arme. Akogare observait la scène, adossé à une racine, l’esprit encore troublé de sommeil.
Des doigts, Raunen toucha les pétales, effleurant du doigt le cœur de la fleur, sans toutefois l’ouvrir. Il leva les yeux, un sourire aux lèvres.


[Raunen]"Une rose blanche, hein ?"

Tenshi sourit également, son visage épousant la main du guerrier. Elle lui saisit le poignet, déposant un léger baiser sur sa paume, ne le quittant pas du regard.

[Raunen]"Ce n’est pas étonnant."

Akogare se rapprocha, quittant l’arbre protecteur. Il s’arrêta, n’osant troubler l’intimité du couple. Tenshi avait l’air d’aller mieux, la fatigue avait quitté ses traits pour laisser son sourire s’y étendre pleinement.
Elle tourna la tête vers lui. Alors, lentement, l’adolescent exécuta les derniers pas qui le séparaient d’elle. La jeune fille lui caressa le nez, ses doigts descendant jusqu’à effleurer avec délicatesse ses lèvres closes, les étirant en un timide sourire.
Tenshi était véritablement apaisée. Elle ne quittait pas les pâles yeux du jeune homme, lui enserrant la taille d’une main légère, attendant sa réaction. Raunen ne disait rien, continuant à caresser le visage de son amante.
Akogare avança une main presque tremblante, presque craintive, vers la rose, toujours fièrement exposée entre la poitrine de la jeune fille. Il la caressa avec douceur. Son regard croisa derechef celui de Tenshi.


[Akogare]"Cette fleur. Je l’ai déjà vu pendant que j’étais inconscient."

La jeune fille haussa les sourcils, gracieuse dans son étonnement. Raunen gardait toujours le silence, caché derrière un sourire.
Les yeux d’Akogare passèrent de l’un à l’autre.


[Akogare]"C’est la fleur de Mashiro Bara. La fleur avec laquelle il se bat."

La main de Tenshi quitta un instant le flanc de l’adolescent, se perdant dans ses cheveux afin de les purger un peu plus de toute l’eau qu’ils contenaient. Elle envoya joyeusement des dizaines de gouttelettes mourir dans l’herbe, puis remit en place une mèche rebelle. Finalement, sa main rejoint Akogare.

[Raunen]"Mashiro ? Tu t’es battu contre lui, ou bien tu l’as vu se battre ?"

Le jeune homme tourna les yeux vers lui. Il se rendait compte seulement maintenant que jamais il n’avait parlé de son périple au cœur de ses rêves. La fatigue, mais aussi l’impression que Raunen savait déjà tout en étaient les causes, sans doute.

[Akogare]"Je me suis battu contre lui. C’est grâce à lui, que je me suis souvenu de San. De son nom en tout cas."

Le guerrier interrompit ses caresses, momentanément, encaissant la nouvelle. Akogare dévisagea Tenshi, qui fixait également son amant. Enfin, il murmura.


[Raunen]"C’est idiot, je n’avais pas du tout pensé à l’arrivée de Mashiro. Ca ne m’étonne pas qu’il ait choisi de te trouver dans tes rêves, il savait que ni moi, ni Tenshi ne serions là pour te protéger. De plus, c’était probablement le plus logique qu’il arrive à ce moment."

Raunen était pensif. Tenshi lui embrassa de nouveau la main, le tirant doucement de ses rêveries. Du regard, elle l’interrogeait.


[Raunen]"C’est un guerrier très puissant. Moins que toi cependant, Tenshi, mais il approche de ton excellence."

La jeune fille se fit plus câline, ce qui déclencha un sourire chez Akogare. Elle aimait les compliments, sans doute, mais plus encore quand ils étaient parfaitement vrais.
Raunen poursuivit, luttant pour ne pas répondre aux douces caresses de Tenshi.


[Raunen]"Il symbolise ton amour. C’est aussi une création de toi, une représentation spirituelle. Je l’ai déjà rencontré, il y a quelques temps. C’est lui qui ma soufflé que tu étais prêt à recevoir Tenshi tandis que je veillais sur elle."

Les yeux d’Akogare se tournèrent de nouveau vers la rose. Elle était éternellement belle, pétrifiée dans la perfection. Lentement, son regard remonta jusqu’à croiser celui de la jeune fille.


[Akogare]"Pourquoi te l’a-t-il donné ? Tu vas combattre avec ?"

Une fois posée, la question lui parut ridicule, et Tenshi le surligna gracieusement en riant gentiment. Elle caressa le flanc de l’adolescent, en soufflant.

[Tenshi]"Je me vois mal courir avec ça contre les seins."

Les joues d’Akogare rosirent insensiblement, tandis que Raunen ajoutait, plus pragmatique.

[Raunen]"Non, c’est juste un message. Il prévient qu’il sera avec nous, lors de la dernière bataille. Et que à ce moment là, il récupéra la rose, et se battra à nos côtés. Du moins, c’est ce que je pense."

Tenshi le fixait, mais Raunen prenait garde à ne pas croiser son regard. Alors, sans le quitter des yeux, son visage dépourvu de son habituel sourire, elle ajouta.

[Tenshi]"Il m’a donné la rose blanche. A moi, tandis que je prenais mon bain."

Elle tourna les yeux vers le jeune homme.

[Tenshi]"Il se bat avec, car c’est une représentation de l’amour pur, sans tâche. L’amour que je partage avec Raunen."

Raunen soupira, sa main descendant le long du frêle bras de la jeune fille. Il la quitta alors, se dirigeant vers son arme. D’un mouvement, il l’ôta de la terre, la déposant sur son épaule droite. Des particules de terre en profitèrent pour retourner mourir au sol.

[Raunen]"C’est en effet une autre vision."

[Tenshi]"Une vision complémentaire, Raunen."

Akogare déglutit difficilement sous le ton tranchant de la jeune fille. La tension se répandit comme une traînée de poudre, soudaine et surprenante. Un silence lourd accueillit les mots de Tenshi. Raunen la dévisageait, puissant dans son maintien, redoutable dans son regard.
L’adolescent souffrait sous ces yeux, même si il n’en était pas la cible. Tenshi le soutint, ses traits plus durs que d’habitude, revêtant le visage qu’elle avait lors des batailles. Sa délicate main était toujours posée contre Akogare, et il la sentait plus pesante que quelques instants plus tôt.


[Raunen]"Complémentaire ? La promesse d’une bataille, complémentaire avec l’amour qui nous unit ?"

Devant le silence de Tenshi, le guerrier secoua la tête, visiblement affligé. Il se tourna, quittant le flamboyant regard rouge.

[Raunen]"Finalement, ton monde n’a pas changé depuis que tu es sortie."

Tenshi se raidit, ses ongles s’enfonçant dans la chair du jeune homme. Le guerrier s’éloigna, s’engageant seul sur le sentier. Bientôt, il disparut.
Les yeux de la jeune fille se baissèrent, et un inaudible soupir quitta sa gorge. Akogare lui caressa prudemment le dos. Elle lui jeta un regard, un pâle sourire traversant fugacement ses traits, tandis qu’elle se serrait contre lui, le jeune homme lui embrassant son front trempé, lui effleurant les cheveux.


[Akogare]"Je suis désolé."

Elle garda un long moment le silence. Finalement, elle murmura.

[Tenshi]"Ce n’est pas à toi de l’être."

Lentement, ils reprirent leur route. Akogare se sentait étrangement nauséeux, et pour rien au monde il n’aurait voulu échanger sa place avec celle de Tenshi. Sauf peut-être pour la soulager de ses souffrances, pour la voir sourire encore une fois. Mais son visage était sombre, triste reflet de ses noires pensées.
Ils cheminaient, baignés de cette lumière estivale qui n’avait pourtant rien de décalée.

Tout n’est pas que soleil, sur le sentier de l’amour.

Même lorsqu’il brille.


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyMer 17 Mai - 13:58

Raunen était déjà là. Sur une large branche, il tournait le dos aux nouveaux arrivants, dévisageant sombrement le simulacre de soleil qui osait lui faire face. A ses traits, Akogare devina qu’il aurait préféré qu’ils se perdent sur le sentier.
Tenshi ne lui accorda pas même un regard. Elle saisit la main du jeune homme, l’encourageant d’un sourire bien mince. Ses pas légers l’entraînèrent sur la berge d’un lac, différent du précédent. Ce dernier était moins grand, mais avait l’air plus profond également. D’un bleu pâle qui virait par moment au vert, il semblait sourire au jeune couple, le soleil jouant avec les faibles remous qui agitaient sa plate surface.
Tenshi aventura un pied dans l’eau, suivit d’un second. Mais Akogare ne la suivit pas. Elle tourna la tête vers lui, les sourcils haussés. Lentement, comme si il prenait encore sa décision, l’adolescent secoua la tête.


[Akogare]"Non."

Tenshi quitta l’eau, se rapprochant de lui. Sa délicate main se porta à son front, lui épongeant un peu de la sueur déposée. Il était fiévreux. Il chancelait. Mais pourtant, il continuait à secouer la tête.

[Tenshi]"Non ? Tu ne tiendra pas Akogare, accepte mon aide."

Il sourit. Ses yeux se clorent, et son visage se perdit dans la soyeuse forêt mauve qui composait la chevelure de la jeune fille. Son doux parfum lui parvint, volatile et gracieux, lui caressant subtilement les narines. Il sourit de nouveau, déposant un mince baiser contre le cou de Tenshi.

[Akogare]"Je ne partage pas ma faiblesse. Je t’en pris, garde tes baisers et ton amour pour lui. Pour vous."

Elle releva les yeux vers son amant. Il contemplait la scène. Son regard ne dévia pas lorsqu’il croisa celui de la jeune femme. Elle caressait le dos d’Akogare, et le début d’un sourire naquit sur ses lèvres.

[Tenshi]"Ne te fais pas de soucis pour moi, ni pour Raunen. Accepte mon aide. Si je suis faible, il trouvera toujours le moyen de m’épauler."

Elle rosit légèrement, se souvenant du tendre moment passé. De cette matinale impulsion, et de cette naturelle attraction. Un onguent bien efficace.
Akogare ne se rendit pas compte de sa légère gêne.


[Akogare]"Pas cette fois. Je survivrais bien un jour de plus. Garde ton amour pour Raunen."

Avec lenteur, Tenshi s’écarta de lui, de façon à trouver son regard. Il sourit. Avec tendresse, elle lui caressa la joue, et lui déposa un mince, un espiègle baiser sur le coin des lèvres.

[Tenshi]"Je peux aimer deux hommes.."

Le regard interloqué du jeune homme la fit rire. Sa main quitta son visage, tandis qu’elle le raccompagnait au camp. Il s’assit contre l’arbre, resserrant ses genoux contre sa poitrine. Il y eu un instant, très bref, où personne ne bougea, ni ne s’observa. Les bruits nocturnes retentissaient enfin, saluant la nuit, moment d’oubli.

Tenshi fit quelques pas, s’écartant du massif végétal. Elle tournait le dos à Akogare, les bras croisés sous sa poitrine. Un bruit sourd fit se retourner le jeune homme, qui réceptionna machinalement le manteau, et se le passa par-dessus les épaules en souriant faiblement.
Raunen s’avançait vers la jeune fille, doucement, sans se presser, comme si il hésitait. Il lui posa une main légère sur la taille, sans que Tenshi n’esquisse aucun mouvement. Sa voix profonde s’éleva, trop lointaine pour que le jeune homme ne comprenne le sens de ses mots. Et sans doute était-ce mieux ainsi.
La jeune fille ne résistait pas, mais n’arrangeait en rien la tentative du guerrier. Elle écoutait ce qu’il disait, elle respectait la caresse de ses mains, mais jamais ne répondait.

Et après tout, s’était normal. Elle avait été blessée, profondément, par les mots de Raunen. Ce n’était pas à elle de faire des efforts. Et pourtant, tous trois connaissaient l’inéluctable conclusion.
Lentement, Tenshi se tourna vers lui. D’un œil, elle le dévisagea, cherchant dans ses yeux une preuve de ce qu’il lui avait murmuré. Enfin, timidement, son visage s’éclaira d’un sourire rassurant. Elle se tourna complètement, sa main serrant celle de l’homme. Elle fit un pas en arrière, et Raunen la suivit.
Bientôt, il furent hors de vu, s’accordant le temps nécessaire pour se pardonner mutuellement.

Akogare repensa à la rose, celle qui avait tout déclenchée. Mais aussi à la rose rouge, la rose de l’amour. L’amour. Le mot sonnait étrangement. Connu, mais oublié. Chéri, et redouté. Plus que jamais, l’adolescent avait soif de ce sentiment. Ce sentiment qui lui redonnait de la force, ce sentiment qui soutenait Tenshi. Ce sentiment, qui le forçait à se dépasser.
Doux, et terrible. Deux faces, aussi opposées que complémentaires.

San. L’amour. Ces deux mots allaient de paire. Il ne restait plus qu’une seule question à soulever. Et, comme en témoignaient Raunen et Tenshi, cette question se rapprochait, enveloppée de l’aura de désir qui volait dans les airs.

Ce désir, qui avait dû l’animer auparavant, et qui aujourd’hui était teinté.

Oui. Il tiendrait. Juste le temps de goûter à nouveau à toutes ses sensations. Après, ce n’était pas à lui de décider.

Akogare se laissa aller contre la racine. Ses yeux se fermèrent derechef, la fatigue se faisant de plus en plus ressentir. Elle était mordante et glaciale cette fatigue. Et il l’avait déjà senti il y a quelques temps, il s’en était souvenu.
C’est pour cela que lui donner un nom n’était pas difficile.

On la nomme couramment la Mort.
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptyJeu 18 Mai - 22:54

Akogare se réveilla douloureusement. Il grelottait, et claquait sporadiquement des dents. Une main attentive lui lavait le front, et c’était le contact de l’eau glaciale qui l’avait éveillé. Couché sur les genoux de Tenshi, elle-même dans les bras de Raunen, il observait le monde renaissant.
Ils restèrent plusieurs minutes ainsi, avant que l’adolescent ne réussisse à se redresser, avec l’aide de la jeune fille et du guerrier. Il se leva avec lenteur, ses jambes mal assurées, tremblantes sous son poids. Des yeux, il découvrit le visage assombri de Tenshi, qui lui sourit néanmoins, rassurante.


[Akogare]"On est proche de la conclusion. Je ne compte pas mourir avant."

Tenshi hocha la tête, doucement. Raunen le soutenait toujours, son puissant bras patientant le temps qu’il puisse assurer son maintien. Il le lâcha finalement, passant devant lui.


[Raunen]"Il faut à tout prix avancer. Ils sont derrière nous, et gagnent du terrain."

Sur les premières distances, le guerrier supporta Akogare, et lorsque que ce dernier fut certain de pouvoir continuer seul, il le lâcha de nouveau. Tenshi restait à leur niveau, sachant que la menace venait de derrière.
Une course éperdue, au milieu d’un joyeux ballet de feuilles colorées. Le vent glissait sur leur peau, ne cherchant nullement à les ralentir, il leur chuchotait des paroles encourageantes, avant de s’évaporer pour mieux revenir. Le chemin ne déviait plus, s’enfonçant tout droit au travers de l’épaisse forêt.
Akogare trébuchait souvent, mais toujours Raunen le rattrapait. La côte du jeune homme l’élançait violemment, il avait perdu l’habitude de courir et l’épuisement accumulé l’assommait.
Sans prévenir, le soleil naissant mourut. Tenshi serra les dents, et accéléra le pas. Entre deux foulées, Raunen déclara.


[Raunen]"Ils sont rapides. Le vent murmure et gémit à leur approche. Ils seront bientôt là. Prend mon bras, tu es trop lent."

Il tendit son puissant bras ganté, et Akogare posa une main dépourvue de force dessus. Avec vélocité, le guerrier se plaça derrière l’adolescent, lui fauchant les jambes et le rattrapant dans ses bras. Sans décélérer, il le portait contre son torse, remontant bientôt au niveau de Tenshi. Elle tourna la tête vers Raunen, et ne put retenir un sourire, ses joues rosissant à nouveau très légèrement.

[Tenshi]"Je les ralentis ?"

[Raunen]"Non. Ils sont trop nombreux, et même toi ne pourrais survivre à telle confrontation."

Tenshi hocha la tête. Raunen porta une main à son dos, et saisit la longue arme de la jeune fille. Il la lui présenta.
Elle sourit, ses doigts se resserrant sur le manche. Elle ferma les yeux, un bref instant, avant de les rouvrir.


[Tenshi]"Devant, le sentier s’arrête. Et… Ils sont juste derrière nous, bientôt, on entendra leurs pas."

[Raunen]"Combien ?"

Aucun des deux guerriers n’étaient essoufflé. L’arme de Tenshi lui battait les flanc, avide de rencontrer la chair de ses mystérieux adversaires, et d’un mouvement, Raunen se saisit de sa propre arme, gigantesque ombre de mort.
Tenshi haussa les épaules imperceptiblement.


[Tenshi]"Je sais pas. Une dizaine, peut-être plus. La femme masquée marche à leur tête."

[Raunen]"Oui, c’est pour cette raison que les arbres pleurent."

Raunen percevait chaque murmure, chaque parole qui agitait les lieux, où qu’il se trouve. Tenshi quant à elle avait une assiduité visuelle plus élevée que la moyenne. Héritage de son statut de Byakugan.

Le couple déboucha brutalement sur une vaste étendue plate. La lisière de la forêt s’arrêtait brutalement, ses végétales larmes ne les poursuivant pas, préférant mourir sur le sentier. Ils continuèrent, accélérant autant qu’ils le pouvaient. Désormais, même Tenshi pouvait percevoir les bruits de chasse dans son dos. Ces ennemis s’étaient séparés en deux groupes, de façon à les prendre en tenailles.


[Raunen]"Ako... Ton souvenir. Il est là. Réveille toi."

Tenshi bondit, déviant trois projectiles de leur trajectoire et, féline, revint aux côtés du guerrier. Akogare ouvrit un œil, un voile de douleur recouvrant sa vacillante vue. Il tremblait, mais tourna la tête vers le point désigné par son porteur.
Deux nouveaux projectiles stoppés.


[Tenshi]"Ils sont trop proche Raunen."

[Raunen]"Tu restes."

Elle sauta habilement par dessus son amant, de façon à le préserver d’une pointe vorace. Ses cheveux volaient gracieusement, ses yeux rougeoyants ne perdant rien des actions de ses adversaires. Akogare remuait faiblement.
Une dizaine de foulées de plus, et ils furent obligés de stopper, soulevant un épais nuage de poussière. Raunen déposa le jeune homme, plaçant son massif corps devant lui, son épée dressée. Tenshi se mit également en position, la lame de son arme contre sa cuisse dénudée.

C’était des créatures écarlates, aux longs manteaux. Ce n’était pas cela qui frappait pourtant, puisqu’ils étaient tous dépourvus de visage, celui-ci étant une surface parfaitement plate. Raunen les avait déjà combattu. Et il connaissait leur force. Ils couraient, survolant le sol, fondant sur leurs proies.

Et soudain, ils s’immobilisèrent.

Un vent léger agitait l’endroit. Un vent, à la senteur particulière. Un frisson surprit Raunen, tandis que devant lui s’esquissait les prémices d’un corps. La forme se mit à se mouvoir lentement vers eux. Akogare la dévisageait, certain de la connaître. De longs cheveux, une tunique blanche. Deux roses.

Mashiro Bara se permit un sourire. Il se tenait face à eux, aussi immobile que le reste des personnes assemblées. Avec grâce, ses doigts parcoururent la rose qui trônait entre les seins de Tenshi.


[???]"Permettez moi de vous soulager de cette douloureuse beauté."

D’un geste expert, il ôta la fleur, sensuellement, prenant le temps de flatter les féminines courbes de la jeune fille. Il garda la rose à la main, en en humant le délicat bouquet. Tenshi sourit en l’observant. Elle le salua et inclina faiblement la tête, mais bien vite, son regard se perdit derrière l’homme, englobant ses ennemis pétrifiés.

[???]"Ne vous inquiétez pas pour eux. Mon ami et frère les contient. Tenshi… Je ne vous imaginais pas si belle, je dois bien l’avouer. A vrai dire, je ne vous avez jamais vu, même si j’avais connaissance de votre existence."

Il caressa son fourreau, et en sortit sa lame.


[???]"Raunen, se sera un plaisir que de lutter à vos côtés."

Raunen sourit à son tour.


[Raunen]"Je me doutais que tu viendrais Mashiro. Ako, marche vers ton souvenir. Ne te retourne pas, et plonge dedans. Notre sort n’est pas ta préoccupation."

Tenshi effleura du bout des doigts la joue livide et moite de l’adolescent hagard, incertain de ce qu’il se passait.

[Tenshi]"C’est ici que tout s’achève. Merci pour ce tout, Ako. Principalement pour m’avoir offert la liberté. C’est un honneur de te protéger."

Ce sourire. Rassurant, encourageant. Akogare hocha la tête, et après un ultime regard, un regard qui embrassa chacun de ses compagnons, il s’aventura dans l’ombre apaisante du souvenir. Il était un peu plus loin, juste un peu.

[???]"Elle a veillé sur toi, Akogare. Sans relâche, elle t’a chéri. Tu n’as pas le droit de mourir."

Le jeune homme ne se retourna pas. Il y eu comme une pression. C’était impalpable, et pourtant, tous le sentir. Au milieu de l’attroupement, une explosion. Et, colossal, se dressa le dernier des alliés. Musou Hibiki.
Les Sans-Visages s’avancèrent sans hésiter, le charme du géant s’estompant. Mais une voix les fit s’arrêter.

Tael s’avança, son regard s’attardant sur le dos d’Akogare. Son bras droit avait été bandé à la hâte. Son masque cachait son visage, ne laissant apparaître que deux étincelles blanches à l’emplacement de ses yeux. Ses cheveux voletaient, créant un irréel halo autour d’elle, ses longues mèches rouges témoignant de la couleur qui ne tarderait pas à baigner les lieux. Elle tenait sa lame dans sa main valide, et lentement, elle la leva en direction de Tenshi.

[Tael]"Nous n’avons pas fini notre duel."

La voix d’origine avait murmuré, presque désolée. Raunen frôla le bras de la jeune fille. Elle se plongea un instant dans ses yeux, et après un mince sourire s’avança à la rencontre de son adversaire masquée. Sa robe, témoin des précédent affrontements, subissait les assauts du vent, laissant entrevoir ses jambes, ou encore son ventre blessé. A bonne distance, elle s’immobilisa.

Tenshi était tranquille, son visage ne reflétant aucune inquiétude. Des yeux, elle contemplait sa mystérieuse rivale. Un long moment, bercées seulement par le murmure du vent, elles restèrent.
Tael leva enfin le bras, le démon doré peint sur son masque semblant s’illuminer, et comme un seul homme, les Sans-Visages bondirent sur le groupe de Raunen. Tenshi les regarda, impuissante, une pointe d’appréhension naissant au creux de son estomac.


[Tael]"Tu n’aura pas le temps de t’occuper d’eux. Cette croisade, sera la dernière."

Les bruits de lutte débutèrent dans le dos de la jeune fille. Mais elle ne se retourna pas, murmurant simplement.

[Tenshi]"Croisade... Je doute que tu puisses me vaincre."

Tael sourit. Encore une fois, la délicate voix féminine s’échappa de l’ombre du masque.

[Tael]"J’en doute également."

Et, sans un mot de plus, elle s’élança en avant. Vive, Tenshi prit également une impulsion, résolue à ne pas subir l’attaque de plein fouet. Malgré tout, Tael était une adversaire éprouvante, inutile de prendre des risques inutiles.

Leurs lames se mordirent. Aucun des deux bras ne trembla, une volonté vorace les animant.

Akogare n’avait jamais détourné la tête. Cependant, trois formes rouges apparurent devant lui. Il chancela, ses yeux habités d’éclairs aveuglants. Et les formes bondirent. Sans même y penser, il dévia une attaque, ripostant avec rage pour rencontrer un point dur.
La deuxième lui érafla le torse, mais il parvint à limiter les dégâts.

Et brusquement, ses adversaires furent projetés.

Musou se dressait devant lui, aussitôt rejoint de Mashiro. Le colosse se remit en garde, lentement, défiant ses adversaires écarlates.


[Musou]"Avance, on te protège."

Akogare obéit, secouant la tête pour repousser les brumes du sommeil. Mashiro se plaça à sa droite, Musou s’occupant du flanc gauche. Ils marchaient lentement, au rythme erratique d’Akogare. Et, inlassablement, sans jamais s’arrêter, ils repoussaient leurs ennemis. Son incroyable force ajoutée à ses étranges pouvoirs permettait au colosse de tenir à distance la plupart d’entre eux, et le reste était contrés par la lame de Mashiro.

Ils arrivèrent devant le souvenir. C’était une petite fleur de cerisier, qui flottait maladroitement dans les airs, entourée d’un pâle halo blanc. Akogare tourna les yeux vers Mashiro.


[???]"Akogare… Prend garde à ce souvenir. Il peut te dévorer, malgré son aspect innocent et chétif. Tenshi sera trop accaparée pour venir à temps, tu souffriras. Survis."

[Akogare]"Tu ne peux pas me sauver ?"

Mashiro secoua la tête, son regard se plantant dans celui de l’adolescent. Pendant leur échange, Musou barrait de son corps le chemin à leurs adversaires.

[???]"Seule Tenshi est habilitée à te récupérer. Enfin, plus exactement, elle seule peut te récupérer vivant. Ce qui est tout de même notre but. Touche la fleur. Nous avons une bataille à gagner, tu en as une aussi."
Akogare Hyuuga

Akogare Hyuuga


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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptySam 20 Mai - 16:30

Après un dernier coup d’œil, où Akogare put lire comme une lueur d’espoir, Mashiro se retourna rejoignant son gigantesque compagnon, son sabre frappant déjà un ennemi.
Pour la première fois, Akogare s’autorisa à observer ses amis. Tenshi bondissait, frappant avec rage son ennemie masquée. Il grimaça en avisant l’entaille qu’elle arborait sur son joli bras nu. Raunen évoluait autour d’elle. Le guerrier faisait face à six adversaires, et son dos était déjà lacéré de coups. Et enfin, Mashiro et Musou empêchaient les Sans-Visages de toucher le souvenir.

Akogare dévisagea enfin la petite fleur. Qu’était-elle ? Elle semblait en effet terriblement fragile. Il avait envie de la recouvrir de ses doigts engourdis, de la recouvrir et de la protéger, de la chérir et de la voir s’ouvrir et vivre. Alors, du bout du doigt, il effleura l’extrémité de ses pétales. Une secousse lui parcourut le bras. Pas tout à fait désagréable, elle était chaude et douce, presque rassurante dans sa violence. Il appuya plus avant, son doigt rencontrant le vulnérable cœur de la fleur.

C’était un monde ambré. Un bref instant, il éprouva un pincement au cœur à laisser ses amis se battre seuls, mais au final, il ne pouvait rien y changer. Il tourna sur lui-même, cherchant un point de repère. Une rue. Il se mit à marcher. Pourquoi ? Il ne voulait pas avancer, il voulait rester là où il était. Ses muscles ne lui obéissaient pas, seule sa tête se révéla capable de se mouvoir à ses ordres.

Il avait déjà traversé cette rue. Il se souvenait de son double, traversant l’avenue pour retourner chez lui. Mais, ce n’était pas le même souvenir cette fois ci. Il marchait en chancelant, manquant tomber sur les gens qui cheminaient également. Akogare essayait de modifier sa trajectoire, mais il semblait être prisonnier du souvenir, sans pouvoir interagir avec lui. Alors, il subissait, patientant.

Et là, un frisson. Ses yeux s’agitèrent, son nez réagissant à son tour. San était là. Quelque chose, un contact tiède, lui effleura la main. Il se retourna, lentement.
Un sanglot.
Cette main secourable, qui l’empêchait de chuter. Ce visage souriant, inquiet et attentif. Des yeux noisettes, qui épousaient la couleur ambrée des lieux, illuminés d’étincelles blanches tandis qu’elle le dévisageait. Un sourire timide, sur des lèvres charmantes le salua. Elle parla. Ses mots s’envolèrent, caressant le visage pétrifié d’Akogare.

Pour la première fois depuis le début de son voyage, pour la première fois il voyait San en face. Ce n’était pas comparable à la dernière fois, à la dernière fois dans ses rêves où elle lui dévoila son nom. Non, à ce moment, seule la moitié de son visage était visible. Une convulsion agita le cœur d’Akogare, tandis qu’il se remettait à battre, fouettant sa poitrine, s’enflammant à la vision de la douce créature qui se dressait face à lui. Il se souvenait. Il se souvenait qu’elle était belle, qu’elle était magnifique. Elle sourit à nouveau, comme en réponse à ses pensées, et doucement ils se mirent en marche. San parlait, à voix basse, mais il ne comprenait rien, seule les intonations de sa voix lui parvenait, de sa voix délicieuse et agréable. Pour rien au monde, non, pour rien au monde il aurait voulu quitter ce lieu, quitter cette personne. Quitter, ce souvenir flou d’un amour oublié.

Les battements de son cœur s’emballaient, à la mesure de leurs pas. Et puis, soudainement, sans prévenir, des éclairs traversèrent l’esprit d’Akogare, tandis qu’ils remontaient la rue, appuyé contre le féminin et désirable corps, observés par des yeux surpris et épieurs.

Une place. Un marché ? San était là, apparaissant enfin, lumineuse et belle, un mince sourire délicatement posé sur ses lèvres. Elle était à un comptoir, aux côtés d’Akogare. Il parlait. A qui ? Aucune importance, car il se retournait déjà vers elle. Peut-être était-il gêné, quoique sûr de ses mouvements. Lentement, avec mille précautions, il posa quelque chose dans les cheveux de San, juste au dessus de son oreille.
Une fleur. La fleur de cerisier. Celle qui l’avait guidé tout au long de son voyage, celle qui par son odeur l’avait secouru tandis qu’il se perdait dans un souvenir trop brumeux, trop terrible. Il eut à peine le temps de se souvenir ce qu’il avait alors pensé, en l’avisant, en la regardant, prenant conscience qu’il lui faisait pour la première fois don de quelque chose.
Soie et ivoire, tel était la fleur, tel était l’amour qui l’animait.

La scène s’estompa rapidement, les images des deux jeunes amoureux se perdant dans l’obscurité. De nouveau la rue. Akogare était plus affaissé qu’auparavant, la sueur gouttant sur son front, mourrant le long de son nez. Il dévisagea San, qui le fixait également de ses beaux yeux d’ambre. Elle ne dit rien. Peut-être n’en eut elle simplement pas le temps, car déjà un second souvenir souhaitait se glisser dans l’esprit du jeune homme. Et, il n’avait pas la force de lui résister. Pas l’envie non plus, stimulé par une soif nouvelle.


[San]"Je t’en pris Akogare, ne le fais pas. N’oublie pas ta promesse."

Il était dans un monde blanchâtre. A la fois inquiétant, mais aussi merveilleux. C’était comme si un épais brouillard avait pris possession des lieux, et que pour rien au monde il ne souhaitait s’éclipser. On ne distinguait nulle forme, nul objet. A vrai dire, Akogare avait du mal à se voir lui-même. Seules les voix lui parvenaient, altérées seulement par les sentiments qui enflammaient leurs propriétaires.

[San]"Tu n’es pas en état !"

Akogare frissonna. Ce souvenir était celui de l’éveil de Tenshi, de l’éveil de son Byakugan. Du deuxième éveil, pour ainsi dire. Horrifique souvenir. Fallait-il le vivre à nouveau ? Il sentait pourtant sa respiration se faire plus lourde en cet instant, il sentait comme une douleur insondable lui brûler le corps. Il serra les dents.


[San]"Ne meurs pas. Je te l’interdis."

Un sourire tremblant traversa les traits figés d’Akogare. Il n’avait pas l’intention de mourir. Pas maintenant. Plus maintenant. La douleur remontait. Le jeune homme savait qu’elle était nettement amoindrie. En rien comparable avec ce qu’il avait vécu le jour même. A vrai dire, c’était tout au plus un tiraillement vaguement désagréable à mesure que la sensation montait. Elle s’estompait, tandis qu’Akogare percevait quelque chose palpiter sur ses lèvres closes. Il aurait pu prendre peur, mais non, il sourit, confiant.
Puis, aussi vite qu’elle était venue, la douleur disparue.
La voix caressante de San, cette voix attentive, murmura.


[San]"Merci de tenir tes promesses."

Elle était devant lui. Il posa ses mains sur sa taille, doux dans ses mouvements, comme si il l’avait fait toute sa vie. Elle souriait. Et, lentement, le spectre magnifique rencontra les lèvres d’Akogare. Il eut à peine le temps de les sentir se presser contre les siennes que déjà il était tiré hors de ce souvenir.

Ils avaient bien avancé dans la ruelle. Le jeune homme voulait s’arrêter, s’arrêter pour souffler. Mais, implacable, San poursuivait. Il chancelait, manquant chuter à chaque instant, et pourtant, il poursuivait. Jamais, plus jamais il ne voulait abandonner San.
Un nouveau souvenir le percuta, et sans pitié, l’enveloppa. Dans cette rue, dans cette rue amoureuse, tous les moments passés avec San s’enchaînaient.

Le voyage promettait d’être long.

Ils étaient face à face. Lui, et San, dressés l’un contre l’autre, en une guerrière immobilité. Les images s’accélérèrent, violemment, les étincelles blanches ponctuant les actions comme d’éphémères virgules.
Ils étaient au sol. Akogare au dessus de San. La jeune fille caressait son torse, souriante et taquine. Et lui l’embrassait, l’effleurait de ses lèvres passionnées. Ils murmuraient, quelques mots d’amour sans doute, le jeune homme était trop occupé à apprécier le moment pour s’en soucier.

L’image s’évapora, brisant délicatement cette amoureuse étreinte. Pourtant, Akogare ne rejoint pas la ruelle. Un autre souvenir supplanta le précédent, comme si il en était une continuation logique, un élément important.

C’était une salle blanche. Plusieurs personnes étaient assisses, dont le jeune couple. San semblait caresser le visage tuméfié du jeune homme. Elle murmura, faiblement.


[San]"Tu t’entraînes dur."

Et pour la première fois, Akogare s’entendit répondre.

[Akogare]"Oui. Moins qu’avant cependant."

[San]"Ah ? Et c’est à cause de moi ?"

Il l’entendit rire, et ne put s’empêcher d’en frissonner de plaisir.


[Akogare]"C’est exactement cela. Je m'entraînais jusqu'à ce que mon corps ne suive plus, persuadé que mon esprit était le seul intérêt véritable. Mais tu m'as prouvé que j'avais tort, en m'offrant ton bras. C’était la première fois que l’on me venait en aide."

Il se souvenait. Il se souvenait désormais de qui il avait été, et de qui il était devenu. Il se souvenait des paroles de Musou. Par le passé, il se haïssait. Pouvait-il aujourd’hui dire le contraire ? Peut-être pas entièrement, néanmoins, il n’était plus question d’aller jusqu’où bout de ses forces, de se tuer à la tâche pour se prouver quelque chose. La mort est une amante infidèle. Autant ne pas chercher à la fréquenter de trop près. Il comprenait pourquoi il était devenu ainsi. Le souvenir d’Hinata avait hanté son enfance, cette vision d’un amour honteusement bafoué, sacrifié sur l’autel de la puissance, de la force. Alors, il s’était promis de ne jamais être rejeté par sa famille, sa famille qu’il détestait secrètement, autant qu’il se détestait d’en faire partie.
Et, il avait rencontré San. La seule personne qui ne lui ait jamais tendu la main, pour le relever, pour le soutenir. En la saisissant, il ne savait rien des conséquences de son acte. Pourtant, inexplicablement, il avait changé. Par petites touches, mais radicalement. Enfin il a porté un regard sur sa triste famille, cette triste famille qu’il avait aperçu tout au long de son voyage. Et enfin, il porta un jugement. Cette famille était mourante. Et lui refusait de mourir avec elle. Alors, peu à peu, il se détacha d’elle, pour se rapprocher de San, pour se plonger dans son amour, dans cet espoir de vie.

Avec délicatesse, la scène s’évanouit. Cette fois-ci, il s’était arrêté au bout milieu de la rue, un souffle rauque s’échappant de ses poumons comprimés. San lui caressait le dos, lui murmurait silencieusement de poursuivre. Il ne fallait pas s’arrêter.


[San]"Bon anniversaire, Akogare."

Avec lenteur, il releva les yeux, découvrant un mince sourire, de profonds yeux ambrés. A peine le temps de les apercevoir, qu’il était de nouveau projeté dans un autre souvenir.

Pourtant, il le voyait, la rue approchait de sa fin.

Cette rue de torture et d’amour. Cette rue, où tout avait commencé.


Dernière édition par le Sam 20 Mai - 22:17, édité 1 fois
Akogare Hyuuga

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MessageSujet: Re: A l'Intérieur d'Une Larme   A l'Intérieur d'Une Larme EmptySam 20 Mai - 22:16

Du sang. Il s’écoulait, gorgeant la plaine assoiffée. D’interminables sillons rougeâtres, aussi bien sur le sol que sur la peau des belligérants. Interminable, le combat se poursuivait, toujours aussi violente, chacun se battant pour ses idées, pour ce qu’il pense juste. Le champ de bataille était en vérité un arc de cercle. Musou et Mashiro était dos à dos, chacun protégeant le souvenir. Pour rien au monde, il ne fallait laisser un de ses guerriers écarlates pénétrer à l’intérieur. Le colosse avait reprit peu à peu une taille vaguement humaine, la fatigue prélevant son terrible dû. Il arborait plusieurs plaies béantes, notamment le long de son musculeux dos. Les lumières, les couleurs qui parcouraient son corps se faisaient plus vives, plus violentes, témoins de sa colère. Mashiro quant à lui rivalisait de dextérité, son sabre ne laissant que peu de chance à ses adversaires. Déjà deux Sans Visages avaient péri sous ses coups, sa lame vainquant leur abominable résistance. Pourtant, la sueur marquait son front. Sa tunique était désormais maculée d’une large traînée de sang, le long de son flanc. Mais il en fallait plus pour venir à bout de ce guerrier.
Sa rose blanche brillait entre ses doigts fins. Tant qu’elle ne le blessait pas, tant qu’il ne la lâchait pas, il tiendrait. Et le souvenir à travers lui.

Plus loin, la mêlée était terrible. Raunen était dressé, protégeant Tenshi des noires intentions de ses ennemis vermeils. Son épée était trempée de sang, de même que l’ensemble de son corps. Deux plaies se croisaient sur son torse, s’épousant sombrement, présage funèbre. Deux adversaires avaient trouvé la mort à son contact, mais les quatre autres semblaient inlassables. Peut-être, comme pourrait en témoigner la distance respectueuse qu’ils entretenaient avec le guerrier, était-ils impressionnés de sa puissance. Raunen portait sa lourde lame sur son épaule droite, son large manteau claquant sous les assauts timides du vent, ses yeux ne quittant pas les combattants rougeoyants.
Il mit soudainement son épée en avant, poussé par un cri, plus loin, derrière lui. Un cri, qu’il connaissait bien. Celui de Tenshi.

La jeune fille recula d’un bond. Elle se réceptionna difficilement sur les genoux, plantant son bâton dans le sol pour ralentir sa chute. Son souffle était rauque, laborieux. De longues mèches mauves lui cachaient le visage, dissimulant ses beaux yeux rouges, soulignés de larmes douloureuses. Tenshi ne tremblait cependant pas. Elle leva sa main laissée libre à sa poitrine, effleurant la profonde entaille qui s’était faufilée entre ses seins. Ses doigts, trempés de sang, s’éloignèrent, se reposant sur le sol.
Sans un mot, elle se redressa, s’appuyant légèrement sur son arme. Sa sanglante main la soulagea des aveuglantes mèches.

Son adversaire attendait, patiente. Pourtant, elle aurait facilement put presser son avantage, et forcer Tenshi à faire des erreurs. Mais non, elle attendait, sa lame baissée.
Tael était élégante. Son manteau d’un bleu profond, couleur nuit, soulignant subtilement ses formes, cachant gracieusement son bras manquant voletait au gré des caprices de la brise. Même pourvue d’une seule main, elle était terrifiante de puissance. Mais, les deux femmes savaient qui était la plus forte. Le masque intriguait Tenshi. La femme nue brillait, plus encore que la bête menaçante. C’était comme une pièce de théâtre, la scène semblait étrangement vivante dans son immobilité.


[Tael]"Tu es belle."

Tenshi dévisagea Tael. Elle avait prononcé cela avec la voix de l’enfant, même si les intonations adultes achevèrent la phrase. C’était un constat, plus qu’un compliment. Un constat troublant.

[Tael]"Mais je l’ai déjà dit. La beauté, même la tienne, ne protége pas de la mort."

La voix de la femme lui caressa un instant les oreilles, tandis que Tenshi se rapprochait, son arme dressée devant elle, prête à parer le prochain coup. Deux déesses de la guerre, se livrant bataille au milieu d’une plaine venteuse.

Elles se rencontrèrent de nouveau. La jeune guerrière n’ayant aucun mal à bloquer le coup de la femme masquée, elle riposta, frappant au niveau du genou. Vive, Tael esquiva l’assaut, dansant autour de Tenshi. Alors, cette dernière accepta la danse. Une danse d’acier, et de sang, dure et violente. Les yeux de la jeune fille ne quittaient jamais son adversaire. Le masque ne la troublait aucunement, ses courbes sinistres n’ayant que peu d’effet sur elle.
Sa lame effleura l’épaule de son ennemie. Et un peu de sang en jaillit, s’écoulant aussitôt sur son long manteau.
Les femmes se séparèrent, récupérant toutes deux.


[Tenshi]"Et je te le répète. Tu aura du mal à me tuer, moi, ou l’un de mes amis."

Tael sourit, son bras gauche se tendant en une mortelle invitation. Et Tenshi l’accepta à nouveau.

Raunen, d’un vaste mouvement de son épée, fit reculer plusieurs de ses ennemis. Le geste eu pour effet de n’en laisser qu’un à la portée de son arme. Ce dernier s’en aperçut trop tard, et déjà, la pesante lame s’abattait sur lui. Sachant que sa propre épée ne parviendrait jamais à bloquer celle du guerrier, il se recula. Mais le tranchant de Raunen lui déchira une partie de son torse, avant de mourir sur sa jambe, bien plus bas.
Le Sans Visage chancela, tout en reculant rejoindre ses écarlate compagnons. Son sang ruisselait imbibant ses vêtements, qui prirent une teinte encore plus marquée, plus sombre. Lentement, en une lugubre procession, les Sans Visages restant encerclèrent Raunen.
Et le puissant guerrier n’esquissa nul mouvement de fuite. Ses yeux évoluaient, traversant les visages plats de ses ennemis.
Ils s’arrêtèrent sur Tenshi. La jeune fille faisait face elle aussi. Il sourit presque, en l’apercevant blesser une nouvelle fois son adversaire masquée. Elle était si belle, si gracieuse. La mort n’avait pas le droit de le saisir.

Il se remit en position défensive, les genoux fléchis, sa lame barrant son torse. Les oreilles tendues, il ferma les yeux. Aucuns mouvements des guerriers ne lui échappaient. Chaque pas, chaque frôlement. L’un d’entre eux, plus téméraire, s’approcha sans attendre ses compagnons. Alertes, il ne leur fallu pas longtemps pour le suivre.
Mais, déjà, Raunen savait qui frapper en premier.

La petite fleur de cerisier, le souvenir toujours en lévitation, palpitait. Faiblement, sa lumière se voilait. Cela signifiait simplement qu’Akogare mourrait. Et qu’il n’aurait bientôt plus la force de continuer. Il tomberait, sans pouvoir se relever, et ni Tenshi ni personne d’autre ne pourrait lui venir en aide. Car, eux ne peuvent pas rentrer dans les souvenirs. Ce qui ne semble pas être le cas de Tael et de ses guerriers.
Toutefois, Mashiro et Musou feignaient de ne pas le remarquer. De ne pas voir cette lumière agonisante. Ils se battaient, sans doute poussés par l’énergie d’un désespoir grandissant. Mashiro faisait face à quatre adversaires. L’un d’entre eux était plus puissant, c’était indéniable. Une sorte de commandant, peut-être. A eux tous, ils parvenaient à immobiliser le guerrier blanc. Et cette immobilité gênait Musou, qui n’avait alors plus personne pour protéger son dos. Tout puissant qu’il soit, le colosse n’était pas aussi rapide que les Sans Visages. D’autant qu’ils était six.

Personne n’abandonnerait pourtant. Seule la mort pouvait désormais les délivrer. Mais le désirait-elle seulement ?

Ou bien, perverse, souhaitait-elle voir jusqu’où chacun était prêt à aller ?
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