Teppouuo

Note 1: Pour ceux qui veulent seulement avoir une idée du physique du personnage, ça se passe à la fin de la présentation avec un image assez détaillée.
Note 2: Je me suis en partie inspiré d'une illustration et d'éléments gracieusement offerts par Lei Lei Isatsu, je le remercie pour l'aide qu'il m'a apportée.


Depuis la première aube l'eau, véritable artiste de la nature, travaillait les nombreux paysages de ce monde. Ses indénombrables techniques, telles l'érosion, les inondations ou les glissements de terrains, contraignaient même les rocs les plus rigides à combler ses fantaisies. Le mont Kido lui-même s'était laissé sculpter par l'onde. De ses caprices résultèrent les colossales falaises jonchées d'une flore parsemée, mêlant les nombreux tons de gris, propres à l'inerte, aux verts témoins de la vie toujours grandissante. Quand l’astre diurne ouvrait son défilé quotidien, il dardait de ses rayons l'immensité rocailleuse, offrant de chaudes compagnes aux couleurs initialement présentes, créant par la même occasion une représentation du duel éternel entre l'ombre et la lumière. Ces reliefs incarnaient non seulement la scène parfaite pour ce spectacle mais aussi les parois d'un coffret quasi hermétiques. Un coffret protégeant une pierre qui, à défaut d'être chatoyante et pure, détenait la capacité de plonger l'Homme au plus profond de ses craintes. Tel un trésor maudit que seuls les plus fous, aveuglés par un désir inhumain de l'acquérir, ou les plus décidés rechercheraient, le terrain d’entrainement des araignées gisait en cet asile.

Un début de soirée comme tant d'autres sur le mont Kido, une personne se tenait à proximité du flux cristallin qui, au même titre que le temps, suivait son cour inlassablement. Genoux plantés au sol, les orteils s'y enracinant et les talons soutenant le tronc, ce fut dans cette position que le corps de l'homme s'était figé lorsque le Soleil eut clôturé son voyage journalier. Épié par un enfant, qu'une cloison laissée entrouverte dissimulait, il entreprit de couper la mélodie dont le ruisseau était l'auteur.  

[Homme]- " Approche, même les blattes ne se cachent pas ainsi à la nuit tombée. "

La séparation glissa brusquement une première fois, laissant le garçon sortir, puis recommença plus doucement, échappant un grincement suivit d'un léger son synonyme d'une fermeture complète. Au fur et à mesure que la distance s'estompait la musculature du trentenaire se dessinait plus précisément. Saillante sans pour autant tourner au ridicule, chacune de ses pièces démontrait l'attention que portait le propriétaire à son niveau physique. Mais un élément attisa la curiosité du plus jeune bien plus que les quelques cicatrices superflues: un tatouage. Oubliant la raison initiale de sa venue, il murmura.

[Gamin]- " Pourquoi portes-tu cette marque? Je la pensais réservée aux assassins. "

[Homme]- " Il fut un temps ou moi aussi je chassais figures-toi, ma routine ne s'est pas toujours résumée à la confection d'armes pour le clan. "

Il fut tout aussi étonné par le contenu que l'arrivée même de la réponse, il aurait pourtant dû se douter que son père l'entendrait. Une fois la berge atteinte il mima son prédécesseur extérieurement et intérieurement, siégeant à sa gauche et débutant une phase d'union.
Aussi loin que le jeune garçon s'en souvenait ses parents pratiquaient l'artisanat, il ne s'était jamais vraiment questionné sur de possibles antécédents. Sa propre existence lui paraissait être un cycle supplémentaire à celles de ses géniteurs, s'adonnant aux divers entrainements afin de mieux appréhender les défauts et qualités de l'armement et ainsi favoriser son labeur, c'était donc en toute logique qu'il avait conclu que l'histoire du couple décrivait un parcours similaire.

[Homme]- " Je l'ai faite faire avant d'atteindre mon vingtième hiver. La coutume veut qu'on la place sur la poitrine, mais j'en voulais une grosse... il y a toujours une question de taille derrière les histoires de ce genre.
Elle devait être assez imposante pour que mes ennemis puissent la distinguer. Lors des contrats j'habillais mon buste que de quelques protections à l'avant, c'était pour éviter qu'elles recouvrent l'araignée que j'ai demandé à ce qu'elle soit tatouée sur mon dos. Quand j'y repense je me dis que je lui dois peut être la vie... "

Le courant d'eau reprit son rôle de soliste durant quelques secondes, les yeux de l'ex tueur se levèrent vers ce ciel dénué d'astres qu'il scruta jusqu'à la fin de son récit.

[Homme]- " J'étais en déplacement et la cible, un dignitaire étranger, s'était préparée tant bien que mal à une tentative d'assassinat. J’adoptai une stratégie d'élimination à distance, ce fut un échec.
Ma flèche trouva bien son nouveau foyer au travers de la gorge de l'homme, mais pour une raison ou une autre je n'avais pas communié avec l'environnement, peut être me sentais-je en sécurité au point d'omettre une règle aussi importante... Un soldat était tombé sur moi et je me suis aperçu de sa présence que dans les derniers mètres. Par réflexe je fis demi-tour, décochant une flèche supplémentaire.
Son visage resta figé sur une expression de peur, non, d'effroi. Même dans cette atroce grimace on pouvait discerner sa jeunesse, ajoute à cela la mauvaise facture et la faible quantité d'équipements et tu obtiens un nouvel enrôlé. Sa paralysie et son manque d'initiative démontraient une inexpérience certaine, il est très probable que, même si je ne l'avais pas tué, il n'aurait pas réagi à temps et n'aurait même pas été capable de me reconnaître sans voir ma marque de l'araignée. Ce fut une mort injustifiée, la victime de mon incompétence. "

Un grand regret émanait du meurtrier, aussi paradoxale que cela pût paraître cette famille ne dénigrait pas la valeur de la vie, et le conteur respectait avec une profondeur particulière ce qu'il vola à de nombreuses reprises.

[Homme]- " Tu dois retenir une leçon de mes erreurs, la vie est précieuse, que ce soit celle d'un membre de notre clan ou non. L'araignée chasse en vue de se nourrir et d'assurer la pérennité de sa lignée, il faut toujours réduire les morts au strict minimum, c'est à dire au nombre de cibles. "

En prononçant ces mots il ne pouvait pas nier ce qu'il percevait, son fils ressentait ni honte ni tristesse à l'idée que son interlocuteur ait abattu une personne qui aurait dû vivre. A ses yeux la victime représentait un danger potentiel pour le clan tout entier et il était donc normal qu'elle soit abattue, ce n'était pas un meurtre gratuit.

[Gamin]- " Pourquoi ne t'es-tu pas fait tatouer la crinière du lion dans ce cas? Elle est plus imposante avec, sans vouloir te vexer. "

Avant même que le père ne répondit un rire familier retenti et coupa l'herbe sous le pied du tatoué.

[Voix familière]- " La crinière du lion je l'arbore au-dessus de mon crane, je n'ai pas besoin que l'on me la tatoue, mes cheveux à eux seuls respirent la puissance et suffisent à démontrer l'efficacité dont je fais preuve! "

La citation, faite d'une voix aussi exagérée que les mouvement qui l'accompagnèrent, attira d'autres membres qui s' esclaffèrent à leurs tours. En effet l'arachnide reposant sur le trentenaire s'arrêtait au niveau de la nuque, la toison blanche auréolant ainsi la créature aux huit pattes.

[Toshiya 1]- " Très bonne imitation Motoko! J'm'en rappellerai tant que mon cœur battra, ce sacré Ichinose, ses cheveux étaient d'un noir de jais à l'époque. "

[Toshiya 2]- " Oui oui, et la tête qu'il faisait lorsqu'ils ont changé de couleur quelques mois plus tard. J'avais même réussi à lui faire gober que c'était une malédiction! "

[Toshiya 1]- " T'étais vachement insistant aussi, même moi j'aurais commencé à douter. "

Chaque souvenir déterré appelait des éclats de joies, chacun correspondant à un fil de la toile qui les liait, eux qui vivaient fréquemment reclus, indéniablement rattachés au destin du pays de la foudre par les ténèbres. L'homme se retourna en se remettant sur pied.

[Ichinose]- " Les fauves blancs sont les plus rares, cette décoloration prouvait que j'étais encore plus féroce qu'auparavant! "

Déclara-t-il, le poing serré, d'un ton qui ne laissait pas de doute sur l'absence de sérieux de ces propos, puis jubila avec sa famille. Ce fut parallèlement à cet acte qu'une main délicate atteignit l'épaule de l'enfant, qui n'avait pas rompu sa pose jusqu'ici.

[Motoko]- " Tu sais pourquoi je suis venue, il se fait tard, va te coucher ou tu ne pourras pas profiter pleinement de ton entrainement demain. "

[Gamin]- " J'y vais de suite maman, sans la Lune j'ai perdu mes repères et... "

[Motoko]- " File au lieu de te justifier. "

De cette nuit, qui ferait à jamais partie de sa mémoire, il retint un enseignement bien différent de celui qu'Ichinose voulu lui transmettre.


Un toit illuminé par une infinité d'astres surplombait le plateau fleurit, nid principal des araignées à tête de lion. De tous c'était la Lune qui irradiait le plus abondamment, présentant son uniforme circulaire au monde. Un trio, composé de deux adultes et d'un enfant, marchait en direction de la résidence. Trois étages s'empilaient, donnant forme à la grande villa, plus ancienne bâtisse des Toshiya à la périphérie d'Amagumo. Bordée par des flots tranquilles, ses cloisons étaient imprégnées de nombreuses bribes du passé et aujourd'hui elle se ferait de nouveau la gardienne d'une assemblée. Toutes les réunions, tenues régulièrement avec l'ambition de faire part aux assassins des changements notables, se déroulaient en son sein et s'étalaient sur deux heures au minimum. Lorsque les nouvelles manquaient ils en profitaient pour montrer les améliorations de chacun, surtout des plus jeunes. La nature de leurs professions les emmenant à être souvent absents, ces séances servaient alors de rattrapage. La décision de se réunir de façon récurrente aurait été prise dans l'optique de diminuer le besoin de ce concerter en cas d'attaque inopinée, il y a bien des années de cela. Ce fut un petit homme, engrangeant tout juste dix années, qui prit la parole après l'ouverture.

[Gamin]- " Excusez-moi, je sais qu'il doit y avoir des sujets prioritaires à l'ordre du jour, mais j'aimerais vous formuler une requête. "

Aucune objections ne vint l'interrompre, ceci était le signe qu'il pouvait continuer.

[Gamin]- " Je souhaiterais discuter de la mise en place d'un groupe d'étude sur l'armement.
Actuellement mes parents et moi même sommes affectés à l’artisanat, comme cela avait été proposé il y a maintenant une décennie. Cependant, avec la quantité de travail que représentent la récupération des matériaux, la conception en masse et les travaux sur les structures de la vallée, ils n'ont pas le temps pour se pencher réellement sur l'évolution de l'équipement. "

[Toshiya]- " Oublies-tu qu'à environ quatre-vingt centimètres nos flèches traversent les armures?
Nous avons des actions plus importantes à mener que perfectionner une arme déjà excellente. "

L'opposition provenait de l'extérieur où se tenaient des binômes. La construction suivant une architecture traditionnelle, l'isolement sonore était plus que mauvais, ils se postaient alors systématiquement tout autour de la pièce afin de s'assurer qu'aucun nuisible grignoterait leurs paroles.

[Gamin]- " Oubliez-vous que cela représente tout juste les deux cinquième de la distance qu'atteignent les meilleurs d'entre nous?
Si ancrer une pointe à plusieurs centaines de mètres est à la portée d'un archer, son équipement doit lui permettre d'infliger un coup fatal à cette distance, quel que soit l'attirail de la victime. Je sais bien qu'à l'heure d'aujourd'hui nous ne rencontrons pas de résistance particulière, mais nous ne devrions pas nous reposer sur nos acquis. "

Quand bien même les araignées trouvaient les huit centièmes de kilomètre suffisants pour assurer la sécurité et la discrétion, que se passerait-il si une nouvelle technique de forge apparaissait en offrant une protection bien supérieure? Elles seraient forcées à tirer de plus près ou réduire leurs points de touches à la gorge, prises de court, voir même muselés pendant des mois, le temps de trouver une façon de se procurer la dite technique afin de l'adapter à leurs projectiles... c'est impensable. Les Toshiya se devaient de garder un coup d'avance, que ce fût lors d'un contrat, dans les interactions globales avec le monde ou leur armement. Si un clan adverse pensait créer la surprise à l'aide d'une protection nouvelle il devrait être pris de stupeur quand le projectile passerait au travers. Évidemment le jeune artisan n'était pas le seul à penser ainsi, malgré tout la proposition fut refusée après de nombreux échanges. Il était malvenu de réduire le nombre d'assassins actifs et donc la quantité de contrat exécutés en cette ère particulièrement encline au conflit, ce furent ces contraintes de temps et d'effectif qui engendrèrent le rejet de l'idée.

Néanmoins il n'abandonna pas ses projets, il dénicherait un moyen d'accroitre les capacités pénétrantes, voir même la portée. Il était persuadé de l'accessibilité de cet objectif, il n'avait pas encore trouvé comment le concrétiser voilà tout. Durant trente-huit mois il y travailla, tentant sans relâche de créer une flèche alliant puissance de pénétration et légèreté, ainsi qu'un arc apte à libérer son potentiel sur une grande distance. Cette étude acharnée fit de lui l'adolescent le plus pâle de son clan, passant plus de temps à s'entrainer dans l'atelier fermé plutôt qu'à l'extérieur, le tint basané qui fut autrefois le sien s'estompa au fil des prototypes. L'atelier était presque son seul environnement de vie d'ailleurs, c'est ici qu'il tentait différentes approches, divers bois, qu'il aidait ses parents à la confection d'armes classiques destinées au clans. Il ne sortait que rarement de jour pour réaliser quelques courses, n'apparaissant même pas devant les clients. Non pas que son activité à la boutique était secrète, la survie des membres du clan a toujours été un point primordial, il était donc inconcevable qu'Ichinose laissât sa progéniture fabriquer de l'armement défectueux. Tout le monde le savait et lui accordait autant confiance qu'à n'importe quelle autre araignée, l'age ne fut jamais sujet de discrimination à l’intérieur du clan après tout. Il n'apparaissait pas au point de vente simplement par manque d'envie comme de temps. S'il réussissait à concilier la recherche, l'entrainement et la fabrication c'était grâce au noyau unique autour duquel gravitait cette trinité, chaque activité permettait l'avancée d'une autre en parallèle. C'était en progressant en archerie qu'il acquerrait des notions supplémentaires, des idées nouvelles pour sa recherche, c'était aussi à ce moment qu'il pouvait tester ses prototypes. La fabrication offrait un cadre idéal afin de développer les ébauches nées dans l'entrainement. La recherche quant à elle incluait un approfondissement des réflexions liées au tir, si elle n'offrait aucun bénéfice direct aux deux autres domaines le fait de pouvoir décrire ce qu'on savait habituellement d'instinct aboutirait à des résultats tôt ou tard, ces mêmes résultats qui feraient évoluer l'artisanat et les capacités du clan.

Ce fut lors d'une course, à la demande de ses parents, qu'il entendit certains villageois pleurer l'absence d'espèces végétales typiques de chez eux. Il prit brièvement part à la conversation de sorte à récupérer des noms de plantes, voyant en eux d'autres composants susceptibles de mener à bien son objectif. Il questionna des nomades et la réponse fut directe.

[Nomade]- " Même si quelqu'un serait assez fou pour acheminer du bois en si petite quantité sur un trajet aussi long, le prix serait exorbitant vu les risques encourus. Je sais pas pourquoi tu veux importer du bois à ton age, mais oublis ça gamin. "

Ce n'était pas le maigre salaire qu'il obtenait auprès de son père qui lui permettrait de s'offrir de tels services, il lui fallait donc passer à la vie active. Les contrats ne l'habiliterait pas à rapporter du bois avec lui, ce serait bien trop encombrant et la discrétion de rigueur lui interdisait une interaction trop ouverte en mission, en revanche ça lui fournirait éventuellement les fonds nécessaires aux services d'un marchand ambulant, au moins jusqu'aux frontières du pays de la foudre.
Le problème suivant se présenta, il ne se sentait pas assez performant pour intégrer un binôme. S'il pratiquait le tir statique, que ce soit à courte, moyenne ou longue distance, quotidiennement, il lui était impossible de réserver du temps afin de décocher en mouvement lors des exercices nocturnes. Il ne put prendre une telle responsabilité avant de se considérer prêt, il diminua ses recherche dans le but d'aborder une préparation intensifiée.


Une femme d'age moyen fit coulisser la porte, pénétrant ainsi au sein de la pièce. D'environs dix tatamis, éclairée par une douce lumière naturelle passant au travers des carreaux de papier, la salle combinait à la fois cuisine, camouflée derrière deux écrans opaques, chambre, dont les matelas s'étaient perdus au fin fond des placards, et séjour. On n'y notait ni hôtel, ni décorations luxurieuses, juste une table auprès de laquelle se trouvaient deux hommes. Tout deux tournaient le dos à Motoko, tout deux possédaient une courte chevelure blanche ainsi qu'une peau vieillit par le Soleil et tout deux représentaient un tiers de ce pourquoi son cœur battait jour après jour. La jeune araignée avait grandi, son épiderme recouvra son ancienne teinte et le même mal que son père s’abattit sur sa touffe autrefois châtain. Mesurant à peu près cent quatre-vingt-sept centimètres, il surplombait aujourd'hui sa mère et pouvait regarder Ichinose d'une hauteur égale. Cela faisait huit ans qu'il prit la décision de rejoindre les actifs. Son travail sur le bois porta ses fruits pourtant il n'en était pas satisfait. Malgré le gain de durabilité et d'efficacité, ses arcs ne permettaient toujours pas de percer une armure au-delà de la limite fatidique qu'incarnaient les cent mètres. Soudain la notion de chakra fit son apparition de part le monde. Bien que la césure entre leur région et le reste du continent était assez marquée, l'attaque récente qui avait abouti à la découverte du temple et l'établissement d'un village venait de placer cette énergie à l'ordre du jour. Il en avait déjà vaguement fait l'expérience auparavant, tout ceci raviva l'espoir de saisir ses objectifs entre ses doigts et le motiva à rejoindre les forces de Kumo.

Au creux de sa main gauche reposait un arc de sa conception, ironiquement l'arbre qui permit d'obtenir ce résultat poussait dans sa région et aucun autre végétal auquel il avait eu accès jusqu'alors surpassait ses performances. De la droite il pinçait une flèche médiocre, bien fabriquée mais composée d'un bois commun sans grande qualité. Utiliser ce genre de tube en-dehors des contrats était important, en effet, même s'ils ne seraient pas perdus lors de cette activité, un archer qui partirait en mission ne pourrait jamais emporter un grand nombre de leurs meilleurs projectiles. Il fallait les répartir entre chaque membre et prévoir les besoins futurs, les rations étaient primordiales pour éviter la pénurie, en tout cas c'était ainsi que sa famille voyait et faisait les choses. Beaucoup disaient que c'était largement suffisant, et ils n'avaient pas tort, les contrats visant peu de cibles et un archer les ratant qu'à de très rares occasions. Seulement les choses changeaient, bientôt il ferait partie de l'armée et les contrats seraient remplacés par des missions, voir des batailles d'envergures. Impossible de savoir combien d'ennemis lui feraient face par la suite, ni sur quelle période, il était donc probable que les munitions de qualités se fissent trop rares. De plus seules ces dernières semblaient compatibles au chakra, toutes les autres se brisaient plus ou moins selon leurs souplesses. Une flèche de piètre qualité se trouverait plus facilement et il pouvait même en confectionner sans trop de mal, il était donc bien venu de s'habituer à leurs faiblesses.

Positionné perpendiculairement à la cible, à plus de dix décimètres, le visage face à elle, il déploya ses jambes de sorte à accroitre sa stabilité. Sa main droite joint le projectile à l'arme avant d'amorcer l'attaque, ce qui se traduisit par un mouvement ascendant puis descendant des deux membres supérieurs. Ainsi il se trouvait avec un bras tendu et la main opposée maintenant délicatement la corde tendue, trois doigts pinçant l’empennage. Le regard fixant sa cible, il faisait alors parti du décor, de cette aire rocheuse aux reliefs discontinus, de ce ciel nuageux parcouru de part et d'autres par des oiseaux semblant plus étrangers à la nature que l'archer, et la flèche fendit l'air. Cet instant fut si court que l'on était en droit de se demander si elle ne s'était pas toujours trouvée au centre du cercle, perceptible au loin, insinuant le doute quant à la nature du moment précédant. La peinture du Toshiya à l'arc armé résidait-elle au cœur du monde des souvenirs ou de celui des illusions? Rien n'avait changé sur ce tableau, chaque grains de poussière, cailloux, muscles demeuraient dans le même état. Seule la flèche témoignait du changement. Pouvait-on réellement se fier à un fût de bois pour nous démontrer que des secondes s'étaient écoulées, qu'une image passée appartenait bien à un souvenir et non à une hallucination ou un rêve?
Il finit par baisser les bras, se saisissant d'une seconde munition pour un lâché bien moins cérémonieux. Le tir s'effectua en direction du ciel et fendit son prédécesseur à la jonction entre la tête et le corps. D'autres rafales suivirent, à diverses hauteurs et sur de nombreux panneaux, l'assassin sautant de plateforme en plateforme au gré du circuit. Tout ceci forcerait peut-être le respect aux yeux d'un non-initié, mais n'importe quel membre du clan pouvait en faire autant. Rien n'était plus simple qu'atteindre une cible immobile, dépourvue de défense, sur un champ dégagé et sans contrainte de temps. En mission les mouvements se voulaient plus brefs, bien que tout aussi efficaces, mais c'était uniquement en investissant de sa vie afin de parfaire les étapes que l'on atteignait la possibilité de les appliquer en toutes circonstances.


Il entendit des rumeurs sur le Raikage, un homme croyant, la bonne heure! L'assassin n'y voyait pas un problème fondamental, chacun était libre de penser et croire ce qu'il souhaitait après tout, mais il se demandait si l'ancien nomade partageait son avis. Le bruit courait qu'il désirait imposer la religion et il était hors de question pour le Toshiya d'adhérer à une doctrine religieuse, quelle qu'elle fût. Le village caché du nuage n'était pas un échelon inextricable sur l'échelle qui menait à son but, il ne ferait donc pas de sacrifices trop importants afin d'y demeurer. D'un autre côté certains décrivaient le guerrier de la montagne comme quelqu'un de strict, détenteur d'une volonté d'améliorer la puissance et de renforcer l'autonomie du pays de la Foudre. Un chef trop laxiste et axé sur les compromis peut mener à des pertes de secrets, d'argent ou même à l'anéantissement par trop plein de confiance envers ses alliés. L'archer n'aurait su supporter une telle ingérence, il était donc soulagé que cet individu réservait la mort en tant qu'unique récompense à la traîtrise et qu'il n'était pas enclin à coopérer sans étudier les propositions sous toutes leurs coutures. Bien évidemment tout cela restait des ouï-dires, il aurait été malvenu de la part du shinobi en devenir de juger cette personne en se basant là-dessus.

Il saisit un cylindre de bambou, de soixante centimètres de haut et vingt de rayon, puis commença à composer son bagage. Il ne voulait pas d'embrouilles à son arrivée, il opta alors pour une approche relativement discrète, il se présenterait aux portes du village caché du nuage sans armes apparentes et en tenue ordinaire de sorte à ne pas éveiller la véhémence des gardes. En découvrant le récipient il remarqua quelques morceaux de bois qui servait à fabriquer l'ancien modèle d'arc, une idée lui vint à l'esprit, il transporterait uniquement les matériaux plutôt que l'arme elle-même, supprimant les éventuels périls découlant d'une fouille. Dès qu'il eut vidé la grande boîte, il la remplit de nouveau, peu à peu, déposant d'abord un pantalon noir parcouru de lanières en cuir, puis un débardeur moulant de la même teinte qui fut suivit d'un gilet vermeil, enfin vint la ceinture composée d'une large pièce de textile, d'un rouge aussi flamboyant que le haut, sur laquelle reposait une plaque ferreuse. Une fois l'opération réitérée pour les doubles, il entreposa des vêtements plus classiques et des chausses quelque peu excentriques. Montées par du métal à l'avant des chevilles et des pieds, une grande extension se présentait aux côté extérieurs, atteignant les genoux, dans le but de renforcer la protection des membres inférieurs sans décroitre outre mesure la liberté de mouvement. Lorsqu'il eut terminé il s'empara de quoi assembler son objet fétiche, l'emballa dans le bambou et scella le tout avec une corde.

Comme à chacun de ses départs il ferma la cloison derrière lui sans personne pour le suivre du regard jusqu'à sa disparition dans le flou de l'horizon. Comme à chacun de ses départs le duo d'artisans perpétuait ses tâches journalières sans même sourciller. Tout se passa comme à chacun de ses départs, c'était l'illusion que les apparences auraient réussis à immiscer au milieu des pensées de tout les spectateurs, si ceci avait été une pièce. Ses parents travaillaient aujourd'hui de concert, faisant preuve d'une union parfaite, malheureusement ce n'était pas la gaieté qui permettait à leurs cœurs de raisonner telle une cloche unique, loin de là. La douleur incarnait le battant en ce jour fatidique, de celles produites par la raison et qui ne pouvait alors être soigné que par cette dernière. Si la confiance tissée entre les membres du clan, renforcée par celle que seuls des parents éprouveraient, aida le couple à surmonter la douleur, seule la mère fut capable de l'accepter totalement. Elle n'avait guère le choix, elle savait pertinemment quel mal allait ronger l'âme de son compagnon aussitôt la crainte dissipée. Ils vivaient l'un près de l'autre depuis près de quarante années, plus aucune parcelle de l'existence de l'époux pouvait échapper à la clairvoyance de sa femme. De toutes les blessures que l'Homme était mené à rencontrer, les plus douloureuses demeuraient celles qui ne touchaient pas le physique, les pires parmi elles étaient celles qui naissaient de nul part, car sans racine il était impossible de se débarrasser de la fleure obscure qui drainerait l'esprit humain. Cette triste plante germa chez le père il y a plus d'une décennie, commençant son développement lentement, attendant l'arrivée de son soleil pour déployer ses organes et croître pleinement. De l'ordre des douleurs, famille mentale, genre à précurseur fictif, cette espèce était communément appelée culpabilité.

Le fils était déjà loin et s'il avait effectivement remarqué le chagrin de ses parents, il n'était pas encore assez sage pour ressentir la raison d'être de celui-ci, il ne pouvait que le déduire. Il se doutait bien que, de la même manière que son père l'avait débusqué cette nuit où le tatouage lui fut révélé, ses parents savait qu'il était un mauvais Toshiya. Si des étrangers ayant rejoint les araignées épousaient dans sa totalité le code du clan, le jeune homme ne pouvait pas adhérer à certaines de ces lignes malgré le sang qui circulait dans ses veines. La raison de cette douleur ressentie par sa famille était simple, ils savaient tout deux que cet engagement envers Kumo serait le plus long et surtout probablement le dernier de sa vie.

A partir d'aujourd'hui l'archer serait perpétuellement sous contrat et appliquerait les règles à sa façon, même dans l'enceinte du village. Il n'était ici ni pour le Kage ni pour le Daimyo, simplement pour atteindre son objectif. Ce fut la dernière pensée qui habita son esprit aux abords de la vallée, tandis que ses yeux bruns fixaient l'immensité rocheuse.


Vois-ci une illustration plus complète, dans les rares cas où la tenue sera différente je la mentionnerai en début de RP.

Spoiler:

Bonjour ! De la lecture de ta présentation, j’ai pu formuler quelques interrogations :

• Où situes-tu le mont Kido ? Et la grande bâtisse des Toshiya dont tu fais mention dans la 2e partie, où l’as-tu placé ? Ce sont des lieux que tu as inventés pour ta présentation, et je me dois de respecter le cadre. Le mont peut être un mont parmi tant d’autres dans une des chaines de montagnes ou au niveau des collines qui recouvrent le pays, mais la demeure ne peut que se situer à Amagumo. Elle peut être excentrée de la ville mais doit du moins se situer sur le même plateau. La majorité du clan habite à Amagumo.
  
• Tu mentionnes les Senjago, mais ils n’ont rien à gagner à être connu, au contraire, ils cultivent le secret. Et l’isolement dont fait preuve le pays de foudre ne devrait pas te permettre de connaître ce clan.
  
• Tu as un style très technique, avec beaucoup de chiffres. Ca ne me dérange pas, mais c’est parfois difficile à lire.

Dès que j’aurais eu les précisions demandées, je te validerai.

Alors pour le mont Kido j'ai simplement reprit le nom qu'un ancien Toshiya avait utilisé, Lei Lei Isatsu.
J'ai volontairement choisi d'être vague, j'estime que le passé de mon perso doit s'adapter au background du clan, en éliminant les détails sur l'emplacement j’espérais rendre le tout compatible avec les décisions du staff quant à la localisation des Toshiya (car je ne savais pas, au moment où je l'avais rédigée, que le clan se trouvait à Amagumo).

J'imaginais le clan plus ou moins reclus, dans le but d'éviter de réduire les risques d'attaques, comme celle qu'ils avaient subi lorsqu'ils étaient encore dix. Je vais donc repenser la chose. Est-il concevable que seule la zone d'entraînement se trouve sur le mont, à défaut d'y mettre les résidences?

Pour les Senjago c'était simplement histoire de citer une famille de forgerons, j'avais comprit (à tort) qu'ils exportaient des armes (avant le pacte avec Konoha) et avaient une certaine célébrité (comme de par le passé avec leurs flammes noires). Les Toshiya étant censé tuer un peu partout ça me semblait logique qu'ils en avaient entendu parler, j'effacerai la note les concernant.

Pour les chiffres, si tu parles des dixièmes et autres c'est une méthode pour éviter les répétitions (ne pas dire mètres toutes les deux secondes dans le récit), cela ne devrait pas arriver souvent.
Par contre si ce tu fais références aux unités, comme tatami, je crains que ça soit récurent dans mes RP pour décrire les lieux suivant une architecture orientale. J'ai essayé d'esquiver les mots tels que shoji pour rester assez claire.

Bien des années, on pourrait dire des siècles, se sont écoulés depuis que les Toshiya ont migré aux pays de la foudre avec les premiers colons. Depuis, ils n'ont plus de nouvelles de ce qui se passe au delà des montagnes, et les choses ont bien changés.

Les Senjago n'étaient pas si célèbres, ils étaient plutôt un clan en voie d'extinction à l'époque. Enfin, pas la peine de s'éterniser davantage sur ce point.

Les Toshiya sont des assassins de renom dans le pays de la foudre. Leur activité n'est même pas cachée. Pour les contacter, ils ont une maison à Amagumo, mais ils ont aussi des caches dans le pays. Mais ce sont bien des caches, des solutions de repli, pas des manoirs.

C'est noté, je vais éditer le passage sur la réunion pour situer la villa à la périphérie d'Amagumo et je prendrais la notion de cache pour l'aire d'entraînement. Finalement ça ne demandera pas énormément de changements, juste le passage de la bâtisse principale à Amagumo.

Dernière question, tu dis: " La majorité du clan habite à Amagumo. ", cela signifie-t-il qu'un membre est susceptible de vivre ailleurs?
Si c'est le cas je garderai le logement de la famille (Ichinose/Motoko/Teppouuo) sur le mont, cela me semblerait plus logique au vu des travaux qui les incombent (ils s'occupent notamment des structures d'aménagements de l'aire).

Si tu veux il n'y a pas d'obligations pour les membres du clan de vivre à Amagumo, c'est juste que c'est là qu'ils ont le plus de travail. j'entendais principalement par là qu'une mission peut durer plusieurs mois, un membre peut donc "vivre" dans une cache bien plus souvent que dans une réelle maison.

Vois-ci les changements notables:

Hei Shinkuu a écrit:

Tel un trésor maudit que seuls les plus fous, aveuglés par un désir inhumain de l'acquérir, ou les plus décidés rechercheraient, le terrain d’entrainement des araignées gisait en cet asile.

Hei Shinkuu a écrit:

Chaque souvenir déterré appelait des éclats de joies, chacun correspondant à un fil de la toile qui les liait, eux qui vivaient fréquemment reclus, indéniablement rattachés au destin du pays de la foudre par les ténèbres. L'homme se retourna en se remettant sur pied.

Hei Shinkuu a écrit:

Un toit illuminé par une infinité d'astres surplombait le plateau fleurit, nid principal des araignées à tête de lion. De tous c'était la Lune qui irradiait le plus abondamment, présentant son uniforme circulaire au monde. Un trio, composé de deux adultes et d'un enfant, marchait en direction de la résidence. Trois étages s'empilaient, donnant forme à la grande villa, plus ancienne bâtisse des Toshiya à la périphérie d'Amagumo.

J'ai évidemment supprimé la phrase sur les Senjago.
J'éditerais probablement ultérieurement, pour préciser un peu plus la localisation du mont Kido (et surement d'autres bricoles).

Tu n'es pas forcé d'aller aussi loin, je ne suis pas aussi perfectionniste. L'essentiel est que maintenant le cadre dans lequel évolue ton personnage est plus précis.

Je ta valide en tant qu'aspirant de Kumo, félicitations.

Merci bien pour la validation, je vais changer le nom de mon compte avant que je zappe...

Je pense quand même que j'ajouterais un peu de précision, au cas où un autre joueur désire jouer un Toshiya plus tard et qu'il compte y faire référence, ça pourrait aider.

Ren a écrit:

Bonjour Teppouuo,

Pour cette présentation, tu te mérites 59 xp's.

Cordialement,
Moi